Physiquement parlant, je ne suis pas laid, il faut l'avouer. Je dois mesurer environ un mètre et soixante-quinze centimètres, plus ou moins et peser une cinquante de kilos faciles. Il y a bien longtemps que je n'ai pris la peine de vérifier les détails exacts de mon anatomie générale. Je ne suis pas particulièrement musclé, je suis juste ce qu'il faut. Mes jambes élancées sont fortes et peuvent me porter avec une rapidité hors de la normale. Mon dos et mon torse laissent entrapercevoir sous leur peau pâle, quasi grisâtre, le tracé précis de mes muscles. Sans parler de mon visage qui en charment plus d'un. Hé, j'ai des traits angéliques, est-ce de ma faute? Mon regard bleuté semble doux à prime à bord, mais si on regarde avec plus d'attention, on peut y lire toute l'indifférence du monde et une froideur mortelle. Et mes lèvres! Combien de fois ai-je entendu mes amants me dire qu'elles avaient l'air si appétissant! Minces et elles s'étirent rarement en un sourire sincèrement amusé. Au plus, un demi-sourire teinté d'ironie ou de cruauté. Pour une raison quelconque, c'est plus facile de séduire ainsi! Sinon, mes mains ont peut-être l'air délicat, avec ses doigts de guitariste long et fin peut distiller la douleur et le plaisir avec la même habileté.

Je suis... une personne difficile à cerner, me semble-t-il. Tous ceux qui ont tenté de me comprendre n'y sont pas parvenus, malheureusement. Moi-même, parfois, j'essaie de me comprendre. En vain. Mais commençons donc par le début. Certains pourraient croire que je suis une personne sociable, douce et très gentille. Oui, je le suis peut-être. Enfin que quelque fois avec les personnes que j’aime bien. Puis est-ce sûrement grâce à mon regard si innocent que ces pensées naissent, mais il ne faut pas se fier aux apparences et encore moins à mon visage d'ange. Je suis possessif et d'une jalousie maladive. C'est à peine si je ne jalouse pas l'air que respire mon amant... quand j'en ai un, bien évidemment. Seulement, je les fais tous fuir. Dès qu'ils s'aperçoivent de mon défaut, ils battent en retraite ou alors tentent de résister, en vain. Autrement, même si je suis jaloux... moi j'estime avoir le droit à ma liberté. Parce qu'il s'agit de moi... Je ne supporte pas que quelqu'un veuille m'enchaîner à lui. J'ai besoin de mon espace personnel, de ma liberté. J'ai besoin de me sentir libre de mes mouvements et de mes actes. Donc, oui... je flirte à droite et à gauche. Ce trait de ma personnalité ne s'en est pas allé avec le temps. J'accumule les aventures d'un soir, mais m'engager dans une relation plus sérieuse m'est difficile. Ma relation la plus longue a duré... deux semaines et-demi. Sinon a part sa j’ai un tempérament fondamentalement optimiste : je ne baisse jamais les bras, jamais ne désespère et je peux être de temps en temps sujet à des baisses de régime, cela ne dure jamais bien je suis aussi impulsif et colérique ce qui ma valu un bon nombre de problème. Vous comprenez que je peux facilement changer d’humeur. On ne peut pas dire que je suis est quelqu'un de très patient ... je déteste attendre !

→

Je sentis ses crocs transpercer ma peau et je ne pus retenir un râle rauque. Se sentir se vider de son sang est étrange, mais ô combien agréable. Ce soir je ne lui donnerai que mon sang. Je sais qu'il désire mon corps, mais il ne l'aura pas. Pas tout de suite, en tout cas. Je glissai mes doigts dans ses cheveux blonds vénitien. Il devenait entreprenant, je lui fis comprendre qu'il n'aurait pas plus pour le moment. Lorsqu'il fut rassasié, je m'éclipsai avant qu'il ne puisse plus se contrôler. Mes nombreuses pérégrinations parmi les vampires m'auront appris qu'ils se retiennent difficilement, autant quand il s'agit de leur soif de sang que de sexe. Ce soir j'étais d'humeur nostalgique, allez savoir pourquoi. Il y avait longtemps que je n'avais pas repensé à ma vie d'avant. Depuis quand étais-je parti ? Je ne savais plus. J'ai toujours tout eu au moindre claquement de doigt, tout était à mes pieds. Tout et tout le monde. Sauf les deux personnes que j'aurais dû avoir. Mes deux géniteurs, toujours en voyage d'affaire, soi-disant, n'ont jamais été là. Alors, je me suis mis à fuir le vide de l'immense maison familiale. Et j'ai commencé tôt. D'abord, j'ai séché les cours et puis je me suis mis à ne plus rentrer après. Et j'ai fait une rencontre. Je devais avoir quinze ou seize ans. Mon premier amant. Absolument magnifique, et qui m'aurait fait faire n'importe quoi. Pour la première fois dans ses bras, j'ai appris un nouveau sens pour "poudreuse". Et elle m'a emmenée loin. Dans les plus hauts cieux, comme dans les pires emmerdes possibles. Et j'ai fini par partir définitivement. Et c'est à St Louis, dans le Missouri que j'ai posé mes valises. Pourquoi ce trou paumé au milieu de nulle part ? Ah, eh bien, cette ville est la capitale de la luxure et quand je vous dis luxure, j'entends la vraie débauche. J'étais sur le point de repartir de ce trou quand j'ai connu mon premier vampire. Une nuit que je n'oublierai jamais. J'étais réticent à ce qu'il me morde, mais quand j'ai senti ses crocs dans ma chair, le nirvana. Alors, mêlé au sexe et à la coke, je ne vous raconte pas. Je vous passerai le nombre de fois où mon paternel m'a menacé de couper les vivres si je n'arrêtais pas mes conneries, mais sincèrement je m'en fous. Il n'en a jamais rien eu à faire de ma vie, alors ses menaces, s'il savait où il peut se les mettre. S'il s'était un peu plus préoccupé de ce que je faisais plus jeune, peut-être que je serais à Harvard, avec une bourse de grosse-tête binoclarde comme il aurait voulu avoir et pas en train de me dépraver comme je le fais ici. Ce n'était pas beaucoup demandé. Un effort de présence, parce que même ça, il ne l'a pas fait ! Je demandais pas à Ce qu'il soit présent à ces conneries de journées père-fils qu'organisent les écoles, mais juste qu'il soit là et que sortent de sa bouche les cinq mots que je n'ai jamais entendus "je suis fier de toi". Ça lui aurait arraché la gueule, à ce vieux ! Enfin, je préfère faire de ma vie la plus belle fête plutôt que m'emmerder à apprendre le code civil par coeur. Et puis pour la première fois de mon existence, j'y vois un rayon de soleil. Je traînais je ne sais ou, comme à mon habitude, quand je l'ai vu. Les vampires sont beaux, c'est leur nature, mais lui... Je lui ai offert mon corps, je lui ai offert mon sang et il m'est impossible de l'oublier ! A tel point que je l'ai cherché, partout, jusqu'à ce que je le retrouve. Romen. Et je ne l'ai plus lâché. Plusieurs fois j'ai cru que j'allais y laisser ma peau, un vampire en colère, enfin, plus agacé qu'en colère, ce n'est pas ce que je vous recommande, mais qu'importe, il était hors de question que je le perdre à nouveau. Mais je commence à connaitre ses habitudes. Et j'espère qu'à force de me voir lui trainer dans les pattes, il me portera plus d'attention qu'il ne l'a fait jusqu'à présent.