Que dire du physique de Scarlet ? Elle est une présence. Il se dégage d'elle un halo de noirceur, lorsqu'elle entre dans une pièce, elle captive toutes les attentions. Si elle n'est pas très grande, elle le compense avec des plateformes en conséquence...Sa peau a toujours été très pâle, blanche même, ce qui est étonnant pour une italienne. Le bel ovale de son visage est encadré par de longs cheveux très fins et noirs comme une nuit sans lune. Ses yeux sont d'un noir d'encre, elle les maquille de noir et parfois de rouge. Si son nez, qui est percé et auquel elle accroche donc souvent un anneau, est un peu grand, son visage reste harmonieux. Ses lèvres, toujours rouges, sont plutôt fines et s'ouvrent sur des dents blanches parfaitement alignées, hormis bien entendu les deux canines pointues de vampire. Quoique, elle avait déjà les canines très pointues avant sa transformation...Son corps svelte est qualifié de superbe par les hommes hétéro et les femmes homo, ainsi que l'ensemble des bisexuels. Elle est très fine et a une prestance naturelle, un port de tête particulier aux danseuses. Les années de danse classique qu'elle a derrière elle lui ont forgé des mouvements fluides et elle peut faire ce qu'elle veut de son corps. D'ailleurs, cela lui est bien utile en concert où elle peut vraiment se donner ! Parlons d'ailleurs un peu de sa voix : elle a un timbre plutôt grave, un peu éraillé, qui donne à sa musique une atmosphère qu'aucune autre ne peut donner...

Le Caractère de la miss Scarlet...Quel caractère en tout cas, on peut dire qu'elle n'en manque pas ! Dotée d'une assurance sans limite, elle tient tête à tout ceux qui l'embêtent et ne supporte pas certaines choses comme les compromis, les préjugés, les malentendus. Les mots dits "gros" ou 'vulgaires" tiennent une place assez importante dans son vocabulaire, tout comme elle affectionne particulièrement les doigts d'honneur. Pourtant elle en se considère pas le moins du monde comme vulgaire! Au contraire, puisqu'en dehors de cela, elle est très féminine, dans sa manière d'être et ses vêtements. Parfois même un peu trop féminine...Lorsqu'elle était humaine, elle avait déjà un goût prononcé pour le sang. Elle en buvait, très volontiers, et offrait le sien aux personnes qui lui étaient les plus chères. Cette attirance pour le sang vient de ses croyances : elle croit au pouvoir fort et ancien du sang, la vie et la mort, la renaissance aussi, le seul moyen de connaître véritablement quelqu'un. Lorsqu'elle ne trouvait personne pour lui fournir quelques gouttes de la liqueur de vie, elle s'entaillait parfois elle-même les bras pour sucer son propre sang. Ce penchant ne s'est pas atténué depuis qu'elle est vampire, bien au contraire !! Elle aime tellement le goût chaud du sang...d'autre part, ainsi qu'elle aime à la clamer, Scarlet n'aime pas. Francesca est l'exception qui confirme la règle en quelque sorte. Non, Scarlet n'aime pas. Elle hait seulement...et ce qu'elle ne hait pas, elle a très rarement un avis dessus. C'est comme cette histoire de guerre avec les lycans ou quelque chose comme ça...elle ne s'en préoccupe pas vraiment tant qu'ils ne touchent pas à Francesca. D'un autre côté, si il est question de flanquer une dérouiller à un ou deux chien-chiens, elle ne dira pas non...Pourquoi refuser de s'amuser ??

Elle rejeta sa lngue crinière noire en arrière, planta son regard brûlant dans celui de celle qui l'importunait et qui n'avait pas su repérer tous les signaux qui indiquaient qu'il ne fallait SURTOUT pas la faire chier ce soir. Avec un grand calme néanmoins, elle se contenta de lui présenter son majeur droit accompagné d'un "fous moi la paix".
L'autre prit une grande inspiration.

_Madame, calmez-vous. Je vous demande seulement...
_J'AI DIT FOUS MOI LA PAIX BORDEL DE MERDE !
_Très bien. Vous allez me suivre maintenant, je vous emmène au poste...

Elle envoya un claque magistrale à la fliquette, qui décolla presque mais atterrit toutefois sur le bitume. Le talon aiguille appuyait sur sa trachée.

_ T'as de la chance, salope. Beaucoup de chance. Ce soir tu as compris que je te réponds si je veux. Et je ne veux pas. Maintenant dégage avant que je ne change d'avis, et je te conseille vivement de changer de trottoir, non, de rue, si jamais on se croise un jour...

Elle la libéra et la policière ne demanda pas son reste. Quelle trouillarde...Dès que cette dernière fut hors de vue, elle s'éloigna. Elle n'avait qu'une adresse, qu'un nom en tête. Il était plus que tard, mais elle ne pouvait pas rester là, comme ça, les bras ballants à se lamenter sur son sort et se venger sur des policières idiotes et apeurées au moindre petit vampire. Elle repéra la rue sur un plan abandonné par terre, et la trouva rapidement. Elle n'hésita pas une seconde à sonner au numéro 36.

_William ?
_Où étais-tu passée ???

William la serra dans ses bras.

_William.

Il l'embrassa sur le front et la fit rentrer.

_Quoi ?
_Comment je m'appelle ?

Scarlet. Écarlate. Forte de ce nom, de ce semblant d'identité, elle s'installa sur le sofa ainsi que le lui avait proposé William et l'écouta parler, lui raconter elle.
Il ne l'avait jamais connue sous un autre nom, ni lui, ni personne. Personne ne savait ni son prénom, ni son nom, pour tous, elle était seulement Scarlet.
Elle était née en 1980 et avait donc 30 ans. William était son meilleur ami depuis leurs 19 ans, et il ne savait d'elle que ce qu'elle avait bien voulu lui révéler : elle avait été une gamine colérique et avait réussi à se calmer en faisant de la danse. Elle avait grandi à Florence, en Italie, et sa Toscane natale lui manquait, mais elle ne lui avait jamais avoué pourquoi elle l'avait quittée. Elle y avait dansé beaucoup de ballets et sa prestance naturelle venait de là. A 19 ans, elle avait débarqué là, seule, avec trois valises et un gros sac de voyage. Ses papiers, ses tutus, ses chaussures et ses vêtements goths et provocants, et de l'argent. Beaucoup. Là encore, il n'avait jamais réussi à lui faire dire d'où tous ces sous venaient.
D'après ce qu'elle lui avait confié, à cette époque là, Scarlet n'avait jamais aimé. Elle haïssait seulement. Les préjugés, les compromis, les malentendus, tout ceux qui l'emmerdaient et les hommes en général. Il n'y avait guère que William qui avait su trouver grâce à ses yeux et ils étaient rapidement devenus amis.Quelque mois plus tard, il avaient formé un groupe avec des amis de William que Scarlet acceptait : Matt, Jake et Adam.
William composait et jouait de la basse, Matt, Jake et Adam s'occupaient respectivement de la guitare, de la batterie et du synthé. Scarlet écrivait des paroles sanglantes à souhait, et les chantait. Ils étaient au départ juste des amis qui aimaient le gothic metal.
Leur groupe, Blood is Life, mit quelques temps à percer. Ils finirent tout de même par sortir un album, puis un autre. Il n'étaient que peu connus et furent beaucoup critiqués : le fait que Scarlet boive du sang, ne s'en cache pas, et n'hésite pas à le faire sur scène était très mal vu. Mais la demoiselle conseillait simplement aux réticents d' "aller se faire enculer", et ça marchait. Très bien. Après quelques années et quelques albums, il acquirent une certaine notoriété aux quatre coins du monde. Scarlet était d'ailleurs un fantasme pour beaucoup d'hommes (et de femmes) férus de metal du genre. Blood is Life entama alors une grande tournée en Europe de l'est et en Amérique du sud, c'est à cette occasion que Scarlet arrêta définitivement la danse classique. Beaucoup de concerts, beaucoup de bières, beaucoup de sang, et aussi beaucoup de sexe. William rit en ajoutant que Scarlet s'en donnait à coeur joie presque tous les soirs. Leur grande tournée dura un peu moins de deux ans. A leur retour, la jeune femme acquit enfin la nationalité américaine, et ils étaient repartis comme en quarante, nouveaux albums tous plus sanglants les uns que les autres, grandes salles en Russie et petits bars minables aux États-Unis. C'est à ce moment-là que Scarlet fit la connaissance de Francesca. Italienne comme elle, amatrice de sang comme elle. Pour une bonne raison :elle était vampire. Scarlet et Francesca buvaient régulièrement le sang l'une de l'autre : l'humaine s'offrait à la vampire qui en retour lui faisait cadeau de quelques gouttes d'immortalité. Scarlet eut bientôt 30 ans, et le jour de son anniversaire, quelques mois plus tôt donc, Francesca lui offrit le plus beau des cadeaux : elle lui donna une non-vie de vampire. Elle la tua pour mieux la ressusciter. Ensemble pour l'éternité.
Francesca...Ce nom faisait ressurgir en Scarlet une vague d'émotions. Une grande douleur. Beaucoup, beaucoup de plaisir. Une tristesse infinie. L'amalgame qui formait l'amour. Elle était donc capable d'aimer, puisqu'elle aimait Francesca. De toute son âme. L'exception qui confirme la règle...
D'après ce que lui disait William, leur amour ne les empêchait pas de coucher à droite à gauche avec d'autres femmes, et des hommes aussi. Quelques souvenirs revenaient du néant...Elles se retrouvaient, dans la vieille église qu'avait jadis brûlé Francesca elle-même, s'amusaient un peu avec leur proie puis se partageaient son sang. Elle se rappelait précisément d'une fois où tout avait été trop loin. Un sourire sadique se dessina sur ses lèvres tandis que les images refaisaient surface et submergeaient ses yeux de l'intérieur. Francesca et elle, nues, assises sur l'autel profané sous les étoiles, mêlant leurs langues, caressant chacune le corps de l'autre du bout de leurs doigts ensanglantés par l'essence de vie d'une homme, tout aussi nu, qui gisait par terre. Son regard vitreux ne voyait plus. Imprimée à jamais dans ses rétines, sa dernière vision : les deux femmes avec qui il avait passé du bon temps, léchant l'une l'autre son sang à lui sur leur corps dénudé de leur partenaire.
Sa mémoire lui faisait défaut, mais elle savait que cet homme-là n'avait pas été le seul. En Scarlet, la certitude était ancrée que des hommes et des femmes avaient ainsi succombé. Des mecs qui ne demandaient qu'à se taper les deux belles petites brunes, des nanas idiotes, pas toujours conscientes des risques qu'elles prenaient, avait péri dans la souffrance et le sang, dans la soif et la luxure, emportant comme dernière image les corps entremêlés de Scarlet et de son amour. Francesca étant membre du Conseil, elle s'arrangeait toujours pour que leurs crimes passent inaperçus...
William lui apprit qu'elle n'avait plus donné signe de vie, ou de non-vie, depuis un peu plus d'une semaine. Les gars du groupe se relayaient pour la rechercher nuit et jour, et Francesca passait ses nuits au téléphone, mettant toutes ses connaissances à sa recherche, folle d'inquiétude. Nul ne savait où elle était passée, elle même n'en avait pas la moindre idée, elle s'était juste retrouvée seule dans la rue, avec seulement William et son adresse dans la tête. De grands pans de sa mémoire y avaient laissé leur peau.
William l'amena ensuite à la salle de bains où elle resta longtemps sous le jet brûlant qui se fracassait sur sa peau. Pendant ce temps, son ami appelait tout le monde. Fin de l'alerte, Scarlet était sauve.
Elle tomba à genoux dans la douche et pleura, encore et encore. Toute sa vie ou presque était partie en fumée, son assurance face à la fliquette avait disparu et laissait là une femme vampire brisée. Elle ne savait même pas à cause de qui, ou de quoi, elle avait perdu son identité. Des coups légers furent frappés à la porte et une silhouette aux longs cheveux bruns se glissa à l'intérieur sans attendre de réponse. Francesca se débarrassa aussitôt de ses vêtements et rejoignit son amour sous la douche. Un long moment, Scarlet resta prostrée dans les bras qui la berçaient doucement, et ce ne fut qu'au bout d'une bonne demi-heure, lorsque les larmes se furent éteintes, lorsque l'eau chaude avait laissé place à une eau glacée, lorsque leurs lèvres se rencontrèrent enfin, lorsque leurs langues se caressèrent de nouveau, lorsque leurs chairs se heurtèrent violemment dans une étreinte furieuse, que Scarlet sut que tant qu'elle avait Francesca, elle pourrait tout surmonter.