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| This is how the world ends [Tess] | |
| Darius Von Verlagen
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▌A débarqué le : 28/12/2012 ▌Parchemins : 1516 ▌Quantité de sang disponible : 22876 ▌ Code couleur : #8B0000 - darkred ▌Age du personnage : 103 ans ▌Rang : Membre du clan Blackstone ▌Job : Chasseur de primes et expert en armes à feu ▌Citation : There's a beast in every man and it stirs when you put a sword in his hand.
| Sujet: This is how the world ends [Tess] Sam 9 Fév - 17:10 | |
| Le Bloody Mary n'était plus. Plus d'une centaine de morts et de blessés, rapportaient les journaux. Pulvérisés à coup d'explosifs et d'argent.
Bande de salopards.
Il n'y avait tout d'abord pas cru, pas vraiment, il avait eu besoin d'une preuve. Bien sûr, une partie de la population savait que le Bloody Mary était un "repère à vampires", et il y avait eu toutes ces campagnes d'informations sur les CESS qu'on filait sous le manteau...mais il n'aurait jamais imaginé les humains avoir assez de cran pour attaquer la communauté vampire au cœur.
Et pourtant, sous ses yeux s'étalaient les ruines de ce qui avait été autrefois la boîte la plus réputée du centre-ville. Un champ de ruines qui n'avait rien à envier à tous les champs de bataille et villes détruites par les bombardements et les chars qu'il avait vu dans sa vie. C'était le premier signe d'une guerre, la première agression réelle qui allait mener à une boucherie sans nom. Et même si les ouvriers s'attelaient à nettoyer le carnage, le gouffre profond qui remplaçait ce qui avait été le Bloody Mary, personne ne pouvait effacer ce vide qui hurlait à la haine génocidaire. On soufflait même que l'Église était impliquée. Pire, que les chasseurs s'étaient à présent regroupés en organisation. Et ça, ça ne signifiait rien de bon pour les buveurs de sang.
Au bout d'un temps qu'il n'aurait pas su quantifier, il se détourna finalement du tas de gravats pour se faufiler dans des rues moins suspectes, à l'abri des regards soupçonneux. A présent, tout le monde se méfiait de tout le monde et quiconque s'intéressait de trop près à la tragédie du Bloody Mary devenait un élément suspect. La communauté vampire était sur les crocs, nourrissait des plans de vengeance à la mesure de l'affront qu'on leur avait fait. Il ne faudrait pas longtemps avant que les premiers buveurs de sang finissent en brasiers géants ou que des chasseurs se fassent démembrer en lieu public. Cependant, lui, tenait à rester discret. Il n'avait pas envie de finir comme toutes les victimes de cet attentat. C'était exactement ce qu'ils recherchaient.
Il regagna du pas le plus naturel qu'il put sa moto, garée à quelques rues de là. Pas de regards interrogateurs ou louches, non, il s'agissait juste d'un type lambda qui enfourchait sa moto pour filer vers l'extérieur de la ville. A moins de le suivre, personne ne pouvait deviner qu'il se rendait au manoir Blackstone.
Sa tête fourmillait de pensées lors du trajet. Was jetzt ? Quelle conduite à adopter, que faire ? Les choses avaient changé depuis qu'il avait intégré un clan, il y avait quelques mois de cela. Auparavant, il n'aurait eu de compte à rendre à personne. Ça aurait été une guerre comme une autre, une dans laquelle on prend part, tire parti, jusqu'à ce que le vent tourne en sa défaveur, jusqu'au moment critique où il devrait s'envoler vers une autre ville, un autre pays. Jamais attaché à un même endroit, jamais fixé à quoi que ce soit. Seulement voilà, il faisait partie d'un clan maintenant et ce n'était pas un conflit d'humains, c'était un conflit qui visait son espèce, pour autant que ce mot lui répugne.
Il n'avait jamais énormément fréquenté le Bloody Mary avant la déflagration, préférant chasser que de se servir de réserves de sang consentantes, préférant éviter de trop se mêler à la communauté de dents longues. Mais tout de même, c'était étrange de penser que cet élément qui avait tant fait partie du paysage était à présent rayé de la carte, purement et simplement effacé. Il savait que la gérante faisait partie du clan Blackstone. A quel point le clan avait-il été affecté par cet attentat ? Il supposait qu'il allait assez vite le découvrir...
Asher lui avait demandé de passer au repère afin de surveiller Tess. Avec les événements récents, la survie du clan était la priorité numéro une et il se devait de trouver des réserves de sang pour les plus jeunes qui ne pouvaient chasser sans tuer et, partant, attirer l'attention sur le clan. Darius n'était pas enchanté par la perspective mais il n'avait pas vraiment d'autre choix. Asher était son chef de clan et plus seulement un vampire aîné, à présent. Il devait obéir, même si cela blessait son ego.
Une fois arrivé devant la lugubre bâtisse qui abritait le clan Blackstone, Darius coupa le contact et gara sa moto sur le terrain de la propriété. Une fois entré à l'intérieur, il put remarquer que le clan fourmillait d'activité, les vampires étant bien plus nombreux que pour les rares occasions où il avait passé le seuil de cette porte. Et l'ambiance semblait tout sauf à la détente, également. La tension dans l'air était palpable, quasi électrique. Combien de temps avant qu'un membre, plus tête brûlée que les autres, déclare unilatéralement la guerre aux humains ? Bientôt, si l'on ne faisait pas attention. Blackstone, Alesi, Newrewell, il y aurait forcément un faux pas quelque part. Il y avait toujours un faux pas avant le début d'un massacre.
Il entendit une ou deux remarques sur son passage, des vampires qui ne l'avaient jamais vu ou qui connaissaient sa réputation de "traître à son espèce", mais n'y prêta pas attention. Il n'était pas là pour alimenter les chamailleries débiles de vampires survoltés cherchant un exutoire.
Annonçant le but de sa visite au majordome qui servait les Blackstone – il ne comprendrait jamais comment un humain pouvait servir volontairement des vampires –, on l'emmena sous peu jusqu'à Tess, le faisant passer par les longs couloirs décorés de la grande bâtisse. Parfois, il se demandait si le cliché avait été construit suite au goût douteux des vampires ou si ceux-ci se délectaient à vivre dans de telles conditions. Si les humains n'avaient pas encore compris que le manoir Blackstone renfermait une communauté de vampires, l'aspect lugubre de la bâtisse finirait bien par aiguiller même les plus aveugles.
Se retrouvant finalement dans la même pièce que l'infante du Maître, il attendit que la porte soit fermée derrière lui par le majordome avant de saluer la jeune femme blonde, laconiquement :
« Bonsoir. »
Puis, comme s'il devait encore justifier sa présence dans ces murs – et en même temps, montrer que ce n'était pas par pur plaisir qu'il venait ici :
« Asher m'a demandé de veiller sur toi. »
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| | | Tess E. Littleton
« SERIAL KICKEUSE »
▌A débarqué le : 22/07/2010 ▌Parchemins : 12385 ▌Quantité de sang disponible : 22707 ▌ Code couleur : #5F9EA0 - cadetblue ▌Age du personnage : 28 ans ▌Rang : Loque dépressive ▌Job : Maman perdue
| Sujet: Re: This is how the world ends [Tess] Sam 16 Fév - 21:41 | |
| Bombe. Explosion. Drames. Victimes. Secours. Cadavres. Débris. Bloody Mary. Vampires...
Je quittai la Salle Commune du Manoir sur ces mots, regagnant ma chambre au sous-sol. Je n'avais aucune envie de demeurer auprès de mes congénères et de partager leur rage. Mes propres sentiments à l'égard de la nouvelle, étaient partagés. Tout au fond de moi, je n'étais pas encore Vampire, mais bel et bien Humaine, attachée à sa condition de mortelle. Je n'avais pas beaucoup de respect à l'égard de ma désormais Race et le drame ne m'atteignait pas de la même façon que les autres. J'éprouvais de la pitié pour les Hommes piégés à l'intérieur. De la sympathie à l'égard des esclaves de sang, soumis à leurs maîtres pour leurs bons plaisirs et cloîtrés à l'intérieur pour nourrir les clients. Mais ma légendaire compassion peinait à s'étendre aux buveurs de sang eux-mêmes. Quelque chose, profondément ancré en moi, comme une petite voix, me répétait les mots suivants : tu n'es pas comme eux. Tu as du respect pour autrui. Ils le méritaient. Et peut-être, en effet, que ces disparitions allaient être bénéfiques à quelques vies humaines. Mais à quel prix ? Combien d'innocents avaient péri pour défendre cette cause ? Quels qu'en soient les responsables, ce geste épouvantable avait été mal calculé. Il allait faire plus de victimes qu'il n'aurait dû en sauver, et avait déjà parfaitement commencé. Blessé dans leurs cœurs de pierre et dans leur orgueil, les Vampires préparaient déjà leur vengeance. Une nouvelle guerre devenait imminente, et cette fois, le mur du Secret menaçait de s'écrouler, emportant avec lui toutes limites à une confrontation meurtrière. La lutte s'annonçait terrible. Elle le serait davantage encore si n'avions plus rien à cacher.
Mon sens de la justice était mené à mal par ma tolérance extrême et ma sensibilité exacerbée. Ma facilité à m'attacher, et puis, mon amour inconsidéré pour un certain Vampire en particulier, m'empêchait d'être tout à fait en paix avec moi-même. En soi, Asher ne méritait pas davantage ma considération que les autres. Mais je connaissais son histoire, et sa part d'ombre. J'avais aussi eu le privilège de connaître l'homme, de le comprendre et de trouver en lui du bon. Je m'employais chaque jour à le rendre meilleur, même si tout était devenu plus difficile depuis ma transformation. Je devais veiller à le rester moi-même, ce qui n'avait rien d'aisé. Mais je l'aimais, et craignais pour sa vie, ce qui rendait mon jugement à l'égard des autres particulièrement ingrat. C'était comme ça. J'espérais toujours qu'il changerait pour moi. Que nous nous en irions un jour, loin des autres et de tout... chose impossible, car il y avait Ocean. Ocean et son père, que je ne pouvais décemment pas lui enlever. Et ma fille devait rester ma priorité. Elle l'était, même si mon cœur se tournait aisément vers d'autres cibles.
« Où es-tu ? » Je ne résistai pas à la tentation d'appeler mon amant pour m'enquérir de son état. Il accompagnait Athénaïs depuis le drame et patrouillait à l'extérieur, cherchant d'éventuels coupables, des confrères à rapatrier et quelques proies à rapporter. A lui seul, ce mot m’étreignait la poitrine. Mais c'était ainsi que cela devait se passer, et je n'avais pas la carrure pour protester. Seul mes propres repas n'avaient pas été directement prélevés à la source, et je savais qu'Asher prenait de gros risques pour cela. Je lui en étais reconnaissante, mais tout était compliqué. « Rentre, je n'aime pas te savoir dehors. » Évidemment, il répondit qu'il était bien obligé, et qu'il se dépêcherait. Que je devais rester prudente et prête à fuir. A bien y réfléchir, il devait être plus inquiet pour moi que je ne l'étais pour lui. Une énième promesse faite, je raccrochai, et rangeai le téléphone dans la poche de mon jean. Pour des raisons pratiques, et également pour cause de déprime et de dressing indisponible, je ne m'habillais plus comme avant. Mes tenues restaient souples, simples, quelques fois négligées... et puisqu'une autre activité ne se présentait, que j'étais cloîtrée ici et qu'il était absolument hors de question que je rejoigne les autres pour m'abrutir avec eux devant des informations rediffusées en boucle, j'attrapai l'énorme sac envoyé à mon attention par Dimitri. En vrac, il contenait la moitié de ma penderie. J'entrepris de ranger le tout dans l'armoire ancienne de la chambre aménagée pour moi, occupation qui me prendrait une bonne partie de la nuit si je prenais le temps de réessayer et d'examiner mes affaires dans le but de reprendre de bonnes habitudes.
Piètre soirée. Piètre nuit. Assombrie par la présence d'un baby-sitter indésiré. J'avais conscience d'être jeune, considérant mon espèce, mais sachez qu'il n'y a rien de plus agaçant pour une mère d'être soi-même prise pour une enfant. Et pourtant, Asher m'envoyait -encore- son garde du corps. Un vampire discret, mais peut-être encore moins apprécié que les autres, étant donné ses occupations.
Lorsque Richard l'annonça, je serrai les dents. Je l'accueillis néanmoins sans protester, lui rendant son salut poliment. Asher m'envoie. Qui ne s'en serait pas douté ? De quoi avait-il peur ? Je n'allais pas m'aviser de quitter le Manoir. Et l'allemand était-il obligé de me surveiller de si près ?!
« J'espère que tu t'y connais en petites culottes », lançai-je, amère, en jetant un coup d'oeil à la montagne de sous-vêtements entassés sur le lit. Le cynisme achevé, je libérai quelques robes, rapidement alignées sur des cintres. « Il s'inquiète trop », ajoutai-je à l'adresse du Traqueur, d'un ton pensif. « Je ne sais pas ce qu'il s'imagine, mais je n'ai pas besoin d'être gardée ». Asher craignait sûrement que le Manoir soit attaqué. Et, il était vrai que, si ses suppositions prenaient vie, la présence de Darius à mes côtés serait précieuse. Mais j'imaginais mal les catholiques venir à bout de la propriété et de ses résidents. Combien étaient-ils, dehors, à patrouiller ?
« Bref. Avec l'attentat, et tout ça... c'est quoi, le plan ? » Y en avait-il seulement un ? La surprise se lisait encore sur tous les visages, s'annonçant surtout la débandade.
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| | | Darius Von Verlagen
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▌A débarqué le : 28/12/2012 ▌Parchemins : 1516 ▌Quantité de sang disponible : 22876 ▌ Code couleur : #8B0000 - darkred ▌Age du personnage : 103 ans ▌Rang : Membre du clan Blackstone ▌Job : Chasseur de primes et expert en armes à feu ▌Citation : There's a beast in every man and it stirs when you put a sword in his hand.
| Sujet: Re: This is how the world ends [Tess] Sam 23 Fév - 17:09 | |
| L'accueil fut poli, sinon chaleureux. Il ne s'était pas attendu à autre chose.
La mine amère de Tess parlait suffisamment d'elle-même – nul besoin de dire que cette situation lui plaisait tout aussi peu qu'à lui. Mais surveiller l'Infante d'Asher comme un vulgaire baby-sitter était suffisamment dégradant en soi sans qu'elle n'y ajoute sa mauvaise volonté. Que croyait-elle ? Il n'avait pas demandé à être là non plus.
Malgré tout, elle resta polie. Polie, désœuvrée et amère. Ses vêtements – du moins, il le supposait – étaient éparpillés un peu partout sur le lit, formant un mont informe de tissu. Ménage de printemps ? Tri ? Ce n'était pas comme si ça l'intéressait réellement. Pour autant qu'il sache, elle pouvait s'ennuyer au point de ranger toute sa garde-robe. A tout prendre, c'était peut-être même mieux que d'entendre la rage et les projets de vendetta des autres, dans la Salle Commune. Beaucoup de grands mots, beaucoup d'indignation. Mais combien oseraient réellement prendre les armes et s'attaquer aux chasseurs, à l'Église ? Parler de guerre était facile, en mener une l'était autrement moins. Les vampires de La Nouvelle-Orléans étaient-ils à la hauteur ? Oui. S'ils s'assemblaient de façon organisée et s'ils préparaient soigneusement leur réplique, si les maîtres de clans gardaient leurs troupes sous étroit contrôle – ce qui semblait de plus en plus difficile, en ces temps troublés. Les réactions à chaud ne pouvaient mener qu'à la catastrophe.
Darius ignora la remarque cynique que la jeune femme lui lança, haussant à peine un sourcil à sa question ridicule. Si elle comptait sur son aide, elle pouvait aller se faire voir. Son statut ne tenait qu'à Asher. Darius la respectait, oui, mais il ne lui obéissait pas. Là était toute la différence.
« Il s'inquiète trop. Je ne sais pas ce qu'il s'imagine, mais je n'ai pas besoin d'être gardée »
Tess était blessée dans son orgueil. Une réaction plus que légitime.
Il pouvait comprendre son sentiment d'impuissance à l'idée d'être enfermée et surveillée, telle une enfant. Même dans une suite, même dans le luxe, une cage restait une cage. Darius avait connu une autre jeunesse vampirique. Une jeunesse faite de contrôle et de massacre. Il avait dû maintenir une apparence humaine et un contrôle rigoureux devant autrui...pour se gorger de sang au cou des victimes dès que les autres soldats avaient le dos tourné. Contrairement à Tess, Darius avait évolué en totale liberté (physique, du moins) – devant apprendre dès le début à résister à l'impérieuse pulsion de déchiqueter la gorge du premier venu. C'étaient sa haine et son dégoût qui l'avaient maintenu en place – il avait voulu être plus fort que son créateur, lui prouver qu'il n'avait rien de la bête qu'il avait voulu faire de lui. Mais loin d'en être contrarié, son Sire n'en avait été que plus fier et s'en était attribué le mérite. Quelle arrogance. Tout ce que Darius avait, il l'avait mérité, à force de patience et d'acharnement. Être transformé était un traumatisme aliénant et destructeur : ou l'on acceptait sa nature et la vie devenait plus facile, ou l'on combattait de toutes ses forces et l'on s'épuisait à mener une guerre perdue d'avance – car on se perdait toujours, au final. Tess avait de toute évidence fait le second choix. Courageux, mais vain.
Il rejoignit l'autre vampire mais préféra s'adosser à un mur que s'asseoir, restant à distance respectable de l'Infante d'Asher – la jalousie maladive du chef de clan était légendaire.
« Peut-être. » éluda-t-il. « Mais tu ne peux pas lui reprocher de ne pas tenir à toi, en tout cas. »
D'un point de vue tout à fait personnel, Darius pensait que Tess était trop couvée. Comment était-elle censée apprendre à se contrôler si elle devait toujours rester enfermée au manoir ? Elle était jeune, certes, mais il faudrait qu'elle fasse face à ses démons, tôt ou tard. C'était en se confrontant aux humains qu'on apprenait la maîtrise, pas autrement. Enfin...étant donné le climat de tension actuel, une telle prudence valait probablement mieux. Que valait un vampire de quelques mois à peine, face à des chasseurs expérimentés ? Strictement rien.
« Tu ne pourrais pas te débrouiller seule si tu étais dehors. Ou en tout cas, pas assez longtemps. Pas dans les circonstances actuelles. » rajouta-t-il crûment, en fixant la néo-vampire.
La vérité était brutale, mais mieux valait ça que la rassurer de façon inutile. Pas besoin d'être gardée ? Ici, peut-être que non. Mais dehors, oui. Et Asher l'avait clairement préparé à l'éventualité de dehors. Les fanatiques religieux étaient toujours les pires.
« Un plan ? » Il eut un rire dédaigneux. « Je pense que tu me confonds avec quelqu'un d'autre. Je ne connais pas les plans de guerre d'Asher – ou même s'il en a. Dois-je te rappeler que je suis plus hors du clan que dedans ? » Il secoua la tête. « Le plan est simple. Je dois veiller à ce qu'il ne t'arrive rien, ici ou dehors, que le clan se fasse attaquer ou non. » |
| | | Tess E. Littleton
« SERIAL KICKEUSE »
▌A débarqué le : 22/07/2010 ▌Parchemins : 12385 ▌Quantité de sang disponible : 22707 ▌ Code couleur : #5F9EA0 - cadetblue ▌Age du personnage : 28 ans ▌Rang : Loque dépressive ▌Job : Maman perdue
| Sujet: Re: This is how the world ends [Tess] Dim 24 Fév - 9:38 | |
| « Peut-être. Mais tu ne peux pas lui reprocher de ne pas tenir à toi, en tout cas. »
Bingo. Sans vraiment le vouloir, le traqueur venait de mettre le doigt sur le point majeur de ma relation avec Asher. Un mécanisme, un problème. Parce que justement, si. Malgré tout ce qu'il faisait pour moi, je trouvais encore mille et un reproches à lui faire. Dont celui de ne pas m'aimer autant qu'il pouvait le prétendre. Nous étions trop différents. Je le savais mais tout mon être me criait de passer outre. L'Amour, celui qui se refuse à tout contrôle... Au fond, notre union semblait perdue d'avance. Et mon confinement obligé contribuait à retarder l'échéance d'une conversation raisonnable. J'avais tellement peur d'évoquer tout ça, d'affronter à nouveau sa réaction. La première fois était restée gravée dans ma mémoire, et j'en tremblais d'avance. Pour l'instant, je n'avais pas le choix, mais si j'arrivais enfin à me contrôler -et il le faudrait, le plus vite possible, je ne pourrais plus supporter cet environnement malsain. Ma nature, j'avais décidé de la combattre, et contre toute-attente, j'avais fini par me montrer beaucoup plus douée à ce jeu que mon propre Maître. Je n'étais pas de ce monde et ne m'accepterai jamais en tant que vampire lambda. Mais cela, aucun d'entre eux ne pouvait le comprendre, pas même mon Sire. Tuer, laisser s'exprimer des pulsions meurtrières, dévorantes, ce n'était pas Moi. Or, j'avais fait le serment de me rester fidèle. Pour ma fille. Pour vivre en paix avec moi même.
Pour toute réponse, je haussai simplement les épaules. L'heure n'était pas aux états d'âmes et il n'avait nul besoin de connaître toute l'histoire. Je doutais également qu'il en ait tout simplement envie. « Tu ne pourrais pas te débrouiller seule si tu étais dehors. Ou en tout cas, pas assez longtemps. Pas dans les circonstances actuelles. » Je posai mes affaires, et marquai un temps pour réfléchir. « Je me fiche de ne pas pouvoir aller dehors. Je suis mieux ici ». Ca ne me rendait pas vraiment heureuse, mais c'était toujours mieux que de risquer des vies. Dont la mienne, et éventuellement, celle de ma fille. Mais il avait raison sur un point : trop de choses dégénéraient, et trop vite. Je rêvais de partir, et d'emmener Ocean loin d'ici. Pour sa sécurité, car elle ne l'était plus ici désormais, même entourée d'une armée de vampires, d'une meute de loups-garous et de sorciers prêts à la protéger. Seulement, avant ça encore une fois, je devais être certaine de pouvoir me maîtriser. Totalement. Et ce jour n'était pas encore arrivé. Sans compter que seule, je n'avais pas les moyens de prendre soin d'Elle. Elle serait vulnérable le jour, et sans personne. Un plan encore bancal, d'autant plus que toutes les personnes susceptibles de m'accompagner avaient ici des responsabilités. Et puis, c'était fuir la communauté... je pouvais comprendre qu'ils fassent passer ça avant le reste, même si ça semblait un brin surréaliste compte tenu de leurs principes discutables... Pour moi, maman, c'était différent. La vie d'un enfant doit rester prioritaire.
« Un plan ? Je pense que tu me confonds avec quelqu'un d'autre. Je ne connais pas les plans de guerre d'Asher – ou même s'il en a. Dois-je te rappeler que je suis plus hors du clan que dedans ? Le plan est simple. Je dois veiller à ce qu'il ne t'arrive rien, ici ou dehors, que le clan se fasse attaquer ou non. »
Une réponse qui me fit irrémédiablement tiquer. Je m'arrêtai simplement sur les premiers mots, amère. Des plans de guerre ? Parce qu'il comptait répliquer, au même titre que ses crétins de sujets ?! Je jetai un regard meurtrier au chasseur. « Tu crois qu'il va vouloir se venger ? » Etais-je en train de dialoguer comme si de rien n'était avec un tueur sanguinaire ? Mais oui, tout à fait. Pas le choix, et puis ce genre de réaction, qui me venait tout naturellement, était somme toute légèrement hypocrite. Je partageais ma couche avec un meurtrier... « Et toi, qu'est-ce que tu en penses ? Il faut réagir, envenimer les choses ? » Toutefois, il y avait chez cet homme et dans sa façon d'agir, une certaine réflexion, un semblant de maturité. Plus posé, plus réfléchi, moins décidé à se laisser submerger par ses émotions... Ou bien restait-il stoïque simplement parce que rien ne l'intéressait vraiment. Une coquille vide, s'exécutant à la manière d'un robot... J'aurais dû m'en moquer pas mal, et pourtant, je commençais à me poser mille et une questions à son sujet. Et c'était une bonne chose, parce que c'était vraiment Moi. La fille au grand cœur, capable de tout pardonner, et de tout comprendre pour peu qu'on lui explique... prête à accorder une seconde chance...
« Comment fais-tu pour garder ton calme en toutes circonstances ? » L'air de rien, cette question était un pas tremblant vers la confidence...
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| | | Darius Von Verlagen
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| Sujet: Re: This is how the world ends [Tess] Dim 24 Fév - 12:22 | |
| « Je me fiche de ne pas pouvoir aller dehors. Je suis mieux ici. »
Darius haussa un sourcil à ces propos qui sonnaient tellement faux mais ne rétorqua rien. Tout chez Tess criait qu'elle en avait assez d'être enfermée. Si elle voulait leurrer son monde en disant qu'elle préférait rester à l'intérieur, libre à elle. Ça ne voulait pas dire que Darius la croyait pour autant.
Il fut toutefois étonné de sa dernière réaction. Comme si elle était indignée, non, presque incrédule à l'idée qu'Asher puisse vouloir se venger. N'importe qui ne le voudrait-il pas ? Il faudrait être masochiste pour subir un tel affront sans rien dire. Ou être lâche. Et Darius doutait que le chef du clan Blackstone soit l'un ou l'autre. Il ne serait déjà plus là, le cas échéant.
« Tu connais mieux Asher que moi. Tu sais donc ce qu'il ferait mieux que moi. » se borna-t-il à répondre laconiquement. Ce n'était pas à lui de donner son avis. Asher avait Athénaïs pour seconde, n'est-ce pas ? Et Tess était son Infante. Ses rapports avec Asher étaient cordiaux et il lui faisait assez confiance pour le charger de la surveillance de Tess, mais ils n'étaient pas proches pour autant. Darius n'avait rejoint les Blackstone que quelques mois auparavant – ce n'était pas comme s'il était un membre actif de la communauté, loin de là.
« Et toi, qu'est-ce que tu en penses ? Il faut réagir, envenimer les choses ? »
Quand est-ce qu'une simple mission de surveillance s'était-elle transformée en interrogatoire sur les stratégies de guerre ? Était-ce un piège, un moyen de tester sa "loyauté" ? Il ne l'aurait pas mis au-delà d'Asher mais de Tess, un tel stratagème l'étonnerait un peu plus. Mais, après tout, il la connaissait à peine. Elle pouvait avoir un esprit totalement retors et fourbe, pour tout ce qu'il en savait.
Toutefois, il réfléchit à la question. Que ferait-il, lui ? Elle était loin l'époque où il donnait des ordres sur le champ de bataille – alors, on combattait encore réellement, plus comme aujourd'hui où tout se faisait avec des machines –, mais l'esprit militaire perdurait. La guerre avait été toute sa vie, après tout, d'une certaine manière.
« Pour l'instant, la situation est trop instable, trop explosive. » débuta-t-il lentement, pesant ses mots avec soin. « Si les chefs de clans – tous les chefs de clan – ne tiennent pas leurs membres en place, on courre droit à la catastrophe. Franz Ferdinand, ça te dit quelque chose ? » Il secoua la tête. « Il suffit d'un rien pour générer un bain de sang. Les vampires sont peut-être immortels si on les laisse en paix, mais ils ne sont pas invulnérables. Qui défendra les buveurs de sang si l'Église et les chasseurs attaquent de jour ? Les adeptes ? » Il émit un bruit dédaigneux. « Il faut préparer une contre-attaque, parce que les vampires ne peuvent pas se permettre de se laisser exterminer sans rien faire. Mais il ne faut pas non plus réagir sur un coup de tête. Cependant... »
La fin de sa phrase resta en suspens. Il se surprit lui-même à songer à cette solution. Ça n'avait jamais été son fort et pourtant, à force de voir des guerres toutes plus futiles les unes que les autres, toutes plus meurtrières les unes que les autres, cette solution était presque préférable. Le jeu des politiques était pourri jusqu'à la moelle, incompréhensible, ridicule, mais il était au moins moins sanglant. Aujourd'hui, on se battait pour le pétrole, pour l'uranium, pour le gaz, pour les diamants...où était passé le patriotisme, où était passée la fierté de servir et défendre son pays ? Aujourd'hui, on engageait des mercenaires étrangers pour tuer des civils et bombarder des puits de pétrole, des hôpitaux, des stations radio. Tout se faisait par machine, par viseur, par virus. Des moyens lâches, où on ne risquait pas sa vie. Ce n'était pas ça, la guerre. Ça, c'était la cupidité humaine dans sa plus glorieuse débilité.
Ce siècle le rendait malade.
« Cependant, il y a toujours la possibilité d'une résolution pacifique. La diplomatie. Ça ne tiendrait pas longtemps, c'est sûr...quelques mois, tout au plus, jamais quelques années, à moins d'un miracle...Mais ça permettrait de rassembler les forces et de préparer un plan solide. Frapper à l'aveuglette est du pur suicide. »
Il rejeta la tête légèrement en arrière, s'appuyant contre le mur. Il fixa le plafond.
« Il y a beaucoup trop d'inconnues pour le moment pour s'arrêter sur une décision définitive. Mais quoiqu'on décide, le conflit va éclater. C'est inévitable. »
Il tourna à nouveau la tête vers Tess en entendant sa dernière interrogation. Un reproche, presque. Il pouvait presque entendre ses pensées. Espèce de monstre sans cœur. Ça ne l'atteignait plus depuis longtemps.
« J'ai connu plus de guerres que n'importe quel humain. Elles finissent toutes par se ressembler, au bout d'un moment. Et, très franchement ? Je n'ai rien à perdre. »
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| | | Tess E. Littleton
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| Sujet: Re: This is how the world ends [Tess] Dim 24 Fév - 13:37 | |
| C'était vrai. Je connaissais probablement Asher mieux qu'aucun de ses vampires. Je savais ce qu'il était prêt à faire pour moi, mais aussi dans quels cas il ne m'écouterait pas. J'avais peur de connaître très précisément sa position. D'où ma question, alors que j'espérais me voir rassurée par un avis divergent. « Pourquoi tout le monde se moque tout le temps des innocents ? » demandai-je, presque avec indifférence. Les catholiques n'avaient eu aucune pitié. Les Vampires n'en auraient pas davantage. Et Darius avait raison. La Guerre était imminente. Il ne manquait plus grand chose pour voir la ville à feu et à sang. Le tout se jouant entre une partie de la population surnaturelle, une partie de la population humaine, et les extrémistes religieux. Au lieu de voir des vies sauvées, on allait en perdre des centaines, peut-être même des milliers. Tout le monde avait sa part de responsabilité. Les CESS, au fond, n'étaient pas plus meurtriers que nos gouvernements humains. J'étais prête à mourir, avec toute ma race, s'il ne fallait laisser sur Terre que les gens bons et méritants. Tout aurait pu m'être égal, ces massacres à venir comme ma transformation... si Elle n'avait pas été là. Ocean. Un seul être changeait toute une vision du monde. Et tous ceux qui n'avaient pas d'enfants, évidemment, ne pouvaient pas comprendre. Mais c'était en soi une lutte permanente, dont on se relève après chaque bataille. Mon entourage au grand complet s'agaçait certainement de mon éternel optimisme, de mes rêveries utopistes... mais quand on aime sa progéniture, on ne PEUT abandonner. « Ils vont tous y passer ? Ma fille aussi ? » Amère, des sanglots plein la voix, j'osai poser la question. Pas vraiment dans l'attente d'une réponse, mais simplement pour manifester mon dégoût du Monde.
Foutu destin. Pourquoi avait-il fallu qu'on revienne ici, qu'on décide de rester ? A quoi cela pouvait-il bien servir si la Mort venait nous prendre si tôt, la séparant de ce père qu'elle était venue retrouver ici ? Jamais Melbourne ne m'avait parue aussi sûre qu'en ces temps troublés...
Pourtant, j'écoutais, accrochée à un espoir quasi-inexistant. Les alliances étaient possibles, non ? Entre les vampires... mais aussi entre toutes les races. Pourquoi ne pas resserrer nos rangs pour protéger les nôtres ? Mettre de côté tous nos différends pour le bien de tous... ? « Les membres de l'Autorité sont en ville. Asher pense que le Mortefilis s'en mêlera bientôt. » Je ne connaissais quasiment rien de cette antédiluvienne organisation vampirique, mais j'avais comme un doute quant à sa volonté de préserver la paix. « Ils seraient capables d'unir nos Clans, non ? De pousser notre race à s'allier aux autres, pour faire face à la menace ? » Il était rare que les plus hautes Autorités interviennent autrement qu'en aboyant des ordres et veillant à leur application. La plupart du temps, les chefs de Race géraient le problème d'eux mêmes, de peur d'être méchamment... disqualifiés. Là, c'était au delà de tout. Les membres de l'Autorité parcouraient les villes, mais que le Conseil attendait-il pour intervenir et rassembler ses troupes sous une même bannière ?! En y pensant bien... j'étais presque prête à le contacter moi-même. Quitte à risquer ma vie, car de quelle autre façon pouvais-je agir ? « N'importe quel vampire peut-il demande une audience au Conseil ? », avisai-je, l'air pensif. « Où toute requête doit-elle passer par un chef de Clan ? » La moue boudeuse, l'air innocent, je ne trompais pourtant personne. Darius allait vite se rendre compte qu'une idée germait doucement dans ma tête, et malheureusement, il était possible qu'il ne réponde pas à ces questions. Par précaution. « Tu viens de dire que tu n'y croyais pas. Tu as participé à bien des guerres de ce monde, alors une de plus ne te fais pas peur, c'est ça ? Peut-être même que ça t'excite... », l'agressivité, soudain, fit montre de mon impatience. « Ca n'intéresse personne de protéger les siens... ? » balbutiai-je, plus calmement, victime de ma prise de conscience. La compassion, le souci de l'autre, tout ça c'étaient des concepts étrangers à la plupart d'entre nous. Il en était probablement ainsi pour le Mortefilis. Alors, pour quoi se battaient-ils ? Pour la gloire, en quelque sorte... Pour faire perdurer la Race, s'imposer en Seigneurs... « Pourquoi ne font-ils rien ? Je suis d'accord avec toi sur la supériorité des humains, ils ont les armes, ils ont le nombre... La Race est sur le point de s'éteindre, et ils s'en moquent ? Avec les Sorciers et les Lycanthropes, on pourrait s'en sortir... » L'ennui, c'était que nous n'avions jamais été prompts à prendre des risques les uns pour les autres, comme en témoignait la Guerre précédente.
« Si tu avais quelque chose à perdre. Quelque chose de plus important que ta propre vie. Que ferais-tu ? Que ferais-tu à ma place ? »
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| | | Darius Von Verlagen
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▌A débarqué le : 28/12/2012 ▌Parchemins : 1516 ▌Quantité de sang disponible : 22876 ▌ Code couleur : #8B0000 - darkred ▌Age du personnage : 103 ans ▌Rang : Membre du clan Blackstone ▌Job : Chasseur de primes et expert en armes à feu ▌Citation : There's a beast in every man and it stirs when you put a sword in his hand.
| Sujet: Re: This is how the world ends [Tess] Mer 27 Fév - 1:11 | |
| Il aurait pu répondre que personne n'était totalement innocent. Que dès la naissance, par ses parents, par son origine ethnique, par le choix de confession de ses aïeux, on était condamné à être bourreau ou victime. Personne n'était jamais innocent – on payait toujours les erreurs de ses ancêtres.
Il aurait pu lui répondre ça. Si Tess n'avait pas parlé de sa fille.
Darius en avait entendu parler, vaguement. Il savait que Tess avait été une sorcière, avant d'être transformée par Asher, seulement quelques mois auparavant – plus ou moins au même moment où il avait rejoint les Blackstone, en réalité. Il savait aussi que si Tess cherchait désespérément à se contrôler et garder son humanité, c'était en grande partie pour pouvoir voir sa fille. Pour ça, peut-être plus que pour toute autre chose, Darius la respectait.
Il perdit légèrement de sa glaciale assurance, devant la détresse qu'affichait la néo-vampire, l'amertume dans sa voix. Et il n'aimait pas ça. Il n'aimait perdre le contrôle, il n'aimait pas sentir cette pointe d'humanité qui cherchait à se manifester, à prendre pitié de la vampire face à lui. Il n'était pas là pour lui servir de confident ou la consoler, il était simplement là pour s'assurer qu'elle resterait en vie. Rien de plus. Alors pourquoi se sentait-il amer devant ses mots, presque touché malgré lui ?
Reléguant implacablement ces résidus d'humanité au plus profond de lui-même, il écouta la suite des propos de l'Infante. Trop d'informations, trop rapide, trop de questions. Pourquoi lui demandait-elle à lui ? Cherchait-elle à le déstabiliser, à lui faire dire ce qu'elle espérait entendre ? Cherchait-elle à l'impliquer dans une sorte de rébellion stupide, une façon de court-circuiter Asher ? Il ne savait pas ce dont Tess était capable, mais cette curiosité mal placée ne lui disait rien qui vaille.
Darius n'aimait vraiment pas cette avalanche de questions. Et il ne gobait pas un seul instant l'allure innocente qu'affichait Tess. Ses questions étaient par trop ciblées pour être de la pure curiosité. Et vu le chemin que prenaient ses interrogations, ses idées étaient loin d'être inoffensives.
Bon Dieu, pourquoi Asher l'avait-il laissée seule avec lui ? Ce n'était pas à lui de lui causer de politique et répondre à ses questions sur la politique que le clan allait mener.
« Je ne connais pas bien l'Autorité et je ne sais honnêtement pas ce qu'ils vont faire ou sont capables de faire. Je ne me suis jamais retrouvé dans un conflit de vampires. » Une façon d'éluder ses innombrables questions. Ce n'était pour autant pas un mensonge. L'Autorité voudrait-elle pousser les vampires à s'allier aux autres races ? Peut-être bien, si la survie des vampires en dépendait, même s'il en doutait. Quant aux demandes d'audience...Gott, il n'en savait strictement rien, plus il se tenait éloigné du Conseil, mieux il se portait.
« Tu viens de dire que tu n'y croyais pas. Tu as participé à bien des guerres de ce monde, alors une de plus ne te fais pas peur, c'est ça ? Peut-être même que ça t'excite... »
La remarque était agressive, piquante et, pourtant, totalement vraie. Devait-il répondre à ça ? Non. Mais Tess avait raison sur un point : il aimait la guerre à un point qui frisait le malsain. C'était pour ça qu'il préférait s'en éloigner, aujourd'hui. Sur le champ de bataille, il retrouvait trop rapidement ses pires instincts, trop rapidement la joie perverse inhérente à la torture, la satisfaction terrible éprouvée à voir souffrir les autres. Dans ces instants-là, il ne se reconnaissait même plus. Tu es devenu tout aussi fou et avide de peur et de sang que Johannes. Darius n'avait pas peur de mourir, en soi – il était déjà mort. Mais la seule chose qui le faisait encore rester ici...c'était le mal. Parce que chasser, blesser, tuer était devenu une drogue dont il ne parvenait plus à se passer. Et savoir ça le dégoûtait d'autant qu'il en demandait toujours plus.
« La race ne s'éteindra pas. Cette guerre n'est qu'un conflit minuscule, ridicule, à l'échelle de La Nouvelle-Orléans. Peut-être s'étendra-t-il à la Louisianne – je doute qu'il atteigne tout le pays. Ce que l'Autorité voit ici, c'est une bombe à retardement qui risque de créer un précédent. Parce que si les vampires se font massacrer ici, le génocide pourra inspirer d'autres chasseurs ailleurs dans le monde. Et par mouvement de contagion, oui, la race pourra être en danger. Mais pas à ce stade-ci, pas encore. Ils seraient peut-être même capables de regarder les vampires de La Nouvelle-Orléans mourir, comme s'il s'agissait d'un test grandeur nature. »
Pas nous. Ils. Parce qu'il ne parvenait pas à s'inclure dans cette masse grouillante et frénétique qui s'en allait droit à l'abattoir. Parce qu'il voulait garder sa liberté et que, qu'importe qu'il fasse aujourd'hui partie d'un clan, il refusait de s'attacher de trop à cette ville. Ses racines étaient en Allemagne. Ce qui devait passer pour son cœur aussi.
« Si tu avais quelque chose à perdre. Quelque chose de plus important que ta propre vie. Que ferais-tu ? Que ferais-tu à ma place ? »
Que ferais-tu à ma place ?
Seigneur, si tu savais.
Il détourna la tête, répondit de la voix la plus neutre qu'il put :
« Je m'assurerais qu'ils sont en sécurité. Qu'ils n'ont pas à craindre qu'on leur fasse du mal. Même si ça veut dire en être éloigné pour toujours. » |
| | | Tess E. Littleton
« SERIAL KICKEUSE »
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| Sujet: Re: This is how the world ends [Tess] Lun 4 Mar - 11:01 | |
| « Je ne connais pas bien l'Autorité et je ne sais honnêtement pas ce qu'ils vont faire ou sont capables de faire. Je ne me suis jamais retrouvé dans un conflit de vampires. » Comme je l'avais pressenti, mes questions demeurèrent sans réponses. Il n'était pas anodin de s'interroger autant sur le Mortefilis, et, qu'il connaisse ou non la vérité, j'imaginais sans peine sa réticence à dévoiler de tels secrets. J'avais été de -trop- nombreuses fois témoin du manque de manières des vampires et il n'était pas difficile de songer à l'Autorité, réclamant la tête des importuns aux requêtes jugées insignifiantes. Et Darius était censé me protéger. Pas m'envoyer à la Mort. Son rôle avait été trop clairement défini par Asher lui-même pour l'impliquer dans une Fin certaine. Quant à mes maigres espoirs, aussi ridicules soient-ils, j'allais, sur ce point, devoir les placer en un vampire plus âgé, et moins aux faits des risques encourus. Car je savais déjà ô combien Asher détestait le Mortefilis et répugnait même à l'évoquer. Pour de bonnes raisons ou par éternel dédain de l'autorité, cela demeurait un mystère. Mais mon propre Sire ne serait certainement pas celui qui m'ouvrirait la Porte du Conseil.
Le traqueur semblait si sûr de lui... et la suite des révélations me fit l'effet d'un pieu en plein cœur. Sans le vouloir, il donna raison à toutes mes inquiétudes. Sa vision d'un monde encore plus détestable que mon cœur pur ne pouvait l'imaginer, menaça de libérer quelques larmes. Un groupe de 10 individus, je ne cautionnais pas, mais je pouvais comprendre. Un état tout entier, en revanche... N'étions nous pas le plus peuplé au monde ? « J'espère que tu as tort, parce que la moitié de leurs sujets vivent ici. En Louisiane », soupirai-je, la voix cassée par l'émotion. Des perspectives trop peu joyeuses pour la personne que j'étais. Mais la moitié... non. Le Vampire avait raison. La Fuite avait déjà commencé, pour les plus malins. Les rues ne comptaient plus de solitaires, j'entendais souvent Asher le dire. Quant au Conseil... « Alors pas besoin d'aller les visiter, j'imagine. » A moins de trouver de quoi les faire changer d'avis. « Tu es en train de me dire qu'ils ont peut-être organisé tout ça eux-mêmes pour examiner les premiers effets sur la population mortelle ? » Oui. C'était exactement ça. Ce détachement dont il faisait preuve, cette indifférence dans sa voix... Elle se trouvait là, la différence. Que ce soit bien ou mal, il s'en moquait. Il disait simplement ce qui était. La vérité, enjolivée d'aucune admiration, ternie d'aucun orgueil mal placé.
J'eus du mal à faire taire un petit rire sardonique, nerveux. La Conclusion était claire : nous étions perdus. J'étais convaincue que les massacres ne s'arrêteraient pas là et que l'attentat du Bloody Mary n'était qu'un avant goût de tout ce que nous allions être amenés à subir. J'imaginais sans peine la détresse de la ville, la vengeance des humains sur nos carcasses mortelles, quoiqu'on les sublime d'un caractère éternel qui ne l'est pas tant. J'aurais pu simplement me laisser mourir face à tant d'évidence. Mais c'était trop tard pour être lâche. J'avais fait un choix, dix ans plus tôt, qui ne m'en laissais plus le droit.
Et, les larmes aux yeux, j'acceptai enfin la dure réalité. Celle que le meurtrier n'hésita pas à prononcer, froid, vide, alors que chacun de ses mots était un coup de poignard abattu sur ma poitrine. « Je m'assurerais qu'ils sont en sécurité. Qu'ils n'ont pas à craindre qu'on leur fasse du mal. Même si ça veut dire en être éloigné pour toujours. » Je m'écroulai. Lentement, glissant au pied d'un lit peu accueillant, jusqu'à tâter suffisamment le sol pour ne pas descendre plus bas ; des larmes de sang rougissant mes joues pâles, que j'essuyais à mesure, aussi crispée qu'un félin enragé.
Était-ce vraiment la vérité que je refusais de voir ? Au fond, cette recommandation était valable pour tout. Pour notre situation, pour notre condition... C'était mot pour mot ce qui m'avait valu ma période suicidaire, cette impression constante de ne jamais réussir à maîtriser ma Bête et de devoir me résoudre à abandonner mon cœur pour toujours. Et de ce fait ma fille, mon unique raison de vivre. Depuis, j'avais dépassé ce stade, sans être toutefois capable encore de vivre à ses côtés. Et si Darius avait raison ? S'il valait mieux que je ne la retrouve jamais, et que je l'envoie loin de tout ça ? Et de moi, du monstre que j'étais devenu et de ses implications dans le monde de la Nuit ? Mes songes avaient déjà effleuré une telle possibilité. Et bien vite, je l'avais balayée. J'étais prête à donner ma vie pour sauver la chair de ma chair, mais, une question demeurait encore, cruelle. « Si je ne suis plus là pour veiller sur elle, qui le fera ? » J'étais capable de faire confiance à son père mais ce dernier avait des responsabilités ici qu'il n'était pas prêt à abandonner. Du moins, pas encore. Et l'emmener ailleurs ne pouvait tout de même garantir sa sécurité. Il pouvait arriver n'importe quoi, n'importe où. Ici ou dans l'au-delà, je me savais capable de me sentir coupable pour l'éternité, sachant que je n'aurais pas été là, une malheureuse petite fois de trop, pour la protéger.
Alors, je m'enflammai. Les yeux d'un rouge flamboyant, les pupilles dilatées, le visage tâché de sang séché, je relevai la tête, doucement, et avouai, les poings serrés ; « Je tuerai des humains. Des centaines, des milliers, si c'était le seul moyen de la sauver... » L'amour de la Mère, celui de la Bête, l'Instinct. L'égoïsme, dépassant tout, pour peu qu'on me laisse mon Cœur... Je savais que j'étais capable du Pire, pour Elle. Et que ça n'avait rien d'une nouveauté. Vampire ou non, en dépit de tous mes principes, j'étais rongée par l'Instinct Maternel. Aussi douloureux soit-ce, j'en pris conscience pleinement, et l'avouai, pour la première fois, à un parfait inconnu. « Et pourtant je lui ai toujours répété qu'il était plus humain, plus honorable, de privilégier la vie de plusieurs personnes à celle d'un seul être. Qu'il était immoral de sacrifier des vies innocentes pour satisfaire sa volonté propre... » Des larmes, encore, vinrent obstruer ma gorge, et j'ajoutai, dans un dernier sanglot ; « Je suis tout le contraire de ce que je voulais lui montrer. Comment pourra-t-elle y trouver le moindre sens ? »
Vu sous cet angle, c'était effectivement sans issue. Une nouvelle leçon de vie qu'il me fallait apprendre, une candeur trop ancrée qu'il me faudrait dépasser, au fil du temps. On ne peut toujours faire bien. Ni demeurer le modèle que l'on s'est imposé. Quels que soient nos choix, il y a toujours quelqu'un qui en souffre. - Spoiler:
HJ : sorry pour ce blabla larmoyant mais c'était un nouveau volet de Tess au Pays des Vampires
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| | | Darius Von Verlagen
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| Sujet: Re: This is how the world ends [Tess] Mar 12 Mar - 15:35 | |
| Tess était-elle naïve ? Ou avait-il trop vu la barbarie humaine à l'œuvre pour n'avoir plus aucune foi en l'être humain – et encore moins en les êtres qui se disaient supérieurs aux simples mortels ?
« J'espère que tu as tort »...l'espoir. Quand est-ce que l'espoir avait réussi à mener à quoi que ce soit ?
Il y a trop de vampires, avait-il envie de lui répondre. Il y a trop de vampires par rapport au nombre de mortels, trop pour passer inaperçus, trop pour ne pas représenter un danger. La nature s'était toujours auto-régulée, c'était la chaîne alimentaire, il fallait un certain nombre de victimes pour un certain nombre de prédateurs. Si les vampires devenaient trop nombreux, proliféraient de façon exponentielle, comment envisageait-on l'avenir ? Un élevage d'humains pour nourrir les vampires, comme dans tout film d'horreur de série B mêlant dystopie et fantastique ? Il était normal que les humains aient peur, normal qu'ils cherchent à les éliminer. S'il était resté humain, nul doute qu'il aurait fait exactement la même chose. Hell, même vampire il tuait des vampires, ça voulait tout dire, non ?
Il n'avait même pas besoin de répondre à son interrogation. Elle n'était que rhétorique. Elle savait la vérité, comme toute personne pouvait la deviner, en réfléchissant un peu. On avait tellement conditionné les humains à faire confiance aux institutions, aux gouvernements, aux hautes sphères qu'ils n'arrivaient même plus à penser par eux-mêmes. Au fond, la population était un simple jouet dans les mains des politiques, un simple jouet qui n'avait aucun poids. Tout le monde était un pion sur le grand échiquier du monde et que la partie soit remportée par le côté Blanc ou Noir, les pions seraient toujours sacrifiés en premier.
Elle craqua. Comme tout être qui réalise que le monde dans lequel il vit n'est pas celui dans lequel il croyait évoluer. Non, le monde n'est pas beau. Non, ce ne sont pas les gentils qui gagnent. Non, il n'y a pas de fin heureuse. C'était la vérité, mais trop de gens ne parvenaient pas à l'accepter. Pourquoi encore lutter, alors ? Parce que l'humain est rongé par des maladies qui se nomment foi, espoir et envie.
Il la vit s'écrouler lentement au sol, tel un pantin disloqué dont on venait de couper les fils. Les joues maculées de sang, de ces larmes qui ne faisaient que prouver un peu plus leur nature monstrueuse.
Elle réalisait. Elle réalisait et elle était en train de changer. Darius la regarda sans bouger, sans chercher à la réconforter ou l'aider, presque comme s'il s'agissait d'un spectacle curieux mais sans réel intérêt. Il était aussi passé par là, longtemps auparavant. Ce n'était qu'une phase.
« Si je ne suis plus là pour veiller sur elle, qui le fera ? »
Il fut légèrement surpris par cette question. Sûrement Tess n'était-elle pas tout ce que l'enfant avait. Elle devait bien avoir un père, une grand-mère, une tante, qu'importe ?
« Son père. Et s'il ne peut pas, la famille. Grands-mères, grands-pères, oncles, tantes, cousins, neveux, nièces, qu'importe. Tu dois bien avoir des parents ailleurs ? Même de proches amis suffiraient. »
Tant que tu la gardes éloignée et protégée. Mais il n'avait pas besoin d'ajouter ça. Tess comprendrait.
Et là, le changement. Attendu et pourtant encore surprenant dans sa réalisation. Elle avait semblé tellement déterminée...mais après tout, n'était-ce pas normal ? Tôt ou tard, les bonnes résolutions s'effondraient. La bravoure idéaliste était remplacée par le froid sens pratique. Tue ou sois tué. La plus vieille règle du monde.
« Je tuerai des humains. Des centaines, des milliers, si c'était le seul moyen de la sauver... »
Il ne put empêcher un léger sourire de fleurir sur ses lèvres, à cet instant. Cruel ? Peut-être. Mais il voyait Tess enfin accepter sa nature et devenir réellement vampire, enfin laisser tomber ses beaux principes moraux. Par amour pour sa fille. Un amour qui, dans le même temps, la retenait et voulait la faire demeurer humaine. Un étrange paradoxe.
Pourtant, il était en même temps presque...déçu de ce revirement de situation. Comme si une bataille avait été perdue, sans qu'il n'y ait eu quelque chose à y gagner. Il s'était dit que peut-être elle, elle parviendrait à l'impossible. Concilier les deux natures – humaine et vampire.
Pourtant, c'était vers lui qu'elle cherchait un vain réconfort, un conseil qu'il était en réalité incapable de prodiguer. Il avait laissé le vampire gagner – car le Monstre qui avait précédé la Bête avait déjà été trop fort, avant cela.
« Et pourtant je lui ai toujours répété qu'il était plus humain, plus honorable, de privilégier la vie de plusieurs personnes à celle d'un seul être. Qu'il était immoral de sacrifier des vies innocentes pour satisfaire sa volonté propre... Je suis tout le contraire de ce que je voulais lui montrer. Comment pourra-t-elle y trouver le moindre sens ? »
Il poussa un soupir. C'était Asher qui aurait dû être là, pas lui. Mais Asher aurait-il compris la détresse de son Infante ? Il ne connaissait que le vampire, pas ce qui avait pu être l'humain, derrière le chef de clan. Peut-être qu'avec les siècles, il avait perdu toute trace d'humanité. Darius n'en savait rien. Même s'il le considérait comme une faiblesse, Darius conservait un reliquat d'humanité (une façon tordue de tenir une promesse qui n'avait même plus lieu d'être). Mais pour encore combien de temps ?
« Tu réagis à vif. Un groupe d'humains bien armés et entraînés aurait raison de toi, même avec toute la meilleure volonté du monde. Tu n'es pas encore assez forte et tu manques d'entraînement. Agis à ton échelle, de la façon qui t'est la plus appropriée. Un fou ne peut pas jouer les coups d'un cavalier – n'essaie pas de jouer les héroïnes si tu risques de te faire tuer. Ce n'est pas en mourant que tu la sauveras. »
Pas de ton dur ou tranchant, moralisateur. Non, juste la pure et simple vérité, énoncée calmement. Peut-être s'offusquerait-elle à nouveau de son calme à toute épreuve. Mais se monter la tête en pareille situation ne faisait que mettre un peu plus le feu aux poudres.
Il se détacha enfin du mur, avança puis s'abaissa lentement jusqu'au niveau de Tess. Regarda les yeux flamboyants et les larmes carmines comme s'il s'agissait d'une bête aux abois. Blessée et cassable. Si facilement cassable.
« Tu te poses trop de questions. » murmura-t-il, comme si un ton plus bas pouvait la calmer, l'apaiser. « Ta fille t'en voudra peut-être aujourd'hui, mais elle comprendra plus tard que c'était nécessaire. Qu'il faut parfois faire des sacrifices, pour le plus grand bien. » |
| | | Tess E. Littleton
« SERIAL KICKEUSE »
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| Sujet: Re: This is how the world ends [Tess] Lun 18 Mar - 9:24 | |
| Je ne l'aimais pas. Je n'avais aucune sympathie pour cet homme qui tuait sans compter, uniquement pour l'argent et certainement par plaisir ; et pourtant j'étais là, agenouillée à ses pieds, à pleurer, me confier... qu'était-il, sinon un parfait inconnu ? Un meurtrier. Ce que je ne voulais surtout pas devenir, que j'abhorrais... Ses plaisirs étaient ceux que je reprochais à mon bien-aimé. Et pourtant. La présence de Darius avait été un mal nécessaire. Il m'avait permis d'ouvrir les yeux, comme si contempler l'horreur de la Vie, la Misère de mon existence m'avait enfin aidée à m'accepter. Non pas en tant que Vampire, mais que mère... car dans ce corps ou dans un autre, mortel ou immortel... les enjeux étaient les mêmes.
Mon humanité ne s'était pas éteinte. Elle était tellement ancrée en moi, encore aujourd'hui, que je doutais qu'on puisse un jour me l'enlever. De toute manière, je ne le permettrai pas. C'était là un cadeau que je ne devais pas gâcher. Une bénédiction qui m'avait révélée capable de me contrôler là ou bien d'autres avaient échoué. Je devais encore travailler, mais je ne devais tout simplement pas oublier que j'étais capable de faire mentir les statistiques ; j'allais faire tout mon possible pour demeurer la femme juste et compatissante que j'étais ; seulement il ne servait plus à rien de se faire d'illusions ; oui j'avais été naïve, et oui, sans doute allais-je le rester encore quelques temps. Mais je ne pouvais pas et ne pourrais jamais sauver le monde entier. Je ne m'en sortirais pas si je passais mon temps à culpabiliser pour mes propres fautes et celles des autres. Les choses étaient ainsi et je devais me faire aux sacrifices. Rester prête à sacrifier à mon tour si nécessaire... pour protéger les miens, ou servir une noble cause. Ne l'était-ce d'ailleurs pas, noble, que de vouloir préserver sa famille ? Je pouvais me battre pour eux, tenter de créer des alliances, mais... j'allais devoir tuer, moi aussi. Que peut-on faire d'autre face à des gens qui refusent d'entendre raison ?
« Tu réagis à vif. Un groupe d'humains bien armés et entraînés aurait raison de toi, même avec toute la meilleure volonté du monde. Tu n'es pas encore assez forte et tu manques d'entraînement. Agis à ton échelle, de la façon qui t'est la plus appropriée. Un fou ne peut pas jouer les coups d'un cavalier – n'essaie pas de jouer les héroïnes si tu risques de te faire tuer. Ce n'est pas en mourant que tu la sauveras. »
Il avait raison. Malgré tout, désormais, j'étais passée de l'autre côté. J'étais l'ennemie à abattre, le monstre... et comment en vouloir aux humains de céder à la panique ? J'étais encore convaincue que ce n'était pas tant l'inconnu qui les poussait à vouloir notre mort, mais plutôt les témoignages des victimes. Tout ça, c'était bien la faute de tous ces vampires sanguinaires, sans foi ni lois, ou presque. Comment pouvait-on avancer si jamais personne ne faisait d'efforts, ni d'un côté, ni de l'autre... ? Aujourd'hui c'était trop tard pour convaincre les populations. Ils étaient déjà en marche et ne nous pouvions rien faire d'autre que combattre, prouvant une fois de plus notre nature cruelle et affamée. J'étais condamnée à devenir la créature maléfique en tentant désespérément de sauver mes proches... quelques vampires, des lycanthropes, beaucoup d'humains... Maintenant je n'avais plus que ma raison, pour me convaincre de la justesse de mes actes. C'était là dessus que j'allais devoir travailler, plus encore que sur mes techniques de combat.
Relevant les yeux, essuyant quelques larmes, je finis par me redresser. J'avais un Maître en la matière, devant moi. Froid, déterminé, sans pitié... Pour agir ainsi, ne fallait-il pas qu'il croit profondément en ses propres lois ?
« Comment fait-on pour tuer sans regretter ? Pour se persuader qu'il n'y avait pas d'autre issue... » La vraie question était : comment fait-on pour agir à bon escient, sans ne jamais perdre son humanité. Mais pouvais-je lui en demander autant ? Je doutais qu'il ait conservé la sienne, et je savais d'avance qu'il allait me falloir combiner les deux, toute seule. Utiliser ses techniques sans y plonger totalement.
« Apprends-moi à me battre et à protéger les gens que j'aime. » Je pouvais le faire. |
| | | Darius Von Verlagen
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| Sujet: Re: This is how the world ends [Tess] Dim 24 Mar - 12:34 | |
| Elle se redressa, une nouvelle détermination s'imprimant à chacun de ses gestes. Résolue. Résolue à se battre. Ses raisons ? Elles n'intéressaient que peu Darius. La transformation était effectuée – ou du moins avait-elle commencé. Tess serait moins fragile, à partir de maintenant...si tout allait bien.
Se redressant à son tour, il ne s'éloigna pas pour autant, comme il l'avait fait plus tôt. Il sentait que cet échange – interrogatoire ? confession ? qu'importe – n'était pas terminé.
« Comment fait-on pour tuer sans regretter ? Pour se persuader qu'il n'y avait pas d'autre issue... »
Sa question ne le surprenait pas. Bien sûr, Tess était encore trop attachée à son humanité, c'était normal, elle n'était vampire que depuis récemment. Il supposait que pour un humain qui n'avait jamais tué auparavant, la question se posait toujours. Il imaginait que devoir tuer pour survivre était plus facile à accepter que tuer pour un quelconque autre motif moins "noble". Alors, on y était forcé, on n'avait pas le choix. Le danger était de prendre goût au meurtre. Et en regardant Tess, là, de pâles traces de larmes encore sur joues, chamboulée à l'idée de cette guerre qui s'annonçait et de ce qu'elle allait devoir faire pour survivre, il se dit qu'il y avait peu de chance que cela arrive.
Avait-elle déjà tué elle-même ?
« Ne pense pas. Ou pense plutôt, pense que c'était nécessaire. Que tu as éliminé une menace, que tu as sauvé une vie en en éliminant une autre. Répète-toi que tu as agi pour le mieux, encore et encore et tu finiras peut-être par y croire. »
Il n'allait pas lui mentir. Il n'y avait pas de solution miracle. Pas de formule magique ou de mantra qui vous permettrait de changer votre nature profonde. Il fallait apprendre.
Ça avait été sa première leçon, pendant la Guerre. N'y pense pas ou tu finiras fou. Fou de sang ou fou de culpabilité. Le premier meurtre fracassait toujours l'âme et révélait l'humain tel qu'il était : meurtrier ou victime. Il fallait accepter – il n'y avait pas d'autre choix.
Mais il n'aurait pas cru que sa question prendrait un tel tour.
« Apprends-moi à me battre et à protéger les gens que j'aime. »
« T'apprendre ? »
Il était stupéfait. Certes, il avait déjà dû superviser des jeunes soldats lors des guerres, prendre en charge des nouvelles recrues, c'était normal de transmettre son savoir aux plus jeunes, c'était avec les vétérans qu'on apprenait mais ça...Il s'était peut-être déjà improvisé maître d'armes et appris les bases de défense à l'un ou l'autre mais...tous ses "élèves" avaient été mortels. Apprendre à un vampire à se battre était autre chose. On n'apprenait pas à se défendre et sauver sa peau alors, mais à tuer et attaquer. Ou était-ce vraiment ce que Tess voulait ? Il en doutait.
Il faillit demander « Asher ne conviendrait-il pas mieux ? » mais révisa son jugement. Asher était beaucoup plus vieux que lui et plus puissant, mais sa Bête était aussi beaucoup plus virulente que la sienne. Peut-être n'aurait-il pas la patience ou la méthode adéquate pour apprendre à son Infante. Ce que Darius n'avait pas en puissance, il le compensait en ruse et stratégie. Pour une vampire aussi jeune que Tess, de telles méthodes conviendraient peut-être mieux que du combat pur.
Et puis, peut-être Asher était-il tout simplement trop occupé. Darius n'enviait pas sa position de chef de clan, surtout depuis l'attentat du Bloody Mary. Trop de destins étaient à sa charge, trop de choses étaient en jeu pour qu'il fasse passer ses intérêts personnels avant ceux du clan.
Darius soupira. Il n'avait rien d'un professeur, mais pouvait-il vraiment refuser ? Jusqu'où exigeait-on sa loyauté ? Mieux valait peut-être ne pas le savoir.
« Avant de pouvoir apprendre à te battre, tu dois apprendre à te contrôler. Accepter ta nature et ne pas la rejeter. Maîtriser la Bête et ne pas la laisser gagner. Vivre avec elle, mais ne pas la laisser prendre le dessus. Sinon, tu ne vaux pas mieux qu'un animal. »
Certaines personnes arguaient que la nature incontrôlable des jeunes vampires pouvaient jouer en leur faveur dans un combat. Que, lâchés ainsi, ils étaient redoutables car moins sensibles à leurs limites, physiques comme morales. Darius n'était pas d'accord. Un jeune vampire qui ne se contrôlait pas, c'était comme se battre avec une lame sans manche. On risquait plus de se couper soi que blesser son adversaire.
La jeune femme n'allait pas aimer ce qu'il allait proposer mais il n'y avait pas meilleure solution. Pour apprendre à pouvoir se battre, il fallait être capable de réfléchir et tant que la soif l'emporterait sur la raison, elle ne parviendrait à rien.
« Je dois savoir. As-tu déjà chassé seule, sans surveillance, sans t'être déjà nourrie auparavant ? » |
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