David a souvent une allure de playboy, très sûr de lui. Cela se voit dans sa façon de se déplacer mais il arrive à garder une certaine classe qui fait son charme. Avec ses 1m85, il pourrait d’ailleurs être mannequin. Il n’a pas une musculature trop développée non plus, il n’en a pas besoin après tout sa force est de toute façon bien supérieure à celles des hommes. De ce fait, le seul sport qu’il pratique a pour terrain le lit… la plupart du temps. Ensuite, son sourire digne d’une publicité est toujours accroché à ses lèvres fines et sera tantôt séduisant, tantôt moqueur. Il n’a pas peur de montrer ses canines, propres à sa race, et au contraire, à tendance à passer sa langue au bout, un tic qu’il a pris au début de sa transformation lorsqu’elles lui étaient encore étrangères. Maintenant, il les a adoptées mais faites attention, s’il le fait, c’est qu’il a trouvé une proie alléchante. Il ne prend pas trop de risque à les montrer ceci dit, étant donné que ses yeux d’un bleu azuré captent beaucoup plus l’attention de ses interlocuteurs. Il est très dur d’y lire ce qu’il ressent dedans, de même que sur son visage. David est un bon comédien, il contrôle ses mimiques du mieux qu’il peut. Il sait en tout cas, comment ne pas se faire trahir par son corps de manière trop visible, de même qu’il sait comment se donner des airs différents. Pour cela, il utilise aussi sa tignasse brune, pas seulement son visage que le temps avait commencé à marquer de sillons. Rendez-vous avec une personne de haut rang ? Il les coiffera correctement en arrière pour faire plus classe. En temps normal sinon, il les garde simplement libres. Que dire de plus ? Il ne possède ni tatouage ni piercing et oui, il garde toujours une petite barbe de quelques jours. Il ne la rase que pour les grandes occasions, et encore.

David a l’air d’une personne très ouverte d’esprit. Et pour cause, il l’est. Il s’intéresse à beaucoup de choses, il est raffiné. Il n’a pas de problème particulier avec les autres races non plus, ni même avec les différentes sexualités mais pourtant, il possède sa limite aussi. Son père a laissé de larges séquelles encore maintenant plus de deux siècles plus tard. Le vampire a en horreur les hommes qui battent leurs femmes, pourtant, il n’est pas le plus tendre des vampires, loin de là. Si lui tue, il n’y voit pas de problème par contre. Il a aussi quelques problèmes avec l’alcool du coup et ceux qui ne dégustent pas avec sagesse mais en consomment sans modération. Et par-dessus tout, ce que David ne supporte pas, c’est la pauvreté.
C’est cette haine de la pauvreté qui le rend si proche de son argent, si avide. Il ne veut pour rien au monde perdre sa richesse et cela le rend très consciencieux. Il gère une maison close après tout. Il se doit de tenir ses comptes et de bien faire attention à ne pas se faire arnaquer. Le vampire n’a aucune envie de passer pour le pigeon du coin car il n’est pas le genre de mec que l’on enroule facilement. De ce fait, il est assez sévère et exigeant envers son personnel. Il est aussi intransigeant mais il le doit. Il doit se faire respecter, c’est lui le chef et il est tellement habitué à avoir mainmise qu’il a tendance à devenir calculateur.
Après, il reste une personne sociale. Il a la discussion facile et va facilement vers les autres. Il est ce qu’on appelle extraverti. Son sourire reste souvent accroché à ses lèvres et charmer est un véritable plaisir pour lui. David est loin d’être le type de vampire à vouloir rester tranquille dans son coin pour vivre son éternité paisiblement, il aime l’action, les ragots et surtout les jeux. David ne peux résister à la tentation des tables de jeux, c’est un véritable jouer. Il ne faut surtout pas le lâcher à Vegas ou vous ne le reverrez plus.
Ajoutez à cela, David est un véritable comédien. Il peut donc avoir l’air de compatir avec vos problèmes alors qu’au fond, il s’en fout royalement. Il aime juste être au courant et se dit que vos histoire lui seront surement utiles, et cela, pas à votre avantage. C’est un homme sans scrupule et si jamais vous avez le malheur de vous attaquer à ce qui lui est le plus cher, vous allez souffrir. Le Styx est son œuvre, c’est son bébé et il ne le laisserait sous aucun prétexte. C’est pour ça qu’il ne se laisse pas endetter et fait payer, d’une manière ou d’une autre, ceux qui lui doivent quelque chose.
Pour finir, David n’est pas du genre à se laisser facilement aller à la déprime ou la colère. Il est plus moqueur que du genre à s’énerver mais lorsqu’il le fait… mieux vaut que ça ne soit pas contre vous ou vous vous en souviendrez. Ça serait l’un des rares moments où il montre réellement ce qu’il ressent sans porter un masque.

« David, va dans ta chambre ! »

Effrayé, le petit garçon que j’étais n’eut d’autres choix que d’exécuter ce que ma mère me demandait. Je courais dans les escaliers, trébuchant mais me relevant toujours pour enfin atteindre mon havre de paix : ma chambre. Je fermais la porte et me jetais sur mon lit en me bouchant les oreilles, les larmes aux yeux. Même avec toute la volonté du monde, il n’était pas possible de ne pas entendre les cris qui venaient d’en bas. Ils se disputaient… encore. Il avait trop bu, comme à chaque fois, il ne faisait que ça de toute façon, boire, boire et boire. Je ne savais pas ce qu’il y avait dans ces boissons mais ça le rendait méchant, agressif envers maman qui n’avait rien fait. Il n’aimait pas le Canada, il criait qu’il voulait rentrer en Angleterre et d’autres choses horribles concernant ma mère. Elle voulait me faire croire que ça allait mais je voyais bien qu’elle allait mal. Des bleus couvraient son corps et par endroit même, elle saignait ! J’étais petit. Je ne pouvais pas faire grand-chose à part ce qu’elle me demandait… Je me cachais donc en attendant que la tempête passe, seul dans ma petite chambre. Je n’étais pas en meilleur état que ma mère ceci dit. J’évitais juste de me faire taper mais nous étions pauvres et sales. J’étais aussi un peu maladroit à cette époque, la peur me faisait perdre mes moyens surement. Je me blessais donc tout seul, en tombant, comme je venais de le faire dans les escaliers.

Une fois que les cris disparaissaient, je savais que ma mère monterait pour me voir. Elle ne faisait pas attention à elle, pas assez. Elle entrait doucement dans ma chambre et venait me prendre dans ses bras pour m’embrasser et me rassurer. « C’est fini, mon chéri, c’est fini. » était ce qu’elle me répétait mais avec le temps, je compris que c’était autant pour se rassurer elle-même que me rassurer. Elle était tout autant effrayée mais ne devait le montrer, elle était forte et pour elle, je me jurais de ne jamais devenir un monstre comme mon père. A la place, je suis devenu un monstre tout court mais ne sautons pas les étapes. Pour ne pas suivre son chemin, je voulais devenir un homme raffiné et cultivé. Pour cela, il fallait que j’apprenne à lire et à écrire mais ma mère ne pouvait me l’enseigner vu qu’elle était illettrée. Cependant, elle approuvait ma volonté et en cachette, m’amena à l’Eglise. Elle expliqua la situation au prêtre qui hochait la tête avec un air compréhensif. Je ne le trouvais pas rassurant pour autant. Il était gros mais ce n’était pas du muscle et il était en robe… Ma mère me rassura en m’expliquant qu’il serait gentil avec moi et qu’il ferait de moi un homme comme je voulais l’être. Je lui fis confiance et ainsi, je me retrouvai sous la tutelle de cet homme. Il était devenu ma seule chance d’apprendre et de m’éloigner de l’animal. Mon Père, puisqu’on devait l’appeler ainsi, m’apprit donc à lire, écrire et compter. Il m’apprit aussi la religion, qui était Dieu, Jésus et que si j’avais la foi, je vivrais heureux.

Mon détachement avec la bête avançait donc petit à petit. Le prêtre m’avait été d’une grande aide mais maintenant que j’avais dix-huit ans, il fallait que j’avance de moi-même. Je voulais encore rendre ma mère fière de moi, j’avais ce petit rêve d’enfant malheureux de la sauver des griffes de la bête. Je me mis donc à travailler, ouvrant une petite boutique. Je n’eus même pas le temps de travailler deux mois cependant que déjà elle rendait l’âme. Je ne mentirais pas en disant que sa mort ne me fit rien ressentir. Je fus très triste et pour dire vrai, je ne comprenais pas. Mon Père avait dit que les êtres étaient mieux après la mort. Elle était au Paradis alors pourquoi étais-je triste ? Le doute commençait son chemin dans mon esprit. Sa mort ne me fit pas changer d’avis sur le fait que je ne voulais pas devenir un animal comme mon père. Au contraire, j’étais encore plus déterminé maintenant qu’elle pouvait me voir du Ciel. Mais malheureusement, ma détermination ne suffisait pas à faire marcher les affaires. Mon commerce ne touchait que peu de monde et j’étais encore vêtu presque comme un pauvre. Je faisais des efforts pour ne pas avoir l’air souillé qu’avait mon père. Je me lavais souvent dans la rivière pour avoir l’air propre mais sans argent, je ne pouvais acheter de vêtements et il fallait que je me nourrisse.

Remarquant qu’il y avait de plus en plus d’étrangers en ville, je décidais d’en apprendre plus sur eux pour savoir ce qui les intéresseraient dans ma boutique. C’était par intérêt purement lucratif au début. Je découvris qu’ils venaient d’une terre lointaine, au-delà de l’océan. C’était ce que nous appelons maintenant Europe. Il m’intriguait et je décidais d’en apprendre plus sur eux mais c’était de la curiosité maintenant. Ils m’apprirent donc leurs langues et m’initièrent à leurs idées. Je voulais toujours en savoir plus. J’avais le sentiment que la connaissance m’éloignait de l’état bestial dans lequel mon père était. Je lus beaucoup du coup, surtout des œuvres venant de l’Est par ces navires peuplés d’étrangers savants. Le siècle des Lumières était arrivé jusqu’à ma porte et plus le temps passait plus mes liens avec la religion se défaisaient à leur tour. Je n’avais plus de famille et maintenant, je perdais la foi. Il fallait dire aussi que ces œuvres me faisaient philosopher. Je pensais par moi-même, je développais mes propres idées et je me rendais compte que la religion n’avait qu’un point de vue fermé sur le monde qui nous entourait. Or, je compris qu’il me fallait m’ouvrir à d’autres idées si je voulais vraiment devenir un homme riche intérieurement, et aussi physiquement. Ce fut ainsi que certaines œuvres sur le libertinage tombèrent dans ma pile de lecture. L’idée était arrivée dans mon esprit mais il me restait encore beaucoup de chemin avant de m’y oser sérieusement.


J’en vins simplement à ouvrir une arrière-boutique dans mon magasin où les gens faisaient des affaires … moins honnêtes disons. Comment étais-je parvenu à me lancer dans les trafics illicites ? Je ne me souviens pas vraiment. Je crois que c’est un homme un jour qui est entré dans la boutique en me demandant quelque chose dont je ne connaissais pas le nom. Curieux, j’étais donc allé me renseigner sur cette fameuse chose et très certainement ainsi, j’ai fini par me retrouver les deux pieds dedans. J’espérais devenir riche mais il n’en fut rien. Je n’étais pas assez à l’aise dans le milieu et cela effrayait les clients. Ils ne voulaient pas risquer de se faire prendre à chaque fois qu’ils venaient chez moi. Trop de risque et c’était à cause des enseignements du Père que j’étais ainsi. J’avais encore une part de moi, même si je m’étais de plus en plus détaché de la religion, qui me disait que c’était mal et que je n’irais pas au Ciel si je faisais ça. Il fallait que je choisisse : être un homme bon comme il me l’avait appris ou devenir un homme ouvert, moins honnête certes mais libre de faire ce qu’il désire. J’hésitais toujours. L’image de ma mère qui n’aurait pas voulu que je devienne un homme pareil. Je voulais encore la rendre heureuse maintenant qu’elle était au Paradis. Oui, je croyais encore au Paradis à cette époque, foutaises…


Le destin choisit pour moi. Une nuit, dans les ruelles de la ville alors que je rentrais chez moi, une femme apparut. Elle était belle…magnifique même mais effrayante. Quelque chose venant d’elle me glaçait le sang. Je lui demandais si elle était perdue, désireux de l’approcher et elle me rit au nez. Je vis les premiers crocs de vampire de ma vie et je ne savais pas ce qu’était un vampire encore. La peur m’envahissait peu à peu, j’avais entendu parler de meurtre avec des marques de crocs dans le cou. C’était surement elle. Les victimes avaient été vidées de leur sang et les plus fantaisistes avaient commencé à parler de vampire sans savoir ce qu’ils étaient.

Ce fut certainement la dernière pensée en tant qu’humain que j’eus. Elle se jeta sur moi et je sentis ses crocs pénétrer la peau de mon cou. Etrangement, ce n’était pas si désagréable… Finalement, ce fut ça ma dernière pensée en tant qu’humain.

La suite fut beaucoup moins agréable. Je mourrais. J’étais en train de mourir et je sentais clairement mes forces m’abandonnaient au fur et à mesure qu’elle me vidait de mon sang. Et pourtant, je ne mourrais pas encore, elle me fit boire de son sang et les véritables souffrances commencèrent ici. Il y avait une sélection naturelle dans la création des vampires, ceux qui étaient trop faibles, ne résistaient surement pas à ces terribles douleurs. Je me tordais, allongé sur le sol humide de cette ville que je connaissais si bien. J’avais envie d’hurler mais aucun son ne voulait sortir de ma bouche, ou seulement par intermittence. Chacun de mes membres me donnait l’impression de se tordre dans tous les sens. Le sang que j’avais avalé brûlait tout mon être sur son chemin. Ma tête était comprimée et allait explosée en même temps. J’étais en train de mourir et c’était surement la pire mort possible pour un humain. J’avais l’impression d’être battu à mort mais en pire, en des milliers de fois pire. Les douleurs étaient si insupportables que je finis par perdre connaissance… ou peut-être étais-je mort.

Le lendemain, une fois la Lune levée, je me sentais bizarre. Il me fallut un certain temps pour ouvrir les yeux mais ceci fait, je me relevais d’un bond. N’étais-je pas censé être mort ? Je me souvenais bien qu’elle m’avait vidé de mon sang. J’avais souffert comme si j’étais arrivé en Enfer et pourtant j’étais encore vivant. Le choc que j’éprouvais devait se lire sur mon visage car un rire provint à mes oreilles et je me tournais vers la source.

« Tu m’as l’air d’avoir de l’avenir toi, je vais donc te garder en vie. Tu dois avoir faim maintenant non ? »

Elle m’agaçait, j’avais l’impression qu’elle se moquait de moi comme si je n’étais qu’un enfant. Au fond, c’était ce que j’étais après tout. Et oui, j’avais faim. Très faim même. Si faim que je ne contrôlai même pas mon corps qui se rua sur la femme, mes yeux vissés sur son cou. La seconde d’après, j’étais étalé sur le sol. Elle me dressait maintenant et ça ne me plaisait pas. Comptait-elle me dicter ce que je devais faire toute ma vie ? Hors de question. Je montrais mes crocs, que je n’avais pas encore vus, avec agressivité vers elle qui avait mis un pied sur moi pour que je ne bouge pas du sol.

« Je sens qu’on va s’amuser mais apprends bien qui est ton maître ici. Je suis ta Sire et tu vas devoir rester avec moi un siècle durant. »

Un siècle… ? Comment un humain pouvait-il vivre un siècle ? Des pensées flottaient dans mon esprit mais la faim était tenace. Elle réclamait satisfaction et je suivis donc ma Sire comme elle disait pour qu’elle m’apprenne à me nourrir. J’avais horreur de moi dans ces moments, j’étais comme une bête affamée qui se ruait sur ses proies. J’avais tout fait pour ne pas devenir un animal et elle avait fait de moi l’un d’eux. Je la haïssais pour ça mais ce ne fut pas les seules choses qu’elle m’apprit cependant. J’eus aussi droit à ce qu’était un vampire et à comment ils fonctionnaient ensemble. Je compris donc mieux son histoire de Sire et aussi qu’il était possible d’être un vampire plus raffiné. Pendant cent longues années, elle allait me former à être un vampire digne de ce nom. Mes idées religieuses étaient loin derrière moi. J’étais une créature du Diable maintenant mais j’étais immortel. Là encore, je dus apprendre qu’ils existaient des façons de nous tuer mais si nous n’avions pas d’ennui, l’éternité s’offrait à nous. Et pour la première fois de ma vie, je me sentais puissant et digne d’un respect que l’on ne m’avait jamais vraiment donné avant.


Cette transformation n’altéra pas mon envie de richesse qui me permettrait de ne pas ressembler à mon père, au contraire. L’homme était une créature faible soumise par ses instincts animaux, je l’avais vu de mes propres yeux pendant mon enfant et le désir sexuel n’était-ce pas la plus animale des sensations qu’ils ressentaient ? C’était en tout cas celle qui les attirait le plus et c’était donc grâce à ça, que je remplirais ma bourse qui ferait que je fréquenterais les hautes sphères de la société vampirique. Ma Sire m’aida à faire cette fameuse maison close, elle en était autant la chef que moi, voire plus étant donné que j’étais son Infant. Ça ne me plaisait pas beaucoup vu que c’était mon idée mais je n’avais pas le choix et puis, autant prendre ce qu’elle pouvait me donner. Ca ne serait pas perdu.

En parallèle avec notre commerce grandissant, je découvris des choses à propos de moi très intéressantes. Elle avait cherché à me les faire découvrir à tout prix. Elle était sure que j’avais quelque chose de spécial, elle le sentait et c’était pour ça qu’elle m’avait laissé en vie après ma transformation. Elle ne voulait pas de vampires faibles dans les rangs, elle voulait qu’ils soient une race élitiste. Je ne pouvais qu’être flatté d’avoir eu cet honneur du coup et je me demandais combien de vampires nouveau-nés avait-elle tué ? Je ne saurais jamais la réponse mais au fond, ça m’importait peu. J’étais surtout en train de me dire que je serais le prochain sur la liste si je ne trouvais pas un moyen efficace de découvrir mon talent.

Je dus attendre de me faire agresser pour le trouver. J’avais faim et j’errais dans les rues sombres des bas-quartiers de la ville. C’était calme… trop calme, il n’y avait quasiment personne dans les rues. Un cri presque inhumain se fit soudain entendre brisant le lourd silence présent et une odeur immonde emplit mes narines. Un frisson de dégout parcouru mon échine. C’était encore pire que l’odeur d’un chien mouillé, je crus même que j’allais tomber sur une meute de cabots errants mais non, un homme était là. Enfin un homme… c’était plus entre l’homme et le chien là… le gros chien même. Ma première rencontre avec un loup-garou venait de se faire. Je me souvins en voyant la pleine lune se reflétait dans les flaques d’eau sur le sol que ma Sire m’avait bien mis en garde que sortir lorsque la Reine de la Nuit était à son sommet, n’était pas une très bonne idée. Maintenant je savais pourquoi mais j’étais trop fier pour partir discrètement. De toute façon, il m’avait clairement vu et une fois sa transformation finie sous mon regard incrédule, il se rua vers moi. Je ne voyais qu’un vulgaire clebs et il n’avait aucune raison d’avoir la main sur ma puissance. Il se prit donc un méchant droit pour accueil. Cependant, vu le peu d’effet que cela lui fit je me rendis que je n’étais pas la seule créature puissante et je ne voulais pas me laisser envahir par la bête qui était en moi pour le battre, il en était hors de question. C’était contre elle que je me battais, pas contre un chien débile. Il se jeta sur moi une seconde fois, tous crocs dehors et la panique s’empara de moi. Ce n’était pas le moment de flancher mais c’était l’une des premières fois depuis ma transformation où quelque chose me menaçait sans la présence de ma Sire. Et pour une des premières fois, j’avais véritablement peur. J’étais même paralysé par la peur. A cet instant, je les sentis. Non pas les crocs mais des fils… des fils qui ne se voyaient pas mais que je ressentais. Ma main attrapa l’un d’eux, serrant du vide en réalité et le tira vers le bas. Je n’avais pas contrôlé ce mouvement réellement, c’était plus un geste instinctif de survie qui s’était fait. Le chien se retrouva sur sol brusquement, tiré par sa patte, sans comprendre ce qu’il s’était passé. Je ne savais pas non plus mais je profitais de la diversion pour filer rapidement. Je serais à la diète pour ce soir mais mon esprit était trop occupé à revivre la scène précédente de toute façon.

Fière de ne pas avoir gâché son temps avec moi, ma Sire m’aida à maitriser mieux cette capacité, à apprendre à y faire appel et à l’explorer. En fait, elle servait juste à apporter des cobayes pour nos expériences. C’était fascinant. Il y avait tellement de fils, tellement de possibilités qu’il me faudrait surement des siècles pour tous les comprendre. Et ça tombait bien, j’en avais une belle poignée à venir.

Les années sont donc passées. Notre maison close marchait à merveille mais je voulais plus. Je voulais faire disparaitre le « notre » pour un « ma ». Je voulais tous les droits sur la propriété du lieu. Elle n’aurait jamais accepté donc une fois son enseignement terminé, je la quittais pour me rendre à Saint-Louis. C’était une ville qui attirait pas mal les créatures dans mon genre, quoi de mieux pour ouvrir un commerce pareil ? Le Styx vit ainsi le jour mais ce ne fut pas évident. Heureusement, maintenant, j’avais des contacts. On savait que j’étais un vampire digne de confiance… pour les petites affaires que l’on n’aime pas dire à tout le monde en tout cas.

J’avais bien choisi mon moment. Quelques années plus tard, il y eut la Révélation. Certains n’apprécièrent pas cette nouvelle mais j’étais aux anges. Le Styx marcherait encore mieux, je montais vers mon apogée ainsi. J’étais en train de devenir l’un des hommes les plus riches de l’état et toutes les petites histoires du coin venaient à mes oreilles. J’étais enfin un être puissant et riche. J’étais très loin de mon père, pauvre qui battait sa femme pour montrer qu’il n’était pas au bout de la chaîne. J’avais réussi et je ne comptais m’arrêter de si bon pied.