Je n’aime pas trop parler de mon physique, je suis comme je suis, c’est tout. Je ne me trouve pas forcément beau mais je ne me trouve pas laid, non plus. Je suis grand, quoique dans la moyenne, je suis brun, les cheveux courts et mes yeux sont marrons avec une nuance sanguine qui est apparu après ma transformation.

Je prends soin de mon corps, la chasse me permet de l’entretenir sans avoir besoin de faire du sport, mais un peu de musculation de temps en temps, est un bon moyen pour moi de me détendre et de me maintenir opérationnel aux vues des nombreuses proies qu’il me faut combattre et abattre. Mon image est très importante, je n’aime pas paraître négligé, avec une barbe de plus de quatre jours, sale, malodorant. Après tout, autant entretenir le mythe du vampire séduisant et attirant jusqu’au bout ! C’est aussi une façon de trouver de quoi se nourrir plus facilement, un humain sera plus enclin à donner son sang à un vampire qui lui plait qu’à un cadavre empestant la mort.

Dans ma vie de tous les jours, si on peut parler d’une vie pour un vampire, je m’habille plutôt bon chic bon genre, ou décontracté selon les occasions. Jeans, T-shirts, baskets ou chaussures hors de prix, pantalon haute-couture, chemise, cravate et veste. J’aime être élégant. Mais lorsque je chasse, je préfère des vêtements qui me permettent d’être à l’aise dans mes mouvements et qui m’aident à me fondre dans le décor au détriment de l’élégance.

Je déteste les personnes qui s’intéressent à moi juste pour mon physique, en général ce ne sont pas des gens intéressants. Je n’ai confiance en personne, les compliments je les prends presque toujours comme une tentative de manipulation pour obtenir quelque chose de moi. C’est vrai que le regard des autres est assez important pour moi, je fais toujours en sorte de bien me tenir, d’être irréprochable et de faire attention à mes manières, même mort, je n’en reste pas moins un homme, j’aime plaire, séduire, mettre en avant mes atouts, mais paradoxalement, rares sont les personnes que je pense sincère et dont l’avis m’importe réellement.

J’ai un fort caractère. Je ne me laisse pas facilement approcher, je suis un peu réservé et ne suis pas très expansif, je l’étais avant mais plus maintenant. Je suis quelqu’un de fondamentalement gentil même si je peux me montrer très cru et très dur dans mes propos, parce que je ne supporte pas la médiocrité et les faibles.

Je ne le montre pas mais j’ai une sensibilité à fleur de peau, on m’a fait beaucoup de mal aussi bien dans ma vie d’humain que dans ma vie vampirique, alors je ne donne ma confiance qu’à très peu de personne, pour me protéger. J’ai beaucoup de haine dans le cœur et très peu d’amour à offrir, j’ai trop donné dans le passé pour pouvoir le faire pour quelqu’un d’autre, je crois que Velcan en souffre un peu et attend plus de moi que je ne peux lui donner. Je ne dévoile pas mes sentiments ou très peu et je n’arrive plus non plus à identifier mes sentiments, j’ai l’impression que plus je prends en maturité, plus le vampire prend le pas sur mon humanité et me rend froid comme le marbre.

Pourtant je me fonds parfaitement dans la société, je suis très sociable, mais un peu manipulateur. Quand j’ai besoin ou que je veux quelque chose, je suis prêt à tout pour l’avoir. Ma fierté me pousse à me lancer des défis et je ne recule devant rien pour les relever. Sur ce plan, mon métier de chasseur m’apporte bien des satisfactions. A chaque contrat rempli, chaque CESS exterminé, je me sens un peu plus vivant et un peu plus puissant.

Mais la jouissance que me procurent mes assassinats me fait peur. Après deux siècles à errer sur cette terre, je n’ai toujours pas accepté ce que je suis devenu : un monstre. Je ne sais pas qui je suis et je n’ai ma place nulle part. Je ne me soumets pas aux lois vampiriques si celles-ci ne me conviennent pas, je suis mon propre chemin, je me laisse guider par mes valeurs et ne laisse personne dicter ma conduite.

Libre avant tout, car prisonnier d’un état qui ne me convient pas, j’aime séduire et goûter aux plaisirs de la chair, recherchant toujours plus d’expérience et toujours plus de sensations, de plaisir comme si je craignais de finir par ne plus rien ressentir. Libre, parce que même si on peut dire que je suis en couple avec Velcan, nous n’avons pas l’exclusivité, chacun fait ce qu’il veut et peut assouvir ses désirs les plus inavouables. Il nous arrive d’ailleurs de chercher ensemble de nouvelles conquêtes, ce qui nous permet de ne jamais sombrer dans la monotonie. Et libre enfin, parce que je n’obéis qu’à une seule règle : Il n’y a pas de règle.

© ifailedyou
Né le 20 Octobre 1811 à Londres, je fus issu d’une famille d’aristocrate peu connu, les Lovecraft. Ma vie à cette époque a peu d’intérêt, j’étais très bon élève et un jour j’allais hériter de l’entreprise familiale, une maison d’édition assez florissante dont j’ai oublié le nom. Ce qui importe vraiment, c’est la raison pour laquelle je suis devenu ce que je suis aujourd’hui : un vampire.

Pour faire court, je le suis devenu à cause de la seule personne que j’ai jamais aimée. Je vivais une passion dévorante avec une jeune femme absolument parfaite, elle m’a fait croire en l’amour et au bonheur, elle m’a fait croire à un avenir à deux, avec elle je me sentais comme accompli, totalement comblé. Mais elle me quitta quelques jours avant mon vingt-deuxième anniversaire et me brisa à jamais le cœur. Notre histoire s’était déroulée comme un conte de fée, nous nous comprenions sans même nous parler, nous ne pouvions pas se passer l’un de l’autre, mais elle m’a poussé hors de sa vie, sans raison, sur un coup de tête. Elle n’avait rien à me reprocher ou alors elle n’a pas su me le dire, peut-être ne pouvait-elle pas simplement supporter le bonheur et peut-être recherchait-elle ce genre de relation médiocre qui ne dure pas, pour les enchaîner et ne pas avoir à se contenter d’un seul homme.

Je tombai dans une forte dépression, ma famille et mes amis me prodiguèrent un soutien indéfectible, même s’ils ne comprenaient visiblement pas qu’une peine de cœur pouvait à ce point m’affecter. Alors que j’étais entouré comme jamais je ne l’ai été dans ma vie, je me sentais pourtant atrocement seul. Lamartine a écrit « un seul être vous manque et tout est dépeuplé », je n’ai jamais compris cette citation avant de perdre la seule personne qui comptait vraiment à mes yeux. Je ne mangeais presque plus, je fréquentais les bas quartiers de Londres, les bars et les taudis malfamés, je goûtais à la drogue, à l’alcool, aux catins, à tous les paradis artificiels dans l’espoir que pendant un bref instant ma peine s’estompât… mais en vain.

Une nuit, tandis que j’écopais les bars, ivre mort, elle revint vers moi. Sans un mot, elle me tira dans la ruelle et me jeta aux pieds d’un homme encapuchonné. Ce dernier lui fit un signe de la main et elle me releva, me plaqua contre un mur et me mordit au cou. Complètement anesthésié par l’alcool, je me laissais vider de mon sang jusqu’au seuil de la mort, puis m’écroulai à demi-conscient sur les pavés recouverts de fange. Avant de partir, elle me retourna, m’ouvrit la bouche avec les doigts et m’obligea à ingurgiter un peu de son propre sang. Agonisant, gémissant et suffocant, je la regardai s’éloigner au bras de l’inconnu sans être capable d’articuler le moindre mot…

Je m’éveillai le lendemain dans un lit de fortune fait de planches, de paille et de loques, à mon chevet une vieille mendiante me lançait un regard glacial de sous son sourcil relevé. « Vous allez bien, Milord ? » Une pulsion fulgurante que je ne pus contenir me fit fondre sur la vieille et je plantai mes dents dans sa nuque pour boire le sang qui s’écoulait de la plaie jusqu’à la dernière goutte. Lorsque je repris le contrôle de moi-même, la clocharde était morte. Je fuis les lieux, désorienté, dans une totale incompréhension.

Il fallut plusieurs mois d’errance avant que je ne comprenne ce qui m’était arrivé et ce que j’étais devenu. C’est un chasseur humain qui me recueilli, il allait pour me tuer mais à la dernière minute, il m’épargna, interloqué par l’ignorance de ma condition et mon innocence. Il me ligota et s’occupa de m’instruire, il me domestiqua comme une bête sauvage et m’apprit à maîtriser ma soif, à me battre. Il me révéla les faiblesses des vampires et des autres créatures, il m’enseigna la chasse et je l’aidai dans ses contrats jusqu’au jour où il fut assassiné par une de ses cibles.

Seul au monde, je quittai l’Angleterre pour le nouveau monde et m’installai dans la cité des anges. Pendant une centaine d’années, j’ai vécu caché, imitant le mode de vie des humains pour ne pas trop éveiller les soupçons sur ma nature vampirique, surtout après la révélation de l’an 2000. Je chassais pour vivre, pour oublier et pour le plaisir. Je n’ai aucune sympathie pour ma race, ce ne sont que des faux dieux tout comme moi, sans le sang, nous ne sommes rien.

Il y a peu, alors que je me renseignais dans un bar sur les habitudes d’une cible de contrat, je voyais Velcan pour la première fois. Je ne pus m’empêcher de le dévisager longuement, je ne dirais pas qu’il me plaisait mais il ne me laissait pas indifférent et j’avais le sentiment que je devais le rencontrer. Alors, à la fermeture, je partis le rejoindre pour lui offrir un verre. Plus il me parlait, plus j’avais envie d’en entendre encore plus à son sujet, je trouvais sa jeunesse et sa naïveté rafraichissante, divertissante. Plus tard dans la nuit, il m’invita chez lui et je sentis naître en moi une attirance, une pulsion sexuelle que je n’avais jamais ressenti pour aucun homme – peut-être aussi, étais-je tout simplement excité à la vue de cette jolie jugulaire qui frémissait dans son cou… Quoiqu’il en soit, il arriva ce qu’il devait arriver, je m’abreuvai à son cou et couchai avec lui.

Pendant plusieurs mois, nous nous vîmes régulièrement avant que notre relation ne passe à un nouveau plan. Velcan finit par me considérer comme son copain, et je ne dis, ni ne fis rien pour le contredire, mais j’ignore toujours si j’éprouve de l’amour ou une simple attraction pour le jeune homme. En revanche, je sais qu’il m’est indispensable, j’aime sa présence, sa conversation et son corps. Je craignais de le perdre un jour, les humains sont si fragiles et je voulais le garder tel qu’il était à cet instant, alors je lui fis une proposition que je n’aurais jamais pensé formuler : « Veux-tu que je te transforme ? ». Il refusa et se renfrogna. Mais le destin allait être au tournant d’une ruelle… Velcan prit une balle perdue dans un règlement de compte. Il était hors de question de me retrouver à nouveau seul, alors je fis ce qui me semblait juste sur le moment. Je lui offris le don noir.

Aujourd’hui, nous sommes à Saint-Louis, Velcan est mon infant, mon compagnon. Je prends soin de lui et le protège mais je crois qu’il aurait préféré que je le laisse mourir cette nuit-là… Il m’en veut, je le sens. Peu importe, je n’ai pas le temps de m’apitoyer sur son sort, des contrats attendent…