Sujet: Re: Lyra Janet Littleton Sam 29 Jan - 14:25
Once upon a time...
The Fang Gang Bar Chronicles
Octobre 2003
« Allez dis-moi, depuis le temps qu’on se connaît toi et moi… » « Tu m’emmerdes… Roh c’est Janet, voilà, t’es content ? » « Janet, sérieux? Ils ont fumé tes parents quand ils t’ont baptisé ou quoi? » « Oh ta gueule, hein, tu vas pas me faire chier ! Puis j’ai que deux prénoms moi, je les collectionne pas, Monsieur James Henry Harold Charles… » « Charles Harold, mais pas loin. » « Ta gueule je te dis ! Et d’abord c’est quoi cette boîte sérieux, on dirait une soirée d’Halloween organisée par des ados en manque de trash. Et puis mon père m’attend et… » « Oublie le tu veux. C’est un club qui donne dans le vampire, on a eu du bol d’entrer, alors profite bordel. » « Vampire? Mouais, si tu finis exsangue dans les toilettes des dames, ce sera entièrement ta faute… » « T’as vu ta robe? On dirait une vraie petite catin… » « Je ne te permet pas, petit con ! » « Cesse d’être aussi vulgaire, veux-tu? » « Pffff »
Je me contente donc de bouder dans mon coin, buvant tranquillement mon Manhattan, en scrutant James du coin de l’œil. Je sais qu’il va me sortir une vanne, m’emmener danser ou me servir un autre verre dans quelques minutes, histoire de se faire pardonner. C’est une règle tacite entre nous depuis des années, lorsque l’un fait la gueule, l’autre s’excuse, même quand ce n’est pas de sa faute. Et quand on s’engueule pour de vrai, on se retrouve dans le pub où on a passé nos années lycées et on se paye deux bouteilles de teq. Ce n’est jamais la faute de personne. C’est comme ça qu’on fonctionne. On ne résout pas les conflits comme tout le monde, parce qu’on est pas un vrai couple. Et que c’est le seul moyen. Mon seul moyen. Si je dois affronter toutes mes responsabilités, c’est trop difficile.
Je pense brièvement à mon père, qui doit être en train de vider les bouteilles qu’il planque sous son lit, pensant que je ne sais pas. Qu’est-ce qu’il s’imagine, que je le crois quand il dit qu’il a des maux de têtes chroniques et que le chat a vomi? On a même plus de chat… Mais je l’aime, c’est l’homme qui m’a élevée, qui m’a tout appris. C’est lui qui m’a enseigné la magie. Lui qui m’a aidé à faire mon premier rituel, ma première potion. Les potions, mon domaine de prédilection s’il en est. Grâce à lui. Entièrement. Ma mère était parfaite bien entendu, toute auréolée de sa beauté et de son intelligence, si sensible. Humaine, mais si angélique qu’on en douterait. Parfaite, absolument parfaite. Sa seule erreur fut sans doute de nous quitter. Mon père ne s’en ai jamais relevé, il n’aurait jamais pu. Elle était tout pour lui. Elle lui a donné un enfant, une fille, une fille qu’il adore. Elle lui a offert l’amour sans concession, la tolérance, l’émerveillement enfantin face à ses dons. La bonté, la douceur. Elle était putain de parfaite…
Moi je ne le suis pas. Je ne le serai jamais, mais je ramasse mon père, je ne dis rien. Je suis allée à la fac, j’ai un diplôme en management. Je m’en suis servie pour avoir un job d’assistante dans une entreprise qui tue sans doute des pandas et fait travailler des petits filles. J’en sais rien, je peux pas m’en préoccuper, je n’ai pas la force. Plus. James ne dit toujours rien et me regarde vider mon deuxième verre. Ce mec sait, il a toujours tout su. C’est tout, c‘est mon seul ami, mon meilleur amant. Il va partir. Ca aussi on le sait, on fête son départ, sans se l’avouer. Parce qu’il dit que c’est juste un an et que la Suède c’est pas si loin. Mais il me ment, par bonté d’âme. Il va y rester, parce que Brighton c’est bien, mais il ne peut plus. Je ne suffis pas à effacer les disputes avec ses parents, son crétin de frère, son ex qui lui brandit ses conquêtes sans fin sous le nez, cette pétasse dont il ne peut s’empêcher d’être amoureux. Plus que de moi. Il fuit et je le comprend, l’encourage. Je ferais bien de même, mais point de salut pour moi. Pas aujourd’hui en tout cas, pas ce soir. Ce soir nous buvons.
Février 2004
« Manhattan ma jolie? » « Tu commence à trop bien me connaître Jack… »
Et me revoilà dans ce bar risible. Sans James, James est parti. Il y a déjà un moment. Je le vis mieux que ce que je pensais, probablement parce que je suis trop occupée à tuer des pandas et sauver mon père. Enfin sauver, le mot est bien trop fort. Je le maintiens en vie. Je viens quand il m’appelle en pleine nuit parce qu’il a besoin de me parler. Je le nourris, trois fois par jour. Je me débrouille pour qu’il aille prendre une douche avant d’être ivre. Je le borde, je lui rends ce qu’il m’a donné. Enfin je me persuade que c’est-ce que je fais, ce que je dois faire. Je ne peux pas abandonner mon père. Mon papa. J’ai envie de chialer quand je vois la loque qu’il est devenu. Je ne supporte pas de savoir que c’est un ivrogne dépressif et qu’il va certainement mourir d’une cirrhose. Mais je ne me sens pas capable de l’abandonner. Je n’ai personne d’autre, nulle part où aller. Je suis assez courageuse pour affronter l’horreur quotidienne et ordinaire, mais pas pour affronter l’inconnu. Pas encore, pas sans rien. Ce n’est pas du courage, c’est de la… loyauté. Je me sentirai mal de le laisser, alors que je n’ai pas d’autres perspectives. James m’a proposé de partir avec lui, ça aurait été une perspective. Mais je n’ai pas saisi la main tendue, j’ai laissé filé ma chance. Et elle ne reviendra pas, le destin ne vous laisse pas être chanceux quand vous avez refusé son offre. Si?
Avril 2004
« Paraît que c’est ton anniversaire honey? T’as rien de mieux à faire? » « Et toi Jodie, t’as rien de mieux à faire que courir le vampire? » « Touché. Mais on sait tous que j’ai un problème avec mon Œdipe. Mais toi, dear, qu’est-ce que tu noies dans tes cocktails trop chers, une enfance misérable? » « T’as fait psycho trop longtemps. Ou pas assez » « Dis moi pourquoi tu bois, je te dirais qui tu es. » « Fallait faire philo en fait. Parce que je n’ai rien de mieux à faire et que j’attends. « Quoi? » « Mieux. » « Ah ça… Allez le prochain est pour la maison sweety. Happy Birthday… » « Merci. »
Mai 2004
« Honey, faut que tu commences à tester un peu, t’intéresser. Depuis le temps que tu zones dans le coin, tu vas pas rester vierge. » « Je ne suis pas… » « Vampiriquement parlant dear… » « Charmant. » « Fais pas ta prude. » « J’ai déjà parlé avec des vampires et puis… » « Ouais, mais je te parle pas de papoter moi. Déjà le sexe est génial, mais c’est pas forcément ce qu’il y a de mieux avec les vampires. »
Je hausse un sourcil dubitatif, laissant Jodie reprendre son service. C’est si bien que ça, se faire grignoter de tous les côtés par une sangsue? Je ne pourrais pas savoir tant que je n’aurais pas essayer, ma chère amie me l’a bien fait comprendre. Et au final, elle n’a pas tort… Les vampires sont là, ils sont sortis du cercueil il a deux ans maintenant, il serait temps de s’y faire. Pour de vrai. Aller de l’avant, affronter l’inconnu une bonne fois pour toute et se faire une idée claire des choses. Je n’ai rien à perdre de toute façon. La pensée de mon père ne me refreine plus depuis longtemps maintenant. Ceci étant, aucun des CESS et à plus forte raison des vampires actuellement présents dans le club ne paraît particulièrement attrayant. Il y a ce loup-garou que je connais, un employé sympathique qui m’a offert quelques verres et s’avère plutôt joli garçon… Mais bon, je me vois mal l’aborder là, en plein service et il ne m’attire pas tellement.
Un homme fait alors son apparition et s’installe au bout du bar. Lui par contre, il m’intrigue et attire le regard. Grand, brun, ténébreux. Diablement canon à dire vrai. Et c’est un vampire, j’en mettrais ma main au feu. Je m’approche, bousculant les gens qui commencent à s’agglutiner vers le bar et me plante sur le tabouret à côté du sien. Je lui glisse un sourire, qu’il me rend, charmeur. Généralement, c’est le genre de truc qui me fait gentiment rigoler. Mais il n’a pas une tête de dragueur du samedi soir. Il a véritablement du charme, quelque chose d’étrange et de magnétique. De fascinant. Je n’avais jamais ressenti d’attirance au premier regard comme celle-là. Pas depuis James. Et encore, à l’époque c’est lui qui était venu vers moi. Et on était des gamins. Cet homme, pour autant que je sache, pourrait être multi-centenaires… Mais je ne me démonte pas, ce qui était parti pour être une sorte de mission de reconnaissance prend une importance nouvelle.
« Je vous offre un verre? » « Je ne laisserai pas une jolie demoiselle payer mes consommations, c’est moi qui vous invite voyons… » « Merci. Vous êtes un vampire, non? » « C’est exact… Ca vous intéresse. » « Assez oui… »
Septembre 2004
« Alors mon petit pilier de bar favori, comment vas-tu? » « Tss, tu te crois drôle peut-être? » « Mauvaise journée petite? » « Non. »
Je me renfrogne un moment, attendant un geste de sa part. Quelque chose, trois fois rien. Comme James le faisait. Mais il n’est pas James, il boit son verre avec un sourire ironique et attend patiemment que je sorte de ma bougonnerie. Il n’attendrait pas éternellement, si vous voulez bien me passer l’expression, mais ne bronche pas pour l’heure. Je me résous à prendre des mesures, à instaurer de nouvelles habitudes, briser mes vieilles manies. Ma vie change, tourne. C’est peut-être tant mieux. Je vide mon verre puis me dresse rapidement sur mes pieds, au son d’un air qui me plaît.
« Viens, on danse. »
Je ne lui laisse pas le choix, même s’il est tout à fait capable de me résister. Je lui glisse un sourire taquin, une main tendue vers lui. Il s’en empare et me colle contre lui, tandis que nous laissons nos corps se mouvoir au rythme lent de la chanson. Je me dresse sur la pointe des pieds et embrasse délicatement sa joue.
« Tu viendras bien prendre un dernier verre chez moi? » « Avec joie… »
Novembre 2004
« Ca s’est bien passé petite? » « Oui… Enfin, je me sens quand même coupable de l’abandonner comme ça, dans une clinique toute aseptisée, loin de chez lui, avec des gens qu’il ne connaît pas… » « Et le petit tour ma sorcière bien aimée? » « Réussi, il ne se souviendra pas de tout ça, il pense qu’il est devenu alcoolique parce qu’il a toujours été seul… » « Tu peux toujours le ramener chez toi, rester avec lui. Tu n’es pas obligée de faire ça. » « Non, non. Je veux partir avec toi. J’ai déjà laissé l’occasion de me libérer et vivre ma vie une fois, je ne le referai pas. » « Très bien, on va rester encore quelques temps, si tu changes d’avis. » « Je ne change pas d’avis du jour au lendemain. » « Bien mademoiselle. Mais ça n’empêche pas que j’ai encore des affaires à régler dans le coin. »
Je ne dis rien et me ferme un peu. C’est tout de même une étape difficile de ma vie que je suis en train de franchir. Je coupe enfin les ponts avec mon père, que je laisse dans une clinique privée aux frais de Romen. Romen, ce fameux vampire qui en quelques mois à bouleversé toute mon existence. Dans très peu de temps, nous déménagerons à Londres. Et ensuite, qui sait dans quelles aventures il m’entraînera. Mais je sais déjà que je le suivrai. Loin, très loin. Je n’ai pas osé suivre James, je n’ai pas eu le courage. Pour la première fois de ma vie je n’ai pas eu l’audace. Alors je ne recommencerai pas deux fois. Non, même si c’est un coup de tête, même si c’est dangereux. Ou c’est peut-être justement pour ça. Romen m’apporte l’imprévu, l’indomptable, une vie de mouvement après que je me sois enlisée des années durant ici-même, dans ma ville natale. Il me donne finalement un souffle de vie après une longue apnée.
Octobre 2009
« Putain Lyra c’est toi?! » « Et oui… » « Qu’est-ce tu fiches là, t’étais pas partie à Londres? Mais ça fait combien de temps bon Dieu honey? Bien trois, quatre ans non? » « Je crois oui… Et je suis bien allée à Londres. Et à Paris, à Prague… » « Et ben, t’en as des choses à me raconter sweety ! Tu restes longtemps? » « Non, je repars demain matin, pour New-York. » « Avec ton vampire? » « Oui… »
Je souris à ma vieille amie et à mesure que je lui raconte mes péripéties, tout ce qui s’est passé durant ces années me revient en mémoire. Les choses ont tellement changé depuis la dernière fois que je suis venue ici. Romen et moi avons déménagé à Londres, où je me suis amusée comme une folle. J’ai réussi à faire mon deuil en quelque sorte, à remettre le passé derrière moi. Je ne suis pas quelqu’un de naturellement joyeux et lumineux, ma vie durant la décennie écoulée ne s’y est pas franchement prêtée. Mais j’ai pris le parti de sortir de mon enlisement triste et monotone, de vivre. Revivre. C’est Romen qui a été le déclencheur de tout ça, la seconde chance accordée par mon malicieux destin.
Evidemment, c’est compliqué. Evidemment, c’est un vampire au passé trouble, obsédé par l’idée de retrouver son frère et de lui botter méchamment les fesses. Il n’a jamais voulu me dire pourquoi, il n’a jamais voulu m’écouter quand je lui ai dit qu’après tout ses siècles, l’eau avait coulé sous les ponts. Mais cela n’empêche pas que je suis irrémédiablement attachée à lui. Métaphoriquement, parce que je suis loyale à celui qui m’a aidée, parce que je l’apprécie sincèrement, même si je ne suis plus vraiment capable d’aimer. C’est trop dur, on souffre trop. Et puis littéralement. Depuis cette nuit à Paris, où il a lié nos vies pour l’éternité, où il m’a changée en servante. Le terme est un peu péjoratif, mais c’est de bon gré que je me suis enchaînée à lui. On ne m’a pas forcée à suivre un vampire à travers l’Europe et à me lier à lui. On ne me force pas à partir en Amérique.
Mais j’ai choisi cette voie, comme je l’explique dans les grandes lignes à Jodie. Elle comprend, plus que d’autres d’ailleurs. Elle connaît le pouvoir fascinant des vampires, elle sait qu’il y a des choses qui vous dépassent dans la vie. Elle me sert dans ses bras et me raconte brièvement sa vie à elle. Ici, j’ai l’impression que tout est pareil. Qu’il y a simplement plus de gens, maintenant que le commun des mortels s’est habituée aux CESS. Je me rends compte que, même si ce lieu m’évoque des tas de souvenirs, que je me souviens de tout, je suis passée à autre chose. Oui, Jodie a été la première personne en dehors de James à qui j’ai révélé ma nature de sorcière. Oui, ce bar a été mon refuge pendant très longtemps. Mais maintenant j’ai Romen. Et en revenant ici, je me défais une bonne fois pour toute de mon passé. Je suis prête. Je ne sais pas ce qui m’attend à NYC, je ne sais pas ce qui se passera si Romen retrouve son frère, ni ce qui arrivera. Mais je n’ai plus peur de l’inconnu, maintenant que rien ne me rattache à ce qui était familier.
« Sois heureuse dear. » « J’essaierai, promis. »
Dernière édition par Lyra J. Littleton le Sam 29 Jan - 19:02, édité 1 fois
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« Moi je veux ♥ » ▌Alignement: Neutre à tendance maléfique ▌Relations: ▌Pouvoirs :
Sujet: Re: Lyra Janet Littleton Dim 30 Jan - 23:48
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Lyra est bien trop intelligente pour te laisser l'approcher et elle connait des sorts qui pourraient te rendre beaucoup moins beau que tu n'en as l'air