❝ INTRODUCTION. ❞

Elle danse, la naïade, chacun de ses pas fascine, elle se balance de gauche à droite, ses hanches penchent. Elle vacille. Son manège ressemble à la plus langoureuse de toutes les chorégraphies. Mouvance extrême dans un monde bien trop laid pour pareil spécimen. Il faudrait surement la tuer, puisqu’elle semble empoisonner l’air, iriser l’atmosphère de vice et de détresse entremêlée. Personne ne la comprend, elle-même ne saisit pas l’ensemble des informations circulant au sein de sa confiture de neurones. Cette fille est un monstre, un démon, un diable. Sous ce visage de presque cire, sous cette splendeur sauvage et agressive ; se dissimule une vipère sans foi ni loi. Mathilde ne suit que ses règles et ses envies. Capricieuse à n’en point douter, la belle adore le pouvoir et se languit terriblement des corps et des âmes qui l’effleurent. Inlassablement, les visions étranges si ce ne sont morbides, inondent son crâne malade et trop vieux.
L’ennui est une vilaine chose, qui loin de se frayer un chemin correct et sensé au milieu de son esprit abracadabrantesque, lui fournit des songes et rêveries qui la poussent aux pires colères. Frustration et détresse, palpables. La déesse est malheureuse, las, désabusée ou désenchantée.
C'est pourquoi la jolie mégère millénaire, envisage ses semblables - comme le reste des mortels -, telles de potentielles victimes, un gibier qui saurait la faire se divertir et éclater de rire ; dès lors que l'hémoglobine maculerait les dalles sous ses pieds. La chasse, la traque, elle s'en ravit. Bête assoiffée et affamée, qui d'un simple clignement de paupières redevient une sylphide brune à l'aura frigorifiant malgré une pointe de démence, que l'on pourrait qualifier - souvent- de pure excentricité. Rien ne sert de tenter d’attaquer une psyché si compliquée et instable. Au fond de la sirène, tout est froid, calme, un désert à glacer le sang. Un unique regard, et voilà que vos poils s’hérissent. Il vous prend l’idiote envie de toucher la radieuse sanglante, afin de confirmer qu'elle est bien réelle. Elle l'est, n'est-ce pas ? Mathilde n'est pas une hallucination. Toutefois, elle hallucine beaucoup. Frôler sa chair et découvrir ses contours, elle inspire une frénésie presque bestiale. La dévorer ou la morceler. La caresser et y rester. Un désir fugace et passager. La terreur qu’inspire ses prunelles aux reflets troubles incite à partir, s’enfuir, quitte à s’affaler et continuer, toujours, rapidement. Ramper sous un meuble, sous terre, creuser son propre trou devant la garce qui lorgne la gazelle à dépecer : vous, en l’occurrence. Elle sourira, elle l’assure. Elle encouragera la folie à s’accomplir, le délire à perdurer. C’est si bon, si beau, si merveilleux. Tout n’est qu’amusement, un jeu sinistre et sans pitié, qu’elle a elle-même inventé. Redoutable, ses divagations favorites consistent à observer, puis lacérer.