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 Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai

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MessageSujet: Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai   Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai I_icon_minitimeSam 19 Mai - 16:31

Mayra

Woodward

Le péril s'évanouit quand on ose le regarder. Chateaubriand ❞
Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai Tumblrlupyxablr01qkomro
Beyonce Knowles © Tumblr

Identité

Je m'appelle Mayra Woodward, mais on m'appelle May. J'ai 27 ans, j'en fais 24. Je suis né(e) le 27 Mars 1985 en Louisiane et je suis américaine, avec des origines africaines. Je suis un(e) lycan hétéro et je suis sorcière de la meute.

Capacité Spéciale : dis m'en plus à ce sujet !



Tell me your secrets

Pseudo : DaturaÂge : 22 ansFréquence de connexion : 7/7 quand j'aurais arrêté les cours Comment avez-vous connu le forum ? J'étais sur la version 1 Comment trouvez-vous le forum ? // Multicompte ? [ ]OH YEAH / [O]NO. Code (en spoiler) :
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MessageSujet: Re: Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai   Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai I_icon_minitimeSam 19 Mai - 16:31

Histoire
❝ 100 lignes minimum. ❞

D’aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours dû aider ma mère pour les corvées de la maison, qu’il s’agisse de la cuisine, de la vaisselle ou encore du ménage et du linge, il fallut que je l’épaule très tôt et ce même si je ne pouvais pas faire grand-chose du fait de mon jeune âge. Dans l’esprit de mon père, cela faisait partie de l’éducation de toutes les petites filles, pour en faire de parfaite petites femmes au foyer. S’il n’y avait eu que lui, je n’aurais jamais mis les pieds à l’école pour apprendre à lire, écrire et compter, à quoi bon quand on est destinée à être mariée jeune et à vivre sous la coupe d’un homme qui s’occupera de tous ces détails à votre place ? Si le sud est l’endroit où je me sens chez moi, si la Louisiane est à mes yeux le plus bel état des Etats-Unis, je n’ai jamais pu m’empêcher de trouver que beaucoup de ses habitants étaient des arriérés manquant cruellement de jugeote mais également d’assez d’éducation pour faire la part des choses et être un peu plus ouverts. Mais pour se rendre compte de ça, il faut être directement victime du sexisme et du racisme ambiant, ceux-là même qui alourdissent l’atmosphère et rendent la vie impossible à de nombreuses personnes. Moi qui ai eu la chance de grandir auprès de noirs et de blancs, je n’ai jamais eu d’aprioris sur qui que ce soit et comment aurais-je pu alors que moi-même, mon frère et beaucoup de membres de ma propre famille avait la peau tannée par le soleil et la génétique, des descendants d’esclaves venus tout droit d’Afrique noire pour servir les intérêts d’européens sans scrupule. Si mon père les avait rencontré avant de connaître ma mère et surtout de la foutre enceinte, il aurait probablement fait marche arrière plutôt que de s’unir à une descendante de « négros », selon ses propres termes et surtout ne pas faire partie de leur famille, de quelque façon que ce soit. Mais le destin en avait décidé autrement et il fut trop tard lorsqu’il apprit la réalité de la famille Douglas. Cependant, il ne semble jamais trop tard pour faire preuve de mauvaise foi et être con, ainsi, il prit la décision qu’il ne s’imposerait plus leur présence, peu importait la raison. Si nous étions régulièrement envoyés dans la famille de ma mère, mon frère et moi, lors des vacances scolaires, c’était toujours seuls. Je ne vous cacherai pas que c’était un réel soulagement dans une année souvent riche en punitions et en corrections en tout genre. Quand nous étions chez les Douglas, notre liberté était presque totale, notre aide n’était pas sans cesse demandée pour un oui ou pour un non et nous avions la possibilité de redevenir des enfants, de nous émerveiller d’un rien et surtout de faire les pires conneries possibles et imaginables. Chez eux, nous étions libres et heureux et c’était toujours un déchirement de devoir rentrer chez nous pour retrouver notre père violent et notre mère soumise. Notre mère n’était pas une femme méchante mais simplement harassée et débordée de travail, elle travaillait comme infirmière dans un hôpital, autorisée par mon père à poursuivre son activité car les revenus de la famille étaient trop modestes pour se permettre de cracher sur le moindre cent. Quant à notre père, il multipliait les petits boulots pour rendre notre vie plus confortable qu’elle ne pouvait l’être, c’était un homme travailleur et courageux qui ne rechignait jamais à la tâche, quelques nuits, il dormait à peine trois heures avant d’enchaîner sur son énième boulot. C’était ce qui le rendait si difficile à haïr, par certains aspects, il était un homme bien et respectable qui ne touchait jamais une seule goutte d’alcool et était fidèle à notre mère, pourtant, il ne lui fallait jamais grand-chose pour défaire sa ceinture et me frapper avec jusqu’à ce qu’il ne puisse plus lever le bras et que je sois tout juste capable de me traîner jusqu’à mon lit. Il disait le faire pour mon bien et je le croyais, ne trouvant jamais la force de le détester pour ça, étant quasi certaine de le mériter. J’ignorais encore que son but était de faire de moi une jeune femme pleinement soumise à sa volonté et à celle de tous les autres hommes, de me rendre docile à souhait afin que je sois totalement dépendante des hommes et l’idée ne me dérangeait pas à l’époque, qu’y avait-il de mal là-dedans après tout ? Je ne connaissais que ça et n’étais pas sûre de vouloir autre chose. Pour Abel, c’était différent, il avait toujours eu la tête plus dure, un caractère bien trempé et des idées qui différaient sensiblement de celles de mon père. C’est sans doute grâce à lui que je finis par ouvrir les yeux, que je réalisai que prendre des coups n’était pas normal et encore moins parce qu’on avait oublié de faire la vaisselle ou tout simplement de ranger la maison. Chaque fois que le père Woodward levait la main sur moi ou plutôt le poing, Abel devenait complètement fou et il fallait que je le supplie du regard de ne rien faire pour qu’il ne réagisse pas. J’avais fini par apprendre à faire fi de la douleur, comme si mon âme parvenait à sortir de mon corps assez longtemps de sorte que je ne sente presque rien et que je sois presque sereine tandis que des gouttes de sueur perlaient sur le visage de mon père. Mes suppliques ne fonctionnaient pas toujours sur mon frère, qui prenait souvent le parti de s’accuser à ma place, trouvant toujours une raison ou une autre justifiant le fait que mes corvées n’étaient pas faites, alors c’était lui qui avait le droit à une correction en bonne et due forme et pour moi, c’était bien pire que de les recevoir. Puis, lorsqu’il fut en âge de s’opposer physiquement à notre père, il le fit, m’encourageant à en faire de même, ce que je rejetais à chaque fois d’un geste de la main. Je n’avais pas sa carrure et encore moins sa rage, je ne voulais pas me retrouver à l’hôpital en ayant eu le malheur de me rebiffer. Alors que mon frère nourrissait sa haine pour notre père et l’exprimait de plus en plus chaque jour, de mon côté, je m’arrangeais pour me faire la plus petite possible, m’acquittant de mes corvées ainsi que de mes devoirs et parvenant même à avoir un petit ami à côté. Quant à mon père, il ne s’en prenait à moi que lorsqu’Abel était à un entraînement ou qu’il avait à faire ailleurs, certains que personne ne pourrait l’empêcher d’exercer sa « justice » sous son propre toit. Mais toutes les raclées que je reçus ne furent rien à côté de celle qui marqua notre départ précipité, à Abe et moi.

Comme tous les jours, je rentrais du lycée sans empressement, sachant déjà que la vaisselle m’attendait ainsi que du ménage et du repassage. A seize ans, on a souvent envie de sortir avec ses amis plutôt que de se coltiner des tâches ménagères à ne plus savoir qu’en faire. Pourtant, si j’avais le malheur de m’attarder, les conséquences étaient terribles et je préférais ne pas imaginer mon visage avec d’autres bleus, mon œil au beurre noir peinant à s’estomper depuis la dernière correction que j’avais reçu, une semaine et demie plus tôt. Je rentrai donc à l’heure, déposant mon sac dans ma chambre et filant immédiatement à la cuisine pour essayer de me débarrasser de tout au plus vite afin d’aller rejoindre Stanley qui m’avait donné rendez-vous à 17 h dans notre coin secret. Ca pouvait paraître ridicule ou même enfantin mais c’était nécessaire, si mon père apprenait que je voyais un garçon, je n’avais que peu de chances de m’en sortir. Quand j’entendis son pas pesant sur le perron, mon cœur cessa de battre quelques secondes avant de repartir de plus belle tandis que je frottais avec obstination les assiettes. Je détestais me retrouver seule avec lui, tout autant que j’adorais que mon frère et moi ayons la maison pour nous seuls. Ce qui attira mon attention fut que je n’entendis pas la télé s’allumer, habituellement, il se précipitait dans le salon pour s’installer dans le divan avant de me réclamer une bière et un hamburger pour finalement s’assoupir. Mais pas cette fois, je sentais déjà le feu de son regard sur ma nuque mais je ne bougeai pas d’un cil, croiser son regard serait considéré comme une provocation et je ne voulais pas me prendre une autre baigne aujourd’hui alors que la journée avait si bien commencée, il en était hors de question. Ce fut donc lui qui rompit le silence.

« Tu sais que j’en ai appris une bonne ! » lança-t-il avant de ricaner nerveusement « Mandy Atkinson m’a dit qu’elle t’avait vu main dans la main avec un mec. Je me suis dit que ce n’était pas possible, que ma petite fille ne pouvait pas être aussi conne et puis elle a ajouté qu’elle t’avait bien reconnu et que tu l’avais même salué. »

Je sus à cet instant précis que j’étais foutue, pourtant, je ne ressentais aucune peur, seulement une colère sourde contre cette commère de Mandy, contre mon propre père qui entendait régir ma putain de vie alors qu’il ne savait utiliser d’autres moyens que la violence. Je me tournai vers lui, la mine renfrognée mais ne répondis rien.

« Tu sais, je m’inquiète beaucoup pour toi Mayra, beaucoup, beaucoup … »

C’était souvent la phrase qui déclenchait tout mais au lieu de m’accroupir et de le laisser faire, je restai sur mes deux pieds, le fixant dans les yeux avec une rage que je ne me connaissais pas. Je ne demandais rien de plus qu’un peu de bonheur et lui voulait tout gâcher, une fois encore. A l’époque, je n’avais pas encore le répondant que je possède désormais mais j’eus assez de courage pour attraper une chaise et lui jeter dessus afin de me laisser le temps de prendre la poudre d’escampette et de filer dans le couloir où je me cognai à mon frère.

« Faut qu’on se casse, le vieux est devenu cinglé, il sait pour Stanley, il va me tuer ! » lui murmuré-je presque hystérique, sentant les larmes rouler sur mes joues
« Va m’attendre au bout de la rue, d’accord ? »
« Mais tu… »
« T’en fais pas, ok ? »

Il me fit son sourire rassurant et m’embrassa sur le front avant de me pousser vers la sortie alors que le pas pesant de notre père faisait craquer le plancher. Une fois le pied sur la première marche du perron, je me mis à courir aussi vite que je pus, abandonnant mon frère aux mains de notre tortionnaire, lâchement, comme à chaque fois. Je n’étais pas capable d’agir autrement, de toute façon, je n’étais qu’une femme, qu’aurais-je bien pu faire ? Affolée, je fis les cent pas jusqu’à ce qu’Abel se montre enfin, trois quarts d’heure plus tard, l’arcade en sang et le visage dans un sale état, un sac dans chaque main. Je me précipitai vers lui, m’inquiétant de son état mais il me repoussa gentiment.

« On verra ça plus tard, pour le moment, on va appeler oncle Marshall, lui demander si on ne peut pas rester chez lui quelques temps. »

Nous n’étions que des gamins livrés à nous-même et j’ignorais ce que je pourrais faire sans mon père pour me donner des ordres. Abel devait être persuadé que ce n’était que de cette façon que je pourrais prendre mon envol et apprendre la définition d’indépendance. Malheureusement, il sous estimait l’impact qu’avait eu l’éducation de notre père sur moi.


***

Notre oncle Marshall était en réalité un grand oncle, le frère de notre grand-mère qui était aussi loufoque et drôle qu’elle. On le connaissait depuis que nous étions gamins et nous adorions nous rendre chez lui tous les été, déjà parce qu’il vivait en plein milieu de la forêt et des marais et qu’il s’agissait de notre terrain de jeu favori mais également parce qu’il nous aimait comme notre propre père aurait dû le faire. Il nous bichonnait et faisait attention à nous comme si nous risquions ne nous casser au moindre coup de vent. Mais surtout, il fut celui qui nous parla de magie pour la première fois et nous raconta la véritable histoire de notre famille. En effet, nos racines remontaient très loin, jusqu’en Afrique, dans ces villages décimés par les blancs mais qui n’avaient jamais pu empêcher les noirs de garder leurs croyances, leurs pouvoirs et leurs dieux. Tout ça me parut, à l’époque, complètement dingue et je ne manquais jamais de taquiner mon oncle à ce propos, parce que pour moi et l’enfant terre à terre que j’étais, il ne s’agissait que d’histoires de bonnes femmes. Je n’avais pas encore conscience du réel poids de notre histoire, de l’importance que cela avait pour nous mais aussi pour les générations à venir. Je m’étais juste dit qu’il s’agissait d’une autre blague de notre oncle qui était un peu cinglé mais terriblement attachant, cependant, je ris beaucoup moins en me retrouvant avec une poignée d’os entre les mains qu’il me demanda de jeter sur le sol. Le but de l’opération était obscur pour moi mais afin de ne pas le contrarier, je m’exécutai sagement, balançant les ossements sur le sol poussiéreux de son salon avant de m’apercevoir que j’y voyais quelque chose, ou plutôt qu’un flot ininterrompu d’images me venait, passé, futur et présent se mêlaient dans un magnifique brouhaha qui finit par me mettre à genoux jusqu’à ce que mon vieil oncle les ait ramassé et les ait remis dans leur petit sac en toile. Je suppose que c’était le prix à payer pour avoir osé me moquer de ce dont j’ignorais tout. Je compris mieux pourquoi il y avait tant d’animaux morts accrochés à ses murs, pourquoi des poules caquetaient dans tous les coins de son jardin. Notre initiation au vaudou débuta lorsque j’eus 8 ans et mon frère 10, durant les vacances scolaires principalement même s’il nous arrivait d’en parler chez nous et d’essayer certaines choses. Il fallut nous familiariser avec l’histoire de notre famille, les plantes, les animaux, les esprits et toute une culture qui nous était complètement étrangère. Il fallut nous procurer du matériel aussi exotique qu’excentrique : des pattes de corbeau, des os d’animaux et autres trucs. Il nous apprit les rituels de protection et de défense, des choses qu’il estimait primordiales et qu’il nous fit promettre d’utiliser si jamais on en ressentait le besoin. Je compris bien plus tard qu’il pensait à notre père et qu’il craignait que celui-ci ne finisse par nous tuer. S’il arrivait qu’il aborde plus ou moins le sujet délicat de la magie noire, il ne s’étendait jamais sur le sujet, coupant court à nos questions en nous faisant promettre de ne jamais tremper dedans, car c’était défier nos dieux et les pousser à nous en vouloir. Pourtant, il fallut bien qu’il nous en parle plus en détail, cela faisait partie de notre apprentissage et nous avions besoin de connaître les risques pour ne pas être tentés d’y plonger tête la première. Il le fit l’été qui précéda notre fuite de chez nos parents, comme s’il savait déjà qu’une catastrophe nous arriverait. Quand mon frère parvint à le joindre, il sut immédiatement de quoi il en retournait et accepta de venir nous chercher dans sa vieille guimbarde, y voyant l’occasion rêvée de parfaire notre formation. Nous y passâmes deux longues années, vivant presque comme des ermites, du moins la voyais-je ainsi jusqu’à ce que mon frère nous annonce qu’il avait trouvé un emploi et voulait s’installer en ville avec sa petite amie. La nouvelle eut beaucoup de mal à passer de mon côté et je lui en voulus de m’abandonner pour une femme et un boulot minable mais je le laissai partir, restant auprès de mon oncle, tentant de trouver la paix intérieure.

Ce soir-là, nous étions assis autour de la cheminée, lui fumait sa pipe tandis que je lisais avec intérêt le journal intimes de l’une de nos ancêtres, n’en perdant pas une miette. Ce passage parlait de possession, de communication avec les esprits et de transe. Choses que j’avais toujours voulu tenter mais qu’il m’interdit pour ma propre sécurité, je manquais sans doute de pratique et il ne voulait pas que ça tourne mal, Dieu seul savait ce que ces esprits pouvaient vouloir et faire.

« As-tu vu ton frère aujourd’hui ? » me demanda-t-il
« Non, je ne suis pas allée en ville, je ramassais des plantes dans la forêt. »
« Tu devrais aller le voir, la famille c’est sacré et il tente de faire amende honorable. »
« Je n’ai rien à lui reprocher. » mentis-je ce qui fit ricaner mon oncle
« Tu n’es jamais là quand il vient me rendre visite, tu ne réponds plus au téléphone et tu refuses ses invitations à manger. Si ce n’est pas en vouloir à quelqu’un, je ne sais pas ce que c’est ! Tu me rappelles ta grand-mère, aussi butée que la vieille Malia ! »
« Je n’ai pas envie de voir sa petite amie et sa nouvelle vie, prétendre être normal c’est juste ridicule ! »
« Si ça le rend heureux, ce n’est pas à toi de juger de ça Mayra. Tu iras le voir demain, je reçois un client pour une purification. »
« Tu m’avais promis que je t’assisterai à la prochaine ! »
« Pas tant que tu auras des soucis en tête, règle ça et si tu rentres assez tôt, nous verrons. »

***

Comme souvent, j’étais dans les bois, ramassant des herbes dont j’avais besoin pour confectionner des onguents dont je me servais pour soigner les petites blessures de ceux qui venaient voir mon oncle et se retrouvaient confiés à mes bons soins. Je n’avais pas vu le temps passer, comme souvent quand je me retrouvais en immersion dans la nature, mon oncle avait beau avoir construit sa maison en plein milieu des bois, il n’y avait que quand je m’éloignais de sa bâtisse de plusieurs kilomètres que je me sentais réellement en liberté et en contact avec la mère nature, celle-là même dont j’aurais à me servir quand Marshall me laisserait enfin faire usage de la magie pour aider les autres. De notre fratrie, j’étais la plus faible et si au début, j’avais compris sa réserve, elle commençait à me peser et à me fatiguer, maintenant qu’Abel avait tout simplement abandonné l’idée de devenir un mage ou ce qui s’en approchait le plus, j’étais celle qui récupérait le flambeau et je ne rechignais jamais à la tâche mais cela ne semblait pas être le problème de mon oncle. J’étais persuadée qu’il pensait que j’étais bien trop fragile pour manipuler la magie à l’état le plus brute et même si je ne cessais de tenter de lui prouver le contraire, il ne faisait que retarder l’échéance, encore et toujours, comme si cela me laisserait assez de temps pour changer de projet, d’envie même. C’était mal me connaître, quand j’avais une idée en tête, il fallait se lever de bonne heure pour me la faire oublier définitivement. Perdue dans mes pensées animées, je ne fis pas attention au fait que la lumière du jour baissait de plus en plus et que la Lune était déjà haute et pleine dans le ciel. Si seulement j’avais eu l’intelligence de m’en inquiéter plus tôt, je ne me serais pas retrouvée perdue deux heures plus tard, dans le noir, tentant de me souvenir d’un sort qui me permettrait d’y voir plus clair. Quand je parvins à mettre des mots sur cette idée, je fus plus rassurée, jusqu’à ce que les buissons autour de moi s’agitent et que les bruits des animaux nocturnes cessent, signe qu’un prédateur beaucoup plus gros que les autres étaient dans les parages et qu’il ne me ferait pas de quartier. Cette simple idée me fit ricaner, c’était idiot. Hormis des alligators, il n’y avait rien de dangereux dans les parages, j’étais sans doute la chose la plus dangereuse de ces bois. Je sortis cette idée de ma tête pour me concentrer sur le chemin que j’avais pris et tenter de retourner chez mon oncle avant qu’il ne se mette à paniquer et appelle mon frère, situation délicate dans laquelle je ne tenais pas à me retrouver, je ne voulais pas lui faire face et encore moins avoir à le remercier de quoi que ce soit, il m’avait très bien fait comprendre que je ne faisais plus partie de sa vie, il n’avait qu’à la mener sans moi, je comptais me faire un plaisir de ne plus avoir besoin de lui. Agitée par le fait d’avoir remué le couteau dans la plaie, je me pris le pied dans une racine et m’étalai de tout mon long sur le sol couvert de mousse, ce qui amortit quelque peu ma chute mais pas la douleur, un liquide chaud se mit à couler le long de mon genou, signe que je m’étais fait plus mal que ce que je n’avais pu penser. J’examinai ma blessure de guerre, appliquant immédiatement l’une des plantes ramassées un peu plus tôt, ce fut sans doute durant cette opération que la bête sortit des feuillages, laissant seulement apparaître ses deux pupilles d’un jaune surnaturel, grognant pour montrer qu’elle était là, prête à faire de moi son dîner. Le reste était un vaste trou noir, la seule chose qu’il me restait, c’était cette étrange capacité de me transformer moi-même en un sorte de monstre. Parfaitement le genre de cadeau dont je me serai volontiers passé et qui pourtant ne se défaisait pas, même avec un sort puissant. Je dus faire face à cet autre problème, épaulée par mon oncle qui me permit de trouver une harmonie entre toutes ces facettes de ma personnalité et m’aida à faire des recherches sur ce que j’étais, quant à celle ou celui qui m’avait marqué au fer rouge, nous ne le retrouvâmes jamais.


***

Après de longues discussions animées ou plutôt des engueulades musclées, je finis par pardonner à mon frère, gardant tout de même une certaine rancœur à son égard, le fait qu’il m’ait sauvé du bourreau qu’était mon père ne lui donnait pas le droit de m’abandonner. Je nous avais toujours considéré comme un binôme, l’un ne pouvait fonctionner sans la présence de l’autre mais visiblement, cela n’était que mon cas et pas le sien, ce qui ne fit que me vexer davantage. Néanmoins, à force de lui rendre fréquemment visite sur son lieu de travail, je finis par rencontrer l’un de ses collègues qui devint mon petit ami officiel et chez qui je finis par m’installer, suivant mon cœur plutôt que ma raison. Contrairement au départ de mon frère, Marshall prit les choses avec beaucoup moins de sérénité. Il tenta de me dire qu’il valait mieux que j’arrête de voir ce Ruben mais rien n’y fit et la seule chose dont il parvint à me convaincre fut de porter le talisman qu’il m’avait confectionné. Si j’avais eu un peu plus de plomb dans le crâne, je l’aurais écouté et n’aurais pas été assez débile pour le comparer à mon père voulant m’empêcher de fréquenter un homme. Aujourd’hui, je n’ai de cesse de m’excuser auprès de lui et de lui demander pardon, même si Marshall me pardonna au moment même où je franchis le seuil de sa porte, sachant de quoi mon avenir serait fait, il aurait voulu qu’il en soit autrement. Pourtant, mon passé a fait de moi ce que je suis à présent et c’est sans doute la raison pour laquelle il ne m’obligea pas à rester.

Ce genre d’hommes, du genre de mon père, doivent avoir un radar dans le crâne qui les pousse à repérer les femmes qui ont la faculté incroyable de s’écraser comme une crêpe quand on sait se montrer assez ferme et clair dès le départ. Pourtant, à l’époque ou ma route croisa celle de Ruben, j’étais persuadée que j’en avais fini avec ça, que c’était de l’histoire ancienne et que plus jamais, je n’aurais à obéir à qui que ce soit hormis ma propre personne. Mais c’était sous-estimer mon attirance pour la dominance la plus implacable et totale, j’avais ça d’ancré au fond de moi et il me fallut qu’apercevoir celui qui deviendrait mon nouveau tyran pour être immédiatement séduite. C’était de la pure démence. De plus, j’étais encore jeune et n’avais eu qu’un seul petit ami, à 21 ans à peine, on ne sait pas encore très bien faire la différence entre un homme bien et un enfoiré qui cache son jeu derrière des compliments, de beaux projets et des sourires enjôleurs. Sans me méfier, je lui donnai tout, mon cœur, mon âme, ma confiance et surtout ma virginité, ce qui le fit se sentir plus fort encore qu’il ne l’avait jamais été. Et à vrai dire, les premiers mois se passèrent à merveille jusqu’à ce qu’il me propose de venir habiter chez lui et que j’accepte, ne sachant pas dans quel merdier je m’étais embarqué, loin de m’imaginer qu’il deviendrait mon bourreau, remplaçant mon père sur le trône du roi des enfoirés. Tout commença plutôt bêtement, un jour où j’avais mis un short un peu trop court à son goût, il m’envoya une gifle qui me fit faire un tour sur moi-même et voir des centaines de petites étoiles. Je n’eus même pas l’envie et encore moins la force de m’en offusquer, j’avais l’impression que mon passé me rattrapait et de me retrouver dans la bonne vieille routine d’avant, celle qui m’aurait presque manqué si elle n’était pas si douloureusement humiliante. C’était chaque fois la même rengaine, il m’en mettait une ou bien me collait réellement une raclée pour une raison ou une autre, une assiette cassée, le fait que je me sois attardée en rentrant du boulot ou tout simplement parce que j’avais eu le malheur de lui suggérer quelque chose puis se sentant au sommet de sa force et de sa puissance, il m’arrachait mes vêtements et me possédait, réduisant l’estime de moi-même et mon amour propre à néant. Pourtant j’en étais éperdument amoureuse, il n’avait qu’à passer son bras autour de mes épaules pour que je me sente heureuse et peu importait si je devais porter un col roulé alors qu’il faisait plus lourd et humide que dans n’importe quelle maison close. Quant à mon frère, je trouvais toujours une explication probante à lui donner, une justification imparable et de toute façon, il ne me croyait pas assez cinglée pour reproduire le même schéma, pour accepter qu’on me lève la main dessus après ce que notre père nous avait fait subir. C’était tout simplement de la stupidité ou bien la peur viscérale d’être heureuse, je n’en sus jamais rien mais une chose était certaine, si cette histoire venait aux oreilles de mon frère, il le tuerait de ses propres mains, je le savais. De la pitié, il n’en avait que pour un nombre réduit de personnes dont je faisais partie mais pour les autres, rien ne pouvait les protéger de la tornade Abel s’ils avaient le malheur de toucher à ceux qu’il aimait le plus. Mais cette époque où il me protégeait était révolue, je ne voulais plus qu’il s’en mêle, je voulais me débrouiller seule avec mes emmerdes, fierté déplacée qui pouvait me conduire à la mort mais je pensais que cela valait mieux que la honte que tout soit découvert. Pourtant, mes collègues n’étaient pas dupes et savaient pertinemment pourquoi je portais souvent des manches longues, pourquoi je ne bronchais jamais quand il se montrait odieux avec moi, m’humiliant devant témoins, sans doute pour se sentir exister. Et malgré tout, je parvenais à trouver le moyen de lui donner raison, j’étais bel et bien cinglée.

Il venait souvent avant la fin de mon service au bar pour s’enfiler quelques bières à mes frais, parlant fort avec ses potes quand il ne matait pas le cul de la première pouffiasse qui passait et qui arborait une jupe aussi minuscule que sa pudeur, ce qui ne le dérangeait aucunement alors. C’était un samedi soir et je finissais seulement quand le dernier client avait mis les voiles, comme souvent, il était là, justifiant sa présence par le fait qu’il voulait passer un peu de temps avec moi mais j’étais persuadée qu’il voulait simplement me surveiller afin d’être certain que je n’allais pas voir ailleurs. Ca faisait deux ans que nous étions ensemble et il en était encore à douter de moi, ce qui me rendait malade bien souvent, parce que je savais comment les samedi soirs se terminaient, il y avait un type éméché qui me faisait du rentre dedans, Ruben se levait et c’était moi qui prenait en rentrant à la maison, comme si j’avais tout provoqué volontairement et en toute sincérité, je ne tenais pas à ce que ça finisse de cette manière ce soir, je voulais seulement rentrer et me coucher, j’avais mal dans les jambes et la nuque. Ca faisait quelques semaines que je pensais à le quitter, depuis que j’avais appris qu’il me trompait sans vergogne mais j’avais tout fait pour assurer mes arrières en achetant un flingue, je savais pertinemment qu’il ne me laisserait pas partir aussi facilement et je voulais être certaine de m’en sortir en vie. C’était débile quand on y pensait, j’avais le pouvoir de m’en débarrasser sans que la moindre goutte de sang ne tombe sur le sol ou bien en le réduisant en charpie et pourtant, je n’avais jamais pu m’y résoudre. La seule chose dont j’avais été capable avait été de renfiler le talisman fait par mon oncle, le serrant dans ma paume quand je mourrais de trouille chaque fois que je croisais le regard mauvais de mon petit ami. Malgré cette peur qui ne me quittait plus, j’acceptai de laisser mon frère et mon oncle derrière moi pour le suivre à la Nouvelle Orléans, à des centaines de kilomètres de chez moi, là où personne ne pourrait m’aider lorsqu’il tenterait de nouveau d’intenter à mes jours. Je devais être complètement givrée pour faire une chose pareille mais il lui suffit de m’offrir une bague en me demandant en fiançailles pour que j’oublie ses maîtresses, la maltraitance et son mauvais fond et accepte comme le ramassis de déchets que j’étais. Je n’avais de cesse de me promettre que les choses iraient mieux et que je ferai en sorte de le virer de ma vie et au lieu de ça, je m’accrochai davantage à lui, comme si ma vie en dépendait, tout simplement parce que je n’avais jamais rien connu d’autre. S’installer à la Nouvelle Orléans fut plutôt simple et je ne mis pas longtemps à trouver un emploi dans un bar très fréquenté de la ville, mais arrêter la magie le fut beaucoup moins. Je dus non seulement renier ce que j’étais profondément, refouler cette magie qui débordait de mes veines mais également calmer cette bête qui ne demandait qu’à s’exprimer alors que je sentais la présence d’autres lycanthropes. Je voulais nous donner une nouvelle chance et pour ça, j’avais besoin d’être le plus normale possible.


***

J’y ai cru. Je fus assez crédule pour penser qu’il changerait, qu’il comprendrait que je l’aimais assez pour ne pas avoir besoin d’être surveillée et encore moins martyrisée à longueur de temps, que ce soit par les mots ou les coups. J’ignorai s’il traitait ses maîtresses de la même façon mais je ne souhaitais ce sort à personne, pas même à mon pire ennemi. Je savais qu’il en voyait d’autre, ne serait-ce que lorsqu’il rentrait ivre et qu’il sentait un effluve que je n’avais jamais porté. D’ailleurs, sous ses ordres, j’avais arrêté de me maquiller et de mettre du parfum, pour être certain que je n’enfreindrais pas ses règles, il me priva de mon salaire, prétextant qu’il en ferait meilleur usage, me rendant plus dépendante encore de lui que je n’avais pu l’être jusqu’à présent. Il savait que la menace de mon frère ne planait plus au-dessus de sa tête et il ne se privait pas de me faire comprendre que plus rien ne l’arrêterait et surtout pas moi, j’avais de toute façon perdu le goût du combat, de la lutte. Les féministes auraient probablement eu honte de moi et de mon comportement mais que pouvais-je opposer à sa domination totale et indiscutable ? Si ce n’était pas lui, cela serait un autre et je ne tenais pas particulièrement à avoir à en supporter un énième, mieux valait me faire à ma vie en espérant qu’elle se terminerait rapidement. A 27 ans, avec la vie devant moi, j’en étais réduite à vouloir disparaître pour enfin avoir la paix. Mes seuls moments de détente et d’accalmie étaient lorsque je travaillais, enchaînant les commandes et n’ayant pas à m’inquiéter de ce qui plairait ou non à monsieur, je n’avais à penser qu’aux tables dont je m’occupais et c’était bien comme ça. Ca aurait pu continuer à être mon havre de paix s’il n’avait pas fini par y mettre les pieds, embaumant l’endroit de son odeur de lycan et imprégnant sa marque sur les murs, signe qu’il était passé par ici. Je tentai de me faire toute petite avant même que nos regards ne se soient croisés, si Ruben apprenait que j’avais parlé à un homme, j’étais morte et surtout, je ne voulais faire partie de rien, d’aucune meute, juste tenter de me convaincre de ma rassurante normalité. Si le commun des mortels ignorait ce qui se tramait dans leur dos, j'avais la chance d'avoir un oncle qui avait roulé sa bosse assez longtemps pour en savoir long sur bon nombre d'espèces et le peu qu'il savait sur les lycans, il l'avait partagé avec moi. Ils vivaient en meute pour la plupart, c'était le meilleur moyen de rester en sécurité quand on était différent, comme moi, pourtant, je savais que si j'avais le malheur d'accepter une quelconque main tendue, je finirais par la prendre en pleine gueule, d'une manière ou d'une autre. J’étais pourtant bien placée pour savoir que les choses ne se passaient jamais comme on avait envie qu’elles se passent. D’un pas conquérant, celui du mâle dominant par excellence, il se dirigea vers le bar derrière lequel je me trouvais pour s’y installer, m’inondant du feu de son regard, j’allais lui demander, penaude, ce que je devais lui servir quand mon fiancé débarqua et s’installa à ses côtés.

« Travis, je te présente Mayra, ma fiancée. Princesse, tu te trouves en face de mon patron. »

Je fus contrainte, par le regard appuyé de Ruben, de tendre la main pour que le géant qu’était son patron, la serre dans sa paume gigantesque, ne pouvant s’empêcher de me fixer comme si j’étais à moi seule un mystère. Je fus celle qui brisa ce contact et après leur avoir servi à boire et à manger, je pris ma pause pour essayer de recouvrer mes esprits. Les soirs suivants et ce pendant près de deux semaines, il se présenta, s’installant à la même place et me demandant la même chose jusqu’à la fermeture du bar, me jetant toujours un dernier regard lourd de sous-entendus pour finalement quitter l’endroit sans un mot. Ce soir-là, la pleine Lune veillait sur la ville et agitait en moi la louve qui dormait depuis trop longtemps, comme à chaque fois, il me fallait de l’alcool et ma magie pour me tempérer. Heureusement, le bar fut suffisamment plein pour m’empêcher de me soucier de ce qui ne demandait qu’à se réveiller. D’ailleurs, je ne vis pas le fameux Travis de la soirée et je m’en réjouis jusqu’à ce qu’il pousse la porte, une heure avant la fermeture, me paraissant plus séduisant encore que la première fois que je l’avais rencontré. J’ignorais si mes instincts parlaient à ma place ou bien si j’étais bel et bien lasse de l’attitude désinvolte de mon petit ami en ce qui me concernait. La veille au soir, j’étais rentrée avec une minute de retard et avait eu le droit à un bel œil au beurre noir pour la peine. Maladroitement, je tentai de dissimuler le tout sous un peu de fond de teint mais rien n’y fit et je dus me présenter ainsi aux clients. Mais quelque chose avait changé en moi quand il abattit son poing sur mon visage, j’eus une furieuse envie de le dévorer, de le déchiqueter jusqu’à ce que ses cris se meurent dans le sang. Repenser à cette idée terrible me donnait la chair de poule. Quand vint l’heure de la fermeture, je me retrouvai seule à devoir lever les chaises et ranger ce qui devait l’être, je le fis sans entrain, pressée de retrouver mon lit même si je ne tenais pas particulièrement à voir celui qui se trouvait dedans. J’eus à peine tourné la clé dans la serrure qu’une main me saisit le bras et me plaqua contre le mur en brique du bâtiment. Nous étions à l’arrière du bar, d’ici personne ne pouvait me voir et encore moins m’entendre, c’était bien ma chance !

« Je ne te veux aucun mal. » me dit-il calmement
« Travis ? Qu’est-ce que vous faites là, je pensais que vous étiez parti depuis une demi-heure. »
« Je t’attendais ! C’est lui qui t’a fait ça ? » demanda-t-il avec dégoût
« Ce n’est pas votre problème, maintenant, laissez-moi rentrer chez moi. » répondis-je en me débattant pour tenter de recouvrer ma liberté et prendre mes jambes à mon cou et ce malgré l’attirance presque animale qu’il m’inspirait
« Tu es notre sœur Mayra, j’aimerais t’amener à ma meute, on te protégera de lui. »

Je ne pus réprimer un rire méprisant tandis que je me débarrassais de sa main qui me tenait avec presque trop de douceur en dépit de sa taille.

« J’ai déjà entendu ce refrain. Merci mais je n’ai besoin de personne, je veux seulement rentrer et dormir en espérant qu’il sera d’assez bonne humeur pour ne pas me décorer l’autre œil ! D'ailleurs, proposer à tort et à travers d'intégrer votre "meute", c'est franchement pas l'attitude la plus prudente qui soit, il y a des gens pas très nets qui traînent dans le coin et ça pourrait vous coûter cher! »
Il me fixa un moment avant de ricaner.
« Il n'y a personne hormis toi et moi. J'ai demandé l'autorisation aux miens de t'en parler mais c'est gentil de t'inquiéter. Tu m'as l'air bien renseigné pour quelqu'un qui n'assume pas ou ne sait pas ce qu'elle est. Si tu me laissais te raccompagner, juste pour être sûr qu’il ne te fera rien et pour que nous puissions parler un peu ? »

Je levai un sourcil, l’air surpris, je ne comprenais pas pourquoi il me portait autant d’intérêt.

« Qu’est-ce que ça peut vous faire ? »

Il baissa les yeux, fixa ses chaussures un moment, attitude qui détonait fortement avec sa taille impressionnante et sa carrure de joueur de football américain. Puis il finit par ancrer son regard au mien, me fixant avec une intensité qui me fit oublier jusqu’à mon prénom, j’avais l’impression qu’il lisait en moi comme dans un livre ouvert. Je savais que je regretterais ce que j’allais faire mais cela ne m’empêcha pas de laisser mon sac tomber sur le macadam alors que je laissais, pour la première fois depuis une éternité, libre court à ce qui s’agitait en moi, à celle que j’étais. Je passai mes bras autour de sa nuque et cherchai frénétiquement ses lèvres alors qu’il agrippait mes cuisses et me tenait dans ses bras puissants. Je crus étancher ma soif en m’abandonnant à lui mais ce fut tout le contraire, j’avais réveillé ce que j’avais mis tant d’efforts à dissimuler et ce ne serait pas facile de revenir en arrière. Je finis par rentrer chez moi, avec deux heures de retard et après avoir été courir dans la forêt sous ma forme lupine, heureusement pour moi, Ruben avait trop bu pour s’en apercevoir et je n’eus qu’à prendre une douche et me glisser dans le lit pour que cette soirée soit oubliée ou presque. C’était le début d’un long calvaire, ma liberté me tendait les bras, personnifiée par Travis et pourtant, je continuais à résister, persuadée que le monde cesserait de tourner si j’abandonnais ma pitoyable routine. Je savais que même s’il se montrait patient et me laissait du temps pour trouver la force de régler les choses moi-même, mon nouvel amant mourait d’envie de réduire mon bourreau en charpie. J'avais parfois l’impression qu’il était, lui aussi, une mauvaise décision.

***

J’eus beaucoup de peine à mener cette « double vie », à jouer les petites amies modèles et à me transformer en véritable femme fatale sous les doigts de mon Pygmalion : Travis. Il n’avait qu’à me jeter un regard empreint de désir, m’offrir un sourire sous-entendant tellement qu’il fallait être aveugle ou étourdi pour ne pas le réaliser, et alors j’étais une autre. Oubliés les coups que Ruben me distribuait à la pelle, oublié mon quotidien morose de femme battue, aux côtés de mon amant j’apprenais le sens du mot bonheur et ça valait bien plus que tout ce que j’avais pu avoir jusqu’à présent. J’avais volontairement décidé de rester à l’écart de ma famille si bien que je finissais par avoir parfois l’illusion de ne pas en avoir et ce en dépit de l’amour sans borne et extrêmement profond que je leur portais. Parce que face à mon bourreau, il n’y avait plus rien qui existait hormis la violence qu’il avait à mon égard, j’étais seule face à lui, seule face au monde entier contre lequel j’avais passé mon existence à me battre, contre lequel je n’avais aucune chance et pourtant je refusais d’abandonner, comme un naufragé accroché à son bout d’épave, comme s’il me restait la moindre chance. Et finalement, celle-ci était tombée du ciel, sortie de nulle part sous les traits d’un lycan, moi qui m’étais imaginée être l’une des rares … Il était mon havre de paix, du moins, il le fut jusqu’à ce que nos premières disputes n’ébranlent nos soirées autrefois passées à nous imprégner de l’odeur et de chaque cicatrice du corps de l’autre. C’était la première fois que je me disputais avec un homme sans que cela ne se termine par des coups, sans que cela ne s’achève dans le sang, les cris et les larmes. Il me respectait, j’étais tombée sur la perle rare, pour lui je n’étais pas qu’une femelle lambda, un être inférieur de naissance, j’étais une personne qu’il respectait à défaut d’aimer ; il était tellement compliqué de lire en lui et j’avais beau plonger mon regard dans le sien, je n’y voyais rien d’autres que les nuances noisettes de ses iris. Mais malgré tout ce qu’on pouvait vivre de passionnant et d’excitant, sa jalousie finissait toujours par prendre le pas sur le reste et le pire dans tout ça, c’était que je le comprenais parfaitement et que je trouvais son attitude et nos disputes justifiées. Il devait me partager avec un homme détestable, je devais me scinder en deux et vivre deux existences diamétralement opposées ce qui m’épuisait réellement, tout ça parce que j’avais terriblement peur des conséquences, de ce qu’il adviendrait quand j’aurais enfin pris la décision de le quitter pour de bon. Alors en attendant, quand il allait trop loin, c’était dans les bras de Travis que je venais me réfugier, le sentant se crisper de colère avant de s’apaiser quand il refermait ses bras puissants sur moi.

Puis tout s’accéléra, il y eut les coups de trop et ce moment où je décidai de ne plus avoir peur, que j’étais plus forte et plus courageuse qu’il n’avait bien voulu me laisser le croire. En sortant de notre appartement, j’étais salement amochée, j’avais des vêtements en moins et j’étais pieds nus, n’ayant eu le temps d’embarquer uniquement mon sac à mains. Pourtant, mon amant ne me posa pas la moindre question quand il me ramassa sur le bord d’une route, il serra la mâchoire et me ramena chez lui pour me soigner et prendre soin de moi comme personne ne l’avait fait hormis mon frère et mon oncle. Je pense souvent que ma vraie rupture avec Ruben advint ce soir-là et non pas lorsque je débarquai en compagnie de son patron et accessoirement mon nouveau compagnon, pour récupérer le peu d’affaires que j’avais peu avant de passer mes tests d’entrée dans la meute de la ville, celle de Travis, celle dans laquelle il voulait que j’entre pour ma sécurité et mon bien être. Ce soir-là, j’aurais pu massacrer celui qui transforma ma vie en un véritable enfer, la louve était aux commandes et elle aurait pu repeindre les murs avec son sang mais cela se passa sans armes, ni violence, juste dans l’animosité et l’amertume. Je regrettais d’avoir perdu tant de temps aux côtés d’un salaud, je regrettais d’avoir été incapable de mesurer l’étendue de mon potentiel, d’abord en tant que personne, femme puis en tant que sorcière et louve. J’avais perdu tellement de temps qu’il était hors de question d’en perdre davantage pour la même personne. Hors de question de lui offrir cette satisfaction de gâcher de nouveau ma vie par sa faute.

Nos premiers mois de vie commune furent idylliques, je ne pouvais le nier et en dépit de sa trop grande tendance à me surprotéger et sa volonté de me gâter plus que je ne le méritais. Dès le départ, il avait été clair que je ne restais chez lui que de manière temporaire, mes sentiments n’avaient rien à faire là-dedans, je voulais seulement goûter à l’indépendance la vraie, ce que je ne connaissais que d’après ce qu’on avait bien pu m’en raconter. Chaque fois que ça revenait sur le tapis, il prenait ça pour une insulte, une sorte de menace, comme si cela sous-entendait que je voulais d’un couple ouvert, comme si je pouvais avoir envie de voir d’autres hommes. Il savait se montrer compréhensif mais il n’entendait pas toujours tout et surtout pas les raisons qui me poussaient à chercher un appartement, à vouloir travailler et gagner mon propre argent, à refuser tous ces cadeaux hors de prix qu’il m’offrait en pensant que j’en serais comblée. N’allez pas vous imaginer que je faisais la fine bouche, je n’avais jamais possédé des choses aussi magnifiques mais l’idée de me faire entretenir me répugnait, je venais de sortir de ma prison en Enfer, je ne voulais pas la troquer pour une autre, aussi dorée soit-elle. Nos forts caractères s’entrechoquaient souvent mais ça se réglait par un bon plat que je passais la journée à lui concocter quand on ne finissait pas par arracher nos vêtements respectifs pour exprimer notre frustration autrement. Certains diront que toutes les conditions étaient réunies pour que l’incident se produise, pour moi, il ne s’agit que d’un concours de circonstances et énormément d’imprudence de ma part. Coucher avec Dimitri ne fut pas si désagréable que je voulus bien le rapporter à Travis mais c’était un soir de pleine Lune, peinant avec mon contrôle, une provocation me suffit pour que ça parte en vrille et qu’on en finisse à s’agiter à l’horizontale. Jamais il n’y eut une erreur que je regrettasse plus que celle-là, elle nous poussa à la rupture à un moment où j’aurais eu besoin de lui alors que ma famille faisait un retour fracassant dans ma vie.

Cette séparation me fit plus mal que les coups additionnés que mon père et Ruben avaient pu me donner tout au long de ma courte existence. Je décidai de faire un retour aux sources, passant du temps chez mon oncle, renouant avec la magie, me replongeant dans les sorts, les décoctions et autres potions pour ne plus avoir à penser à ce qui m’avait amené ici. J’avais fait promettre à Connor de garder le secret, je ne voulais pas qu’on vienne me chercher, je voulais qu’on me laisse le temps d’encaisser, d’avaler la pilule mais j’étais irrémédiablement attachée à la meute et je savais qu’il pourrait m’appeler pour n’importe quoi, si le besoin s’en faisait sentir. Ainsi, après plus d’un mois loin de tout et surtout de la meute, je fis un retour fracassant, décidant de m’installer dans un appartement modeste avec mon frère. Nous le décorâmes à notre convenance, le transformant en nid douillet, en petit palace rien qu’à nous. J’avais fini par lui pardonner son abandon autant que son penchant certain pour la magie noire dont j’avais presque fini par le guérir. De mon côté, je m’enfonçai dans la solitude la plus totale, je venais aux rendez-vous importants de la meute quand Connor me le demandait et je me rendais au travail tous les jours, sinon, je ne bougeais pas de chez moi, je craignais trop de croiser M.Hamilton et sa nouvelle conquête, le nouvel amour de sa vie. N’étant pas certaine de ma réaction, je préférais limiter la casse, limiter les possibilités de ce genre en restant chez moi et en ruminant avec mon frère devant des films de guerre. Ces conneries de films romantiques, je ne pouvais plus les voir en peinture, plus du tout ! Puis, las de ce contexte, autant que moi sans doute, Connor m’envoya l’artillerie lourde, je supposai que ça ne pouvait venir que de lui, peut-être parce que je n’imaginais pas Dimitri capable d’une telle initiative. Mais d’où que cela ait pu venir, je ne pus que saluer l’idée, je finis par me remettre dans le bain avant même de m’en être aperçue mais le fait que ce soit Dimitri compliqua sensiblement les choses. On ne pouvait empêcher les gens de parler et dans l’histoire qui m’opposait à Travis, j’étais, visiblement, la seule coupable. Autant dire que ma proximité avec Judas était vue comme une provocation supplémentaire par certaines personnes, heureusement, la majorité jugeait qu’il s’agissait d’une affaire privée et que c’était à nous de régler ça, pas à eux !

Puis l’impensable se produisit, Travis et sa nouvelle p*** débarquèrent alors que j’étais en plein boulot, incapable de la boucler, comme à mon habitude, je lançai les hostilités et cela aurait pu se terminer en pugilat s’il n’avait pas eu le bon sens de m’attirer à l’extérieur, à l’abri des regards, comme l’idiote que j’étais, je pris ça comme le signe qu’il avait honte de moi et il y avait de quoi. Mais je ne m’attendis pas à ce que cela prenne un tournant romantico pathétique. Je lui balançai mon ressenti en quelques mots avant de tirer ma révérence, laissant ma place à celle qu’il avait choisi, celle qui n’avait pas les traits d’une traitresse. Pourtant, ce fut avec moi qu’il se retrouva dans la réserve et avec moi qu’il batifola jusqu’à ce que l’on nous interrompe sans vergogne. Si nous étions de nouveau ensemble ? Je n’en avais pas la moindre idée, non, pas la moindre.


***

J’étais fébrile, j’avais étalé toute ma garde-robe sur mon lit, autant dire qu’il n’y avait pas grand-chose et j’hésitais entre l’un de mes éternels jeans ou bien une robe qui mettait scandaleusement mes formes en valeur. J’ignorais où nous allions et c’était tout le problème, j’aurais pu adapter en conséquence s’il m’avait donné la moindre information mais rien, c’était sur ça que nous tentions de baser cet embryon de relation que nous voulions transformer en quelque chose de bon cette fois et non pas en une catastrophe comme le premier essai, nous avions trop précipité les choses. Alors on sortait ensemble comme des adolescents, il venait me chercher et on passait la soirée ensemble avant qu’il ne me ramène sagement chez moi, surveillé par mon frère qui ne manquait jamais de lui lancer une petite remarquer bien sentie à laquelle il répondait par un petit sourire satisfait. Cette totale absence de sexe m’inquiétait à vrai dire, notre relation avait été très axée sur la question de par notre nature et nos tempéraments, j’ignorais comment on tenait mais on le faisait, on voulait réapprendre à se faire confiance et à s’apprécier pour les bonnes raisons. De mon côté, il n’y avait pas de doute, il était le bon, celui que je voulais garder à mes côtés mais j’étais celle qui avait des choses à se faire pardonner, je ne devais pas le perdre de vue. D’ailleurs, le sujet n’était toujours pas revenu sur le tapis et ça me mettait toujours extrêmement mal à l’aise, si j’arrivais à deviner ce dont il pouvait avoir envie, je n’avais pas la chance de pouvoir lire dans sa tête et à de nombreuses reprises, je fus tentée d’user de la magie pour ça mais cela aurait été le trahir de nouveau et ça, je m’y refusais. J’optai pour la robe et après une bonne douche, une préparation en règle, j’émergeai de la salle de bain, refusant de regarder mon reflet dans la glace, mon image et moi n’étions pas très copines ces derniers temps. Ce fut mon frère qui me fit comprendre que je n’étais pas trop mal, notamment en me suggérant un jean, je lui fis un magnifique doigt d’honneur, digne d’une gamine de 5 ans, avant d’enfiler mes chaussures alors que l’on frappait à la porte. J’avais visé juste, ce soir, c’était restaurant chic et j’espérais être à la hauteur, pour ne pas faire de faux pas, je gardai le silence une bonne partie de la route et le laissai prendre ma main dans la sienne, j’attendis d’être assise à notre table, un peu à l’écart, pour ouvrir la bouche.

« Je ne mérite pas tout ça, tu te donnes beaucoup de mal alors que c’est moi qui … Tu vois ? Je … Je devrais rentrer, je ne suis pas à l’aise. »

Un éclair de détresse passa dans ses yeux et ce fut suffisant pour me forcer à me rasseoir, avant même qu’il ne pose sa paume sur mon avant-bras. Je n’osai plus lever les yeux vers lui, j’avais honte et on aurait beau faire ça, encore et encore, ça n’effacerait ni ma culpabilité, ni ma colère.

« Je ne fais pas tout ça pour rien, Mayra, mais parce que tu es importante pour moi, tu comprends ? Je ne dis pas que je vais arriver à oublier mais que je vais faire en sorte de pouvoir vivre avec. Je sais que tu ne l’as pas fait sciemment, je connaissais tes soucis de contrôle, j’aurais dû être là. »

Des semaines de retenue pour en arriver à laisser mes larmes couler, je voulais retrouver la sécurité de mon appartement, je voulais arrêter de penser à tout ça, je voulais avoir une machine à remonter le temps pour effacer ma connerie. C’était trop demander, oui, visiblement ! Je reniflai et essuyai mes joues pour cacher les vestiges de ma peine.

« Tu as quoi à me proposer ? Qu’on se remettre ensemble ? Tu sais que c’est ce que je veux mais je ne supporterai pas que cette histoire soit ton prétexte pour me faire subir tout et n’importe quoi, c’est fini cette vie-là pour moi, je ne veux plus de ça. L’amour n’excuse et n’autorise pas tout. »
« Je ne te ferai jamais de mal et tu le sais. J’ai beaucoup de défauts mais pas celui de frapper la femme que j’aime. »
« Tu sais très bien que ce n’était pas ce que je voulais dire. »
« Alors explique-moi ! »

Je sentais la tension monter petit à petit, nous enfermer dans un restaurant, c’était du suicide. Le serveur se pointa à ce moment-là avec ses cartes et Travis le remercia alors que je me forçai à baisser la tête en signe de soumission pour ne pas finir en pièces et ce même si ma louve voulait garder le dessus.

« J’attends ! »

Il ne m’avait pas lâché du regard un seul instant et je ne pourrais échapper à la torture que je redoutais tant.

« Je ne veux pas que ce soit ton argument suprême pour tout, je ne veux pas que ça t’autorise à me laisser comme tu as pu le faire, sans un mot, que ça t’autorise à aller voir ailleurs et toutes ces choses qui font que je pourrais devenir violente. Je vais te le répéter même si tu l’as déjà entendu plusieurs fois, je n’ai pas fait ça volontairement, je n’ai pas fait ça pour m’amuser ou pour tester l’interdit, je l’ai fait sous l’influence de la Lune. J’ai toujours été extrêmement comblée avec toi, à tous les niveaux mais je sais aussi que notre cas est particulier. J’ai quitté mon fiancé pour toi, tu dois te dire que si je l’ai fait une fois, rien ne m’empêchera de recommencer. Sauf qu’entre toi et Ruben, il y a toujours eu un monde et que je suis vraiment amoureuse de toi. Je suis prête à tout pour que tu me gardes près de toi mais pas prête pour d’autres humiliations. »

Je ne parlais jamais autant, parce qu’on ne m’en avait jamais laissé l’occasion mais mon petit discours sembla faire son bonhomme de chemin puisque sa colère se dégonfla et laissa sa place à un calme qui me fit d’autant plus peur, rien ne transparaissait sur son visage et je me plongeai dans la lecture de la carte, l’estomac noué, pour ne pas avoir à faire face à son immobilisme. N’ayant plus très faim, je me contentai de commander un verre de bourbon et une salade de fruits, pour me montrer polie et l’accompagner. Comme soirée on faisait plus amusant.

« Tu serais prête à me soutenir dans tout ce que je veux entreprendre ? Même si c’est répréhensible ? » finit-il par me chuchoter en se penchant par-dessus la table, attrapant l’une de mes mains glacées pour la porter à ses lèvres
« Bi-… Bien sûr ! » bégayé-je, craignant le pire
« Je veux prendre la place de Connor, tu m’aiderais à faire ça ?! »

Je fronçai immédiatement les sourcils et retirai ma main :

« Est-ce que c’est pour ça que tu m’as ramassé sur mon lieu de travail, que tu m’as fait miroiter un futur meilleur que ce que j’avais avec Ruben, pour te servir de moi ? Dis-moi la vérité ! Est-ce que c’était prémédité ? »
« Non ! J’étais conquis avant de savoir de quoi tu étais capable, je ne voulais pas que tu sois mêlée à ça, j’avais peur que tu sois trop fragile et de ta réaction. »
« Alors pourquoi m’en parler maintenant ? »
« Parce que je veux qu’on partage tout, qu’il n’y ait plus de secrets entre nous qui risqueraient de nous blesser ou pire encore. »
« Pourquoi tu veux la place de Connor ? Je croyais que le relationnel, c’était pas ton truc ?! »
« Ce n’est qu’un camé dont beaucoup aimeraient se débarrasser, moi le premier. C’est quelqu’un de bien mais pas fait pour ce poste, il faut de la poigne et de l’envergure pour être alpha, ce qu’il n’a pas mais je te promets que j’essaierai de ne pas trop l’abîmer, je sais que tu l’apprécies. »
« Travis, tu es conscient que tu pourrais ne pas t’en sortir ? »
« Non, je pense à tout ce qu’on pourrait apporter à la meute. »
« D’accord. »
« D’accord ? »
« Je te soutiendrai dans la limite du possible. »

Autrement dit, je ferai tout ce qui était en mon pouvoir pour lui donner ce qu’il voulait, je lui devais bien ça. Quand le serveur apporta notre commande, Travis lui demanda d’apporter une autre assiette avec un steak saignant et des légumes, il attendit qu’il s’éloigne pour me dire :

« La nuit va être longue, chérie, tu devrais prendre des forces. »

Mes poils se hérissèrent et cette nuit-là, je ne rentrai pas chez moi, pour ça, il aurait fallu que je me souvienne du fait que j’avais un chez moi ou encore de mon prénom.









Dernière édition par Mayra Woodward le Dim 10 Juin - 11:01, édité 4 fois
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Tess E. Littleton
« SERIAL KICKEUSE »





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MessageSujet: Re: Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai   Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai I_icon_minitimeDim 20 Mai - 9:05

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MessageSujet: Re: Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai   Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai I_icon_minitimeDim 20 Mai - 23:04

Rebienvenue en espérant que tu me maltraites pas trop sur cette version bah
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MessageSujet: Re: Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai   Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai I_icon_minitimeLun 21 Mai - 5:43

Merci à tous les deux Very Happy
Dommage Dimitri mais j'ai prévu d'être pire What a Face What a Face What a Face
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MessageSujet: Re: Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai   Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai I_icon_minitimeLun 21 Mai - 10:40

Rebienvenue, ma bien-aimée femelle ! cowcow
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MessageSujet: Re: Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai   Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai I_icon_minitimeLun 21 Mai - 11:33

Merci mon mâle Rolling Eyes oO
Toi aussi j'ai prévu de te mener la vie dure muahahaha héhé
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MessageSujet: Re: Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai   Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai I_icon_minitimeLun 21 Mai - 12:16

Même pas peur, puis j'ai l'habitude, et si tu crois que tu vas mener une vie paisible, tu te berces d'illusions... ne crois pas que tu es la seule à avoir le droit de malmener les autres Razz

D'ailleurs, Dimitri... et si on faisait alliance ? super
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MessageSujet: Re: Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai   Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai I_icon_minitimeLun 21 Mai - 15:23

Bah, j'suis pas contre quelqu'un en moins sur la liste des gens qui veulent ma peau hein What a Face Ca m'évitera de finir en cadavre anonyme dans le Bayou ==>
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MessageSujet: Re: Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai   Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai I_icon_minitimeLun 21 Mai - 17:04

gnnn

Je t'ai pas dit que je t'achèverais après ? Zut, j'ai dû oublier héhé
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MessageSujet: Re: Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai   Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai I_icon_minitimeLun 21 Mai - 17:10

Rewelcome What a Face
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MessageSujet: Re: Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai   Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai I_icon_minitimeLun 21 Mai - 17:28

Nan, nan Travis, ça c'était mon plan, t'as pas le droit de me le voler Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai 878137005

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MessageSujet: Re: Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai   Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai I_icon_minitimeLun 21 Mai - 18:26

Travis > Si j'avais voulu une vie bien rangée, je n'aurais jamais voulu de toi dans ma vie What a Face Nous sommes un couple déjanté mais bien assorti mon chou <3

O_O Tu veux ma mort? VOUS VOULEZ MA MORT?!

desperate


gnnn Ma vengeance sera terrible!!

Coco > Merci beaucoup hug Heureusement que l'alpha est là pour relever le niveau!
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MessageSujet: Re: Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai   Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai I_icon_minitimeLun 21 Mai - 20:21

Mais non pas ta mort, la sienne... rho faut tout t'expliquer Very Happy

Dimitri : j'en ai parlé avant, tant pis pour toi Very Happy
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MessageSujet: Re: Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai   Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai I_icon_minitimeMar 22 Mai - 15:48

Y a intérêt Rolling Eyes En plus c'est moi qui commande, si je disparais qui te donnera des ordres ? XD
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MessageSujet: Re: Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai   Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai I_icon_minitimeMar 22 Mai - 22:04

MDR euh... Connor peut-être ? Very Happy

*La laisse croire qu'elle commande, si ça peut lui faire du bien*
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MessageSujet: Re: Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai   Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai I_icon_minitimeMar 22 Mai - 23:39

Mayra Woodward a écrit:
Travis > Si j'avais voulu une vie bien rangée, je n'aurais jamais voulu de toi dans ma vie What a Face Nous sommes un couple déjanté mais bien assorti mon chou <3

O_O Tu veux ma mort? VOUS VOULEZ MA MORT?!

desperate


gnnn Ma vengeance sera terrible!!

Coco > Merci beaucoup hug Heureusement que l'alpha est là pour relever le niveau!

Vous avez entendu les sales clébards, je relève le niveau Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai 3834864148

Sur ce, j'arrête le flood What a Face
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MessageSujet: Re: Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai   Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai I_icon_minitimeSam 26 Mai - 9:03

OMG What a Face Nan Connor... je t'assure, le seul niveau que tu relèves c'est celui de ta virilité *PAF*

et encore... What a Face desperate
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MessageSujet: Re: Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai   Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai I_icon_minitimeSam 26 Mai - 12:57

Bah si je suis viril. Depuis quand un Ulfric n'est pas viril MmM Et Tess, pourquoi t'es si dur avec moi? Tu veux des câlins? Si c'est ça, suffit de demander oO ---> Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai 418616946
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MessageSujet: Re: Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai   Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai I_icon_minitimeSam 9 Juin - 22:50

Bon je pense avoir terminé ma fiche Smile C'est pas tip top mais j'ai eu du mal à reprendre l'écriture Very Happy
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MessageSujet: Re: Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai   Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai I_icon_minitimeDim 10 Juin - 14:59

Alors ^^ après en avoir discuté, je pense qu'il serait judicieux de vieillir Mayra de quelques années. Une bonne dizaine au moins, ça me semble être un bon compromis. J'explique pourquoi : Mayra a vécu énormément de choses difficiles et sa vie a été très mouvementée depuis sa transformation, en même pas trois ans. Certes, l'amulette peut aider mais elle ne peut pas faire tout en ce qui concerne son contrôle. Il n'y a pas que le besoin de sang, il y a aussi les chaleurs, etc.
En fait, nous te proposons juste de glisser quelque part qu'elle aurait passé un bon bout de temps auprès de son oncle, le temps d'apprendre à maîtriser sa bête au moins en société. Ensuite, le fait qu'il pratique la magie et qu'il l'ait aidée reste tout à fait plausible, et l'idée du talisman est originale. ^^ C'est important pour l'histoire du perso mais ça ne te ferait pas changer grand chose à ta fiche, hormis un âge et l'ajout d'une phrase peut-être ^^
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MessageSujet: Re: Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai   Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai I_icon_minitimeDim 10 Juin - 17:14

Mouais j'en sais rien ,je vais en discuter avec Travis, si ça ne lui convient pas, je partirai Wink
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Léo A. Jones
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MessageSujet: Re: Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai   Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai I_icon_minitimeSam 16 Juin - 22:44

Alors, qu'en est-il ?
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MessageSujet: Re: Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai   Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai I_icon_minitimeDim 17 Juin - 10:05

Navrée du temps que ça prend mais nous avons toutes deux étaient pas mal débordées mais en ce qui me concerne, je pars. Bonne continuation à vous Wink
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MessageSujet: Re: Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai   Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai I_icon_minitimeDim 17 Juin - 17:40

Merci de ta réponse, j'archive donc **
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MessageSujet: Re: Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai   Bright is the moon high in starlight ¤ M. Woodward + Délai I_icon_minitime

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