J'ai raconté ma vie à si peu de gens. J'ai parfois l'impression que cette histoire n'est pas la mienne, qu'elle appartient à une étrangère. Il fut un temps où j'essayais de l'effacer entièrement, de m'en débarrasser. J'ai finis par réaliser que cela ne fonctionnait pas ainsi et que la douleur ne partirait pas en même temps que les souvenirs. En revanche, le temps a sut effacer le tout début ; avant qu'il ne s'évapore pour de bon, je l'ai couché sur le papier. Voici donc ma vie, celle d'avant et d'après ma mort.

J'étais l'ainée de trois filles et un garçon. J'ai grandis dans la richesse et l'opulence, ma famille appartenant à la noblesse romaine. Je n'ai pas tout à fait eut une jeunesse banale. Ma mère était une manipulatrice, froide et déterminée ; elle veilla à insuffler en moi le désir puissant de m'élever et ainsi d'élever ma famille en même temps. Je devins aussi douée pour la séduction qu'une gamine de 18 ans peut l'être, et parvint à m'approcher d'hommes puissants, dont les noms m'échappent pour de bon. Tous mes petits rêves de gloire s'évanouirent quelques années plus tard quand César fut déchu par Octave. La sécurité relative de Rome s'acheva, et je m'enfuis en compagnie d'un riche homme pour lequel je n'avais pas l'ombre d'un sentiment. En revanche, il m'offrit sa protection, dans sa petite maison de campagne, et à 24 ans je donnai naissance à Quintus, petit garçon que je me mis à chérir sans limites. La vie s'écoula ainsi jusqu'à ses 9 ans. Alors que mon mari était absent, des vampires attaquèrent la maison, tuèrent les domestiques et voulurent faire de moi l'une des leurs. Je les suppliais alors de faire de même avec mon fils, ne pouvant supporter l'idée de le perdre. Ainsi fut-il. Pendant des années il fut encore le centre de mon monde, bien que ce monde soit devenu celui de l'obscurité. Mais le corps d'un enfant ne saurait accueillir l'âme d'un vampire, comme tous les vampires le savent à présent. Quintus perdit la raison, perturba l'équilibre du clan et nous fit en opérant des attaques répétitives et en laissant ses victimes défigurées. Le Conseil menaça de l'exécuter, et nous primes la fuite. Mais il ne trouva jamais la paix, et continua d'engendrer des désastres.

Je pris alors la décision la plus difficile de mon existence, celle qui aujourd'hui encore me ronge comme le soleil ; je le tuais de mes propres mains. Dans l'intérêt de tous. Mon cœur se brisa, et rien depuis ce jour n'a sut réparer ma peine. Après cela, j'errai durant près d'un millénaire, et seules les quelques rencontres que je fis m'empêchèrent de sombrer pour de bon dans une folie destructrice. Vittorio, Alessandro et Luthìan me firent renaître de mes cendres. Vittorio ne remplaça jamais mon fils mais apaisa ma blessure. Alessandro fut un ami tel que je n'en avais jamais eut. Luthìan fut celui à me rendre la volonté de vivre. Ensemble, nous fîmes de grandes choses, et beaucoup nous craignaient. Mais le sentiment de supériorité qu'il étalait, même devant moi, finit par m'être insupportable, et je quittai ce compagnon pour créer mon propre cercle de vampires ; je créai en Italie mon propre clan, qui fut bientôt reconnu en Europe, puis rejoins la Nouvelle-Orléans, ville fascinante. Vittorio fut un allié utile, mais si certains lui prêtent autant de pouvoir qu'à moi, ils font fausse route...