Je cours comme un dératé dans les marécages proche de Saint Louis. Voilà des heures que ces hommes me poursuivent, armés de pistolets à balles d'argent et de machette. J'ai beau être sous ma forme lupines, j'ai un mal de chien à me débarrasser d'eux; leurs motos sont rapides et tout terrain. Je pourrais me retourner, faire face et lutter, mais ils sont bien trop nombreux; en voulant jouer les héros je finirais fatalement par me prendre un mauvais coup, même sous ma forme animale j'en ai conscience. Alors je fuis, dans l'espoir de trouver un endroit pour me cacher à leur vue…ou alors qu'ils finissent par me perdre dans cet environnement hostile pour eux bien plus que pour moi. Mais après encore quelques centaines de mètres, je suis enfin récompensé de mes efforts, et je parviens à les semer. Sans attendre je reprends ma forme humaine, et je me cache pour quelques heures, leur laissant le soin de s'éloigner de moi le plus loin possible avant de reprendre ma route vers la ville. J'ai un peu de temps à tuer de ce fait…autant en profiter pour vous raconter un peu mon histoire!
Mon nom est Liam Jayden Phillips, mais on m'appelle communément Liam. Je suis né à la Nouvelle Orléans il y a de cela 46 ans cette année, ce qui situe mon année de naissance en 1964. Né dans les faubourgs que certains n'hésitent pas à appeler taudis de la ville, je n'ai pas spécialement eu ce que l'on peu décrire comme une enfance facile. Mon père était un simple employé communal, chargé de faire le ramassage des ordures du centre ville, tandis que ma mère passait tout son temps à élever tant bien que mal ses 5 enfants. La vie n'était pas rose tous les jours, et d'aussi loin que je me souvienne, mes parents avaient l'habitude de boire et de nous battre pour évacuer leur stress et oublier leurs problèmes. Aucun de nous n'était épargné, ni mes trois grandes soeurs, ni mon petit frère. Effectivement, je ne suis pas l'aîné, mais ça ne veut pas dire que j'ai bénéficié d'un quelconque traitement de faveur de la part de mes géniteurs. Non, nous étions tous logés à la même enseigne.
Dès que nous étions en âge de nous débrouiller, il fallait participer à toutes les diverses tâches qu'exigeait la maison, et souvent même aller travailler pour ramener de quoi nous nourrir. Vous vous doutez donc que le peu d'éducation que je reçu se limita à l'apprentissage sommaire de la lecture et de l'écriture. Ensuite nous étions jetés sur le pavés pour aller gagner quelques deniers! Mais si mon sort n'était pas enviable, celui de mes soeurs l'était encore moins. Elles servaient plus de boniche qu'autre chose, c'est pourquoi dès leurs majorités atteintes, elles prirent la fuite ne trouvant qu'un seul moyen pour cela, se marier. Mais quand on se marie précipitamment au premier venu, le bonheur est rarement au bout du chemin. Et comme on pouvait s'y attendre, elles tombèrent sur des hommes encore pire que mon père qui reproduisirent ce qu'elles avaient déjà vécut toute leur jeunesse. Malheureusement, ni moi ni mon frère ne pouvions réellement faire quoi que ce soit, nous étions trop jeune et mon père ne voulait plus avoir à s'occuper d'elles dès qu'elles eurent franchit le seuil de notre baraque.
Le pire, c'est qu'en vieillissant j'avais l'impression de devenir un peu plus comme lui jour après jour. Commençant même à mal me comporter avec ma propre mère, non pas qu'elle ne le méritait pas au final, mais au fond de moi je ne voulais pas devenir le monstre qu'ils étaient eux même devenu, et je ne voulais pas reproduire le schéma familial. Je décidais donc à l'âge de 19 ans, de quitter la maison. Je fuguais, purement et simplement; et pour être bien sûr de ne pas être retrouvé, je m'éloignais le plus possible de cette ville. Je changeais même d'état, et pendant quelques temps (années même), je voyageais à travers le pays pour brouiller les pistes. Je ne pensait pas qu'ils soient capable de retourner ciel et terre pour me retrouver, mais je préférais prendre mes précautions. Dans chaque endroit où je me présentais, je faisais la manche, dormant dehors, je m'endurcis un peu plus en fin de compte. Je ne fréquentais personne, mon allure générale n'invitant personne à m'approcher de toute façon.
Les cheveux désordonnés, me contentant de mes doigts pour me peigner d'ordinaire, la barbe de trois jours en permanence, ma carcasse de grand benêt maigrichon n'arrangeant rien. Vêtu de guenille ou de haillon, non vraiment je ne donnait pas envie d'être fréquenté. Je ne le désirais pas spécialement non plus d'ailleurs. Mon existence se résumait à trouver un endroit où dormir, à voler ma nourriture, à errer, et ainsi de suite. Rien de bien exaltant si j'ose dire, mais je m'en contentais; je ne ressentais pas le besoin de faire autre chose que survivre, quand vous avez toute votre vie été habitué à la misère et à la médiocrité, vous n'y prêtez pas attention.
Pourtant fit attention à moi. Sans que je m'y attende, sans que je sache trop pourquoi en fait...tout au moins au départ. Cela faisait déjà sept ans que je traversais le pays de part en part tel un vagabond. Simplement mue par le désir de ne pas me sédentariser, de toujours être en mouvement. A cette époque, je traversais l'état du Mississippi; me rapprochant très près de mon état d'origine, chose que j'avais toujours évitée de faire depuis mon départ. Je marchais de nuit pour éviter la chaleur accablante et la moiteur de la journée. Je faisais toujours ainsi les mois d'été. Quand je sentis une présence autour de moi, j'avais comme l'impression d'être épié, surveillé. Et je n'avais pas tord, car quelques minutes plus tard, un homme se montra à moi le plus naturellement du monde.
Inquiet, surpris aussi, je le regardais s'avancer vers moi tranquillement, il semblait serein, sûr de lui, et il émanait de sa personne une espèce de force sauvage mais contenue; comme s'il était capable de m'arracher les bras comme on arrache les ailes d'une mouche, et cela sans s départir de son sourire. Je commençais à vraiment prendre peur, mais d'un mouvement aussi rapide qu'inattendu, il se tint soudain à ma droite et en touchant mon bras m'incita à me calmer. A mon grand étonnement, je me calmais effectivement, puis, comme pour répondre aux questions sourdes qui bouillonnaient dans mon cerveau, il prit la parole.
Il me raconta que cela faisait déjà des semaines qu'il me suivait, restant à distance, m'observant. Je ne comprenais pas pourquoi un homme tel que lui pouvait bien s'amuser à suivre un raté comme moi. Il m'expliqua alors que mon endurance et ma capacité à survivre alors même que je n'avais aucun but l'intéressait. J'avais en quelque sorte le sentiment qu'il me félicitait de n'avoir jamais songé au suicide alors que je savais mon existence inutile et sans but. Drôle d'impression, et je ne voyais pas en quoi ça le regardait après tout. Mais sans même me laisser le temps de répondre ou d'émettre un son, je le vis alors se transformer en un loup gigantesque et il me mordit aussitôt.
Je tombai raide dans la plaine et je sentis qu'il me tirais vers quelque lieu inconnu, sans doute pour me dévorer tranquillement pensais-je alors. Je ne me souviens ensuite que d'une douleur atroce et interminable, mon sang était de la lave en fusion, chaque battement de mon coeur (que je croyais chaque fois être le dernier) me mettait à l'agonie. Je voyais ma mort approcher, mais au bout de ce qu'il semble être quelques jours, je me réveillais, me relevais, plus en forme que je ne l'avais jamais été de toute ma vie. Et il était là, près de moi à attendre mon rétablissement!
Je vous passerai les détails de tous ce que nous nous sommes dit par la suite, mais pour résumer, Rordon, tel était son nom, me fit les révélations coutumières sur mon état et mes nouvelles capacités. Il m'expliqua qu'il se trouvait être seul depuis bien longtemps maintenant, qu'il cherchait désespérément un compagnon digne de ce nom depuis des années, et que je l'avais intrigué dès qu'il m'avait vu. Je buvais ses paroles , même si je restais méfiant à son égard, j'avais toujours l'impression qu'il ne me disait que des demis-vérités sur ses motivations et sur ses actes. Mais je les gardais pour moi. Il fut là à chaque étape de mon évolution, de ma première transformation à l'aboutissement de mon sevrage. Il resta avec mois pendant cinq années, puis quant il parut sûr de mon contrôle sur moi même, il disparut sans laisser de trace. Cette attitude était étrange pour un homme qui voulait soit disant de la compagnie, et je ne l'ai jamais revu depuis, je n'ai donc pas eu le loisir de lui demander des comptes...peut-être un jour!
Entretemps, j'avais énormément changé, devenu plus sûr de moi, vaniteux presque, je n'hésitais plus à me mélanger aux humains et à me servir d'eux quelqu'en soit l'usage, nourriture, sexe,etc...mais je continuais malgré tout à arpenter le bitume, passant de ville en ville, ne restant jamais plus de quelques jours dans chacune d'elle. Je profitais des attraits de chacune puis repartait pourrait t'on dire. Je me sentais de plus en plus fort, de plus en plus libre, et j'étais plus colérique aussi. Je ne m'attaquais pas aux humains sans raisons cependant, mais une envie de vengeance sourdait en moi depuis des lustres, et je commençais enfin à l'écouter. Je voulais me venger de ses parents indignes, de la vie qu'ils nous avaient offert à moi et mes frères et soeurs. Je me mis alors en route pour la Nouvelle Orléans, il y a de cela trois mois, oui je sais, j'ai attendu longtemps!
Au départ, je suis resté tapis dans l'ombre à observer ma famille dont il ne restait malheureusement plus grand chose. Je ne me montrais pas à eux, mais prenait des renseignements comme je le pouvait à droite à gauche, usant d'une capacité de persuasion que je m'étais découverte il y a bien longtemps. J'appris alors horreurs sur horreurs, mes soeurs, étaient toujours en vie certes, mais traité ni plus ni moins pour des bonnes à tous faire pour deux d'entre elles, subissant sans cesses les assauts de leur mari et leur violence. La troisième, ayant perdu son époux et n'ayant pas d'argent pour subsister, avait dû se résoudre à devenir prostituée. Mon petit frère enfin, était mort quelques mois après mon départ, mes chers parents n'ayant plus que lui pour se défouler, ils l'avaient battu à mort.
Ma rage devint terriblement intense à cette nouvelle, à tel point qu'une nuit, je me ruais sous ma forme de loup dans la maison de mes géniteurs et les lacérais de part en part avant de les regarder mourir. Je rendis la même visite la nuit dernière à mes beaux frères, leur en faisant subir autant, mais manque de chance, je fus aperçut par un policier des environs et c'est ainsi que la traque à commencée. Voilà pourquoi j'en suis réduit à me cacher, à attendre qu'ils partent. Mais il ne me retrouveront plus désormais, tout à mon récit j'ai d'ailleurs pus réfléchir à ma prochaine destination. Dès demain je quitte la Nouvelle Orléans et me met en route pour le Missouri, il y a là bas une ville dont j'ai entendu parler pour pourrait bien être un refuge pour quelqu'un comme moi...Saint Louis, me voilà!
à suivre...
Tell me your secrets
Dernière édition par Liam Jayden Phillips le Lun 26 Juil - 8:18, édité 1 fois
Sujet: Re: Dieu que la lune est belle ce soir (Terminée) Lun 26 Juil - 10:26
Ah, j'aime les histoires qui commencent par la fin ! Bienvenue monsieur le loup-garou ! *recule un peu au cas où*
J'adore ta fiche, tu écris bien. *O* Malgré deux trois fautes mais au pire, c'est pas grave. xD Bon et bien, puisqu'il ne s'agit pas d'un poste vacant, je suppose que j'ai l'autorisation de te valider sans la bénédiction d'Ashou'. Et puis, si ce n'est pas le cas ben... tant pis, c'est moi qui ferais taper dessus, ahah. *out*
Pour le citer, je t'annonce que tu as attrapé le dernier train pour l'Enfer ! En espérant que tu t'y plaise.
▌A débarqué le : 21/07/2010 ▌Parchemins : 4682 ▌Quantité de sang disponible : 32110 ▌Age du personnage : Dans les 660 ans, je ne les compte plus ! ▌Rang : Chef du clan Blackstone. ▌Job : Chasseur à mes heures perdues. ▌Citation : Sanguinaire, comme toujours.
▌A débarqué le : 21/07/2010 ▌Parchemins : 4682 ▌Quantité de sang disponible : 32110 ▌Age du personnage : Dans les 660 ans, je ne les compte plus ! ▌Rang : Chef du clan Blackstone. ▌Job : Chasseur à mes heures perdues. ▌Citation : Sanguinaire, comme toujours.