Hannah est décrite, la plupart du temps, comme une jeune femme plantureuse, longiligne, et très belle. Même lorsqu'elle était humaine, et malgré son rang social, elle était admirée et adulée par bon nombre d'hommes. Ils ne se disputaient pas sa main, ce n'aurait pas été correct, mais ses faveurs étaient grandement sollicitées. Quelques fois, sans qu'elle ne puisse refuser, d'ailleurs... Ses grands yeux chocolats en ont fait fondre plus d'un. Et sa longue tignasse brune, rehaussée en un chignon politiquement correct ou lâchés de manière sauvage ne font qu'ajouter à cette beauté pure et simple qui se dégorge d'elle. Qu'elle soit habillée de manière raffinée ou non, Chryseis reste une femme magnifique. Peu importe les apparats qu'elle porte. Sa peau, laiteuse, est d'une blancheur d'albâtre, et sa faible épaisseur démontre de sa noblesse actuelle. Pour elle, à présent, hors de question de remettre les mains dans la terre. C'est une femme élégante qui prend soin de son apparence sans oublier ses désirs d'arborer des vêtements confortables. Elle se plaît d'ailleurs souvent à porter des tailleurs lorsqu'elle est en compagnie des médias, ou de longues robes évasées et toujours noires. Afin de mettre son teint en valeur, dit-elle. Aux yeux des Humains, elle est vue comme une femme parfaite, désirable. La "jeune" femme mesure dans les mètres soixante, n'étant ni trop petite, ni trop grande, et pèse environs quarante cinq kilos. Elle est un peu mince, mais ce n'est pas pour autant qu'elle n'a aucune formes. Elle est très plaisante à regarder, quelque soit la Race du voyeur. De plus, elle aime à ajouter une petite touche de maquillage, sans qu'elle ne fusse de trop. Sur ses lèvres, elle applique souvent une touche de rouge à lèvres carmin, une couleur qu'elle adore. Et sur ses yeux, il y aura soit du far à paupières disséminé ici et là en petites touches sombres ou un trait d'eye-liner pour rendre ses yeux encore plus grands. Et bien sûr, comme la plupart des femmes, elle ne sait se séparer de son mascara, qui lui donne une allure encore plus frêle, plus innocente, et qui lui permet de papillonner si besoin est. De jouer un rôle, comme toujours... De plus, c'est une femme très "précieuse". Dans ses gestes, elle aime paraître fragile, montrer à quel point elle est importante. Sa façon de se conduire et de marcher est néanmoins très assurée. Il est impensable à ses yeux que de simples Humains puissent trouver une faille chez elle. Elle n'en montre pourtant aucune. Ses mains sont toujours manucurées à la perfection et elle ajouter quelques bijoux. La plupart du temps, deux ou trois bagues ornent ses deux mains, et un collier - souvent très proche du cou - loge près de sa trachée. Quelques bracelets trouvent refuge sur ses poignets, et elle adore montrer grâce à ses vêtements à quel point elle est fortunée à présent. Elle n'est pas la personne la plus riche du pays, mais a beaucoup plus d'argent que lors de son époque humaine.

Hannah... Deux faces bien distinctes pour une seule personne. Paradoxes. La Vampire est une personne qui sait voir où sont ses intérêts. Comme par exemple en changeant de comportement pour s'attirer les faveurs de personnes importantes... Une opportuniste, en soit. Mais j'aime à détailler mes dires, et c'est donc ce que je vais faire. J'espère que vous comprendrez mieux la façon d'être de cette jolie poupée.

Les médias et les autres personnes n'ont pas les même droits envers elle. Certains sont privilégiés... Ou non. Avec eux, elle est :

Douce : Sa voix n'est jamais haussée. Elle garde toujours un calme plat, un timbre de voix neutre, voire quelque fois doucereux. Mais personne ne se rend compte de la supercherie. Elle irait jusqu'à clamer qu'elle serait prête à se nourrir d'animaux s'il le fallait. Si les humains ne savaient pas à quel point c'était nocif pour eux. Elle est même attentionnée, pouvant aller jusqu'à aider un être humain. Si les médias sont dans le coin, bien entendu. Elle change du tout au tout de personnalité. Devient une autre... Une Vampire douce, qui s'intéresse et s'occuper d'autres personnes qu'elle-même.

Généreuse : Chryseis promettrait la lune s'il le fallait. Pour que les Vampires se fassent bien voir, pour permettre que leur race continue d'exister. Elle reste néanmoins persuadée que les humains ne pourraient pas faire grand chose contre eux s'ils décidaient de tous les éliminer. Mais les Vampires ont besoin de ces poches de sang ambulante, alors elle se montre aimable, propose de temps à autre une aide financière, s'il le faut. Elle sait où sont ses intérêts et comment faire en sorte d'atteindre son but. Elle est donc très intelligente.

Réservée : Hannah n'aime pas parler d'elle. Tous les médias la qualifient donc de "Mystérieuse". Mais dans sa position, il lui serait difficile de se confier. Comment le voulez-vous ? Elle risquerait de griller toute sa couverture en disant des détails personnels. Et puis, même. La Vampire se considère comme supérieure, d'autant plus que son Sire se trouve au Conseil. Personne ne mérite de connaître sa vie, son passé, surtout pas les Humains et autres créatures étranges et indésirées qui peuplent la ville de Saint-Louis. Les célébrités humaines aiment à paraître arrogantes, égocentriques, mais ce n'est en rien le désir d'Hannah. ? Plutôt mourir que d'apprendre qu'ils savent tout de ma vie ?, clame t-elle souvent.

Mais en réalité, tout cela est bien loin de la vérité. Je vous en ai déjà un peu parlé, mais rentrons davantage dans les détails.

Cruelle : Sa cruauté n'a aucune limite, autant que son sadisme. Deux choses bien liées, me direz-vous. En effet, Hannah aime plus que tout la torture. Depuis les nouvelles lois qui régissent les Vampires, elle souffre quelque peu de ce manque d'exercice, si je puis dire. De ce fait, elle prend toujours un malin plaisir à satisfaire ses pulsions dès lors qu'une "chose" doit donner des informations. Elle demande d'ailleurs toujours à s'en occuper. Son inventivité l'y aide beaucoup, en outre. Elle ne manque jamais d'idées lorsqu'il s'agit de faire souffrir quelques personnes. Que ce soit des Lépoards-Garous, des Sorcières, ce que vous voulez... Chryseis affichera toujours un sourire comblé en voyant le sang se répandre et des coupures fendre la peau de ses victimes. Leur cri est comme une douce mélodie à ses oreilles, digne des plus grands opéras classiques. De plus, elle est très patiente et pourrait rester toute une journée sans boire de sang, sans faire autre chose que de torturer. Et lorsqu'elle chassait, la demoiselle se montrait aussi d'une cruauté renversante, déchiquetant peau et membres pendant que l'Humain était encore vivant. Ce temps là lui manque beaucoup...

Joueuse : Chryseis déteste s'ennuyer. Telle une enfant capricieuse, il lui faut sans cesse de nouveaux divertissements, de nouvelles choses à faire, afin que l'ennui ne gagne pas ses veines et son cerveau. D'ailleurs, j'en parlais, mais elle est réellement capricieuse. Elle déteste qu'on lui rétorque un "non". Et étant très intrépide, elle risquerait beaucoup de choses pour avoir ce qu'elle désire. Pour le prendre de force, s'il le faut. Rien ne lui résiste très longtemps, néanmoins. Etant très séductrice, les hommes n'ont aucun moyen de résistance face à elle. Et comme je le disais, tôt ou tard, elle a toujours ce qu'elle veut. Autoritaire, elle obligera quiconque ne le fait pas de lui obéir. Elle sait bien que l'hypnose est désormais interdite, mais s'il le faut, elle risquerait sa liberté par caprice, par jeux. Au final, Chryseis est une femme un peu enfantine, qui ne pense qu'à ses désirs. Mais bien entendu, elle est aussi capable de se montrer très mature et très adulte lorsque la situation le demande. Mais même au niveau de ses jeux, ils sont souvent puérils, et elle adore gagner. C'est d'ailleurs pour ça qu'elle n'a pas tué Joaquin ou Jason. Tant que les dés ne seront pas jetés, elle continuera à se battre pour gagner la première place. Où qu'elle soit.

« Dawn. »

L'histoire de ma vie... Une naissance, une renaissance... Une insatisfaction quant à ce que peut offrir la divine Mère Nature. Au souffle de la vie s'insinuant dans mon corps. Me voici, moi, Chryseís Iyía Éktoras, encore humaine, fraîchement née. Pour la première fois. Je venais de prendre ma première goulée d'air, venais de toucher la première peau, venais de découvrir la douleur que provoquait le fait d'être vivant. Une fille du peuple ; l'un des seuls enfants que mes parents réussirent à amener à terme et qui survécut. Nous étions en 342, et dans faisant parti de l'Empire Byzantin. Douze ans avant ma naissance, la Nova Roma avait été fondée, à la place de Byzance, mais se fit appeler Constantinople. J'avais beau être extrêmement fière de mes origines, la pauvreté de mes parents ne me convenait pourtant que très peu. Dès que j'atteignis l'âge de dix années - et mes parents s'y étaient pris tard, comparés aux autres familles de paysans - je dus commencer à travailler la terre, labourer les champs, prendre soin des bêtes qui nous appartenaient et qui nous étaient à cultiver nos semences, à les planter. Je n'avais rien. Je n'étais personne. Aucune culture, aucune connaissance... Juste les quelques rudiments que l'on m'avait apprit. Que nous étions Turques, qu'il y avait d'autres contrées aux alentours mais qu'il était trop dangereux de s'y aventurer. Et je savais aussi que mes parents désiraient me marier à un bon parti, mais qu'ils ne pensaient pas pouvoir y arriver avec notre manque de Dot. Et moi, je savais. Je savais que je ne pouvais pas abandonner mes parents dans une telle misère, pour vivre une vie heureuse et épanouie loin de la douleur que provoquait notre métier. Je savais que, même si je le désirais ardemment, même si je faisais tout ce qu'il y avait en mon pouvoir, je ne resterais à jamais qu'une paysanne. Et je savais que, malgré le manque d'attention que me témoignaient mes géniteurs, ils m'aimaient et ils m'étaient reconnaissants d'être là. C'était d'autres mœurs, une autre époque...

C'est pour cette raison que jamais je ne pus leur en vouloir de me laisser être souillée, blessée, abîmée. Ils faisaient ce qu'ils pouvaient avec leurs peu de moyens. Mes mains étaient couvertes d'hématomes causées par les pioches et autres outils dont je me servais pour battre la terre, et tout mon corps était couvert d'écorchures, créées pour les même raisons ou à cause d'hommes en voyages. Ces porcs me prenaient de force, et si mes parents entendaient mes cris désespérés - ces gens ne cherchant même pas à se cacher - ils faisaient mine de ne rien entendre. Et c'était la même chose lorsqu'ils voyaient tous les bleus qui entachaient ma peau d'albâtre. Un fin voile de tristesse apparaissait sur leurs yeux fatigués qui disparaissait aussitôt que je l'eusse remarqué. Ils se fichaient bien de ce que je pouvais devenir, que je puisse enfanter un inconnu, alors que nous n'avions rien qui me permettre d'avoir un enfant. Mes parents n'étaient pas très vieux, n'atteignant qu'une grosse trentaine d'années, ce qui était déjà très admirable. Mais leur peau était ridée, tannée, fanée. Et mes seize ans paraissaient déjà m'en faire dix de plus. La vie ne m'avait pas fait de cadeau, et je tombais plus d'une fois gravement malade. Pourtant, à chaque fois je m'en sortais, comme par magie. Une farce du destin, un sadisme. La mort me semblait si douce, si paisible... Si désirable. J'étais heureuse d'être en vie, mais j'estimais ne pas mériter de souffrir autant. C'est pourquoi lors de cette soirée fatidique, je ne me fis pas prier.

Je me promenais un peu dehors, encaissant les bourrasques d'air frais qui se répercutaient sur ma chair et la glaçait. Mon sang semblait se geler dans mes veines, mais je ne supportais que très peu la présence de mes géniteurs, leurs disputes et leurs yeux éteints, leur teint livide... Leur vieillesse. Je ne voulais pas devenir comme eux, plutôt mourir. Et j'aimais bénéficier d'un peu de solitude dans les champs entourant notre pauvre bâtisse. Je savais que c'était extrêmement risqué pour mon statut de jeune femme mais à quoi bon m'en inquiéter ? Il ne se passait pas une année sans que l'on abuse de moi. J'étais rodée, blasée. Mais lorsque je le vis, je sus que tout allait changer. Sa longue chevelure d'ébène lui donnait des airs égyptiens, bien que je n'en eusse jamais admiré de ma vie. Ses grands yeux noirs légèrement enfoncés lui attribuaient une noblesse sans commune mesure et sa longue toge ne faisait qu'ajouter à cette grâce innée qui suintait de sa personne et à la noblesse qui se déversait de lui. C'est pourquoi je baissais les yeux en voyant qu'il posait les siens sur moi. Je n'étais pas autorisée à parler à quelqu'un de son Rang. Je n'étais pas assez... bien. Mais il s'avança encore jusqu'à arriver à quelques centimètres de moi. Il paraissait très imposant, et était très grand. Il me dépassait d'au moins une tête et demi, et je ne pouvais m'empêcher d'afficher un air ahuri, la bouche légèrement ouverte, alors que mes yeux passaient et repassaient sur ses traits parfaits. « Chryseís... Viens avec moi. Je t'offrirai tout. Tout ce que tu désires. Appartiens moi. » Je ne sus rien répondre à cette invitation, et étant persuadée de rêver éveillée, j'acceptais. Nous partîmes dans la minute pour Constantinople.

« New Life. »

Tout était merveilleux. J'avais rêvé, depuis que j'en avais entendu parlé, de voir cette grande ville, éclairée de mille et une torches, pleine de commerces. Un endroit vivant, où la mort des uns et des autres ne semblait pas être une fâcheuse habitude, triste et morne. Ici, tout respirait la joie, et tout me fascinait. Bien sûr, je ne voyais pour le moment que l'aspect mélioratif de la ville, et je ne doutais pas qu'il y ait d'autres points qui me plaisent moins, mais je nageais pour le moment en plein conte de fée. Je me souvenais encore les histoires avec lesquelles ma mère me berçait, dans mon enfance. Lorsque je ne leur étais pas encore utile... Lorsqu'ils m'aimaient encore et faisaient attention à moi. Nous étions en cheval, et puisque je ne savais pas du tout en faire, j'étais agrippée derrière lui, me tenant à ses hanches comme une harpie, y mettant toute ma force, la peur déchirant mes entrailles. Cela avait d'ailleurs été toute une histoire lorsque j'avais tenté de monter sur le dos de ce canasson. J'étais tombée une bonne dizaine de fois et il n'y avait eu qu'avec l'aide de Simsek que j'y étais parvenue. Il m'avait porté, étant apparemment plus fort que je ne l'avais pensé et m'avait fait tenir en montant rapidement dessus après. Sa vitesse m'avait grandement étonnée également. Il n'y avait eu qu'une demi seconde qui nous avait séparé. Il devait être un cavalier hors pair... Du moins, c'est ce que cria ma naïveté. Mais nous étions enfin arrivés, et si quelques torrents de larmes m'avaient échappés, j'étais toujours persuadée de les avoir camouflés assez bien pour qu'il ne remarque rien. Je voulais être digne de lui. Je croyais, toujours aussi naïvement, que je deviendrai sa femme. Qu'il était tombé amoureux de moi en un regard. Mes espoirs de petite fille étaient remontés à la surface, et je rêvais de vivre une idylle avec ce magnifique homme.


Simsek m'avait fait vivre une idylle, une vie de princesse comme j'en avais rêvé toute ma vie. Jamais il n'avait cherché à abuser de mon corps, restant un Prince parfait. A mes yeux. Quelques fois néanmoins, ils disparaissait sans me prévenir. Le soir, en outre, il n'était presque jamais là. Il prétextait des diners importants, et je souffrais d'une certaine solitude. Mais je ne me plaignais pas. Il m'avait témoigné son affection à maintes reprises, me couvrant de bijoux, de parures... De tout ce que je désirais. Je rencontrais les plus grands noms de Constantinople et me fis rapidement connaître comme étant la "jeune fille chanceuse qui avait su mettre le grappin sur Simsek". Je voyais tant de désir dans les yeux de ces femmes qui regardaient mon homme. Et cela gonflait ma fierté, inexorablement. J'étais heureuse de pouvoir être à côté de cet apollon, alors même que je n'étais qu'une fille banale. Néanmoins, mon aimé avait caché mes origines et clamait que je n'avais toujours été qu'une noble, promise à lui il y a des décennies. J'étais un peu vexée d'être ainsi changée, que mon passé soit effacé, mais j'aurais tout fait pour lui, pour qu'il soit heureux et amoureux de moi. Il était mon centre de gravité, mon monde. Tout ne tournait plus qu'autour de lui. Et je m'aurais volontiers damnée pour qu'il ne pose ne serait-ce qu'une fois ses lèvres sur les miennes. Mais en quatre années - où je n'avais jamais revu mes géniteurs, ce qui déclenchait une énorme culpabilité en moi dès que j'y repensais - jamais il ne l'avait fait. Il me disait toujours « Tu es trop précieuse pour cela. Un jour, nous nous unirons, je te le promets. Mais sois patiente. » Et je ne comprenais jamais cette phrase énigmatique, réitérant souvent la même demande. Mon impatience était palpable, et je rêvais toujours d'avoir, un jour ou l'autre, des enfants. Je n'étais déjà plus toute jeune, et il fallait donc nous presser. Néanmoins, dès que je tentais d'en discuter avec lui, il changeait de sujet.


A l'aube de mes vingt-quatre printemps - et je me sentais incroyablement vieille, d'un coup - Simsek me fit une proposition. La jeunesse éternelle, notre amour éternel. Et une vie plus longue encore que tout ce dont je pourrais rêver. A la condition de renoncer à mon désir d'avoir un jour quelques enfants. Mais j'acceptais sans me faire prier. Je ne désirais que Simsek. Et il procéda donc à ma transformation. Ce fut incroyablement douloureux, et très dur pour lui de ne pas s'abreuver de tout mon sang, mais j'y survécus. Comme vous le savez, d'ailleurs. J'étais déjà asservie à ce Vampire, mais je le fus encore davantage. Je lui devais tout, et lui obéis avec ferveur. Le moindre souhait qu'il prononçait, et je me faisais un devoir de tenter de le réaliser. Même le plus fou. Il m'expliqua alors tout son passé, relatant toute sa très longue vie. Il m'informa qu'il n'avait jamais infanté avec moi, et qu'il m'avait choisie. Je lui avais alors demandé pourquoi, tout en le remerciant mille fois encore pour son cadeau. Et il m'avait rétorqué, de sa voix grave et rauque « Car tu es la plus belle créature que j'ai croisé jusqu'ici. Car tu le méritais. Car tu as un destin hors du commun. Je le sens. » ce à quoi je ne sus que répondre, n'affichant qu'un bref sourire. Je me sentais tellement chanceuse... Suite à ce jour fatidique, je fus emprisonnée dans mes vingt-quatre ans, et nous pûmes vivre ensemble jusqu'à ce que la mort nous sépare. Plus jamais je ne pourrais voir le soleil, je le savais, et cela me manquait. Mais rien ne valait plus que ce qu'il m'avait offert. Mon aimé faisait parti du Conseil et je me devais donc d'être une jeune Vampire encore plus respectueuse que les autres. Seul son amour m'importait. J'étais celle qu'il voulait que je sois. Hautaine, capricieuse, joueuse... Et cruelle.

Nous vîmes la bataille d'Andrinople, en 378 à Constantinople, profitant de cette occasion pour nous rassasier des soldats, aidant un camp ou l'autre... Voire dégustant des membres des deux partis. Et nous participâmes comme des soldats, tuant grâce à nos crocs, de manière toujours très discrète. Dans le cas contraire, nous tuions les témoins. Mais après six cent années passées dans l'Empire Byzantin qui ne le resta pas, je me lassais, et décidais de m'exiler seule en Grande-Bretagne. Voir la vie changer, évoluer, était passionnant. Je mis à profit mon éternité pour me cultiver, pour apprendre pleins de choses, pour analyser les comportements des humains tout en continuant mes actes de barbaries permettant de me nourrir. Puis je me mis à visiter l'Europe et le monde. J'appris à parler une petite dizaine de langues différentes, et goûtais le sang de nombreux innocents. Je rencontrais Asher pendant l'un de mes nombreux voyages et flirtais avec lui. Nous ne vécûmes jamais ensemble, mais nous satisfaisâmes de notre condition de Vampire pour trouver de nouveaux jeux amoureux interdits aux Humains. Nous nous amusions, par exemple, à étaler du sang sur nos corps. Et d'autres choses que vous préféreriez ne pas savoir. Tout n'était que charnel, le mot « Amour » étant banni de mon vocabulaire. Je découvris également le Texas et même l'Amérique. Et jamais je n'ai été blasée par cette longue existence qui m'a été offerte. Comparé à mes confrères, je restais heureuse de ma condition. Vivre était la plus belle chose que je connaissais, et j'avais d'ailleurs beaucoup trop de choses à faire pour m'en séparer. Je commençais, vers les années 1800, à investir dans des entreprises, à m'instruire pour créer la mienne, pour avoir des fonds. Je savais tellement de choses que les autres, les humains, ignoraient... Un véritable puits de connaissance. Et si je m'autorisais de temps à autres quelques encas, ce n'était jamais sans leur apprendre quelques petites choses avant de les tuer. Et changer d'identité à tous mes voyages m'amusait beaucoup, d'ailleurs.

« Don't break me. »

Plus de 1660 années après ma première naissance, après une vie de misère humaine, une vie ridiculeusement peu importante, j'étais désormais la perfection incarnée, la plus belle, la plus utile. J'étais cultivée, et l'on pouvait dire que j'avais du mérite. Je m'étais relevée alors que j'avais été au plus bas. Hors de question pour moi de sucer le sang de rats, même pendant la période où les vampires avaient le plus de difficultés. Car oui, ma "race" passa par une période cruelle, dévastatrice. Et elle n'en est toujours pas sortie, d'ailleurs. Je suis arrivée aux Etats-Unis quelques années avant ce jour où je vous parle. Ma relation avec Asher battait de l'aide, puisque mes caprices étaient difficilement satisfaisables. Je me lassais d'ailleurs assez vite des relations amoureuses, bien que nous n'eûmes jamais ce genre de sentiments, et adorais tout ce qui était "nouveau". D'autant que j'avais un gros faible pour les aventures sans lendemain. Je pensais inconcevable de m'enticher d'un humain, et en est toujours persuadée. En outre, Asher a beaucoup baissé dans mon estime depuis que son intérêt s'est flétrit à mon égard pour éclore à l'encontre d'une humaine banale, fragile, frêle. J'avoue être toujours un peu vexée qu'il m'ait quitté pour cette chose. Je haïs les Humains et les ai toujours haïs. J'ai d'ailleurs fait payer à bon nombre d'hommes toutes les choses horribles qu'ils m'ont fait vivre. Mais comment Asher pouvait-il se satisfaire d'une humaine ?! Après... moi. Il n'avait pas à se retenir, pas à avoir peur de me blesser, pendant nos étreintes. Mais passons. Je ne l'aimais plus bien avant qu'il ne m'avoue qu'il s'était entiché de cette blonde. Je rejoignis donc mon Sire dans les hautes sphères du Conseil des Etats-Unis. Je ne fais évidemment pas parti du Conseil, mais devins une Vampire importante au yeux du monde entier. Avec l'aide du Conseil qui me trouva parfaite pour le rôle de Représentante. Avec mon charisme indéniable, ma façon posée de parler et le masque que j'enfile toujours devant les médias, rien ne me résistait et rien ne me résiste toujours.

Je suis en outre la première Vampire à s'être vue propulsée au premier rang de la lutte pour les droits des Vampires. C'est grâce à ce "job" que j'appris à me composer un masque d’amabilité et à cacher ma véritable nature. Je n'aurais fait qu'empirer nos droits dans le cas contraire. Je fus également la première de ma race à être affichée devant des caméras. C'est une très grande fierté à mes yeux. Je ne comprends d'ailleurs pas comment nous avons pu tomber aussi bas... Nous réduire en animaux domestiques, en de faibles choses sans défenses... Mais le Conseil refuse que la paix soit détériorée. Il estime qu'il nous serait plus facile de nous nourrir si les humains étaient consentants et s'ils connaissaient notre existence. C'est pourquoi le Monde entier le connait à présent. Et si ça ne m'enchante pas - loin de là, je ne le montre pas du tout. Je suis devenue le symbole du Vampirisme et la représentante de ma race. Ils ne sauraient rien faire sans mon soutien et sans mon appui. Beaucoup de lois qui régissent à présent les Vampires et les Humains à notre égard ont été votées grâce à moi, sous l'accord du Conseil. Je refuse de mettre en péril cette vie que j'ai réussi à faire perdurer jusqu'à maintenant. Je viens d'arriver à Saint-Louis, d'ailleurs. Et mon rôle est de plus en plus ardu à tenir. Si j'arrive à être l'Ange qu'ils voient en moi devant les Médias, il m'est beaucoup moins aisé de réfréner mes pulsions dans les coulisses. Mais je suis surveillée, tout le temps. Et je ne voudrais entacher la réputation de mon Sire en ne respectant pas les règles. De ce fait, il arrive encore régulièrement que je me nourrisse et tue, tout en faisant extrêmement attention pour que tout fusse nettoyé ensuite. Voilà donc 10 ans que ma vie est plus ou moins stable, dans la ville de Saint-Louis. Pourtant, j'ai comme l'impression que ça ne va pas durer. La ville regorge de créatures inconnues à ma personne qui n'ont pas les même lois que nous. Je crains qu'ils ne fassent tout rater, et ne mettent en péril notre tranquillité.