Pour faire simple, si le F.B.I. avait un calendrier avec les agents les plus sexy, je serais dessus du mois de janvier au moi de décembre. Au moins cela a le mérite d’être claire ! Je suis l’homme de toutes les saisons ! Malgré mon âge intermédiaire, je ne suis pas physiquement ingrat. Pas de ventre mou qui dépasse, qui déborde et qui enrobe ma ceinture. Pas de bourrelets disgracieux. Pas de calvitie me donnant un air de moine. Mais je ne suis pas non plus l’archétype de l’homme hyper-musclé, avalant des protéines de requin trois fois par jour. J’ai 46 ans, je prends soin de mon corps et cela ce voit. Je ne suis pas le plus grand des sportifs, mais je peux endurer un combat contre un humain ou deux, je peux poursuivre quelqu’un à pied. Bref je suis un agent du F.B.I. en pleine force de l’âge, sauf si on compte la douleur au genou gauche quand je cours plus de cinquante mètres. Mais là n’est pas la question ! En dehors de mon physique, j’ai la chance de pouvoir porter des costumes luxueux. Après tout, en tant que fils d’un empire de fabriquant d’arme, j’ai quelque actifs dans la société ce qui me permet d’être confortablement habillé, mais aussi d’être confortablement installé dans Saint-Louis.

La stabilité est ma force. Je suis constant dans mes choix, stable dans mes décisions et loyal envers ceux qui m’entourent. Je suis un véritable comique ! Mon humour fait des ravages, et souvent dans le mauvais sens du terme. Mais je n’y peux rien, humour noir, blague pas drôle, vont de pair avec un mon cynisme. Un cynisme perpétuel sur notre société, sur ses vices. Mais vous appellerez cynisme ce que d’autres qualifieront de réalisme, ou d’autres encore de haine ! La perception du caractère d’un individu est soumise à une loi universelle ! Celle de notre propre caractère… A cela s’ajoute ma lubie du détail. Je fais constamment attention aux détails. Cela vient sûrement du fait de ma formation d’agent du F.B.I., mais déjà tout petit j’aimais retenir tout ce que je voyais, les plaques d’immatriculation, une photographie, la forme d’un nuage, la couleur du soleil. Cela à engendrer chez moi la capacité à gêner, à faire obstacle aux plans les mieux conçus ! Ce ne sont pas mes supérieurs qui vont s’en plaindre, loin de là, mais plutôt les criminels. Le genre de criminel qui se croit intouchable, qui pense avoir tout prévu, seulement lorsque j’entre en scène, la donne change ! Je ne dis pas que cela est immédiat, je dois faire preuve de patience, de self-control aussi ! Je dois également savoir écouter, tout autant que je dois être à même de parler correctement. Pendant que je parle de mon caractère, laissez-moi-vous mettre en garde ! Peut-être que mon humour n’est pas très fin, qu’il ne fait pas preuve d’une finesse d’esprit ni d’une discrétion évidente. Mais lorsqu’il le faut, la discrétion fait partie de mon vocabulaire et de mes aptitudes, que cela soit pour suivre quelqu’un, pour écouter une conversation, ou tout simplement pour chercher quoique ce soit, chez qui que ce soit, et ce légalement ou non !

La vie m’a tout donné avant de tout reprendre. Jeune enfant, issu d’une famille aisée, avant même de naître, avant même de n’est qu’un fœtus, j’étais destiné à être brillant. Devenir un PDG reconnu, ou un avocat faisant trembler les parties adverses, voire un politique digne de confiance et avec des convictions inébranlables. Mais la vie donne, tout autant qu’elle reprend. Je n’ai compris cela que bien plus tard. Il n’y a pas de fatalité, seulement des aléas que nous sommes à même de gérer ou non. Mon père a su géré tout les aléas qui se présentèrent à lui jusqu’à ce que j’ai a peu près 10 ans. Le 22 mars 1975, pour lutter contre la récession le Congrès vote la plus importante réduction fiscale jamais consentie jusqu’alors, près de 22 milliards de dollars ! Mais cela n’a pas suffit à l’entreprise familiale pour sortir la tête hors de l’eau. Plus de créances que de crédits. Que faire ? Vendre la société ? Déposé le bilan ? Ou bien…Mon père choisi de s’associer à des charognards de la mafia locale. Une aubaine pour eux ! En échange d’argent, ils avaient accès à un stock d’arme pharaonique ! Un Disney Land pour les mafieux ! Il n’y a que la chute du mur de Berlin et l’effondrement du bloc Soviétiques qui furent une aubaine aussi belle pour les mafieux afin de se fournir en armes. Mais ce n’est pas tout, en plus de pouvoir se servir en armes, ils pouvaient dorénavant blanchir leur argent dans une société parfaitement saine.
Quand à moi, je quittais mon père. Enfin ma mère partit en m’emmenant loin de mon père et de ses « nouveaux amis ». Nouveaux amis qui le firent tuer deux ans plus tard, une histoire de vengeance quelconque ! Surement comme pour Jimmy Hoffa !!
Cet assassinat marqua un tournant dans ma vie.
Dorénavant j’étais sure de savoir qui je voulais être, ce que je voulais faire et surtout pourquoi je devais le faire ! Mes études ne me passionnèrent pas plus qu’avant, mais je devais tenir bon et me forcer à réussir. Réussir pour pouvoir devenir agent de police. Le F.B.I. ne faisait alors pas partit de mes priorités. Je voulais devenir détective à la criminelle, et trouver les assassins de mon père, pour les voir pourrir dans l’un des couloirs de la mort d’une prison de Floride ! L’argent n’était pas un problème, mon père mort, c’est moi qui devins le nouveau propriétaire de la société. Mais encore mineur, un conseil de dirigeant fut mis en place pour gérer la société jusqu’à mon âge adulte. Plus rien n’avais d’importance pour moi, la musique, le cinéma, le théâtre, la lecture, les filles. Tout cela était secondaire, et bien trop éloigné de mon objectif premier : venger la mort de mon père. Ainsi donc, le temps passa jusqu’à l’année 1990.
Cette année je fis officiellement mon entrée au F.B.I.. La Guerre Froide étant terminée, beaucoup d’agents devaient être réassignés. Très peu choisirent la lutte contre le crime organisé. La plupart pensant que le terme de « crime organisé » n’était qu’un leurre, pour eux, le crime organisé aux Etats-Unis n’était qu’une chimère, une légende de rue. Un compte pour les enfants qui ne sont pas sages : « si tu ne fais pas tes devoirs la mafia viendra te prendre dans ton sommeil… ».
Toujours la même année 1990, j’eu l’idée de m’infiltrer chez les siciliens de Miami afin de pouvoir tous les faire arrêter. Je ne mis que six mois avant de faire quasiment partit de la famille. Six mois pendant lesquels je put réunir suffisamment d’informations et de preuves pour tous les envoyer en prison jusqu’à leur mort, et bien plus encore !

Mon premier succès ! Un succès fulgurant et impressionnant ! Le moyen idéal d’être repéré par mes supérieurs, et surtout de me voir récompensé. Je n’étais plus qu’un simple « rookie », mais bel et bien un agent confirmé, un homme de terrain. Les enquêtes ne finissaient pas d’arriver sur mon bureau. D’un seul coup c’est comme si toutes les polices du pays se rendirent compte que le crime organisé était présent chez eux ! Et les shériffs de tout le pays demandèrent de l’aide au F.B.I.. Demande qui finissait toujours sur mon bureau. Je passais dorénavant mon temps dans les avions de l’agence afin d’aider des jeunes agents à s’infiltrer, mais aussi pour faire des recoupements dans certaines affaires mystérieuses ! A long terme, j’aurais très certainement était le directeur du F.B.I., si un évènement n’allait pas tout gâcher : « l’évasion du fils prodigue de Miami ».
Ce titre faisait la une de tous les journaux en ce matin d’automne sur la côte Est du pays. Le "Fils prodigue" s'est fait la belle, et cela avec armes, avec haine et avec violence ; le plan était pourtant bien pensé, mais un petit grain de sable a tout fait déraper. Quel graind de sable ? Et bien tout simplement un gardien qui a l'oeil, un gardien qui connait son métier. Quand à moi, je me retrouvais avec une épine de taille dans le pied. Bien sûr ce n’était pas ma faut si ce « Azzaro Calabrese » avait pu s’enfuir au bout de deux ans, au lieu de purger pleinement ses condamnations a perpétuités. Mais le directeur de l’agence, ainsi que la plupart de mes collègues ne le voyaient pas ainsi ! Je l’avais arrêté, il s’était évadé, donc c’était ma faute ! Cet homme devint ma lubie, presque ma phobie. Je le voyais partout, tout le temps. Dans un rapport d’incendie volontaire pour toucher une prime d’assurance, sur une caméra vidéo d’un braquage. Dans une description d’un témoin d’un triple homicide à l’arme blanche en pleine rue. Je le voyais même dans mon rétroviseur.
C’est ainsi qu’en plus de faire mon travail quotidien, je ne cessais de rechercher cet homme. Lui en liberté, c’était comme souillé la mémoire de mon père ! Le seul moyen de nettoyer l’honneur de ma famille était de m’assurer que tous les membres de la famille Calabrese de Miami soient mort ou en prison, idéalement les deux à la fois bien entendu !!

Ma première bavure ! Une bavure est nettement moins plaisante qu’une arrestation ! Cet acte a entaché mon dossier à jamais ! Laissez-moi résumer l’histoire. J’étais partit pour New-York dans le cadre d’une enquête d’envergure sur le milieu du crime organisé, et plus précisément sur les fameuses 5 familles. Après une dizaine de mois d’écoute, de filature, de surveillance, de briefing avec l’agent infiltré. Une opération fut lancée pour arrêter près de soixante personnes, et cela en même temps ! On m’avait envoyé dans un petit restaurant de Brooklyn pour arrêter Fred « 10 cents » Antoni, son surnom lui venait du fait qu’il avait pour habitude de laisser une pièce de dix cents sur chaque cadavre, un façon de dire que cet homme ou cette femme ne valait pas grand-chose. Nous savions que c’était lui car par téléphone un de ses amis avaient dit : « Si tu laisses dix cents à chaque fois tu vas finir sous les ponts vu le nombre de contrat que tu exécutes… ». Bref tout était tranquille, le suspect était maitrisé, quand au fond du restaurant une porte bougea ; et je vis une silhouette partir en courant, sans attendre, je poursuis cette personne. De loin, dans cette ruelle sombre je vois un homme l’air italien. Dans le feu de l’action, je me dis qu’il s’agit de LUI, le salopard d’Azzaro Calabrese. Sans réfléchir, je prends mon arme vise et tire…Le pauvre type s’écroule, deux balles dans la tête. Sa boîte crânienne est totalement ouverte, son cerveau git sur les poubelles de la ruelle. Heureusement pour moi, le type tenait dans sa main un mini-uzi. Il ne s’agissait donc pas d’homicide volontaire mais de légitime défense. Enfin c’est ce que le rapport et l’enquête interne conclurent…

Ainsi, en remerciement de mes bons et loyaux services, je me retrouvais à Saint-Louis, pour aider les locaux contre le crime organisé, mais aussi pour la surveillance de l’ensemble des « êtres vivants non humains potentiellement dangereux » ; comme si les « êtres vivants humains potentiellement dangereux » était pas suffisamment nombreux à surveiller !!