Le pont me paraissait gigantesque. Impossible de sauter de cette hauteur, j'allais mourir. Inéluctablement. Pourtant, je le devais. C'était la tentative numéro six. Sauter du pont. J'avais découvert mon pouvoir depuis peu, activé par je ne sais quoi. Mes blessures se soignaient à la vitesse de la lumière et bien que la douleur accompagne mes souffrances, je guérissais à chaque fois. Je me mis à trembler, avant de regarder Adam, la caméra pointée sur moi. Il devait filmer depuis déjà quelques minutes. Mon corps avait réussi à se soigner après de nombreuses fois, je ne risquai sûrement pas de mourir. Passant par-dessus la barrière de sécurité, je regardais longuement le vide. Inspirant, je lâchai la barrière et me laissais tomber dans le vide. Le sol me parut venir trop tôt, cogné contre ma tête et contre mon corps entier. Comme un plat à la piscine, la douleur fut insoutenable. Elle semblait grouillée tout autour de moi et, dans mon estomac. Elle résonnait et suintait par tous les ports de ma peau. Je n'étais pas morte de cette chute de trente mètres et déjà mes blessures commençaient à guérir. Regardant droit dans l'objectif de la caméra je me décidai de parler. « Je m’appelle Claire Despœna et c’était la tentative numéro six. »

Tentative numéro six. C'était la sixième fois que je décidai de faire quelque chose d'aussi dangereux, d'aussi absurde. Mon pouvoir s'était réveillé depuis cinq mois, mais je ne m'y faisais toujours pas. J'avais cette impression d'être une abomination, un monstre. Une créature que mes parents s'acharnaient à combattre. J'avais besoin de ressentir cette douleur, cette souffrance qui me déchirait à chaque fois. J'avais besoin d'elle pour me sentir vivante, humaine. Mais toutes ces tentatives me faisaient de plus en plus ressentir comme une monstruosité de la nature.

La porte s'ouvrit à la volée. Courant dans les escaliers je regardai les lumières qui s'éteignaient une à une. Tournant dans le couloir, je tombai brusquement avant de me retrouver expulsé contre un mur. Les lumières se rallumèrent alors et des pas lourds se firent entendre dans l'escalier. Mon père et ma mère étaient à l'extérieur, chassant quelques créatures démoniaques qui pouvaient s'en prendre aux humains. Mes parents étaient de grands chasseurs et je me devais d'en être une excellente plus tard aussi. Cela n'allait pas arriver de ci-tôt. J'étais peut-être dotée d'un pouvoir, celui-ci n'allait m'être d'aucune utilité. Il allait me tuer. Je tentai de bouger, mais rien n'y fait. Mon corps semblait être contrôlé par une force invisible. Par cette force qui s'était arrêté dans le coin du couloir et qui devait savourer le prochain festin qui allait lui être offert. La créature s'approcha de moi, d'un pas lent et monotone. « Ondine chérie. » C’était Zack, mon ex petit ami. Ex que j’avais décidée de lâcher lorsqu’il avait voulu sauter le pas avec moi, alors que je n’étais pas prête. Il avait alors été trop entreprenant. J’aurai mis mes parents au courant, si j’avais su qu’il allait pénétrer dans notre maison et qu’il allait utiliser un pouvoir dont je n’avais même pas idée. « Zack, ne.. ne fais pas de connerie. » Son sourire carnassier me fit comprendre qu'il allait continuer ce qu'il avait décidé de faire. Caressant doucement mon visage, il commença à ouvrir mon pantalon. Les minutes défilèrent, inlassablement. Longues, trop longues. Des minutes qui me faisaient souffrir de plus en plus. Au dernier moment, le plus difficile à supporter, son contrôle sur son pouvoir s'affaiblit et je pue me dégager de son emprise. A quatre pattes sur le sol, je tentai d'avancer le plus rapidement possible. Jusqu'à ce que le meuble en bois du couloir tombe de tout son poids sur moi et que le vase se fracasse sur ma tête. Trou noir.

Le médecin légiste tourna autour du corps qu’on venait de lui amener. C’était une jeune fille blonde et plutôt jolie. Elle avait le physique d’une cheerleader. Soupirant, le médecin ausculta le corps. Tournant légèrement le crâne, il remarqua qu’un bout de l’objet qui avait abimé le visage de la jeune fille était fiché profondément dans son crâne. Attrapant une pince sur le petit plateau métallique il tenta de dégager ensuite l’objet. Se faisant, il le déposa ensuite sur une table un peu plus loin et alla se laver les mains. Un léger soubresaut prit alors d’assaut le corps de la jolie blonde.

Respirant légèrement j'essayai de retrouver mes esprits. J'étais sur une lit ( ? ) ou une table ( ? ), dans un endroit froid tout du moins. Ouvrant les yeux je regardai autour de moi. J'étais dans une salle d'autopsie, comme celle que l'on pouvait voir dans les séries télévisées. Mon corps était nu et ouvert. Je m'empêchai de vomir. Du bruit dans une petite pièce me fit comprendre que je n'étais pas seule, décidant de filer d'ici le plus rapidement possible, j'attrapais le drap blanc poser près de moi et m'enroulai à l'intérieur avant de déguerpir loin d'ici. Quelques heures plus tard, après avoir courue dans la campagne et complètement déstabilisée, j'arrivai devant ma demeure. Demeure que la police venait de quitter. Sûrement parce que mes parents avaient annoncés ma disparition. Entrant silencieusement je commençai à marcher, jusqu'à ce que ma mère se poste devant moi. « C..claire ?! » Ma mère semblait terrorisée, perdue. Que s'était-il passer pour qu'elle aie aussi peur. Les éléments se remirent alors en place, bien que plusieurs heures auparavant j'avais tenté de tout mettre en place. Zack avait pénétré ma maison et avait abusé de moi.. puis j'avais réussie à m'enfuir de son emprise et quelque chose était tombé sur mon crâne. Je m'étais ensuite retrouvée sur une table froide, la morgue. Techniquement, j'étais morte. Ma mère ouvrit ses mains et elles se transformèrent rapidement, devenant des torches enflammées. « Je ne suis pas un vampire, maman. » Ma mère s'avança incrédule, tiraillée entre son devoir de tueuse et son devoir de mère. Soupirant et pour lui montrer ma bonne volonté, je lui fis montrer que j'étais entrée dans la demeure sans invitation de la part de personne et que même si cette maison avait été mienne je n'aurai pas eu le loisir d'y entrer. Tout du moins sans que l'on ne m'y est convié. Mon pouvoir de régénération dépassait ce que je savais. J'avais eu l'espoir de pouvoir mourir plus tard, après mes nombreuses tentatives de suicide. Mais je découvrais maintenant que cela allait m'être impossible, ou que je n'allais jamais être totalement morte. Ma mère éteignit les flammes de ses mains et m'enlaça. De nombreuses heures plus tard, ma valise était prête. Mes parents m'avaient conseillés de quitter la Grèce, me laisser vivre parmi eux alors que mon corps était recherché était impossible. Trop dangereux pour moi. Et à cause du fait que je sois indestructible, le fait qu'on me retrouve me ferait forcément devenir un cobaye pour la science. J'allais devoir vivre une autre vie, dans un autre endroit loin de ma vie passée.

La police. Je m’étais faite recrutée dans les forces de l’ordre après maintes épreuves et entraînement. Les Etats-Unis étaient bien différents de ce que la Grèce avait eu à m’apporter. Les commerces étaient ouverts tard le soir, parfois même vingt quatre heures sur vingt quatre. La police était différente. Ils avaient une avancée technologique bien plus importante aussi que mon pays natal. Ma famille me manquait, et parfois, je regrettai qu’ils soient restés dans mon pays d’origine. Mais ma nouvelle place était ici. La Grande Révélation, venait d’être découverte par le monde entier. De ce fait, un grand remue-ménage venait de se faire partout dans le monde. Les humains avaient peur, et je les comprenais. Ceci avait malgré tout engendré une plus rapide acceptation de mon dossier au niveau de la police. Pourquoi la police ? J’étais une chasseuse, une tueuse. Et cela allait facilement m’aidé à m’approcher du but premier qu’était de protéger les humains. J’avais aussi ce sentiment de devoir faire quelque chose pour les gens qui en avaient besoin, j’avais ce besoin d’arrêter les « vilains ». Sûrement parce que mon vilain à moi s’en était sortit en me tuant. Mon pouvoir était un atout considérable aussi, bien que je me devais de le cacher tant bien que mal face aux autres. Et c’était d’ailleurs de plus en plus difficile la révélation ayant engendré de nombreuses enquêtes sur bon nombres de personnes.

« Agent Despœna. » Je me tournai vers l’agent en face de moi. Un sourire neutre sur ses lèvres. Me redressant légèrement je lui répondis formellement. « Le chef veut vous voir immédiatement. » Bien. Suivant l'agent de près, je me retrouvai devant une porte en bois avec le nom du chef encadré sur le battent. Je toquai puis entrai, restant droite devant le chef en question. Après quelques longues minutes a déblatéréavec lui, je me retrouvais affublée à être agent de la B.R.I.S une unité de Saint-Louis. J'étais muté donc. De jolie ville de Californie, j'allais me retrouver dans une tout autre ville où le niveau de créatures était élevé. Pourtant, cela m'arrangeait légèrement. J'allais poursuivre ainsi mon devoir familial, mon devoir de chasseuse.