Sujet: Re: Money is power. Knowledge is power. Vampires are power Sam 9 Oct - 11:11
Once upon a time...
« If you’re going to San Francisco »
San Francisco. Pas la partie la plus intéressante de mon existence pour tout vous dire. J’y suis née, durant l’été 1976. C’était encore un peu les années hippies, cette ville était encore un repère homosexuel et contre-culture pour tout ceux qui avaient eut 20 ans il y a 10 ans. Mais bon, cela je l’ai découvert plus tard, en demi-teintes, dans des livres, à travers certains films et même par le regard d’autrui quand j’annonçais d’où je venais. Parce que dans ma famille, on est pas très branchés hippies et Peace&Love. Enfin il paraît que ma mère était utopiste et que c’est-ce qui l’a tuée. Il me semble pourtant que c’était une corde et un tabouret mais après tout, je n‘étais pas là et je me souviens que de peu de choses à son sujet.
J’ai grandi dans une maison luxueuse de Nob Hill, ou Snob Hill comme s’amuse à dire le commun des braves gens. Mon père est un des hommes les plus riches des Etats-Unis, il possède bon nombres d’actions, de placements, d’agences de fonds de pension et j’en passe et des meilleures. J’aimerais autant ne pas vous assommer tout de suite, la route est encore longue. Tout ça pour dire que j’ai passé une majeure partie de ma prime enfance bien loin de cette fameuse atmosphère que les touristes trouvent à ma ville natale, cette âme qui la rend tellement plus attirante que Los Angeles ou Vegas. J’allai dans des écoles privées, non mixtes pendant un temps et je fréquentais des gens bien nés, dont les parents étaient pour la plupart des clients ou des concurrents de mon père.
Je ne dirai pourtant pas que mon enfance et le début de mon adolescence furent une infinie partie de plaisir. Je ne tomberai pas dans le cliché du pauvre enfant riche, non j’avais une nourrice souriante et tendre, une grande maison, un jardin, des jeux et tout ce que je pouvais désirer à ma disposition. Enfin ça ne fonctionnait pas tout à fait comme ça… Mon père est un homme d’affaires, son foyer était une entreprise comme une autre. J’étais l’autre actionnaire majoritaire. Quand je voulais prendre une décision, je devais argumenter mon projet et expliquer pourquoi j’avais besoin des ressources financières qu’il pouvait me procurer. J’exagère délibérément en employant des termes d’économie, mais l’idée fondamentale est là. J’ai été élevée pour devenir la femme que je suis aujourd’hui. C’est donc pourquoi on pouvait me voir, âgée de huit ans, expliquer à mon père l’intérêt de m’acheter un bureau plus grand avec des rangements. Par chance pour mon géniteur, j’étais une enfant assez précoce, éveillée et intelligente.
Très tôt, j’ai su défendre mes intérêts, plus que mes opinions, m’exprimer aisément et de manière convaincante. « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement » me rabâchait mon père. Heureusement pour lui, j’étais une petite fille calme, posée, préférant faire des additions et jouer aux échecs plutôt que de faire des caprices. J’ai bien dû essayer une ou deux fois, mais une stratégie qui ne paie pas ne s’utilise pas. Vous supputez sans doute que tout cela n’est pas très sain et vous auriez probablement raison. Mais sans cela, je ne serais pas arrivée là où j’en suis. Je dois ce que je suis à mon père et à son éducation. C’est un homme remarquable, qui a su m’éduquer à sa façon tout en engageant la bonne personne pour m’entourer d’un peu d’affection. Ma baby-sitter était l’employée idéale, mon père m’a appris à toujours choisir la personne qu’il me faut durant un entretien d’embauche, Nancy prouve qu’il a toujours su le faire. C’était une fille simple et gentille. Je ne l’ai pas revue depuis des années, il faut dire qu’elle a disparu du paysage quand j’avais onze ou douze ans. Alors, ce fut juste mon père et moi.
Dernière édition par Joan G. Williams le Lun 18 Oct - 20:25, édité 2 fois
Sujet: Re: Money is power. Knowledge is power. Vampires are power Sam 9 Oct - 11:11
« Just gonna stand there and watch me burn »
Mon père. Nathan Paul Williams. Il aurait préféré avoir un fils et sa femme s’est suicidée parce qu’elle ne pouvait pas supporter. C’était une intellectuelle bobo-chic, qui s’habillait en coton péruvien, organisait des défilés de mode pour la charité et écoutait les Beatles. Je me suis toujours demandé ce qui reliait cette femme, un peu artiste, un peu prétentieuse, un peu instable à mon père, cet homme si rationnel, terre à terre, efficace. Qui m’a façonnée à son image. Lui et moi entretenons des rapports complexes, depuis toujours. Je ne saurais vraiment l’expliquer, c’est difficile à définir. Il m’a tout donné, tout appris, il m’a élevée, éduquée. Je ne peux que l’aimer, il est le seul à toujours avoir été là pour moi, le seul à avoir eu le courage de s’occuper de moi. On peut discuter ses méthodes, enfin dans l’absolu même si moi je trouverai cela franchement culotté, mais on ne peut pas nier tout ce qu’il a fait pour moi. Comme toutes les fillettes, j’ai loué mon père, il était le seul homme, la seule personne qui existait réellement pour moi. C’était un héros, dur, un peu sombre et sévère. Mais un héros quand même, un héros de mon quotidien.
Plus le rêve est grand et plus la désillusion est cruelle, c’est un fait établi. Il m’a donc toujours été difficile d’admettre que mon père était un homme cruel. Il était froid, comme mort à l’intérieur. Vide. Une machine, qui faisait tout avec rigueur et perfectionnisme, qui avait achevé de grandes choses mais sans âme. Un robot qui ne sélectionnait que le meilleur, une sorte d’idéal de l’homme moderne, un monstre tels que ceux que dépeint George Orwell dans 1984. Big Brother himself. Mais pourtant comment ne pas l’admirer? Il est si puissant, il émane de sa personne un charisme incroyable, une force indubitable. Sous son enseignement, j’ai découvert comment arriver au bout de ses projets, comment gérer une entreprise, du personnel, autrui en règle générale. Biaiser, ruser, manipuler dans la plus grande finesse. Mais je n’ai pas appris dans la douceur.
Evidemment, mon père ne m’a jamais frappée, il a bien plus de dignité que cela. Mais il exerce son pouvoir de la même manière sur tous, dans un désir mégalomane un peu malsain. Il est le maître de tout, en toutes circonstances et sait vous le faire savoir. J’étais soumise à son autorité pleine et entière, je le craignais en un sens. Il avait le pouvoir de me faire frémir sans ouvrir la bouche, un seul regard pouvait me miner pour des journées entières. Il parlait toujours avec parcimonie et jamais pour se perdre en flatterie. Il disait que cela ne convenait pas. Il disait que j’étais une fillette, une chochotte et que s’il avait eu un fils, il aurait pu lui apprendre quelque chose, mais que je ne pourrais jamais l’égaler. Que j’étais à peine assez méritante pour porter son nom. Que je ferais mieux de travailler plus, si je voulais avoir ne serait qu’une maigre de chance de sortir sans honte d’une faculté de seconde zone. Je n’avais pas de grandes attentes à avoir dans la vie, vu l’incompétente que j’étais. A dire vrai, Nathan Williams m’a brisée. Il a détruit toute l’estime de moi que j’avais, il a anéanti toute ma personnalité, me réduisant à une bête de travail craintive et acharnée. Il m’a réduit à néant pour me reconstruire comme il le désirait. Il a cassé tout ce qui était moi en moi pour me créer une nouvelle fois. Me faire renaître, correctement.
Ca n’a pas été sans mal, en bonne adolescente qui se respecte, j’ai pété les plombs. J’ai vécu six mois dans le studio de mon mec quand j’avais 15 ans, j’ai littéralement craché au visage de ce monstre que je haïssais du plus profond de mon âme, j’ai vécu ce que les jeunes gens pensent être la grande vie. Petite poupée évidée, j’ai traîné dans des raves, pris des shoots d’héroïne magistraux et joué avec la mort. Fillette sans secours, déstructurée, perdue. Paradoxalement, je continuais à travailler. J’étais dans une sorte de bulle complètement coupée du monde. Je m’acharnais avec une force presque surnaturelle au lycée, je décrochais des notes meilleures qu’elle ne l’avait jamais été, passais des heures à bûcher. Les matières où j’étais le moins douée n’étaient pas une bête noire pour moi. Je me les coltinais avec une rage féroce. Je bossais ces cours, pourtant si vides de sens, de 8h du matin à 11h du soir. Et je sortais toute la nuit. J’étais dans une léthargie hallucinée, je ne sais pas ce que j’ai fais véritablement pendant cette période instable de mon existence. J’ai marché dans les traces de ma mère m’a un jour dit Nathan. Je l’ai haï, je m’étais dit que jamais plus je ne retournerais chez moi. Mais la vie que je menais ne me convenait pas non plus. Je voulais plus, j’avais bien plus d’ambition que ça. Je n’étais pas faite pour vivre comme une moins que rien dans un douze mètres carrés avec un espèce de junkie encore plus paumé que moi. Ce n’était pas ma vie. Je ne pouvais pas toutefois retourner chez moi, mon père m’aurait jeté s’il m’avait vu avec mes jeans et ma veste en cuir.
J’ai donc arrêté toute cette caricature de vie adolescente rebelle, j’ai trouvé un boulot de nuit. J’étais toujours au bord de l’évanouissement, au bord de la chute, à tout moment mon organisme pouvait me lâcher et m’envoyait directement à l’hôpital. Je tenais mon rythme toujours aussi effréné, d’abord avec un peu de coke puis au final par une force mentale démesurée. Je suis une battante et mieux que ça une gagnante. Je fais tout ce qui est en mon pouvoir et plus pour atteindre mes objectifs et mon mental ne lâche jamais. C’est dans ce moment de battement, d’indépendance précaire, où j’avais un autre appartement, propre, simple, que je suis devenue ce que mon père attendait de moi. J’étais devenue plus froide, moins émotive.
Il est évident que vivre seule, âgée d’un peu plus de seize ans n’est pas si simple. Mon père savait pertinemment où j’étais, il continuait de payer l’école tant que j’y allais mais ne s’occupait sinon pas de moi. Entre le moment où je suis partie et celui où je suis revenue, il a dû s’écouler environ un an, peut-être un peu plus même. Jamais en ce laps de temps il m’a écrit, téléphoné. Encore moins est-il venu me voir. Pas un signe. Je me doute maintenant qu’il observait de loin l’évolution des choses. Il est même possible qu’il ai prévu quelque chose de cet ordre, que même ma crise d’adolescence ai été soigneusement orchestrée par ses soins. Si c’est inévitable, sers t’en à tes propres fins. J’ai donc gagné en force, en maturité, en organisation. Je faisais tout moi-même, je me débrouillais, économisais avec soin. J’étais devenue autonome, individualiste, distante. Mais je savais aussi me montrer respectueuse, polie, propre sur moi et bien élevée, je ne faisais pas de vague et m’adaptais à tout ce qui se présentait. Caméléon citadin, je menais ma barque en solitaire, me débarrassant des requins qui pouvaient m’entourer avec sang-froid. J’étais prête en somme.
Ce ne pouvait être aussi simple, je ne pouvais pas y retourner. Pas après ce que j’avais fait. Et puis j’avais tout de même ma fierté. Ce n’était pas faute de vouloir retrouver ma demeure et mon père, qui malgré tout ce qu’il avait pu faire, la véritable torture psychologique par laquelle il m’avait fait passée, demeurait tout ce qui me restait. Mon père. Ma seule attache, ma seule famille. Il ne m’épargna pas l’humiliante obligation de me présenter la première en signe de réconciliation, mais je ne suis pas venue le supplier à genoux. Je suis simplement revenue, lui souhaiter son anniversaire. Il a ouvert la porte, a tout juste souris et m’a dit tout net « Rentre à la maison. » C’était un ordre limpide et clair. On ne m’accueillait pas, on m’obligeait. Je franchis le seuil de chez moi et signa mon propre acte d’emprisonnement. Je paierai et ce n’était que le début d’une nouvelle ère.
J’avais cru mon père dur. Il m’avait dit des choses affreuses. Mais maintenant j’étais préparée, j’étais beaucoup plus forte et endurante qu’avant. S’il avait repris ses dénigrements quotidiens et son mépris, j’aurais traversé l’épreuve sans trop de peine. Mais Nathan Williams est bien plus inventif que ça.
Dernière édition par Joan G. Williams le Lun 18 Oct - 20:32, édité 2 fois
Sujet: Re: Money is power. Knowledge is power. Vampires are power Sam 9 Oct - 11:11
« Best, you’ve got to be the best »
Vous connaissez le culte de la réussite? Gagner à tout prix, toujours être le plus fort, le meilleur, dans tout ce qu’on entreprend, tout le temps, sans concession. Et bien imaginez pire, encore pire. Une lutte de tout les instants pour ne pas faiblir, jamais, surtout pas en sa présence. Car Nathan Williams avait développé quelque chose de tout à fait nouveau. Il ne me méprisait plus comme une moins que rien. Il m’avait accordé le pardon, la grâce divine, mais ce n’était pas gratuit. Désormais, il comptait cultiver le potentiel que j’avais découvert dans mon changement, le pousser à son paroxysme. Ca n’avait jamais été assez bien, j’étais une misérable. Mais maintenant, c’était beaucoup plus pervers, beaucoup plus complexe. C’était convenable. Mais ça pouvait être mieux. Ce n’était pas mal. Mais ça devait être mieux. C’était plutôt bien. Mais ça serait mieux. Le lycée n’était désormais qu’une bagatelle, touchant largement à sa fin d’ailleurs. Je collectionnais les A+ sans que ça intéresse quiconque, pas même moi. Le système scolaire américain n’était pas un challenge suffisant pour mon père. Il m’apprenait bien plus, reprenait mon éducation là où elle s’était interrompue. Je n’étais plus le vilain petit canard, je devenais son apprentie. J’observais comment il faisait, je suivais de près la moindre de ses démarches, je lisais Forbes et The Financial Times le plus naturellement du monde. J’avais la finance et les affaires dans le sang, j’étais une élève appliquée et vive. J’apprenais vite. Et surtout, je ne visais que toujours plus haut, plus de connaissances, plus de techniques…
J’ai gardé de cette époque la capacité d’être à la pointe de la modernité, je ne m’arrête jamais. Je continue à apprendre et à m’instruire continuellement, je recherche la perfection avec acharnement sans jamais l’atteindre. C’est-ce qui fait de moi et de mon entreprise, une force motrice, qui va de l’avant. Je retombe sur mes pattes, j’anticipe, je prévois. Je ne laisse rien au hasard, jamais. J’ai appris bien trop tôt pour tomber dans des pièges de débutants et j’ai toujours su me démarquer, tirer mon épingle du jeu. Cela fait de moi une personne égoïste, parfois sans pitié, ne laissant pas de place aux faibles et aux perdants. Ainsi soit-il, ce ne sont pas ceux-là qui gagnent et qui rapportent.
Aussi, quand je suis entrée à la Harvard Business School, j’avais une petite longueur d’avance sur mes camarades de promo, auxquels je ne m’intéressais que pour tisser un futur carnet d’adresses. J’étais appréciée de mes professeurs, bien vue pour tout dire. Excellente élève, sérieuse, n’ayant jamais manqué un cours, de ceux qui avaient fait les stages les plus profitables… On parlait de pistons, de fille à papa sur les bancs de la faculté mais le monde est impitoyable et je n’allai pas laisser cette bande de minables m’abattre. Pas moi, je valais tellement plus que ça. J’ai travaillé auprès de nombreuses compagnies plus ou moins prestigieuses. Je continuais sur ma lancée fulgurante, surpassant par mon ambition, ma force de caractère et la quantité de travail que je fournissais n’importe lequel de mes camarades. J’ai reçu les félicitations de Harvard à la fin de mon cursus et j’ai obtenu diverses offres d’emploi. Je me refusais à travailler pour mon père, qui de toute façon ne me proposait pas de travail. Ils pouvaient aller se rhabiller ceux qui criaient à l’enfant gâtée et au papa protecteur. J’aurais pu choisir une compagnie au bord de la faillite, me faire avoir par des magouilleurs rusés qu’il n’aurait pas levé le petit doigt. Il m’avait tout appris, tout ce que l’université ne me montrait pas. A moi de lui prouver qu’il avait eu raison, de ne pas le décevoir.
Je n’avais pas besoin de l’aval de mon père, mais plutôt de sa reconnaissance. Je désirais le voir satisfait de sa progéniture, je voulais devenir aussi puissante qu’il l’était. Mon ambition suprême était de pouvoir un jour le surpasser, le moucher, réussir là où il n’était pas allé. Etre meilleure que mon père. Il n’était plus un héros, un modèle. C’était un maître à dépasser. Mais avant cela, il fallait que je fasse mes preuves comme tout le monde. Malgré mon pedigree haut de gamme, je n’avais qu’une vingtaine d’années. Je démarrais dans la vie active sous de bons augures, je n’avais pas besoin de donner de grands coups de pied dans les portes pour qu’elle s’ouvre mais je devais néanmoins tracer ma route…
Dernière édition par Joan G. Williams le Lun 18 Oct - 20:35, édité 2 fois
Sujet: Re: Money is power. Knowledge is power. Vampires are power Sam 9 Oct - 11:12
« ’Cause we are living in a material world »
Me voilà donc aux prémices de ma fulgurante carrière, quittant les bancs de l'école pour une des plus grandes places boursières du monde et un emploi chez Lehman Brothers. Je travaillais à Wall Street, surveillant les cours de la bourse et des actions du puissant groupe financier. Naturellement, les trois-quarts des gens ne comprennent pas un traître mot à ce que je raconte quand je parle de mon métier et je me contente de leur évoquer la vague idée de l’emploi de trader. Dans les faits, c’était un peu différent, mais je ne vais pas m’étaler sur des affaires de business. L’essentiel ici est que j’étais devenue seule maîtresse à bord, mon père était beaucoup trop loin pour avoir une quelconque influence, négative ou positive d’ailleurs. Car après tout, jusqu’ici, c’était lui qui m’avait forcée à cracher le meilleur de moi-même et décrocher des résultats hors du commun. A distance, la pression, l’idée de lui continuaient à me hanter, mais je n’en avais pas moins d’autres chats à fouetter.
J’exerçais un métier pénible, usant, prenant mais dont on retire des bénéfices qui en valent très largement la peine. Je touchais régulièrement des primes de mérite, j’avais écrasé comme de vulgaires insectes certains des collègues avec qui j’étais en lice pour une promotion… Au cœur du système qui régit le monde actuel, car ne vous y trompez pas le capitalisme n’est pas qu’une histoire d’économie, je prenais du galon aussi discrètement que faire se peut. Car je ne travaille pas pour la gloire mais pour ma satisfaction personnelle, pour assouvir une ambition qui est juste mienne. Je ne désire pas prouver au monde que je suis la meilleure, je désire m’améliorer constamment. Cela fait donc que je suis plus forte que la plupart de ceux avec qui je travaille et que je me retrouve facilement à des postes de décisions ou de stratégies. Ce n’est pas de la soif de pouvoir. Ca l’est devenu, car j’ai appris très vite qu’assouvir mes ambitions démesurées et mon ardent besoin d’en avoir plus se devait de passer part l’acquisition du pouvoir. Et le pouvoir c’est quoi? C’est d’abord l’argent. Mais ça ne suffit pas, être riche et stupide ne rend pas puissant. C’est donc aussi la connaissance. Riche, intéressé, cultivé, réactif. Des mots clés pour percer, pas seulement dans le monde de la finance d’ailleurs.
J’ai fait mon bonhomme de chemin et ça avait beau ne pas être tous les jours faciles, je trouvais cela tout de même bien plus amusant que ma vie entre mes quatre murs chez mon père. Je n’étais certes pas une oie blanche, ni une enfant de chœur en arrivant à NYC mais tout de même, cela faisait des années que je n’avais pas vraiment eu de temps pour moi. Je n’avais guère fréquenté les fêtes étudiantes, j’avais payé ma dette en alcool et en drogues bien avant. Mais dans la ville qui ne dort jamais, on se doit de passer quelques bonnes soirées. Cela n’avait plus rien à avoir avec ma débauche d’antan ou les bals de débutantes à San Francisco. Je me rendais dans des bars à sushis ultra branchés, les murs étaient blancs, les lumières bleues, un Cosmo coûtait seize dollars cinquante et nous parlions économie et Fashion Night Out. Ce n’était plus du tout une fête underground où chacun se détruisait dans son coin, une aiguille dans le bras et un trou à l’âme. Non, ici, déferlante de sourires ultra bright, tenues toujours à la pointe des tendances et il s’agissait d’être vu, à l’endroit E avec les gens qui construiraient l’avenir de ce pays. Il y avait un enjeu crucial. Une mauvaise soirée, une photo compromettante et c’en était fini. On en a vu disparaître des jeunes filles sortant victorieuses de la Columbia Business School mais qui ne savaient que trop faire la fête…
J’appartenais toujours à une élite, mais désormais, je m’aventurais pour de bon dans les arcanes de la vie en société dont mon père m’avait appris les fondements. Je n’observais plus, j’étais au cœur de l’action. Je tissais des contacts, créaient des liens, colportaient les bonnes rumeurs, me faisaient les bons amis, laissais sur la touche ceux qui finiraient par couler… J’apprenais toujours aussi vite et ça, c’était presque naturel. J’ai tellement dû jouer d’hypocrisie et de comédie que toute ma vie à New-York fut quasiment un jeu d’enfant. Les choses s’amélioraient encore plus au gré de mes promotions, je quittais le stress échauffé du cœur de la bourse pour aller à des dîners d’affaires et faire des discours devant les comités d’actionnaires. J’ajoutais une à une les nombreuses cordes que comptent aujourd’hui mon arc.
Je suppose que ma vie aurait pu continuer comme cela un moment, mais par chance, le vent a tourné au bon moment. Imaginons un instant que je sois restée dans cette compagnie jusqu’en 2008... C’en aurait été fini pour mes belles années et du jour au lendemain j’aurais quitté mon bureau au 37ème étage, un carton sous le bras, pour revenir honteuse et sans le sous chez mon père. La honte m’aurait tuée. Mais il y eu fort heureusement la Révélation et mon flair infaillible…
Dernière édition par Joan G. Williams le Lun 18 Oct - 20:39, édité 2 fois
Sujet: Re: Money is power. Knowledge is power. Vampires are power Sam 9 Oct - 11:13
« I don’t do funny business »
Je n’ai jamais été la fille branchée vampires et toutes ces histoires à dormir debout. Vous devez l’avoir compris à présent, je suis réaliste et terre à terre, les histoires de magie, le fantasque et la poésie ne sont pas franchement mes centres d’intérêts premiers. Bien entendu je ne suis pas sans culture, je lis, je me rends à des expositions et j’ai des connaissances basiques en art, mais c’est surtout utile. On ne peut pas briller en affaires si on ne brille pas en société et cela requiert un minimum d’intérêt pour la culture. Par là, je veux en vérité en venir à la Révélation. Autant certaines personnes ont été enchantées et d’autres terrifiées, autant moi j’ai pris la nouvelle avec des pincettes.
Je me suis beaucoup renseignée, j’ai tenu à vérifier les rumeurs, rencontrer des vampires et quand l’évidence de l’existence des CESS a été prouvée comme irréfutable, j’ai commencé à réfléchir à la question. J’ai toujours été relativement avant-gardiste et je m’étais toujours targuée d’être en avance, de réfléchir plus vite que les autres. Sûrement parce que mon père n’aurait pas été satisfait que je sois simplement douée. Je devais être brillante. Et ma plus belle réussite fut certainement en 2003, quand j’ai monté le projet de la J.G Williams Corporation. La première compagnie d’assurance, banque, conseil juridique et formations destinée aux créatures surnaturelles. Après tout, ils avaient jusqu’ici vécu dans la clandestinité, j’ai notamment réalisé que certains maîtrisaient mal les nouvelles technologies, que le soudain amont de paperasserie liée à la vie au grand jour, si je puis dire, n’était pas forcément le soucis premiers des vampires et métamorphes de tout poil. C’était un pari risqué, très peu de gens ont accepté d’investir, pour tout dire j’ai dû aller piocher des actionnaires au Japon, où l’on trouve un grand esprit de libre entreprise et en Europe, où j’ai séduit quelques âmes typiquement latines par le mythe du vampire.
Restait à faire accepter l’idée par les premiers concernés. Les études de marché ont donné des résultats assez positifs, mais la pluralité des services étaient nécessaire. Il ne s’agissait pas que des CESS en tant que tels, mais aussi de leurs modes de vie. Modalité d’assurance particulière pour les compagnons de vie des vampires, comprenez une couverture « accident du travail » pour les pommes de sang. Jurisprudence sur la question du statut des CESS et de leurs esclaves sur la scène juridique et politique, nouveauté dans les testaments, les assurances-vie… C’était un marché nouveau et j’ai été la première à m’y lancer victorieusement. Ce ne fut pas une mince à faire et je n’ai ouvert l’entreprise qu’après presque deux ans de travail d’amont. Toutes mes idées étaient brevetées et protégées de tous les côtés, j’ai même gagner de l’argent sur quelques procès question propriété intellectuelle.
J’ai donc ouvert le premier bureau de l’agence à NYC, ville cosmopolite et ouverte à la nouveauté, où je pouvais tester différentes idées, tailler dans le tas en somme. Je m’aventurais là où personne n’avait été avant moi, j’ouvrais une voie nouvelle. Les premiers temps furent chaotiques, difficile de convaincre tous les employés de venir de nuit pour faire face au Dracula de leurs souvenirs d’enfance. Mais finalement, mon culot et mon flair ne m’ont pas laissé tomber et en quelques mois, mon business a décoller. J’ai ouvert un second bureau à Philadelphie et au bout d’un an et demi, j’ai commencé à ouvrir des annexes de plus en plus loin. Vous pouvez désormais trouver un bureau J.G Williams Corporation à Chicago, Seattle, Los Angeles, Miami, Las Vegas et même Montréal. Je peux affirmer sans prétention que mon entreprise prospère, tout en continuant à innover et à proposer les meilleurs offres sur le marché encore très restreint des « services aux CESS ».
Et j’avais surtout réussi mon ambition ultime. J’avais devancé mon père. Je l’avais étonné, choqué peut-être dans un premier temps. Puis il a été vraiment secoué quand les affaires ont commencé à marcher et pour la première fois de ma vie, je faisais mieux que lui. C’était mon idée, à moi seule. J’avais gagné, il ne pouvait pas faire pareil, j’avais pris les devants, trouvé une idée avant lui. J’étais plus forte que mon mentor, mon père. Et, ce sera sans doute la seule fois où cela arrivera, Nathan a été fier de moi. Il l’a même dit. Dans un discours lors de la soirée d’ouverture de l’antenne de San Francisco. Cela ne se reproduira pas et mon père est mort dans un accident de voiture il y a un peu plus de seize mois. Il aura au moins vécu pour voir que ses efforts n’étaient pas vains.
Quant à moi, je ne compte pas m’arrêter en si bon chemin. J’ai ouvert un gros bureau à la Nouvelle Orléans en 2009 et je compte ouvrir une annexe dans la ville de Saint-Louis. On trouve ici un concentré de CESS assez incroyable et qui vaut n’importe quelle grande ville du pays. J’ai mis du temps à en entendre parler et à parvenir jusqu’ici, mais j’ai la ferme intention de m’implanter ici comme ailleurs. Je resterais un peu, le temps que tout marche bien. Et qui sait, cette ville spectaculaire pourrait être mon nouveau lieu de résidence. Le siège social de J.G Williams Corporation se trouve à New-York, mais des attachés de presse ont souligné qu’il serait bon pour mon image que je m’installe dans une ville moyenne, symbolique d’une quelconque manière, afin de me l’approprier véritablement. Peut-être que cette ville sera Saint-Louis, si le climat m’y semble propice…
Sujet: Re: Money is power. Knowledge is power. Vampires are power Lun 18 Oct - 22:26
RE-BIENVENUE ! Superbe fiche et personnage très intéressant ! J'ai hâte de voir ce que cela va donner en RP, ton idée d'agence pour CESS est très intéressante elle aussi. Je n'ai rien à redire. J'aime beaucoup ton écriture. En bref, tu viens de prendre le dernier train pour l'Enfer !
▌A débarqué le : 21/07/2010 ▌Parchemins : 4682 ▌Quantité de sang disponible : 32115 ▌Age du personnage : Dans les 660 ans, je ne les compte plus ! ▌Rang : Chef du clan Blackstone. ▌Job : Chasseur à mes heures perdues. ▌Citation : Sanguinaire, comme toujours.