« Pourquoi tu t’appelle comme les sacs à mains de ma mère ? » Scolarisé dans une école privée, issu d’une famille bourgeoise le petit Dior avait souvent le droit à ce genre de questions la première fois. Il était lassé d’expliquer aux autres que Dior ça venait d’un livre de Tolkien, et que ça n’avait absolument rien à voir avec la marque du sac à main préféré de leur mère. Plutôt solitaire et renfermé sur lui-même, il avait assez peu d’amis. Quand les autres jouaient au football, lui préférait aller lire dans son coin ou encore jouer du violon, bien sagement. C’est ainsi que se déroula son enfance : un père chasseur de fantôme animant des émissions sur le paranormal à la télévision et une mère chorégraphe à l’Opéra. Il ne manqua jamais de rien, ayant plus que nécessaire sans pour autant être capricieux, et avait une chambre remplie de jouets dont il ne se servait pas. Déjà très conscient de la misère du monde, il avait décidé par la suite de les envoyer aux enfants qui n’en avaient pas, pour que ça leur serve à eux au moins. Ses parents ne comprenaient pas trop Aegnor. C’était un enfant étrange et silencieux, toujours le nez dans un livre qui ne jouait pas. Sauf parfois aux jeux de société avec ses parents, et encore… Seulement quand il était question de culture générale. Il n’a jamais apprécié être inactif cérébralment, ayant toujours besoin d’apprendre, encore et toujours. Assis dans le canapé de leur bel appartement non loin de Buckingham palace, il regardait les livres dans la bibliothèque. Il savait, qu’il n’avait pas le droit d’y toucher. Mais la jeune fille au pair, elle, le sait-elle ? Souriant doucement en coin, se mettant sur la pointe des pieds l’enfant de huit ans saisit un livre de son père au hasard.

« Dracula, par Bram Stoker ? » Sursautant en se retournant vers la jeune française qui s’occupait de lui, il hocha doucement la tête. « Tu n’est pas un peu trop jeune ? » Hochement de tête négatif. Il était bel et bien décidé à lire ce livre. Il ignorait qui était vraiment Dracula, puisqu’à la maison… On parlait très peu de ces choses là devant lui. Bien sur il avait entendu son père parler de fantômes et vu quelques dessins animés d’Halloween pour les enfants à la télé. Mais les vampires, et le reste ? Ça lui était quasiment inconnu. Elle, semblait connaître. Levant donc ses jolis yeux vert vers elle, le petit brun demanda dans un français assez mal adroit « ça parler de quel sujet ? » Si ses parents avaient pris une Française pour qu’il s'améliore cette langue, c’était parce que la grand-mère paternelle était Française. Ainsi, il était important aux yeux de ses parents qu’il apprenne à parler correctement le Français, qui faisait partie de ses origines. « Viens, assied toi. » Obéissant le jeune garçon s’installa à côté d’elle dans le canapé : « Ce n’est pas une histoire pour les petits garçons. » Tirant une moue adorable, il rétorqua un peu maladroitement « Mais je suis piqué de ma curiosité pour ce livre ! » Le Français était une langue compliquée. Et même si Aegnor était un petit garçon intelligent… Il avait encore bien du mal à parler correctement sans faire de fautes même si dans la globalité, on parvenait à comprendre son français malgré son accent British. « C’est l’histoire d’un jeune Anglais Jonathan Harker, qui est notaire. Il part en Transylvanie pour affaires avec un compte du nom de Dracula qui est en réalité un vampire… Tu es peut-être encore un peu jeune pour tout comprendre. » Vexé l’enfant se mit à rougir et s’indigna « Je déjà lu le seigneur des anneaux en entier ! Et du Zola de le Thérèse Raquin. » Très intéressé par les livres depuis tout petit, il avait des lectures assez originales pour un enfant de huit ans. Dans sa bibliothèque il n’y avait que très peu de livres pour enfants et énormément de livres pour adultes, issus de la littérature classique ou fantasy. La jeune fille au pair fraîchement arrivée semblait surprise : « Tu les a lu tout seul ? » Il hocha la tête, fier de lui. Il savait très bien que c’était assez rare, voir carrément exceptionnel pou un enfant de huit ans. Mais il en tirait une fierté. Haussant les épaules la jeune femme se leva : « Bon… Et bien vas y alors, mais si tu as trop peur… Je t’aurais prévenu! » Gratifiant la Française d’un câlin pour la remercier il murmura : « Tu ne diras rien à papa et à maman hein ? »


C’est ainsi que sa passion pour le paranormal commença. Grâce à ce roman, un best seller incontournable de la littérature Anglaise à l’ambiance gothique. Depuis ce jour, il ne cessa de s’intéresser aux vampires, loups garous et autres créatures. Plus tard, comme la plus part des jeunes il se plongea dans la lecture des aventures d’Harry Potter, le jeune sorcier. Une lecture certes amusante, et pas très sérieuse. Mais à côté de ça, il se mit à étudier l’ésotérisme et plus particulièrement les esprits, pour travailler avec son père plus tard. Il semblait enfin avoir trouvé sa voie dans la vie, et était certain de travailler dans ce domaine plus tard. Chasser les fantômes lui semblait naturel. Mais son domaine de prédilection restait les Vampires. Il était incollable sur ce sujet, n’ayant jamais cessé de se documenter depuis la lecture de Dracula. Mais chasser les vampires ? Ça semblait être une idée bien loufoque. Les fantômes, oui, mais des suceurs de sang ? Pour Aegnor, c’était simplement une légende. Les esprits par contre, ça lui semblait plausible. Il avait très tôt été confronté au sujet à cause du travail de son père, qui parcourait le royaume uni et parfois quelques autres pays à la recherche de lieux hantés, pour prouver leur existence.

Alors à seize ans, lui qui avait toujours eu de bons résultats scolaires et qui aurait pu sans aucun problème faire de grandes études pour devenir quelqu’un d’important décida de tout plaquer, pour accompagner son père dans ses voyages. C’est ainsi qu’il se retrouva en écosse, dans un vieux château pour une enquête. La chasse aux fantômes en 2004 était bien plus sophistiquée que dans les années 90. Du matériel de pro, des appareils partout : enregistreurs de PVE, caméras thermiques, détecteurs EMF… et tout plein d’autres choses utiles. Il fallait bien sur tout installer avant que la nuit tombe, avant que l’on ne coupe le courant. Le jeune adolescent était angoissé à cette idée, appréhendant si jamais il tombait nez à nez avec un esprit. Ce n’était jamais arrivé à son père, au pire… C’était des ombres au loin ou bien des contacts physiques brefs… Mais dès qu’ils étaient arrivés dans ce vieux château il s’était senti affreusement mal. Comme oppressé et observé. Peut-être que c’était simplement parce que le château de Glamis avait la réputation d’être le plus hanté d’écosse ? Et toutes ces histoires sinistres… La dame grise dans la chapelle du château, l’enfant difforme, la famille morte de faim emmurée pour échapper aux ennemis, et Earl Beardie qui aurait joué aux cartes avec le diable… Sans compter cette superstition selon laquelle un Vampire naîtrait dans cette famille à chaque génération et serait ensuite emmuré… Il avait lu, s’était documenté sur ce château et avait entendu parler de choses qui l’avaient terrifié, comme cette vieille histoire visant à retrouver les corps emmurés : chaque fenêtre de chaque chambre fut recouverte d’une serviette, afin que l’on puisse localiser celles où était emmurés les membres de la famille, et de l’extérieur, l’on se rendit compte que pas mal de fenêtres ne portaient pas de serviettes… Ce qui bien sur, laisse supposer qu’il y aurait sans doute bien plus d’esprits errants dans cette bâtisse.

Alors qu’il scotchait tranquillement les câbles des caméras au sol afin que l’on ne se prenne pas les pieds dedans une fois la nuit venue, il sentit une présence. Déglutissant doucement l’adolescent de seize ans leva les yeux et tomba nez à nez avec un enfant difforme. Paralysé par la peur, incapable de bouger il regardait l’enfant sans trop savoir comment réagir. Lui qui craignait de tomber nez à nez avec un fantôme une fois la nuit venue, voilà qu’il en croisait un là dans les escaliers en plein jour avec la lumière allumée. « Bonjour ! » Surpris, Aegnor se contenta de sourire et de répondre poliment « Bonjour… » Après tout, il n’était peut-être pas mauvais. Il n’y avait pas vraiment eu de cas de poltergheist dans ce château, ni d’esprits agressifs… « Vous êtes le fils du comte George Bowes-Lyon ? » Après tout au 19ème siècle, on vouvoyait également les enfants n’est-ce pas ? Alors que l’enfant ouvrait la bouche pour répondre, l’adolescent sursauta en entendant son père monter les escaliers et lui demander « Mais à qui tu cause ?! » Clignant rapidement des yeux et secouant la tête, se relevant avec son rouleau de scotch à la main il se tourna vers son père, puis là où se tenait l’enfant quelques secondes au par avant. En voyant son fils encore plus pâle qu’à l’accoutumée, le père cru bon de plaisanter « T’as vu un fantôme ou quoi ? » A la mine déconfite de son fils, monsieur Barthelemy perdit son sourire pour retrouver une mine sérieuse. Encore sous le choc, l’adolescent répondit : « Le fils du compte, celui qu’on appelle le Monstre de Glamis. »



Le tour du monde. Voilà ce qu’il faisait à présent en compagnie de son père. Depuis qu’il avait rejoint l’émission, prouvant son réel don de médium qui avait réussi à convaincre la plus part des septiques, le show télé de son père était devenu l’un des plus regardés d’Angleterre. Ainsi, on finançait leurs voyages à travers le monde, à la recherche des esprits. A 18 ans, Aegnor était devenu populaire. Il était le jeune garçon un peu bizarre qui pouvait voir et communiquer avec les esprits. Il avait réussi à maîtriser ce don assez bien au fil du temps, et était devenu un spécialiste. Mais les fantômes… Ce n’est pas ce qui l’intéressait le plus. Non, il avait toujours cette même obsession des vampires.

Installé tranquillement dans le canapé de son studio, une cigarette entre les lèvres il lisait d’ailleurs un blog sur le sujet. De plus en plus, il croyait en leur existence, se disant que finalement, si les fantômes existaient… Pourquoi les vampires n’existeraient-ils pas ? Ça lui semblait de plus en plus possible. Fouillant un peu dans ses notes, sur ses recherches il fronça les sourcils en entendant sonner. Qui pouvait bien le déranger à une heure pareille de la nuit ? Depuis qu’il chassait les fantômes avec son paternel, il avait pris l’habitude de plutôt vivre de nuit que de jour. Se levant donc en regardant par le judas il fut intrigué de voir deux hommes vêtus de noir. Ouvrant la porte, les détaillant un instant il n’eut pas le temps de leur demander ce qu’ils voulaient que le plus âgé demanda : « Peut-on entrer ? Nous avons à vous parler quand à vos activités de médium. » Pas vraiment rassuré, le jeune homme les laissa néanmoins entrer dans son studio, plutôt en bordel. Politesse Britannique oblige, il tenta de s’excuser « Je suis désolé que ce soit si mal rangé je… » Mais une fois de plus, il n’eut pas le temps de finir « Avez-vous déjà entendu parler des Talamascains ? » Avec un regard surpris, Aerandir fit non de la tête en proposant aux deux hommes de s’asseoir sur le canapé. « Nous sommes une organisation secrète, des chercheurs du paranormal. Nous nous sommes documenté sur vous, monsieur Barthelemy… » Souriant doucement amusé, il demanda « Vous voulez participer à l’émission ? » Ça ne fit pas rire les deux hommes qui restaient incroyablement sérieux. Perdant donc son sourire, le brun écouta attentivement le second qui prenait enfin la parole. « Nous savons que vous êtes un véritable médium, et qu’également vous vous documentez sur diverses créatures depuis votre enfance, en particulier les vampires. » A cet instant, il pâlit. Ces types étaient du gouvernement ou ?... « Nous pouvons vous affirmer qu’ils existent réellement, au même titre que les lycans et autres créatures. » Alors, il n’était pas fou. Il avait eu raison, d’y croire. « Notre but est de recueillir des informations sur ces derniers, et de les stocker dans nos archives. Notre autre but est de garder leur existence secrète, pour protéger la population. Vous comprendrez bien que les citoyens seraient paniqués s’ils apprenaient que les vampires se baladent tranquillement au milieu des rues. » Abasourdi, Aegnor était incapable de parler. « Nous vous suivons depuis vos seize ans, et maintenant que vous êtes majeur et donc libre de vous actes, nous avons un job à vous proposer au sein de notre organisation. Vous serez tenu au secret bien entendu, et personne ne devra savoir ce que vous faites en réalité. »

C’est ainsi qu’il intégra l’Ordre. Après des années de formations, il se spécialisa dans les interventions sur le terrain. Il hésita longuement, mais finit par accepter, en ayant légèrement assez d’être pris pour une bête de foire à la télévision. Il était intimement convaincu qu’il se rendrait plus utile en rejoignant les fameux Talamascains. Et puis… Il pourrait enfin approcher les vampires, et autres loups-garous, qui jusqu’à présent l’avait tant intrigué et fasciné. Alors, après avoir tout plaqué pour repartir de zéro il devint officiellement Thanatopracteur et officieusement agent de l’Ordre.


Il était désormais un ancien. Il savait qu’il serait amené à voyager dans sa carrière d’agent au Talamasca. Mais si tôt et si loin ?... Certes, il avait déjà voyagé à travers le monde entier pour les esprits ; mais pour les vampires, les loups-garous et les sorciers ?... Jamais. Après de longues heures d’avion il arriva enfin à la nouvelle Orléans. Une ville où il y avait de véritables tensions entre les créatures qui se soupçonnaient les unes les autres pour cette histoire d’hybride, de loup fantôme ou on ne savait trop quoi. En tant que Médium, il avait donc été recruté pour partir là bas et aider avec ce soit disant esprit. Après tout, les esprits étaient l’une des choses qu’il connaissait le mieux… Et les collègues Américains avaient vraiment besoin d’aide pour éviter les débordements de la communauté surnaturelle, pour continuer à protéger le secret. Monsieur et Madame tout le monde devaient rester saints et saufs, et surtout ignorants.

Il était donc là, en Louisiane. Aegnor avait quelques difficultés à communiquer avec ses collègues Américains, particulièrement à cause de son accent Anglais très prononcé. Une chose est sure, l’Angleterre lui manquait. Mais il se devait de rester ici pour aider. Il se devait de protéger le secret.
Les tensions entre lycanthropes et vampires étaient particulièrement palpable. Il y avait toujours eu des tensions entre ces deux peuples, mais au jour d’aujourd’hui les relations étaient loin d’être au beau fixe. Surtout avec cette disparition d’un loup Ulfric : Connor O'Brien. Les vampires semblent être des coupables tous désignés, les suspects numéros un. L’enquête s’avérait être plus compliqué que ce qu’il n’osait imaginer…