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Ca fait mal. A chaque fois que la lune était ronde, elle subissait sa transformation. Rehan lui soufflait d’accepter la bête en elle. Elle n’avait pas tort. Elle avait été en colère autrefois, mais maintenant elle a envie de l’être cette bête. Pourtant son corps semblait se briser, comme si ses os craquaient et qu’elle se retrouvait à un mètre du sol, le regard brillant, les sens en éveil. Cela ne durait jamais bien longtemps. La douleur faisait place à l’émerveillement – à chaque fois – et à la soif aussi. Insatiable, celle d’escalader des montagnes – immeubles – de chasser dans les bois, de se perdre dans le désert – trop loin- . Envie d’évasion qui ne vous laisse plus que la peau sur les os quand ses yeux s’ouvrent et qu’elle est entièrement nue en pleine nature.

Cela c’était la première fois. Elle avait été comme un lion en cage, rugissant à tout va, dévalant des mètres et des mètres avec Rehan à sa suite. Une louve pour elle. Une mère louve. Qu’elle avait rejeté. Car loup avant le reste ! Elle n’avait pas choisie cette vie bordel ! Elle était talentueuse, pertinente dans ses choix de vie. Une leader née !

Puis une soirée – une seule – et tout s’écroule. London s’écroule. Que reste-t-il ? La rage. C’est profond la rage. Ca perturbe vos tripes, donne des ailes à votre langue, acerbe. Ca vous donne de la force – lycanthropie – quand vous ne connaissez pas encore votre nouvelle nature, quand vous ne voulez pas la connaitre. Ca vous donne les yeux luisants, profondément prédateurs et vous avez envie de détruire le monde en commençant par elle, la briseuse de chance.

Quand elle y repense, elle ne comprend toujours pas. Elle a toujours eu de la chance. Comme une seconde nature – une seconde peau – et Rehan est arrivée. Elle lui a montré qu’elle n’était pas protégée comme elle l’a toujours pensé. London est juste comme tout le monde, une jeune femme superficielle qu’on peut kidnappée, cloitrée, transformée.

Pourquoi ?

Cette question aurait du être la première, mais il n’y avait que des reproches et des insultes quand elle s’adressait à Rehan. Elle ne voulait pas qu’elle devienne maitresse de sa vie, elle avait déjà volé tant de choses de sa vie – ancienne vie – qu’elle ne voulait pas lui donner plus de pouvoir. C’est ainsi qu’elle avait vu les choses – autrefois – mais un bond dans le temps ne nous fera pas de mal.

Les douces années – où comment London a bâtit sa réputation.

Les chiens ne font pas des chats. Les parents de London n’ont pas échappés à la règle. Alors qu’elle n’était qu’une enfant, ils ont transmis à leur fille le goût de la compétition et du pouvoir. Aucun défi ne leur résistait et il en alla de même pour la jeune enfant. Elle excella à la danse classique – son passe temps favori – tout en se montrant une élève sérieuse et prometteuse. Pour attirer l’attention – toujours un peu plus – elle multiplia les activités, se retrouvant déléguée des classes, mais également chef des pom pom girl, prouvant qu’elle était autant intelligente que jolie. Rien ne lui résistait, comme si la chance était omniprésente pour elle. Elle renvoyait l’image d’une fille superficielle, mais studieuse, garce mais courtoise, tout dépendait au final de l’interlocuteur et de ce qu’il pouvait – ou non – lui apporter.
A 16 ans, elle commença à sortir tous les soirs, arrivant à allier ses activités bénévoles à celles d’une jeune fille de son âge. Ainsi, elle passait aisément du coq à l’âne sans perdre pied –son sang froid – prouvant à tous et à elle-même avant tout qu’elle était capable de tout. Elle développa ainsi un répertoire de contact impressionnant et était en pleine interrogation sur le choix de ses futures études quand elle commença à fréquenter « Le Narcisse Enchainée ».

Elle se plaisait à faire la morale à Rehan O’Neil et ce non pas une, mais plusieurs fois. A chacune de ses visites, elle lui racontait comme sa vie – à Rehan – était une voie sans issue. L’unique but de la jeune femme était de lui ouvrir les yeux – les grands comme elle, étaient là pour aider les autres – sans se rendre compte que les yeux de Rehan se noircissaient à vue d’œil. Ce petit jeu auquel elle se livrait n’était pas au goût de tous, et surtout pas à celui de ses amies trop éméchées. C’est ainsi qu’un soir, il ne restait qu’elle et Rehan – quelle dévotion elle avait – et ce fut la chance brisée qui s’enclencha.

Rien ni personne ne la sauva. Elle se retrouva enfermée, les poignets et les chevilles liées, abandonnée sur un lit sans jamais voir la lumière du jour. Cela ne dura que quelques jours, mais aux yeux de London – blessée dans son estime – c’était une éternité. Mais au final, qu’est-ce que l’éternité face à une morsure, à une transformation ?

Douleur. Fulgurante, aussi surprenante que la mort ! C’était une expérience qu’elle n’avait jamais vécu et dont elle ne pensait pas réchapper. La chance était-elle de retour ? Malheur.

Les années folles – où comment London a rencontré le jaguar.

Oui. Le malheur suivi cette nuit de révélation. Rehan lui parlait de sa nouvelle condition et London n’entendait pas. Etait-elle folle ? Non. Son corps lui criait la vérité. Changement. Chamboulement. Peu importe. La vérité hurlait à travers ses pores. Différente. Condamnable même !

Elle n’était plus maitresse d’elle-même. Elle sentait tout fois mille, ressentait tout au centuple, tant et si bien qu’elle avait du mal à retenir ses pulsions ! Impossible de rester assise à un amphithéâtre et à se concentrer sur les propos du professeur. Trop de saveurs, de senteurs lui montaient à la tête et la rendait folle !
Ses propres parents ne la reconnaissaient plus et elle avait l’impression qu’elle allait imploser ! La seule chose qui lui faisait du bien était le sexe. Ce fut à cette période qu’elle coucha avec le plus de gars. Déjà qu’elle n’avait jamais eu un petit copain plus de six mois, désormais cela aurait été mission impossible !

La bête la mangeait, elle n’arrivait pas à la maitriser et elle voyait sa vie s’écrouler. Les gens se mettaient à parler entre eux en la croisant, qui se souvenant de ce cours de politique où elle était partie en courant, qui se souvenant de cette soirée où elle s’était mise à se déshabiller car elle avait trop chaud.

Sa vie sombrait dans un gouffre dont elle ne percevait pas le fond. Alors elle s’accrochait – à pleine griffe – à Rehan, n’écoutant pas ses bonnes paroles, lui en voulant de continuer sa vie comme si de rien était ! Comment elle qui avait une vie sans issue avait pu lui faire ça ?

Renaissance – ou comment London a su redevenir London.
Mais à force de patience, Rehan su se faire entendre. Raisonnable ? London se laissa guider, n’en pouvant plus d’être à la merci de sa propre bête, de se réveiller dans un jardin public entièrement nue. Elle voulait –sans le lui avouer – ressembler à Rehan, avoir cette assurance et leur montrer à tous, -encore – de quoi elle était capable.

Une de ses premières actions fut d’assumer sa nouvelle nature auprès de ses parents. Pas d’explications, juste leur montrer avant de retrouver le confort de l’appartement de Rehan. Puis elle avait repris les études. Il y a eu des rumeurs, mais très vite elle écrasa ceux qui avaient voulu sa place.

Elle rattrapa son retard en cours de politique et de commerce. A dire vrai, grâce à Rehan, elle arriva à retrouver un semblant de vie. Bien que désormais, aller à la soupe populaire ne l’intéressait plus, ce qu’elle voulait c’était viser plus haut.

Le Pard devint important pour elle, cela l’aidait à accepter sa nouvelle nature. C’est là qu’elle voulait briller, c’est ça qu’elle voulait élever dans la société. Elle ne voulait pas que les jaguars restent en retrait, elle imaginait un grand avenir dans sa tête. C’est ainsi qu’elle n’hésitait pas à fréquenter des vampires, des sorciers…tout contact est bon à prendre, surtout quand la chance sourit de nouveau.