❝ Down to decadence / Falling down from heaven / My first step to hell / I fall apart from life ❞
Firenze, Italia.
Voici maintenant 32 ans que je vins au monde. Naître, arriver du néant dans la vie, tel a été mon premier pas vers les Enfers. Si je n'avais pas vécu, qui sait combien seraient encore en vie à ce jour, regarderaient de soleil plutôt que le velours d'un cercueil ? Mais j'ai vu le jour, ce 2 avril 1980, et le destin de nombreuses humaines fut scellé à cet instant précis.
Peut-être que si j'étais née dans une autre famille, rien de tout ce qui construit mon passé, mon présent et mon éternel futur ne serait arrivé. Mais je suis née chez les DiGiani, famille parfaite implantée depuis des générations dans les collines florentines. Mes parents avaient tout deux fait fortune dans la papeterie, comme avant eux leurs parents, et les parents de leurs parents. La famille DiGiani était plus que respectée, on les saluait souvent pour l'aide financière apportée à l'Eglise, leur présence à la messe chaque dimanche était devenue une habitude, des icones décoraient la spacieuse maison dotée d'une piscine et d'une vue imprenable sur la Toscane, et quelques uns de mes oncles et tantes avaient voué leur vie à Dieu. Ce que l'on attendait de "la petite DiGiani" était évident : une poupée, un modèle, parfaite et calme. Tout le contraire de l'enfant colérique que je fus, collectionnant puis brisant, jetant, déchirant, anéantissant sans pitié tout ce qui se trouvait à portée de main. Désemparés, mes parents finirent par se dire que moins je me trouvais à la maison, mieux ce serait. Ils déboursèrent d'énormes sommes pour me faire intégrer la plus prestigieuse école de danse classique de Florence dès que j'eus atteint 4 ans, si bien que je ne passais plus que les week-ends à la maison, et encore, je participai contre mon gré à tous les week-ends chrétiens que mes parents pouvaient trouver. Néanmoins, je trouvais, en dansant, un plaisir, une plénitude, une sérénité infinie, et je fis de la danse classique ma passion.
❝ Red velvet on the altar / A naked virgin lying ready to give her soul to Satan❞
Roma, Italia.
J'avais 15 ans lorsque je partis à Rome, pour l'Accademia Nazionale di Santa Cecilia où je pratiquai la danse classique de haut niveau, puis le chant lyrique. J'avais beau être l'une des meilleures de ma section, chaque soir, je m'évadais de la prison que représentait l'école pour rejoindre, dans le club ou je les avais rencontrés la toute première fois, un groupe d'amis. Ensemble, presque toute la nuit, nous buvions, fumions, écoutions du metal à fond. La plupart du temps, les garçons du groupe se partageaient les filles, mis à part Emanuela et moi. Emanuela, jolie petite blonde, était raide dingue de moi, alors pour lui faire plaisir - et tant qu'on couchait ensemble ! - je lui faisais croire que moi aussi. Mais la vérité était bien différente. Elle et moi étions les seules vierges du groupe, si bien que tour à tour, c'était à nous de nous y coller lorsqu'il s'agissait d'appeler Satan. Qui, bien sûr, n'avait que faire d'un groupe d'adolescents qui forniquaient dans des églises en l'appelant à grands renforts de blessures sanguinolentes et d'incantations un peu bancales. Seulement, cela me tenait bien plus à coeur qu'aux autres, pour lesquels cela n'était qu'un jeu. Découper des entailles sur la chair nue d'Emanuela, allongée sur l'autel, m'excitait presque autant que de la baiser - n'ayons pas peur de mots, après tout, c'est exactement ce qu'on faisait. Jusqu'au soir ou un incident arriva. Incident durant lequel ma véritable nature se dévoila aux yeux de tous, et me donna, en quelque sorte, l'autorité, la supériorité sur les autres. Ils étaient prêts à fuir, moi à régler le problème que nous avions manifestement.
❝ Drink the blood of virgins / Rape a nun on the altar / Your mind out of control❞
Roma, Italia.
C'était une nuit comme une autre. Emanuela, entièrement nue, était allongée sur l'autel d'une petite église tout près de Rome ou nous nous retrouvions parfois. Tout autour de l'autel avait lieu une véritable orgie. D'un côté, les garçons du groupe s'occupait d'une fille rousse dont j'ai oublié jusqu'au nom, et de l'autre, Maria s'occupait d'elle-même comme une grande à l'aide d'un crucifix surmonté d'un Christ. De mon côté, je léchais le sang d'Emanuela sur son corps pur et blanc. Soudain, les portes de l'église s'ouvrirent à la volée.
_Je vous tiens, petits chenap...
Une nonne venait d'entrer. Et manifestement, elle ne s'attendait pas à trouver là ce qu'elle avait devant les yeux, du moins c'est ce que je déduisis du cri strident qu'elle poussa. Se signant sans cesse, elle s'avança en tremblant vers l'autel. En toute hâte, Emanuela et les autres s'étaient rhabillés. Pour ma part, je considérai que mes sous-vêtements étaient suffisants pour ce que j'avais l'intention de faire. La nonne tomba a genoux lorsque je m'approchai d'elle. Sans ménagement, je la relevai, ôtai son voile. Elle était assez jeune, pas plus de 25 ans, ses cheveux caramel. Les garçons, qui avaient prévu de fuir, revinrent vers moi. Je tenais le couteau sacrificiel encore teinté du sang d'Emanuela sous la gorge de la bonne soeur terrifiée. Les autres du groupe me regardaient ébahis. J'étais la plus jeune du groupe à seulement 19 ans, et j'étais prête à faire Dieu sait quoi de cette religieuse. Lorenzo me lança un regard interrogateur et je fis un signe du menton, nous nous étions toujours compris de la sorte, depuis le début. Obéissant à mon ordre silencieux, il déchira, au cutter, un à un, les vêtements de la nonne qui couinait jusqu'à ce qu'elle se retrouve, comme moi, en sous vêtements.
_Lorenzo, tu peux me tenir ça là ? demandai-je en indiquant le couteau sacrificiel.
Aussitôt il s'exécuta, et je tournai autour de la jeune nonne pour lui faire face et mieux l'examiner. Presque malgré moi, ma langue glissa sur ma lèvre supérieure.
_C'est que tu serais plutôt bonne, dis-moi ! m'exclamai-je.
Le coeur effrayé de la pauvre femme battait à tout rompre et son souffle se faisait court. Elle manquait d'air. Peu importait. Elle avait trop peur pour se débattre ou fuir, aussi Lorenzo s'écarta, me laissant le champ libre. A l'aide du couteau, que je venais de récupérer, je fis sauter les coutures des sous vêtements de la jeune religieuse et l'allongeai sur l'autel, me débarrassant des miens. Pour voir sa réaction, un sourire vorace aux lèvres, je caressai un peu son corps nu. Elle aussi, manifestement, était vierge. Bien. Parfait. Elle couina encore, mais c'était de terreur. Je ris à ce bruit ridicule. De nouveau, de part et d'autre de l'autel, les autres s'étaient remis à copuler bruyamment. Seule Emanuela était assise sur un banc de l'église et m'observait, l'air blessé, trahi, déçu. Peu importait. Je m'allongeai par dessus la nonne, présentant à son visage le feu qui semblait brûler entre mes cuisses.
_Lèche, ordonnai-je sèchement.
Avec un gémissement dégouté, elle refusa. Avec le couteau, j'ouvris une plaie profonde près de ma tête, sur sa cuisse, l'agrandit avec mes mains et bus avidement le sang qui s'en écoulait. Je répétai mon injonction et en pleurant, elle y obéit enfin, timidement.
_Mieux que ça !
Rapidement, les cris impies de mon plaisir s'élevèrent dans l'église. Emanuela se leva, s'approcha, posa un baiser sur mes lèvres, tenta de glisser sans langue dans ma bouche. Je la repoussai si violemment qu'elle tomba en sanglotant.
_Fous-moi la paix, Ema... réussis-je à articuler.
Ses pleurs se mêlèrent à ceux de la nonne tandis que tout semblait exploser autour de moi. Encore quelques gémissements, de plus en plus faibles, et le monde réapparut. J'étais en sueur, la respiration hachée, et pourtant je n'étais pas repue.
J'avais pris son sang sacré, son innocence de sainte.
Il me manquait encore sa pieuse vie.
_
"Per Adonai Elohim, Adonai Jehova, Adonai Sabaoth, Metraton On Agla, Adonai Mathom, verbum pythonicum, mysterium salamandrae, conventus sylphorum, antra gnomorum, daemonia Coeli Gad, Almousin, Gibor, Jehosua, Evam, Zariatnatmik, veni, veni, veni Satana !"En récitant en boucle la litanie, j'égorgeai la nonne sans pitié, buvant le sang qui coulait abondamment de la plaie en gémissant de bien être. Au moment précis où la vie la quitta, un orage se déclencha sur Rome. Et dans le bruit de la foudre, je jurerais avoir entendu le rire de Satan. C'est alors que je me fis appeler Scarlet : écarlate. Enfin rassasiée, je remis mes résilles déchirées, mon t-shirt a l'effigie du groupe Impaled Nazarene, un mini-short en vinyle et mes boots a plateformes. La vie pouvait reprendre son cours.
❝ Free from this darkness all around us / Out of this cage [...] Fly away through this rain / Where things appears unreal ❞
Roma, Italia.
Firenze, Italia.
New Orleans, USA.
La nuit ou la bonne sœur mourut fut particulièrement destructrice. Les autres étaient un peu horrifiés de ce que j'avais fait, tout n'était qu'un jeu pour eux. Moi, en revanche, j'étais réellement fidèle a Satan et prête a bruler tout ce(ux) qu'il faudrait pour me venger de la chrétienté. D'ailleurs nous mimes le feu a l'église et au corps de la nonne, ne laissant aucune trace de notre passage qu'un tas de cendres. Le surlendemain, je passai brillamment l'examen final de l'Accademia Nazionale di Santa Cecilia et mon diplôme en main, je quittai définitivement l'école.
Avant de reprendre le train pour Florence, je passai au club pour saluer une dernière fois mes amis et recueillir leurs impressions sur la soirée de l'avant- veille. Ils faisaient tous des têtes longues comme un jour sans pain et Emanuela était absente. Je commandai une bière, me laissai tomber sur une chaise, et les interrogeai.
_Y a un truc qui va pas?
Lorenzo, l'oeil brillant de larmes, me tendit le journal du jour. La une représentait l'eglise et parlait de l'incendie, les causes ne pouvaient être déterminées mais on avait retrouvé un corps calciné a l'intérieur. Je haussai les épaules. Maria, la voix tremblotante, m'indiqua d'aller jeter un œil en troisième page. Emanuela Romano, portée disparue la veille, avait été retrouvée sans vie sur les rives du Tibre. Ses parents avaient retrouvé une lettre dans laquelle elle disait ne pas pouvoir vivre sans l'amour d'une certaine Chiara, inconnue encore non identifiée, et se donnait donc la mort. Je refermai le journal avec un soupir énervé. Ils m'en voulaient tous. Ce n'était tout de même pas de ma faute si je ne tenais pas un poil a cette fille, si sa mort ne me faisait rien, si elle avait décidé de se jeter dans un fleuve sous prétexte que je ne partageais pas ses sentiments ! De toute façon, rien ne me retenais a Rome. Ma Toscane me manquait, et ceux que j'appelais mes amis ne comptaient pas plus pour moi qu'Emanuela.
Je rentrai donc chez moi, et le soir même mes parents devaient manger au restaurant puis aller au cinéma. Je sortis aussitôt après eux mais revint bien vite en compagnie d'un pack de bières, d'un paquet de cigarettes neuf et d'une belle rousse. Je calculai à quelle heure les parents devraient rentrer, pour savoir à quel moment il me faudrait flanquer la rousse à la porte, planquer les cadavres de bouteilles et arrêter le black métal a fond. Je n'avais pas envisagé la possibilité que le cinéma soit exceptionnellement fermé, malheureusement. Je donnerais cher pour voir les têtes des parents en entendant cette musique aux accents sataniques résonner dans toute la rue, et en réalisant qu'elle venait de leur propre villa. Furieux, ils entrèrent dans ma chambre où le volume sonore était presque insupportable. Des hurlement féminins sortaient de la chaîne hifi accompagnés de voix démoniaques venues tout droit des enfers. Sur le sol était étendue la rousse, ne portant qu'une culotte en coton. J'étais assise sur elle, une jambe de chaque coté de son bassin, je portais encore un ensemble de sous vêtements plus que provocateurs en latex noir. L'un des bras de la rousse était étendu, couvert de coupures, et il était évident qu'elles avaient été faites par la lame que je tenais encore a la main. Mon géniteur arracha les fils de la chaîne hifi et je me redressai aussitôt du bras en question. Le sang de la fille ruisselait de mes lèvres sur mon menton. La suite fut très confuse. La jolie rousse rassembla ses affaires et s'enfuit aussi vite qu'elle le pût tandis que les parents catastrophés me servaient un véritable sermon de prêtre. Le pire fut qu'ils étaient moins choqués par le fait que je sois sur le point de m'envoyer en l'air avec une personne dont je buvais allègrement le sang, que par le fait que cette personne soit du même sexe que moi. Ma mère pleurait en récitant des "notre père", mon père me frappait. Je leur hurlai des insultes et je finis par leur balancer ma lampe de chevet pour qu'ils battent en retraite. C'est cette nuit là que Chiara mourut: il ne restait plus que Scarlet. Je rassemblai tout ce qui m'appartenait, volai tout l'argent que je pus trouver, vidai quelques uns des comptes de la famille DiGiani le lendemain matin, et pris le premier avion pour les USA. J'atterris a New Orleans, et je recommençai une nouvelle vie dans laquelle je n'étais ni une criminelle ni une psychopathe névrosée, mais simplement une chanteuse dans un groupe de gothic métal vampirique appelé Blood is Life. Le groupe était formé de moi, bien entendu, et de mes premiers vrais amis. Matt, Jake, Adam et Will étaient un groupe de metalleux que j'avais rencontré des le premier soir dans un bar batcave. Je ne connaissais personne, ils m'avaient d'abord abordée pour mon physique mais je leur avais fait part de mon orientation sexuelle avant qu'ils ne tentent quoi que ce soit. Au fil de la nuit nous nous étions découvert de nombreux points communs et il se trouvait qu'ils cherchaient une chanteuse, la dernière les ayant laissés tomber. Peu a peu, nous nous fîmes un nom dans l'univers sombre du metal.
❝ A sudden vision in the night an empty shadow in the sky [...] You were a solitary angel I kissed the sweet light of desire ❞
New Orleans, USA.
J'avais 27 ans lorsque
cela arriva. Les Blood is Life et moi venions juste de terminer la tournée de promotion de notre nouvel album par un concet dans le petit bar minable où nous nous étions tous rencontrés. Après le concert, je signai quelques autographes, jouai au vampire pour les photos avec quelques très rares fans et m'appretai a commander une bière et partir a la recherche d'une fille avec laquelle finir la nuit, lorsque le barman me tapota l'épaule.
_Hey, Scarlet. La dame à la table la bas, elle t'a payé une bière et elle t'attend.
Je haussai les épaules, le remerciai brièvement de l'information et me laissai tomber sur la chaise en face de l'inconnue. La première chose que mon regard croisa fut ses crocs étincelants, et la seconde fut son regard. Son magnifique regard qui brillait d'un éclat que je n'avais vu que dans les yeux d'Emanuela lorsqu'elle me regardait jadis. Histoire de ne pas montrer le trouble que la magnifique créature m'inspirait, je sirotai quelques gorgées de bière. De longues minutes de silence s'installèrent, mais un dialogue intense se déroula entre nos pupilles qui ne se lâchaient pas.
Enfin, elle se présenta.
_Je suis Maelenn Pendragon.
Nous discutâmes un bon moment, nous découvrant des centres d'intérêt communs. Quelque chose de profond avait lieu en moi, au plus profond de les entrailles. Je devenais dépendante à Maelenn comme elle l'était au sang humain.
Plus tard, cette nuit la, nous fimes l'amour pour la première fois. Ce fut si intense et irréel que j'oubliais instantanément toutes les autres partenaires que j'avais eues auparavant, et c'est cette même nuit que je réalisai que pour la première fois de ma vie, j'aimais quelqu'un. J'étais follement, eperduement amoureuse, et rien ne m'avait jamais paru aussi terrible et dangereux. C'est sur un traditionnel, mais très douloureux "je préfère qu'on reste amies" que je la quittai peu avant l'aube.
En effet, elle devint la personne dont j'étais le plus proche. Maelenn était prête a sacrifier beaucoup de choses pour conserver mon amitié en dépit de mon amour et pour ma part, je faisais une abstraction totale de ce que je ressentais réellement pour elle.
Néanmoins, deux ans plus tard, je traversai une période très difficile. Plus rien n'allait entre les gars du groupe et moi, et la soif de sang était revenue plus forte que jamais. Un après midi, en larmes, tremblante, le sang de mes bras étalé sur mon visage, je sonnai a sa porte. Je devais avoir l'air d'un folle échappée de l'asile.
Bloody Lunatic Asylum... Il lui fallut quelques minutes pour se réveiller tout a fait mais avec ses plus de 1600 ans d'existence, elle y arriva sans trop de difficulté. Elle me serra contre elle jusqu'à ce que les larmes cessent. Alors, elle pris mon visage entre ses mains et m'embrassa comme personne n'avait jamais embrassée auparavant. Une nouvelle fois, je reniai mes sentiments et la repoussai. Mais je sentis sa souffrance, et j'en souffris encore plus. Maelenn elle, se répandait en excuses.
_Pardonne-moi, je t'en supplie, je ne sais pas ce qui m'a pris... Je t'en prie, excuse moi, je ne recommencerai pas, je te le jure !
Je ne pus même pas réfléchir a quoi lui répondre, les mots sortirent tous seuls de ma bouche.
_Ne jure surtout pas ça...
Après avoir prononcé ces mots, je vis la flamme d'espoir renaitre dans les yeux de Maelenn. Nous tombames pêle-mêle sur son lit presque aussitôt. Nos corps étaient soudés, mon cœur battait pour deux, et mon sang devint sien alors que, toutes créatures satanistes que nous étions, nous nous offrions une visite aux septièmes cieux.
Est-il bien utile de préciser que j'arrivai extrêmement en retard au studio d'enregistrement cette après-midi là ? Mais je m'etais remise en question, et je présentait aux garçons mes plus plates excuses.
Ce jour là fut le début de la plus belle période de ma vie, période qui court désormais jusqu'à la fin des temps.
❝ Will become a vampire / Will look with other eyes / Will listen with other ears / Will drink with another mouth ! ❞
New Orleans, USA.
L'amour grandissant entre Maelenn et moi dura deux ans avant qu'un nouvel événement ne vienne bouleverser l'ordre des choses. Maelenn et moi aimions nous faire voir de tous. Provoquer était notre principale activité lorsque ma douce n'était pas en déplacement, ou moi en pleine tournée, ou bien lorsque je posai pour elle, car parmi ses nombreux talents se trouvait celui de la peinture. Lors de l'anniversaire de ses 1 635 ans, je lui offris une nouvelle moto dernier cri couleur sang, qui fut affectueusement rebaptisée Gioiella.
Mais lorsque j'eus trente ans, le jour de mon anniversaire, mon amour m'offrit le plus beau des cadeaux qu'elle aurait pu me faire : elle m'offrit l'éternité d'une non-vie de vampire.
Enfin, l'infini tout entier s'offrait a nous. C'était elle et moi, jusqu'à la nuit des temps.
❝ When you walk my dark path / Love like a bloodbath! / Other vision other eyes / A vampiric sado-enchantment❞
New Orleans, USA.
Cela fait désormais deux ans que je suis devenue une créature de la nuit. Personne de mon entourage hormis Maelenn ne connait mon véritable nom, et j'ai, grâce a elle, retrouvé le plaisir de tuer. Les mystérieux assassinats passent inaperçus grace a l'influence de ma belle, et si les disparitions sans aucune piste de recherche s'amoncellent, les taux de meurtres ne semble pas augmenter à cause de nous.
Maelenn et moi, nues, assises sur l'autel profané sous les étoiles, mêlant nos langues, caressant chacune le corps de l'autre du bout de nos doigts ensanglantés par l'essence de vie d'une jeune femme, tout aussi nue, qui git par terre. Son regard vitreux ne voit plus, elle a perdu tant de sang qu'elle s'est évanouie. Encore imprimée dans ses rétines, sa dernière vision : les deux femmes avec qui elle a passé du bon temps, léchant l'une l'autre son sang à elle sur le corps dénudé de leur partenaire. Nombreuses ont ainsi péri dans la terreur et le sang, la soif et la luxure.
Nos voisins nous haïssent depuis que je me suis installée avec Maelann dans son duplex, nous aimons toujours autant provoquer autant qu'il est possible de le faire, Blood is Life a connu un nouvel envol depuis que la chanteuse principale, a savoir moi, est devenue vampire, et l'amour qui nous lie Maelenn et moi est plus fort que jamais.
❝ Those lips move and I can feel what you're saying...praying... You say "the beast inside of me's gonna get ya, get ya..."
Now close those arms and let me love you to death❞
(lyrics from "Pleasure and pain", "Forever in death", "Forget me", "Altar for the black mass", "Dances with Satan", "Fly away", "Love never dies", "Theatre of horrors" & "Vampyrica" by Theatres des Vampires.
lyrics from "Love you to death" by Type O Negative.)