Je sais que mon physique plait beaucoup aux hommes et j’aime ce sentiment de pouvoir, car il me rend encore plus invulnérable. Je plais et j’aime plaire, il n’y a rien de mal là-dedans, surtout quand notre beauté naturelle attire le sexe opposé de lui-même. Passer inaperçue dans une foule? Mais non... Le regard envieux des certaines femmes et la bouche coulante de bave des hommes sont une distraction que j’affectionne. Charmer par un sourire dont moi seule ait le secret, ajouter à cela un mouvement de hanche invitant où le tissu des vêtements que je porte me met en valeur et me voilà aux anges. Mes robes et le reste de ma garde-robe n’ont rien de très excentrique, je préfère la simplicité, mais les coupes avantageuses, ça, je connais. Enfin, la psychologie des hommes n’est pas le débat de ce moment n'est-ce pas? Le pire dans tout cela? Les humains… Ils ressemblent tous à des vautours affamés lorsqu’ils me tournent autour alors que l’inverse est également véridique, mais pas pour la même raison. Quoi? Ah oui, continuons. De grandeur moyenne, à peine 1,70 m, mes longues jambes musclées et mon corps bien proportionné me donnent l'air d'une femme à la beauté fragile. Ce que les gens ne savent pas, c’est que je SUIS fragile, alors souvenez-vous que même si l'extérieur ne reflète pas toujours l'intérieur dans son cas on peut affirmer que c’est vrai. Mes cheveux soyeux de couleur blé, ma peau pâle et ma bouche aux lèvres pulpeuses me donnent un air charismatique et unique. Mes plus grands atouts sont mes yeux vert émeraude et mon visage d'une incroyable douceur. J’attire la confiance à la gentillesse des autres sans grande difficulté. Que dire d’autre? Je n’ai pas de tatouage, pas de perçage et pas non plus de cicatrice, enfin, sauf celle qui est due à ma transformation. Je n’ai rien d’une star de cinéma, je suis une femme tout ce qu’il y a de plus banale… ou presque.

Court résumé avant le long roman:
Calme // Passionnée // Douce // Gentille // Perspicace // Réfléchie // Logique // Charmeuse

Je suis une jeune femme fière qui prend la vie du bon côté. Comme tout le monde, j’ai des hauts et des bas, car personne ne peut échapper aux méandres du destin, mais il suffit parfois de savoir en tirer le côté positif de ce qui nous entoure pour ne pas sombrer dans la mélancolie. Je n’ai pas tendance à dire haut et fort tout ce à quoi je pense, mais une fois que mon cerveau a fait le tour de tout ce que la situation implique, mes pensées prennent le chemin vers la sortie. Il est rare que mes paroles soient blessantes, et elles ne sont pratiquement jamais dites de manières irréfléchies. Voir les gens souffrir par ma faute est une chose que je ne supporte pas. Eh oui, on pourrait également appeler cela de l'idiotie, mais bon, chacun sa définition n’est ce pas? J’agis toujours avec une grande douceur et mon calme apparent est le reflet de mon âme. Bien que je sois un peu timide, et je dis un peu, j’aime m’entourer de gens compétents et dynamiques. Je suis une petite boule d’énergie presque inépuisable avec un cœur généreux, serviable et terriblement honnête. Sa curiosité la pousse à aller constamment au fond des choses, peu importe ce qui s’y trouve. J’observe les détails et ce qui peut paraitre insignifiant pour les uns, se révèlent parfois bien utile pour d’autres. Toujours le sourire aux lèvres, je donnerais tout ce que je possède pour revenir plusieurs années dans le passé. Ce jour où je suis devenu une ombre sans âme… C’est le seul regret de ma longue existence. Traitez-moi avec justice et gentillesse et j’irai vous chercher la lune. Si vous ne le faites pas et bien… il ne me reste qu’à sortir mes charmes et à vous convaincre de le faire. J’aime voir la colère présente dans les yeux de mes vis-à-vis se transformer en désir. Pas besoin d’y succomber toutes les fois, mais c’est plaisant.

Pourquoi ma mère a-t-elle accepté les avances d’un homme comme lui? Pour la stabilité? Pour les aventures? Pour son charme? En fait, je n’ai jamais osé leur poser la question et je ne crois pas que ce sujet ne me regarde vraiment. Tout ce dont je suis fière, c’est du résultat qu’a donné une union aussi insolite. Jamais je n’aurais vu le jour sans cette rencontre et sans cette étincelle. Naitre en 1850 n’est pas différent que de naitre en 1957 ou en 1998. Ce qui est difficile c’est de grandir sans une mère pour nous bercer le soir quand le bruit du vent nous fait peur. Les femmes ne survivaient pas toujours après l’accouchement et la mienne est décédée en essayant de donner naissance à mon petit frère. Lui non plus il n’a pas survécu. Cette épreuve est difficile à surmonter, surtout pour une fillette avec un cœur aussi moelleux qu’une guimauve. Heureusement que la tendresse de mon père a largement compensé, sinon ma carapace de protection aurait pu devenir infranchissable. Au lieu de me transformer en femme renfermée, j’ai appris à aimer et à faire confiance. N’est-ce pas deux choses tout à fait contraires à mon style de vie actuel? En fait, c’est ce qui fait ma différence. C’est ce qui me rend plus… vivante!
Comment suis-je devenue celle que je suis? Outre la bonté de mon paternel? La curiosité et le désir d’apprendre bien sûr. Durant mon plus jeune âge, je marchais dans les traces de mon père en écoutant ces paroles. Ces mots et ces pensées ont peu à peu pris un sens dans mon esprit enfantin. J’ai vu de mes propres yeux des tombeaux être ouverts et des richesses être volées par des imbéciles. Mon père n’a toujours désiré que la connaissance… il se désintéressait des objets de valeurs. Chacun une torche à la main, on entrait dans des endroits sombres ou une odeur fétide s’était imprégnée d’elle-même dans les pores rocheux des murs. On marchait en silence alors que nos yeux et nos oreilles notaient les moindres détails avant de les graver dans notre cerveau. Le soir, sur le coin du feu, mon père se faisait un devoir de m’apprendre à lire et à écrire avant que notre conversation ne prenne un chemin plus scientifique. On discutait de tout et de rien durant des heures, on partageait la moindre information et l’on posait des hypothèses parfois farfelues. Mon père notait tout cela dans son cahier de recherche et au petit matin, il trouvait finalement le sommeil avec ma tête posée sur ces genoux. Je l’avais bien entendu quitté pour les bras de Morphée avant que la nuit ne devienne noire d’encre. Les recherches de mon père m’ont sauvé. Je me couchais le soir le cœur léger et l’esprit en paix. Des hommes et des femmes passaient et repassaient dans notre vie, certains étaient des scientifiques, d’autres des hommes en mal de sensations fortes, quelques-uns venaient s’assurer que leur investissement étaient rentable alors que les derniers travaillaient pour nous de près ou de loin. Je n’ai pas eu beaucoup de copines avec qui partager mes jeux, mais quelques garçons se sont montrés plus ou moins intéressés. Je crois que ma volonté de suivre les traces de mon père, au lieu de vouloir fonder une famille et de devenir une femme de foyer, les a tous fait fuir. Je ne regrette rien… Sauf… Ai-je dit un peu plus tôt que les recherches de mon père m’avaient sauvée? La seule chose que je regrette c’est de l’avoir suivie une fois de plus. La dernière fois où j’ai mis les pieds dans un tombeau, j’en suis ressortie différente. Le dernier tombeau où j’ai mis les pieds, il y a plus de 128 ans, a également été MON tombeau.

J’ai souffert… BEAUCOUP souffert, mais heureusement que ma mémoire fait parfois des erreurs de manipulation de données. Je me souviens brièvement avoir été attaquée. Un homme a murmuré des mots doux à mon oreille avant d’enfoncés ce que j’ai cru être une lame. En fait, il a enfoncé ces crocs dans mon cou et il m’a tué. Pour une raison encore inconnue, il m’a ensuite offert de son nectar avant de retourner se cacher au fond de la grande pièce funèbre. Je me souviens très peu du visage de mon père lorsqu’il m’a trouvé par terre, à moitié morte, mais je me souviens de son regard lorsqu’à mon réveil j’ai tué le guérisseur. La peur que j’ai lu dans ces yeux, mêlée à l’amour qu’il avait pour moi m’a poussée à fuir la tendresse de son cœur. Tuer un homme devant les yeux de son propre père est une façon comme une autre de casse un lien familial solide… J’ai honte… Jamais je n’ai été en mesure de revenir vers lui par la suite, jamais mon regard n’a recroisé le sien. Je me suis contenté de veiller sur ces nuits comme lui l’avait fait pour moi jusqu’à ce que la mort vienne le chercher 6 ans plus tard.

En 1880, à la mort de mon père, j’ai cessé de vivre pour la seconde fois. Je suis devenu un vampire à temps plein et j’ai chassé pour ma survie. Je ne restais jamais plus de quelques mois au même endroit de peur que l’on découvre qui je suis et ce que je suis. J’ai surtout voyagé en Europe, là ou il est possible de se cacher le soir venu, puis en Amérique une fois le tour des plus grandes villes terminées. J’ai beaucoup apprécié vivre à New York durant la grande récession de 1929. Je n’avais même plus besoin de chasser, les proies mourraient d’eux même juste devant mes yeux. J’y suis resté 6 ans, c’est pour vous dire à quel point le festin y a été abondant. Boston, Chicago, Montréal, Detroit et ainsi de suite jusqu’à ce que notre présence ne soit enfin révélée au grand public. Pourquoi déménager si on peut vivre notre non-vie en toute liberté? Je vis donc à Saint-Louis depuis quelques années déjà et je compte bien y rester encore un bout de temps. Cette ville est grande et le sang y est abondant.