ambre de ses yeux tâchait de déchiffrer les lettres et les chiffres sur le billet qu’elle tenait dans les mains, se demandant quel genre d’esprit tordu pouvait y comprendre quoi que ce soit. Pire encore. Qui était l’esprit malveillant qui avait inventé tous ces codes que le commun des mortels ne pouvait lire? Une légère moue se peignit sur ses traits délicats et elle fini par tendre le billet à l’hôtesse qui en retira une partie avant de le lui rendre. Tout sourire. Un sourire Colgate. De ceux dignes des publicités dentaires. Tout sauf naturelle. Elle aurait tout le voyage pour essayer d’y comprendre quoi que ce soit. Bien qu’elle sache que c’était peine perdue. À force d’essayer, elle avait fini par comprendre que le seul truc qu’elle pourrait lire là-dessus était son nom. C’était déjà ça. Elle n’était pas complètement idiote. Cyerah alla s’asseoir à la place qui lui était assignée, près d’un hublot, observant pour la dernière fois le paysage polonais alors que l’avion prenait son envol. Des années plus tôt, cette patrie avait été la sienne. Elle y était née, elle y avait grandi. Surtout, elle avait vu les gens qu’elle aimait y mourir. Froidement tué par des gens qui se croyaient supérieurs à eux parce qu’un homme le leur avait dit. Cette partie de l’histoire à laquelle elle était particulièrement attachée. Dont elle rêvait encore tant d’années après. Des cauchemars dont elle n’arrivait pas toujours à se débarrasser. Ça ne l’avait jamais gênée. Avant. Quand elle pouvait se blottir dans les bras de Maelenn quand les cauchemars revenaient, quand elle avait cette présence rassurante avec elle. Pourtant, ce côté rassurant était disparu cinq ans plus tôt quand la vampire avait décidé qu’elle n’avait plus besoin d’elle dans les parages. Pour une question de grand amour avec une autre. Quelqu’un qu’elle n’avait fait qu’entrevoir une ou deux fois.
Jamais Cyerah n’avait été jalouse. Du moins, avant de rencontrer Maelenn. Peut-être parce qu’elle n’avait jamais eu de raison pour l’être. Avant la rouquine, elle n’avait aimé personne, elle n’en avait jamais eu l’occasion. On ne peut pas aimer lorsque l’on est en cavale à travers l’Europe pour échapper à des nazis. On ne peut pas aimer quand on a du mal à se nourrir et que l’on doit collectionner les boulots miteux et dégradants. Maelenn avait été sa seule ouverture. Son unique chance de survie. Qu’importe si elle se servait’elle comme garde-manger sur patte par la suite. La jeune femme ne lui en tenait pas rigueur. C’était un bien pour un mal. Elle soupira. Sa maîtresse l’avait blessée. Profondément. Plus d’une fois. Elle s’était jouée d’elle. S’était servie d’elle pour comblée sa solitude puis l’avait expédié ailleurs. Pour la rappeler par la suite. Elle se doutait que cette Scarlet avait fichu le camp. Il n’y avait aucune autre explication logique à la raison pour laquelle elle avait été rappelée en sol américain. Surtout, elle n’arrivait pas à comprendre pourquoi elle obéissait. Par manque de choix? Par envie? Elle ne serait le dire. Elle fit courir sa main dans ses mèches blondes, alla caresser la marque sur sa nuque. Pendant son séjour en Pologne, chez les descendants de sa sœur, on lui avait posé mille et une questions sur la signification de la marque. Elle avait préféré les ignorer. Qu’aurait-elle pu dire? Rien. Elle n’avait rien dit. Elle avait tu ce moment de sa vie comme elle avait menti sur sa véritable identité. C’était mieux comme ça. Pour tout le monde. Elle se cala dans son fauteuil, appuyant sa joue contre sa main. Dans quelques heures, elle serait à la Nouvelle-Orléans. Avec cette chère amie…amante…elle ne serait le dire. Longtemps, elle regarda les nuages défilés, jusqu’à ce que le sommeil l’engourdisse…
Jamais elle n’aurait pu croire que l’aéroport de la Nouvelle-Orléans pouvait être si bondé. Le port, peut-être bien au vu des nombreuses croisières qui partaient d’ici, mais l’aéroport? C’était simplement surprenant. Les yeux encore embués de sommeil, la blondinette tâchait de repérer ses bagages sur le tapis roulant, perchée sur la pointe de ses orteils dans un équilibre précaires. Elle ressemblait à une enfant qui essayait de voir ce que faisait mère, trop petite pour atteindre le comptoir. Sauf que sa silhouette n’était pas celle d’une enfant. Le problème ici, c’était le monsieur chauve devant elle qui lui bloquait la vue. Elle se souvenait de lui pour être le monsieur pervers placé trois rangé derrière elle dans l’avion. Celui qui lui avait pincé une fesse quand elle avait voulu rejoindre la petite salle de bain de l’avion. Tout sauf plaisant, le vieux. Surtout qu’il devait avoir le double de son âge. Bon son âge physique, bien entendu. Puisqu’en réalité, elle était beaucoup plus âgée que la majorité des gens dans ce trou perdu. Enfin, par gens elle voulait dire humains. Agacée, elle se laissa retomber gracieusement sur ses talons, les bras croisés sur la poitrine. Son attitude sembla amuser un vieux couple à proximité et l’homme finit par lui tendre une valise jaune décorée de papillon rose. En l’observant, Cyerah se demanda comment elle avait fait pour ne pas la voir depuis le début.« J’imagine que c’est à vous, petite» Elle attrapa la poignée de la valise qui, avouons-le était digne de celle d’une enfant de six ans, et offrit son plus charmant sourire à l’homme. Elle le remercia chaudement avant de décamper. Elle sentait l’appréhension, la nervosité la gagner à chaque pas. Si Scarlet était là finalement? Si Mae l’a rappelait simplement pour tenir la maison ? Si…trop de si. Ses mains en devenaient moites. Son cœur battait à tout rompre dans sa tête. Elle s’intima de respirer, de rester calme. Sinon, elle allait finir par se mettre à briller comme une boule disco au milieu de la foule.
Maelenn ne fut pas bien difficile à repérer. La foule, à cette heure, comportait surtout des hommes d’affaires. Cheveux ras, complets sévères, Rolex aux poignets, les oreilles collées à leurs cellulaires comme si leurs vies en dépendaient. Au milieu de cette marée d’homme austère se tenait une jeune femme à la longue crinière couleur feu. C’est de sa démarche dansante que la sorcière alla la rejoindre, tirant sa valise derrière elle alors que sa main libre jouait nerveusement avait le tissu soyeux de sa robe blanche, s’y entortillant comme prit d’une vie propre. Son amie était plus belle que dans ses souvenirs. Sa peau était encore plus blanche, ses cheveux encore plus flamboyants, ses yeux plus brillants. Elle se demandait si sa peau était aussi froide que dans son souvenir, si elle appréciait toujours la chaleur solaire de la sienne quand elle la toucherait, mais n’osa bouger. Elle inclina doucement la tête, la détaillant de la tête aux pieds, sa lèvre coincée entre ses dents. «Je croyais que j’allais avoir droit aux ballons en guise de bienvenue. Tu aurais pu faire un effort… »Son ton était rieur, comme ses yeux. Pétillants de malice. Malgré la fatigue qu’elle ressentait. Elle ignora les regards qui se posaient sur elles, trop obnubilée par la beauté de la créature devant elle, trop ravie de la retrouver. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine alors que du regard, elle détailla les alentours, s’apprêtant à y voir la brune pour laquelle Maelenn l’avait éloignée. Sans jamais l’apercevoir. C’était rassurant. Apaisant, même. Spontanément, la blondinette la serra dans ses bras, lâchant la valise. Contraste saisissant entre la chaleur anormale de sa peau et le froid que dégageait sa maîtresse. Ses lèvres frôlèrent timidement les siennes et aussi vide l’avait-elle étreint qu’elle la relâcha. «Tu vient? Je meurs de faim! Ils nous ont servi une bouillie immonde en guise de repas. Je t’assure, même les rats sont plus appétissants et je sais de quoi je parle. Puis, tu savais que les billets d’avion étaient complètement illisibles? Ça refile une migraine monstre juste à les regarder! »Elle l’attrapa par la main, la tira vers les boutiques sans lui laisser le temps de répliquer quoi que ce soit. C’était du grand Cyerah ça. Babillée pour oublier sa nervosité. Étourdissante et ô combien enfantine lorsqu’elle le voulait.
Sujet: Re: Did I say that I need you? - Maelenn Dim 10 Fév - 11:37
Cruor pectoris mei
Maelenn était là, patiente à attendre sa servante. Enfin patiente... Tout était relatif. Elle était tellement impatiente de la retrouver, de pouvoir la serrer dans ses bras, de pouvoir embrasser ces lèvres si fournies et boudeuses qu'étaient celles de Cyerah. Une belle blonde au physique provocateur et à l'humeur infantile ô combien rassurante. La vampire ne voulait pas l'admettre mais, durant toute la période où elles furent ensemble, des sentiments profonds à son égard se sont développés, tellement profond qu'elle n'osait guère le les lui avouer. Elle avait peur. Elle n'avait pas peur de le lui dire, mais peur que l'expérience avec Scarlet se reproduise... Peur d'être abandonnée à nouveau, laissée seule... Tel avait dû être le terrible quotidien de la belle blonde. Maelenn avait été tellement égoïste... Tellement infantile. Comment se pouvait-il que qu'elle ait été à ce point idiote avec plus de mille-six-cents ans derrière elle ? Sur ce coup-ci, elle avait vraiment merdé. Ses réflexions l'avaient retranchée dans cette immobilité morbide et tellement peu rassurante. Elle ne respirait littéralement plus. Cela aurait pu en effrayer plus d'un mais beaucoup de personnes présentes dans l'aéroport étaient des CESS, ce qui en soi ne posait aucun problème à la bretonne. Et c'est dans cette immobilité cadavérique qu'elle aperçu sa servante. Son visage s'illumina et un sourire presque amoureux se dessina sur ses lèvres. Oui, elle était contente de la voir, mais surtout... Elle était bel et bien amoureuse de sa servante. Et cela depuis fort bien longtemps, depuis une vie humaine.
Son sourire s'élargit suite à sa remarque. Elle n'avait pas vraiment de ballons... Plutôt des chocolats. Elle savait que c'était le péché mignon de Cyerah et elle savait aussi que ça lui ferait plaisir. Lorsque la blonde l'étreignit, elle hoqueta de surprise et puis se laissa aller. Alors que Cyerah se séparait de Maelenn, elle poussa un gémissement de mécontentement et l'attira de nouveau contre elle, embrassant délicatement ses lèvres, caressant ce douceur moletée de cette moue presque constamment boudeuse bien qu'elle soit d'une humeur joyeuse la plus part du temps. Ses bras enlacèrent la taille de la belle blonde et plaqua toute sa longueur contre elle, comprimant sa poitrine contre l’opulence de la sienne. La vampire éclata d'un rire doux et suave lorsqu'elle parla des billets. Certes il était vrai que leurs billets étaient vraiment compliqués mais... Elle n'en avait cure. Elle regarda sa servante droit dans les yeux et pour la première fois, elle comprit qu'elle avait fait une réelle erreur il y a cinq ans. Elle arrêta de rêvasser et se laissa entraîner par la belle blonde, au restaurant le plus proche. Elles sortirent de l'aéroport et puis là elle se souvint d'un truc. Elle était venue en moto. Aouch... Bon eh bien...
- "Cyerah mon amour... Il y a un léger problème, dit-elle alors qu'elle se retournait vers elle. Je suis venue en moto... Donc il n'y a pas vraiment de place pour ta valise... Sauf si tu as gardé cette petite chose jaune et... Ah ben effectivement. Tu sais que je t'aime toi ? Après toutes ces années tu restes inchangée. Même valise, même bouille... Même sourire... Cyerah, ma petite, il faut que je t'avoue quelque chose, quelque chose qui me pèse depuis des années et dont je n'ai jamais eu le courage de te faire part. Surtout que depuis quelques temps déjà, cela a refait surface. Ma chérie, je sais qu'il y a cinq ans j'ai fait la plus belle idiotie de toute a vie, que je t'ai abandonnée pour cette ingrate, alors qu'avec toi j'avais tout ce que je désirais. Je sais que cela n'est pas une raison et que tu dois m'en vouloir plus que tout au monde mais je crois que si tu es revenue, c'est pour prendre un nouveau départ... Je... Seigneur... Jamais je n'aurais cru que cela puisse être aussi dur à dire... Cyerah, mon amour, je... Je t'aime. Et ce depuis fort bien longtemps, même après tout ce que je t'ai fait endurer, même si je t'ai souvent donné l'impression de ne pas me soucier de toi. Jamais ne s'est passé un jour sans que je pense à toi, sans que je pense à ce que tu advenais. Je sais que cela peut paraître égoïste et totalement enfantin mais... Tels sont mes sentiments pour toi. Maintenant, mets ce casque, attache cette petite valise inchangée depuis que je te l'ai offerte et partons manger. Comme tu me l'as déjà dit... Tu as faim. Je vais t'offrir le meilleur restaurant de la Nouvelle-Orléans."
Maelenn enfourcha sa moto, mit son casque, plissa son jean, retira le pied du la moto avec sa converse aussi usée qu'un os rongé par le chien de la voisine et pis mit le contact. Le moteur ronronna, Cyerah passa ses bras autour de la taille de la vampire et elle passa de zéro à cent en moins de dix secondes. A cette heure-ci, très peu de personnes étaient présentes sur l'autoroute et les deux-cents chevaux de Maelenn filèrent sur le tarmac. Très vite elles arrivèrent en ville. C'était là que tout allait se compliquer pour le trafic. Si l'autoroute était presque déserte, les routes urbaines elles, c'était tout à fait autre chose. Maelenn poussa un soupir d'exaspération et pis commença à zigzaguer entre les voitures, quitte à griller quelques feux rouges. Ca, ce n'était pas un problème pour elle. Elle s'en foutait de devoir payer des amandes, elle avait une bourse assez conséquente. Elle accéléra une dernière fois sur un kilomètre et pis freina progressivement avant de s'arrêter complètement en face d'un restaurant. Elles étaient arrivées.
- "N'oublie pas ta valise, il ne manquerait plus qu'on te la vole. On poursuivra la conversation de tout à l'heure avant que tu ne manges. Tu as sûrement énormément de questions à me poser, des explications que tu es en droit de recevoir et surtout... J'ai aussi plein de questions à te poser. Mais n'oublie jamais ceci... Je t'aime Cyerah, quoi qu'il advienne de toi, de moi ou même de nous."
Elle redoutait que les liens soient tellement forts qu'elle ne survive pas si jamais il devait arriver quelque chose à sa servante. Parfois l'amour était tellement traître...
aelenn avait toujours été quelqu’un de particulièrement important dans la vie de la blondinette. L’une des rares personnes qui avaient sa réelle place dans la vie de la jeune femme. À vrai dire, sa famille était décimée depuis tellement longtemps que Cyerah ne s’en souvenait que très peu. Après tout, elle n’avait été qu’une enfant au début de la guerre. Si jeune qu’elle s’en souvenait que très peu. Jamais de façon consciente. C’était souvent que des rêves immondes, des cris, des pleurs, des odeurs de morts. Jamais ces images ne venaient la perturber lorsqu’elle était éveillée. C’était dans son sommeil que les choses devenaient horribles. C’est au milieu de la nuit qu’elle s’éveillait en larmes, le cœur battant et complètement paniqué sans pour autant se souvenir de la raison. Bref. Si Cyerah ne se souvenait pas vraiment de sa famille, si elle n’avait pas eu de réelles amitiés ici ou ailleurs, il n’en restait pas moins que depuis des décennies, Maelenn avait été son point d’encrage. Toujours là quand elle avait besoin d’elle. Toujours, présente pour la rassurer, pour la consoler, pour la materner. La vampire était comme une mère, comme une sœur, ce qu’elle avait de plus près d’une famille. Bien qu’elle était toujours plus que ça. Maelenn était également une amante, une caresse amoureuse le long de sa joue ou un rayon de soleil sur sa peau chaude. En somme, la rouquine était beaucoup de choses pour la sorcière, bien qu’elle ne semble pas toujours s’en rendre compte. Même si elle l’avait envoyé au loin pendant des années sans un signe de vie. La blondinette avait beau lui en vouloir, être en colère contre elle, elle n’en restait pas moins ravie de la revoir.
Plantée devant la créature de la nuit, Cyerah babillait. Méthode pour elle d’oublie son tract, de ne pas laisser paraître sa rancune, de ne pas avoir l’air nerveux de la retrouver. Ce qui ne fonctionnait sans doute pas. Elle avait les mains moites, le cœur battant, tambourinant dans ses oreilles au point où elle n’entendait plus vraiment ses paroles, mais que les battements de son sang contrent ses tympans. Elle se trouvait ridicule. Jamais elle n’aurait cru pouvoir être si nerveuse face à Maelenn. Elle trouvait ça plus qu’idiot, mais elle ne pouvait pas s’en empêcher pour autant. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque la rouquine lui sauta au cou, attrapant ses lèvres sans aucune gêne comme si ce geste était d’une banalité affligeante. Ce qui n’était pas le cas. Quelque part, malgré sa bonne humeur et sa joie de la revoir, la Polonaise lui en voulait. Énormément. Il ne s’était pas écoulé un jour sans qu’elle ne pense à elle et à son amante vampirique, celle qu’elle avait choisie plutôt qu’elle-même. Pourtant, elle répondit à ce baiser. Avec un entrain qui l’étonna. Elle préféra de loin masqué son trouble en trainant son amie au loin, vers l’extérieur de l’aéroport, trainant sa valise derrière elle. Maelenn parla longtemps, lui prêtant une oreille distraite. C’était dans sa nature. Il était rare qu’elle soit parfaitement concentrée, sauf lorsqu’elle dansait. Et encore. Elle donnait l’impression de pointé un pied au hasard et de levé le bras s’en sans rendre compte, tout en étant parfaitement gracieuse. Elle se souvenait que sa tante appelait ça une « maladresse contrôlée», ce qu’elle n’avait jamais comprit enfant. Ce n’était pas de la maladresse si elle désirait ce qu’elle voulait d’un geste, si? Ce n’était pas comme si elle renversait de la soupe et que celle-ci atterrissait miraculeusement dans un bol. Sa tante avait toujours eu de drôles d’idées, de toute façon.
Elle s’arrêta nette quand Maelenn lui parla de… non. Ça ne pouvait être vrai. Le premier réflexe de Cyerah fut de se mordre l’intérieur de la joue. Si fort qu’un goût de sang envahit sa langue. Elle devait rêver. Oui, c’était ça. Ouille! Non! Ça faisait trop mal pour être un rêve. La sorcière observa son interlocutrice avec un air ébahi, n’osant pas ouvrir la bouche. De toute façon, que pouvait-elle dire? Rien. Elle ne dirait rien. Elle était trop estomaquée pour prononcer le moindre mot. Les émotions se bousculaient en elle avait la force d’un ouragan et elle était incapable de les distingués les uns et des autres. Sa main s’ouvrit et se referma de nombreuses fois sur la poignée de la valise. Cherchant un point de repère avec le monde réel. Maelenn l’aimait. Ces mots allaient et venaient dans son esprit avec le martellement d’un petit tambour. Mais elle ne réagit pas. Elle ne savait pas comment réagir. Elle se contenta donc d’attacher la petite valise sur la moto et de se faufiler derrière la vampire, passant ses bras autour de sa taille. Cyerah n’avait jamais été fanatique de ce genre de choses. Elle n’aimait pas vraiment la vitesse, encore moins voir le paysage défilé autour d’elle sans pouvoir en capté autre chose que les couleurs. Encore moins zigzaguer entre les voitures. Aussi, garda-t-elle les yeux fermés pendant tout le trajet, se demandant si le casque était vraiment utile si elles chutaient sous une bagnole. Sans doute pas… Elle fut la première à sauter de la moto, trop ravie de retrouver la terre ferme. Elle retira son casque, laissant cascader ses longs cheveux blonds sur ses épaules, y passant un peu pour en chasser les nœuds avant de déposer le casque sur le banc où elle était assise quelques minutes plutôt. « Parce que le vol de valise jaune canarde est tellement populaire dans le coin!» se moqua-t-elle en levant les yeux au ciel. Elle détacha tout de même la petite chose, la faisant retomber sur ses roulettes avant de déposer les yeux sur Maelenn, l’observant avec attention de la tête aux pieds. « Pourquoi me devrais-tu des explications? Ce n’est pas comme si tu m’avais expédiée en Europe pendant cinq ans. Oh! Mais si! C’est le cas!» Le ton de la petite blonde ressemblait plus à celui d’une enfant furieuse qu’à celle de quelqu’un de réellement blessé. Il ne fallait pas se laisser berner cependant. Cyerah était vraiment blessée par le comportement de l’autre femme. Elle en avait pleuré pendant des nuits entières. Elle ne serait pas revenue si elle avait pu. Seulement pour s’éviter cette douleur évitable.