5 août 374 ; Bretagne

"Celui qui se sera étudié lui-même sera bien avancé dans la connaissance des autres."
Denis Diderot

Il faisait sombre alors qu'un cri retentit dans la nuit. Des pleurs se firent entendre et puis plus rien. Dans la maison en torchis, une faible lumière éclairait les habitants ; on pouvait voir une femme fatiguée qui venait à peine de s'endormir dans son lit et un homme tenant dans ses bras une nouvelle née à la chevelure enflammée. Un seule parole sortit de l'imposant guerrier :
- Maelenn...
A cette époque-là, c'était presque un miracle que l'accouchement se soit aussi bien passé, car il n'y avait ni sage-femme, ni médecin ; seulement le druide. Qui plus est, ils n'avaient pas réellement besoin de tout ça, les dieux étaient avec eux, Brigit veillait sur la maisonnée entière. Très faiblement, une petite voix féminine s'éleva dans la pièce.
- Elle va bien ?
- Ne t'en fais pas mon amour, elle se porte comme un charme. Je te présente notre fille, Maelenn, la princesse ; notre princesse.
La jeune mère poussa un long soupire et s'endormit paisiblement. La petite Maelenn poussa un long bâillement et s'endormit elle aussi, dans les bras de son père.

Février 394 ; Bretagne

"On a day - alack the day ! -
Love, whose month is ever May,
Spied a blossom passing fair
Playing in the wanton air"
Shakespeare

Je m'appelle Maelenn, j'ai 19 ans et je suis bretonne. Je vis dans un petit village très confortable, non loin de l'île, l'île où le peuple celte vit en paix et non sous le joug des romains et des envahisseurs du nord... Mais cela est une autre histoire. Aujourd'hui est un jour spécial ; c'est le premier jour du printemps et pour cette occasion, une grande fête en l'honneur de la nature est organisée sur la place. Tous les préparatifs pour Imbolc étaient terminés et il ne manquait plus que les proies ramenées par les hommes partis chasser plus tôt dans la journée. Sans vous mentir, je dois avouer que je suis assez impatiente... La fête d'Imbolc donnée en l'honneur de la déesse Brigit était ma préférée sur toute l'année. Maintenant, il ne maquait plus que la nuit... Attendre la nuit, qui vint sonner à nos porte telle la caresse d'une mère attentionnée. Tout se passa merveilleusement bien : le druide invoqua les esprits et leurs clémence, leur demandant fertilité pour nos terres et prospérité pour le village. Comme à chaque fois, je frissonnai devant la beauté de la cérémonie. Puis une fois terminé, tout le monde partit festoyer sous l'air de musique bretonne jouée par des biniou kozh, quelques harpes, des épinettes et les merveilleuses voix féminines. En cours de festivités je m'échappai pour aller chercher un lainage, le temps se refroidissait et la soirée s'annonçait encore longue.
- Belle soirée, n'est-il pas ?
Je sursautai et me figeai. La voix était féminine mais elle m'était inconnue. Comment avait-elle fait pour rentrer dans le village sans que personne ne la voit ? Je me retournai et lui fit face, souriant.
- Oui, très belle. Surtout pour fêter Imbolc. Au fait, je ne pense pas qu'on se soit déjà rencontrées. Je m'appelle Maelenn, enchantée.
- Haaaah, Imbolc... Merveilleux moment de l'année. Non, en effet je viens d'arriver, moi c'est Evalyn, dit-elle en sortant de l'ombre.
C'était une très belle femme qui devait avoir entre vingt-quatre et trente ans ; de longs cheveux roux cascadant en belles vagues presque indomptables jusqu'à sa taille, des yeux d'un bleu perçant et une peau encore plus blanche que la mienne. Elle ne semblait pas venir d'ici, mais elle était définitivement Celte. Peut-être venait-elle des tribus celtes qui étaient sur l'île ? Elle avait entendu parler d'eux par son père.
- Dis-moi Maelenn, ça te dérangerait de m'accompagner jusqu'à la célébration d'Imbolc ?
Je secouai la tête et lui demandai d'attendre quelques instants. Je revint avec deux lainages, un pour elle et l'autre pour moi.
Après ce jour-là, elle revint me voir presque tous les soirs. Nous devînmes de très bonnes amies. Et puis un jour...

Octobre 398 ; Bretagne

"Une chute sans fin dans une nuit sans fond, Voilà l'enfer."
Dante Alighieri

Mes parents voulurent me marier à un homme. Certes, c'était leur droit le plus légitime mais... Moi je n'en avais pas envie. Je ne voulais pas rester toute ma vie cloîtrée dans une maison à tisser et cuisiner... Je rêvais de liberté et d'indépendance et rien d'autre... Mais mes parents avaient planifié ça autrement.
Le soleil venait de se coucher et il ne faudrait pas longtemps avant qu'elle soit là. Couchée auprès d'un arbre, admirant le dernier bout de soleil se coucher, je sentis un vent froid dans mon dos. Las, je me retournai tout en essuyant pour la centième fois de la journée mes larmes. Elle était là, les cheveux flottant dans le vent, telle une guerrière admirant son champ de bataille. Elle s'avança tout doucement vers elle souriant d'un air paisible.
- Qu'y a-t-il Maelenn, pourquoi pleures-tu ?
- ...
- Tu sais bien que tu peux tout me dire. Raconte-moi tout.
- Très bien, promets-moi de ne pas rigoler alors... Mes parents veulent me marier à un homme. Ils veulent m'enchaîner à une maison à faire des corvées et m'occuper de tout... Je ne suis pas faite pour ça ! Moi je rêve de liberté, je rêve d'indépendance et de pays lointains... Comme la liberté de ce peuple, ceux qui ont osé défier Rome et qui ont éloigné les envahisseurs. Ce qu'ils a fait pour leur peuple... Cette liberté qu'ils leur ont donné au péril de leurs vies, lui et ses soldats, voilà ce dont quoi je rêve, d'une liberté tenace, aux fondations profondément ancrées dans ma vie, dans mes principes... Elle se tu un petit instant et ajouta ; dis-moi, comment c'est, l'Irlande ?
- Et c'est ça qui te met dans cet état ? Franchement il y a pire comme situation. Comment est l'Irlande ? Pas très différente de la Bretagne. On a de très grandes forêts, des étendues vertes à perte de vue... Des fleuves... La mer. C'est très beau ! Pour ce qui est de liberté, je ne peux que te comprendre Maelenn. Moi-même j'en ai rêvé et regarde où cela m'a menée ! conclu-t-elle en souriant.
- Je vois...
Evalyn se tu quelques instants à son tour, parut réfléchir intensément et puis soupira. Elle semblait contrariée...
- Maelenn, ça te dirait de voyager avec moi ?
- Pardon ?
- Tu m'as très bien comprise. Est-ce que tu veux voyager avec moi ? Répéta-t-elle.
- Oui, je ne veux que ça, mais... Si seulement c'était possible...
- Il y a un moyen... Mais es-tu prête à tout perdre pour ce faire ? Famille, village, jour...
- Je suis prête à tout !
Tout devint flou. Evalyn disparut en un battement de cils et je me figeai... Comment avait-elle fait ça ? D'un coup je sentis quelque chose me transpercer le cou. La douleur était vive et peu à peu mes forces m'abandonnaient. Que se passait-il ? Que me faisait-elle ? Tant de questions sans réponses. Et puis, tout devint noir ; ou presque. Je me rappelle avoir bu quelque chose de chaud et au goût ferreux et puis plus rien.
Je me réveillai d'un coup. Ma tête était lourde et mes sens confus. Que s'était-il passé... Je me rappelle d'avoir parlé avec Ev' et puis... Je me retournait brusquement et je la vis assise dans un fauteuil.
- Doucement Maelenn, il est encore trop tôt pour gigoter de la sorte. Je veux que tu me promettes un quelque chose ; je veux que tu m'écoutes jusqu'au bout.
- Que m'as-tu fait ?!
- Justement, j'y arrive, calme-toi. J'ai ta parole ?
Je hochai de la tête calmement et l'écoutai attentivement.
- Très bien. Ce que je t'ai fait s'appelle l'étreinte, je t'ai en quelques sortes tuée pour que tu reviennes à la vie, plus puissante, plus rapide, plus vive et aussi ; éternelle. Ton touché, ta vue, ton odorat, ton ouïe... Tous ces sens ont été centuplés si pas plus... Maintenant qui sommes-nous ? Les humains croyants nous appellent dieux, d'autres nous appellent âmes errantes ou encore démons, mais nous préférons l'appellation vampire. Techniquement parlant, je t'ai rendue plus forte et éternelle mais tout cela à quelques inconvénients ; tu ne pourras plus jamais revoir le soleil car il te brûlerait vive, et tu devras te nourrir exclusivement de sang. Je sais que ça peut te paraître légèrement dégoûtant mais, crois-moi c'est tout ce que ton corps tolérera hormis l'alcool. Maintenant, pour ce qui est de l'age... Crois-moi, j'ai déjà plus de cinq-cent fêtes d'Imbolc à mon actif, si tu veux savoir... A ton avis, pourquoi dit-on que Belisama est rousse ? C'est pas pour rien !
Je restai sidérée devant ce qu'elle venait de dire. Était-elle vraiment ce qu'elle affirmait être ? Après tout, je ne pouvais que la croire, elle venait tout de même de me sauver d'une vie assez minable.

Novembre 1352 ; Irlande

"'Cause I'm a lonely stranger here,
Well beyond my day.
And I don't know what's goin on,
So I'll be on my way."
Eric Clapton

L'hiver était à nos portes et bien sûr, les gens sortiraient de moins en moins. Ce qui était assez fâcheux pour Ev' et moi. D'ailleurs en parlant d'Ev', elle m'avait dit qu'elle souhaitait me parler... Terminant ce que je faisais, je me dirigeai vers sa chambre. Comme d'habitude, elle trônait là, impassible et belle devant un feu de bois éclairant doucement la pièce. Dieu, qu'elle était belle !
- Tu voulais me parler ?
- Oui, assieds-toi s'il-te-plaît. Voilà, je pense qu'il est grand temps que toi et moi on prenne des routes différentes. Au départ, je voyageais avec toi par plaisir et égoïsme mais par la suite, il s'est avéré que tu devais faire des progrès en tant que vampire et que tu avais besoin de quelqu'un. Maintenant, je pense qu'il est temps que tu battes de tes propres ailes. Ne t'en fais pas pour moi, je suis une grande fille. Mais avant, j'ai quelques projets pour toi... Bien sûr, je passerai cet hiver ici avec toi mais dès que le printemps pointera le bout de son nez, je m'en irai et te laisserai toute seule. Maintenant, si tu me le permets...
Lentement, elle se leva pour s'approcher de moi. Je ne voyais pas trop où elle voulait en venir. Lui permettre quoi ? J'allais bientôt le découvrir ; me découvrir une passion que je ne pensais pas possible. Sa main s'avança vers ma joue et ses lèvres vinrent se poser sur les miennes. Sur le moment, je me figeai, mais rapidement, les instincts prirent le dessus. Je m'abandonnai à la sensation intense de la caresse divine de ses lèvres et ses mains commencèrent à voyager à leur gré sur tout mon corps. Mes mains, quant à elles prirent plaisir à descendre lentement vers sa taille pour caresser la courbe voluptueuse de ses fesses recouvertes par la soie sauvage du tissu de sa robe. Me soulevant, elle m'entraîna vers le lit, détachant progressivement ma robe. Me retrouvant complètement nue sous elle je savourai la caresse de la douceur de la porcelaine de sa peau, frissonnant à chaque contact. La suite appartient à votre imagination, car je ne sais pas où finira ce journal et les détails sont beaucoup trop intimes... Cependant, la soirée parut durer une éternité... Une éternité à savourer les plaisirs voluptés du corps féminin...

Décembre 1925 ; New York

"C’est ce que nous sommes tous, des amateurs, on ne vit jamais assez longtemps pour être autre chose."
Charlie Chaplin

Les années Charleston faisaient fureur et j'avais à mon actifs de nombres conquêtes aussi bien hommes que femmes. Chaque soir je me délectais des plaisirs des gorgées de sang goulûment bues à la source même, sentant le corps de la victime se battre frénétiquement pour survivre. Je ne les tuais que très rarement, et en générale, si elles devaient être tuées, c'était pour une très bonne raison. La vie humaine avait un sens et aussi un droit envers nous autres vampires. Nous étions tout en haut de la pyramide alimentaire, coexistant avec quelques races ou humains spéciaux. Si nous ne respections pas la nourriture, qui allait le faire ? Eux ? Non, ils n'avaient fait que se battre depuis l'aube des temps et nous autre n'avions fait qu'assister aux massacres perpétrés par l'homme, profitant de tout se chaos pour nous nourrir. Peut-être que finalement nous ne valions pas mieux qu'eux ? C'est vrai après tout, nous avions étés humains, jadis ; mais c'est ça qui faisait la différence. Jadis nous l'avions été, plus maintenant, alors qu'est-ce qui nous poussait à être comme eux ? Rien du tout. Certains choisiraient de les considérer comme du bétail et les tueraient sans vergogne mais moi, j'avais choisi de respecter leur droit le plus simple : vivre. Pendant plusieurs siècles, je n'avais fait que voyager, sautant de pays en pays, d'époque en époque et je n'avais jamais regardé en arrière. Depuis qu'Ev' était partie, je m'étais forgée mon caractère et ma propre réputation auprès des miens. Personne n'avait osé venir empiéter sur les propriétés qui avaient été miennes au cours des ans et ça n'était pas plus mal en mine de rien. Je me disais que quitte à vivre une vie sans limites, autant la vivre seule, sans attaches ni rien, mais en fin de compte, avec du recule, je me rendais compte que je me trompais lourdement.

Juillet 2007 ; Montréal

"- Mec, il faut prévenir quand t’en lâches un pareil. J’avais la bouche ouverte bordel !
- Écoute l’âne, si c’était mon pet, tu serais déja mort !"
Shrek

Haaaah, 2007 ! Nouvelle année, nouveau départ. Combien de temps cela fait que je n'ai plus écrit dans ce journal ? Dix ans ? Vingt ans ? Même pas, ça fait cinq ans. Comme le temps est détraqué quand en perspective on a plus à ressentir ses effets... C'est vrai, le corps reste tel que mais la mentalité, les connaissances et autres... C'est toute une autre histoire ! Quelle ville cette fois-ci ? Les Etats-Unis semblaient bien. Elle n'y avait plus remis les pieds depuis la guerre froide, depuis que les Russes se sont amusés à faire croire aux Ricains qu'ils possédaient plus d'armement nucléaire qu'eux. Franchement, ç'avait été un spectacle magnifique car c'était le bluff du siècle. Alors... Los Angeles ? Nan, trop... A la mode ? New York ? J'y était déjà allée il y a quatre-vingts ans non... La Nouvelle-Orléans ? Paraît qu'il y avait une situation assez bien. Trois clans résidaient là-bas, trois vampires puissants et connus... Enfin Blackstone était surtout connu aux US. Très bien alors, c'était décidé ; direction la Nouvelle-Orléans, ville de tous les vices à une époque bénie, vers 1750-1890 ... Enfin bon ! J'espérai y trouver un travail et un logement. Mais ça c'était accessoire. Ce qui était le plus important c'était de choisir un clan... Je me souvenais d'avoir entendu parler qu'un des trois clans était sous la tutelle de Luthìan, un ancêtre. Qui sait, j'allais voir s'il voulait bien m'accepter. Ou alors la vie en solitaire était peut-être le mieux... Et il me faudrait un nom de famille aussi... Pendragon ? Le dernier à ma connaissance à l'avoir porté c'était Arthur, comme le roi oui... Certes c'était un peu prétentieux mais ça ferait l'affaire. Maelenn Aalana Pendragon. Oui, c'était décidément le nom que j'allais utiliser pour un bon bout de temps ! Et bien, au lit, je préparerai toutes mes affaires en me réveillant plus tard et je prendrai l'avion dans la soirée. Il doit me rester quelques contacts là-bas. Il va falloir que je regarde dans mon agenda pour ça...

Septembre 2007 à Juillet 2012 ; La Nouvelle-Orléans

"- Quand je viens vous voir, pour vous demander des trucs ; c'est l'enchanteur que je viens voir ; pour qu'il m'donne des solutions d'enchanteur : pas des combines à la noix ou des remèdes de bonne femme ! Vous êtes mon enchanteur, vous êtes pas ma grand-mère, OK ? "
Le roi Arthur – Kaamelott

Cela faisait deux mois que j'étais ici. Finalement, je n'avais pas choisi de clan. A bien y repenser, en choisissant un clan, je me contraignais à obéir à quelqu'un alors que je n'avais passé que les 1600 dernières années à n'obéir qu'à moi-même. Certes, les humains étaient fournis et cela évitait pas mal de tracas mais... Non, au final, mieux valait ne pas en choisir un. Cependant, en deux mois de présence, je m'étais déjà familiarisée avec la ville. Il y avait ce club où cette jeune italienne chantait... Elle était belle, cheveux longs et noirs, peau étrangement pâle et ce style... Bien à elle. Sa voix avait une présence unique et elle dégageait une aura plutôt... Plaisante. Elle s'appelait Scarlet, mais son prénom était tout autre. Je lui offris un verre lorsqu'elle eut terminé ce soir-là. Nous discutâmes plusieurs heures en italien ; au début j'avais légèrement cafouillé car je n'avais plus utilisé mon italien depuis le XVIIe siècle et bien sûr, la langue avait subit de légères modifications et mon accent n'était pas d'aujourd'hui... Mais je réussis à me faire comprendre, c'était ce qui comptait ! Plus tard dans la soirée, nous fîmes l'amour. Ce fut intense, passionnel et très charnel ; il n'était pas question de la mordre, juste de prendre plaisir avec elle, de lui faire découvrir non pas des décennies de plaisir charnel, mais des siècles entiers. Un léger toucher sur l’ovale blanc de sa poitrine, une caresse dans son cou, des mordillements ci et là... Tout ça, parsemé avec une minutie telle et un petit jeu tellement sadique que l'attente du septième ciel en était presque douloureusement longue.

Deux ans s'étaient écoulés et elle et moi étions toujours ensemble. Cela me changeait fortement de ma solitude ; depuis le XIVe siècle je n'avais plus eu quelqu'un pour m'accompagner lors de mes voyages... Pour mon 1635e anniversaire, elle m'a même offert une moto ! Vous vous rendez compte ? Et pas n'importe laquelle... Une Honda CBR 1000RR... Un gros bijoux qui coût 14 000$ ! Seigneur... Elle était folle mais je l'aimais, alors elle était toute excusée ! Pour la peine, je l'avais traînée au lit toute la nuit et... Bon pas besoin de vous faire un dessin ; nous nous sommes amusées comme deux véritables folles, que nous étions... En quelques sortes. En contre partie, pour ses trente ans, je lui offris l'éternité : à deux...

Après toutes ces épreuves, elle et moi avons emménagé dans un appartement. Notre appartement. Ca me faisait bizarre... Je n'avais plus eu de chez moi depuis bien longtemps, juste des habitations de passage. Quand on avait l'éternité à nos trousses, dix ans, ce n'était qu'une poussière, cent ans, trois fois rien et mille ans... Ca commençait à représenter quelque chose. Mais ce qui me paraissait le plus étrange, c'était la vie à deux. Était-ce cela, le mariage ou la vie de couple moderne ? C'était étrangement apaisant. Oh, nous n'étions pas réellement un couple comme les autres de par notre nature mais aussi de par la relation que nous entretenions. C'était une sorte de relation libre, je l'aimais mais je ne couchais pas seulement avec elle. J'avais mon libre arbitre et puis, il y avait aussi ces orgies auxquelles elle et moi nous nous donnions. Parfois, ça tournait au bain de sang car elle avait gardé cette tendance qu'elle avait lorsqu'elle était humaine mais la plus part du temps, si l'envie de tuer lui prenait elle partait chasser. Je n'avais rien contre ; chaque vampire est différent. J'ai choisi de ne pas trop tuer, c'est mon choix. La seule restriction que je lui avais imposée était de contrôler ses pulsions et, jusqu'à présent, elle ne s'en sortait pas si mal. Tant mieux alors !