Il est difficile pour quelqu'un de devoir se décrire lui-même. Mais bon, je peux bien essayer. On m’a longuement dit que je fais parti de ce genre de filles facile à repérer dans une foule, soit par ma posture et par mon accoutrement. J’ai toujours été une femme qui se devait de surveiller son poids ayant longuement été mannequin, et donc ma silhouette attirait rapidement le regard d’autrui, tout comme ma longue chevelure. Celle-ci, légèrement dorée par la mince touche de cuivre s’y cachant en chaque mèche, reflète avec merveille les rayons du soleil. Ne l’avez-vous jamais entendu? Les brunes sont de vraies femmes de rêves. Ha ha. Bref continuons. Mes yeux, colorés d’un bleu portant doucement vers le gris, sont grand et perçant. J’ai pour habitude fréquente de regarder les gens directement dans les yeux, ce qui peut gêner certains ou en rendre d’autres mal alaise. Vous allez probablement en rire, mais être devenue vampire est sans nul doute ce qui m’a le plus aider pour mon métier passé. La cicatrisation rapide est un atout facile chez les mannequins. Et puisque je suis « cliniquement morte », mon corps ne grossira jamais. Je resterai donc à jamais parfaite pour les standards du mannequinât, toujours utile en cas de manque de loisirs. Pour ce qui est de mon style vestimentaire, j’avoue avoir des goûts variés. D’un côté, j’adore la mode classique. J’aime les vêtements dispendieux et raffinés, mais j’aime tout autant les vêtements de motocyclette soit les pantalons de cuir, les vestons de cuirs, etc. Peut-être est-ce inhabituel mais pour moi, tout est intéressant. C’est ce qui aide à nous rendre unique, exceptionnel.

J’en ai conscience, je ne suis pas une femme facile à comprendre. Mais vous savez quoi? Je ne voudrais changer pour rien au monde. De mon point de vue, une femme simple est synonyme d’ennuyeux. Non, je ne suis pas une garce. Peut-être ai-je une manière assez spéciale de traiter les femmes, mais cela ne veut pas dire pour autant que je sois du genre à me moquer d’elles. Je n’ai pas de respect envers les femmes, voilà tout. Donc, je préfère les ignorer ou éviter de leur parler si possible. J’ai tout de même un certain sens du respect et donc, si je me trouve en position où je n’aurai pas le choix d’en côtoyer, je me montrerai le plus agréable possible sans pour autant devenir hypocrite. Ma relation avec les hommes est toute une autre histoire. Pour faire court, je les adore. L’homme pour moi est symbole de leadership, de pouvoir. Un côté de moi adore côtoyer la gente masculine, tandis que l’autre préfère la solitude. Ce moment si cher où je me retrouve seule en compagnie de ma précieuse moto, je le vénère. Justement, j’ai toujours eu un faible pour la vitesse. Après être devenue vampire, j’ai ressenti le besoin de me rapprocher du danger, atteindre une rapidité telle qu’il en serait presque mortel. On pourrait même le décrire comme une dépendance constante à l’adrénaline. Tout comme le yin et le yang, cette partie « folle » de moi se voit équilibrée avec ma partie contrôlée, structurée. Je suis une femme d’affaire incomparable, pesant fermement sur l’idée que la précision de ses actions est importante. Peu importe toutes mes croyances, nulle autre ne parvient à contrer celle qui restera à jamais pour moi la plus importante de toutes : mon clan, ma famille. Les ordres sont absolus. Je fais confiance au jugement d’Asher comme si ses paroles venaient directement de dieu, bien que cela soit assez amusant comme affirmation. J’ai longuement été perdue, mais mon clan a été ce qui m’a aidé à me remettre debout, m’a aidé à retrouver un sens à ma vie. Je me serais laissé mourir sans Asher, je me serais assurée que cette nuit là serait la dernière de ma misérable vie. La part de moi qui resterai à jamais dérangé sommeille au fin fond de mon subconscient, attendant de se réveiller à chaque instant où le sang se met à contrôler mes gestes et pensées.

Avez-vous déjà eu envi de disparaître du monde? Eh bien moi, j’y réfléchissais constamment. Peu importe ce que vous entendrez, la vie de mannequin n’a rien de facile. Il faut travailler fort sans s’arrêter, supporter la critique comme jamais, endurer les hommes riches qui tentent de vous avoir dans leur lit en échange d’argent ou de cadeaux, détruire la compétition et j’en passe. Jeune et guidée par ses rêves, j’étais naïve. J’ai longtemps tout donné pour ce métier, jusqu’à y laisser mon âme. Je voulais être au sommet, mais c’est seulement après y être arrivé que j’aie réalisé l’erreur que j’avais commise. La gloire n’avait rien de bien extraordinaire. Je devais devenir une poupée sans opinion, qui ne refuserait jamais ce qu’on lui demandait de faire. Avec le temps, j’ai pris la forme d’une coquille vide, brisée de l’intérieur mais brillante de l’extérieur. Malheureusement, la popularité vient rapidement créer de la jalousie auprès des autres femmes, souhaitant prendre ma place et cela, peu importe la façon de procéder.

Ma vie changea radicalement le onze mars milles neuf cent trente quatre, où avait été organisée une énorme fête en l’honneur de mon anniversaire. Cette soirée là, un assassin fut envoyé à mes trousses. Naturellement, il n’eut aucune difficulté à me trancher la gorge pour ensuite me laisser mourir lentement dans la marre de mon propre sang. Ce que je n’aurais jamais pu prédire par contre, fut l’arrivée d’un inconnu qui ne se gêna pas pour venir boire l’intégralité de ce qu’il me restait de sang dans les veines. À la porte de la mort, tout ce que je pus me rappeler à cet instant, fut la pression que je ressentis contre mes lèvres, avec l’impression qu’un liquide venait se glisser entre mes lèvres. Quelques instants suivants, une douleur atroce me frappai au cou, si intense qu’elle me fit perdre connaissance. J’ouvris mes yeux en sursaut, sur une pièce m’étant inconnue. Je me levai d’un bond, ne comprenant pas tout à fait ce qu’il avait bien pu se produire. Je croyais encore à ce moment que j’aurais dut mourir, mais les faits montraient le contraire. Pourtant je ne sentais pas mon cœur battre, ce qui m’inquiétait. Était-ce un rêve? Étais-je morte? Je n’en savais trop rien. C’est alors qu’on ouvrit la porte et que m’apparût un homme que je reconnus aussitôt. Il s’agissait de l’inconnu m’ayant vidé de mon sang, celui sur qui j’avais posé les yeux une dernière fois avant de perdre connaissance.

« Tient, tu es enfin réveillée? », me dit-il en guise de bonjour. Indécise, je n’osai pas répondre. « Allons serais-tu muette par hasard? …Bon, puisque c’est comme ça laisse moi commencer. Bonjour, je m’appelle Arthur De Chambelland, ton créateur. À qui ai-je l’honneur? » Sur le moment, je ne compris pas réellement ce qu’il voulait dire par mon créateur. Malgré cela, je décidai tout de même de lui répondre : « …Amelia…Amelia Petroska. Je suis top modèle internationale. ». Notre conversation dura un bon moment ensuite, où Arthur m’expliquas en détail ce qui m’était arrivé. Bien que ça me fit l’effet d’un choc à la poitrine, quelque part je n’eus aucune difficulté à l’accepter. Au contraire, j’avais la sensation d’être devenue une toute autre personne, prête et impatiente d’aller découvrir ce nouveau monde. Malheureusement pour moi, la vie ne fut pas forcément facile. J’étais l’infant d’un pur détraqué, ne pensant à rien d’autre qu’à sa petite personne. Je compris bien vite qu’en fait, la véritable raison derrière ma transformation n’avait été que l’envie de se procurer une poupée qui pourrait accomplir pour lui tous ses petits plans détestables. Ayant trop peur de me retrouver seule avec moi-même alors que je ne connaissais encore rien aux vampires et à leur monde, je choisis de me taire et d’encaisser le tout. Après tout, même si j’avais voulu choisir de le décapiter, j’étais à des années lumières de lui arriver à la cheville en matière de force et de puissance. Je croyais que rien de pire ne pouvait forcément arriver, mais j’avais tord. J’avais gardé secret l’existence de mon pouvoir qui s’était développé deux ans après ma transformation, ma faculté de pouvoir prédire en partie l’avenir, mais il finit par le découvrir bien assez tôt. Mon cauchemar ne fit alors que commencer. Il voulait à tout prix que j’augmente le contrôle de mon don afin de pouvoir voir les prédictions en rapport avec ce qui m’intéressait, pouvant ainsi de permettre à Arthur d’avoir une longueur d’onde sur ses ennemis. Peu importe le nombre de fois qu’il menaçait de me tuer, il était impossible d’accélérer les capacités d’un pouvoir de la sorte. Pour ravaler sa rage, Arthur me battait et me violait fréquemment et la frustration de ne pas être capable de me défendre me rongeait constamment.

J’avais longuement rêvé de voir venir le jour où mon créateur recevrait la pareille de tout le mal qu’il avait fait, où un de ceux qu’il avait menacés ou volé viendrait pour se venger. Le trente juillet mille neuf cent soixante et onze, quelqu’un exauça enfin mon souhait le plus cher. Un dénommé Asher L. Blackstone, chef d’un clan vampire de la Nouvelle-Orléans, laissa s’échapper sa rage sur mon maître. Je ne vis aucunement le besoin de défendre Arthur, souhaitant moi-même le voir mourir. Avec un profond soulagement, je pus constater la réussite d’Asher, m’offrant indirectement par la même occasion, ma liberté. Un seul petit problème m’agaçais toujours. Qu’allais-je faire maintenant que mon tuteur avait été massacré? Comment allais-je parvenir à survivre dans un monde qui m’était encore tout nouveau? À cet instant là, Asher réalisa enfin mon existence. Je le connaissais de réputation, mais jamais je ne me serais attendu à découvrir un tel homme. La reconnaissance que j’éprouvais envers lui ne put s’exprimer. Voilà pourquoi, je voulus aussitôt me joindre au clan de cet animal. J’avais envi de rejoindre ses rangs, de me battre à ses côtés par gratitude, mais aussi par choix. Pour convaincre Asher de m’accepter, j’énuméras toutes mes capacités utiles et intéressantes qui pourraient m’aider à augmenter son intérêt envers ma petite personne. À mon plus grand bonheur, il accepta.

Pendant près de cinq années, je ne fus rien d’autre qu’un simple nouveau-né, confiée à mon nouveau maître, William Ashford. Celui-ci était un vampire de plusieurs siècles, au physique digne d’un dieu grecque mais plus précisément, au regard envoûtant. William faisait parti des hauts placés de notre clan, avec un droit de parole lors de réunion du clan Blackstone. Bien qu’il ne s’y attende probablement pas, je tombas automatiquement sous son charme. Après avoir appris à le connaître d’avantage, ça ne fis qu’empirer. Par contre, montrer mes faiblesses à mon maître n’était pas forcément ce que je considérais comme correct. Il n’eut donc jamais ouït de mon béguin pour lui. Bref, à la sixième année après avoir rejoins Blackstone, on m’offrit le poste de lieutenant du clan. Je recevrais directement les ordres d’Asher en personne, puis je devrais m’occuper de m’assurer qu’on les suivrait à la lettre. Les dernières années, j’avais su me faire remarquer avec la facilité dont j’avais de manipuler les hommes un peu trop admiratifs de mes courbes. Avec l’aide de mon maître, j’avais appris à me débrouiller côté combat corps à corps, appris à contrôler ma soif et j’avais même été jusqu’à apprendre à me servir d’une arme à feu. Je dois l’avouer, j’y ai découvert une passion cachée, loin de m’être imaginée qu’un jour j’aurais fantasmé sur l’idée d’obtenir un plus gros fusil. Je m’entraînais pour devenir une machine à tuer à l’état pur, tout en me servant de mon don qui s’avérait être des plus pratiques. Ma vie ne faisait encore que commencer, et j’avais le sentiment que les jours à venir m’offrirait quelque chose d’encore bien plus passionnant. Qui sait? Seul le futur pourrait me le dire. Umm…Peut-être mes rêves viendront-ils me le révéler à l’avance? Ha ha.