« Nathanael ? Nathanael Brythe ? » interrogeait une vieille dame à l’égard d’un homme qui buvait tranquillement un énorme verre de bière avec des « amis », oui car à proprement dit, cet homme était tout sauf le genre à avoir des amis, il préférait employer le mot « connaissance » ou « affinité », le reste était selon lui trop profond, assez inapproprié, qui pouvait se permettre de le considérer, lui, Nathanael Brythe comme un ami ? Il considérait qu’il fallait être grand, grand comme lui pour être son ami, et malheureusement, à ses yeux personne n’était assez bien pour lui, et puis, il se plaisait dans cette vie, il y avait été habitué et ne souhaitait pas autre chose. Non, il n’avait pas le rêve d’une famille, d’un mariage, il trouvait que le fait de se lier à une femme pour l’éternité par ses liens sacrés était une pure folie, c’était même démoniaque selon lui. Se promettre à quelqu’un d’autre, signer un pacte avec le diable. Comment peut-on jurer à quelqu'un de l'aimer jusqu'à la fin des temps ? Mensonge ! C'était impossible selon lui. La vieille dame avait l’air totalement déboussolée dans un endroit comme celui-ci, c’était assez compréhensif, les catins, l’alcool, le tabac, ce n’était pas de son âge... Ou plus de son âge... Les personnes âgées ne sont pas aussi insignifiantes qu’on le croit, elles avaient souvent un passé des plus intéressant et pas aussi chaste qu'on pouvait le penser... « Ça dépends qui le demande Mamie. » Répondait-il avec arrogance, il était clair que notre nécromancien avait tout d’une vraie tête à claque, sarcastique, sans la moindre gène, pour lui, il n’y avait personne au dessus de lui. Oh non, il ne se prenait pas pour le roi... Il se prenait pour dieu ! Lui, le spécialiste des fantômes, marionnettiste des cadavres, il était capable de tout, il sentait que le monde était à ses pieds, que la mort était son alliée, il ne songeait pas qu’un jour la mort puisse le prendre, non, il en riait, il riait au coté de la faucheuse et jouait des pantins qu’elle laissait sur terre. La mort était son terrain de jeu, son territoire à lui.

Il se désintéressait presque aussitôt de la vielle femme, il était ainsi, tout le lassait, il n'était pas homme honnête, il n'avait jamais cherché à l'être d'ailleurs. Depuis qu'il avait découvert ce qu'il était, ses pouvoirs, il avait compris qu'il n'était pas comme les autres, cela l'avait poussé à quitter le Missouri. Il se sentait trop bien pour une bande de paysans ou comme il disait : bande de ploucs. Pourtant il y avait vécu une enfance heureuse là-bas, ses parents furent bon avec lui, mais on oublie rapidement ses origines, ceux qui ont saignés pour vous, ceux qui vous aiment vraiment, on les oublie quand l'on se met à rêver d'autre chose. C'était bien là un problème de Nath', il voulait toujours mieux, il voulait tout voir, tout vivre, il voulait être partout et ici, il était pire que le vent. Il ne tenait pas en place, motivé juste par le profit, l'envie de s'amuser, la liberté, et encore le profit. Ce serait mentir que de dire que la vie des autres l’intéressait, mais mentir était l’une de ses spécialités, il n’avait pas besoin de magie pour cela, il était un vrai professionnel. Oh Oui, Nath’ aurait pu avoir une vie totalement différente, il était intelligent, probablement aurait-il pu se propulser bien plus haut dans la société, mais il en avait décidé autrement, trop paresseux pour étudier, il avait bien assez tôt adopté la douce philosophie suivante : "pourquoi s'embêter à faire des choses qui ne nous intéressent pas, si c'est pour, plus tard, vivre une vie qui ne nous intéresse pas non plus ?"

« Monsieur... Je ne sais pas comme aborder le sujet... » Ajoutait-elle confuse, il relevait à nouveau ses yeux azurs vers elle, et attendait la suite de sa phrase. « C’est... C’est mon mari. Il... Il crie comme un possédé et ça lui fait mal... De là. » Disait-elle en collant sa main contre son estomac, Nath’ souriait et lui répondait d’un ton railleur « Ne t’inquiètes pas Mamie, cela doit être une constipation. Donnes lui un suppositoire, ou à l’ancienne : une bonne purge. Et tout ira mieux ! » Le nécromancien pouffait de rire et retournait à son verre. Cynique et sarcastique ; ajoutez ses deux qualités au fait qu'il soit un emmerdeur fini, ça donnait Nathanael. Mais il était doué dans ce qu’il faisait, n’y avait-il pas que les meilleurs qui puissent se permettent d’être aussi détestables ? Mais la vieille dame enchérissait à nouveau, et parvenait par ce fait à capter l'attention du chasseur de fantômes « Je payerai. A n'importe quel prix. » Une lueur malicieuse parcourait le regard du jeune homme, plus si jeune que ça, mais il paraissait toujours aussi jeune comme si jouer avec la mort lui donnait la jeunesse, mais un jour, le temps finirait bien par le rattraper, il n'était pas dupe, mais tant que ce jour n'était pas arrivé il profitait de la vie à 100% ! Et pour fêter la vie, il buvait cul sec sa chope, du moins ce qu'il en restait et se relevait pour se tourner vers la grand mère, qui avait des cernes plutôt inquiétantes ceci dit... « Dit comme ça, j'accepte. » Déclarait-il d'un ton théâtral, comme si le héros de la pièce avait décidé de combattre le monstre pour sauver le monde, oui, il était comme ça Nath', un brin extrapolé, si orgueilleux et vantard, mais il était apprécié parce qu'il n'avait jamais échoué. Enfin... Jamais... Bien sur qu'il lui était arrivé d'échouer, mais il ne s'en ventait pas. Il lui arrivait parfois de faire des échecs monumentaux, mais qui pourrait le savoir ? Personne ne pouvait voir les esprits appart lui, alors, il baratinait les gens, il leurs disait que l'esprit était parti, il disait qu'il reviendrait, qu'il n'avait neutralisé que la moitié, bref, tout était bonne excuse pour prendre les gens pour les pigeons... Il avait dût apprendre comme tout le monde, et avait trouvé un mentor suite à son départ du Missouri, ou plutôt c'était le mentor qui était venu à lui. Nath' n'avait pas compris pourquoi cet homme avait voulu l'aider à contrôler son pouvoir, il l'avait comprit quelques années plus tard quand celui-ci s'était retiré du circuit, fatigué, lassé, il avait voulu transmettre son savoir avant de partir en « retraite », il lui avait dit avoir un voyage à faire, l'intuition de Nath' l'avait porté à croire que c'était l'ultime, le dernier voyage de la vie que son mentor s'apprêtait à faire... Quoi qu'il en soit, il ne l'avait jamais revu, et le petit Nath' avait fait bien du chemin depuis... Seul.

Il sortait du bar escorté par la vieille, Nath' lui adressait un charmant sourire. Lui et l'argent, une véritable histoire d'amour, il n'était pas avare, mais il ne faisait rien gratuitement, parfois, orgueilleux comme il était, il estimait devoir faire payer les femmes qui couchaient avec lui, mais puisque lui aussi prenait de bon temps pensait que c'était un assez bon prix. Il aimait arnaquer les gens, ce n'était pas uniquement pour l'appât du gain, c'était un amusement pour lui. Il s'amusait au détriment des autres. Mais Nath' n'avait pas que des défauts, fort heureusement. Il était malin, intelligent certes, mais il restait humain. Il était capable d'aider parfois, il savait être doux et gentil, mais ce sont les choses qu'il garde précieusement pour lui. Car malgré les apparences, il lui était arrivé d'aimer une femme plus fort que tout, mais pas de panique, cela fut de très courte durée, il s'en était rapidement guéri lorsqu'il s'était blessé à cœur ouvert à s'essayer à la vie de couple. Il avait comprit que ce n'était pas fait pour lui, il était un chasseur de fantômes, libre comme l'air et ne pouvait supporter d'être enchainé, est-ce qu'une femme pouvait lui laisser assez de liberté pour son bonheur ? Il en doutait, alors il vivait comme un débauché, volage, il se plaisait dans cette vie, Nath' serait le dernier à se plaindre de son existence, il n'était pas malheureux, il ne manquait de rien, et vivait tout à 100 à l'heure comme il l'avait toujours voulu. . « Mon fils a le même sourire que vous.» Lâchait la femme âgée en chemin vers le parking. Sincèrement, il s’en foutait comme de son premier fantôme. Nath’ avait un sourire magique, un sourire si communicatif, un sourire qui vous donne l’envie de sourire. Quand il souriait, le monde semblait plus beau, il captivait les femmes avec celui-ci, pourtant, il était cher d’avoir un véritable sourire de Nath’, bien souvent celui-ci était hypocrite, mais il lui arrivait également de sourire parce qu’il en avait envie, parce qu’il était amusé, ou juste parce qu’il était heureux. Il riait, bien souvent moqueur certes, mais ce n’était pas un triste personnage dépressif, non. Malgré qu’il côtoie la mort chaque jour de sa vie, il y avait beaucoup de lumière dans son cœur, comme si un soleil brulait en lui. Il dégageait une aura bienveillante, et pourtant, souvent il était loin de l’être... Nath' était un homme très séduisant, assez grand, mais pas trop, il avait une certaine musculature des plus attirante, il avait les traits du visage doux, une chevelure brune bien souvent en bataille ou savamment coiffé en arrière, il faisait parti de cette catégorie d'homme attirant, l'âge ne semblait pas être un problème pour lui souvent on le pensait avoir la vingtaine, ce qui était particulièrement flatteur. Mais sa plus grande arme de séduction restait ses yeux, il possédait des iris d'un cyan unique, des yeux magnifiques, envoutant, magiques, un regard ensorcelant, oui, l'homme attirait beaucoup de femmes, et d'hommes. Il avait toujours ce qu'il voulait dans son lit, il n'avait que l'embarras du choix, la nature avait été généreuse avec lui, et pourtant, il était quelqu'un d'assez négligé, passer deux semaines sans se raser ne le dérangeait aucunement, il s'habillait de façon assez excentrique un jour, puis le lendemain il aurait l'air d'une loque, puis quelque jours plus tard il avait l'air d'un homme d'affaires, c'était Nath', un homme à qui tout les styles allaient bien, il n'avait pas besoin de beaucoup pour plaire, la vie était simple pour lui de ce côté là.

Ils arrivaient à la voiture de Nath', il en ouvrait la porte passager invitant la vielle dame à s'assoir, puis s'installait au volant, c'était une voiture de sport qu'il avait quelque peu bricolé, oui, parce que c'était un bricoleur en plus de ça, il aimait fabriquer des gadgets qui lui simplifiaient la vie, fainéant comme il était. Il se laissait indiquer la route jusqu'à chez la vielle dame, tant qu'il faisait nuit, il avait ses pouvoirs au top, et puisqu'il n'allait pas s'éterniser ici, il avait prit un séjour à Londres pour faire la fête avec des « amis », il devait dès le lendemain retourner à la Nouvelle Orléans, terre d'horreur, là-bas, il ne manquait pas de travail. Il y vivait depuis quelques années comme un roi, ou comme un dieu plutôt. On trouvait des esprits à tous les coins de rues, des morts, et aussi, des moins morts, des vampires quoi... Des êtres très intéressants selon lui, il avait pour objectif d'en contrôler quelques uns, juste pour se distraire. Si l'on ne se donne pas de défi, la vie risquerait d'être particulièrement ennuyeuse. Ils arrivaient à destinations, il descendait de la voiture et prenait une grande bouffée d'air, puis se dirigeait vers son coffre qui était blindé de gadgets plus ou moins utile, certains étaient complètement inutiles il devait l'avouer, mais il avait l'intention d 'y apporter des modifications... Un jour... Peut-être...

La porte du coffre claquait avec violence, il tenait à la main une bougie et sous le bras il portait une planche Ouija, il adressait un sourire à la grand-mère et la suivait dans son lotissement en baillant, puis entrait dans la maison. Il ne sentait pas une seule présence dans cette maison, mais six. Il souriait, la soirée promettait d'être intéressante. Il souriait encore puis pénétrait dans le salon, où la colère était particulièrement dense, un vieil homme était là, assit dans son fauteuil l'air tétanisé « No panic, Nath' est dans la place. » Il posait sa planche sur la table basse et fit éteindre la lumière après avoir allumé sa bougie, il souriait encore alors qu'ils posaient tous les trois leurs mains unies dans l'adversité, il fermait doucement ses yeux azurs et soufflait d'un air inquiétant assez théâtral « Quoi qu'il arrive, ne retirez pas votre main. » il ouvrait à nouveau les yeux, et apercevait derrière le couple six ombres, il restait calme cependant, puis reposait son regard sur la planchette et demandait enfin « Combien êtes vous ? » Alors, doucement ils furent attirés vers le 6, le grand-père paraissait horrifié, Nath' n'en prenait pas gare, il demandait toujours calmement aux esprits « Connaissez vous cet homme ? » Alors, le oui fut pointé. « Êtes-vous en colère contre lui ? » Alors, après un petit tour inutile le oui fut à nouveau désigné. Nath' fermait à nouveau les yeux, il ressentait la colère, le feu et la douleur. Cet homme devait avoir fait quelque chose de terrible... « Je vois... Monsieur ? » Il posait ses iris azurs sur l'homme qui semblait assez inquiet et qui n'avait pas l'air ravi des réponses apportées. Nath' l’interrogeait alors « En quelle année êtes vous né ? » L'homme répondait alors d'un ton assez froid « 1925 » Nath' fermait à nouveau les yeux, il essayait d'entrer juste en communion avec ses gens qui étaient loin d'être des esprits frappeurs. Nath leur demandait qui ils étaient, tout à coup, leurs mains unies se déplaçaient avec une rapidité sans nom sur la planchette, ses yeux azurs essayaient de déchiffrer les lettres pointés, mais ça allait beaucoup trop vite pour que ce soit lisible... « J... J... I.... J... F... I... U. » Alors, Nath' retirait sa main, et le tout s’immobilisait. Le nécromancien se relevait l'air grave et donnait le mot dans le bon ordre. « Juif. » L'homme se paralysait presque alors que la vieille poussait un cri de stupeur et d'incompréhension, alors le beau médium ajoutait l'air toujours aussi sérieux « Tu as dénoncé ses personnes lors de la seconde guerre mondiale. Ses esprits te hantent depuis des années, mais l'âge t'as affaiblis face à eux. Ils ne trouveront le repos que le jour où l'homme qui les a vendu aura rejoins l'enfer. » C'était le genre de révélation qui font mal, la vielle dame manquait de s'évanouir. Alors, elle se mit à le supplier de l'aider, il lui fit comprendre qu'il n'en avait pas l'intention, cet homme avait ce qu'il méritait. Mais la vielle dame le prit de pitié, finalement, comme quoi, il n'avait pas un coeur si impur... Il sortait pour aller chercher de l'encens et quelques bougies supplémentaires dans sa voiture, il disposait le tout dans le salon, il s'installait en tailleur au milieu de ce cercle qu'il avait tracé à la craie blanche. Après plusieurs minutes, il parvenait à entrer à nouveau en contact avec ses esprits, et pendant deux heures il était resté là, au milieu du salon, immobile, il vivait la vie de ses personnes, ils lui donnaient ses souvenirs, des moments effroyables, il toussait le souffle coupé quand il arrivait à leur mort, cela durait toute la nuit, puis les rayons du soleil firent leur apparition, et les flammes des bougies furent soufflé par un vent d'une autre dimension. Il avait prit leurs souvenirs, leur colère pour leur rende la liberté et le droit au repos. « Ils sont partis. » Déclarait-il en se relevant. La vielle lui faisait un chèque vraisemblablement énorme, il saluait le vieux en lui promettant que l'enfer se chargerait de lui, tôt ou tard, il fut raccompagné à sa voiture quand la vieille dame les yeux au ciel d'une voix en larme disait « Merci Seigneur ! » « Oh, appelez moi Nath'. »

C'était ainsi qu'était la vie de Nath', à bord de son bolide il parcourait le monde, et aujourd'hui, à la Nouvelle Orleans, il avait trouvé la terre promise, la terre où il aurait toujours lieu d'exister. Évidement, il pourrait faire autre chose que des arnaques, il pourrait travailler pour le Talamasca qui mine de rien l'avait surveillé de près cet extraverti, mais il tenait bien trop à la liberté, Sa liberté, aujourd'hui il était ici, mais demain... Il serait là où il voudrait être...