Comment est-il physiquement? Voilà une question très intéressante ( sarcastique). Si vous étiez en face de lui, il vous dirait de bien le regarder avec un battement de cils, faussement courtois. Mais puisque vous n’êtes pas là… Laissez-le se placer devant le miroir. Son reflet est celui d’un homme d’une trentaine d’année. Des traits fins, plutôt bien dessinés. Un regard sombre, mystérieux et ce malgré la couleur jade de ses iris. Plutôt soigné si on s’en tient à sa chevelure courte, probablement habitée de gel, vu son caractère humide. Il est brun, tirant vers le châtain clair… Un visage plutôt harmonieux… Si seulement il n’était pas teinté de ce cynisme ironique et méprisant. Alejandro… Un nom qui fait rêvé, n’est-ce pas mesdemoiselles? Il est plutôt grand. 1m87, et sans être maigrichon, il avoue volontiers qu’il n’est pas très épais. Il a un corps sec et svelte. Ce n’est pas plus mal, avec sa hauteur, ça lui donne cet air élancé...Venons –en maintenant à son look. Vous l’avez deviné, il fait attention à sa personne, malgré sa lassitude face à la vie. Que voulez-vous, il reste le séducteur latino qu’il était de son vivant, il aime charmé ces dames, même si bien souvent c’est sans suite. Il a un look plutôt branché et classe. Il porte rarement des couleurs criardes , préférant la simplicité sécurisante d’un blanc où d’un noir uni. Il affectionne les vestes en cuire et les vêtements qui mettent sa silhouette en valeur.

Il est une énigme pour lui-même. Comment voulez-vous qu’il se décrive en sachant cela? Une énigme… C’est le mot qui lui correspond plus. Alejandro est tout et son contraire. Paradoxal, ambigu, indécis et pourtant radical. Ca vous aide à savoir qui il est? Non… Et bien il se sent moins seul comme ça. On ne peut pas vraiment affirmer avec certitude qui il est. On peut par contre dénoter certains points culminants. Tout d’abord, il est loin de correspondre au cliché du vampire sanguinaire. Pas qu’il soit gentil, mais il n’a rien d’un psychopathe… Sauf peut-être ce côté asocial qui le caractérise. El solitario… Le solitaire en espagnole, sa langue maternelle…Non Alejandro n’aime pas vivre en société. Il n’aime pas le contacte humain et encore moins vampiresque. Non définitivement, il n’aime pas ses semblables… Au mieux ils lui inspirent de l’indifférence. Au pire un profond mépris. Déduisez-en que c’est un marginal qui vit un peu à l’écart de la société. Par conséquent c’est un être froid et distant. Pas très bavard… Ce qui lui vaut assez souvent d’être qualifié, d’hautain. Il l’est certainement un petit peu d’ailleurs. Cela étant dit, étant la contradiction incarnée, paradoxalement c’est un être qui a besoin d’attention. Il aime qu’on le remarque. Et de préférence qu’on le remarque pour sa discrétion. Car oui, s’il aime qu’on le remarque, il ne fait pas vraiment grand-chose pour. Alejandro est discret, observateur et un brin calculateur. Il n’est pas foncièrement méchant non, mais il n’a que très peu d’émotions Il est antipathique. Il se fiche de tout. Lassé de la vie, des jours qui se répètent… C’est un blasé, cynique qui ne prend plaisir à rien. D’ailleurs les rares personnes qui le côtoient peuvent marquer cette tendance à l’humour noir, sarcastique, limite blessant par moment. C’est une âme torturée… Mais il ne saurait dire pourquoi il l’est. Il méprise tout et tout le monde. Aime se moquer d’autrui se considérant volontiers comme moralement supérieur à la plupart des êtres qui vivent sur cette terre. Mais tout cela vient peut-être de son profond et cruel manque d’affection. Une carapace cynique, dure et froide pour ne pas montrer qu’au fond, il est plutôt vulnérable et sensible aux regards des autres. Ce qui justifie son besoin de séduire, tout ce qui bouge, un tant soit peu que ça porte une paire de nichons. Il est charmeur oui. Et ses airs de dur à cuir au cœur tendre, en attirent plus d’une. Sans compter sur son charmant accent espagnole, parlé néanmoins dans un anglais parfait. Cependant, Alejandro donne rarement suite aux occasions qui se présentent à lui, sentimentalement parlant. Vaniteux comme il est, ça lui suffit de savoir qu’il peut mettre telle ou telle fille dans son lit. Il ne ressent absolument pas le besoin d’aller jusqu’au bout… Du moins pas à chaque fois. Alors ça lui arrive souvent de draguer, rien que pour flatter son égaux démesuré. Et des fois quand les pulsions bestiales prennent le dessus, il boucle l’affaire, avant de jeter la pauvre femme en moins de temps qu’il ne lui en a fallu, pour la mettre dans son lit. Oui, il est intelligent et manipulateur. Il est rare qu’il n’obtienne pas ce qu’il veut… Oui, paradoxal... Parce qu'il n'est pas rare, que malgré son apparence glaciale, il inspire tendresse et compassion. Il est tout et son contraire, ainsi son faciès rigide se mélange tellement facilement avec la douceur d'un sourire attendrissant.

♪ Ma vie est une chanson de Cumbia ♪
Le texte qui va suivre comportera des brides du journal intime d’Alejandro S. Sandoval. Traduit de l’espagnole, par lui-même

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15 mars 1922

… Aujourd’hui je me sens mal mi amor …( c’est ainsi qu’il appelait son journal intime. ) J’ai 20 ans aujourd’hui… Je suis seul, perdu… Mais où sont passés les gens que j’aime? Où sont-ils? Dis-le moi amor… Dis le moi… Si tu savais comme j’ai mal. Ca fait cinq ans qu’ils sont partis. C’est trop dur d’avancer sans eux… J’essaie chaque jour, mais je n’y arrive pas… »

Oui, ce jour là Alejandro se sentait mal. Comme si on le poignardait en plein cœur, l’hémorragie rattrapant chaque passerelle de son corps… Mais cette boule au fond de la gorge… C’est elle qui l’empêchait de crier au monde sa douleur. Ca faisait cinq ans ce jour là que ses parents avaient rejoint les cieux, tués par l’armée. L’Uruguay comme de nombreux pays sud américain, avait vécu de nombreuse s années sous le joug d’une dictature tyrannique. Ses parents faisaient parti des révolutionnaires voulant renverser le régime au pouvoir…

« …Je sais ce que tu vas me dire…De ne pas baisser les bras, de me battre. De continuer pour eux… Ils peuvent tuer des gens, mais les larmes des proches seront toujours là contre l’oubli. Ils ont gagné une bataille, pas la guerre. Dès que je finirai mes études je m’engagerai au près des Tupamaros ( mouvement révolutionnaire d’extrême gauche uruguayenne). »

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1 Juillet 1925

… C’est ainsi que je me suis engagé dans ce mouvement révolutionnaire. Nous ne sommes pas des terroristes, ni des tueurs non… Je m’en excuse profondément si nous avons fait pleurer des mères. Ce n’est pas notre intention. Croyez-le … On nous force à prendre les armes. Pas le choix, il faut bien que nous nous défendions. Dites vous tous, que nous ne sommes qu’un groupe de rêveurs. Nous rêvons d’un monde meilleurs. Montevideo, c’est la ville qui m’a vue naître. Je la veux en paix, sans souffrance, sans misère. Je veux que chaque citoyen soit égal. Plus de pauvres, plus de riches, tout le monde au même niveau, vivant en harmonie. Pas de jalousie, pas de favoritisme au détriment d’autrui. Je ne prétends pas avoir la science infuse avec la minable maîtrise en philosophie que j’ai… Mais ce monde là j’y crois. C’est le miens, c’est celui que je veux créer. Pas que pour moi, pour vous tous. Abolissons la droite, qui prônent la loi du plus fort, qui vous écrasera pour l’homme venu de l’autre hémisphère. Le président se remplit les poches pendant que vous, moi et tous les autres citoyens lambdas nous travaillons nuit et jour pour une bouchée de pain. Oui, tout ce que je veux c’est un monde meilleurs. Je vais peut-être y laisser la vie, mais je me bats pour ce à quoi je crois. Je me bats pour mes valeurs, pour la paix, pour l’amour…. Pas pour la richesse, ni le pouvoir. ... »

«  8 Avril 1932

…. Ayyy mi amor. Cela fait bien longtemps que je n’ai pas fait l’amour, à tes douces pages. Deux ans?... Même trois quand j’y repense. Qu’écrire après au tant de temps? Si tu savais où je me trouve. Les choses ont changé tu sais… Je suis incarcéré dans une prison, à Maldonado ( ville côtière uruguayenne)… Quoi? De quoi suis-je coupable? D’avoir osé crier mes idées un peu trop fort…Ils ont eu peur, parce que le peuple commence à se réveiller, à réagir. Mi amor? Ceci est certainement la dernière fois que je t’écris… Je suis dans le couloir de la mort ma douce. Ce soir à minuit, je ne serai plus. Mais ce n’est pas grave… Ils me tueront peut-être moi, mais mes idéaux, ainsi que ceux de tous les autres ne disparaîtront jamais. Il y en a des milliers derrière moi, prêt à se battre pour notre cause. Maintenant que je t’ai annoncé la nouvelle, si on parlait d’autre chose? Tu te doutes bien qu’après toutes ces années, j’en ai des choses à te raconter. La première c’est que je t’ai été infidèle mi amor….Fallait bien que ça arrive un jour. Elle s’appelle Lucìa. Je l’ai rencontrée il y a environ cinq ans. Je ne vais pas te dire que c’est la plus belle fille de la terre… Il y en a certainement des plus belles. Mais moi… C’est la plus belle que j’ai vu. Elle a des longs cheveux bruns tombant en cascade sur ses reins. Des yeux chauds comme la braise. Quand je fermerai les yeux lors de l’exécution je penserai à elle, je me souviendrai de ses lèvres frémissantes, quand je lui faisais l’amour, de son regard tendre, de son rire… Je l’ai épousée mi amor… C’est ma femme. Aujourd’hui, je refuse qu’elle vienne me rendre visite. C’est trop dur…. Ce n’est pas la mort qui me fait peur, c’est de ne plus la voir, ne plus la sentir. Je ne verrais jamais son ventre s’arrondir… Non, je ne connaîtrais jamais cette vie là. Et s’il y a une chose, une seule, qui me fait regretter mon combat, c’est ça… Cela dit, si un jour tu la croises, ne lui dis pas que je regrette. Ne lui dis pas que mes larmes viennent cogner contre tes pages. Dis lui que j’allais bien. Que je suis allé au peloton d’exécution en souriant….C’est mieux ainsi… Mi amor je vais devoir te laisser. Il est déjà minuit… On m’attend de l’autre côté. Tu vas me manquer! Fais moi vivre à jamais à travers mes écrits, tu veux bien? Adios mi amiga… »

C’est ainsi que le journal intime s’est refermé, entre les quatre murs de cette cellule. Le prêtre demandant à Alejandro s’il avait un dernier vœux à formuler. Les larmes coulant à flots sur ses joues, il secoua légèrement la tête pour dire non. «  Dis que je m’avance vers le peloton d’exécution en souriant »… Si seulement ça pouvait être vrai. La vérité, c’est que quand vous êtes sur le point de mourir vous pensez à tout ce que vous allez rater… La mort n’est rien pour celui qui a bien vécu… Mais pour ceux qui avaient des projets d’avenir… Oui Alejandro aurait voulu être père… Alors qu’il s’avança entouré de deux gardiens et d’un prêtre, soudain ils tombèrent tous à terre. Un homme apparu au fond du couloir lugubre, le visage recouvert par un chapeau…

- Dis moi Alejandro, tu veux vraiment mourir?

Tout ce dont il se souvienne après cette phrase, c’est d’avoir vu des canines briller… Et de se réveiller ainsi. A moitié mort, à moitié vivant, ne pouvant pas retourner à sa vie d’avant...

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16 Juin 1932

... Olà mi amor... Ne sois pas choquée chérie, je suis bien mort... En tout cas je ne suis pas vivant. Chérie je suis un... Vampire. Un "homme" m'a épargné la pendaison. Hector Vidal... Un maître vampire, qui de toute évidence était communiste ( note ironique)... Pourquoi m'aurait-il sauvé sinon? Oui mon bébé... Oui, je suis immortel, oui j'ai des dons, que je n'ai jamais eu avant... Ouais, je devrais être content... Mais bon sang pourquoi je n'y arrive pas alors? ( petit rire défaitiste) Comme si tu pouvais me répondre... Tu n'es qu'un bloc de pages blanches où j'étale ma folie..."


Alejandro referma lourdement la couverture massive, de son journal, dans la ferme intention de ne plus jamais l'ouvrir. Vidal était un vampire intelligent, combatif, méticuleux... Alejandro ignorait la vrai raison qui avait poussé ce...mec, à lui éviter de bouffer les pissenlits par la racine. Hector n'était pas très bavard, ni très expressif... Chouette, il devait passé les cent prochaines années en sa compagnie...Vampire, c'est ce qu'il était désormais. Sa renaissance à sa nouvelle existence fut pleine de douleurs. Des douleurs atroces. Une faim de sang, que seul un vampire nouveau né pouvait comprendre. Une rage... Il avait hurlé, à s'en briser les cordes vocales. C'était ça être une putain sangsue? Avoir cette haine là? Vidal était là pour lui apprendre à se canaliser, se contrôler. " Car oui dans ce monde là aussi, il y a des règles à suivre"...... A quoi ça sert d'être un monstre si tu ne peux pas te comporter comme tel? Son maître était un vagabond... C'était un chilien de son vivant. Du moins c'est ce qu'Alejandro avait cru comprendre. Il se promenait dans toute l'Amérique latine... Et notre communiste suceur de sang était désormais obligé de le suivre...

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26 Juin 2002

Mi amor, l'avantage que tu as sur les autres femmes, c'est qu'en plus d'un siècle, tu n'as pas pris une ride. Toujours aussi sexy... Je sais, je m'étais juré de ne plus jamais revenir vers toi, mais aujourd'hui j'en ai besoin. Et puis 1 siècle, c'est plus qu'une vie, j'ai déjà bien tenu... Je suis blasé ma douce. Durant un siècle, j'ai parcouru de nombreux pays, J'en ai vu des gens, j'en ai côtoyé des milieux...Et j'ai beaucoup appris de Vidal... Mais tout ça mécaniquement. Comme une machine qui fait les choses, parce qu'elle doit le faire, sans en comprendre l'utilité et surtout sans en ressentir l'envie... Tu te souviens, je t'avais demandé pourquoi je n'arrivais pas à être heureux, alors que l'éternité m'avait été offerte sur un plateau d'argent...J'ai mis cent ans à trouver la réponse, mais je l'ai trouvée. Amor, cette vie ne me fait que miroiter celle que je n'aurai jamais. Celle que j'ai toujours voulu... J'ai rendu visite à Lucìa, cinq ans après ma transformation. Elle avait reconstruit sa vie amor. Elle avait un fils, qu'elle a appelé Alejandro... J'ai pas osé frapper à sa porte, elle me croyait mort... Je suis resté là à observer par sa fenêtre, un autre vivre ma vie. On m'a laissé effleuré une fois le bonheur du bous des doigts, pour me le retirer et le donner à un autre. Et le pire dans tout ça c'est ce que je suis condamné à vivre éternellement avec ça... J'ai le coeur lourd ma douce. Vidal... C'est un cadeau empoisonné que tu m'as offert. Je ne suis plus celui que j'étais mi amor... Je suis éteint, cynique, sombre...Il me reste qu'une seule étincelle de vie, qui se bat chaque jour pour conserver sa lueur, face à mon âme qui se déploie pour l'éteindre à tout jamais... Tu sais quoi? D'une certaine façon, je suis mort... Alejandro est mort. Dis-toi que je ne suis plus que le fantôme de moi-même. Je marche à côté de la vie, sans pouvoir y entrer... Je me suis libéré d'Hector. Je vis à St-Louis maintenant... Passionnant non? C'est à s'en tirer une bale... Mais pas de bol, ça ne me tuerait pas...On se donne rendez-vous dans cent ans? Tu me diras si les larmes de vampires sèchent aussi vite que celles des humains. Au fait, j'ai appris qu'enfin la gauche avait triomphé en Uruguay... Dommage que je n'y sois pas pour le voir...Ciao mi niña..."