Bras croisés, il hausse un sourcil en vous fixant comme si vous étiez … un chose.
De loin, sa silhouette et sa démarche s'avèrent imposante, non pas à cause de sa carrure, quoi que, un ancien gladiateur et, de surcroît, un maître d'arme se doit d'avoir une force adéquate, mais par sa lenteur. Calme, quand il marche, quand il vous regarde, quand il se déplace, toute la théâtralité de ses gestes amplifieront une sorte de lenteur, une lenteur royale qui dit clairement : ''Si vous m'emmerdez, vous dégagez''. On le compare souvent à une sorte de statue, à une gargouille ou à une falaise assaillie par des millénaires de vagues : Césius semble inébranlable, et il l'est, mais surtout son ombre intimide. Oui, car son ombre est grande, on personnifie souvent l'aigle, ou la hibou nocturne, qui étire ses ailes et répand les ténèbres sur une grande zone rien qu'en déployant ses membres -et ne voyez pas là de sous entendu graveleux, merci- et si son ombre est grande, sa taille l'est aussi. Grand, carré, doté d'une démarche de statue mobile, cela vous convient-il ?
Son visage quant à lui possède des traits similaires, des traits forts et durs, que ce soit dans son ossature ou dans ses expressions, mais on peut le dire, on doit même l'avouer, la froideur n'est pas en lui. Non, une pierre chauffée par le Soleil méditerranée et rendue aride par ces vents violents, parfois froid certes, mais souvent chaud et sec, constitue son visage, et si sa peau est aussi blanche que le calcaire, rien en lui ne laisse transparaitre à une porosité. Au contraire, bien au contraire, la dureté de la pierre, le tranchant de l'acier, de l'acier fondu et frappé par les forgerons. En le regardant, on entendrait presque l'écho du fracas entre le marteau et l'épée, éclat métallique qui rythmerait ses pas.
• ET MORALEMENT ? ;
Moralement parlant, comment dire en des termes courtois mais simples ? Il vous emmerde profondément, vous et vos abruties de questions. Ça vous convient ?
En clair, Césius est quelqu'un de direct, affreusement direct, quand il dit quelque chose, il le pense, et, fort heureusement, il ne parle pas tant que ça. Il juge la parole inutile, jugeant qu'écouter et deviner ce que pense une personne rien qu'en analysant son comportement suffit, et avec l'âge il y arrive … à peu près. Et, il est las de parler, un peu. Cependant, n'aller pas croire que ce cher vampire est introverti, s'il n'affectionne pas les sorties ''moderne'' (jamais vous ne le verrez dans un bar, pas exemple), il aime avoir une compagnie. Dans la même optique, n'imaginez pas Césius comme quelqu'un de désagréable. Oh que oui il peut se montrer détestable, colérique, vous rabaissez -car entre nous, vous lui êtes grandement inférieur-, méprisant aussi, mais son côté bon vivant, pédagogue et, oui, sympathique tout de même font de lui quelqu'un avec qui on aime être, s'il vous aime bien.
Mais, le monde n'est pas fait que d'amitié et d'amour, il y a aussi le travail et son antagonisme, la création. Pour Césius, le travail nuit à la création, il est artiste et n'aime pas le travail, esthète dans l'âme, tout comme mécène, le vingt-et-unième siècle lui a offert les joies d'Internet et du partage. Il peut passer des heures à vagabonder sur des photos de toiles qu'il a vu dans le passé, écouter toute genre de musique, chercher des perles cinématographiques etc. Paradoxalement, s'il juge le travail comme une barrière à la création, il a décrété utile, voire indispensable, la nécessité de limites, de consignes, de gardes-fou pour créer. Ainsi, si lui même ne se nomme pas artiste, il aime parfois créer, et pour créer il lui faut des limites que lui impose un travail, celui de maître d'arme. Extrêmement organisé, méticuleux et perfectionniste, son enseignement déteint parfois sur lui et lui donne une certaine rigidité, un manque de flexibilité, non pas dans ses pensées et ses idées, mais plutôt dans ses actions. Ce point est très étrange, Césius est quelqu'un qui se retient, qui n'ose pas, non pas par timidité, mais parce que.
D'un côté calme et intransigeant dans son travail, une fois la folie lâchée, le vampire, bien que toujours bridé par le point précédent, sera quelqu'un de très excessif, ne jurant que par le trop plutôt que le pas assez. Mais, prenez garde, s'il a une mine sombre et un visage fermé, cela ne signifie pas qu'il ne s'amuse pas.
La raison qui fait que Césius cherche à être control freak réside dans la peur. Car dans le fond, il a peur, il craint, de perdre le contrôle de lui-même. Son passé pouvant le rattraper à tout moment, le hanter, des idées noires peuvent venir obscurcir sa journée, le vieil homme est parfois victime de nostalgie, regrettant l'ancien temps, et, aussi, il en a marre, est fatigué de sa vie et souhaite en finir au plus vite. Il a tout vu, plus rien ne le surprend, plus rien ne le fait sourire, son étincelle s'est éteinte et si en temps normal il cherche à la raviver, ou à en trouver une autre, de plus en plus souvent, avec les années, il se demande si, lui aussi, il ne ferait pas mieux de s'éteindre. Cependant, toujours, la vue du sang l'attise, lui plait. Les carnages d'antan lui manque, mais, voir une jugulaire tranchée lui plaira toujours autant. Vous savez, Césius aime ensanglanter le pelage immaculé des brebis, et non celui de celle qui s'est égarée, non. Un troupeau de mouton va toujours à la vitesse du plus lent, alors en tuant le plus lent, le berger ira plus vite... Donc, se délecter de la chair du bestiaux le plus rapide, le plus futé est pour lui … délectable, et s'il tâche les autres animaux et choque le pauvre humain gardien, son sourire ne sera que plus pétillant.
• HABITUDES DIURNES ; Il … tricote ? S'il ne dort pas, Césius profite de sa capacité à veiller en pleine journée pour faire quelques tâches lui demandant le moins d'énergie, comme flemmarder devant un film ou un livre.
• HABITUDES NOCTURNES ; La nuit, c'est une autre affaire. Déjà, il a ses cours à donner, de nombreux cours pour apprendre à soigneusement éviter la folie scientifique humaine. Et puis, il a ses habitudes, ses réservoirs de sang à vider, et après, tout dépend.
Sujet: Re: On dit que la vie ne tient qu'à un fil... | Césius de Vallane Sam 23 Avr - 20:48
• HISTOIRE ;
Une vie normale est une vie démarrée par une naissance et se terminant par une mort. Césius n'a pas eu une vie normale puisqu'aucun accouchement n'a donné le La de son existence, et son décès continue aujourd'hui en un point d'orgue infini. Sans enfance et sans adolescence, cet homme-là n'a que des souvenirs d'esclavage et de combat en base de vie, de pensée. Il ne jure que par les lames, ne pense que par l'acier, et ne respire que par le sang.
De sable, de sueur et de sang.
Le tonnerre s'abat sur une colline lointaine, sur l'une des sept qui façonne la ville. Son écho semble se fracasser sur ses sœurs de pierre et de terre, le vacarme d'origine inconnu fait lever les yeux au ciel de nombreuses personnes. Serait-ce un signe de Jupiter, ou au contraire de ce Dieu unique qui divise Rome et son empire depuis des mois et des mois ? D'autres encore scrutent l'azur bientôt couvert de nuages noirs en quête d'hirondelles, tentant de deviner un présage ; les augures ne comprennent pas, ils inventent alors et explique que lorsque les hirondelles volent à basse altitude, cela signifie que le foudre du dieu en chef sera bientôt vidé de ses éclairs. La pluie ne tardera donc pas à abreuver la cité séchée, ce mois en l'honneur d'Auguste a été bien trop chaud et trop sec, l'onde céleste ne sera que bénéfique.
Mais le Soleil continue de darder la cité impériale de ses rayons cuisants, brulant la pierre blanche, rongeant la peau des pauvres romains et laissant planer le doute quant à une éventuelle pluie. Au contraire même, le climat en lui même semble faire fuir toute idée de liquide, les bouches n'arrivent plus à s'humidifier, comme remplies de coton, les cigales et les insectes n'osent même plu chanter, et ce de jour comme de nuit, la poussière vole, rendant les ruelles pleine d'un brouillard sec. Et il y a cette électricité dans l'air, cette colère bouillante, ces bulles de rage prêtes à exploser à tout moment. Les femmes crient auprès de leurs enfants, les hommes hurlent entre eux, en viennent aux mains, et même la légion n'arrive pas à se coordonner dans une tension aussi impressionnante. Cependant, quand le tonnerre s'est abattu, tout le monde s'est tu, le silence s'est emparé de la ville en même temps que le grondement la recouvrait. Il y avait tant besoin de cette pluie pour calmer l'ardeur de cette canicule méditerranéenne.
Pourtant, certains ne bronchèrent même pas, surtout celui-là. S'il savait qu'il est l'exception confirmant la règle, peut-être s'en mordrait-il les doigts. Depuis l'aurore, le fouet claque sur le sable sec et sur les peaux humidifiées par la sueur, depuis l'aurore il hurle des ordres, des injonctions impossibles à réaliser, depuis que le Soleil s'est levé il se tient au milieu de l'arène à entrainer ses Gladiateurs, les tuant à la tâche. Il n'entendit pas le grondement car son préféré, comprenez-là celui qu'il déteste le plus mais qui, paradoxalement, lui rapporte le plus, venait d'écraser sa lame contre son bouclier, couvrant le vacarme divin par le fracas de l'acier contre l'acier. A nouveau, le Gladius rencontre le bouclier de cuivre, avec plus de force, encore plus de force ; la rage arrive dans les coups, la colère, la frustration, la haine, jusqu'à ce que tout s'arrête. Un pas en arrière du porteur de bouclier, hurlant alors que la pause de Midi commençait.
Dépité, Cesius jette son glaive par terre, et défait ses gants. Son regard, aussi noir que l'orage s'annonçant pour l'après-midi, assassine le dos du maître d'arme. Il n'aimerait qu'une seule chose : le voir mort, lui qui, comme toujours, pouvait se nourrir convenablement, dormir convenablement, et ainsi en étant moins fort que ses élèves, les écraser à chaque fois. Et puis il avait cette manie de toujours arrêter les entrainements au moment où sa défaite pointait son nez, toujours... Même après la sortie du chef de l'arène, le gladiateur fixe encore cette direction, énervé, il allait l'avoir, un jour, il se le promettait, quitte à perdre toute idée de liberté. Planté au milieu du cirque de sable, les autres hommes autour de lui ne l'observe pourtant pas, passe à côté de lui en évitant de l'ignorer, mais en évitant de le scruter. Son poing est serré et son front plissé, son menton semble même vibrer, la colère est mauvaise chez cet homme, alors on s'écarte et on évite d'être le catalyseur de sa rage.
Soudain, Cesius décide de marcher, mettant fin à son stoïcisme inutile, il se dirige vers le point d'eau de l'arène, un vulgaire tonneau rempli d'un litre ou deaux de liquide chaque jour, pour une trentaine d'hommes s'entrainant toute la journée, sous le Soleil d'Août. Et, s'ils se battent pour avoir quelques gouttes du précieux nectar, lorsque Cesius arrive vers ce tonneau, le silence se fait. Le vétéran y a droit, lui, tout le monde est d'accord dessus, comme une règle tacite. Dans ce groupe d'humain devenu de la viande divertissante, le survivant n'est pas respecté, on ne se respecte pas devant la mort, il est admiré ; ils n'ont plus d'eau pour se laver depuis des semaines, ils ne boivent que très peu, ils sont tous tombés une fois à cause de la déshydratation ou de la faim, ont tous sombré dans une folie bercée d'hallucinations ou de rage cet été, sauf lui : il est né ici, cet univers est sa vie, ancré dans sa peau jusque dans ses os. Après s'être emparé d'une petite coupelle, en nombre limité et insuffisant pour la troupe, il se rend prêt d'un autre mur, profitant des quelques centimètres d'ombre, et s'affale dans un coin, se délectant de l'eau chaude et souriant en entendant les autres coups de tonnerre.
Délaissant son repos, l'homme marche sur les mannequins de paille et de bois, lentement. Ses épaules, son dos entier, roulent sous les étirements pour balayer les contractions, en avançant il ignore sa douleur, ses plaies trainant sur sa peau, son sang à peine coagulé au niveau de ses côtes flottantes, il ignore le Soleil qui brûle encore plus sa peau, la sécheresse dans sa bouche, ses jambes faiblissant à chaque pas, il ignore jusqu'à sa propre odeur, sa propre crasse. Dans l'abnégation la plus totale, il roue de coups un ballot de paille, enlevant les quelques miettes de derme restant sur ses phalanges, faisant pleuvoir quelques gouttelettes vermeilles sur le sable. Un garde arrive et le menace du haut de sa lance, l'interdisant de dégrader le matériel. Cesius brise la lance du légionnaire et lui donne un coup suffisant pour le faire tomber à la renverse, rajoutant encore quelques traces sanguinolentes sur le parterre du Colisée. Tant pis pour la liberté, cela fait quinze ans qu'il ne l'imagine même plus.
Du caillot carmin dans la clepsydre.
La liberté, il ne l'entr'aperçoit qu'à travers sa petite fenêtre ronde traversée de trois barreaux, chaque nuit. Parfois, la pluie pénètre sa lucarne, trempant sa cellule et le forçant à se blottir dans un coin reculé, inconfortable, mis à part ça Cesius passe ses nuits à regarder à travers ce petit cercle, à espérer vagabonder sur les toits, dans les rues, vivre normalement en somme, et rien ne change. Jusqu'à ce que le sommeil le prenne, rien ne change. Chaque soir, comme une habitude, le gladiateur passe un temps considérable à scruter la lune, à admirer une partie de la voûte céleste, tentant de deviner le nom des constellations, et profiter du calme que lui offre ces instants avant que le Soleil se lève, lumière arrivant toujours trop tôt au vue de son orientation à l'Est. Nostalgique du passé qu'il n'a jamais eu et du futur qu'il n'aura jamais, son visage change toujours, devient méconnaissable lorsqu'il est dans sa cellule, presque doux, presque triste, on ne verrait pas là un combattant, à part avec les traces de sang. Si l'agencement de la petite 'pièce' reste immuable, la lumière, l'humidité et le vacarme différent d'une nuit à l'autre ; Cesius est comme la pièce, il est l'un de ces meubles, qui ne changent pas, son visage reste celui d'un inconnu, aspirant à un souffle de liberté qu'il n'a jamais respiré, qu'il veut découvrir.
Ce soir en particulier, son corps cherche à inspirer un maximum d'air extérieur, tentant de desceller des senteurs inconnues jusqu'alors, comme celle de la pétale de rose écrasée et mouillée par la pluie, ou la poussière sèche se mêlant au sel des morues échouées sur les places, oubliés par les pêcheurs venant de s'époumonant et n'attendant plus que l'heure passe pour vider autre chose que leurs poumons. Ce soir, tout change. Cesius n'a pas peur, l'inconnu l'effraie, ses faiblesses l'effraient, mais il se sait dépourvu de faiblesses, et l'inconnu n'existe pas. La Mort n'est pas une inconnue, et ce soir elle arrive. Ce soir, il sera exécuté en bonne et du forme. Un ultime combat pour ce gladiateur ayant trop fait couler de sang, ayant consommé trop de gruau et de pain sec, demain, le Soleil ne se lèvera pas pour lui, les rayons de l'astre ne lécheront pas, pour la première fois en une décennie et demie, son corps assoupi sur le sol.
Cette nuit, Cesius devra se battre ; les spectacles nocturnes n'intéressent que les plus fous, sans lumière, on ne voit pas le sang giclé, on voit jusque quelques lames briller, parfois, si la Lune est pleine et que les étoiles brillent de mille feux. Depuis sa présence au Colisée, le gladiateur n'a jamais entendu parlé de combat de nuit. Alors il sait que ce sera son dernier.
Il n'a que son casque, son épée et sa cape, son bouclier et ses jambières de cuir rongé par le temps et la sueur, il n'a que son courage et sa lassitude pour affronter son bourreau. Garde du glaive fermement tenue, pieds ancrés dans l'arène depuis plus d'une heure, il attend. Ses épaules sont toujours douloureuse suite à la brutalité des gardes l'ayant amené là, son égo se réduit en miette en entendant les quolibets de la foule annonçant la mort prochaine du gladiateur. Eux savent ce qu'il va se passer, pas lui. Et pendant une heure, pendant que le sable glisse le long des parois de verre de son sablier vital, la tension monte, le stress l'emplit, l'angoisse et l'anxiété arrivent. Mais il ne tremble pas. Il serre juste les dents et le poing.
Le grincement des grilles se soulevant est capable de faire taire le vent. Le silence est total dans l'arène, et puis il y a ce râle, ce hurlement, ces grognements et ces injures. Il s'agit donc d'un humain, un humain parlant une langue que Cesius ne connait pas, un Barbare peut-être ? De loin il arrive à deviner sa silhouette, quoi que, il est vouté et n'a pas l'air bien grand. D'un coup, il tombe et avance vers le guerrier en rampant, jusqu'à ce qu'enfin il le voit. Après quinze années de rencontres humaines très cosmopolites, Cesius devine d'où viennent ces cheveux d'un noir de jais, bouclés, ce regard aussi sombre que l'éther : la Grèce. Mais, ce qu'il ne comprend pas c'est pourquoi les chaînes le font fumer, et surtout, quelles sont ces dents ? Mi-homme, mi-bête. Comme un Minotaure, serait-ce le vrai, trouvé en Crête ?
Sans s'en rendre compte, la Bête Grecque n'est plus là, en même temps, l'esclave sent une horrible douleur dans l'aine. Serait-ce un coup de sa mâchoire ayant fait ça ? Une simple morsure si puissante, et, surtout, comme a-t-il réussit à aller si vite ? Saisissant plus fermement son arme dans ses mains, Cesius scrute chaque recoin du cirque, mais avec l'obscurité nocturne, il ne trouve rien ; cependant ses oreilles ne le trahissent pas, le halètement se déplace pourtant trop vite, à un moment à sa droite, à un moment à sa gauche. Il n'a toujours pas peur. Il sait qu'il va mourir, maintenant c'est une certitude. L'espoir s'est envolé.
Alors il marche. Lentement, assurément, et avec ce boitement qui le caractérise désormais. Il s'en fout, de tout, de la vie qu'il n'a pas eu, des multiples vies qu'il aurait pu avoir, de la saveur d'une baignade, de la forêt, de la prairie, d'une main dans les champs, d'une fleur qu'on arrache au sol, il n'a rien eu et n'aura rien. Nonchalamment, il enlève son casque et le jette, puis, il défait sa cape. Aucune armure le protège pourtant sa marche ne s'arrête pas. Quant à la Chose, sans doute à cause de cette observation, puisque comme il s'agit d'un animal, la nyctalopie lui est propre, elle ne bouge pas.
Trois mètres. Deux mètres. Un mètre.
A la lueur de la Lune, la lame brille, mais Cesius sait que la lumière céleste ne croisera aucune ombre, aucune chair ; un bouclier l'aurait blessé face à la Bête, une armure l'aurait compressé, seule son glaive, son fidèle glaive, ne peut le tuer. Un coup provenant de derrière lui le fait tomber. Un grognement résonne, puis la foule hurle et gémit. La peur fait frisonner les gradins du Colisée. Après un autre cri, plus humain celui-ci, le rideau des ténèbres s'abat définitivement.
Un ordre est donné. Le libérer, lui. Briser les chaînes avec le glaive. Cesius ne sait même plus s'il est mort ou vivant, à vrai dire il ne sent plus son corps, vidé de sang, roué de coups. Sans comprendre pourquoi, il s'exécute, peut-être cette promesse de liberté en échange. Son glaive, qui ne l'avait jamais trahi, libère la bête de plus belle. Un autre cri résonne dans les cellules du Colisée. Plus jamais le Soleil ne se lèvera car sa première défaite lui apporta la liberté tant convoitée.
Du Tibre et des étoiles.
Une petite brise s'amuse des nuages, des feuilles et de l'herbe. Elle est douce, délicate, de ses doigts fins elle pousse les petits cumulus de pluie présents dans la voute céleste, obstruant le regard de la Lune sur sa grande sœur ; les étoiles brillent et jouent à cache-cache avec les émissaires de précipitations, l'éther, aussi noir qu'à l'accoutumée, semble pourtant promettre une nuit plus douce et une aurore sans rosée. Les feuilles des arbres dansent sous le joug d'Eole, le vert de la chlorophylle, d'un jade tendre, repousse le souvenir du givre, du froid, de l'hiver rude ; le chiendent commence à sourire aux perces-neige fatigués et loin de leur ancienne mission : annoncer le Printemps, puisque désormais il est bien présent. Perséphone a enfin rejoint Déméter et les fleurs témoignent de cette retrouvailles en s'ouvrant chaque matin.
Sur cette pelouse sauvage se tient pourtant un homme, allongé, écrasant des fleurs. Cela ne lui ressemblent pas, se disent le marronnier qui l'observe, car ces dernières semaines il s'exclamait en voyant les bourgeons devenir feuilles, cet homme là admirait le spectacle de la Nature renaissant de ses cendres froides qu'est l'hiver. Il est allongé, et nu, repu de sa soif toute humaine de bestialité, ses muscles se reposent, fatigués par l'effort, sa jambe se plie et bouscule la terre humide, heurtant au passage quelques brins d'herbes et blasphémant de plus belle le mythe. Régulièrement, lentement, son ventre se gonfle et se vide, aucun soupir las ne vient ébrouer sa stature, aucun bâillement ne s'amuse à trahir ses côtes, seuls ses orbites se déplacent sur un parchemin, lisant. Oui, Cesius le Gladiateur lit, du grec, une pièce de théâtre racontant que les femmes, épuisées des guerres menées par leurs époux, préparent une grève du sexe. Si la comédie ne le fait pas rire, le sourire orne ses lèvres : à la fois amusé par l'idée, Cesius se rend compte de la bêtise des pauvres femmes grecques, leurs hommes s'amusaient souvent avec leurs éphèbes, c'était un devoir de tout leur enseigner.
Ce point là, Cesius le sait à merveille, depuis que son statut de gladiateur s'est effacé suite à sa métamorphose, il possède celui d'éphèbe, et le vampire qui lui a offert la liberté est devenu son grammairien par la force des choses. En effet, ce dernier étant un grec de l'Âge d'Or d'Athènes, c'était comme un besoin d'avoir un élève rien qu'à lui, un éphèbe auquel il enseignerait tout ce qu'il savait ; mais, étant aristocrate de nature, ce cher Mykos ne pouvait non plus prendre le dernier des imbéciles, il cherchait quelqu'un qui avait une certaine valeur, quelqu'un qui lui plairait, une sorte de coup de foudre, à sa manière. Ainsi, en quelques mois seulement, Cesius fut instruit, il apprit à lire et écrire le latin, un peu le grec aussi, découvrit les joies de la philosophie, de l'art etc. Sa soif de connaissances s'avérait aussi étanchable que sa soif de liberté, autrement dit en plusieurs années elle ne saura point assouvie.
Le vent se calme, jusqu'à tomber. Au loin, le murmure du Tibre berce légèrement le vampire, ses yeux se perdent dans l'immensité étoilée. Il n'a pas sommeil, ni faim, seule l'envie de se perdre dans l'inaction s'est emparée de lui, pour une fois. Se prélasser dans l'herbe, jouir des bienfaits des corps, s'amuser un peu, se divertir et chasser, un peu, voilà de quoi il a envie ce soir. Mais, si cela ne lui est pas interdit, car rien ne le lui est, Mykos lui demande de s'entrainer à nouveau, avec lui, parce que même un vampire de 700 ans peut se faire avoir, il préfère s'assurer que le Gladiateur ne devienne pas une chiffe molle. Et, pour l'instant, Cesius n'en a pas envie, bien qu'il ne le fasse pourtant pas à contre-cœur. Les premiers mois, son Maître lui avait accordé le droit du repos, mais là, le temps de la ré-éducation commençait. Sur les rives du Tibre ils allaient s'entrainer.
Toutefois, Cesius a remarqué depuis quelques jours, depuis que les efforts belliqueux ont repris, que Mykos a changé ; de nature impulsive et colérique, il criait souvent sur son éphèbe, comme ça, mais s'excusait souvent. Mais là, depuis que les échanges de lames ont commencé, enfin, exactement depuis le combat d'il y a deux semaines, son regard s'est assombri : Cesius possède un don, bien que faible pour l'instant, et son supérieur n'en possède pas. Déjà que l'ancien guerrier possède des qualités de combattant que Mykos ne soupçonnait même pas, et qui l'impressionnait, l'arrivée de ce pouvoir ne fit que combler de plus bel le fossé, pourtant énorme, de pouvoir les séparant.
Le Tibre continue de lécher inlassablement la terre romaine, rien ne le trouble, même pas ces cris au loin, ce berger et cette bergère qui vont servir de repas. Le Tibre ne bougera jamais.
Au fond, une telle vie est agréable, même malgré quelques réprimandes et un maître frustré de ne pas avoir la possibilité d'assoir sa position de supérieur.
Du lin immaculé.
Il sourit, de ce sourire sadique qu'il a développé au fil des années. Ses doigts craquent, sa langue glisse le long de ses lèvres, ses dents brillent à la lueur de l'énorme feu en face de lui. Cesius observe la petite troupe d'esclaves au repos, caché derrière quelques tonneaux pleins, un cadavre de scarabée à ses pieds, ils sont sept, sept ouvriers dépourvus de paye, ils mangent un maigre repas dans une sorte de coupelle en grès. L'un d'entre eux, rompu de fatigue, décide d'aller se baigner dans le Nil pour enlever toute la poussière et la sueur de la journée. Il ne reviendra pas.
L'ancien gladiateur le suit discrètement, le voit enlever son espèce de pagne rapiécé et jauni par le sable et la crasse, il le voit oindre sa nuque, son dos sec, il voit la rivière couler le long de son corps musclé par l'effort et sculpté par l'harassement et le manque de nourriture. Discrètement, à l'instar de ces félins des savanes, le vampire s'avance, lui aussi n'a que peu de vêtement, une sorte de pagne, plus propre, plus classieux, et une drôle d'écharpe en main. En le voyant, l'esclave devine qu'il s'agit là aussi d'un de ses partenaires, venu se laver et refroidir son corps après une dure journée, il ne s'imagine même pas que ne pouvant donner la liberté à toutes ces hommes et ces femmes, Cesius en choisit un, ou deux, et leur donne une mort libératrice. D'un signe de tête il marque une sorte de respect, il s'approche de lui comme s'il était un ami, un allié dans cette douleur quotidienne, ses pieds rencontrent le Nil qui les lèche goulument. L'homme blanc regarde l'homme noir et sourit. Cesius avance dans l'onde, l'eau lui arrive à peine au dessus des genoux, une sangsue se colle à sa peau, intérieurement il rit. Son étole est plongée dans l'eau, d'un signe de menton l'ancien Romain ordonne à l'égyptien de se retourner. Ses mains froides frottent le dos de l'esclave avec le lin mouillé, délicatement ; au moment où il soupire de satisfaction, de plaisir presque, l'écharpe se glisse autour de son cou, l'étouffant. Puis, comme un serpent manipulé par une flûte lointaine, les deux extrémités du tissu se logent dans sa bouche dans l'unique but de l'empêcher d'hurler.
Les mains noires essaient de déloger le lin de son cou ou de sa bouche, sans succès. Mais il n'étouffe plus, le tissu ne l'écrase plus, jusqu'à ce que les pas du romain quittent le Nil. Là, étrangement, comme un fait divin, de cette religion qui n'existe plus mais qu'on écoute parfois encore un peu, comme pour se bercer et rêver de ce temps, le tissu force et l'esclave est obligé de le suivre. Ses mains continuent de chercher à déloger ce serpent de toile de son cou, son regard est paniqué, on entend quelques gémissements mais le concert des criquets et du fleuve couvre les supplications du pauvre homme. Au départ, il n'arrive point à suivre la cadence imposée par son licou, trébuchant souvent, trainé par cette main invisible, mais à chaque fois le tissu semble le relever, pour ne pas salir l'homme, pour ne pas le blesser. La marche dure une bonne demie-heure avec la Lune en croissant comme unique témoin. Pendant ce temps, la peur du petit homme croît en lui, à l'instar des roseaux qui se montrent de plus en plus grand à mesure que le chemin s'avance. Ses yeux jaunes, injectés de sang à cause des multiples conjonctivites, de la poussière du désert et de la fatigue, scrutent chaque recoin, cherchant une autre personne, un autre souffle, qui viendrait l'aider. Il cherche aussi un objet métallique, contondant, quelque part, pour couper sa laisse. Il observe le dos du Blanc, du Romain, de cet homme froid qui s'est présenté comme ami. Il ne voit que son dos, le roulement de ses muscles, sa démarche cadencée, ses bras au va-et-vient mécanique et dégageant une force plus intimidante que celle des contre-maîtres. Il se demande de qui il s'agit, ou plutôt de quoi ? Car depuis que le lin rêche se trouve autour de son cou, jamais il ne s'est retourné, jamais.
Sur la berge du Nil, trois crocodiles dorment. En face d'eux, un homme les observe avec un sourire malsain, comme s'il se posait des questions sur ces créatures à sang froid, à ces êtres qui doivent aspirer la chaleur du Soleil et qui, contrairement aux vampires, ne peuvent mordre que rarement. Mykos les trouve ridicule, et d'un coup de pied bien placé, les renvoie un à un de l'autre côté du fleuve. Son regard se tourne alors sur son infant, son élève, son ami et son amant, et aussi cet être qu'il déteste pour ce qu'il fait, qu'il déteste sans le vouloir, pour ce don qu'il a ; il l'observe, puis observe l'homme derrière lui. D'un geste il ordonne à Cesius de relâcher l'emprise sur l'esclave, le tissu tombe sur le sol, encore vierge de toute trace écarlate. Depuis des années maintenant le gladiateur a pour ordre de ramener à chaque crépuscule un homme, une femme ou plusieurs, à l'aide d'une toile de lin, immaculée. Contenir sa morsure est facile, ne pas rompre les cervicales ou étouffer une personne en chemin est plus dur. Comme toujours son élève a réussi, il le félicitera à sa manière, en partageant un peu de cet humain et, qui sait, suivra ses pulsions.
De la nuit éternelle.
Une maison, une toute petite maison, en bois, presque une cabane, et un fjord. Un lac placide dépourvu de ride qui reflète depuis trop longtemps le regard du ciel de la nuit, depuis trop d'heures, comme si ce n'était pas normal. Mais, le fjord a l'habitude, l'hiver, ici, les nuits remplissent le jour et le jour n'existe plus, le Soleil ne se montre même pas, ou que quelques minutes, un passage en coup de vent, rasant l'horizon glacé. Cette petite cabane semble loin de tout, le silence l'entoure, la drape, tout comme la neige et le givre ; seul le fjord à ses côtés semble prouver que la température n'est pas si froide que ça. Le linceul de glace recouvre pourtant chaque arbre dégarni, chaque caillou, sauf cette simili-hutte où une cheminée fume et semble vouloir assombrir la nuit. Il n'y a aucune lumière exceptée les flammes de cette minuscule demeure, à travers les fenêtres on peut voir qu'elles dansent avec joie, que l'âtre n'est pas proportionné à la bâtisse, étant énorme, chauffant l'intégralité de la maisonnée avec deux ou trois bûches gargantuesques. Dans la pièce adjacente, un sauna sans fenêtre, dessus quelques humains rient, pleurent, hurlent et gémissent de plaisir ; les deux vampires s'amusent de leurs pantins, de ces nuits qui durent suffisamment longtemps pour amplifier le plaisir. La torture se mêle au plaisir de la chair, tandis qu'un être atteint le septième ciel, un second voit son visage écrasé sur les charbons ardents de la pièce à vapeur. Ils sont nombreux pour deux vampires, mais à chaque heure, comme un rituel, un tombe et ne se relève pas. Mykos n'est pourtant pas de bonne humeur dans cette orgie, dans ce carnage en bonne et due forme, son apprenti n'est pas aussi bestial, aussi violent, qu'il le désirerait. Il aime le sang, la barbarie, mais Cesius n'a pas cette étincelle presque animal durant la traque, il n'a pas le frisson de la chasse, cela semble être un jeu duquel il peut se détacher à tout moment, et pendant que le sang coule dans ses veines, ce n'est pas le festin, ni la panacée, il s'agit juste d'un repas plus ou moins animal. Mais, il est presque trop propre, trop humain. Alors, en vidant cette scandinave de tout son sang en laissant chacun de ses pores, chacun de ses nerfs, se délecter du liquide écarlate, son esprit est presque ailleurs, il cherche juste comment faire pour terminer la métamorphose de Cesius. La bestialité reprend le dessus, aussi farouche qu'un tigre, il déchiquète le corps de la blonde.
Cesius regarde son maître les yeux ébahis, il sait qu'il lui manque comme un bout d'âme, une partie de lui même, de sa personnalité vampire, et il en est frustré ; quand il tue, quand il abat, il a le même plaisir que lors de son humanité, une joie vicieuse, mais le vampire ne possède pas ce brin de folie propre à chaque individu de sa race, c'est une machine à tuer, trop froide, trop distante de la chair. Bien entendu à chaque fois ses méninges cherchent à combler ce trou, mais le déclic n'est pas encore arrivé, Mykos dit qu'il faut voyager mais Cesius se sent coupable, et est frustré de ne pas avoir tant de plaisir dans la chasse, dans les carnages. Peu importe, les geysers de sang l'excitent toujours autant, alors d'un coup de lame il tranche une jugulaire et apprécie le spectacle de la panique et de l'effusion vermeille en voyant le pauvre bucheron paniquer de plus bel dans le sauna. Mais il n'a pas de sourire carnassier.
Une interruption. Quelque chose de pas normal. Un fait qui ne devrait pas venir. Perdue dans la Scandinavie profonde, une petite maison s'est faite dévaliser par un duo de vampires, et devant cette même maison, une personne frappe à la porte. Comme ça.
Son teint blafard associé à ses cheveux de jais indique qu'il n'est pas d'ici et, qu'ainsi, il s'agit là d'une sangsue, un troisième convive à cette fête délurée. Mais il ignore les cadavres éviscérés et exsangues, cet homme porte un message, il est messager, émissaire, d'une sinistre nouvelle pour Mykos. Rome est tombée face aux hommes d'Alaric Premier, le symbole même de l'Antiquité n'est qu'un tas de gravas, de cendre et de macchabées.
La fête se termine là. Le grec change de visage, son monde entier, tout ce qu'il a connu, son Histoire, son univers, n'existe plus. S'il a vu des pages se tourner, il n'a jamais imaginé changer de livre et écrire de zéro une nouvelle Histoire. Cesius est lui aussi choqué, mais moins, il n'a pas connu le monde polythéiste, il n'a pas connu Rome en tant que plus puissante des entités, dès sa libération, le monde romain commençait à déléguer ses pouvoirs, à être moins centralisé. Le gladiateur ne peut rien faire pour son maître, il ne peut que l'aider à accepter, à continuer à vivre, façon de parler. En voyant ses épaules se vouter, ses yeux devenir vide, Cesius voit pour la première fois un homme écroulé de l'intérieur, il a peur. À partir de maintenant, c'est un fait indéniable, une suite logique, Mykos ne sourira plus, il sera plus terne, plus morose : sa flamme s'est éteinte, il ne reste plus qu'une étincelle, une faible lueur dans un marais glauque et ténébreux.
Du Faucheur des Caravansérails.
Cela fait vingt jours qu'ils sont partis, chacun de leurs côtés. Il s'est réveillé, un jour, et à ses côté il n'y avait rien, plus personne, un vide étrange et sombre ; Mykos est parti comme ça, sans prévenir, en laissant juste une consigne, un dernier ordre : « Ne me cherche pas. ». Cesius ne savait où aller, n'ayant plus de guide, et ne voulant parcourir l'Europe seul. Ainsi, il décida de suivre ses propres pas, d'entamer son propre entraînement, son propre chemin initiatique, son propre voyage ; depuis la découverte de cette route, il voulait la arpenter, découvrir cette vie de marchandage et, surtout, obtenir plus d'informations quant à sa source, son origine : la Route de la Soie serait son objectif. Cesius venait donc de quitter Byzance pour l'est tandis que, celui lui, Mykos était parti pour l'ouest, il ne pouvait manquer le couronnement de Charlemagne à Aix-la-Chapelle.
Cela fait vingt jours que Cesius suit ce précepte, cet adage : quand le chat n'est pas là, les souris dansent, or sans Mykos, il se considère comme souris dansante, un tango fatal, une valse ensanglantée. Allant toujours plus à l'est, chacune de ses haltes, de plusieurs jours parfois, dans ces caravansérails, ces lieux publics pour faire une halte dans la marche vers l'Orient, les respirations ne se font plus. Ils tuent en grande quantité, pour s'amuser, pour ne plus penser à lui. Oui, il est frustré, et triste, alors il se défoule. Cesius en a besoin, il vient de perdre un être cher, il est comme en deuil.
Il soupire. Dans la cour intérieure de cette halte, il n'y a déjà plus personne, une quantité astronomique de cadavres jonchent le sable du désert et seule la Lune et ses étoiles peuvent observer le triste spectacle. Il est trois heures du matin et Cesius s'ennuie, déjà. Sans savoir quoi faire, il décide de partir. La prochaine halte, plus petite et bien moins cosmopolite, se trouve à une vingtaine de kilomètres ; en plein hiver, avec le Soleil se levant tardivement, il est capable de franchir cette distance à pied, cependant, rendu flemmard par le départ de Mykos, il s'empare d'un cheval et parcourt la distance.
Sa main gantée de cuir heurte l'énorme porte en bois qui ferme l'enceinte de pierre. Peu après, l'œil d'un homme est visible à travers les trois barreaux de la petite ouverture sur la porte ; malgré son teint halé et ses iris charbonneuses, Cesius voit sa peau devenir pâle, livide, et ses yeux s'exorbiter, ses pupilles se dilater. Le gardien du caravansérail a peur. D'un geste brusque, il ferme cette petite fenêtre, le glissement métallique est ferme, pressé, on l'entend hurler malgré l'isolement de la halte, et puis juste après, des cris, un brouhaha synonyme de mouvement, de précipitation, bourdonne à travers cette énorme porte en bois. Le Faucheur arrive, partez. Partez ! Fuyez !
Cesius n'aime pas une chose, qu'on l'enferme, or ils viennent de l'enfermer dehors, là, planté devant la petite muraille de la halte. Aussi, qu'on lui refuse un petit goûter, ou autre chose, a le don de l'irriter, à cette époque bien plus qu'aujourd'hui -quoi que- alors... D'un simple coup de pied il brise le bois et créer une brèche dans la fortification de fortune, de l'abri contre le vent et la fatigue de la traversée et non contre les voleurs. Il voit dans la cour du caravansérail, ressemblant fortement à un cloître géant, la population hétéroclite hurler, se précipiter. Il voit la peur sur leurs visages, surtout quand le fracas du bois et de l'acier a sonné leurs glas, ils essaient de partir, la cloche réveille les derniers assoupis, des chevaux gémissent à la mort. Le renard est entré dans le poulailler, le loup dans la bergerie. Ses crocs brillent, ses mains frétillent et son dos frissonne, un cimeterre est dégainé, en réponse les mâles dominant font de même. Au loin, un chameau blatère et semble vouloir emmener avec lui une femme fuyant la folie de l'homme blafard, avant qu'il ne puisse galoper, le vampire se trouve devant et plante sa lame dans l'un de ses antérieurs, faisant s'écrouler la mère et les deux enfants logés entre ses bosses.
À peine ensanglantée, la lame courbe continue de dessiner des cercles dans l'éther, imposant une sorte de silence brisé par les cris des mâles se précipitant sur une mort certaine, tentant d'éliminer le vampire qui se rit d'eux.
Cesius pourrait se poser des centaines de questions, notamment pourquoi et comment ont-ils peur de lui, alors que généralement, son nettoyage est total. Mais, il s'en fout, il ne cherche pas à savoir, il sourit juste à l'entente des supplications des pauvres humains, ils l'appellent le Faucheur. Son égo gonfle et son estomac aussi, de sang lui. Après tout, il est là, ce soir, à arpenter la route de la soie, juste pour s'amuser, pour se divertir, pour se rappeler qu'on peut avancer tout seul, vers l'Est, vers cette arme qui lui est unique, cette soie justement. Et puis, il doit s'émanciper, se faire un nom, se faire connaître du monde, pour pas qu'on le prenne pour un inconnu, pour qu'on est peur de lui, qu'il intimide rien que par ses faits passés.
Pour parler plus crument, ces années là il se fait un petit CV, un CV spécial aux vampires.
Du Obi assassin.
Le faisceau lumineux se déplace dans la pièce, comme un regard qui observe un à un les meubles. La poussière d'or danse dans le petit rayon lumineux virevolte parfois avec ardeur, parfois semble stagner dans en apesanteur dans la luminosité. Et face à ce spectacle, Cesius sourit ; la lumière, cela combien d'année qu'il ne l'a plus vu ainsi ? Aujourd'hui, il a décidé de se lever plus tôt et de contempler le crépuscule, du moins, de contempler la lumière du coucher de Soleil, de l'intérieur, en étant toujours dans l'ombre. Sa tête s'incline légèrement face à ce spectacle, ses épaules se haussent après un soupir prolongé : la vieillesse est ce qui lui a permis d'être éveillé plus tôt. Cela fait plus de mille deux cents ans qu'il est mort, et la lassitude ne vient toujours pas corrompre son quotidien, au contraire même puisque, encore, il s'émerveille.
Il s'émerveille encore comme un enfant, et s'amuse aussi. A l'entente d'un petit cri d'un mioche dehors, qui s'amuse après avoir mangé et profite des derniers rayons, son sourire change, carnassier, sanguin. Mais, ses crocs ne sortent pas, non, seul son sixième sens se déploie.
Le petit cri de joie se métamorphose en surprise, puis stupeur, et enfin incompréhension. Ils ne savent pas ce qu'il se passe, ils ne comprennent pas, et ne pourront jamais comprendre. Les pauvres... Face au petit garçon, un plus grand homme se tenait, droit, fier, il jouait un peu avec lui, s'amusait de l'enfance qu'il n'avait plus ; si le petit avait terminé son repas, lui le fils de paysan, s'il avait enfin mangé son riz, le plus vieux revenait d'un entraînement plus ou moins militaire, rêvant de ses jours passés au sein de l'armée de cette région, se rappelant de sa jeunesse insouciante. Les deux générations se faisaient face quand soudain quelque chose changea. Le obi du plus vieux, tenant fermement katanas et autres objets dans le tissu, se détache et dé-ceint son pantalon de toile. Le long ruban d'un noir délavé vole face entre les deux hommes effarés ; ils s'exclament et crient à une magie dangereuse, une magie noire, un dragon habitant ce tissu. Le vétéran a vu des morts, par dizaine, il a vu du sang, des trahisons, il a tout vu selon lui, sauf sa propre ceinture voler face à lui. Lentement, comme si ce Obi tâte le terrain, l'éther, il avance, cherche quelque chose. Puis, lorsqu'il trouve son ancien propriétaire paralysé de terreur, il l'étreint. D'abord à la cheville, qu'il serre fortement jusqu'à faire tirer un cri de douleur à l'ancien soldat, puis, d'un coup sec, fait tomber le vieil homme. Délicatement, presque sensuellement, le tissu se défait de son articulation et monte jusqu'au cou de l'homme. Son arme est loin, il la cherche d'un mouvement de la main, l'enfant comprend et, au moment où le crâne de l'aïeul se fracasse sur le sol, il va chercher la lame qu'il dégaine. Mais, il n'arrive pas à frapper le obi, esquivant tout ses coups, comme s'il devine où le katana tranchera, comme s'il anticipe ses mouvements. Tout autour, la foule attirée par les cris et la chute de l'homme, est tétanisée. Alors, quand il commence à sombrer dans l'inconscience suite au manque de dioxygène dans son sang, les femmes ferment leurs bouches et cela s'arrête là.
Son cœur cesse enfin de battre. Cesius sourit, mais il ne va pas s'arrêter là, son prisonnier ne s'est pas encore reveillé malgré les cris dans la rue, il faut continuer.
En sursaut, le obi se dirige vers l'enfant et se serre autour de son cou ; tout comme pour l'ainé, ses doigts n'arrivent pas à se glisser sous le tissu. Puisqu'il s'agit d'un gamin, dans les huit ans, la foule semble se réveiller et accourt vers lui. Mais là, miracle du Obi Assassin, du Dragon de tissu, le mioche s'envole en un cri étouffé, le petit japonais enjambe la foule et va se loger dans un cognassier proche, pendu et mort par étouffement et non par rupture des cervicales. Il agonise encore quand la foule arrive vers lui, mais encore une fois, le Dragon les empêche d'avancer, ils sont bloqués, comme paralysés, et même s'il force, tout ce qu'ils arriveraient à faire serait de déchirer leurs habits.
Et il ne s'est toujours pas réveillé.
Le village entier, ou presque, approche l'arbre. Toujours aidé de son don, Cesius tâte les différents tissus, les différents corps, et devine qui est là, qui observe le petit enfant pendu. Il sourit. Le obi se défait du cou de l'enfant qui tombe dans un bruit glauque, mêlant craquement d'os et fracas de la chair durcie sur le sol froid. Des cris et des hoquets font échos à la chute, des cris terrifiés, choqués. La ceinture reprend son vol, la panique doit s'emparer des regards des villageois, mais ils n'ont pas le temps de fuir que le Dragon ceint les habits de l'artificier local, se noue fièrement autour de sa taille et semble retourner en hibernation.
Cesius n'aime pas les artificiers. Et il ne s'est pas réveillé, alors il s'inquiète. Le Soleil définitivement couché, il peut vaquer librement dans sa petite maison à ses activités. Sans se gêner pour faire du bruit, il monte à l'étage et découvre le maître d'arme qu'il a hypnotisé pour cette décennie, il git sur le lit, sa couverture recouvrant à peine son corps. Deux doigts se mettent sur sa jugulaire afin de diagnostiquer son état. Il est mort. Le romain soupire, mais ce n'est pas bien grave, depuis son arrivée en Asie, il a enchainé plusieurs savants bretteurs pour s'améliorer et découvrir les techniques locales, mais celui-là, le vampire pensait en faire son infant, son premier véritable infant. Il n'a pas eu le temps, il aura bien l'occasion d'avoir sa propre descendance, il ne va pas mourir maintenant.
Dix minutes plus tard, un cavalier part du petit village, le blanc arrivé depuis un mois ici est déjà parti. La voute céleste est étoilée, brillant, et illuminant la campagne japonaise ; la Lune est extrêmement grosse aussi. La nuit est froide, cette hiver le sera encore plus.
Dernière édition par Césius de Vallane le Ven 6 Mai - 14:18, édité 6 fois
Sujet: Re: On dit que la vie ne tient qu'à un fil... | Césius de Vallane Sam 23 Avr - 20:49
Du Roi Démon et de sa chute.
Il se souvient encore de l'écho qui l'a réveillé, il se souvient encore de cette journée là, de ce crépuscule si bruyant, des ces fracas sourds au loin qui semblaient défier le tonnerre en personne. Cesius se souvient encore de ce coucher de Soleil où son monde, celui des armes blanches, du combat, s'est écroulé, où les lames, bien qu'affutées, ont le temps de mourir une dizaine de fois face aux armes à feu, encore faut-il recharger ces tubes d'acier primitifs et barbares. La poudre l'a noyé tout comme Alaric Premier éteint Mykos, sous une tonne de gravas, du gravas cosmique et spirituel. Mais, le grec était philosophe, aristocrate, un peu enseignant aussi. Cesius n'a été que Gladiateur, et un gladiateur se relève, ou meurt.
Il n'a pas laissé les armes à feu le déprimer, le ronger, non. Il se souvient de cette soirée, de cette bataille, de ces chevaux tombant dans la boue, des hommes hurlants, katana à la main, face aux mousquets impossibles à atteindre. Il se souvient de ce nom, de ce personnage dont l'aura, l'emprise, sur le Japon s'est accrue, il se souvient encore de l'ordre lancé, de ce « Feu à volonté. » froid et distant, détaché du monde. Il se souvient des gens murmurants dans la rue, appréhendant son passage, ayant peur pour leurs vies. Rarement les guerres ne tuent des civiles, envoyant soldats contre soldats et laissant les vies sauves à l'arrière. Mais lui, le Roi Démon, celui qui utilise la poudre, celui qui ignore que sous ses plates saignent des humains en armure ou en jute, il défit les lois de la guerre.
C'est pourquoi il est là, ce soir, sur un colline, non loin de la cité. En face de lui, le temple de Honnoji est habité de quelques loupiotes. Il se croit en sécurité, le Roi Démon possède que quelques gardes, sa femme et son fils, et encore. Il est confiant, il n'a pas peur, il n'a pas à avoir peur. Pourquoi aurait-il peur ? Le vampire sourit. À cause de lui il devrait avoir peur, parce que le Roi Démon a oublié que la Terre était habitée de véritable démons, de puissances de la nuit, ou du jour parfois, il a oublié que les lames, que les balles, ne faisaient pas tout. L'esprit est plus facilement malléable que l'acier, surtout que ce Démon là possède un feu ardent, capable de rendre tout son entourage réellement mou, manipulable. Cesius n'a même pas eu besoin d'utiliser son hypnose pour les convaincre de le tuer. Il se souvient encore des mots qu'il a employé, des informations qu'il a donné et du pouvoir qu'il a fait miroité. Devenir Shogun, beaucoup en rêve mais peu atteignent ce but, le Japon s'est déchiré pour celui là. Peu importe, il va tomber ce soir de haut, de très haut et, ô le pauvre, il n'a pas d'aile.
Les bras croisés, sur la colline il observe. Les yeux de Cesius attendent que la nuit devienne plus profonde, que le sommeil du dignitaire soit tout aussi lourd que les nuages qui encerclent les étoiles, le gladiateur attend que le spectacle commence, pour une fois que ce en sera pas lui sur le sable. Et, désolé de vous le dire, il connait déjà l'issue de la bataille, son pouce sera orienté vers le bas, vers les tombes des cadavres. Une légère brise s'amuse de ses vêtements amples, comme pour le divertir en attendant que les armées pénètrent le petit temple, que les flammes brûlent le bois et que, comme pour contrarier une ultime fois le Roi, la lame déchire son diaphragme via un Sepuku ordonné. Au loin, le martellement régulier et précipité des soldats émoustillent chaque sens du vampire, son sourire devient carnassier ; même s'il ne goutera aucune chair ce soir, du moins aucune de cette cité, ses crocs se pointent, il va se délecter du spectacle et profiter de chaque instant.
La punition va éclater.
Ses doigts pianotent sur ses bras musclés, Cesius se montre impatient. Il n'a demandé qu'une seule chose à ce Akechi, il n'a émis qu'un souhait alors qu'il aurait pu en demander bien plus, comme le trône, par exemple. Celui qui se fait appeler le Roi Démon devra être exécuté ce soir, dans la cour intérieure du temple, peu importe avec sa femme, sa famille, ses gardes, du moment qu'il soit obligé de se planter une lame à la vue de tout le monde, et que ce vampire à la vue aiguisé puisse se délecter de sa mort.
Quinze minutes après que les soldats aient franchi l'enceinte du temple, le Roi Démon se trouve à genoux, à la vue de tous, et ses yeux continuent de brûler d'avidité, il semble si impatient de rencontrer la Mort, si impatient d'avoir fini cette vie. Si on l'a trahi, cela veut dire que tout s'écroulera, selon lui, selon ses prunelles de charbon ardent, et puis il ne regrette rien, le Shogun a gravit les échelons à une vitesse impressionnante, à écraser des armées et son nom sera perpétué dans l'histoire. Il sourit. Surtout s'il est assassiné et trahi, on ne le connaitra plus pour son nom du Roi Démon mais pour celui d'Oda Nobunaga, celui qui n'aurait pas du faire confiance à ses plus proches soldats.
De SilverSkin.
Un salon, de grandes fenêtres laissant passer la lumière de la rue, un lustre aussi imposant que fastueux, des tentures, des tapis, des meubles finement ornés : la richesse fait étouffer la pièce, il y a trop de décorations, trop de détails, de mouvements, de couleurs, de chérubins niais, d'arabesques stylisées, après l'habitude de la sobriété japonaise, le retour dans une Europe baroque choque presque. Sur le tapis d'origine perse, aux couleurs écarlates et lapis, deux hommes se font face ; autour d'eux, des vampires les observent en formant un cercle, une arène moderne, aux gradins de chair, des murs d'os, de vie, et des yeux toujours aussi froid, aussi distant, admirant les effusions de sang, se délectant de la danse des lames.
Face à celui qui a tué Mykos, deux fois, la première pour le rendre vampire, la seconde parce qu'il a quitté le Conseil un siècle plus tôt, ou une raison de cet acabit, Cesius caresse son épée si particulière à l'Europe, cette arme qui ne tranche pas mais qui perfore, et dont il ne sait pas se servir. D'un simple geste il montre que sa lame ne possède pas d'argent, que, pour lui, ce n'est pas un duel à mort, juste un duel simple, pour l'honneur et la vengeance, son opposant fait de même. Puis, ils se saluent, les deux entités pourtant totalement antagonistes montrent un certain honneur, l'un à la Japonaise, l'autre à la Française. Excepté ce pseudo lien de sang, Cesius étant le petit-infant de son rival, rien ne les unit, rien ne les assimile. Le premier, le plus jeune, possède tout les traits latins, porte des habits de voyage pauvres, presque rapiécés, le second, grand, blond, des yeux aussi bleu que ceux des Vikings, est habillé comme un noble, des dentelles couvrent ses habits, la soie orne chaque pièce, des plumes... Ils n'ont véritablement rien en commun, excepté ce mort.
Après ce salut marquant le début du combat, les deux bretteurs commencent leurs échanges, et bien sûr, Cesius voit dès les premières secondes qu'il n'a aucune chance. Son opposant, bien plus vieux, possède une plus grande force, et surtout, sait se servir d'un fleuret, alors que lui ignore les lois physiques régissant les subtilités de l'escrime. Rapidement, son corps se couvre d'estafilades vermeilles et fait pleuvoir des gouttelettes de sang sur les tableaux d'Aubusson non loin, la Licorne se voit souillé par le sérum du Romain, les tapis aussi s'ornent d'auréoles rougeâtres. Tout autour, les spectateurs sont mus d'une excitation tacites, ils n'osent hurler, ils n'osent s'exclamer, mais au fond d'eux ils n'ont qu'une envie : voir la tête de Cesius tomber. Mais cela n'arrivera pas car aucune des armes ne possède d'argent, le combat se fait en tout honneur.
Cependant, là où le Gladiateur est né, dans une arène de sable, l'honneur n'existe pas ; quand son ennemi est plus fort, on ruse, quand son ennemi peut amener la mort, on agit en traître, on le prend par surprise, alors... Le Faucheur n'a toujours pas touché son ennemi, il fait croire qu'il ne sait pas bien se battre, qu'il n'est pas un bretteur exceptionnel. Aussi, son don reste en sourdine, inutilisé depuis son retour en Europe. Aucune de ses capacités ne sort, seule une faiblesse, des défauts apparents, sont observés. L'important est que son ennemi soit sûr de lui, qu'il ne se méfie de rien. Cesius frappe pour la première fois et arrive enfin à trancher la chair du second bretteur, si le coup en lui même ne le surprend pas, la fumée et la douleur s'échappant de cette mince entaille le perturbe. Il n'a pas le temps de comprendre que la pointe du fleuret s'enfonce dans son cœur, le trouble l'a vaincu, le trouble associé à une légère impulsion des dentelles ornant son dos.
En tout honneur, Cesius a, subrepticement, fait en sorte que ses doigts ne touchent pas la pointe de son épée, le reste étant d'acier ordinaire. Ils n'y ont vu que du feu, et un des plus anciens vampires est tombé.
Il n'a pas bougé, sa stature est restée immobile, comme une statue qui ne bouge pas, il s'est figé au moment où il l'a planté, ses yeux se sont clos.
Au contraire, à la mort de l'Aïeul, tout autour de lui s'est activé, comme s'il venait de donner un coup de pied dans une fourmilière. Les pommes de sang s'excitent, libérées de leurs carcans, tentent de s'enfuir en hurlant, les vampires sont partagés, fuir aussi celui qui a une peau d'argent, celui qui a son derme luisant -et non couvert de tissu, contrairement aux habitudes de l'époque- sous le lustre en cristal, ou profiter de la panique pour faire un carnage dans les humains affolés. Une fois que le tumulte s'est calmé, Cesius ouvre ses yeux. En cinq minutes environ il a compris ce qu'il venait de faire, un meurtre, une vengeance qui n'a servi à rien, excepté semer le chaos, il a fait peur et se fait admirer. Il se voit dans le miroir, la lueur de l'extérieur fait briller sa peau, du moins l'éclaire, parce que les autres ont oublié ce qu'est que la lumière, couvrant sans cesse chaque parcelle de leurs corps. Un léger sourire orne son visage, satisfait et fier. Et puis il voit le sang, les éclaboussures écarlates et dégoulinant sur les murs, les flaques sur le sol, les tapis, les tentures gorgés de liquide et même le lustre de cristal faisant pleuvoir quelques gouttes. Alors ses yeux changent, se dilatent, s'injectent de sang. Sur le coup Cesius ne comprend pas cette envie de massacre, de carnage, de sauvagerie qui le prend, mais peu importe, il course les humains en fuite, dans la rue il massacre les passants avec une vitesse folle. Quatre vampires, des ''amis'' l'ont arrêté, pour garder le secret, pour éviter qu'il continue à boire du sang alors que l'aurore arrive, pour le protéger en sorte, et ils lui sourient ; jamais on avait vu Cesius si sanguin, impulsif, jamais on ne l'avait vu comme un bête.
Il comprit bien plus tard pourquoi il changea ce jour : Cesius venait de s'émanciper de son côté humain, de l'honneur qu'il gardait, non pas qu'il en avait, mais qu'il croyait avoir. En quelque sorte, en lui, quelque chose le bloquait, un trait de caractère qui était né en même temps que son côté vampire ainsi qu'une once d'âme romaine, sans doute. Pour marquer ce changement, pour fêter l'arriver d'un nouveau titre, celui de SilverSkin, il changea aussi de nom, enfin, le modifia de la sorte à le rendre plus européen, plus français et plus moderne, son prénom s'orna désormais d'un accent.
De Élise.
Le claquement des fers sur le sol boueux de l'Écosse se précipite, s'accélère ; le cavalier a hâte d'arriver, de finir enfin cette chevauchée alors sur les derniers mètres il cravache enfin la bête sur laquelle il est monté. Le cheval fait entièrement confiance à l'homme qui est sur lui, en cette nuit hivernale il ne voit que peu de choses, et avance ainsi dans une obscurité terrifiante d'autant plus qu'il ne connait pas le chemin. Le froid humide perle sur sa peau et fait fumer l'écume qui parcours son poitrail et son encolure, ses naseaux grand ouvert montrent que le pauvre animal, mais Césius connait les limites de son cheval, et sait qu'ils sont bientôt arrivés. Après un chêne décharné, frêle et dépourvu de feuilles, au loin, à l'horizon, les lueurs d'un manoir brillent comme un feu follet sur la lande. Le cheval semble être rassuré en voyant enfin, après toutes ces heures de cavalcade, le feu d'une chaume et les synonymes qui l'accompagnent. Comme pour pimenter les dernières minutes de chevauchée, la froide bruine de l'Écosse en pleine nuit hivernale se met à tomber, rendant les plaques de boue gelées encore plus glissantes, plus mortelles. Mais les sabots du cheval écrasent ces pièges, écrasent la boue et les mètres pour enfin arriver dans la petite cour d'un manoir perdu loin, trop loin de Glasgow.
Un laquais se précipite vers le cavalier, le débarrasse de ses quelques affaires, un autre valet prend les rênes du cheval et l'emmène dans une petite écurie, à l'abri de la pluie se faisant à chaque seconde plus intenses, il aura du foin à foison, la récolte et le commerce ont été de très bonne qualité cette année. Alors que d'habitude Césius prend un peu de temps sur les trois marches devant la porte d'entrée à enlever ses gants et rassurer ses muscles ankylosés par le voyage, cette fois-ci le domestique se précipite sur lui, lanterne à la main, et le force à entrer, malgré ses vêtements trempés et son engourdissement encor elogé en lui. Il n'a pas le temps d'apprécier ce moment, non, on le lui interdit. Mais, le regard affolé, les mouvements brusques et précipités du laquais qui, habituellement, agit avec faste et délicatesse, manipulant ses nobles supérieurs comme s'il s'agissait de poupées de porcelaine, intrigue d'abord Césius, puis l'inquiète. Cependant, il n'a pas le temps d'appréhender ce changement d'attitude que, déjà, ses pas s'avancent sur les tapis du manoir, grimpe les escaliers en les faisant craquer, poussé par ce serviteur, et enfin arrive dans la chambre de son aimée.
Elle est alitée, cette Élise pour laquelle il peut traverser l'Angleterre, pour laquelle il abandonne toutes ses affaires en cours rien qu'en recevant une missive de sa plume. Elle est morte et, en sachant que ce soir Césius viendrait, les domestiques ne l'ont pas encore enterrée, attendant de voir sa réaction, sa peine. A peine entré dans la chambre que les laquais et autres valets quittent la pièce pour laisser aux deux nobles une intimité, une dernière intimité. Les mains du vampire se glissent dans les blonds cheveux bouclés de son humaine morte, un baiser se dépose sur son front froid et, pendant les dernières heures de la nuit, Césius l'observe, à genoux à côté du lit, sans bouger, comme s'il n'était qu'une simple statue, qu'une gargouille gardienne, une ombre minérale.
Il pourrait pleurer, il pleurerait. Mais les statues ne pleurent pas. Elles ne peuvent avoir que des mines affligées, des traits livides, des dos voutés par la peine. Les statues ne peuvent pas pleurer. Mais elles peuvent ressentir.
Elles peuvent s'écrouler de l'intérieur, se sentir floué, haïr la vie, le monde, pour cette douleur qu'elle ressent, pour cette peine, ce deuil. La colère et la tristesse se mêlent dans l'esprit de Césius, le regret aussi. Il aurait pu la transformer, métamorphoser l'éphémère en infini, mais elle ne savait même pas que son année de naissance, à lui, ne possède que trois chiffres. Il aime, il aime cette défunte malgré tout ces mensonges, à travers son masque de mortel il voulait vivre avec, lui épargner les affres du sang, il lui souhaitait une vie heureuse, remplie, et quand le temps serait venu, peut-être tout lui expliquer, bien que, justement, ce temps aurait amplifié le mensonge. La seule femme qu'il n'a jamais aimé vient de partir au-delà du Styx, avec tout ces non-dits, ces sentiments, ses émotions et ses souvenirs. Césius se sent vide, creux, une coquille vide habitée par une rancœur envers soi-même, une colère folle et une tristesse infinie, tout s'est écroulé autour de lui. Tout.
A l'aurore, elle sera enterrée. Au crépuscule il partira et ne reviendra jamais.
Du Dollar et de la corruption.
Le paquebot crache son nuage de vapeur et hurle à tous, en un cri sourd et long, presque plaintif, qu'il part, qu'il quitte. D'autres vagues de vapeurs noires rejoignent les cieux, peu à peu le navire gémissant s'éloigne de la côte américaine et, sans se retourne, ne regrette pas la Statue de la Liberté.
Rares sont les passagers embarquant de ce côté du Pacifique, rares sont ceux qui ne n'entrent dans le navire que de nuit, et non de jour. Césius fait parti de ceux là, de ces aristocrates européens qui sont partis en Amérique afin de découvrir, non pas pour se ruer vers l'Or ou pour tenter d'acquérir de nombreux terrain, il en possède suffisamment, seule la curiosité l'a poussé à prendre un aller-simple pour la ville aux rues de murs. Mais il a décidé de repartir, de braver le mal de mer, les hypothétiques tempêtes de l'océan, les regards inquiets des marins, leurs interrogations et leurs doutes, pour revenir en Europe, à Londres.
À vrai dire, Césius n'a pas supporté le billet vert, symbole du capitalisme. La vielle Europe est sa vie, ses traditions, sa culture, bien qu'il doive sans cesse s'adapter à son temps, vivre avec, chose qu'il fait souvent naturellement. Comme s'il était emmuré dans New York, prisonnier de l'argent, enchaîné à la bourse, il ne pouvait pas vivre avec un tel esprit autour de lui, l'appât du gain à l'état pur. Pour lui, il n'était qu'un pion parmi tant d'autres, un numéro, une valeur, une proie pour ces humains carnassiers, avares et avides de monnaie. Pour un homme comme lui, né dans un esprit de solidarité, de survie, voir une troupe d'hommes en costards se tirer entre eux, de se ruiner pour son propre profit était un fait contre-nature, allant à l'encontre de tout ses principes et ses préceptes. De tout temps l'argent gouvernait le monde, il le savait, c'était un fait indéniable, et avoir de l'argent signifiait avoir du pouvoir. De tout temps il y eut des guerres intestines pour le gain, entre marchands, entre nobles... Mais à New York, la transformation du billet vert en arme atteint son paroxysme à tel point que certains, paradoxalement, arrivaient à vivre avec un seuil négatif d'argent.
Certains, au contraire, possédaient une telle quantité d'argent que le chiffre, tellement colossal, dépassait tout entendement. Les échelles, devenues ainsi détruite par la folie des grandeurs, rendaient le monde absurde, tiraillées entre argent sans valeur et écarts titanesques.
Cette folie, cette démesure, Césius ne l'acceptait pas, il ne pouvait rien faire contre, sa simple personne ne pouvait lutter contre le temps, mais dans ses cordes dormaient toujours la capacité de corrompre, d'hypnotiser, de faire chier. Ainsi, il profita du système, jouant autant de la bourse que de l'hypnose dans l'unique but de faire plonger les plus riches. En trois mois, rien qu'en suivant les règles du capitalisme à la lettre, il se fit des milliards, forçant les actionnaires principaux à tout à acheter ou à revendre à tel ou tel moment.
Mais ce climat économique rendait le vampire malade, alors au bout de ces trois mois, il retourna en Europe et prit le paquebot, dans le sens inverse de l'accoutumée.
C'est avec un sourire amer, satisfait mais déçu, attristé mais heureux, qu'il regarde la Statue de la Liberté devenir de plus en plus petite et floue à mesure que le navire avance dans l'océan. Derrière lui, un marin s'interroge sur cet homme qui repart vers l'Est, il ressemble un peu à un souillon et, en ayant autant que culture que les poissons se trouvant sous la coque du bateau, Césius sait qu'il ne peut comprendre. Alors, quand il se pose à ses côtés, qu'il lui pose des questions, qu'il dicte ses interrogations, expliquant que ça fait une décennie qu'il fait les allers-retour entre le Vieux continents et le Nouveau, et que c'est la première fois qu'il voit quelqu'un faire ce voyage là, surtout dans un navire aussi miteux, le vampire ne prend même pas la peine de répondre. C'est à peine s'il hausse un sourcil. Aussi, quand il réitère ses phrases, changeant de langue, écorchant au passage les prononciations, le vieil homme ne lui adresse toujours pas un regard. Et, quand enfin la Statue n'est plus visible au loin, quand la distance est trop grande pour voir sa silhouette dessinée par les réverbères, Césius passe de la poupe à la proue, faisant comme s'il ne se rendait pas compte que le marin l'insulte. D'une grande respiration, avalant l'air iodé du plein océan, il balai dans son esprit toute la désagréabilité de ces trois derniers mois, et de ce voyage annoncé comme chaotique de par sa compagnie.
Du froid et du stoïcisme.
Un vent balaye la neige, dansant avec les congères et faisant virevolter les flocons. Son partenaire en profite pour laisser sa marque dans le sol, le froid emprunt la Suisse chaque hiver, et celui-ci plus particulièrement. Eole et la température nocturne négative embrassent chaque maison, chaque bâtisse, enlacent les pics alpins, couvrent d'un linceul cristallin les arbres décharnés et écorchés. Dans la montagne profonde, le vent siffle et le froid semble vouloir écraser le silence en créant un brouhaha oppressant et discret, un fond sonore hivernal qui, rien qu'en l'entendant, donne des frissons.
Pourtant, dans ce qui s'annonce être une journée trop froide pour être viable, un homme se tient, immobile, adossé à l'un de ces pins fragilisé par le givre. Il semble loin de tout, les environs étant désert, pourtant il scrute un point fixe dans l'horizon devenu tâche d'ancre suite au coucher de Soleil depuis une dizaine d'heures désormais. Il regarde sa montre. Et redevient statue.
Césius grelotte presque dans ce froid létal, mais il doit attendre, encore quelques minutes. Le signal sera simple, la maison à moins d'un kilomètre de lui s'allumera. Le seul problème vient du vent, bien qu'il batte la neige par rafales et qu'ainsi il pourra l'anticiper, les bourrasques seront son seul et unique problème. À nouveau il regarde sa montre. L'heure approche. Derrière l'arbre une sorte de valise est cachée. Malgré ses doigts engourdis par le froid, le vampire arrive à l'ouvrir et à monter l'appareil caché dedans. Enfin déposé sur un trépieds, il ne reste plus qu'à attendre, encore. Une dernière fois Césius inspecte l'heure. Six heures du matin. Le riche communiste installé en Suisse pour une discussion avec il-ne-sait-plus-qui, un hypothétique allié, un riche banquier helvète qui souhaite fournir un passage à travers le rideau de fer pour du matériel de contrebande, fabriqué hors de l'URSS mais certifié soviétique, ne devrait pas tarder à se faire réveiller par le coucou, prendre son petit déjeuner et... La lumière s'allume dans la petite maisonnette servant d'hôtel, cette petite cabane de riche abandonné il y a quelques années et rénovées, cela sera drôle quand le suisse entrera, eux qui sont si propres...
A travers le viseur il peut le voir s'assoir, siroter un café tranquillement. Et tomber.
Le sniper a tué sa victime, il ne reste plus qu'à partir, sans laisser de trace. De toute façon, la neige recouvrira tout, et dans un pays de l'Ouest, qui se soucira de la mort d'un bolchévik ? Personne.
Le Soleil s'est levé. Les volets, eux, se sont fermés. Loin de là, à deux ou trois kilomètres, qui soupçonnerait le tueur d'être ici, personne. Et qui soupçonnerait les USA d'avoir engagé cet homme là, bien qu'ils ne connaissent pas la raison pour laquelle il ne travaille que de nuit, en réalité tout le monde. Mais Césius s'en fout. Depuis que le Rideau de fer s'est abattu, il éprouve une haine viscérale pour l'URSS : ils ont fait de plusieurs pays les esclaves d'une politique non seulement utopique, mais servant de prétexte pour s'enrichir et avoir un maximum de pouvoir. S'il s'en fout que les soviétiques possèdent une puissance militaire impressionnante, il essaie par tout les moyens de libérer les pauvres paysans du joug stalinien. Et pour cela, il fallait se mettre du côté des capitalistes. Un mal pour un bien.
Il aurait aimé ne pas avoir à faire de choix, continuer comme avant à voyager, mais il ne peut plus désormais, le monde entier est connecté, de part et d'autre, comme relié par des fils électriques, une action à un endroit entraine une réaction dans un autre, et ce sans parler du battement de papillon et de sa tornade associée.
Césius observe sa petite chambre, gracieusement loué par l'Oncle Sam pour tuer le bolchévique, c'est cosy, simple, et aux couleurs occidentales. Un drapeau est brandi près de la fenêtre -fermée-, flottant grâce à la chaleur émise par les chauffages. C'en est presque patriotique, presque. Sans savoir pourquoi, le vampire sent le besoin de se doucher alors que le Soleil se lève sur les Alpes. L'onde chaude glisse sur son corps meurtri par le froid de l'extérieur, durant une bonne demie-heure il reste sous l'eau coulante à penser, réfléchir à son acte ; non pas que tuer le gêne, au contraire puisqu'il éprouve une sorte de plaisir malsain à ôter la vie d'un humain, ni l'utilisation des armes à feu car il a compris que les épées étaient devenues obsolètes, mais la chute de cette pièce sur cet échiquier, grâce à lui, qu'est-ce que cela va changer ?
De toute façon, plus le temps avance, plus les échiquiers changent avec vélocité. Et sur cette pensée, le vampire se drape du coton bas de gamme de l'hôtel et s'endort.
De St Louis.
Les semelles écrasent un tapis, un son étouffé de tissu s'envole en écho dans la grande pièce. Quelque chose semble trainer et froisser la riche moquette. Césius ouvre les yeux.
On traîne bien quelqu'un. Un cadavre. Nu. Il se lève alors, lentement, sans porter un regard sur le croquemort improvisé ou sur le macchabée. Droit et austère, il ne semble prêter aucune attention à l'un ou à l'autre, comme s'il sait ce qu'il dit, à l'avance. Oui, la guerre a commencé. Il le sait. Oui, on l'espionne, il le sait. Oui, un des gardes l'a tué, pour protéger les ''secrets'' de son enseignement, il le sait. Que faire à ça, il le sait. Partir. Mais, il ne va pas fuir, Césius n'est pas de ceux qui quittent un combat, qui n'osent regarder le sang et détournent leurs regards en allant ailleurs. Mais il ne se bat pas pour autant, la lame ne doit pas être levée pour rien. Le Gladiateur va attendre avant d'entrer en scène. On raconte que la meilleure attaque réside dans la défense et, actuellement, c'est ce qu'il fait. Il se défends et apprend à se défendre, et peut-être qu'un jour le Faucheur entrera en scène. Mais, d'abord, il faut attendre, analyser la situation, tirer profit de chaque faiblesse et combler ses propres lacunes.
Il marche et s'éloigne de son siège et du cadavre, sa démarche lente énerve l'émissaire qui d'abord le regard partir puis, voyant que son déplacement n'est pas théâtrale mais bien utile, se précipite à sa suite, plein de questions. Césius descend l'étage et regarde le corridor d'entrée ; juste en face de la porte vitrée des masses de cartons cubiques et, sur le dessus du premier, une pair de gants. Le vampire s'en empare et les enfile et, à l'aide de la lame de cutter posée sous la pair, ouvre le premier paquet. D'immenses rouleaux de différentes couleurs ainsi que deux indications calligraphiés sur un bout de papier, ressemblant de loin à une facture : « Soie d'araignée. » « Argent. ». D'un geste ferme il déchire un morceau de tissu et semble être satisfait. Les pièges seront opérationnelles au levée du jour et aucun être craignant l'argent ne pourra entrer dans la demeure de Vallane sans crever dans d'atroces souffrances. Un autre carton plus loin est ouvert, non cubique mais rectangulaire. Le sniper dernière génération, le dernier record étant deux kilomètres et cinq-cents mètres, avec celui là les trois kilomètres pourraient être dépassés, surtout avec un tireur vampire. L'ulfrid pourrait être abattu sans même le savoir. Le pauvre.
Mais pour le moment, la carte Césius n'est pas dans les mains du Maître de la ville. S'il lui donne l'ordre d'attaquer, de rentrer dans le combat, SilverSkin partira de St Louis illico, il n'entrera dans le conflit quand cas d'extrême nécessité. Ou si on le fait trop chier. Pour l'instant, selon lui, les proportions sont disproportionnées, étant orphelin à cause de la folie de Mars, Césius préfère être un tant soit peu pacifique, et engendrer aucun enfant comme lui. Car, il en est certain, durant un conflit comme celui-là, des humains perdront leurs parents et deviendront ensuite vampires. Peut-être même que, en un élan stratégique, il sera ordonné que l'on procrée des dizaines d'infants en quelques heures et qu'on les envoie en mission suicide. La guerre envenime le cerveau, même celui du Sage.
En attendant, il doit se protéger, alors... Il ne regarde toujours pas le vampire qui l'accompagne depuis tout à l'heure, un nouveau dont la confiance n'est pas encore acquise. Et personne ne doit savoir qu'il est sniper, excepté les notables de sa race. Et personne ne doit savoir que la plupart des tissus du manoir seront remplacés aujourd'hui. Alors le premier rouleau devant lui se défait promptement en un sifflement sec et la poupée de chiffon se rue, telle une flèche, dans le cœur du non-mort à ses côtés, qui rejoint l'au-delà instantanément. Il en est presque désolé. Presque.
Dernière édition par Césius de Vallane le Dim 15 Mai - 23:50, édité 3 fois
▌A débarqué le : 21/07/2010 ▌Parchemins : 4682 ▌Quantité de sang disponible : 32125 ▌Age du personnage : Dans les 660 ans, je ne les compte plus ! ▌Rang : Chef du clan Blackstone. ▌Job : Chasseur à mes heures perdues. ▌Citation : Sanguinaire, comme toujours.
Sujet: Re: On dit que la vie ne tient qu'à un fil... | Césius de Vallane Lun 2 Mai - 16:49
Merci grand Maître vénéré et vénérable (ahem)
La fiche avance, doucement mais sûrement, mais elle avance. Si je geek à mort (donc si le temps continue d'être pluvieux), je pense pouvoir la finir d'ici deux trois jours, j'ai juste perdu toutes mes notes quant à l'histoire des armes à feu, ce qui va pas mal me ralentir... XD
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Sujet: Re: On dit que la vie ne tient qu'à un fil... | Césius de Vallane Dim 15 Mai - 23:54
Alors, même si la seconde partie ne me plait pas...
*arrive en courant dans la gare, huit-cents valises derrière lui* Bawii vous comprenez, j'devais choisir entre quelques pairs de chaussures, c'était trooooop dur, j'ai hésité longtemps longtemps et résultat j'suis à la bourre. A la bouuurre !!
*se rue sur le quai en faisant un bruit pas possible et en renversant tout et tout le monde*
Voilà voilààà j'arriiive, c'est finiiiii
( Joueur : .... )
Alors, avec Morichou, le délai, je crois que je l'ai largement pris tout seul comme un grand Mais merci quand même. =)
Et Asherishou (Oui oui, l'balai, je mets bien un -shou), j'ai utilisé le de dans le sens ancien du terme comme l'allocution latine "De" (à propos de) et ça doit être le même sens qui est utilisé dans le code civil, mais excuse moi, j'ai jamais touché cette bête. Elle mord
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Sujet: Re: On dit que la vie ne tient qu'à un fil... | Césius de Vallane Lun 16 Mai - 0:51
ALORS. XD Officiellement : WELCOMME AT BORD. (':
Bon, je n'ai relevé que deux misérables détails dans ta fiche...grrr, 'peux même pas critiquer. èé" *out*
- Tes mots suggèrent à plusieurs reprises que les crocs des vampires sont rétractables. Je tiens à te préciser que ce n'est pas le cas. - Césius tue le Sire de Mykos d'un coup d'épée en argent dans le cœur. C'est juste, mais il lui aura fallu maintenir la pression un certain temps pour que son adversaire ne retire pas la lame et la lui fasse manger...XD
Mais bon, je l'ai dit, ce sont des détaiiils ! A retenir à titre indicatif donc. ^__- Le reste de ton histoire est sublime et très crédible ! Je ne peux que t'annoncer que tu as attrapé le dernier train pour l'Enfer, malgré tes huit-cent valises ! XD
Peut-être pourrons-nous engager un RP un de ces quatre ! OUIII je sais, d'abord la grande MAJ du fo et APRES le RP. ><
HUM. Bon jeu parmi nous !
C'est fou comme ta vision de Césius incarne à merveille la chanson Bad Company du groupe du même nom. XD
Quant à mon Code civil, il ne mord pas...mais c'est un objet contondant très efficace. Quoique le Code pénal est plus performant. *SBAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAF* :
Sujet: Re: On dit que la vie ne tient qu'à un fil... | Césius de Vallane Lun 16 Mai - 1:04
Je suis validé je suis validé je suis validé
Ces détails sont notés, grand chef. Et la chanson, bah, j'la connais pas, alors j'ai pas fait exprès XD
Sur ce, je vais faire ma petite fifiche et, euh pour le rp, p'quoi pas, j'suis juste lent, ça devrait p't'être t'arranger :p (mais je ne vais pas t'embêter et ici, et ailleurs, tu dois faire la grande maj d'abord, sinon tu vas culpabiliser et les autres vont me taper puis te taper puis me taper puis... XD)
Sujet: Re: On dit que la vie ne tient qu'à un fil... | Césius de Vallane Lun 16 Mai - 1:26
J'invite très souvent des gens à boire du thé, tu sais. Après, ce qu'il se passe, thé, biscuits secs, c'est une tout autre histoire... Et je ne vise personne, jamais, rien (a)
Sujet: Re: On dit que la vie ne tient qu'à un fil... | Césius de Vallane Jeu 19 Mai - 23:16
Merci Emii (Oliviaa )
Bawai mon p'tit balai, ma maman dit que je suis son lapin alors... *s'en va loin, très loin, dans son terrier*
Et Morrichou, un combat contre un chasseur, j't'appelle, on s'fait une bouffe et on s'frite ? (et pour le thé, j'accepte tes biscuits que si tu bois une gorgée de mon thé avant et, promis, j'y mettrai pas de cyanure ni arsenic, juste du... )