La porte de l'église était grande ouverte et la lumière de l'extérieur contrastait avec l'obscurité qui régnait dans l'enceinte du bâtiment. Quelques vitraux représentant des scènes de la Bible ajoutait un peu de couleur à la scène. Les bancs alignés face à la petit estrade où le prêtre trônait, devant le Christ sur sa croix, étaient remplis, ou du moins, les premiers bancs l'étaient. Il n'y avait pas tant de monde que cela mais tout de même plus que lors de la messe car cette église se situait dans un petit -vraiment petit- village. La présence de ces personnes était facile à expliquer : ce jour-là, deux personnes allaient se marier. La famille des deux parties était bien sur présente et chacun discutait avec son voisin autant pour faire connaissance que pour partageait leurs souvenirs de ce jour qu'ils ont aussi vécus comme étant « le plus beau jour de leur vie ».

Les premières notes de la mélodie classique pour ces cérémonies fit taire les discussions murmurées entre les diverses personnes. Le marié qui se tenait près du prêtre sur l'estrade dans son costume se tourna vers la porte grande ouverte. Une ombre était apparue dans la nef, entre les bancs. Une femme à la chevelure blonde se tenait là, le visage légèrement masqué par un voile blanc, aussi blanc que sa robe d'ailleurs. Un petit sourire en coin s'étira sur ses lèvres interprété pour ceux qui le virent comme un sourire d'excitation. Prenant son inspiration, Elle avança vers son futur époux. Son père tenait fièrement son bras pour l'accompagner et la donnait à celui qui serait bientôt son gendre...

Une fois la main de la jeune femme passée dans celle du jeune homme, l'homme d'église commença son long monologue qu'Elle n'écouta que d'une oreille distraite. Son regard croisa celui de son futur homme et elle comprit -bien qu'elle s'en douta déjà- qu'il faisait de même. Leur tour vint enfin et ils prononcèrent le mot magique « Oui ». Les anneaux furent échangés et ils durent s'embrasser. Ce fut le premier et surement le dernier baiser qu'ils échangèrent dans leur vie.

La cérémonie continua comme pour n'importe quel mariage. Les jeunes mariés reçurent une quantité assez phénoménale de cadeaux et pendant la soirée, furent conduit dans une chambre au calme pour leur nuit de noce. Lorsque la porte se claqua, l'ambiance romantique qui volait autour d'eux s'évapora. Elle retira ses chaussures en soupirant de soulagement et perdit quelques centimètres avant de regarder son nouvel époux, Andrew. Cette nuit, ils étaient sensés unir leur corps mais il n'en serait rien. Aucun amour n'existait entre ses deux êtres. Ils avaient mentis à toutes les personnes présentes durant cette journée et ils continueront de le faire dans les années à venir. Elle lui était reconnaissante car au fond, toute cette mascarade ne serait pas arrivée si elle n'était pas tombée enceinte d'un coup d'un soir. Assez doucement, avec une certaine nonchalance, la jeune femme s'approcha de lui avant de parler avec sérieux :

« Pour la dernière fois, je te remercie. »

Elle le regarda avec ses yeux bleus profonds puis sourit.

« Et je te promets d'être une bonne femme. »

Elle rit et il se joint à elle. C'était si ironique au fond. Certains lui avaient dit qu'ils étaient surs qu'ils finiraient pas se marier tous les deux. Ils avaient joués la comédie jusqu'au bout mais Elle avait tout de même trouvé cela comique. Ce n'était pas parce qu'ils étaient des amis, meilleurs amis même, d'enfance qu'ils seraient tombés amoureux. C'était tellement cliché... mais de ce fait, c'était facilement cru.

Une fois tous les deux mis à leur aise, Elle se dirigea vers sa valise pour en sortir des vêtements plus confortables qu'une robe de mariée et...son laptop.

« Andrew, tu pourrais juste m'ouvrir ma robe s'il te plait ? »

Elle s'approcha de lui pour qu'il lui ouvre. Ce geste supposé si sensuel fut réalisé comme une banalité. Sa robe retirée et rhabillée à nouveau, elle posa son ordinateur portable sur une des deux tables et s'assit en face pour se mettre à travailler. Pour devenir avocate, elle ne pouvait pas se permettre de se rouler les pouces pendant une fausse nuit de noce...

Des années plus tard, la même femme se tenait dans sa voiture décapotable et décapotée pour profiter des rayons de soleil matinal. Quelques rides étaient apparues sur son visage au fil des années mais elle restait une belle femme. Sa crinière blonde volant au vent et ses mains aux ongles vernis sur le volant, Elle se rendait au cabinet d'avocat d'Humain d'Abord. Elle avait réussi ses études et était plutôt renommé maintenant.
Au feu rouge, elle en profita pour attraper la pomme qui lui faisait envie depuis qu'elle était montée dans cette belle Audi noire. Elle croqua à pleine dent dedans avant d'accélérer lorsque la couleur devint verte. Elle aimait sentir le moteur ronronnait sous elle. Pour dire vrai, Elle aimait particulièrement les voitures, cette Audi n'était pas la seule de sa collection. Elle les sortait un peu en fonction de ses envies et du temps qu'il faisait aussi. Parfois, elle avait la lubie d'assortir la voiture à ses vêtements, ou l'inverse.

Il ne lui fallut que quelques minutes de plus pour atteindre son bureau et avec aisance, elle descendit dans le parking sous-terrain, elle avait insisté pour qu'il y en ait un dans le bâtiment et avait réussi. Hors de question qu'elle ne laisse ses trésors dehors.
Le « tit tit » entendu, elle monta et un homme l'aborda.

« Madame Udosson, nous avons un problème. »

En ne le regardant quasiment pas, continuant son avancée vers le bureau et lui à sa suite, elle répondit :

« Le seul véritable problème que je connaisse se sont les vampires, mais parlez, je vous écoute. »

« Oui bien sur..mais nous avons perdu le procès contre deux d'entre eux justement. »

Cette fois-ci, elle s'arrêta et se tourna vers lui en se mordillant la lèvre inférieure puis elle répondit avec son optimiste habituel et sérieux.

« Hum... Et bien, ne vous morfondez pas sur cette défaite, étudiez le dossier à nouveau, apprenez de vos erreurs pour ne pas les reproduire et gagnez moi le suivant. »

Il la regarda un instant, cet optimiste surprenait toujours un peu, puis hocha la tête mais elle était déjà repartie. Du haut de ses un mètre soixante-huit, elle était respectée, c'était la directrice après tout. Les bruits rythmés de ses chaussures avaient repris et sa journée se continua tranquillement. Tout ce qu'elle avait prévu de faire fut fait. Elle avait toujours un emploi du temps bien organisé et était toujours à l'heure, voire en avance. De même pour ses rendez-vous privés -sa vie privé et son travail étant bien séparé dans sa tête d'ailleurs- où elle allait pour s'amuser dans les bars ou les boites de nuit.

Ce soir-là, par contre, pas de sortie, il se passerait calmement à la maison (qui se trouvait être une villa). Elle gara sa voiture dans le garage entre la Ferrari de son cher mari et sa Porsche. Un petit coup de chiffon sur une légère trace de poussière sur le capot puis elle entra dans la maison, direction la cuisine pour se faire un thé. Que serait sa vie sans cette boisson ? Son fils était assis dans le canapé. Il avait bien grandit maintenant et c'était un adolescent avec tous les problèmes que cet age pouvait apporter.

« Bonsoir mon chéri. »

Elle déposa un baiser sur son front récupérant un petit grognement en réponse. Ah les ados... Ca ne l'empêchait pas du tout de l'aimer. Il était peut-être le résultat d'une « erreur » de jeunesse mais elle ne regrettait pas du tout et si elle devait revenir en arrière, elle reproduirait cette « erreur » sans hésitation.

Tasse à la main et sourire aux lèvres, elle l'embrassa à nouveau. Son coté un peu ronchon l'amusait en vérité et Elle était une femme qui n'était jamais à court de gestes affectueux envers ceux qu'elle aimait.

« Si tu as besoin de moi je suis dans la chambre. »

Sur ce, elle se rendit dans la « chambre des parents » qui en fait n'était que la sienne puisque Andrew possédait son propre studio au sein même de la villa. N'étant pas marié par amour, ils n'allaient pas se forcer à dormir ensemble. C'était simplement pour jouer la comédie. Cette chambre ceci dit, possédait une porte qu'il fallait connaître pour la voir. Cette entrée cachée donnait sur une salle assez petite. Elle se rendait dans cette pièce justement. Sa main se posa sur le bord d'un des livres et elle la laissa se promener sur les suivants avant de finalement s'arrêter sur un. L'attrapant du bout des doigts, elle tira ce livre à l'air assez ancien vers elle. En réalité, il s'agissait d'un grimoire. Ne pouvant afficher ouvertement ce coté d'elle, une sorcière à Humain d'Abord ne serait pas forcément bien vu, elle se cachait et gardait ces possessions surnaturels masqués aux yeux de tous. Dans cette pièce,elle possédait aussi des livres de biologie qui s'intéressait surtout au système nerveux. Pour que son... talent disons soit plus efficace, elle se devait de connaitre sa cible.

Calment, elle s'assit sur le fauteuil qui trônait dans la pièce. Il était usé mais confortable. Elle ouvrit son livre et se plongea dedans sans faire attention au temps qui passait...