Par une belle nuit d’hiver, alors que les flocons de neige tombant se mêlaient aux premières lueurs de l’aube qui réveillaient peu à peu les habitants de la ville de leurs sommeils chimériques, les rues de Londres entendirent pour la première fois les hurlements du nourrisson, Duncan Adrian Elder. A peine né qu’il était différent des autres, le lys qui tatouait son œil le différenciait, la magie qui coulait dans ses veines le rendait beaucoup plus fort que les autres, réduisant ces derniers à des incapables. Des enfants que le couple avait mis au monde, il en était le dernier, un dernier accompagné d’un frère et d’une sœur. Ses parents étaient charmants, serviables avec leurs voisins qu’ils considéraient superbes, et tendres avec leurs enfants qu’ils chérissaient tant. Mais tout ceci n’était qu’une vulgaire façade qui ne tarderait pas à voler en éclat, derrière laquelle se dissimulaient les pires atrocités. En effet, son propre père, un sorcier aux pouvoirs surprenants, buvait sans cesse, concoctait des philtres d’amour afin d’emprisonner sa femme et ses enfants pour mieux les maltraiter ensuite. Quant aux voisins qui osaient épier les affaires du père de famille, ils se retrouvaient bien vite ciseler sur une table où l’hémoglobine gouttera sur le sol insalubre. Bien vite, le terrible tyran de la famille sut tirer des propriétés du corps de Duncan, étripant le fils damné aussi vite qu’il se régénérait par les flammes de son corps. Sa femme, rendue impuissant par les sortilèges de son mari, ne pouvait que contempler les longues tortures qu’offrait ce dernier à son propre fils qu’elle aimait tant. Incapable de se sauver, elle n’avait que ses yeux pour pleurer des larmes de sang tant ses propres larmes semblaient taries. De toute la famille, seuls le père et Duncan disposaient de pouvoirs aussi destructeurs l’un que l’autre, chacun pouvait asservir l’autre. Ou le tuer. Ce qui arriva…

Duncan grandit donc au sein de sa propre famille qui se comportait au grès des envies meurtrières du père, ce dernier avait soif aussi bien de sang que d’alcool. Celui-ci changea de métier, passant de celui au simple ouvrier d’entreprise à un soldat qui écumait les champs de bataille pour torturer ce qui se trouvaient encore prisonnier des obus pleuvant. A sa famille qu’il aimait torturer tant, il expérimentait ses méthodes de « travail », ou encore les offraient en guise de cadeaux de gentillesse, ou d’anniversaires, ne laissant que dans son sillage des barrières et des enchantements complexes pour empêcher sa famille de fuir sa terrible cruauté. Il pouvait donc s'absenter des mois entiers sans craindre que sa famille puisse le quitter, étant donné la complexité des sortilèges qu'il avait placé aussi bien autour qu'à l'intérieur de la demeure familiale… Le dernier fils, Duncan, avait donc bien grandit, le lys tatoué sur son œil s’étendait sur sa peau au grès des envies qui orchestraient le moindre de ses gestes. Pour une raison ou pour une autre, l’apprenti magicien était doté d’une beauté éblouissante, au point d’éclipser toutes les divinités mêmes qui osaient se mettre au travers de sa route. A force de se libérer des liens en les brûlants quand son père le torturer pour essayer de s'enfuir désespérément, ce qui pouvait être considéré comme un entraînement, il apprit bientôt à manipuler ses pouvoirs, capable de créer des armes de feu ou d’incendier des immeubles entiers. Il était le seul à se dresser contre le père tyrannique, les horreurs qui lui offraient jadis ce dernier se transformaient maintenant en des combats sanglants, donnant l’impression que deux fauves dénoués d’âmes humaines se livraient un combat à mort. L’une des raisons pour laquelle le père horrifique dut se détourner des membres qui composaient sa propre famille, alors que Duncan luttait aussi bien ouvertement que clandestinement. Il aidait sa mère à truffer la maison de pièges mortels, ou entourait ceux qu’il aimait de puissants sortilèges, tout en essayant de déjouer ceux que son propre père avait déjà placé. Mais rien n’y fait, « L’horrifique » désactivait les pièges et les sorts en question.

Un beau jour, alors que le père s’amusait avec un des blessés qu’il avait trouvé sur un champ de bataille, Duncan se glissa silencieusement dans la pièce alors que les hurlements que poussait le supplicié lui glaçait le sang, une lance de feu sa matérialisa dans sa main pour abattre celui qui le relevait sans cesse pour mieux le détruire après, l’aider à creuser encore plus bas que les fois précédentes. La lance transperça ce pauvre abruti qui avait fracassé sa propre famille après tant d’années, et Duncan lui rendit coup pour coup tous les supplices que lui a infligé son père. Libérée de l’emprise tyrannique du père, la famille se porta donc bien dans le meilleur des mondes, puisque les autres mondes sont inexistants. Mais voilà qu’un mauvais jour, le deuxième fils décéda, les tourments que lui infligés son père eurent raison de lui. Les larmes se répandirent sur le sol rendu stérile par tant de litres versés, alors que la tombe glissait peu à peu dans la terre et les ténèbres qui se précipitaient de happer ce nouvel arrivant. Duncan se détacha donc de sa famille brisée par les larmes et l’hémoglobine, ne laissant qu’une mère et sa fille derrière son sillage. Le jeune sorcier se déplaça donc de villes en villes, changeant aussi bien de métiers que de noms à chacune des villes qu’il visitait. Au fur et à mesure de son périple, il remarqua que plus le lys tatoué sur son œil s’étendait sur sa peau, plus son comportement changeait comme si quelqu’un le poussait hors du trône pour lui prendre sa place. Il réalisait des actes qui n’étaient pas dignes de lui, et qui lui rappelaient son enfance qu’il avait passé au côté de son père aujourd’hui décédé. Peu à peu, il prenait goût au sang, prenant soin à le faire gicler sur les murs ou le faire couler tendrement le long des pavés sinueux. En peu de temps, Duncan élevait les simples meurtres au rang de chefs d’œuvres, les peignant parfois comme s’il s’agissait de véritables tableaux. Ce qui était le cas pour le sorcier.

Alors qu’il visitait une ville pour partir aussitôt qu’il façonnait ses victimes après les avoir choisies, un accident se produisit, et Duncan perdit la mémoire et tous les meurtres considérés comme des œuvres d’art qu’il avait commis, activant en même temps le véritable effet du lys tatoué sur son œil. Il erra donc de villes en villes, cette fois-ci sans but précis, échappant aux forces spéciales qui n’avaient pas eu vent qu’un artiste sanglant passait en coup de vent dans les cités pour les réduire en feu à et à sang. C’est ainsi qu’il établit sa demeure dans la ville de St-Louis, alors qu’une voix qui lui paraissait familière hantait régulièrement ses nuits et ses journées, tandis que des moments de sa vie antérieure reviennent pour le frapper, et il en ressort à chaque fois changé, comme si l’ancien « Lui » semble reprendre sa place, le temps de quelques secondes. Duncan a aussi remarqué que ces moments de vie antérieure disparaissaient aussi vite qu’ils apparaissaient, comme de magnifiques rêves qui glisseraient entre nos doigts à chaque fois qu’on essaierait de les saisir. De ses nuits, il passe une partie à dormir pour mieux chasser, sachant les horreurs qui se déroulent lors des nuits. Duncan passe aussi ses journées à peindre des tableaux sanglants qu’il n’a pourtant jamais vus, lui rapportant sa fortune actuelle.