→ Toronto 1993
Les lumières orangés éclairais régulièrement l’appartement obscurcit par le soleil couchant, les pompiers étaient parvenus à éteindre l’incendie qui avait embrasé une partie du salon, quant aux ambulanciers ils tentaient de réanimer ma mère partie dans un énième coma éthylique. Ils discutaient entre eux, de l’enquête qui devra être ouverte, de la dose de médicament à administrer à ma mère et quelques fois ils tournaient un regard compatissant vers moi. Ils me connaissaient, et inversement, je ne comptais plus le nombre de fois que j’avais dû les contacter. Quand à mon père il avait éteint son téléphone comme d’habitude. Je n’avais que faire de leur pitié, ma mère avait encore une fois dépassé les bornes et j’en avais plus qu’assez. « Vous allez devoir trouvez un autre endroit où dormir mademoiselle Avalon, les dégâts sont assez important, il faudra surement des travaux et l’odeur sera… » Je l’avais interrompue avec des oui docile. Ils avaient continué de donner quelques indications que je n’écoutais plus, et emporter ma mère à l’hôpital. J’avais déjà rempli un sac de voyage de mes affaires, que des vêtements et mon diplôme avec mention nouvellement acquis, je n’avais besoin de rien d’autre, quand les policiers étaient arrivé sur les lieux. J’avais fait ma déposition et j’étais partie. En route j’avais laissé un message à mon père, la dernière fois que je lui avais parlé, je n’avais même pas entendu sa voix « Maman est à l’hôpital, maintenant tu vas devoir te charger d’elle, parce que je m’en vais. Et je ne reviens pas. » Pendant un temps j’avais tant essayé de comprendre ses raisons, sa dépendance, j’avais bien tenté de découvrir ce qui se cachait derrière son mal-être, mais elle l’avait si profondément enfouie que j’en ai été incapable. La voir si malheureuse malgré l’amour qu’elle me portait était trop dur à supporter.

La dépendance c’est une belle merde. Une réflexion que je me faisais chaque jour en rentrant de l’école, chaque jour à regarder ma mère sombrer dans un déni total, ses perceptions avec la réalité faussée et ses propos inintelligible. Oh pour me demander d’aller acheter son alcool à l’épicerie du coin parce qu’elle avait bu plus qu’à l’accoutumé ça elle savait parler, autrement les seuls moments où j’espérais tenir une véritable conversation avec elle était le matin lorsqu’elle n’avait pas encore ingurgité sa dose. Je n’avais plus tenté d’avoir une conversation avec elle depuis mes seize ans. Depuis ce jour où elle m’avait traité de folle et oublié le soir même ce que je lui avais raconté. J’avais espéré un peu de soutien de ma génitrice, je n’avais récolté que mépris et insulte. J’avais eu besoin d’aide, j’étais perdue et terrifiée, comment ne pas l’être lorsqu’on se retrouve nez à nez avec un être putréfié ? Mort sans aucun doute, une odeur pestilentielle et des insectes grouillant dans une gueule qu’ils venaient de dévorer. Je n’avais agi que par instinct, poussé par une force invisible vers ce jardin. Je cherchais encore une échappatoire pour ne pas rentrer à la maison aussi tôt, perdue dans un rêve éveillé quand quelque chose s’était frotté à ma jambe. J’avais ouvert les yeux sur ce chat, au pelage troué et constellé de boue. J’étais bien resté quelques minutes à observer cette chose à mes pieds avant de la renvoyer sous terre d’un ordre concis, c’est après que j’avais paniquée.
Après la réaction de ma mère je n’avais osé imaginer celle de mon père et ne lui avait rien relaté. J’avais eu trop peur qu’il ne réagisse comme elle, ce qui aurait fait plus mal en sachant que lui était constamment sobre et réfléchi. Je m’étais lancée dans des recherches sur la mort, ou des personnes capables de réveiller les morts, j’ignorais encore que ce genre de chose était possible. J’avais trouvé un spécialiste à la Nouvelle-Orléans et pris le premier avion pour lui rendre visite avec le peu d’économie que j’avais gagné avec mes petits boulots. Il m’avait accueilli malgré le culot de ma visite impromptue et expliqué ce que j’étais, une nécromancienne. Il m’avait promis de me prendre comme élève si je retournais à Toronto terminer mes études, c’était un gars de la vieille école avec des principes, de surcroit j’étais encore mineure et sous tutelle de mes parents. Deux ans plus tard quand j’étais à nouveau sur le pas de sa porte, il a tenus sa promesse.

→ Nouvelle-Orléans 1995
L’histoire de l’art, étudier cette discipline est plus subtil que l’histoire ou la politique qui ne s’arrête qu’aux faits et évènements du passé. L’art éveil plus de sens que la simple connaissance de nos vies antérieur, il éveil le spirituel, le culturel et le social en plus de flatté le regard et aborde de vaste sujet d’étude. Une discipline qui m’a tout de suite fascinée et que j’ai choisie de suivre.

Je revenais d’un cours toujours aussi passionnant quand je le trouvais à m’attendre. Il arborait un visage inhabituellement grave. « Calli, mon enfant, depuis quand n’as-tu pas dormie ? » Je refermais la porte d’entrée après moi et me déchaussait, soulagée qu’il ne m’annonce pas une mauvaise nouvelle. Je le rejoignis, tous les jours à ma sortie des cours il m’attendait dans la cuisine avec le thé, tout aussi friand que moi de découvrir ce que j’avais appris le jour même, des moments complices que nous partagions avec plaisir depuis mon entrée à l’université. « 128 heures. » 5jours et quelques poussières d’heure. Au début j’ignorais ce dont j’étais capable, c’était inconscient, j’absorbais l’énergie des morts que je relevais lors de mon apprentissage et il m’était impossible de trouver le sommeil avant plusieurs heures. Quand ça me tombait dessus par contre j’avais l’impression de subir un décalage horaire cinq fois plus corsés. « Tu t’améliore, les effets du sommeil ne se font toujours pas sentir ? » Je secouais la tête en remplissant ma tasse. « Tu es douée, tu es promise à de grandes choses. » Je souriais, depuis mon arrivée chez lui notre relation ne s’était pas contenter d’un maitre et de son apprentie, nous avions discuté, découvert de nombreux point commun et aujourd’hui il était comme un père et réciproquement. Grâce à lui je me réalisais et je lui en étais extrêmement reconnaissante.
« Je vais te parler d’une chose importante, que tu ne devras répéter à personne Calli tu comprends bien ? Personne. » Le voilà arborant à nouveau son visage grave, l’expression qu’il prend toujours quand il devient mon mentor et non plus un père adoptif. Je buvais tranquillement une gorgée de mon thé avant d’acquiesçais. « A qui voudrais-tu que je le répète ? » Je ne suis pas du genre à aller chercher des amitiés, j’ai très peu d’ami et encore il s’agit plus de connaissance d’étude ou de travail, pas le genre de personne envers qui j’irais confier mes loisirs ou secret. Il hochait la tête, se faisant le même raisonnement que moi. « Si je t’en parle c’est parce que tu es prometteuse, et j’apprécierais que tu nous rejoignes, mais tu seras libre d’accepter ou refuser. » Il attisait ma curiosité, tout en me mettant en garde, ce devait être important si c’était aussi secret et tout ce qui relevait du mystère était quelque chose à décortiquer pour moi. « Il existe une organisation, secrète, extrêmement secrète, nous observons et nous informons de tout ce qui a rapport au surnaturel, tout est consigné. Bien sûr tu sais que vampires, loup-garou existent, nous recherchons à en apprendre davantage sur eux. Il est aussi important que l’humanité n’apprennent pas leurs existences, ce serait la panique et on s’en passerait bien, on surveille chaque évènement qui en dévoilerait trop, il arrive que nous intervenions dès lors qu’il existe un réel risque de danger pour les humains. » J’étais pendue à ses lèvres, oubliant totalement mon thé qui refroidissait entre mes mains enrouler autour de la tasse. « Ta formation de nécromancie est terminé depuis longtemps, tu es compétente au-delà de mes espérances, étant donné que tu es déjà l’une de mes élèves les grands sont d’accord pour me laisser ta formation entre mes mains si tu nous rejoins. » Une organisation regroupant tous éléments surnaturels ? Etudier de nouvelle civilisation tel que les êtres surnaturels, j’étais avide de sources historique et bien plus de temps que jamais depuis que je n’ai plus d’heure à perdre en sommeil. Il n’y avait pas à réfléchir, j’étais partante. « J'en suis. »

→ Nouvelle Orléans – 15 ans plus tard
« Calli je vais partir. » L’ancien, mon mentor, mon père se faisait vieux. Je savais qu’il n’était plus qu’une question de temps avant qu’il ne quitte le talamasca. « Je suis malade mon enfant, et le temps joue contre moi. » J’écarquillais des yeux, j’avais mis sa récente faiblesse sur le compte de sa vieillesse, loin de moi l’idée qu’il soit malade. « Mais, tu vas te faire soigner n’est-ce pas ? » Je déglutissais, craignant le pire. « C’est incurable, il me reste un peu de temps devant moi, mais je le prendrais loin d’ici. » Je me relevais de ma chaise et allait ouvrir la fenêtre avant de m’allumer une cigarette, retenant mes tremblement. J’étais soudain aussi paniqué qu’à mes seize ans en réanimant mon premier cadavre. Je suis pragmatique, il ne servait à rien de déblatérer sur une mort qu’il m’assurait de vive voix, mais ça faisait mal, je détestais être impuissante avec les personnes que j’aime. « J’ai eu une belle vie tu sais, et je peux même m’estimer le plus heureux de t’avoir considérer comme ma fille. » Il jouait sur les sentiments et je pouvais déjà sentir mes larmes monter aux yeux, mon cœur tambourinait douloureusement. « Tu es mon père. » Il souriait, un sourire fier et paternel au-dessus de sa tasse de thé que nous n’avons jamais cessé de partager. Nous restâmes silencieux quelques minutes, je fumais ma cigarette près de la fenêtre et ne pas l’importuner avec l’odeur mentholé.
« Quand je serais mort, tu devras m’incinéré. Aucun autre nécromancien ne devra m’atteindre autre que toi.» L’annonce était si gravement dites et si brutale qu’elle me laissa sans voix. « Viens t’asseoir, j’ai des choses d’une extrême importance à te dire. » Docile, j’écrasais ce qu’il restait de ma cigarette pour aller le rejoindre. J’ai toujours prise au sérieux tout ce qu’il m’annonçait, aujourd’hui plus que jamais je pressentais que la suite serait capitale. Comme des automates nous tendîmes nos mains au-dessus de la table pour les étreindre. « Tu es studieuse ma fille et tu n’as pas ton pareil pour déchiffrer les énigmes, c’est à toi que je lègue mes recherches… » C’est ainsi qu’il me compta son projet d’étude sur ce site depuis de nombreuses années, commencé bien avant qu’il ne me prenne comme élève. Les sombres secrets de la Nouvelle-Orléans. Il me confiait la suite de ses recherches avec l’assurance que je saurais garder le silence sur la source qui attirait inconsciemment les êtres surnaturelles en ces lieux. « Tu comprends pour quel raison ça ne doit pas se savoir ? » J’hochais gravement la tête, je ne lui en voulais même pas de m’avoir caché de telles informations tant je comprenais ces raisons. Une source de pouvoir aussi exploitable serait désastreuse si quiconque venait à l’apprendre. « Compte sur moi. »