« Don't fret precious I'm here, step away from the window » «See, they don't give a fuck about you, like I do.» 8 janvier 1983 - Manoir O'HaraEnfin ! Hallelujah comme dirait les dévots du coin. Bon j'avais eu mon instant de doute quand le silence avait envahit la chambre. Et que seule la respiration coupée de Gareich se faisait entendre... mais finalement les cris du nouveau-né retentirent puissamment. Un vrai rugissement.
Je ne pouvais m'empêcher de sourire. C'était une fille. Généralement quand on parlait d'héritier on souhaitait surtout un garçon, mais pas chez les O'Hara. Non. Dans cette famille les femmes détenaient le pouvoir. Et quel pouvoir ! Les hommes étaient généralement les pantins qu'on exposait à la société en particulier lorsqu'ils étaient "extérieurs" à la famille. C'était elles qui prenaient les décisions.
J'avais pu constater au fil des décennies que dans la lignée, la puissance coulait dans les veines des femmes avec bien plus de ferveur que chez les mâles qui pouvait en ressortir. Bien souvent leur médiocrité en magie n'avait d'égale que leur faiblesse de caractère. J'avais vu certains avec le désire de prendre le pouvoir, pour toujours le regretter. Les hommes O'Hara savaient à quoi s'en tenir quitte à recevoir parfois une piqure de rappel.
La petite Nymphéa avait donc déjà un avantage pour elle. A présent, j'allais l'observer attentivement. Et surtout la modeler à l'image que je souhaitais. Je savais, je sentais qu'elle était celle que j'attendais. Gareich, me lança un regard fatigué, l'accouchement avait été pénible pour elle. Un sourire bienveillant aux lèvres, je répondis à son regard et à celui de Stella qui avait également craint le dénouement de l'accouchement de sa fille.
A défaut de me redonner mon corps, Gareich m'avait fournis un nouvel espoir plus viable que ses deux premiers enfants. La première était une fille pourtant, mais son esprit était absent. Le second était un garçon. Jusqu'à trouver la bonne, je ferrais tout pour que la lignée des O'Hara se perpétue... à mon avantage.
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1991 - Manoir O'HaraNymphéa regardait par la fenêtre les deux enfants du jardinier. Ils avaient l'air de s'amuser à aider leur père. Jouer avec sa sœur était devenu lassant. Elle avait envie de les rejoindre. Elle avait essayé une fois, mais de suite le père avait renvoyé ses enfants auprès de leur mère. Obéissant, ils avaient posé leurs outils, et avaient déguerpie rapidement. Mal à l'aise, le jardinier lui avait demandé s'il pouvait faire quelque chose pour elle. Elle le fixa un instant avant de lui tourner le dos.
-Pourquoi ont-ils peur de moi ?-Parce que la médiocrité ne sait pas faire face à l’exceptionnel. Ce qu'ils ne comprennent pas, ils le craignent. La seule chose qu'ils voient c'est quelqu'un qu’ils ne peuvent contrôler à leur avantage. C'est ainsi que le monde tourne.-Mais je ne veux pas leur faire de mal...-Ca ne veut pas dire qu'ils ne t'en feront pas. A la première occasion, ils ne manqueront pas de te poignarder dans le dos... S'ils t'ont pas pendu ou brûlé sur un bûcher avant. Tu ne peux faire confiance à personne.Nymphéa tourna ses grands yeux pers sur le visage de l'esprit qui était souvent, voir toujours, à ses cotés.
-Sauf toi Mael-Sauf moi. Je serais toujours avec toi.Elle eut un grand sourire, auquel il répondit d'un rictus amusé. Il se montrait surtout quand elle était seule, restant à l'écart lorsqu'elle se trouvait en compagnie de sa mère ou de sa grand-mère.
D'ailleurs, elle ne devait pas trop parler de lui avec elles. Elle avait promis. C'était leur secret à eux. Quand elle avait demandé pourquoi, il avait simplement répondu qu'elles seraient jalouses et ne comprendraient pas, ce qui n'était pas si loin que ça de la vérité. Sans oublier qu'elle était sa préférée à lui, comme il lui avait chuchoté plusieurs fois à l'oreille. Finalement elle n'avait pas besoin des enfants du jardinier pour s'amuser. Elle avait un fantôme comme meilleur ami !
La petite brune tourna la tête lorsqu'une servante frappa à sa porte. C'était l'heure de sa leçon avec sa grand-mère. Elle dévala aussitôt couloirs et escaliers pour la rejoindre. Des leçons particulières que les services sociaux n'approuveraient certainement pas. Quand certains apprenaient à lire grâce à la bible, ou "Martine va à la plage" pour les moins conventionnels, Nymphéa avait droit aux "principes élémentaires" de la sorcellerie. Mais ce qu'elle aimait le plus était les aventures de ses ancêtres que sa grand-mère lui racontait. Un cours d'histoire qui la passionnait. Toutes ces femmes extraordinaires au charisme débordant, et surtout... à la puissance qui semblait infinie.
Elle voulait être comme elles. Et Mael allait s'assurer que personne ne se mette en travers de son chemin... A commencer par les enfants du jardinier...
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«Spirit in the dark» «And trouble water» Septembre 1994 - Propriété O'HaraJ’ignore si j’étais aveugle ou si je refusais tout simplement de voir la vérité. Mais à présent je savais. Je savais et j’avais vu à travers l’une de mes visions le véritable visage de Mael et ce qu’il adviendrait de Nymphéa. Dernièrement j’étais de plus en plus assaillit de visions, ce qui résultait en une migraine permanente. Présent, passé, futur. Je ne savais plus quand me retrouver. J’ai… ou bien je n’avais plus beaucoup de temps à ma disposition.
Il fallait que j’intervienne… avec prudence. Mael n’était pas un ennemi que l’on pouvait prendre à la légère. Vicieux et fin stratège il ne reculait devant rien. Comme Nymphéa il m’avait séduite, me faisant croire que j’étais celle qu’il le contrôlait, que j’étais exceptionnelle. Il devait bien rire de moi.
Ma mère avait eut la présence d’esprit de garder une relation avec lui plus « professionnelle ». Ne jamais faire confiance à un esprit m’avait-elle soufflé un jour. Je l’avais ignoré me contentant de prendre sa place en tant que matriarche de la famille quand la démence commença à frapper doucement à sa porte quelques années plus tôt.
Je suppose qu’on récoltait ce que l’on semait. Mael m’avait manipulé utilisant ma propre soif de pouvoir pour que je me retrouve souvent en voyage d’affaire. Le laissant ainsi seul avec Nymphéa durant mes absences. Il m’arrivait parfois de ne pas la voir durant des semaines. Je l’avais abandonné aux mains d’un monstre.
J’en étais même jalouse, ne lui offrant que du dédain ou une ignorance totale, accordant mon attention qu’à ses frères et sœurs, ou bien tout le monde sauf elle. Je savais qu’essayer de la récupérer à présent était perdue d’avance. Je n’avais pas de véritable lien avec elle, autre que le fait d’être sa mère. Mael s’en était assuré.
Le fait que j’avais décidé de l’envoyer dans une école privée dite « huppé » n’avait pas arrangé notre relation. J’avais noyé le poisson avec Mael concernant le départ de Nymphéa en prétextant vouloir en faire un leader. Si elle ne pouvait même pas survivre à une bande de pré-pubère comment pouvait-elle diriger ?
La véritable raison était surtout que j’avais besoin de les éloigner du manoir suffisamment longtemps pour m’assurer que Mael ne trouverait jamais l’un des derniers éléments nécessaire à son retour parmi les vivants. Quel meilleur endroit que de le cacher ici-même ? J’avais dû déjà céder l’amulette qui le liait à notre famille en le donnant quelques temps plus tôt à Nymphéa. J’avais eu une certaine réticence à obéir jusqu’à ce que j’entrevoie les possibilités d’un refus face à celles qui découleraient d’une acceptation. J’avais choisi ma bataille et joué le jeu.
Oui, certes j’espérais également que dans le processus elle se socialise et s’éloigne de lui, même si je savais que Mael veillerait au grain. Autrement sa sphère de connaissance dépassait difficilement un esprit tordu, une vielle chouette de grand-mère parfois en pleine démence, une sœur aînée qui avait mentalement l’âge d’un enfant de 7 ans pendant que leur frère Eric se prenait pour Tarzan en courant dans les bois depuis sa première transformation…
Nymphéa semblait presque « normale » en comparaison, si on oubliait les fois où elle se mettait à porter un turban et les robes de ma mère. Elle avait visiblement hérité de son excentricité. Nymphéa avait de plus une obsession grandissante à propos de tout ce qui touchait de prés ou de loin l’histoire de note lignée. Les servants avaient peur de faire le ménage depuis que l’un d’eux avait brisé une statuette représentant mon arrière-grand-mère. Elle avait utilisé l’une de ses poupées Voodoo sur le coupable. Une part de moi-même ne pouvait s’empêcher d’en être fière. Elle n’avait pas uniquement le talent, mais je voyais déjà dans ses yeux qu’elle avait également l’ambition, le zèle et l’acharnement nécessaire pour s’élever.
Toutefois le futur que je pouvais entrevoir n’étaient pas souhaitable. La meilleure solution était de faire en sorte que les réponses à certaines questions restent particulièrement bien scellées. A commencer par moi-même.
Ces trois dernières années j’avais minutieusement élaboré et mis en place mon plan d’attaque. La vengeance était un plat qui se mangeait froid. Et j’étais prête à tout pour que cela soit le cas. Mael m’avait humilié et je comptais bien lui faire payer…
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Nymphéa regardait l’infirmière s’occupait de sa mère. Immobile, le regard vide l’adulte se laissait manipuler comme une poupée. Quelques mois plus tôt l’un des domestiques l’avait trouvé inconsciente au bas des escaliers du grand salon.
L’enfant avait entendu sa grand-mère s’entretenir avec le docteur et son oncle. Elle était à présent dans un état de catatonie extrême d’après le médecin. De la femme forte qui la terrifiait parfois, sa mère était passée à une coquille drastiquement amaigrit et des plus passives. Nymphéa n’en éprouvait que du dégout. L’infirmière aperçut la jeune sorcière et lui offrit un sourire qui n’eut aucune réponse.
Mael était à moitié ravis de cette nouvelle situation. Il comptait prochainement se débarrasser d’elle lui-même, mais apparemment le destin l’avait devancé…
Nymphéa tourna les talons et quitta la résidence pour être conduite à l’école. Ciel qu’elle détestait ce lieu. Elle avait l’impression de perdre son temps. Tellement de règles ennuyeuses à suivre. Elle avait du mal à s’intégrer et à comprendre leur piaillement autour de la dernière pop star en vogue, ou les dernières baskets géniales que tout le monde voulaient... Ses centres d’intérêt n’étaient clairement pas les mêmes. On disait d’elle qu’elle était trop « bizare » comme le reste de sa famille. Elle rasait les murs gardant un profil bas et se faisant oublier. De plus personne n’osait lui parler à cause de Mael qui s’arrangeait pour parfois les effrayer d’une manière ou d’une autre...
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«Whatever you do, don't be afraid of the dark » «The Devil's inside you» Juin 1998 – Bayou - Nouvelle-OrléansNymphéa pouvait clairement les voir s'embrasser. Tom et une traînée dont elle ignorait le nom. Mael l'avait prévenu, mais elle n'avait pas voulu écouter. Le garçon l'avait séduit alors qu'il venait nettoyer la piscine des O'Hara. Le nez dans ses grimoires elle n'avait pas fait attention à lui. Les petites gens faisaient partie des meubles.
Mais il avait osé s'adresser à elle pour obtenir un rafraîchissement. Elle l'avait regardé de haut puis envoyer balader. Nymphéa avait autre chose à faire que se soucier de lui. Pourtant quand il était revenu torse nu pour s'occuper de la piscine, elle n'avait pu s'empêcher de jeter quelques coup d'oeil à sa musculature. Par la suite, à chaque fois qu'il venait, elle jetait des coups d'œil discrets au jeune-homme.
Mael avait tout de suite repéré le manège. Il avait du fournir des efforts pour ne pas noyer Tom sur le champ...et attendre qu'il soit seul. Il eut un sourire carnassier lorsqu'il constata que sa copine était venue le ramasser après le travail. Et encore plus quand les semaines suivantes c'était toujours une autre fille qu'il embrassait. Rarement la même. Un plan se fomenta aussitôt...
Jouant sur tous les tableaux, il avait "anonymement" donné un coup de pouce à la relation qui le crispait au plus au point. Susurrant même quelques conseils à Nymphéa, avant de finalement partager ses doutes au dernier moment, quand la jeune-fille avait trouvé quelques malencontreux "indices" sur le comportement du jeune-homme. Après tout Mael n'avait que le bien être de l'adolescente en tête...
Comme il l'avait envisagé, elle s'était montrée hésitante à croire les habitudes de collectionneur du jeune-homme. D'un coté un confident et ami toujours là pour elle, face à un bellâtre aux belles promesses, aux abdos d'acier et qui embrassait divinement bien... une autre fille qu’elle. Dans la voiture d'une autre.
Mael trépignait intérieurement devant sa pièce de théâtre. L'esprit attendait avec impatience la réaction du rôle principal. Une fois le choc passé, la colère de Nymphéa avait explosé. Une colère qui s'était matérialisée en une rafale d'énergie détruisant plusieurs arbres sur son passage. L'un d'eux tomba en flamme sur la voiture des tourtereaux. Elle retourna au manoir sans un mot. Le calme avant la tempête selon Mael. Car connaissant les O'Hara et Nymphéa, c'était loin d'être finit...
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«... la jeune-femme venait récemment de se séparer de Tom Wellington. Il était devenu possessif et trop étouffant suite à leur flirt d'été, selon des sources proches de la victime. Dans une tentative désespérée pour la reconquérir, il se rendit sur son lieu de travail. Une venu qui se soldat par la mort de Jennifer Davis en raison des différentes blessures par balles infligées par Tom Wellington avant son suicide. Les...»Nymphéa déposa le journal avec un rictus satisfait et prit son magazine Rollings Stones. Une bonne chose de faite. Le sort n'était pas censé tuer Tom et son ex à la base, mais avait eut l'effet original attendu par l'adolescente. Sa grand-mère lui avait souvent expliqué que parfois un sort pouvait s'avérer plus intense que prévu à cause de la puissance des intentions de la sorcière. Nymphéa n'avait pas seulement brisé son cœur mais l'avait également mené à la folie.
Mael s'admirait dans la glace. Il inspectait son corps d'athlète sous toutes les coutures. Il ne s'était jamais senti aussi fort, aussi... consistant. Il avait l'habitude de se servir dans l'énergie des O'Hara. Ca faisait partie de son pacte avec la famille. Mais c'était différent avec Nymphéa. L'énergie qu'il grappillait d'elle comme à son habitude chez la lignée, était différente de celle qu'elle lui avait donnée ce soir là. Ce fut quand elle s'évanouit dans ses bras que Mael compris... Il n'avait pu s'empêcher un sourire carnassier à cette découverte. Il était si proche du but.
Tant qu'il tenait Nymphéa dans la paume de sa main, il parviendrait à réaliser ses ambitions. Elle était sienne et le restera. Il retourna dans le lit de la jeune sorcière et l'enlaça avant de l'embrasser. Il n'y avait pas que son énergie qu'il avait réussit à obtenir grâce au sacrifice de Tom...
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«Old-timer knows better» Mars 2008 – Frankfort - AllemagneJ’étais plongée dans ma lecture. La vie de Deirdre F. O’Hara était assez fascinante. Je ne regrettais pas d’avoir fait moi-même le déplacement pour obtenir son journal. Un satané chinois et un ruskov avait bien faillit l’emporter durant la vente aux enchères. Le chinois et le russe s’étaient donc soudainement trouvés indisposés, me laissant ainsi le champ libre pour récupérer les différents items que j’avais pour cible. De plus le journal n’était qu’un tas de dessin et de poèmes mal écrit pour qui conque ne savait pas l’ouvrir.
Au fil des siècles certains héritages avaient été dispersés un peu partout. Je m’étais fixée comme objectif de tous les récupérer. Parfois des moyens légaux comme aujourd’hui se présentaient. Parfois je devais faire preuve de persuasion à coup d’argent ou de magie.
Le journal était vraiment intéressant, elle décrivait l’élaboration de sortilèges particulièrement complexe et dont j’ignorais l’existence jusqu’ici. Elle était brillante. Normal, elle faisait partie de ma lignée et mon second prénom venait d’elle. Rien d’extraordinaire finalement…
Je lisais en diagonal ses amourettes. Certains auraient été surpris et choqué devant le nombre de relations incestueuses qu’elle décrivait parfois en détail. Pour moi ça n’avait rien d’étonnant, contenu du fait que le frère jumeau de ma mère était mon oncle, mais également mon père biologique. Visiblement certaines « traditions » avaient survécu sans problème. Ce qui expliquait certains traits génétiques ou cas de défaillances.
Heureusement que la folie était réservé aux pauvres comme le disait ma grand-mère. Les O'Hara étaient donc tout au plus des excentriques ou marginaux au vu de leur richesse. Contrairement donc à ce que certains disaient je n'étais pas un peu folle... Certes parlais toute seule n'aidait pas mon cas. De plus Mael ne se montrait au reste du monde que lorsque son intérêt était piqué au vif.
Enfin j’étais arrivée à l’année où Deirdre commençait ses recherches pour donner corps à Mael. Elle était l’une des rares parmi mes ancêtres à avoir vraiment essayé de trouver un moyen. D’où le fait qu’elle était numéro un sur ma liste pour retrouver jusqu’à la moindre épingle à cheveux qu’elle aurait pu posséder.
-Je vois…-Qu’y a-t-il, demanda Mael. Il était nonchalamment allongé à mes cotés dans le lit, avec une fille qu’on avait ramassé un peu plus tôt. J’étais la plus habillée de nous trois, prenant la peine d’enfiler l’un de mes t-shirt représentant Dark Vador. Il faisait un peu frisquet à mon goût, et surtout je n’aimais pas manger complètement nue.
-C’est l’heure de retourner au bercail, déclarai-je tout simplement en prenant une gorgée de ma boisson énergétique.
Depuis que j’avais complété mon cursus d’anthropologie à l’université de Nouvelle Orléans, j’avais commencé à voyager de plus en plus. L’un des buts était de mettre la main sur de nouveaux grimoires qui pourraient nous venir en aide. En chemin j’avais pu rencontrer ou parfois affronter d’autres sorciers qui avaient des méthodes magiques bien différentes. C’était surtout l’occasion pour moi d’acquérir plus de connaissance et de puissance. Nous nous étions lancés dans une chasse au trésor gigantesque.
Deirdre mentionnait que la source des réponses pour Mael se trouvait à la Nouvelle Orléans. Il n’y avait rien de vraiment étonnant dans cette conclusion. La ville était un point de concentration de rencontres surnaturelles. Ce n’était visiblement pas un hasard. Il était donc temps de retourner au manoir tout en gardant un œil sur l’apparition d’autres journaux que Deirdre aurait écrit…
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«Seriously B*tch, where is my food ?» 2012 – Cimetière Saint-Louis – Nouvelle-Orléans -Est-ce que t’as déjà vu quelque chose comme ça ?-Non…J’étais sur le qui vive, Mael était aux aguets. On venait de se faire attaquer par une espèce de créature. Pour le peu que j’avais pu voir, elle ressemblait à un lycan sans vraiment en être une. Ou en tout cas j’en avais jamais vu de ce type. Encore moins un qui semblait être insensible à ma magie. Ma capacité à jouer avec mon aura était la seule chose qui m’avait permis de m’en sortir.
Un dernier regard et je grimpais dans ma voiture, j’avais ce que j’étais venue chercher. Nul besoin de s’attarder. Je déposai le sac d’ossement sur la banquette arrière et quittais les lieux rapidement en direction du manoir avec un arrêt au Starbuck… et une pause repas. J’avais faim presque en permanence. Toucher ma nourriture était une déclaration de guerre pour moi. J’avais besoin d’énergie si je ne voulais pas faire une syncope, surtout après l’utilisation de mon pouvoir personnel qui me drainait.
Un grognement m’échappa lorsque Mael me rappela que j’avais également un rendez-vous avec mon oncle-père auquel j’étais déjà en retard d’une bonne heure. Je me doutais des sujets de conversations. L’argent, la nouvelle situation en ville et éventuellement ma mère.
Aujourd’hui pour la première fois en 18 ans, ma mère était sortie de son état végétatif le temps de faire une crise d’hystérie en hurlant que l’obscurité régnerait. Un fait qui me faisais encore frémir et qui m'agaçais. Elle était ensuite retournée dans sa catatonie coutumière. J'aimais son absence. J'avais une plus grande liberté financière. J'étais officiellement désigné pour être à la tête du clan. Tout était à moi, et le resterait. Je refusais l'idée du contraire. Il valait donc mieux pour elle qu'elle ne sorte pas de sa chaise...
J'ignorais si son soudain dynamisme momentané avait un rapport avec ces dernier temps où tout semblait déraper en ville. Les différentes races qui plus ou moins cohabitaient ensemble habituellement, étaient sous tension. Les rumeurs d’une guerre étaient sur de nombreuses lèvres. Et je sentais que ça n’allait pas tarder à exploser.
Je savais que je devais me pencher sur la question pour savoir ce qu’il en était vraiment… Qui sait peut-être que le secret que je cherchais à percer était lié à cette nouvelle atmosphère. Ca me changerait des fausses pistes sur lesquelles Callixte s’amusait à m’envoyer. En attendant il fallait que je me refasse absolument les ongles. Le vernis rose pimpant que je portais s’était abimé durant la courte bataille. Si ça ce n’était pas un mauvais signe ! Dans tout les cas cette bestiole avait de la chance que j'avais d'autres chats à fouetter ce soir...