L'on m'avait encore retrouvé à terre. Encore. Je ne me souvenais même plus de comment s'était arrivé. Mes yeux me brûlaient et mes membres étaient engourdis. Ma mère frappa à ma porte pour m'apporter une boisson chaude, mais elle n'osa pas se confronter à mon regard interrogateur. Elle vint s'asseoir à côté de moi le regard tourné vers le sol, et poussa un long soupir.
-Maman? demandais-je, la voix tremblante.
-C'est la troisième fois ce moi ci, mon coeur.
-Ils ne savent toujours pas?
-Toujours pas, affirma t-elle d'un ton las.
J'avais toujours étais sujette à quelques évanouissements, ou tremblements. Mais depuis quelques temps, mes pertes de connaissances étaient nombreuses, et cela commençait à effrayer ma mère, qui ne pouvait être rassurée par aucun médecin puisque personne ne comprenait ce qui m'affectait. Je lui souris, mais son regard trahissait son inquiétude.
-Je vais bien, maintenant.
Ma mère aurait préféré que le lendemain, je n'aille pas travailler, mais je n'avais pas l'intention d'écouter ses conseils. Premièrement, j'étais nouvelle, je venais à peine d'avoir mon diplôme et de me trouver un job tel que je l'imaginais, je ne pouvais vraiment pas manquer un jour, ni même une heure. Deuxièmement, j'adorai ce que je faisais. Passionnée depuis toujours par le passé, il me convenait parfaitement. Alors comme chaque matin, je me préparai à rejoindre un vestige.
Sur le chemin, alors qu'il était encore très tôt et que la rosée était à peine évaporée, une biche passa non loin de moi. Je me stoppai net, de peur de l'effrayer. Elle me regarda, attentive à ma respiration, à mon moindre geste. Je lui souris et même sans m'en rendre compte, m'avançais vers elle, une main dans sa direction. Mes pas s’enchainèrent si bien que je pu même la toucher. Nous restâmes ainsi un moment, son pelage était si doux que mes doigts passaient et repassaient sur son encolure. Elle était magnifique. Puis, elle partit. Ce ne fut que lorsqu'elle fut loin que je me rendis compte de la scene qui venait de s'offrir à moi. Et en y réfléchissant bien, ce n'était pas la première fois que j'avais un contact avec un animal sauvage.




Quelque chose ne va pas chez moi. Je ne sais pas exactement quoi, mais c'est là, et je le sens. Il y à quelques heures à peine, je n'étais plus moi même. Mes os ont d'abord commencé par craqué, comme s'ils se brisaient. Puis mon cœur a battit plus fort, si fort que je le sentais brûler dans ma poitrine. Ma vision est ensuite devenue floue, et...
Tremblante, ma main cherchait dans le noir la poignée de porte de ma maison. Des sanglots violents secouaient mon corps, si bien que mes parents finirent par venir à moi, alertés par mes pleures.
-Que se passe t-il, chérie?
Je ne pus répondre, les larmes m'empêchant de répandre le moindre souffle. Tous mes membres semblaient crispés, comme s'ils hurlaient. Mon corps me semblait si étranger à cet instant, comme s'il n'était plus le mien, comme si je ne l'avais jamais apprivoisé, comme si je ne le connaissais pas. Qu'étais-je? Qu'était-il, ce corps monstrueux?
J'entrai dans le plus grand silence chez moi, épaulée par mes parents qui avaient toujours été à mon écoute. Cette nuit là, aucun de nous trois de pûmes trouver le sommeil. Des heures n'auront presque pas suffit à discuter de ce qui m'était arrivé, à trouver une solution, des hypothèses. Alors, mon père, le regard tendre, m'indiqua quelqu'un.
-As-tu déjà parlé au Révérend Rivest?
Je fronçais les sourcils. Je n'étais pas pratiquante, et pas plus croyante. Mais le regard de mon père se fit grave, et je compris qu'il savait qu'il pourrait m'aider. Alors, le lendemain même, j'allai à sa rencontre.



Il n'avait rien d'effrayant, ce Révérend. Alors que j'avais toujours évité tout ce qui se rapportait de près ou de loin à la religion. De le voir aussi Humain me permit de lui parler avec moins de difficultés. Malheureusement pour lui, il en vint à parler de métamorphes, de vampires, de lycanthropes... Alors, je me mis à le détester. Mais, il avait raison. Plus les jours passaient, plus mes yeux s'ouvraient sur un jour nouveau qu'il m'avait conté, un monde fantastique, où les êtres surnaturels se mélangent, se craignent, s'allient. Et moi, dans tout ça?
-Tu restes une humaine, je te rassure. Tu n'es pas si différente de nous, à l'exception que ton corps est capable de muter de telle sorte qu'il puisse prendre l'apparence d'un animal. m'expliqua t-il.
J'en eu la nausée. M'imaginer me ... transformer m’effrayait. Comment accepter que son corps puisse vous jouer des tours après tant d'années? Comment accepter les souffrances autant physiques que morales que cela engendre?
- C'est une malédiction, en somme, soufflais-je.
-[b]Lorsque tu auras appris à contrôler tout ça, tu le verras differemment.[b]
Mon nouvel objectif fut donc de réussir à m'entourer de personnes capables de m'aider. Il y eut alors Rowan. C'est le Révérend qui m'aida à le contacter. Il est... comme moi. A cette simple idée, mon corps tout entier s'était montré enthousiaste! Mais il m'évite. Le Révérend pense qu'il lui faut du temps, mais je n'ai plus de temps à perdre. Je souhaite garder mon travail, tomber amoureuse, avoir des enfants, réussir ma vie. Comment pourrais-je réaliser tout ça si l'on ne m'aide pas?



Luthian. Cet être si étrange qui dit pouvoir m'aider. Je ne sais comment réagir face à lui, étant donné que je le soupçonne d'être un vampire. Comment pourrait-il m'aider? Contre un... petit service? C'est louche, et je tente de l'éviter du mieux que je peux. Mais il se peut qu'il m'arrive de penser que je devrai accepter sa proposition. Car pour le moment, je suis seule. Seule face à ces douleurs, ces mutations, ces questions. Et s'il pouvait vraiment m'aider?
Mais un autre homme occupe mes pensées. Ce fameux Adam Gardner. A la base, il me semblait humain, gentil, attentif et avenant. Tout ce dont j'avais besoin en ce moment! Mais il commença à poser des questions, beaucoup de questions. Qui était-il? Pourquoi me regardait-il comme s'il me traquait? Alors, il fallut mettre de la distance entre nous. Beaucoup de distance. Alors, voila où en est ma triste vie. Je fuis des hommes, en harcèle d'autres, tente de garder mon travail, passe encore quelques moments heureux avec mes parents. Mais ça se limite à ça. J'ai besoin d'aide, au plus vite.