Vous souvenez vous de la première fois où un homme à violer votre intimité ? Quand je dis cela, je ne parle pas forcément d’abus physique et de violence, quoique cette dernière est évidemment toujours présente… Ce sont parfois des choses benignes. Chaque femme a un jour été la victime. Un regard trop appuyé, un coup d’œil indiscret, un sifflement dans votre dos, un secret dévoilé…
Pour ma part, je m’en souviens.

Bien que de nationalité russe je n’ai passé que les deux premières années de ma vie dans ce pays. Ma mère, ou plutôt mes mères, voyageaient beaucoup. J’étais en effet la fille d’un couple homosexuel. Ce fut d’ailleurs dur à vivre, au début, mais à présent j’en suis fière. C’est sans aucun doute cette particularité qui m’a offert cette ouverture d’esprit, ce point de vue sur la vie différent des autres gens nés de couples normaux, qui n’ont jamais rencontré aucune difficulté pour exister. Mais revenon-en aux faits. Comme je vous l’ai dit je n’ai pas vraiment connu la Russie, en réalité j’ai grandi en Angleterre, le pays où l’une de mes mères avait vu le jour. Alice, ma mère anglaise, avait rencontré Elena, ma mère russe à l’époque ou elle était déjà enceinte de moi. Elle avait en effet quitté son mari pour partir avec Elena. Je n’ai ainsi jamais connu mon père mais je n’en éprouve aucun traumatisme, même si dès fois, j’aimerais savoir ce qui la poussé à faire une telle chose... Donc, une fois en Angleterre, mes deux petites mamans fières de leurs affaires achetèrent une grande maison où elles pourraient me voir grandir en paix et en harmonie avec le monde extérieur. Leur souhait fut réalisé.
Bon, pour le moment je vous l’accorde, toute cette histoire n’est pas bien passionnante. Mais attendez, la suite promet davantage de surprises.
Mes parents n’étaient pas souvent à la maison, elles étaient des femmes d’affaires et travaillaient dans le domaine de l’art. Elles passaient leur vie à voler de musé en musé pour exposer des œuvres d’artistes contemporains, pour « faire évoluer la société » car « il ne fallait pas que les enfants grandissent dans un monde où l’art n’existerait pas ». Moi, je passais donc tout mon temps avec ma nounou, dont je ne me rappelle même plus du nom car je l’appelais toujours tata. J’étais une fillette turbulente, à cette époque. Turbulente voir dangereuse pour moi-même tant j’avais un don pour créer autour de moi un maelstrom de catastrophes.
Etant petite, le fait que mes mères s’aiment me paraissait normal, tout à fait naturel. Et vu qu’elles ne m’emmenaient jamais à l’école, car elles souhaitaient que je reçoive une éducation directement à la maison, je n’avais jamais droit aux questions que n’importe quel enfant aurait put me poser, en temps normal : il est où ton papa ? Pourquoi ta maman tient la main d’une autre femme ? Pourquoi t’as deux mamans ?...
Ce n’est qu’en grandissant, quand j’atteignis les 13-14 ans, que ces choses arrivèrent et bousculèrent en profondeur mon petit monde si bien arrangé. Je compris que leur amour n’avait rien d’habituel, de « normal » du point de vue des autres personnes qui m’entouraient. Je leur en voulus de m’obliger à porter ce fardeau, cette différence. Car vous voyez, de nos jours chaque personne est bien sur hétéro « par défaut » et lorsqu’on voyait mes mères main dans la main il s’ensuivait des heures d’explications et je me retrouvais à déballer la moitié de ma vie à des inconnus sous prétexte que mes parents étaient homosexuelles. C’est à partir de cette période que j’ai décidé de partir. Mes mères prirent cela pour une fuite, la honte d’avoir une famille différente, hors norme. Mais cela était tout autre puisqu’après tout j’étais moi-même bisexuelle. Dans ma tête, cela relevait plus de la survie. Je devais partir pour ne plus avoir à assumer tout cela, pour pouvoir assumer ma propre différence sans être étouffée par celles de mes mères. Mais bien sur je ne partis pas de la maison à 14 ans, hin, et il se passa de nombreuses choses entre temps qui précipitèrent ma décision.
Par exemple, la fois où je découvris qu’un garçon en qui j’avais toute ma confiance avait installé une caméra cachée dans ma chambre, un jour, pour s’amuser. Il m’aimait voyez vous, et l’amour rend aveugle et fou. Il voulait savoir si j’avais quelqu’un dans ma vie, et il se trouva que oui, j’avais quelqu’un. Et durant trois longs mois il fut au courant d’absolument tout. J’eus très mal lorsque je le découvris, cela va de soit. Je me souviens que je l’observais avec une lueur de folie, de colère, d’incompréhension. Trahie, c’était le mot juste. Et que dire de toutes les choses qu’il avait surpris, que j’avais faites, que j’avais dites. Je ne sortis plus de chez moi durant presque quatre mois. Ma famille ne fut jamais au courant. Elles mirent cela sur le compte d’une grosse déception amoureuse. Le garçon lui ne revint plus jamais me voir, et de toute manière il avait sans doute compris que s’il revenait, je ferais des portes jarretelles avec ses tripes. Je trouvais ça tout d’un coup très esthétique, pas vous ?
Mes dons de nécromanciennes apparurent lorsque j’atteignis les 16 ans, environ, même si quand j’y réfléchis, il me semble que j’avais déjà étant plus jeune réanimé un corbeau, puis une souris, sans m’en apercevoir. Cela aussi, personne ne fut au courant à part moi. Je cachais cette étrange attirance que j’avais pour les cimetières derrière un masque dé dégoût. J’avais peur des tombes sous lesquelles reposaient les personnes décédées, le silence me paraissait dangereux car je savais que rien dans ces endroits morbides n’était mort pour de bon… J’étais bien sur au courant de ce que tout cela signifiait. Car les créatures surnaturelles s’étaient révélées au grand jour depuis déjà quatre ans et nous vivions avec du mieux que nous le pouvions. Ainsi donc j’étais nécromancienne et j’en avais pleinement conscience, mais j’ignorais encore l’étendue de mes pouvoirs et tout ce à quoi ils pouvaient me servir. C’est une vampire qui découvrit mon don, j’ignore comment elle s’y prit. Mais un jour elle et moi nous nous rencontrâmes. Elle m’expliqua de nombreuses choses et mis au clair des centaines de questions. Elle m’offrit l’opportunité de m’épanouir, de me découvrir, de dompter ce don du ciel, ce don inné que j’avais pour la réanimation. Et si j’acceptais malgré ma terreur, ce fut uniquement pour Elle. Pour son bon plaisir, je consentis à devenir son nouveau jouet. Elle m’attirait et s’amusait de ce désir qu’elle faisait naître en moi.
Un soir je dis adieux à ma famille. Je ne m’attarderais pas sur ce moment, c’est totalement inutile. Je partis simplement avec ma déesse vampirique sur le chemin de la gloire. Jamais pourtant elle ne but mon sang et dès fois je me demande si elle éprouvait pour moi un quelconque sentiment d’amour ou d’affection, malgré toute l’affection qu’elle me portait, j’étais juste… un outil. Cela me suffisait, je n’en demandais pas plus. Admirer sa beauté était déjà pour moi un cadeau, c’était la toute première vampire que je voyais, que je pouvais sentir, humer, caresser…
Je grandis sous sa protection, je découvris ainsi toute l’étendue du monde surnaturel auquel, en dépit de ma réticence, j’appartenais aussi. Ce fut avec elle que je réanimais mes premiers morts, et peu à peu je pris en assurance et en aisance. Mon dégoût s’évapora et je commençais à songer à en faire mon futur métier, puisqu’après tout je l’avais dans les veines. C’est très étrange car j’étais toujours persuadée que ma « maitresse » vampire n’accepterait jamais de me laisser partir, la quitter pour vivre ma propre vie, une fois devenue majeure et responsable de mes actes. Mais elle l’accepta sans problème, avec un léger sourire aux lèvres… Une nouvelle fois je quittais la « famille » qui m’avait fait grandir. J’avais eu à chaque fois l’impression de m’arracher une part de mon propre cœur, mais également l’étrange sentiment que cette « scarification » était nécessaire…
Comme une espèce de vengeance, je me mis à faire des films amateurs. Cela devint vite une de mes principales passions. J’écrivais parfois un ou deux articles. Je finis par dégoter un job en tant que réanimatrice. Premièrement en temps que stagiaire, puis assistante et enfin réanimatrice à temps plein, c’est à dire 5 nuits complètes par semaine et parfois même le samedi et dimanche. Un boulot crevant qui me fit adopter un mode de vie très étrange, dormir le jour et courir dans tous les sens la nuit. Je fus virée par mon patron suite à un malencontreux malentendu et j’atterris à Saint Louis, dans l’entreprise Réanimateur Inc. Je vis ici depuis environ un an. Je dois dire que l’endroit me plait assez, c’est en effet un repère de zombies aux crocs aiguisés, tous plus charmants les uns que les autres….

Sinnah A. McLoyd a écrit:

mais Kate est à tomber elle aussi

Citation :

Le garçon lui ne revint plus jamais me voir, et de toute manière il avait sans doute compris que s’il revenait, je ferais des portes jarretelles avec ses tripes. Je trouvais ça tout d’un coup très esthétique, pas vous ?

tu as attrapé le dernier train pour l'enfer !

Welcome ! Une nouvelle tripoteuse de cadavres, la classe ! *BAF*

Amuses-toi bien !

Sinnah A. McLoyd a écrit:

oh merci pour cette validation ultra rapide :<3:
en fait j'ai mes raisons pour que la vampire n'est pas fait de Sin sa pomme de sang et toussa, mais je dois encore y réfléchir, je vais peut-être la mettre en pc