• HISTOIRE ;

Avant →

Heather est tout d’abord née. Dans une famille normale. Elle avait une mère, et un père. Ils ne se trompaient pas, et avaient déjà quelques années heureuses de mariage derrière eux. Heather ne manquait de rien : elle était chouchoutée. Et même si les revenus de son paternel n’étaient pas astronomiques, elle avait souvent ce qu’elle voulait. Elle n’était pas capricieuse, et tous les adultes la trouvait croquante avec sa bouille d’ange et ses cheveux blonds. A cette époque, les femmes ne travaillaient pas : elle avait donc toute l’affection qu’elle voulait. Son père travaillait dans une bijouterie : il rentrait tôt du travail, et c’était la vision d’une famille heureuse et sans soucis que l’on pouvait s’imaginer.
Cependant, ce tableau utopique fut bientôt brisé en éclat. Un soir de 1789, alors que l’ouverture des Etats Généraux n’avaient pas réussi à apaiser la colère du peuple, celui-ci commença à s’enflammer. Une troupe faisant partie du Tiers-Etats s’en prit aux boutiques, dans le village près de chez nous. La bijouterie Campbell, couple expatrié d’Angleterre – devenant peu après famille - , fut le premier assaut. Mr Campbell, anéantis par les dégâts plongea dans le goulot de sa bouteille, pour ne plus en ressortir. Mme Campbell, une belle anglaise devenue femme battue, se réfugia dans les bras d’un amant, pendant les innombrables situations comateuses de son mari.
Heather prenait déjà des cours de Français, de Mathématiques, d’Histoire et d’Anglais : elle était absente toute la journée. Quand elle rentrait le soir, elle ne voyait que sa mère, les yeux rougis, et son père, affalé sur le canapé, ronflant comme un demeuré. Plusieurs semaines passèrent ainsi, tandis que la colère grandissait et grondait à leurs portes. Vers 1792, Mme Campbell quitta son mari, et se remaria avec Mr Duval, un commerçant. Elle emporta avec elle la jeune Heather, qui, malgré son entrée dans l’adolescence ne comprenait pas les raisons de ce déménagement.

« - Il faisait sombre dans la petite caravane dans laquelle nous vivions. Deux énormes chevaux la tirait, jours et nuits. Nous nous arrêtions souvent la journée, lorsque nous rencontrions des foires. Mr Duval – je ne pouvais me résoudre à l’appeler Papa – vendait toutes sortes de choses. Des bagues, des robes, des tapisseries, ou encore de la nourriture. Tout dépendait de ce qu’il avait en stock. Je profitais de ces rares moments de liberté pour courir dans les champs et rencontrer des enfants.
Aujourd’hui, nous nous mettions en route pour rencontrer la Foire du Nord. Alors que nous avancions plutôt rapidement, notre moyen de transport fut stoppé. Par quoi ? Je ne savais pas, la bâche contre la pluie rendant l’habitacle clos. Maman me chuchota quelque chose, que je n’entendis pas. Elle montra la forêt que nous venions de dépasser, de l’arrière du chariot. Je descendis discrètement, mon petit ours en peluche à la main. C’était Katy, une amie rencontrée sur une autre foire, qui me l’avait donné. Elle m’avait demandé de penser à elle tous les jours.
Je me cachais dans les bosquets, tandis que Mr Duval & Maman discutait avec quatre hommes de grande taille, armés de couteaux. Tout le reste se passa si rapidement… L’une des armes plongea dans le thorax de Mr Duval. Un autre dans son abdomen. Il se plia en deux, et tomba sur le sol avec bruit. Maman hurla. Un cri que je ne lui connaissais pas. Il était aiguë et violent. Le troisième voleur planta son couteau dans le cou de ma mère. Son cri s’étouffa dans la gorge, et elle chuta près de son homme, comme une poupée de chiffon. Ne se souciant pas plus des corps que du sang qui se répandait partout sur le sol, ils montèrent dans la caravane, et prirent la fuite. »

Heather resta longtemps prostrée sur le corps de sa mère et de son beau-père. Elle leur chanta des chansons, leur parla, longtemps, jusqu’à ce que la nuit tombe. Elle ne connaissait pas le concept de la mort. Elle ne pouvait pas savoir que sa mère ne rouvrirait certainement jamais les yeux. Elle retira les couteaux, les jetant loin, très loin hors de sa vue. Elle prit les mains de ses éducateurs, et se berça, longtemps. Ses vêtements étaient tachés de sang, et c’est, prostrée près des corps inanimés qu’un homme la trouva. Il était en calèche. Il stoppa les chevaux près d’Heather et descendit. Il la fit monter à l’arrière, avec sa jeune sœur. Elle la réconforta, et ils se mirent en route.

Heather resta neuf ans avec eux. Jusqu’à ses 21 ans. Ils n’étaient en France que de passage : ils y étaient cependant restés dix longues années, trouvant la campagne paisible, loin des tumultes de la révolution. Ils avaient acheté une petite ferme, où Heather grandit. Elle apprit le travail manuel, tout en suivant des cours, au village le plus proche. Mr & Mme Smith, le frère et la sœur, d’une cinquantaine d’années, avaient assez d’argent pour nourrir toute la cour. Mais ils ne souhaitaient pas le montrer. Ils avaient des économies cachés sous les lattes du plancher, et ils vivaient d’amour fraternel et d’eau fraîche. Des poules, quelques vaches, des lapins, des chevaux, des chats et un chien. Heather se sentait parfaitement à l’aise. Mais elle savait qu’elle aurait quand même aimé devenir une belle aristocrate.
Le jour de ses 21 ans, alors qu’elle se rendait au village, elle fit une rencontre pour le moins inattendue. Un jeune homme, appuyé contre le mur de l’église, attendait. Il faisait tourner une rose blanche entre ses longs doigts. Comment Heather aurait pu ne pas le remarquer ? Il était mignon… et c’était le seul homme avec moins de 10 ans d’écart du coin…

« - Et tous les jours, pendant plusieurs mois, je trouvai une rose blanche sur le perron de la porte. Je considérai Mr & Mme Smith ( j’avais pris l’habitude de les appeler ainsi ) comme mon oncle et ma tante. Et ma tante eu tôt fait de remarquer le petit manège de la rose. Elle me faisait souvent des clins d’œil, lorsque je trouvai la fleur, le matin.
Et puis, un jour, l’Homme Mystérieux, comme les Smith avaient pris l’habitude de l’appeler, vint frapper à la porte. Avec l’éternelle rose blanche. Il m’invita à aller me promener. Nous parlâmes longtemps. Littérature, Politique, Histoire… Le jour déclinait lorsqu’il me ramena chez moi. Et tous les jours, il répéta ce manège, toujours accompagné de la rose blanche. Un jour, enfin, alors qu’il me tournait autour depuis plus d’un an, il demanda à Mr Smith si il pouvait m’épouser. Ce fut certainement le plus beau jour de ma vie. »

Un an. Un an passa ; les préparatifs de mariage, le mariage, et la première année de vie commune. Heather, qui n’avait rien perdu de sa beauté, était mariée au Comte de la vallée dans laquelle ils vivaient. Elle rendait visite aux Smith tous les dimanches. Son Homme Mystérieux, appelé Jack, était vraiment un époux parfait. Il la faisait tout le temps rire, et la distrayait autant que possible. Etait-il fidèle ? Heather le pensait. Il s’occupait d’elle comme d’une pierre précieuse, et il ne ratait jamais une occasion de l’épater, ou de lui offrir une rose blanche. Seulement, alors qu’ils s’y attendaient le moins, un drame éclata dans la petite campagne…

« Je me levai comme d’habitude, descendant les marches qui menaient au salon. Jack était en pleine discussion avec un homme qui m’était inconnu. J’allais leur dire bonjour, lorsque les mots qu’ils prononçaient me stoppèrent en plein élan. Un pied sur une marche, l’autre en lévitation, mon sang se glaça dans mes veines. Ma respiration se bloqua dans mes poumons, et j’écoutai plus attentivement les paroles des hommes.

L’Homme : Les meurtres s‘sont renouvelés. Saignés à blanc, qu’ils sont les paysans ! Jack, faut qu’tu fasses quek’chose. C’peut plus durer.
Jack : Oui… bien sûr.

L’homme me repéra finalement, et baissa son chapeau, me saluant. Jack grimpa les escaliers, et m’attira dans ses bras musclés, m’embrassant le haut du crâne. Il congédia l’homme, et me ramena dans la chambre. Il me prépara un petit déjeuner, sans toutefois m’adresser la parole, l’air songeur. S’il ne voulait pas parler, je le laisserai dans son mutisme. Jack finirait par me parler. Il le faisais… toujours. »

Le meurtrier n’était autre qu’un être de légende. Un être fantastique, qui ne pouvait exister. Le monstre, ou la bête qui tuait tout ce qui bougeait, en saignant à blanc la personne, n’était autre qu’un vampire.

« - Un bruit me réveilla, cette nuit. Jack dormait près de moi, son bras enroulé autour de ma taille. Je me dégageai doucement, retirant son bras. Il avait toujours eu un sommeil de plomb : une bombe aurait pu tomber sur le village qu’il ne se réveillerait pas… il se retourna en grommelant. Ah, il m’avait entendu. Il devait mal dormir. Je lui indiquai que je descendais pour aller me chercher un verre de lait. Je descendis l’escalier à pas de loup. Il y avait quelqu’un dans le salon. Je l’entendais bouger les fauteuils, retourner la table. Je tournai dans la cuisine, et m’armai d’un couteau avant d’entrer dans le salon. Penché au dessus de la table, illuminé par un rayon de lune, il y avait un homme. Il avait les poings posés sur la table. Le canapé était retourné, et je remarquai que la porte n’existait plus. Un vent frais s’engouffra par le cadre de la porte, et agita mes cheveux. L’homme se retourna brutalement, et la noirceur de ses yeux me choqua. Je lui demandai s’il cherchait quelque chose ou quelqu’un, et il se mit à rire. D’un rire guttural et en disant long. Je savais qui était cet homme. C’était le meurtrier. Il avait déjà tué trois femmes au village, et deux hommes. Saignés à blanc, qu’ils sont… les paroles de l’homme me revinrent en mémoire, et je frissonnai.
Mais avant que j’ai pu esquisser le moindre geste, il était sur moi, ses ongles profondément enfoncés dans la chaire de mes bras. Il plongea dans mon cou, et me le lécha. Je hurlai tandis que ses mains se refermaient plus fermement sur mes épaules. Sa langue continua de tracer les contours de ma mâchoire. Il plaqua une main sur ma bouche, m’empêchant de hurler. Il me plaqua contre le mur, violemment, ma tête cognant durement contre la paroi. Des larmes brulèrent mes yeux, et roulèrent sur mes joues. Il remonta le long de mon lobe d’oreille, et caressa les perles d’eau du bout de son nez. Il continua d’embrasser ma mâchoire pour retourner sur mon cou. Il ouvrit la bouche, et ses dents s’enfoncèrent dans mon corps. Je voulu hurler, mais la douleur n’était pas si… intense. Plus le temps passait, et plus je trouvais ça… agréable. Sauf qu’après avoir pensé à ceci, la douleur devint violente. Je sentais l’énergie fuir mon corps. Saignés à blanc… Les mots n’avaient plus de sens, ma vue se brouilla. Il y eut d’abord une violente détonation. Puis une seconde. L’homme fut arraché à moi, emportant avec lui la peau de mon épaule. Plusieurs balles sifflèrent sur le corps de l’assassin. Et pourtant, il était toujours debout. Il riait ! Je m’effondrai par terre. Et un souvenir remonta… était-ce qu’avait ressenti ma mère, lorsqu’elle était morte ? Cette douleur… ce vide… ce froid ? »

Le vampire s’acharna sur Jack, et le tua. Il retourna vers la jeune fille, mais n'eut pas le coeur à la laisser mourir ainsi. Il la trouvait belle... Il s'entailla et versa un peu de son sang dans la gorge de sa victime. Le venin vampirique se répandit lentement dans son organisme, et finit par l’immobiliser. Le feu rongea ses os, bouffa ses intestins, mais elle survécut. Elle se réveilla. Elle était elle aussi devenue un monstre.

Après →

« - Je clignai bêtement des yeux. La lune entrait dans la maison par le cadre de la porte. Mais ne m’atteignait pas. Je me relevai, d’abord doucement, et puis remarquant qu’aucun tournis ne me prenais, je me relevai d’un coup. Le salon était horriblement en désordre. Il y avait un corps, par terre, retourné. C’était Jack, je l’aurai reconnu entre mille. Une flaque d’hémoglobine autour de son corps. Je me pinçai le nez, une faim atroce explosant dans mes entrailles. J’aurai voulu pleurer, hurler à la mort, mais je n’étais que vide. Un froid mordant dans mon corps. Je voulu sortir, mais lorsque je finis par avancer dans la lumière de la lune, un homme s'empara de mes épaules. Je grognai, et reculai dans l’ombre. Il fallait que je sorte. Que je m’enfuis. J'avais peur de cet être. Et encore plus de moi. J’avais l’intime conviction que je n’étais plus l’Heather que j’avais été. »

Heather sut rapidement ce qu’elle était devenue. Le vampire qui l'avait transformée lui avait expliqué les bases, ainsi que comment se nourrir. Il l'avait laissée quelques jours pour qu'elle se remette du choc, et qu'elle reste près de chez elle. Elle avait déposé un bouquet de roses blanches sur la tombe de feu son mari. Elle était aussi allée chez sa famille d’accueil – les Smith – pendant qu’ils étaient allés faire les courses. Ils étaient très attristés de la fin de cette histoire. Apparemment pas de Happy End. Heather leur laissa un mot. Comme quoi elle allait bien, et qu’il ne fallait pas qu’ils s’en fassent. Elle ne signa pas, si quelqu’un tombait sur la lettre. Mais elle déposa une fois encore une rose blanche : Annabelle & Simon Smith comprendraient.
Elle vivait avec Allen, le vampire. Ils restèrent quelques années ensemble, l'un apprenant à l'autre ce qu'il savait du monde démoniaque.
Seulement, un jour que la jeune femme rentrait de la chasse, repue et plutôt heureuse, elle ne trouva pas Allen. Aussitôt, elle comprit ce qu'il s'était passé. Aucun doute ; Allen était mort pour la deuxième fois, la laissant seule. Même si au début, elle l'avait haït de toutes ses forces, elle avait finit par l'apprécier, oubliant peu à peu ce qu'il avait fait à son doux époux, à qui elle pensait tout les jours.
Elle erra longtemps sans but, tuant des humains, perdant lentement mais surement la notion du temps. Tantôt elle vivait dans une cave d’Irlande, le lendemain dans un grenier d’Espagne. Elle développa en plus un don pour le moins étrange. Si elle avait le malheur de toucher un objet, elle pouvait en connaître le possesseur et « toute la vie » de cet objet. Au début elle ne voyait que du flou, pendant à peine une seconde, mais plus elle grandissait, plus la vision devenait nette et longue. Elle cru un jour qu’elle allait devenir folle, voyant les époques défiler, elle apprenait de nouvelles choses, et voulait s’abreuver de savoir. Elle lisait énormément, et s’intéressait à tout ce qui touchait à la Terre. La vie humaine était désormais impossible pour elle, mais la connaissance était quelque chose d’humain à quoi elle pouvait s’accrocher. De plus, elle rencontra pas mal de représentant de sa race. Elle apprit beaucoup de chose sur son statut. Elle changea souvent d’identité. Un jour elle était lycéenne, le lendemain elle était photographe. Elle ne pouvait malheureusement pas encore se fondre dans la masse, mais un jour, ça arriverait. Elle le savait.
Ce fut en 2002 que la Révélation fut faîte. Les vampires étaient désormais connu, et on pouvait faire son apparition au grand jour – ou plutôt à la grande nuit. Les loups-garous furent les suivants, puis les nécromanciens, qui pouvaient désormais vivre de leurs pouvoirs. C’était donc au grand plaisir d’Heather qu’elle reprit son premier nom, « Campbell » .

Akekoukouh
Contente que le nom te plaise ;D
Voilà, j'ai corrigé ce que tu m'avais demandé de corriger. Bon, j'ai ré-écris à la va-vite, j'ai envie de RPer avant de partir en vacances *O* * cours loin * J'espère que cette fois-ci ce sera bon xD Et je sais pas pourquoi je n'ai pas pensé qu'elle se ferait cramer au soleil... c'est plutôt logique .__.
Bref, je n'ai retouché que la fin de l'Avant & le début de l'Après. Pas besoin de tout te retaper x3

Moi, effrayée ? 8D Jamais !

Merci aux bienvenus ♥