• PHYSIQUEMENT, ÇA DONNE QUOI ? ; Un corps qui n’est qu’une immondice, un vice. Il a cette peau chaude et douce, élastique et sans relief, qui n’a de callosités qu’à ses pieds et mains - un plaisir pour les doigts attentifs et les lèvres gourmandes. On le regarde d’yeux de gourmets partout où il s’en va ; mais il est cette friandise aux courbes lucifériennes qui ne se laisse croquer que par qui le soumet. Et qui peut se targuer de l’avoir dompté ? Pas vous, pas lui, personne et certainement pas celle-là ! Entendez sa voix d’ouragan qui tonne à en faire fuir toutes les vies ! C’est celle de la liberté, c’est celle de l’insoumis. Elle chante sa joie de vivre, de ses accents slaves et de son timbre caverneux et tapissé. Une ode à l’aimer. Laissez-le vous inviter à danser, ô très belles et vous serez surprises de la légèreté de ces pas, de la souplesse et de la célérité de ses mouvements. Braves, osez vous en prendre à lui et vous resterez coi face à son esquive agile et sa garde soignée, et comprenez qu’il ne vous portera pas de coup – à moins qu’un violent sentiment ne le prenne. Ses mains sont faites pour réchauffer les vôtres. Ses larges épaules, pour protéger les vôtres. Il fallait bien à ange pareil physique si chtonien… Et visage si délicat.
Il a les cheveux courts et cet air d’enfant jaloux de tout, à la mâchoire carrée et aux joues pleines. Aux yeux bleus si sombres qu’ils en sont noirs, à ce nez tacheté de gamineries. A la bouche boudeuse qui grimace plus qu’elle ne sourit. A la bouche aux lèvres sèches qu’on désire humidifier. Il n’est pas très grand (un mètre soixante-quinze) et se laisse volontiers approcher. Et pourtant… On ose faire de ses pensées des réalités. Y aurait-il des limites dans cette cité embrasée ? Il n’est qu’humain, il ne vous fera rien. S’il est musclé, sa chair n’est pas de pierre. Ses dents ne sont pas des crocs et son regard ne vaut celui de Méduse. Quel est donc le maléfice qui l’enserre, qui entre lui et autrui dresse une barrière ? Serait-ce son métier, sa cause ou ses pouvoirs ? Serais-ce cette impression qui se dégage de son corps délicat ? Constantine a la beauté de la bête. Une beauté méphitique que tous fuient, parce qu’elle a le parfum de la sainteté qui encore plus la rend nocive. Il y a ces vétilles qui ne peuvent tromper les yeux aguerris. Cette façon de toujours être sur le qui-vive, dos droit et tête mobile. Cette façon d’observer pour de suite connaître les avantages de sa situation, cette douceur de loup, d’ogre. De grandes mains qui n’auraient pas de mal à étrangler, de forts membres qui n’auraient pas de peines à se battre. Un corps qui a déjà vu la mort, en témoigne le tatouage sur son pectoral droit – only the good die young, accompagné du portrait d’un de ses amis, mort avant d’être majeur. Il a deux autres tatouages, un sur l’avant-bras dextre et un sur l’épaule gauche, représentant deux crosses et le nombre onze, qui était le sien à l’époque où il pratiquait le hockey (voilà résolu l’énigme de son importante carrure). [UC]
• HISTOIRE ; Zoya resserra son manteau de zibeline contre ses petites épaules et sentit les bras réconfortants de Constantine ceinturer son corps. Elle posa ses mains très blanches sur celles de l’adulte que toujours elle verrait comme adolescent et se mordit la lèvre inférieure pour retenir ses pleurs. En vain. Quelques larmes se mirent à couler, sa peau par endroit se colora d’un rose léger et elle pensa à quel point elle devait être laide en cette situation. Parce que ses pensées étaient tout aussi laides que son visage empreint d’un chagrin où se mêlait… le soulagement. Il était mort. Enfin. Devinant que tous deux partageaient les mêmes sentiments, le nécromancien resserra légèrement son étreinte. Il n’osait pas l’embrasser, là dans ce couloir, face aux regards de tous. Pourtant, qu’il avait attendu le moment où cela serait possible ! Il avait si honte, se sentait monstre. Deux monstres. Après sa mort encore était-il un fardeau pour ceux qu’il avait considéré comme ses meilleurs amis. Zoya monta ses mains à son visage, secouée par d’importants sanglots et se tourna contre le torse de Constantine et serra dans ses petits poings manucurés la veste du beau, qui laissa tomber ses bras chaque côté de son corps, ballants. Il baissa la tête et resta silencieux face au désespoir de la belle, si fragile comme un bris de glace.
« Nous sommes des monstres, Coco ! »
« Oui. »
Des monstres. Des monstres qui devraient être heureux, mais qui n’y arrivaient pas. Constantine lui releva d’une main son fin menton et remarqua que ses yeux clairs fuyaient les siens. Elle était si petite que lui, pourtant peu grand était obligé de se pencher. Pour l’embrasser. Il sentit le goût fleuri de son rouge à lèvre et elle se retint parce qu’elle ne voulait pas que le rouge carmin ne s’étale sur sa peau kaolin. Elle sentit dix doigts se glisser dans sa chevelure coiffée alors que les sien sentirent le pouls de Constantine accélérer. Si beau, si tentant. Ce fût elle qui chercha le second baiser et qui demanda si elle pouvait passer la nuit à ses côtés. Une porte seule les séparait de celui qui, depuis tant de temps était l’amant de celle-ci et le meilleur ami de celui-là. Elle soupira sous ses mains sans penser à ce qu’elle venait de perdre et lui oublia tous scrupules passés. Et en avait-il ? Tous deux n’avaient pas attendu son décès pour s’aimer de la sorte…
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Constantine serra un à un tous les prêtres qui avaient étés ses compagnons pendant si longtemps. Ils l’avaient recueilli à ses onze ans, quand son désir de devenir prêtre s’était affirmé. Dans ses plaines reculées, le métier d’homme de foi était bien vu et reposant en plus d’être respecté et l’enfant toujours les avait appréciés, pour le savoir qu’ils semblaient posséder. Beaucoup d’entre eux étaient issus de tribus chamaniques ou animistes tout comme Constantine, leur conférant les plus grands pouvoirs. C’était un lieu unique au milieu de neiges qu’on penserait éternelles, à plusieurs kilomètres de tout village. Un lieu propice à la chaleur humaine. Le regard de l’enfant devenu adulte s’envola vers les cloches tout en haut d’une tour de pierre. Il les avait sonnées tant de fois qu’il pouvait en jouer yeux fermés, sachant quelles cordes tirer et quelles pédales appuyer, remplissant l’air de sons inhabituels et de litanies des plus superbes. Il sentait encore sous ses pieds craquer les escaliers de bois centenaire, voyait le paysage infini des plaines de la Russie… Il allait quitter à cela pour tout jamais. En son fond intérieur il en avait la conviction. Zoya aussi le savait.
Elle l’attendait, toute emmitouflée de peaux, devant les portes du sanctuaire ou femmes n’avaient pas le droit de pénétrer. Un foulard fleuri recouvrait ses oreilles et un sourire triste fanait sur son visage. Il lui avait promis de revenir et de lui offrir le plus beau des mariages. Il deviendrait alors le prêtre de l’église en bois où elle vivait et elle reprendrait le rôle d’institutrice de sa mère. Mais quelque chose n’allait pas. Zoya avait peur, sans savoir de quoi. C’était un individu fort, qui plus est possédait le savoir des exorcistes. Il ne craignait ni hommes ni démons ! Enfin elle le vit franchir les grilles de sa demeure, son sac sur l’épaule et les oreilles de sa chapka relevées, par moins trente degrés… Cela la fit sourire. Il ne craignait pas même le froid. Elle lui saisit le bras et l’accompagna jusqu’à la voiture militaire qui l’attendait. Dix-huit ans. L’âge de prendre les armes.
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Constantine assomma l’un des soldats avec la crosse de son arme et le second s’en prit le canon dans l’estomac, le troisième eu le droit à un coup de genou dans les valseuses. Le quatrième se retourna et mis mains en l’air et recula contre le mur, dévoilant aux yeux de son agresseur le corps d’une femme allongé sur le sol. Lentement Constantine agita négativement sa tête et fit signe à son camarade de s’en aller avant qu’il ne décide de lui aussi l’amocher. Aucun des trois restants n’osa protester, regardant d’yeux brillants celui qu’ils avaient pensés être un des leurs. Constantine ôta sa veste et l’enfila à la brune si pâle qui sur le sol gisait, avant de la porter en dehors de ce lieu sordide. Il avait la colère sur sa figure, la haine dans ses regards, la honte sur ses épaules. Il faisait bon en ce début de printemps aux alentours d’Ufa et sur sa nuque Constantine sentit les premiers rayons du matin. Elle les sentit aussi et se raidit face à son ennemi, l’aube. Elle était légère malgré sa grande taille ! Par un instinct venant de son éducation, l’homme avisa la première église qu’il croisa et s’y engouffra. C’était un lieu abandonné. Une église en bois qui devait être détruite, qui n’avait plus rien de saint. Un endroit qui avait été pillé, brisé. Il y avait quelques bouteilles de bières qui trainaient et beaucoup de paquets de clopes. Constantine la posa sur un banc du côté des femmes et s’en alla près de l’autel, s’y cachant derrière, pour reprendre son souffle. Si peu habitué à courir ainsi que le tout jeune avait eu un point de côté. Et il avait peur. Elle entendait son souffle, elle sentait son sang. Cela était si alléchant. Remise de ses brûlures, la sublime demoiselle nocturne se redressa et ôta le manteau qu’il avait glissé sur ses épaules. Précaution inutile, aurait-il eu peur qu’elle attrape froid ; elle, créature de pierre glacée ? Oh, quel endroit hideux étais-ce que cette cache ? Elle gémit, encore toute endolorie et de mit à se plaindre.
« On sauve une belle et on s’enfuit ? Quel courage, jeune homme ! Je suis vampire, certes, mais civilisée. »
Par là elle induisait le fait qu’elle n’avait aucune envie de le tuer, il l’avait aidé. Certes elle aurait pu s’en sortir seule, mais il lui avait épargné bien des tracas. Il lui restait son corset de lingerie, sa culotte de dentelle noire et ses bas couturés – le reste avait disparu entre des mains sauvages. Constantine resta malgré tout caché, bien que des mots lui échappèrent.
« Je suis désolé. » « Oh, mais vous n’y êtes pour rien ! Ce sont ses brutes qui… » « C’est moi qui leur ai donné l’eau bénite. » « Ce n’est pas l’avoir transporté qui vous fera porter leurs bêtises. » « Je suis prêtre. »
La vampire garda le silence, étonnée. Un prêtre dans les rang de l’armée ? Il est vrai que le service militaire était des plus durs et que la politique voulait que personne n’y échappe, malgré le nombre de suicides et meurtres que cela provoquait. Elle avait saisi en ce simple instant toute la psychologie de l’homme qui l’avait assisté et fut étonnée de sa bipolarité. Il semblait apeuré, mais ne semblait pas fuir la mort. Il avouait ses fautes avec simplicité, mais sa voix était forte. Un homme simple et droit. Il ne mentait pas. L’upyr mit le manteau à terre et y posa ses petons délicats et se déplaça au travers la salle en le faisant glisser par petits coups. Elle arriva ainsi jusqu’à l’autel. Elle regarda à droite, à gauche. Plus de soldat. Mais toujours ce souffle… Levant un pan du tissu poussiéreux, elle se glissa sous le meuble en bois, auprès du jeune homme. Il était plutôt petit et elle distingua de nombreuses blessures sur son visage, alors qu’un pansement et une barre de fer tenait son nez, qu’il avait dû se casser il y a peu. Elle haussa les sourcils, laissa échapper un petit « oh » offusqué. Il n’avait rien d’un prince charmant. Quoiqu’il avait un charme qu’elle ne comprit pas. Il devait avoir du succès auprès des humaines ! Quel joli bout d’ange. Elle lui sourit, il rougit et se cogna la tête en voulant se redresser.
▌A débarqué le : 21/07/2010 ▌Parchemins : 4682 ▌Quantité de sang disponible : 32110 ▌Age du personnage : Dans les 660 ans, je ne les compte plus ! ▌Rang : Chef du clan Blackstone. ▌Job : Chasseur à mes heures perdues. ▌Citation : Sanguinaire, comme toujours.