Décembre 1989 - Novembre 2007
Aaron Terrence Andrews naquit de parents heureux, travaillant tous deux dans l'informatique, à un niveau suffisamment élevé pour offrir à la petite famille une certaine aisance financière, au sein de laquelle n'a jamais manqué de rien d'essentiel, plus quelques extras. En août 1994, un heureux événement apporta un peu plus de joie : l'arrivée de la petite Itzel.
Aaron aimait ses parents et sa petite sœur, et tous vivaient dans un monde où l'informatique régnait en maître. Dès leur plus jeune âge, les deux enfants furent initiés aux bases, au ficelle du métier de papa et maman. Aussi, tout ce qui concernait la "récupération de données" devint un exercice tout à fait naturel dont le cadre illégal échappait totalement aux deux jeunes esprits.
A l'école, Aaron se montrait un élève à la fois appliqué et un peu "rebelle", sans pour autant dépasser les bornes. Du moins appliquait-il les consignes : ne jamais se vanter d'être un professionnel de l'informatique. Les raisons parentales ne furent jamais explicitées, mais finalement, cela faisait figure de loi.
La révélation de 2002 fut vécue assez indifféremment par les parents, et par incidence, les enfants n'y prêtèrent pas plus attention. Aaron était un peu jeune, mais il écoutait quand même les autres en parler, à l'école, pour ne pas être totalement largué sur la question.
La fin de l'année 2007 allait avoir une saveur particulière. En effet, Aaron s'apprêtait à fêter ses dix-huit ans, et il était plutôt impatient, parce que son père lui avait promis un tout nouvel ordinateur portable, pour remplacer le dernier, acheté seulement deux ans plus tôt. Ses capacités informatiques avaient fini par être trop visibles pour qu'il s'en cache, mais il tâchait de faire croire qu'il n'avait que profité des conseils de papa au départ, et qu'il s'était fait spécialiste seul. Son comportement s'était quelque peu modifié au collège, il était moins travailleur, un peu plus "rebelle", et avait autour de lui une petite bande de potes qui le respectaient, mais rien de ce qu'ils faisaient ne les menait jamais à avoir des ennuis. Non, les ennuis, c'est à la maison qu'ils survinrent...
Le jeune homme se trouvait dans la pièce attenante au salon, en compagnie de sa petite sœur, quand quelqu'un sonna à la porte. Un homme, qui débita presque machinalement le contenu d'un article de loi. S'il savait depuis longtemps que ses parents prenaient des risques sur la toile, jamais il n'aurait cru qu'ils puissent un jour se faire prendre. Son regard passa de la porte close à Itzel. Ils restèrent muets, conscients de l'ambiance pesante à côté, et puis le coup de feu retentit.
"Cours Itzy, cours !"En passant par derrière, ils traversèrent le jardin, des haies, et coururent. La fille de 13 ans partit devant, tandis que son frère ne cessait de jeter des regards en arrière, pour voir s'ils seraient suivis. Au bout d'un moment, hors d'haleine, il dut constater qu'il avait perdu la trace de sa sœur. Une fois assuré que personne n'avait suivi, il tira son téléphone portable de sa poche et tentant de la joindre. Une sonnerie. Deux sonneries. Et puis une voix.
"Oui ? Aaron ?"Une voix masculine, la même qu'il avait entendue à la maison. Itzel était partie sans son téléphone ! La nuit était tombée, il n'avait aucune chance de la retrouver. Ses pensées se bousculaient. Il en voulait à ses parents. S'ils avaient été assez stupides, après toutes ces années, pour se faire choper, c'est qu'ils le méritaient. Mais avant de laisser toute sa colère et son désarroi se décharger sur eux, il devait trouver un endroit où dormir. Sa première idée, ce fut d'aller chez un copain. Justement, l'un d'eux habitait un peu plus loin.
L'alternance des flashs rouge et bleu sur le mur de l'immeuble arrêta tout net la course d'Aaron. La police l'avait devancé. S'ils le cherchaient, ils iraient forcément chez tous ses copains. Pourquoi fuir ? Il ne savait pas, mais il n'avait aucune envie de se faire attraper. Après avoir finalement passé la nuit dans un parc, dans un bosquet, il dépensa le peu d'argent qu'il avait sur lui pour prendre le bus. Qui le débarqua à Jefferson City. Malheureusement, il n'avait pas fait attention, le chauffeur avait signalé sa présence à la police, qui l'attendait à sa descente. Rien à faire. Le passage au poste dura vingt-quatre heures, pendant lesquelles on tira toute l'affaire au clair. Et dans sa tête, ce passage demeure un grand trou noir.
Novembre 2007 - Novembre 2011
Pas encore majeur, c'est un orphelinat qui l'accueillit. Mère décédée, père en prison, pas de famille proche. Il avait lui-même opté pour cette solution, à contrecœur, afin d'éviter de se retrouver trop loin du Missouri. Il eut la chance, en fait, d'être rapidement repéré parmi les jeunes de l'établissement, donc il était l'aîné, par le directeur, Stephen Maxwell. Ce dernier était un veuf d'une cinquantaine d'années, qui en plus d'avoir perdu son épouse cinq ans auparavant, avait eu le malheur de perdre également son fils dans un règlement de compte, deux mois plus tôt. Finalement, une certaine affection naquit entre eux, l'un trouvant un nouvel enfant, l'autre un nouveau parent. Aaron avait fini par complètement occulter ses parents biologiques. Sa mère était morte, et il s'était efforcé de ne pas y penser. Son père en prison, et bien qu'il y crève. Si l'adolescent se retrouvait là aujourd'hui, c'était leur faute.
"Aaron ? J'ai bien réfléchi. Et je pense que c'est la meilleure solution pour nous deux.""Tu... m'adoptes ?""Oui. Si tu acceptes, je serai ton père, et tu seras mon fils.""Je... oui, oui !""Joyeux anniversaire, Aaron Terrence Maxwell."7 décembre 2007, et le passé se voyait balayé d'un revers de main, pour laisser place à un nouvel avenir. Seule demeurait cependant cette petite pensée, le souvenir d'une sœur égarée... Les recherches n'ayant rien donné, Aaron se promit de la retrouver un jour, peu importe le temps que cela prendrait.
D'un coup, et à présent qu'il avait dix-huit ans, sa vie changea. Pas radicalement, mais presque. D'une famille complète, avec père et mère, et une sœur, il passait à une famille monoparentale, en tant que fils unique. Stephen ayant plutôt les moyens, il fit en sorte dès le début d'offrir à Aaron un nouvel ordinateur portable, une nouvelle garde-robe, et il l'inscrivit dans un établissement privé, où il pourrait suivre un enseignement sérieux. Mais les vieilles habitudes scolaires revinrent au galop, et après seulement trois mois, il fut prié de se trouver un nouveau collège. Son père se montra indulgent, et il accepta de l'inscrire à Saint-Louis. Le trajet n'était pas si long, et d'ailleurs, dès l'été suivant, ils déménagèrent pour s'installer dans la ville des CESS. Nous étions en août 2008.
A partir de cette arrivée officielle, Aaron fit découverte sur découverte concernant la cité et ses étranges habitants. Après quelques mois, il se mit à fréquenter certains lieux la nuit, malgré les avertissements de son père. Assez vite, il apprit à être toujours équipé de préservatifs, parce que les occasions, tant avec des filles qu'avec des garçons, se présentaient assez souvent.
Il y eut cependant une période durant laquelle il cessa toute activité nocturne. En effet, son père fut attaqué, alors qu'il rentrait tard un soir, par une créature : un vampire. Fort heureusement, il survécut, mais ce fut une leçon assez dure qu'il encaissa et digéra pendant près d'un an. Cette période fut mise à profit pour concrétiser par un diplôme ses capacités informatiques. Mais l'appel de la nuit fut trop fort, le soir même de son vingtième anniversaire.
Voulant aller fêter l'occasion avec des potes, ils se rendirent dans le quartier où on trouvait les vampires. Malgré l'appréhension, c'était surtout l'excitation qui l'emportait. Plusieurs fois, le groupe aurait pu être séparé, mais ils surent toujours rester ensemble, la plupart des vampires respectant les lois, surtout à proximité de leur chef, le Maître de la Ville. Ainsi, il devint très courant pour les jeunes de se faire des soirées dans des bars de ce quartier.
Une rencontre déterminante arriva en 2011, peu après les événements du 4 juillet. Plutôt que d'être comme beaucoup devenu méfiant quant aux CESS, Aaron fut au contraire plus fasciné. Et pour la première fois, il pénétra dans l'antre de la luxure : le Styx. Ca aurait pu être une erreur fatale si le patron, David Filigan, ne l'avait pas tiré des griffes de quelques vampires intéressés par son sang et sa jeunesse. Il n'avait en fait jamais eu aussi peur de sa vie. Aussi vit-il David comme son sauveur, comme celui à qui il devait tout, et il développa un sentiment à son égard assez difficilement descriptible... un peu comme s'il était sous les effets de l'hypnose, mais sans y avoir été soumis.
Plusieurs fois, Aaron revint au Styx, désormais protégé par le propriétaire, tout en se demandant comment leur lien pourrait évoluer. Dans sa vie quotidienne, c'est simple : il menait une existence tout à fait normale, comme si ce qui se passait la nuit... ne se passait pas.
Novembre 2011 - aujourd'hui
"Mords-moi, David..."Le vampire s'en lassait-il ? Ces mots revenaient souvent. Et parfois, il s'exécutait. Mais jamais jusque là il ne l'avait encore marqué. Aaron souhaitait ardemment devenir une Pomme de Sang. Il était entré dans le tourbillon, et refusait qu'aucun autre vampire ne porte ses crocs sur sa gorge.
Et en parlant de vampire, un nom revenait souvent : Asher Blackstone. Mais jamais encore, jusque là, Aaron n'avait entendu le nom de Blackstone associé à un autre prénom... Itzel.