le caire, égypte, 2002
-Tu es sûre de ce que tu demandes fillette ?
Elle hoche la tête, ignorant le regard inquiet de l'homme qui se trouve en face d'elle. Autour d'eux, le marché s'agite. Des marchands d'épice étendent leurs sacs colorés, les poteries en tout genre sont alignées sur des planches en bois. Une odeur désagréable de poisson lui arrive aux narines, sûrement un arrivage venant du port, déjà abîmé par le soleil égyptien brûlant. Mais malgré cet étalage de nouveauté, elle n'a d'yeux que pour ce drôle d'homme. Sa peau est tannée par le soleil, presque noir. Un turban blanc entoure sa tête chauve. De longues rides creusent son visage, témoins directs d'une vie remplie d'expériences variées qu'elle n'a que trop hâte de découvrir. Le sol est poussiéreux alors qu'elle se fait une place sur le tapis rouge, à côté du petit chaudron monté sur un réchaud à gaz. Les racines qu'il écrase dégage une odeur acre qui lui font monter les larmes aux yeux tout aussi bien que si elle venait d'éplucher un oignon. Mais il ne cille pas, se contentant de verser le liquide extrait, légèrement gluant, dans le fond du petit récipient. Quelques herbes viennent s'ajouter à la composition sous les yeux émerveillés et grand ouvert de la gamine. Le chant qu'il fredonne à présent, un baton en guise de cuillère en bois remuant le liquide verdâtre, semble venir d'un autre temps et figer sur place l'agitation déroutante de ce marché, en contradiction avec ce à quoi elle assistait à présent. Quelques secondes s'écoulent avant qu'il n'éteigne le réchaud. Ses mains à la peau épaisse attrapent le cuivre brûlant sans l'ombre d'une hésitation, le lui tendant jusqu'à ce que l'odeur nauséabonde ne parvienne jusqu'à ses narines, lui arrachant un haut-le-coeur.
-Nina !
Dans un calme olympien, l'homme à la peau sombre repose le chaudron, les mains intactes malgré le contact du métal chaud. Les cheveux blonds de la gamine volent dans le sursaut violent qui la prend alors qu'elle pose son regard clair sur un second homme debout qui vient de soulever la tenture de la petite échoppe. Elle n'a pas le temps de faire un geste qu'il l'attrape par le bras, la forçant à se lever sans cérémonie. Quelques pièces tombent devant le réchaud éteint, façon de compenser les quelques ingrédients perdus, et à nouveau, on la tire dans le marché. Plusieurs personnes la dévisage, elle à la peau si clair parmi ces couleurs brunies par le soleil. Blonde parmi les cheveux noirs, maigrelette et peut-être trop curieuse. Surtout de l'avis de son père qui ne cesse de la traîner, malgré les protestations de la jeune adolescente, se débattant comme une furie de sa voix aigue. Il la lâche finalement, la peau porcelaine rougie par la poigne de l'homme qui doit bien faire deux têtes de plus qu'elle.
-Pourquoi t'as fait ça ? J'y étais presque cette fois !
Il se masse les tempes d'une main, déjà exaspéré par le discours de sa fille. Les règles n'avaient jamais été son fort. Baladée depuis toute petite aux quatre coins du monde, une curiosité sans fin, Nina avait rapidement appris à se débrouiller seule et à faire ses découvertes de son propre chef. Mais lesl ivres ne lui suffisaient plus depuis de nombreuses années. Elle voulait voir, tester, se frôler à ce monde magique dont elle rêvait, à ses créatures mythologiques qui occupaient tout son imaginaire d'enfant.
-Et tu espérais trouver quoi Nina ? Je te l'ai déjà expliqué …. Ce que j'appelais magie quand tu étais petite, ce n'est pas … ça ! Il aurait très bien pu t'empoisonner pour récupérer ton sac à dos.
Elle souffle bruyamment d'exaspération, les bras croisés sur sa poitrine encore inexistante, prenant le chemin du campement de fortune installé à seulement une centaine de mètres du terrain de fouilles. Même si elle avait toujours adoré participer aux longues après-midi à déterrer minutieusement des fragments de vase ou des bouts de pierre, la compagnie de ses parents devenait oppressante et comme toute bonne adolescente, la nécessité de faire ses propres expériences se faisait de plus en plus grande, tout autant sa volonté de leur prouver qu'ils se trompaient.
-Tu racontes n'importe quoi. Tu sais comme moi que c'est faux ! Y a quelque chose … de plus !
Il secoue la tête. Ce n'est pas la première fois qu'ils avaient cette conversation épuisante, elle refusant de s'écraser face aux arguments terre à terre de son archéologue de père.
-Je ne veux pas que tu ailles au marché seule. Est-ce que c'est clair ?
Alors c'était tout. Il allait se contenter de lui interdire une nouvelle fois de sortir de sa tente et du coin de fouille pour essayer de contenir ses envies de vérité ? C'était ridicule, il ne faisait qu'entretenir une bombe qui allait bientôt nécessiter d'exploser pour voir les choses de ses propres yeux ou imploser et finir malheureuse pour le reste de sa vie.

nuevo laredo, mexique, 2009
L'air était aussi sec qu'en Amérique du sud, dans les terres perdues du bout du monde. Mais à présent, une chaleur infernale cognait contre son chapeau de cow-boy en cuir, cachant ses cheveux presque blancs et ses yeux bleus. Le village était désert. Une vieille femme avec une tasse en métal la regardait depuis sa fenêtre avant de fermer ses volets et d'oublier cette présence étrangère dans leur petit coin tranquille. Tirant son portable de sa poche, elle pianote un sms ayant pour but de rassurer ses parents sur son énième fugue. Après tout, elle n'avait fait que traverser le Mexique en stop avec rien de plus comme bagage qu'un vieux sac à dos et une bouteille isotherme. Et elle le savait, c'était un miracle d'être ici en un seul morceau. Mais se voyages aux quatre coins du monde et ses recherches personnelles l'avaient enfin mené sur une piste sérieuse. Le Mexique, pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt. Son instinct de grande enfant lui disait qu'enfin, elle touchait du bout du doigt cette vérité qu'elle avait tellement besoin de connaître. Pour quoi ? Peut-être pour prouver à son père qu'elle n'était pas qu'une idiote entêtée ou une de ces filles qui refusaient avec obstination de grandir. Dans son sac, un classeur retraçant les articles de faits divers qu'elle pouvait espérer un jour associé à ses théories sur la magie. Coup de griffes de créatures inconnues, pertes de sang brutales et inexpliquées, disparition sans aucune trace. Elle refusait de croire que le monde était simplement devenu fou. Il y avait plus que ça.
Dans le seul bistrot de la ville poussiéreuse, chaque client relève les yeux sur cette drôle de créature tout droit sorti d'un autre monde avec sa peau pâle et son short en jean, chapeau de cow-boy rabattu sur le regard.
-Un verre d'eau s'il-vous-plaît.
S'asseyant au bar, elle ne bronche pas quand un homme vient s'adosser au comptoir, juste à côté d'elle, dévisageant son regard d'ange innocent sans une once de gêne.
-Tu t'es perdue gamine ?
Elle relève simplement son regard déterminé sur lui, ni craintive ni agressive. Simplement sûre d'elle comme ces gens qui n'ont plus besoin de faire leurs preuves pour qu'on les respecte. Et sa détermination semble porter ses fruits. Le sourire sarcastique de l'homme disparaît, laissant place à la curiosité dans le fond de ses yeux bruns.
-T'es là pour quoi ? Je suis le shérif ici.
Un léger sourire éclaire le visage de l'adolescente. Dix-huit ans à peine, pas encore une femme, plus vraiment une enfant. Un peu coincée entre deux âge dans ce corps qui refusait d'évoluer aussi rapidement que son esprit.
-Je cherche quelqu'un.
Elle retire son chapeau de cuir, agitant légèrement sa chevelure platine humide à cause de la chaleur écrasante du Mexique. Son objectif était simple, trouver la sorcière de ce patelin et obtenir des informations, autant d'informations que possible. Peu lui importait de rencontrer un de ces êtres surnaturels en chair et en os. C'est à bien plus qu'elle pensait. En faire partie, voilà la seule preuve dont elle nécessitait pour prouver qu'elle avait raison. Peut-être que son projet était trop ambitieux, peut-être qu'elle était folle. Peu lui importait ce que pouvaient s'imaginer les autres à son sujet. Tout ce qui comptait, c'était d'aller jusqu'au bout.
-Je cherche la sorcière.
Le regard de l'homme se fige, songeant celui de la femme-enfant. Mais elle ne laisse aucune place à l'hésitation. Ses mains ne tremblent pas, sa voix est sûre et posée. Se relevant, il lui fait un signe de la main pour lui demander de la suivre à l'extérieur. Trop de personnes, trop d'oreilles indiscrètes. Et ses expériences du surnaturel avait enseigné à la blonde qu'il fallait rester discret sur ces sujets sensibles. A l'extérieur, le soleil est toujours aussi fort. L'homme porte une main à sa ceinture, au -dessus de son arme de service, le regard bien plus menaçant que tout à l'heure dans l'obscurité du bar.
-Va falloir que vous disparaissiez. Y a plus de sorcière ici.
-Mais je …
-Que ce soit clair, vous feriez mieux d'aller remuer ce bordel ailleurs. J'ai entendu dire qu'il se passait des trucs louches en Nouvelle-Orléans. Mais si je vous vois repointer le bout d'votre nez de fouineuse dans ma vie, c'est au trou que je vous colle. Pour trouble de l'ordre public.
La Nouvelle-Orléans donc. Elle qui n'avait jamais pensé à mettre un pied aux Etats-Unis c'était l'occasion ou jamais. Si elle savait qu'elle atteignait là un point de non-retour, peut-être aurait-elle réfléchi à deux fois avant d'agir.

nouvelle-orléans, états-unis, 2010
La Nouvelle-Orléans, jamais elle n'aurait imaginé aboutir ses recherches ici. On lui avait pourtant souvent parlé de cette ville au cours de ses recherches. Des sorciers, prêtresses vaudou, … comme si une aura magique régnait autour de cet endroit. Mais avec l'expérience, Nina avait appris à se méfier de ce qui paraît être trop beau pour être vrai. Et pour une enquêtrice en quête de paranormal, une ville pareille, c'était du baratin.
Il faisait beau ce matin-là, quand pour la première fois, elle l'a croisé. La gare routière se trouvait en bordure de ville et elle avait beau tendre le pouce dans le vide, aucune voiture ne s'arrêtait sur le chemin pour la mener vers le centre. Ce n'était pas la première fois dans ses fugues à répétitions qu'elle était amenée à se débrouiller seule et ce n'était sûrement pas maintenant qu'elle allait décider ne pas être capable d'aller jusqu'au bout de ses recherches un peu folle. La lumière était encore faible mais ça ne l'empêchait de continuer à avancer sereinement le long de la route. Il faudrait qu'elle songe à trouver un toit assez rapidement, ne serait-ce que pour laisser ses affaires et ne pas avoir à se trimbaler partout l'énorme sac de randonnée qui faisait office de valise dans ses nombreux périples. Le regard perdu dans ses pensées, elle ne réalise pas tout de suite ce qui la fixe dans le brouillard matinal. Deux yeux dorés, la pupille en amande. Immenses. Son pas ralentit instinctivement mais elle ne s'arrête pas pour autant. Cette présence avait quelque chose ... d'envoûtant. Mais avant qu'elle n'ait pu faire le moindre geste pour s'approcher, la bête bondit et se perd dans le bois longeant la route. Il ne lui en faut pas plus pour se lancer à sa poursuite, ignorant les branches qui griffent ses jambes nues, le poids de son sac à dos, son souffle qui se fait de plus en plus saccadé. Puis finalement, elle se contente d'arrêter de courir. De toute façon, plus la moindre trace de la bête et si elle ne se remet pas à marcher, elle va tout simplement tourner de l'oeil et tomber dans les pommes. Un bruit de feuilles qu'on foule lui fait tourner la tête, lentement. Pendant quelques secondes, elle ne sait pas vraiment dire si elle craint ou si elle espère de voir apparaître à quelques centimètres d'elle la bête aux yeux clairs. Mais pour toute vision, elle n'a droit qu'à celle d'un homme pied nu qui la dévisage, les sourcils froncés. Et pour Nina, il n'en fallait pas plus pour faire la connexion. Elle avait enfin sous la main les réponses à toutes ses questions, la justification de ses années d'errance et de fugue. Un battement de cil et l'homme a disparu, ne laissant place qu'à l'ombre lointaine d'un jaguar, courant entre les troncs.

nouvelle-orléans, 2013
-Pourquoi est-ce que vous refusez de répondre à mes questions ?
-Tu ne pourrais pas comprendre.
-Vous n'en savez rien, vous ne me connaissez pas !
-Ecoute gamine, les choses sont pas aussi simples que dans des bouquins. Oublie juste tout ça, ça vaudra mieux.
Elle s'arrête de marcher, un peu essoufflée de devoir presser le pas à chaque fois qu'il tentait de la semer. Les choses n'avaient pas été simples depuis son arrivée à la Nouvelle-Orléans. Si elle avait réussi à remettre la main sur l'homme mystérieux, ce n'était pas sans y risquer sa vie. Ce qui semble être leur meute avait particulièrement mal pris le fait de voir débarquer une humaine chez eux. Et on pouvait les comprendre vu les agitations récentes des médias sur des attaques inexpliquées. Malgré sa promesse de ne rien dire, il avait été jugé préférable de faire brûler toutes ses notes et de détruire son appareil photo. Le coup était dur à encaisser. Des années de recherche parties en fumée, les derniers souvenirs de sa vie passée à suivre ses parents aux quatre coins du monde. Mais elle ne comptait pas en rester là, pas maintenant qu'on lui avait ôté tout ce qui aurait pu lui servir à justifier son entêtement.
-Alors apprenez-moi.
Sa voix était assurée tout comme son regard, détermination étonnante provenant d'un corps pourtant d'apparence fragile. L'homme l'avait regardé de haut en bas sans comprendre vraiment où elle voulait en venir. A croire qu'il fallait être vraiment explicite sur sa demande. Levant les yeux au ciel, elle fit quelques pas vers lui sans baisser le regard.
-Transforme-moi. Je n'aurais aucune raison d'aller tout raconter aux médias si je fais partie du Pard.
C'était idiot de demander ça. Sans avoir étudié leurs coutumes, elle se doutait bien qu'il n'allait pas se contenter de lui offrir sur un plateau d'argent tout ce dont elle avait rêvé. Mais sa réponse ne trouva aucune réponse, si ce n'est son air exaspéré par cette gamine qui commençait à prendre beaucoup de place. Un bruit aigu siffla près de son oreille avant qu'elle ne se retrouve jeter au sol sans comprendre ce qui lui arrive. En quelques secondes, une agitation s'était créée dans la rue pourtant calme qu'ils traversaient. Un rugissement la ramena un peu à la réalité. Son crâne lui faisait atrocement mal, peut-être parce qu'elle venait de heurter un mur. Ou peut-être pas. Les choses s'étaient passées avec une vitesse effrayante, et elle ne pouvait que constater l'étendue des dégâts. Un liquide chaud lui coulait entre les doigts alors qu'elle tentait de calmer le flux sanguin s'échappant d'entre ses côtes. Un goût métallisé gagna rapidement sa bouche alors que les immeubles n'étaient plus que des formes foncées dansant devant ses yeux mi clos. Juste avant qu'elle ne perde connaissance, la sensation de quelque chose qui s'enfonce dans sa peau, un picotement dans ses veines, puis plus rien.

Journal de Nina, semaine 1, jour 6
Ca fait des jours que je ne dors plus. Des nuits entières à rester les yeux ouverts, rivés sur le plafond. Je crois que j'espère encore qu'au fond, tout ça n'est jamais arrivé. La douleur de la griffure, le long de mon mollet, me brûle encore. Shawn me répète que ça va passer. Honnêtement ? Je pense qu'il a oublié le jour où il a été transformé et que tout ça n'est qu'un très vague souvenir. Il n'a pas la moindre idée de ce que je traverse, il ne peut pas m'aider et même si il le pouvait, qu'est-ce que ça changerait ? Sa compassion ne diminuerait pas mes insomnies. Ses conseils ne calmeraient pas mes démangeaisons. Ses mots doux n'apaiseraient pas mes envies de sang. Il paraît que la première lune est la plus douloureuse. Qu'on a l'impression de mourir pour enfin, revivre dans le corps de son jaguar. J'aimerais ne jamais avoir à connaître ça. C'était une erreur de venir jusqu'ici, de ne pas écouter mes parents ou de ne pas me raisonner. J'aurais préféré ne rien découvrir.
Journal de Nina, semaine 2, jour 3
J'ai volé aujourd'hui. Et le pire ? Je m'en fous. Peut-être que la bête qui vit en moi à présent a aussi tué le peu de conscience qui me restait ? Mais je n'en pouvais plus. Shawn ne me rapporte que des morceaux minables. Un lapin par là, ou un poulet. Comme si ça pouvait calmer mes tripes. J'avais l'impression de ne pas avoir mangé depuis des années. Mon corps me semble rachitique quand je me compare aux autres membres du Pard. Surtout les hommes. Ils sont forts, puissants. Quitte à passer le restant de l'éternité maudite, je ne veux pas être une de ces femmes qui restent gentiment à la maison, attendant que son gentil époux lui ramène du gibier à dépecer et à cuisiner. Je veux qu'on me craigne, qu'un simple grognement suffise à les faire reculer. Shawn ne me fait pas peur. Ni lui, ni personne dans cette maison. Qu'est-ce qu'ils pourraient me faire de toute façon ? Ca ne pourrait pas être pire que ce que j'ai actuellement.
Journal de Nina, semaine 2, jour 5
La première lune est passée. J'ai l'impression que cette chose prend de plus en plus de place dans ma tête. Mais d'un côté, tout ça avec quelque chose … d'euphorique. La douleur m'a jeté à terre mais ce n'était pas le pire. C'est comme si j'avais une faim, une faim que je ne pourrais jamais combler, faim de quelque chose que je ne connaissais pas. J'avais envie de chaire. De mordre, de griffer, de goûter le sang, de sentir quelqu'un en moi, n'importe qui ça m'était égal. Selon Shawn, tout ça est normal et il faudra apprendre à le maîtriser. Mais je me fiche de ses conseils. Il n'a pas la moindre idée à quel point c'était extraordinaire. Pour la première fois, je me suis sentie vivante, Terriblement vivante, comme si plus rien ne pouvait m'arriver à présent, que ma vie avait atteint son paroxysme et que c'était là un point de non-retour. Tout ça s'est calmé maintenant. J'ai couru pendant des heures dans la forêt mais ils ne me laissent pas sortir seule. Trop jeune selon eux. Leurs règles m'insupportent. Je veux traquer, attraper un cerf entre mes crocs, faire tout ce qu'on m'interdit pour mon « bien ». A quoi est-ce que tout ça rime ? Je n'en sais rien, je m'en fiche. C'est tout ce que j'ai toujours espéré. Fini la Nina brindille, la petite poupée qu'on a peur de casser. Je n'ai plus l'intention d'être une victime. Plus jamais.