Il y a un commencement à tout
→ Toronto, mars 1991. «
Maman ? » Comme à l'accoutumée, l'appartement était sans dessus dessous. Un véritable foutoir. Une bouteille de scotch à moitié vide trônait dans la cuisine crasseuse et l'assiette de poisson était restée là, intouchée malgré les heures qu'elle avait passée à cet endroit précis. Jean renouvela son appel. «
Maman ? » Une porte grinça et le bruit d'un corps qui s'affaisse au sol se fit entendre. Malgré les efforts de M. Ablach pour mieux loger sa famille en perdition, l'appartement était exiguë. Un vrai mouchoir de poche pour les trois personnes qui y vivaient tant bien que mal. Familière à ce genre de scène, Jean avança dans le couloir en direction de la salle de bain. Le régurgitement d'un estomac qui se soulève salua son arrivée dans la pièce. Le nez dans la cuvette des toilettes, Eleonore Ablach vomissait ses tripes. Encore. Lui caressant doucement les cheveux, sa fille attrapa une serviette qui traînait par là - l'humidifia - et, d'un geste tendre mais décidé, adossa sa mère contre le mur. Le spectacle face à face était bien pire que celui de dos. Nettoyant le liquide jaunâtre qui maculait le visage de sa génitrice, Jean objecta. «
Je te ramène dans ta chambre. Aide moi un peu. » Un borborygme incompréhensible émergea à peine. Sans se soucier de ce qu'elle pouvait dire, avec toute la force de ses petits bras, l'adolescente releva sa mère complètement ivre et, tant bien que mal, l'amena à destination. Sachant qu'elle s'endormirait bientôt, Jean ferma doucement la porte et se dirigea vers sa chambre. Elle aurait tant voulu lui parler. De
ça.
Ca qui la hantait de jour comme de nuit.
Ca qui l'empêchait de trouver le sommeil.
Ca qui la terrorisait. Encore, encore et encore.
Depuis quelques semaines, Jean Ablach se sentait différente. Si elle avait pu se confier à quelqu'un, elle se serait considérée comme folle. Personne ne pouvait comprendre ce qu'il se passait. Alors pourquoi nourrissait-elle, en vain, l'espoir d'en parler à sa mère ? Que cherchait-elle ? Le réconfort d'une soularde émérite ? Personne ne pouvait l'aider. Fixant l'horizon incertain de cette nuit naissante, Jean retraça à nouveau le début de ce cauchemar. Tout cela avait commencé fin janvier. Elle rentrait alors du lycée, seule, empruntant une autre route qu'à l'ordinaire. Ras le bol de cette routine, elle voulait un peu de changement et traverser quelques quartiers inconnus lui avait semblé opportun.
Idiote. A ce moment précis, la jeune fille était loin de se douter de ce qui allait lui tomber sur le coin du nez. Tout débuta avec cet étrange sentiment d'être suivie. Epiée même. Hâtant le pas, elle atterrit bien vite à l'angle d'un cimetière. L'impression disparut l'espace d'un instant, comme un mirage ... avant de lui sauter à la gorge. Décuplée. Envahie d'une douleur sans fin, elle se senti perdre le contrôle de ses émotions. Comme si celles d'une autre personne s'étaient installés dans son enveloppe charnelle. Sous le choc, Jean s'était arrêtée. Abasourdie. Transpercée. Sans s'en rendre compte, la jeune fille s'était tournée vers l'entrée du cimetière. Presque à l'écoute. Son coeur menaçait de rompre sa cage thoracique mais elle ne l'écoutait plus. Jean n'avait d'yeux et d'oreilles que pour comprendre ce qui se déroulait. Pourtant, eusse t-elle une parfaite vue et audition, elle ne décela rien. Bien vite, elle compris que ce sentiment qui l'étreignait n'avait aucune existence sur le plan physique. C'était ... autre chose. Venu d'ailleurs. Alors qu'une écharpe glacée s'abattait sur ses os, l'adolescente pris ses jambes à son cou.
Quand la goutte d'eau fait déborder le vase
→ Toronto, août 1992. Confortablement lovée dans les bras d'Aidan Mayfield, Jean observait le ciel, transie d'amour. Voilà près d'un an qu'elle filait un bonheur aussi parfait que son existence lui permettait. Ses cauchemars s'étaient estompés et même s'ils ne l'avaient pas quittée, elle avait fait avec. Elle savait qu'elle différente.
Spéciale. Une étoile filante traversa brièvement le ciel, éclairant une seconde la voute céleste de sa traînée lumineuse. «
Fais un voeux. » Sa voix était chaude, suave et rassurante. Tout ce dont elle avait besoin.
*Faites qu'il me croie* Jean laissa passer quelque secondes avant de se râcler la gorge, hésitante. Elle n'en avait jamais parlé, à personne. Son père était tellement terre-à-terre qu'elle n'avait jamais songé un seul instant qu'il puisse la croire et sa mère, enchaînant les séjours à l'hôpital, n'avait pas la force de l'écouter. «
Je peux parler aux morts. » C'était dit. La réaction se fit un peu attendre et la jeune fille cru une seconde que la phrase qu'elle s'était cent fois répétée mentalement avait, encore une fois, simplement résonné dans sa tête. «
Quoi ? » Aidan n'avait pas bougé et pourtant, Jean senti qu'il s'était raidi. Jean rectifia, soucieuse. «
Enfin pas leur parler véritablement mais je les ressent. C'est comme s'ils traînaient là, quelque part... » Cette fois le jeune homme s'était redressé, comme alerté par un sixième sens. «
Jean tu sais très bien que c'est impossible. » Il ne la croyait pas. Bien sûr. Comment le pourrait-il d'ailleurs ? Sans se démonter, elle insista. «
Je ne mens pas, je te jure que c'est la vérité. » Si lumière il y avait eu, Jean aurait pu voir la lueur d'inquiétude qui traversa le regard de son petit ami. Sans répondre il resta de marbre, en proie à de violents tourments intérieurs. Etait-ce possible ? Mais non ! Comment pouvait-il avoir si peu de chance ? «
Tu te rapelles l'enterrement de Camilla ? » Bien sûr qu'il s'en rappelait, comment aurait-il pu oublier ce funeste jour où il avait mis sous terre sa grand-mère bien aimée. «
J'ai ressenti sa présence, comme quand on allait la voir. Elle était là Aidan, j'en suis sûre. » Sa voix était douce, emplie d'une mystérieuse léthargie. «
Elle ne dégageait aucune colère, juste un peu d'inquiétude. Je crois qu'elle cherchait son chemin. » Cette énième réplique fut de trop. Comme assis sur un ressort, Aidan s'était brusquement levé. «
Tu te moques de moi ? » Le ton était aussi froid que les vents polaires et dur comme la roche. Jean regretta aussitôt de lui en avoir parlé. Etait-elle maudite ? Se relevant à son tour, elle planta son regard bleuté dans les iris mordorés de son ami. Suppliante. «
C'est la vérité ! » Ses yeux angoissés n'en démordaient pas. «
Je n'en ai jamais parlé à personne, ça me fait trop peur. » Aidan la toisa de haut en bas de ce regard qu'elle n'oublierai jamais puis, sans crier gare il la repoussa violemment et dévala la colline qu'ils avaient gravi quelques heures auparavant. «
Tu es folle Jean, adieu ! » Il avait hurlé. Puis disparu dans la pénombre. Alors que Jean peinait à ressentir autre chose que les morceaux brisés de son coeur, une unique larme roula sur sa joue. De son côté, Aidan arrivait au parking. Essouflé, il commanda un taxi pour celle qu'il venait de planter là haut et démarra sa propre voiture. Comment pouvait-il être aussi malchanceux ? Jean, une nécromancienne ? Moins d'une semaine plus tard, la famille Mayfield quittait la ville. Et personne ne les revit jamais.
Il n'y a de liberté que celle que l'on saisi
→ Toronto, juillet 1993. Un coup de vent balaya les papiers éparpillés sur le sol. Poussant un mugissement de colère, Jean ferma sa fenêtre sans aucune délicatesse. «
Mais qu'est-ce que tu fabriques ? » La voix de sa mère s'était élevée à l'autre bout de l'appartement pourtant sa fille l'avait parfaitement entendue. Comme le cliquetis du verre et de la bouteille qui se rencontraient pour la sixième fois déjà depuis son levé. «
C'est rien, courant d'air ! » Jean avait bien essayé de récupérer sa mère, mais ce n'était plus possible. Alcoolique depuis toujours, il lui avait toujours semblé qu'une mystérieuse raison la poussait à s'auto-détruire de la sorte. A moins d'être tout simplement masochiste - et ce n'était pas le cas - l'adolescente avait bien compris qu'il y avait anguille sous roche. Bien sûr elle avait déjà tenté d'en parler avec sa mère mais les réponses se faisaient de plus en rares et de toute manière, avaient toujours été les mêmes. «
Je suis faible ma fille. J'ai beau t'aimer de tout mon coeur, je n'arriverai jamais à me défaire de cette partie de moi-même. Ne prend pas exemple sur moi, sois forte ! » qu'elle lui répondait. Sans chercher d'autres réponses qui ne viendraient pas, Jean s'était donc contentée de celle là. Elle avait appris à aimer sa mère malgré ses défauts et ce qu'elle s'apprêtait à faire lui déchirait déjà le coeur. Rassemblant les papiers qui jonchaient le sol de sa chambre, Jean inspecta sa valise. Quelques affaires, son passeport, les billets, une trousse de toilette et un peigne. Si son sac était aussi maigre, ce n'est pas car elle pensait revenir. Non. Jean Callixte Nereia Ablach quitta son toit. Pour toujours. Ramassant la multitude de papiers qui jonchaient le sol de sa chambre l'adolescente fourra le tout dans son petit sac à main. Vérifiant que sa mère était confortablement lovée dans le feuteuil du salon, dos au couloir, la jeune fille sorti sa valise. «
Je vais au lavoir, à tout à l'heure. » Elle entreposa ses affaires sur le perron avant de revenir un instant dans l'appartement. Parfaitement silencieuse, elle ouvrit les tables de chevet respectives de ses parents et y déposa deux lettres manuscrites. Une pour chacun. Son coeur se serra lorsqu'elle passa le pas de la porte. Ne pouvant s'y résoudre sans une dernière étreinte, Jean vint se planter devant sa mère. Aussi douce qu'à son habitude, elle repoussa le verre au liquide doré hors de portée et sans crier gare, l'enlaça brièvement de ses bras. «
Ne te noies pas maman. » Un chuchotis, un espoir. «
Je t'aime » Eleonor Ablach déposa un baiser hautement concentré en alcool sur la joue de sa fille et lui répondit simplement. «
Fais attention à toi ma belle. Je t'aime aussi. » Se détachant l'une de l'autre, Jean parti. Alors qu'elle attendait l'ascenseur, des larmes roulèrent sur les joues d'Eleonore. Le moment qu'elle avait redouté toute sa vie était finalement arrivé et de nombreuses réponses venaient d'être trouvées. Silencieuse, elle formula une prière pour sa fille unique qui, elle le savait, ne reviendrait pas.
* Puisse-tu lui accorder ta grâce, aimante et protectrice. Puisse t-elle trouver son chemin sur la voie ténébreuse où tu nous as placées. Accorde lui la force de soumettre ce qui m'a détruite. Accorde lui la force de maitriser cette partie d'elle-même et par dessus tout - je t'en conjure Ô Tout Puissant - protège la du mal. * Quelques heures plus tard, Callixte Ablach décollait du sol canadien en direction de La Nouvelle-Orléans. Jean, elle, était restée derrière.
La solitude est le nid des pensées
→ La Nouvelle-Orléans, octobre 1996. «
Callixte concentre-toi un peu, on va pas passer la nuit ici ! » Elle n'en demandait pas plus. D'ailleurs, s'ils pouvaient quitter ce maudit cimetière dès maintenant tout aurait été parfait. Mais non, elle y était enchaînée tant qu'elle n'aurait pas réussi. Le front emperlé de sueur, la jeune fille ne répondit pas. Cela ne servait à rien. Âgée de 21 ans, en pleine licence d'Histoire de l'Art, Callixte passait ses jours à la fac et ses nuits au cimetière. Si son don aurait pu la rendre folle, elle avait pris les devants il y a de ça trois ans. Elle avait contacté celui qui, à force de ruse, de patience et de motivation, devint son précepteur. Son maître. Celui qui lui promit de lui enseigner ce qu'il savait. Tout ce qu'il savait. Et Charley St. John en savait beaucoup. D'origine anglaise, ce nécromancien hors pair s'était installé du côté de La Nouvelle Orléans, ville où il concentrait toutes ses recherches. D'après lui, cet emplacement était imprégné d'une grande magie. Trop jeune et inexpérimentée pour ajouter quoi que ce soit à ses dires, Callixte opinait. En vérité, elle buvait littéralement ses paroles. En plus de l'avoir fait s'accepter, Charley la faisait travailler plus dur que n'importe qui. Il ne la ménageait jamais et la jeune femme ne demandait que ça. Apprendre. Encore et toujours. De temps à autre, elle se félicitait d'avoir eu le culot de débarquer chez Charley sans nul autre bagage que sa soif d'apprendre. Son bac n'avait pas grande importance dans la nécromancie et Callixte, faute de ne jamais l'avoir pratiquée, avait commencé par le tout début. Elle avait rapidement progressé et Charley n'hésitait pas à corser les choses. Comme cette fois où il lui avait demandé d'opérer en pleine journée... Une catastrophe. Enfin, s'il martelait que le travail nourrissait le résultait, il affirmait également que les erreurs étaient parfois le meilleur moyen d'apprendre. Pour sûr, elle réfléchirait à deux fois avant de se lancer dans la nécromancie en pleine journée... Leçon reçue 5/5. Alors que l'aube commençait à croitre, Charley brisa le silence d'une heure entière. «
C'est bon, on arrête ici. Ressource toi un peu et file te doucher, je ne voudrais pas que tu empestes le cadavre au petit-déjeuner. » Malgré ses manières un peu bourrues, Callixte ne s'y trompait pas. Elle appréciait Charley et ce n'était que trop réciproque. Massant rapidement ses muscles endoloris, la jeune femme refit son plein d'énergie. Depuis qu'elle avait découvert la pratique de la nécromancie, elle s'était également découverte une seconde capacité. Propre à elle-même. En aspirant l'énergie des morts, Callixte pouvait régénérer la sienne. Une sacré alternative au sommeil en résumé. Ce n'est qu'ainsi qu'elle pouvait suivre ce "double cursus" si spécial. Evoluant parmi les vivants comme parmi les morts, elle s'était fondue dans la masse. Bien évidemment sa chevelure rousse n'aidait pas mais au bout de quelques temps, plus personne ne fit attention à elle. L'équilibre parfait.
L'expérience n'est que le commencement de la sagesse
→ LNO - Metairie Cemetery, mai 2012. La jeune fille était franchement terrifiée et le jeune homme ne semblait guère plus à l'aise. Les autres avaient simplement arrêté de respirer. Pour une première fois dans un tel lieu, qui pouvait leur en vouloir ? Callixte bien sûr. Parfaitement au courant de ce que l'on éprouve dans ce genre de situation, le professeur avait décidé de pousser le bouchon. Ce n'était pas très sympa de sa part mais quitte à leur donner un enseignement de qualité, autant faire les choses bien. C'est non sans un étrange sourire au coin des lèvres qu'elle leur avait donné rendez-vous, la veille, pour 00h30 au cimetière de Metairie. La première leçon au cimetière... Autant dire que la nécromancienne allait s'en donner à coeur joie. D'ailleurs, elle en avait salivé d'avance, leur concoctant un petit moment de pur plaisirs frissonnants. Si la plupart de ses élèves avaient tous plus ou moins réussi à relever un cadavre dans une salle destinée à l'étude, voilà que le contexte changeait diamétralement. Et c'était tant mieux. D'un ordre bref Callixte fit éteindre toutes les sources de lumière. La nuit était noire, à peine éclairée par une lointaine lune blafarde et l'humidité ambiante refroidissait les corps en s'infiltrant dans ce qui devenait une sorte de vent mouillé. La nuit était chaude pour un mois de mai mais personne ne s'en offusqua, trop préoccupé par ce qui allait potentiellement se passer. Commençant par un rapide speech d'entrée en matière constitué de quelques anecdotes bien choisies, Callixte acheva d'installer l'ambiance. Quelque uns déglutirent puis un silence - véritablement de mort - s'abattit sur le cimetière. Plus personne ne bougeait. «
Mlle Ablach ? » Une voix chevrotante. «
Quoi ? » «
Est-ce qu'on peut rallumer la lumière ? » Callixte n'était jamais
méchante avec ses élèves, elle les préparait simplement du mieux qu'elle le pouvait ... et n'hésitait jamais à mettre les bouchées doubles. «
Non » Quelques minutes plus tard, chacun se trouvait devant une tombe prêt à débuter le rituel. «
Et n'oubliez pas ! Vous me les ramenez à la vie, les rajeunissez un peu et chacun fera faire à son macchabée le tour du propriétaire. Ah oui j'allais oublier le plus important ! Ceci est test. » Des murmures d'indignation mêlés à quelques ressentiments d'effrois fusèrent d'un peu partout. Un simple raclement de gorge de la part du professeur et le silence retomba. Comme un chape glacée. Sans transparaître la moindre émotion, Callixte distribua onguents et poulets au préalablement assommés. C'était plutôt sympa, elle aurait pu leur refiler vivant et tout à fait conscients... Le problème est qu'elle ne supportait pas leur "
kot kot" infernaux.
Tout à fait absorbés par leurs rituels respectifs, le moment était venu de corser les choses. Sans crier gare, la nécromancienne s'affaira à son tour. Relever des morts ne lui posait plus aucun problème aussi elle tourna un peu dans le cimetière afin de trouver son petit bonheur. Armée d'une lampe torche, elle dénicha quelques tombes de plus ou moins 2 à 6 mois. Quitte à les bousculer un peu, autant que les macchabées soient bien repoussants. En leur laissant - bien évidemment - leur apparence ... du moment, Callixte releva tour à tour trois cadavres. Les ramener à la vie ne passait pas inaperçu puisqu'en se frayant un chemin jusqu'à la surface puis émergeant d'entre la terre, ils faisaient un raffut du Diable. Baladant ses zombis dégueulants de laideur au plus près de ses élèves en pleine concentration, certains lâchèrent prise lorsqu'une main à moitié décharnée et rongée par les asticots se posa sur leur épaule. Pour d'autres, ce fut le cri de leurs camarades. «
Permettez-moi de préciser que personne ne bougera de cet endroit charmant tant que vous n'aurez pas - tous - réussi. » Il n'y avait pas à dire, Callixte appréciait l'enseignement. Outre ses recherches et ambition personnelle, elle se sentait
utile. Détentrice d'un savoir qu'elle se devait d'enseigner aux générations futures. Entrer dans le Talamasca avait été l'une des meilleures choses de sa vie. Secrète et peu portée sur la discussion, bosseuse acharnée et grande solitaire, l'Ordre millénaire lui convenait parfaitement. Fière que Charley l'en ai jugée digne, Callixte se cala sur une tombe et observa ses novices. Déstabilisés par ses zombies, ils s'étaient déjà re-concentrés. Qu'à cela ne tienne, le professeur avait plus d'une corde à son arc. Non seulement elle allait recommencer en les faisant se coller aux corps frêles des novices mais elle continuerai de plus belle. Contrer leur rajeunissement, laisse tomber - par mégarde - quelques bouts de viande fraîche et voir qui arrive à faire passer sa créature à côté sans en déchiqueter le moindre morceau, lâcher la goule... La goule ? Callixte en avait repéré une alors qu'elle faisait l'éclaireur dans ce même cimetière, quelques jours auparavant. Elles n'étaient pas difficile à retracer et quelques heures de patience avaient suffit à la repérer. La piéger fut presque aussi aisé. Gourmande ces bestioles... Avec l'aide de ses amis patience et bonne humeur, Callixte attendrait un peu avant de la libérer. Un bon rappel pour ces novices qui prenaient souvent la grosse tête, croyant que la magie réglait tout. Et puis quoi encore... La magie
et ce bon vieux Remington 870.