Hell on Earth [Mattie]

Le liquide pénétra dans son œsophage jusqu’à atterrir dans son estomac. Sa rasade absorbée, Joaquin referma le flacon contenant le liquide. L’eau bénite avait un mauvais effet sur les vampires. Quoi que le protestantisme en dise, il avait bien fallu qu’il s’y mette pour sa propre survie. Disons qu’il était un prêtre révérend, en quelque sorte. Si un vampire cherchait à le mordre, les dommages seraient assez néfastes pour lui. Pour faire partie des Humains d’Abord et de la Causa Mortis, le révérend était un homme minutieux, qui étudiait les choses avec soin. Il ne rigolait pas avec sa sécurité. S’il était amené à mourir, il s’assurerait que son ennemi souffre également. Il portait également de l’argent sur lui, au cas où … tous les moyens étaient bons pour l’attraper. Travaillant dans l’ombre, il était humain, donc vulnérable… et il n’était nullement question qu’il devienne vampire ou loup. Dieu ne le lui pardonnerait pas cette descente aux enfers, alors il priait pour qu’il le protège de ce terrible destin.

Son téléphone sonna. Un des chasseurs avait un problème d’essence et devait se débarrasser du colis avant le lever du jour. Il jura. Il y avait des incapables qui ne savaient pas faire leur boulot jusqu’au bout, et prévoir les pannes d’essence, ça non. Les chasseurs avaient cette habileté à tuer, mais alors pour le reste parfois, il tombait sur des boulets de la pire espèce. Etrangement, toujours le même qui l’énervait. Bon, de toute évidence, il devait garder son calme ou il allait tuer quelqu’un sur place. Mauvais pour les affaires et pour son image. Personne ne devait savoir qu’il était impliqué dans la purification des individus de la Terre. Dieu avait frappé, c’est tout. Lui n’y était pour rien. Lui n’y serait jamais pour rien. Sa voiture se gara à côté de celle du chasseur. Pénombre oblige, ils firent l’échange relativement vite. La voiture repartit rapidement, prenant la direction de la forêt. Un endroit relativement sombre, là où personne ne chercherait le corps d’un mort. Le révérend n’était pas prêt à faire le boulot à la place de l’autre homme, à lui de se débrouiller. Il arrivait avec ça sur le dos, il se débrouillait pour effectuer le nettoyage. Joaquin le sermonna comme il se doit pour lui faire comprendre qu’il ne l’aiderait pas une prochaine fois. Le laissant à l’endroit où il voulait enterrer le corps avec la pelle pour creuser, Joaquin repartit en voiture sitôt qu’il eut laissé le chasseur effectuer sa besogne. Pour sa gouverne, il se débrouillerait pour rentrer chez lui, le révérend n’était pas à son service. Cet homme était un idiot à l’état pur, à se demander pourquoi il avait rejoint la Causa Mortis. Le pire était que celui-ci acceptait tout sans broncher. Il savait cogner, et à part cela, son cerveau ne comportait aucune liaison avec une probable intelligence. Pathétique.

A l’intersection qui devait le mener à l’extérieur, il prit une mauvaise direction. Et merde. Ça y est, il allait se perdre dans la forêt. Relativisant, Joaquin se dit que tous les chemins menaient quelque part, puisqu’ils étaient là. Un sentier ou une route comportait forcément une entrée. Il redémarra sa voiture et prit un autre chemin pour rejoindre la clairière et déboucher dehors, quand sa voiture lâcha. Et merde. Rageant, il sortit de sa voiture pour voir ce qu’il en était. Un pneu crevé. Bon, ça aurait pu être pire, comme la batterie qui aurait lâchée. Comment changer une roue dans la pénombre en trois leçons. S’emparant d’une lampe torche, elle se dirigea vers le coffre pour en extraire la roue de secours. Pour une fois, elle allait servir à quelque chose celle-là. Sa roue dans la main, il la fit rouler sur le sol à côté de lui jusqu’à l’avant de la voiture où avait eu lieu la crevaison. La forêt s’éveilla, il pouvait sentir la brise, les branches craquaient sous la force du vent. Et pourtant, son instinct lui faisait comprendre qu’il n’était pas seul ici. Il y avait quelqu’un, il y avait quelque chose …

Fin février.
Seamus. Seamus. Encore et toujours Seamus. C'était un fait, dans la vie des neo-vampires il n'y avait que le sire qui comptait. L'ancienne vie, celle humaine était révolue, chaque jour qui passait Mattie s'en rendait de plus en plus compte. Le problème, c'est qu'il n'arrivait pas à franchir ce cap, à passer à autre chose, il avait besoin de se sentir encore et toujours relié à sa vie d'humain. A chacune de ses rencontres avec son "ex" meilleure Cassandra, cela finissait au drame en quelques sortes. Il y avait toujours une déconvenue... Ne pas arriver à garder le contrôle de lui à l'approche de sang humain, ou sorcier énervait et exaspérait le vampire ! Jenkins lui avait pourtant bel et bien expliqué que cela prendrait des dizaines d'années avant qu'il ne puisse réagir normalement face à quelqu'un qui n'était pas un congénère... mais Mattie était trop impatient ! Il avait envie de pouvoir profiter de ses amis tant qu'ils étaient encore en vie, car si lui avait à présent l'éternité pour les humains les années défilaient à une vitesse déconcertante, et bientôt, ils ne seraient plus là. C'était horrible de se dire cela, et pourtant c'était bel et bien la triste vérité !

Enfin bref, là n'était pas réellement le sujet ! Depuis la Saint Valentin et leurs échanges de corps, la relation qu'il entretenait avec Seamus allait quand même beaucoup mieux, comme quoi l'aîné avait enfin compris (ou plutôt s'était rappelé) à quel point c'était compliqué d'être un newbie vampire. Cette nuit-là, peu de temps après son réveil, Mattie se décida à aller voir ce que fabriquait son sire mais encore une fois il demeura introuvable. Bien. Le plus âgé avait sûrement dû aller faire un tour dehors histoire de se repaître et.... d'aller fricoter avec ses victimes. Cette idée que Seamus puisse toucher quelqu'un d'autres que lui le mettait presque dans un état second. Il était mort de jalousie, il n'aimait pas qu'on touche à son sire. Il n'y avait que lui qui avait le droit de le toucher, de le tripoter, personne d'autre ! Oui, Mattie était du genre très possessif et cette situation ne lui plaisait guère, mais il n'avait pas d'autres choix que de l'accepter en silence ! Maintenant il n'avait plus qu'à espérer que Jenkins ne sente pas trop sa victime sinon ce soir ça serait dur de se coucher dans le même lit que lui.

Étant donné que Seamus n'était pas présent au manoir Blackstone au premier abord, Mattie se décida à tenter de trouver Meredith afin de pouvoir parler un peu avec elle. Elle était adorable, et lui l'aimait vraiment beaucoup. Peut-être -et même sûrement- parce qu'ils avaient le même âge, qu'ils étaient tous deux de jeunes transformés... ce genre de chose rapproche dans un manoir où vit plein de "vieux". Seulement, encore une fois tout ne se passa pas comme il l'aurait souhaité ! En effet, alors qu'il parcourait les étages à sa recherche;Seulement, encore une fois tout ne se passa comme prévu. Dans sa "précipitation", il était rentré dans un autre vampire, bien plus âgé, bien plus fort... Vampire qui n'apprécia visiblement pas ce "contact" involontaire. Odair se confondit en excuses, mais rien n'y fait, l'autre le souleva comme s'il était un poids plume avant de le balancer quelques mètres plus loin avant de repartir comme si de rien n'était. Ce n'était pas la première fois que ce genre de chose arrivé, enfin disons que d'habitude c'était plus que du bizutage qu'autre chose mais le fond restait le même, à chaque fois Mattie se retrouvait blessé et même si ce n'était pas physiquement c'était plutôt moralement.

Rageur, il était encore une fois sorti en trombes du château oubliant par la même occasion la promesse qu'il avait faite à Seamus, de ne plus sortir sans lui. Ce n'était pas pour provoquer son sire, c'était juste un ras le bol complet, un besoin de prendre l'air. Rapidement Mattie s'était dirigé vers la foret, au moins là-bas il pourrait certainement avoir la paix ! Après avoir déambulé dans la foret pendant peut-être une dizaine ou une vingtaine de minutes, de légers bruits attirèrent son attention. Prudemment, il se dirigea vers ses derniers et ce qu'il vit l'étonna grandement. C'était Joaquin, un "ami" de la famille Odair si on peut dire cela comme ça qui avait visiblement crevé et tentait de changer sa roue. Rabattant la capuche sur sa tête pour être moins reconnaissable, pour que l'on remarque moins le fait qu'il était un vampire.... et il s'approcha. Intrigué de ce que le révérend pouvait faire ici à une telle heure. Bonsoir dit-il d'un ton assez doux Est-ce que vous savez que vous ne devriez pas traîner par ici. Le sang. Son sang l'obnubilait presque, mais si Bête était presque de sortie, elle savait qu'il fallait faire attention, très attention avec lui. Aux aguets, il attendit une réponse de Joaquin...