Elle est si jolie, si jolie... Ses cheveux blonds, sa candeur immaculée, son teint de porcelaine. Et les effluves de son sang, son sang si pur, si frais, si délicieux. Marianne Saint-Clair, un ange tombé des cieux pour éblouir mon immortalité de sa beauté surréaliste. 21 ans, toute la splendeur du jeune âge. Je ne peux me résoudre à altérer tout son charme en la changeant, en modifiant ce qu'elle est, en transformant son humanité délectable et qui la rend si unique, si magnifique. Je ne peux pas me séparer d'elle, je l'aime tellement, tellement... Alors ce soir, je vais lui offrir la jeunesse éternelle, je vais la garder près de moi, pour toujours. Ce soir, nous allons sceller pour l'éternité le pacte qui nous lie. Ce soir, je lui apposerai l'ultime marque, je détruirai la dernière barrière entre elle et moi. Elle sera mienne pour l'éternité que je vivrais. Le joyau ultime de ma collection, mon bien le plus précieux... Je l'attends, installée dans le grand lit à baldaquin de la grande chambre. J'ai renvoyé tous mes autres compagnons et jouets pour cette nuit, je veux qu'elle soit à nous, rien qu'à nous. Marianne pousse doucement la porte et entre, vêtue d'une somptueuse robe blanche qui lui confère une aura divine, un air virginal et pur. Bien que ce ne soit plus vrai, que sa pureté ultime ai était entachée par le cours de l'existence et l'apprentissage de nouvelles expériences, elle n'en demeure pas moins d'une perfection exquise, dans ses traits, sa démarche, son allure. J'ai toujours préféré les aristocrates, ils sont préservés de la dureté du monde et leur beauté, leurs charmes sont enfermés dans des tours d'ivoire, les laissant tel qu'ils sont, bijoux intacts. Elle sourit doucement, sa chevelure flotte autour d'elle. Si belle, si paisible. Elle s'avance et vient s'installer à mes côtés, posant sa tête délicate sur mes genoux, sereine. Nous avons toute la nuit, tout sera parfait... Je caresse tendrement ses cheveux et admire son corps délicieux qui apparait dans la transparence de sa tenue. Oh chère petite !
Marianne sait combien cette soirée est importante, pour elle comme pour moi. Tout sera mis à nu ce soir, toute parcelle de secrets et d'histoire sera révélée. Ultime découverte, acte d'amour suprême. Il est tellement dommage que si peu d'humains puissent connaître cette extase, que les vampires doivent ne prendre qu'un seul de ses précieux joyaux qui parcourent la terre. J'ai attendu longtemps avant de te trouver, belle Marianne, j'ai attendu plusieurs vies avant de me décider pour toi. Tu seras la plus merveilleuse chose que je possède. Je ne te quitterai jamais. Elle entend toutes mes pensées, je la sens s'agiter, prendre ma main et la serrer avec sa douceur coutumière. Je ne peux détacher mon regard de sa personne, qui se marie tellement bien à la mienne. Nos corps sont fins, élancés et gracieux. J'ai parfois l'air un peu sombre, un peu mystérieuse et ma condition me donne un teint d'une pâleur extrême. Elle au contraire, respire la vie, la jeune vie. Elle a un visage souriant et lumineux, sa peau de bébé a toutes les douceurs de la vie. Sa fière crinière blonde est le parfait contraste à mes cheveux d'un noir de jais. Nous sommes un mélange parfait d'humanité et de mort. Mes doigts se glissent dans ces cheveux si envoûtants, inclinant légèrement son cou de cygne dans ma direction. Sa veine palpite, comme une invitation et je me penche afin de planter mes crocs dans sa chair tendre et délicate. Je m'abreuve du savoureux nectar qui palpite en elle, je ressens toute son appréhension, son envie, son désir, sa félicité. Je le percevais déjà grâce à mon don mais tout est tellement plus fort quand un lien du sang est créé. Elle entre en moi avec son sang, de la façon la plus sûre. Pour ne pas l'affaiblir, je m'interromps et l'embrasse doucement. Elle me regarde et je sais ce qu'elle attend. Marianne est fascinée par notre espèce, elle trouve passionnant que nous vivions autant de choses, traversons les époques. J'ai promis de lui raconter ce qui avait été mes vies, ma longue existence. Après une douce caresse et un baiser, j'entame mon récit.
- Comme tu le sais ma douce, j'ai à présent six cent quarante cinq ans. J'espère que tu ne me trouves pas trop vieille pour toi ma chérie... Je suis née en Angleterre, à Rochester pour être plus précise. Je me présente souvent comme une descendante des comtes de Rochester, ce qui veut en vérité dire que j'étais comtesse, il y a de cela bien des siècles. Je vivais donc dans une certaine opulence, bien que la vie resta simple. Mon père avait des terres dont il devait s'occuper, des paysans à entretenir. Mais nous avions de fabuleux banquets, nous nous rendions à la Cour du Roi, je portais des robes fabuleuses et qui devait peser plus lourd que toi... Enfin, je menais la parfaite vie d'une jeune aristocrate britannique, mais déjà à cette époque je possédais une certaine fraîcheur. J'étais pimpante, vivante, gaie, charmante... - Comme moi... - Oui, comme toi, mon ange, tout à fait. J'ai alors rencontré, lors d'un bal à la Cour, un homme intriguant et sombre. Plus âgé que moi visiblement et avec un compagnon fidèle. Inutile de dire que cela faisait jaser tout le monde, mais moi ils m'intriguaient. Surtout lui, Ménès. Il exerçait sur moi une certaine fascination, comme le font souvent les vampires sur les humains, surtout les plus curieux, comme je l'étais. Je ne pouvais guère les fréquenter ceci dit, ce n'était pas tellement du goût de mes parents. Mais je ne pouvais m'en empêcher. J'ai souvent désobéi, échapper à la vigilance de mes nourrices pour le retrouver dans les jardins du manoir et autres péripéties digne d'un roman d'aventures ridicule. D'ailleurs, l'histoire de ma transformation est tout à fait dans le ton de la chose, si je puis dire, très romanesque et un poil cliché. Je suppose que mon Sire a un sens de la mise en scène plus exacerbé qu'il ne le laissait croire ou c'était le goût de l'époque. Enfin toujours est-il qu'il m'a proposé une vie nouvelle, la jeunesse, l'immortalité. Tu imagines la suite. Jeune vampire, je me suis enfuie avec lui et son autre Infant. Nous nous sommes réfugiés en France jusqu'à ce que les années passent suffisamment... Je me suis très vite adaptée à ma nouvelle condition, j'adorais le pouvoir que j'avais, en tous les sens du terme. J'aimais aussi beaucoup les humains. Je suis une esthète, depuis toujours, c'est ma nature profonde. Et auprès de Ménès et son Infant, j'ai découvert la beauté du monde et des Hommes, bien que mon cher Sire soit d'un grand cynisme. - Pourquoi l'as-tu quitté Eleanor? - J'y viens trésor, j'y viens. Vois-tu je l'aimais beaucoup et je pense pouvoir affirmer que c'était réciproque. J'étais en quelque sorte sa protégée, je l'amusais pas ma légèreté, mes excentricités, mes collections d'art, mes animaux de compagnie... Mes humains... Nous étions extrêmement prudents, il limitait ma folie des grandeurs, m'offrait des oiseaux exotiques pour compenser mes frustrations. Il me traitait bien et nous nous aimions beaucoup. Tous les trois en vérité, car comme je l'ai dit il avait un autre infant, William. Au début, tout allait très bien, nous vivions discrètement, profitant de notre condition, de la compagnie des autres, de nos pommes et nos mordus. De plus, à nous trois, nous avons rapidement posséder une immense fortune qui nous mettait à l'abri du moindre besoin et nous permettait de satisfaire nos plaisirs. Ménès m'a énormément appris et donné. William était plus en retrait, c'était quelqu'un de calme, qui tempérait notre Sire à merveille. Mais il manquait d'aplomb et de personnalité à la longue, aussi Ménès s'intéressa vite à moi plus qu'à lui. Il était très jaloux et cela allait en empirant. Un jour, j'ai proposé de partir, je voulais voyager, découvrir l'Est, la Russie, l'Inde, le monde. William a refusé de partir et il est resté en France alors que nous avons entrepris notre voyage... - Cela te fait de la peine n'est-ce pas? Il te manque? - Au début beaucoup oui, je l'avais aimé lui aussi. Mais la vie continue ma chérie, comme je dis souvent. Et j'étais tellement heureuse de voir des choses, de découvrir que je ne pouvais me résoudre à la tristesse. J'étais émerveillée, beaucoup des objets de ma collection asiatique datent de cette époque d'errance d'ailleurs. J'étais enchantée, mais je prenais également goût à la liberté, à l'indépendance. J'avais toujours vécu sous l'influence de quelqu'un. Mes parents, Ménès et William. Et puis j'avais vieilli aussi, j'avais presque deux cent ans. Je voulais continuer par moi-même, poursuivre ma route en solitaire, ne dépendre que de moi. J'avais suffisamment de biens et de richesses pour me le permettre. Ménès a accepté assez facilement mon départ, même si perdre ses infants à des intervalles si proche a dû être dur. Il ne le montra jamais, bien sûr, il était fort et solide. J'ai également laissé derrière moi beaucoup de mes compagnons humains, je les aimais énormément mais tout devait repartir à zéro. C'était une nouvelle vie... - Qu'as-tu fait ensuite? -J'ai poursuivi mes voyages, pendant longtemps. Je suis allée en Amérique et finalement je suis retournée à Londres. C'était une belle période. J'ai recommencé mes collections, à m'entourer d'humains, c'est à cette époque que j'ai pris l'habitude d'avoir toujours une sorte de petite cour avec moi. J'aime tellement les humains, les belles choses. Et certains avaient besoin de moi, d'un toit, d'un repas afin de continuer à vivre. Toi qui me connais si bien, tu sais que j'aime contribuer au bonheur des gens. Je n'aime pas le désespoir et la tristesse, je préfère raisonner de manière légère et insouciante, tout instant doit être apprécié, nous devons profiter du temps que nous avons. Je suis une hédoniste, je laisse le malheur à ma porte. Mais je peux être cruelle. Si quelqu'un s'avise de toucher à un cheveu de mes humains, il y laissera sa main, au mieux... La fourmi n'est pas prêteuse, c'est là son moindre défaut...
Le silence se fit un instant et Marianne vint se blottir contre moi. Elle savait bien que sa simple présence apaiserait la pensée du monstre qui sommeille en moi. Car après tout je suis un monstre, un monstre d'égoïsme pour commencer. Je ne m'intéresse sincèrement qu'à moi, à mes collections et à ce que j'aime. Je ne suis pas spécialement intéressée par le monde extérieur, les autres vampires, la richesse. Cette dernière n'est qu'un moyen de m'assurer d'obtenir ce que je veux, de bien m'occuper de mes humains, de mes peintures, mes bijoux, mes statues. Au delà de la beauté et de l'esthétique, il n'y a pas grand chose d'intéressant dans ce monde plein de haine, de mensonges et de solitude. C'est une des raisons pour lesquelles je ne mens quasiment jamais certainement. J'allonge doucement Marianne près de moi et l'embrasse langoureusement, amoureusement. Nous nous perdons un instant en embrassades et en caresses tandis que je l'admire. Mais ce n'est pas encore fini. A califourchon au dessus d'elle, je plonge mon regard dans le sien et lui demande dans un chuchotement: - Il y a peut-être d'autres choses que tu veux savoir mon ange? - Qu'est-il advenu de Ménès? Et William? - Que je sache William a voyagé un peu, mais il vit toujours dans son petit coin du Sud de la France je crois. Et Ménès, je l'ignore. Il est bien plus imprévisible. - Eleanor... As-tu déjà eu un servant? - Non, tu es la seule. Je n'ai jamais osé, mais je sais que je ne me trompe pas avec toi. Je sais que tu as un peu peur, mais ne crains rien. Je te protégerai toujours ma chérie, toujours. J'ai traversé bien des époques et connu beaucoup d'humains, eu un bon nombre de pommes de sang. Mais personne comme toi. Je ne n'ai pas tout raconté en détails, mais il n'y a pas grand chose à dire, à un certain stade les vampires répètent la vie, avec d'autres gens et dans d'autres décors, c'est tout. Tu sais tout ce qu'il y a d'intéressant à noter et je répondrais toujours à tes questions...
Je l'embrasse encore une fois et la regarde intensément. Elle hoche imperceptiblement la tête et je plante donc mes crocs dans mon poignet et le lui tend. Elle absorbe cette ambroisie et je me délecte du contact de ses lèvres. Mais j'ôte ma main, trop vite à son goût, mais il ne faut pas prendre de risques. Alors que ma chair se referme, j'observe les petites taches de sang sur sa robe et les couvertures blanches, avant de la regarder de nouveau. Le pacte est scellé. Marianne est éternellement mienne. Alors que je défais avec dextérité sa toilette, je songe à tout ce qui nous attend, à tout ce qu'elle aura l'occasion de vivre... Je craignais d'avoir agi trop impulsivement, d'avoir vu mon intérêt plutôt que le sien. Mais le jeu en vaudra la chandelle, je le sens.
▬ 31 octobre 2005, Saint-Louis, Missouri, Etats-Unis d'Amérique.
Il pleut. C'est la meilleure celle-là tout de même, il n'est pas sensé faire toujours beau dans ce coin là, normalement? Ma pauvre petite Marianne peste contre cette pluie qui va abîmer son brushing, tandis que Roméo patiente en pianotant sur son Blackberry, près du tapis à bagages. Je les regarde avec un sourire et estime avoir pris la bonne décision. Rome est un bijou d'architecture et d'histoire, c'est une cité merveilleuse mais c'est devenu trop dangereux pour nous là bas. Nous ne pouvons plus nous permettre de vivre si près du Vatican. Cela m'ennuie beaucoup, j'avais envie de rester, mais je ne vais pas chercher les complications. Autant venir en Amérique, un pays de liberté et d'opportunité. Et où les vampires ont des droits et sont reconnus comme des citoyens. Cela mettra mes petits amours à l'abri du danger, enfin du moins ils sont plus en sécurité qu'en Italie. Même si j'ai laissé quelques compagnons là-bas, ils seront hors de danger. J'ai des amis qui veillent sur eux et de toute manière, maintenant que je ne suis plus là, l'Eglise ne devrait plus trop leur en vouloir. Quelle bande de demeurés ! Mais ce n'est pas grave. On devrait bien s'amuser ici aussi.
Plus tard dans la soirée, nous faisons le tour de la ville, pour en découvrir les secrets nocturnes. Apparemment ici, le Maître de la Ville a bien fait les choses. Le District est un endroit très sympathique et la maison que nous avons trouvé est superbe, extrêmement bien équipée pour quelqu'un de ma condition. Le sous-sol est une merveille technologique, aucune lumière naturelle n'y parvient et il est spacieux. J'y ai fait faire une chambre, une salle de bain, c'est absolument parfait. Et c'est très grand aussi, lumineux en haut et dans la multitude de chambres qui s'y trouve. Un autre avantage, on peut facilement loger une dizaine de personnes là-dedans. Qui sait qui je vais rencontrer ici après tout? Et Marianne et Roméo ont le droit de s'amuser eux aussi. Nous avons découvert le Croquemitaine ce soir, j'ai tout de suite adoré. Leurs danseuses sont magnifiques, une magnifique blonde a retenu mon attention. Oui, j'ai toujours eu un faible pour les blondes... Alors qu'étrangement je préfère les hommes bruns. Et latinos. Comme ma pomme de sang italienne, qui visiblement a trouvé un ami pour la nuit... Je m'amuse de toute cette débauche, cette joie empreinte de luxure et de secret. Malgré la Révélation, il y a bien des choses que l'on ignore sur nous, nous incarnons une forme de mystère. J'observe les lieux, caressant rêveusement la chevelure de ma servante.
- Tu aimes cet endroit mon ange? - Je crois oui. Les gens ont l'air plus libres qu'à Rome, c'est plus décontracté je trouve. A la fois très américain et familier. - Nous restons donc. J'aime cette ville, je l'ai aimée dans le passé et je l'apprécie toujours. Et je pense que le maître de la ville n'est pas si mal, comparé à ce que l'on a pu rencontrer par le passé...
Roméo fait alors apparition à la table, brandissant sa coupe de champagne et criant:
- GOD BLESS AMERICA !!
J'éclate de rire en le regardant repartir danser, avec un jeune léopard-garou. Je ressens toute la joie, un peu perverse de ces gens. Il y a des peines aussi, des douleurs plus ou moins délectables. Des ressentiments et des jalousies. Cet endroit est un concentré d'énergie, d'émotions. De vie. Et c'est chez nous maintenant...
Dernière édition par Eleanor J. Rochester le Jeu 19 Aoû - 22:15, édité 1 fois
▌A débarqué le : 21/07/2010 ▌Parchemins : 4682 ▌Quantité de sang disponible : 32125 ▌Age du personnage : Dans les 660 ans, je ne les compte plus ! ▌Rang : Chef du clan Blackstone. ▌Job : Chasseur à mes heures perdues. ▌Citation : Sanguinaire, comme toujours.
▌A débarqué le : 21/07/2010 ▌Parchemins : 4682 ▌Quantité de sang disponible : 32125 ▌Age du personnage : Dans les 660 ans, je ne les compte plus ! ▌Rang : Chef du clan Blackstone. ▌Job : Chasseur à mes heures perdues. ▌Citation : Sanguinaire, comme toujours.
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Sujet: Lady Crazy • Done 
Mer 18 Aoû - 22:31
Mais ça peut aussi être un mordu si tu préfères 
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