Il devait être aux alentours de quatre heures du matin lorsque Kendra fut découverte. À l'époque, la jeune femme n'était âgée que de quelques mois, mais cela n'avait pas empêché sa mère biologique de l'abandonner. Emballée dans une couverture et déposée devant la porte d'une librairie, les pleure de l'enfant avaient alerté les passants. Pourtant, en cette nuit du vingt-six décembre mille neuf-cent quatre-vingt-dix, personne ne s'était arrêté pour voir de quoi il en était. Ce n'est que lorsque le propriétaire de la boutique voulut ouvrir ses portes qu'il se rendit compte du miracle qui se passait sous ses yeux. À l'époque, Monsieur et Madame Wilkins essayaient tant bien que mal d'avoir un enfant, mais en vain. Alors oui, ce nourrisson déposé devant la porte de leur boutique était une véritable bénédiction. Sans même réfléchir, le trentenaire prit l'enfant dans ses bras et l'emmena le plus rapidement possible à l'hôpital. Cela devait faire des heures que la petite fille était dehors et tout le monde s'attendait à ce qu'elle est soufferte du froid. Mais non, ce fût tout le contraire... Dans le service pédiatrie, tout le monde fût surpris de découvrir l'enfant sain et sauf. Tout le monde sauf Monsieur Wilkins qui, très croyant, était persuadé d'avoir face à lui un enfant divin. Malheureusement, s'il avait sû le nombre incalculable de soucis qu'allait lui causer cet enfant, il ne l'aurait pas adopté...
Ce n'est qu'à l'hôpital que lui et sa femme remarquèrent que le nourrisson portait autour de son poignet un bracelet avec une inscription. « Zaltana » Quel non étrange pour une petite fille, non ? Le couple s'était dit que l'enfant voudrait probablement rester attacher à ses racines et à sa mère biologique alors ils décidèrent contre toute attente de garder ce prénom. Mais comme ce nom était assez étrange et sonnait plutôt mauvais pour ses deux croyants, ils décidèrent de nommer l'enfant Kendra.
Ce n'est que quelques semaines plus tard qu'ils purent officiellement rentrer avec Kendra chez eux. Et c'est là qu'ils découvrirent une boîte cachée au fond du berceau. Quelque peu surpris par cette découverte, ils se hâtèrent d'ouvrir l'objet. Nul ne sait ce qu'ils c'auraient apprécié d'y découvrir, mais ils poussèrent à l'unisson un cri de surprise tandis que la mère adoptive de Kendra prit ce que contenait la boîte dans ses mains. Une photo. C'était une simple photo qui effrayait le couple. Il faut dire que le cliché représentait une très jolie femme. Le couple resta silencieux tandis qu'ils observaient la photographie. La femme était rousse et avait exactement les mêmes yeux que leur fille adoptive, Kendra. Il n'y avait donc aucun doute : cette femme était la mère de leur enfant. Mais pourquoi abandonner son enfant pour ensuite donner une photo ne soi-même ? Les deux trentenaires n'avaient pas de réponse à cette question, mais la police de Boston si.
Quelques jours après l'abandon de Kendra devant une librairie, la police fit une découverte qui les laissa perplexes. Le corps d'une femme complètement congelé fût retrouvé dans une ruelle. Son corps entier était entouré de glaces et il leur fallût des heures pour identifier la victime. Tallulah Ulster, la véritable mère de Zaltana alias Kendra.
Lorsque l'information fut diffusée dans les journaux, le couple Wilkins se jura de ne jamais divulguer à quiconque que leur enfant était celui de cette femme. Et contre toute-attente, la police ne fît jamais le lien entre le cadavre de cette femme rousse et l'abandon de cet enfant dans la rue.

As we watch as they light up the sky

Savez-vous ce que ressent un enfant lorsqu'il est rejeté ? C'est ce même sentiment de haine et de solitude que lorsque l'on est rejeté par ses camarades de classe. Mais lorsque l'on ressent ce sentiment avec son père, c'est beaucoup plus difficile à endurer, non ?
Quelques mois après l'adoption de Kendra, sa mère mourût -comprenez par là sa mère adoptive-, la laissant seule avec son père. Le décès de Madame Wilkins fût inexpliqué. Elle avait soi-disant un cancer des poumons alors que cette croyante n'avait jamais fumé une seule fois de sa misérable existence. Le pire dans l'histoire, c'est qu'elle avait commencé à tomber malade lorsque Kendra fut adoptée et il était donc évident pour elle qu'elle ne verrait pas cet enfant grandir. Mais si pour elle s'était une évidence, pour le père se fût bien plus difficile. Le pauvre priait tous les soirs son Dieu, mais jamais, ô non jamais, ses prières ne furent entendues. Alors lorsque Madame Wilkins décéda à l'hôpital, son époux fût anéantis. Il faut dire qu'il aimait sa femme bien plus qu'il aimait son enfant et sa perte fût donc impossible à encaisser.
Et mêmes avec le temps, les choses ne s'arrangèrent pas. Kendra grandit donc un foyer froid et glacial dans lequel personne ne l'aimait. Chose étrange, son père qui s'était toujours dit croyant avait arrêté de croire. Il ne croyait plus en lui, plus en Dieu et plus en sa fille. Pour lui, le monde rimait avec cruauté et personne ne pouvait comprendre sa douleur, encore moins Kendra.
Pour une petite fille, grandir dans une telle froideur fût difficile, voire impossible. Heureusement pour elle, elle pouvait compter sur ses camarades de classe qui étaient tous très sympathiques avec elle, mais ce n'était évidemment pas suffisant. Personne ne pouvait remplacer l'amour d'un père et encore moins l'amour d'une mère morte...
Lorsque Kendra rentrait de la classe, elle retrouvait son père complètement saoul sur le canapé. Il y avait parfois une fille avec lui, parfois deux. Peu lui importait de toute façon puisqu'elle ne parlait jamais à son père. Avec le temps, elle apprit à grandir seule et à se débrouiller, mais pour une petite fille fragile comme elle, ce fût extrêmement difficile. Mais pas impossible.

They don’t own me

Si Kendra avait à qualifier son enfance en un seul et unique mot, elle dirait très probablement qu'elle fut pénible. Évidemment, la jeune femme ajouterait à cela que son passé fût violent et difficile à raconter. Mais que voulez-vous, le passé ne peut être changé. C'est comme la mort, rien ne peut arranger les choses...
Kendra était âgée de dix ans lorsque son père la frappa pour la première fois. La rousse ne sait plus exactement la raison de cet acte de violence, mais c'était vraiment pour quelque chose de minime. Il faut dire que Monsieur Wilkins n'était plus d'humeur à élever un enfant. Sa bénédiction était devenu une malédiction à laquelle rien ni personne ne pourrait l'aider. La seule personne qui aurait peut-être pu arranger les choses était sa femme, mais elle était évidemment morte... Et bien qu'il ne sache pas véritablement pourquoi, le veuf restait persuadé que Kendra avait quelque chose à voir avec la mort de Madame Wilkins. Peut-être était-ce sa superstition qui lui avait fait croire une chose pareille ? Ou peut-être était-ce sa raison ? Nous n'aurons malheureusement jamais de réponse à cette question.
Quoi qu'il en soit, Kendra dût encaisser chaque jour, chaque soir et chaque heure les coups de son père. Malheureusement conscient de ses actes, Monsieur Wilkins ne s'en était jamais voulu de faire autant de mal à sa fille adoptive. Mais c'était bien là le problème : Kendra était sa fille adoptive et non sa fille biologique. Ce n'était pas son sang qui coulait dans ses veines, mais celui d'un autre. Et que dire de plus qu'hormis le fait que ce sang était diabolique ? Car oui, derrière l'apparence innocente que pouvait avoir la jeune femme, Monsieur Wilkins voyait plus. Beaucoup plus. Lorsqu'il regardait sa fille, il y voyait une femme très belle, mais terriblement mauvaise. Comme si toutes les personnes qui l'aimaient allaient mourir. C'est d'ailleurs pour ça qu'il pouvait se permettre de la haïr.

She looks like a girl, but is a flame

Si Monsieur Wilkins n'aimait pas sa fille, c'était tout le contraire pour Kendra. Malgré les coups et les horreurs que lui faisaient subir son père adoptif, la jeune femme avait su le pardonner et l'aimer, jusqu'au jour où le vieil homme avait été trop loin. C'était un mardi matin et il pleuvait. Kendra se sentait très mal et elle n'était pas partie travailler. Elle savait que rater ne serait-ce qu'une journée de travail lui couterait cher, mais elle avait bien trop de fièvre pour ça.
Elle était donc restée chez elle, dans la maison où elle habitait depuis des années avec son père. Allongée dans son lit, Kendra pleurait pour toutes les misères qu'elle avait dû subir. Et c'est là que son père était venu, complètement saoul. Kendra avait crié de toutes ses forces et malgré le poids de son père, elle avait réussi à se dégager de son emprise. Mais à quel prix ? Telle était la question....
Elle était partie se réfugier dans le salon et assise à même le sol, elle avait pleuré. Se demandant comment un père pouvait être aussi mauvais, elle avait hurlé toute la haine qu'elle avait enfui en elle depuis toutes ces années. Les coups de son père avaient été difficiles à encaisser, mais là il était allé trop loin pour elle. S'en était de trop.
Alors, lorsque Monsieur Wilkins alla dans le salon pour s'asseoir dans le canapé avant de crier à Kendra de lui ramener une bière, la jeune femme se leva, mais ne lui obéit pas. Elle se positionna devant la télévision et cracha au visage de son père la haine qu'elle ressentait envers lui. Évidemment, Monsieur Wilkins s'en fichait, tout ce qu'il voulait c'était voir ce foutu match de boxe. Il se leva donc et s'avança vers Kendra. Bien qu'elle était complètement paniquée, la jeune femme ne bougea pas d'un millimètre et elle tint tête à son père. C'est alors qu'il essaya de la gifler, mais contre toute attente, Kendra retint son geste en l'attrapant par le bras. Et sans même savoir pourquoi, son père se mit à hurler de douleur. Pourtant, Kendra ne serrait pas fort le poignet de son père et elle se hâta donc de le lâcher. L'homme recula, effrayé, avant d'insulter sa fille de tous les noms inimaginables. Peut-être que Kendra aurait dû se taire ? Peut-être que non ? Quoi qu'il en soit, la jeune femme ne put s'empêcher de lui hurler qu'il brûlerait en Enfer. Pendant une brève seconde, Kendra crut que Dieu existait. Car oui, Monsieur Wilkins se mit à hurler. Mais ce n'était pas un hurlement de haine, non, c'était plutôt un cri de douleur et de souffrance. Regardant son père droit dans les yeux, elle vit enfin son poignet. Il était complètement brûlé et des cloques se formaient à l'endroit où elle l'avait touché quelques instants plus tôt.
Et d'un coup, sans même savoir pourquoi, Monsieur Wilkins s'enflamma. Je ne parle pas d'un excés de colère, non. Je parle de véritables flammes qui brûlaient le corps du père. Le pauvre hurlait tandis que Kendra restait figée sur place, paniquée. Elle ne bougea pas d'un pouce alors que son père se faisait brûler vivant devant ses yeux. Cruauté ? Satisfaction ? Haine ? Peur ? La rouquine ressentait beaucoup de sentiments en ce moment, mais elle était incapable de dire lesquels.
Comme toutes personnes censées l'auraient fait, Kendra voulut s'enfuir, mais elle n'en ressentait pas le besoin. Elle était comme hypnotisée par les flammes qui léchaient le visage de son père. C'était si beau à voir pour elle, si fascinant, qu'elle n'entendit même pas les voisins entrer. Elle ne remarqua leur présence que lorsqu'ils l'attrapèrent par le bras et l'emmenèrent dehors. Tous furent surpris de voir Kendra intacte alors que le feu se propageait désormais dans tout le salon, mais ils pensèrent encore une fois à un miracle...
Et tandis que le cadavre de son père se carbonisait à l'intérieur de la maison en feu, Kendra ne pût s'empêcher de sourire.

You can ignite

Personne ne savait pourquoi Kendra avait décidé de quitter Boston après l'accident. Du moins, personne ne savait la véritable raison. Tout était persuadé que la jeune femme souhaitait prendre un peu de recul pour commençait une nouvelle vie, mais tous avaient tort. En réalité, elle souhaitait simplement être le plus loin possible des agents de police. Elle n'avait nullement envie qu'il la soupçonne d'avoir allumé un incendie d'autant plus que les scientifiques présents sur place n'avaient pas trouvé l'origine du feu. Quoi qu'il en soit, Kendra avait fait rapidement ses valises -simple expression puisque la totalité de ses affaires personnelles étaient parties en flammes- et était partie pour la Nouvelle-Orléans. Elle avait, avant son départ, confiait à quelques voisins qu'elle partait pour la campagne sans donner sa localisation exacte. Piètre mensonge, mais elle ne voulait confier à personne sa véritable position. En réalité, elle souhaitait juste tirer un trait sur son passé et ne plus se rappeler son horrible père. Mais il est bien difficile d'oublier qui on est, surtout à un si jeune âge....
Elle aurait voulu changer de nom et d'identité, mais elle n'avait pas la force de le faire. C'était bien trop difficile de tirer définitivement un trait sur son enfance marqué par les coups de son père. Et c'était difficile d'oublier qu'elle avait tué son père. Mais comment avait-elle fait d'ailleurs ? Elle s'était posé la question pendant des jours et avait même été consulté un médecin -elle n'avait pas mentionné le fait que les flammes venaient d'elle sinon il l'aurait très probablement fait interner-, mais en vain. Jamais elle n'avait obtenu de réponse à sa question jusqu'au jour où elle se tourna vers le net. Après de nombreuses recherches, elle fit la conclusion qu'elle n'était pas une jeune fille comme les autres. Au fond, elle l'avait toujours su : son père n'arrêtait pas de lui rappeler qu'elle avait le Diable en elle.
Mais la capacité de faire jaillir des flammes était un véritable fardeau pour elle, du moins au début. La pauvre n'osait plus prononcer un seul mot pouvant rappeler le feu de peur de causer un incendie. Et puis un jour, elle s'est trouvé un entrepôt et après plusieurs essais, elle a réussi à recréer une flamme. Ce n'est qu'après des semaines d'entraînement qu'elle réussit à maîtriser son pouvoir par la pensée, mais cela reste extrêmement difficile et il est inutile de préciser que créer des flammes la fait souffrir....