Alekseï Sevastian Dimitriov

Shiya

• ÂGE PHYSIQUE ; Fin vingtaine, début trentaine... • ÂGE RÉEL ; 59 ans • DATE ET LIEU DE NAISSANCE ; Saint Petersbourg, 15 avril 1952. • ORIGINE ET NATIONALITE ; Russe, naturalisé américain • RACE ; Lycanthrope • RANG ; Loup-garou solitaire • ORIENTATION SEXUELLE ; Hétérosexuel • CAPACITÉ SPÉCIALE ; Effacer les souvenirs d'une personne en la touchant. Alek s'est découvert ce pouvoir tardivement et ne l'utilise que très rarement, éprouvant encore certaines difficultés à le maîtriser. Pour se faire, il a besoin d'être particulièrement concentré, et ainsi possède la faculté d'ôter la mémoire d'autrui de tout ce qui concerne un objet, un évènement ou une personne. Evidemment, cela peut lui jouer de mauvais tours. Mieux vaut donc être prudent !

Tell me your secrets

• PSEUDO; pas de chichi entre nous, appelez-moi Dieu ! *out*
• ÂGE ; 19
• FRÉQUENCE DE CONNEXION ; tous les jours en principe. Pour les RP, je promets de faire mon possible pour que ce soit régulier
• COMMENT TU NOUS A CONNUS ? ; c'était il y a longtemps... Mais sinon, ma fille, c'est le chef !
• COMMENT TU TROUVES LE FORUM ? ; à ma hauteur, ça va *parpaing* X_X
• MULTICOMPTE ? ; [x] Oh yeah ! [] Nope =P
• CÉLÉBRITÉ DE L'AVATAR ; AshtonGODKutcher
• CODE DU RÈGLEMENT ; Ok by Morrigan - toi tu vas te prendre un félin dans la tronche et bon courage pour t'en débarrasser ! *balance Kity* *écrase le chat*

Saint Louis. Vous savez, la ville la plus marquée d'Amérique par ces histoires de loup-garous et de vampires... J'y ai emménagé il y a quelques mois, dans l'espoir d'y trouver une vieille amie... Les combles d'un immeuble ancien me suffisent pour l'instant. De quel confort un lycanthrope a-t-il réellement besoin ? Je jugerai la douche comme nécessaire, quant au reste... un loup se débrouille pour l'obtenir à même la nature.

« Tu vas rester longtemps ? » Elle était comme ça, la nana. Franche, un peu collante, mais aussi attachante... Ce que j'aimais et devais rejeter à la fois. Pour la protéger.
« Je ne sais pas encore. J'ai quelqu'un à voir ici. » Elle en savait déjà beaucoup trop. Mais elle m'attendrissait au point que les mots m'échappaient. La tête posée sur mon torse, elle me contemplait différemment de toutes les autres, cette petite couturière un peu bohème. De même, je faillis me perdre dans son regard bleu azur, avant que la raison ne me frappe de plein fouet, comme un coup de pelle à l'arrière du crâne. J'avais presque soixante ans, et demeurais toujours prompt à me faire avoir. Enfin, pas tout à fait. J'avais pitié, et me détestais.
« Qui ça ? Une fille ? » Mutine, elle s'entêta à redessiner mes muscles à travers ma chair, feignant une jalousie feinte... Les femmes sont douées, et de tout temps, l'ont toujours été. Il en fallait davantage en revanche, pour me tromper. « Peut-être... » Je la laissai me contempler, longuement, accompagnant d'un sourire les caresses que je ne pouvais m'empêcher d'étaler sur sa joue. Mon cœur se serrait non pas à l'idée de ne plus jamais la revoir... seulement de semer le doute et la douleur partout où j'allais. De demeurer toujours ce même type égoïste et incapable de protéger les siens qu'il y avait 20 ans.

« Est-ce qu'elle est comme toi ? » Elle s'en voulait de poser la question, mais sa curiosité valait cette indiscrétion, selon elle. Faussement intimidée, elle se redressa avant de se lover tout contre moi, m'embrassant tendrement sur la joue, avec une certaine retenue. Etait-elle amoureuse ? Évidemment ! Si tôt... Je n'en finirais donc jamais de jouer au con et de laisser les choses arriver sans prévenir...

J'acquiesçai néanmoins, répondant par là-même à sa question. « Une louve... un peu plus jeune que moi. » « Tu ne m'as jamais donné ton âge... » « Inutile. » « Bien sûr que si ! S'il faut, tu es un vrai papy ! » Et elle se mit à rire. Con un jour, con toujours, je jouais les vexés et l'attirai contre moi. Conscient ou non du désastre qui s'annonçait, j'avais envie de profiter des derniers instants, et surtout, espérais encore fortement me planter.
« Sache... que tu es plus proche encore de la réalité que tu ne le crois ! » annonçai-je en plongeant mes lèvres dans son cou. « 40 ? 50 ? » « Hin hin... » « Plus de 100 ?! » « Là, tu me traites carrément de vieillard... » Alors je la soulevai sans mal, et feignis l'attaque du grand méchant loup, respirant son parfum enivrant tandis que mes lèvres s'apposaient à son cou. D'expérience, je retins un grognement particulièrement guttural et m'empêchai de lui ouvrir la gorge pour m'abreuver de son sang. Ces abominables pulsions me hantaient parfois encore, à l'approche de la pleine lune notamment, et m'horrifiaient chaque fois que ma conscience voulait bien en tenir compte. Je n'y cédais plus depuis longtemps, mais l'impression de demeurer un monstre, elle, était toujours là.

Un mouvement de recul me fit finalement bondir hors du lit, et me caler contre le bureau de la demoiselle. Elle avait 26 ans, et sa chambre était encore disposée comme celle d'une adolescente; « Qu'est-ce que tu as ? » me demanda-t-elle en s'enroulant dans le drap. Comme je ne répondais pas, elle insista. « Ca te plait de jouer les loups-garous anciens et mystérieux... » Je plissai les yeux et l'interrompis : « Quoi ?! » Je savais que c'était forcément le cas, puisque je ne parlais que rarement de moi. Pour la simple et bonne raison qu'il n'y avait pas grand chose à en dire, et que ça blessait mon ego plus qu'autre chose. Mais je détestais être perçu de la sorte. Venant de sa part, cela me peinait encore plus. « Tu veux connaître un passé inintéressant ? » « Je suis certaine du contraire... » « Tu regretterais certainement d'en avoir appris davantage... » « Je suis sure que non... » Et têtue, avec ça. « Ca ne t'avancerait à rien... » Elle en revanche, s'avança sans crainte, entourant mes hanches de ses petits bras. J'aurais pu la briser sans mal des centaines de fois... J'ai toujours apprécié ce contact avec les femmes, notamment les humaines. Un côté macho, qui me fait me sentir moins coupable, par certains aspects. « Je ne suis pas stupide, tu sais... » J'arquai un sourcil dubitatif, et la contemplai fixement. Avais-je jamais insinué pareille chose ? … « Si tu dois partir, j'ai le droit de savoir pourquoi... » Petite humaine fragile, 1. Méchant loup-garou, 0. Okay, c'était bien la 1ère fois que l'un d'entre elles me prenait au dépourvu. Et cela méritait une certaine honnêteté. Soupirant, je la tins contre moi et caressai ses cheveux pâles. Par certains côtés, elle me rappelait ma mère, son éternelle douceur, éclipsant toujours sa dure sévérité.
Pinçant les lèvres, je cédai : « Que veux-tu savoir ? » Certaine de m'attendrir, elle se blottit alors contre moi, cherchant la chaleur réconfortante de ma condition lycanne, et feignit encore l'hésitation. « Je ne sais pas... tout. D'où tu viens, comment tu es devenu un Loup... et ce que tu fuis... »

St Petersbourg. Ses étendues glaciales et blanches, ses îles formant le coeur de la ville et sa Neva impétueuse... J'ai beau l'avoir partagée avec Moscou, ma terre natale reste chère à mon cœur, et irremplaçable. Y repenser assombrit toujours mon regard d'une certaine nostalgie.
« St Petersbourg. » J'évitai le regard de l'humaine, et entamai mon histoire de façon mécanique. Ses yeux s'emplirent d'étoiles à la mention de ce Nom, et je ne pouvais que la comprendre. Moi aussi, j'aurais donné beaucoup pour revoir cette ville. Si la simple idée de remettre les pieds en Russie ne me terrorisait pas autant...

« Je suis né là-bas, comme mes parents avant moi. Dans une meute toute faite. Je n'ai pas connu la vie humaine à proprement parler... J'ai toujours été entouré de Lycanthropes et préparé à l'idée d'en devenir un un jour. » « On peut... naître loup ??? » « Pas exactement. On est humain jusqu'à l'adolescence, la transformation s'effectue un beau jour, sans morsure préalable. » M'écoutant attentivement, ma jolie blonde s'écarta pour me proposer une boisson chaude. J'acceptai, puis continuai : « La meute n'était pas très grande, nous nous devions de rester discrets à l'époque. Je suis né à la fin du Stalinisme, mais de tout temps nous avions intérêt à ne pas nous faire remarquer. Mon père était Ulfric. Chef de meute, si tu préfères. Nous ne nous occupions pas de politique. Les meutes russes sont beaucoup moins intégrées à la population ordinaire que celles d'ici. Du moins, elles l'étaient de mon temps. Nous ne faisions pas vraiment d'études, notre vision des choses demeurait très... primitive, animale. Mon père nous répétait de ne pas nous mêler aux humains. Histoire de protéger les deux camps. » « … Protéger ? » Ma blonde leva les yeux vers moi tout en m'offrant une tasse de café brûlant. « De quoi ? » « De tout. Les lycans sont soumis à des pulsions souvent incontrôlables, notamment les plus jeunes. Nous représentons un danger pour les humains. De même, ces derniers sont une menace pour nous. Les chasseurs de surnaturel sont plus répandus qu'on ne le croit. Ils l'étaient tout autant à l'époque. » Elle semblait éprouver une certaine compassion pour les animaux que nous étions. C'était ainsi que les humains offraient leur confiance et se faisaient avoir. Je n'étais un modèle de bonne conduite mais je ne prendrai jamais sa vie; L'envie de lui faire peur me reprit : je ne voulais pas qu'elle se cherche un autre compagnon lycan après moi et qu'elle tombe sur un salopard qui la saignerait de sang froid. Je réservai cette partie pour plus tard, mais je décidai néanmoins qu'elle n'échapperait pas à ce qui lui permettrait de comprendre enfin à quel point nous pouvions être dangereux. « Je n'ai pas été à l'école. Les bases m'ont été enseignées par un vieux garou de la meute, le sage, version cliché. Ces choses là n'étaient pas pour nous, à l'exception de certains. Mais nous n'étions ni stupides ni des sauvages pour autant. Chacun avait son rôle, chacun travaillait et rapportait de l'argent. Je n'ai jamais eu la sensation de manquer de quoi que ce soit. Nous vivions en communauté, et étions heureux ainsi. »

J'avalai la préparation de l'humaine d'une traite, et déposai la tasse vide sur son bureau. Comme elle frissonnait, je m'approchai et la pris dans mes bras pour la réchauffer, ce qu'elle sembla apprécier. « Une enfance tranquille en milieu rural, et c'est tout. Les choses ont commencé à changer... une fois que mon corps s'est accoutumé à ce qu'il devait être depuis toujours... » « Un Loup ?... » « Hin hin. J'avais... entre 15 et 16 ans lors de ma première transformation. C'est arrivé dans mon sommeil, à la pleine lune, et je ne m'en souviens pas vraiment... » « C'est... douloureux ? » Je me souvenais d'avoir senti mon corps se déchirer pour épouser une nouvelle forme. Néanmoins, je conservais une certaine amertume à propos de cette transformation, qui m'avait été souvent rapportée sous forme de moquerie. A mon tour, j'exprimai un léger rire nerveux, et expliquai : « Oui. Enfin, je suppose... Je me suis évanoui, sur la fin. » La chochotte par excellence. Au moins, cela fit sourire ma compagne, et je l'accompagnai d'une tendre caresse. « Cela n'arrive jamais, en principe. Mais j'avais fait le plus gros du travail. Alors, oui, c'est douloureux. Plus que tu ne peux l'imaginer. Tes os se brisent, de même que ta peau. Ta chair se contracte, s'étire... Ton corps devient la demeure de 2 organismes fondamentalement différents. Ça ne fait pas le même effet qu'un bain délassant... »
Lovée contre moi, l'humaine se dressa sur la pointe des pieds pour atteindre mes lèvres qu'elle emprisonna d'un baiser. Je me penchai pour lui rendre ma haute personne davantage accessible, et la laissai égarer ses doigts dans ma chevelure brune, en bataille comme d'habitude. Je crus esquiver la suite de l'interrogatoire, et passer à des choses plus... tentantes, mais ce fut sans compter sur ma douce amie. « Et ensuite ? » « Ensuite... j'ai grandi comme un jeune loup. Fou, impétueux, imprévisible. Soumis à ses pulsions agressives et meurtrières. Heureusement, j'avais une meute entière pour m'aider à contrôler ma bête. Il s'est fallu bien dix années entières avant que je ne fasse les efforts nécessaires aux moments appropriés. C'est encore difficile, parfois. » Je ne voulais pas lui mentir. Elle avait le droit de savoir qu'elle couchait et peut-être tombait amoureuse d'un potentiel meurtrier. Et même, d'un meurtrier tout court. Mais je squizzai volontairement mes 1ers dérapages et les assassinats que j'avais causés.

[…]

« Puis, il y eut Moscou. Mon père avait décidé de déplacer la meute, purement, simplement, parce que nous commencions à être repérés à St Petersbourg. Moscou n'était pas un choix prémédité. Nous nous y sommes arrêtés quand la ville nous a paru la bonne. Une agglomération importante pour les ressources, inoccupée par nos semblables, et pourvue de grands espaces alentours. Soit l'idéal. J'avais la vingtaine, quand on s'y est installés, et ai vu notre famille s’agrandir considérablement en l'espace de quelques années... C'est à cette époque, que je l'ai rencontrée... » Mes yeux noirs rencontrèrent ceux, beaucoup plus clairs, de ma compagne, curieuse de connaître la suite. « Qui donc ? » Je souris, et la fis patienter quelques instants. « La louve que je suis venu chercher ici. Feina. Elle a été transformée par des amis en moi en 1983. Des jeunes fous de la meute, âgés de la trentaine, à peu près comme moi. Je ne l'ai pas mordue, mais je n'ai rien fait non plus pour les en empêcher. J'ai participé à son « enlèvement », en quelque sorte. J'ai été dans les premiers à la draguer dans ce bar... » « Mhhh... alors tu n'as pas beaucoup changé ! » railla la jolie blonde, un sourire faussement réprobateur au coin des lèvres. Elle avait raison. Mes chaleurs m'obligeaient encore à trouver des partenaires régulières. Mais je ne les blessais jamais physiquement, et encore moins les transformais. « Si ça peut te rassurer, je l'ai aidée à se remettre de sa transformation. Nous sommes devenus d'excellents amis. » « Amis, seulement ? » Adorable, cette pointe de jalousie... « Oh que oui ! Tu comprendrais si tu l'avais connue... Aussi canon que têtue ! » Son souvenir m'emplissait le cœur d'une certaine chaleur. Feina était liée à de bons souvenirs. « J'ai rencontré quelqu'un qui m'a dit lui avoir vendu un billet pour Saint Louis, il y a quelques semaines. Il me semble avoir reconnu son odeur ici, mais elle demeure insaisissable, fidèle à elle-même. J'aimerais la revoir pour évoquer le bon vieux temps... rien de plus. » Cela laissait supposer que nous avions été séparés, et cette partie de l'histoire n'échappa pas à mon amante. Aussi, j'embrayai sans même attendre ses questions. « Elle a du fuir la meute après une altercation avec notre Bolverk. L'exécuteur de la meute. Mon père l'a couverte, et lui a permis de quitter la ville. Je ne l'ai plus revue après ça. Et, c'est tant mieux... »

« Je ne comprends pas. Je croyais que... tu l'aimais bien ?... » J'acquiesçai, cherchant mes mots pour la suite. Le plus dur venait à déballer. J'avais encore le temps de faire marche-arrière, et pouvais toujours m'éviter cet exercice douloureux. Mais trente années après, je ne l'avais encore jamais fait. Il était temps d'extérioriser tout cela, pour de bon. « Elle serait morte, si elle était restée. Comme la plupart d'entre nous... » La gorge nouée, je serrai les poings. J'étais toujours aussi furieux d'y repenser. Triste également, mais les larmes d'un loup sont d'un précieux que peu d'humains peuvent évoquer...

Un long silence s'écoula, que l'humaine se contenta de respecter. Jusqu'à n'en plus pouvoir, et m'interroger de sa toute petite voix : « Que s'est-il passé... ? » Contraint de m'éloigner pour éviter de la blesser, je la repoussai doucement, et m'installai sur son balcon, admirant la lune bientôt pleine. Appuyé contre la rambarde, je n'eus d'autre choix que de laisser les souvenirs m'assaillir, me remémorant l'essentiel de ces évènements comme si j'y étais encore... « Cela s'est passé juste avant la Révélation de 2002. Cette période a été difficile pour nous, notamment en Russie, où nous étions très mal vus au tout début. Les bruits ont commencé à courir sur notre existence. Des groupes extrémistes se sont formés en vue d'éliminer les « monstres » que nous étions. Tout a basculé quand les plus jeunes d'entre nous se sont fait prendre. Les langues se délient sous la torture. Ils ont vendu le reste de la meute. » J'interrompis mon discours au passage le plus sanglant. Avait-elle besoin de connaître les détails ? Elle avait déjà saisi l'essentiel... « J'ai vu mes amis, mes frères et soeurs tomber les uns après les autres. J'ai vu mon père mourir sous mes yeux, et me confier ce qui restait de la meute. Nommé Alpha dans la précipitation et non selon les règles, je dus protéger les autres et les éloigner, sauver ce qui restait de notre famille en compagnie de ma mère. » Perché au dessus de la ville, j'en ignorai les lumières et retins ma force pour ne pas arracher tout ce qui se trouvait sous mes doigts. Je revis le regard suppliant de l'Ulfric, me faisant jurer de réussir là où il avait échoué. Ses compliments me revinrent en masse, s'entrechoquant dans ma mémoire. Entendre sa voix m'emplissait de rage après 30 ans encore. Tout sonnait tellement faux... tout ce que j'avais prouvé, c'était qu'il me connaissait mal.

Aussi tendre que possible, ma compagne m'entoura rapidement de ses bras, posant délicatement sa tête sur mon omoplate tandis que nos mains se joignaient sur ma poitrine. Sa douceur et son hésitation parvinrent à m'apaiser en quelques secondes. Je sentais son coeur battre plus vite que d'ordinaire, et la peur qui l'animait. Mais, je ne voulais pas l'effrayer. Si ces souvenirs étaient douloureux pour moi, elle n'y était pour rien. J'avais besoin qu'elle comprenne que jamais je ne l'attaquerai. Que je respectais trop sa vie pour ça...
Doucement, je me retournai et la pressai contre moi. Le visage grave, je fixais l'horizon tandis qu'elle vint se lover contre mon torse, allant et venant au rythme de ma respiration. Les lèvres perchées au creux de son oreille, je murmurai : « Je les ai tous perdus. Les uns après les autres. Trois, peut-être quatre ont survécu, et je les ai envoyés aux quatre coins du globe, priant pour leur propre survie. J'ignore s'ils s'en sont sortis. J'ai été Ulfric quelques semaines, le temps de comprendre que jamais je n'aurais été fait pour ce poste, contrairement à ce que tout le monde avait toujours pensé. J'ai pris les mauvaises décisions et ai précipité les miens, mes frères, ma famille, dans la Mort... Je n'ai pas tenu ma promesse. Et me suis trouvé suffisamment égoïste pour poursuivre ma vie sans eux. J'ai fui, seul. Pour devenir celui que tu connais aujourd'hui. »

Le silence accompagna la fin de mon discours, et c'est une de ses propres larmes que je dus cueillir sur sa joue. Se confondant en excuses, elle m'assura se détester d'être autant émotive, et je dus l'interrompre par un impérieux index unissant ses lèvres pour l'apaiser. Comme elle frissonnait, nous rentrâmes à l'intérieur et je la déposai sur son lit, l'embrassant longuement sur le front. J'en avais terminé, mais ne parvenais toujours pas à m'y résoudre : l'y soumettre, oui ou non ? Bien entendu, il le fallait. Mais il me restait encore un peu de temps...

« Qu'est-ce que tu fais ? » me demanda-t-elle alors que je l'allongeais sur son propre lit. « Je termine mon histoire, et je te regarde dormir, avant de sombrer aussi dans les bras de Morphée... » Mentis-je calmement. Ce faisant, je m'étendis à ses côtés, la tenant toujours contre moi, puis terminai : « J'ai d'abord rejoint St Petersbourg, par nostalgie. Tout seul, c'était plus facile de progresser à travers le pays, et puis petit à petit, la condition des lycanthropes s'est arrangée. Dès lors que l'on a partagé la vedette avec les buveurs de sang en 2002, je me suis senti un peu plus... libre. Même si les chasseurs de CESS n'ont pas disparu... » Attendri, je déposai un baiser dans ses cheveux et poursuivis : « Je suis allé un peu partout après cela. En Europe, puis aux Etats-Unis. J'avais besoin d'oublier la Russie. Pour les papiers, l'argent... je me suis débrouillé, travaillant parfois comme je le fais aujourd'hui au Vilicious. Pas besoin d'avoir fait Sciences Po pour être videur dans une boîte. Je crois que je vais rester à Saint Louis quelques temps, même après avoir retrouvé Feina. Si je la retrouve un jour... Il me semble qu'elle est aussi libre que l'air... » « Mhhh... un peu comme toi... » Je la vis sourire doucement, puis fermer les yeux alors que j'embrassais ses paupières. Fatiguée, mais visiblement rassurée, ma douce humaine s'endormit contre moi, bercée par les mouvements réguliers de ma cage thoracique. Elle était belle, douce, tolérante... en résumé, parfaite. Mais je ne pouvais m'y résoudre. Je n'étais pas fait pour garder quelqu'un près de moi. Pas fait pour être alpha, ni pour avoir une famille. Je ne le méritais pas, et n'étais pas certain de le vouloir non plus. Je fuyais mes responsabilités depuis toujours. Pourquoi m'arrêter en si bon chemin ?

Quand elle fut partie suffisamment loin dans ses songes, j'inspirai doucement et m'appuyai sur un coude. Mon coeur se serrait à l'idée de la perdre, mais j'estimai devoir faire ce choix. Le plus délicatement du monde, je me penchai vers elle et posai ma main sur son front. Alors, longuement, j'aspirai ses souvenirs, m'effaçant bientôt entièrement de sa mémoire. Après quoi, je m'écartai définitivement, puis me rhabillai sans bruit, afin de ne pas l'éveiller. Mon coeur se serra au moment de fermer la porte de sa chambre et de l'abandonner dans le noir. A son réveil, elle ne se souviendrait ni de moi, ni de tout ce que je lui avais raconté. Si l'on se croisait dans la rue, elle ne saurait me reconnaître.
Dans son salon, je pris soin d'effacer quelques indices me concernant, la privant d'une note et d'une photo sur son portable. Je n'étais pas expert en la matière, et il se pouvait que quelque chose me trahisse à l'avenir. Je n'avais jamais aimé user de ce pouvoir que je m'étais découvert tardivement. Premièrement parce que j'avais mis du temps à le maîtriser, et qu'il demeurait difficile à contrôler, quelquefois même dangereux. Et puis, je trouvais injuste de priver les gens de leur mémoire à volonté. Les souvenirs, ne sont-ils pas tout ce qui nous reste de ce que nous avons aimé, parfois ? Je le savais mieux que personne, mais quelquefois, j'estimais n'avoir pas le choix.