Sujet: Re: Marcus A. Keir ~ Auguries of Innocence. [Finished'] Mer 22 Sep - 22:27
Once upon a time...
Par où commencer mon histoire..? Après 2000ans passés sur cette Terre, je dois avouer que tout se mêle. J'ai l'impression d'avoir vécu milles et une existences différentes tout en restant le même. Les expériences nous façonnent et font ce que nous sommes.. Mais imaginez ce que vous seriez après avoir connu le déclin et l'apogée de plusieurs empires, après avoir voyagé à travers le monde et appris plus d'une dizaine de langues différentes, après avoir connu, aimé des cultures et des peuples différents. Oui.. Imaginez.
Chapitre I. ~ Clamor Umbris.
J'aurais pu commencer par le commencement, ma naissance. Mais cette période de ma vie n'est pas vraiment intéressante, très ordinaire en fait. J'ai vécu comme tout fils de patricien, à l'abri de la faim et de la misère, instruis par un précepteur respectable. Vous l'aurez comprit, mon enfance et mon adolescence furent heureuses. Comme la plupart des garçons à cette époque, je ne vis pas beaucoup mon père, trop occupé à Rome. Je grandis donc dans un petit village entre Ostie et la capitale, ma mère ne supportant pas la chaleur et la crasse des grandes villes en été. Issue de la noblesse égyptienne, elle ne s'était jamais faite à la vie romaine, bien que peu différente de celle qu'elle avait connue autrefois, l'Égypte étant désormais une province comme une autre. Mon histoire débute donc par des retrouvailles, celles de deux vieux amis...
a.d. IV Kal. Jun. (29 mai 190)
Il est étrange de constater que parfois, notre destinée tient à peu de choses. Pour ma part, ce fut un simple mot qui fit basculer toute mon existence.
« Veni L.M.Flam.»
Lucius Maximus Flaminius.. Mon vieil ami était donc en ville.. Il n'avait pas besoin d'en dire plus, un simple « viens » suffisait, je savais où aller. Je n'hésitai pas longtemps et, attrapant un manteau, je descendis les escaliers quatre à quatre, excité par la perspective de nos retrouvailles. Je donnai quelques instructions à mes esclaves pour qu'ils ne m'attendent pas et sorti avec empressement. Traversant les rues sombres sans crainte, le quartier n'étant pas vraiment dangereux, je rejoignis la Via Sacra en un rien de temps. La nuit ne faisait que commencer mais déjà on pouvait entendre des éclats de rires, des cris, des jurons émanant des tavernes qui bordaient la rue. Je rabattis ma capuche sur mon visage, ne tenant pas à me faire reconnaître. Les jeunes patriciens qui allaient s'encanailler dans les quartiers pauvres n'étaient pas vraiment bien vu, surtout s'ils désiraient faire de la politique par la suite. Hâtant un peu plus le pas, je me dépêchai de rejoindre Subure, où il n'était pas bon de trainer trop tard le soir. Ici, peut importe votre naissance, votre rang ou celui de votre père, du moment que vous possédiez quelques sesterces, vous étiez considéré comme un dieu.. ou comme une proie, selon où vous alliez. La seule chose qui différenciait ce quartier de celui des tanneur, l'Argiletum, était l'odeur. Elle était à peine moins forte.. à peine. L'organisation des rues était quant elle, tout aussi anarchique... Les insulae fleurissaient à chaque coin de rues, intercalées entre quelques tavernes et lupanars. L'avenue principale « la rue aux putains » tirait son nom délicat des petites cabanes qui peuplaient ses abords. Si l'envie vous prenait d'aller voir de plus prés ce qui se tramait à l'intérieur, vous pourriez découvrir des prostituées de tout sexe et âge, qui vous vendaient leurs services pour une poignée d'as. Mais je n'étais pas là pour ça. Ne leur accordant pas un regard, je traversai la place sordide et m'engageai dans une étroite ruelle. Après de nombreux détours tortueux, j'aperçus enfin mon but, le Canis Ruber. Une taverne qui servait aussi de lupanar, aussi infecte que son nom le laissait présager... Mais peut m'importait, ici tous les clients étaient anonymes.
Je pénétrai dans l'établissement, tentant de repérer Lucius dans la pièce basse, enfumée. Il ne me fut pas dur de le reconnaître dans la foule crasseuse qui buvait et parlait grossièrement. Il était accoudé à un comptoir, semblant pris dans une discussion passionnée avec une prostituée fardée outrageusement. M'approchant doucement je lui envoyai une grande claque dans le dos, le faisait se retourner vivement.
« Marcus ! Je ne t'attendais pas de si tôt.. - Je vois ça.., répliquais-je en jetant un regard amusé à la jeune femme. Cela fait bien dix ans que l'on ne s'est pas vu et tout ce que tu trouves à faire c'est de me traîner dans ce bouge infâme! - Ne fais pas le difficile.., me supplia t-il en ricanant. Et puis.. Tu sais que j'ai toujours eu un goût prononcé pour les endroits louches.. »
Il éclata de rire et m'emmena dans une chambre à l'étage, commandant une cruche de vin au patron.
« Les tavernes patriciennes sont trop épiées.. Il n'y a que dans les lupanars que l'on puisse parler tranquillement. Le sexe est sacré mon ami! En parlant de ça, toujours décidé à garder ta virginité? -Hm.. Ne remets pas ça sur le tapis.. Je n'ai pas envie de finir comme mon père, à collectionner les maitresses. Si j'ai une femme, je désire la rendre heureuse.. C'est tout. Mais parlons plutôt de toi! Qu'est-ce qui t'amène dans notre illustre capitale? Je pensais que tu rentrerais plus tardivement, j'avais espoir de te rejoindre sur le front. - J.. j'ai eu quelques problèmes. Mais je t'expliquerais cela dans un autre lieu, j'ai envie de m'amuser un peu ce soir! »
Joignant le geste à la parole, il attrapa la cruche de falerne et en but une grande gorgée pour me la tendre ensuite. J'avais bien entendu noté son trouble, mais je ne désirais pas le harceler avec ça. Après tout, cela faisait dix ans que nous ne étions pas vu..
« Bois mon frère, murmura t-il, bois en l'honneur de la Vie. »
L'alcool agissant, la suite de la soirée fut un peu plus confuse. Je me rappelle que nous partîmes du lupanar quelques heures plus tard pour déambuler dans les rues.. Mais je dois vous avouer que je n'ai aucun souvenir de ce que nous fîmes ensuite. Toujours est-il que, lorsque je me réveillai le lendemain, un mal de crâne et une vive douleur dans le bas du dos m'assaillirent. Tâtant mes reins à vif, je découvris avec horreur que je saignais. Je m'empressai de regarder de quoi il retournait dans un miroir et aperçu avec stupeur un tatouage. La devise de l'empire était à jamais gravée dans ma chair.. « Senatus Populusque Romanus ». SPQR. Lucius m'avait fait tatoué et je n'en avait aucun souvenir.. Quel chien! C'était forcement de sa faute, jamais je n'aurais fait une telle chose consciemment! Seuls les simples soldats portaient ce signe de reconnaissance. Il était destiné aux plébéiens, pas à un futur tribun! Je m'assis sur mon lit, me prenant la tête entre les mains.. À peine l'avais-je revu que déjà les choses allaient mal, sans compter que je n'avais aucun souvenir de la nuit précédente.
Dernière édition par Marcus A. Keir le Ven 24 Sep - 21:13, édité 1 fois
Sujet: Re: Marcus A. Keir ~ Auguries of Innocence. [Finished'] Jeu 23 Sep - 10:34
a.d. VIII Id. Jun. (6 juin 190)
Dans une dizaine de jours, j'allais enfin quitter Rome et prendre mes nouvelles fonction de tribun militaire. Vous dire que je n'étais pas effervescent à cette idée aurait été mentir. J'allais œuvrer pour la gloire de l'Empire, pour la gloire de Rome! Je me sens si ridicule en y repensant.. Il est étonnant de constater comme les humains sont pétris d'idéaux et de rêves, assoiffés de gloire et de conquêtes. Je n'échappais, bien entendu, pas à cette règle. J'étais prêt à mourir pour la Grandeur de notre illustre Cité.. Ou plutôt à diriger les hommes qui allaient mourir pour Son nom. Une fois mon service militaire achevé, j'avais l'intention d'entreprendre une carrière politique. Fils de sénateur, je ne voulais pas décevoir mon père par un manque d'ambition.. Mais l'avenir me réservait autre chose.. De bien moins glorieux.
Une nouvelle lettre de Lucius me parvint, tout aussi peu explicite que la précédente. Mon premier réflexe fut de la froisser et de la jeter, ne désirant plus être mêlé à ses histoires sordides... Mais la curiosité prenant le pas sur la raison, je la lu tout de même. Il me priait de bien vouloir le retrouver dans sa demeure le soir même. Il y recevait «quelques amis» selon ses termes.. Une orgie donc. Et qui disait orgie disait banquet à n'en plus finir, danseuses, dépravations en tout genre.. Un savant mélange de sexe, de vin et de gastronomie. Je dois avouer que ce genre de plaisir ne m'intéressaient guère.. Je n'avais jamais aimé me vautrer dans la débauche, pour « honorer les dieux », l'Empire et nos ancêtres. Ces fêtes prenaient tout leurs sens en Grèce, où il s'agissait d'honorer Bacchus, mais ce que nous en avions fait n'était qu'une pâle copie des originales. En réalité, nous ne rendions plus gloire à aucun dieu, il ne s'agissait plus que de montrer le faste de l'Empire, de l'honorer pendant toute une nuit.. Même si il fallait se faire vomir pour cela.
Malgré mes aprioris, je décidai de m'y rendre. J'avais envie de revoir une dernière fois mon ami, celui qui avait été le frère que je n'avais eu et le mentor que j'aurais aimé avoir. Lucius avait 10ans de plus que moi mais aussi loin que je me souvienne, notre amitié a toujours été forte, fusionnelle. Peut-être était-ce une forme d'amour.. Je l'ignore.
Je partis à la nuit tombée et me rendis chez lui comme indiqué. Un esclave m'accueillit et me conduisit dans le tablinum, où la fête semblait déjà bien entamée. La pièce était enfumée par les volutes d'encens qui répandaient leur parfum capiteux dans tout l'espace, rendant l'atmosphère plus voluptueuse. Dans un coin des musiciens jouaient et des danseuses phéniciennes, égyptiennes se déhanchaient lascivement au rythme des chants. Les tables basses regorgeaient de mets divers: poissons, sangliers, perdrix et faisans.. Tous cuisinés avec finesse. Des fruits et diverses pâtisseries accompagnaient le tout. Sans compter le vin qui coulait bien entendu à flot. Alors que je cherchais Lucius dans la foule, une voix féminine m'interpella.
« Mais voilà notre futur sénateur.. Alors Marcus, quand pars-tu..? Es-tu venu pour goûter les plaisirs de la chair une dernière fois.. ou devrais-je dire... une première fois avant de partir? »
Ah.. Divine Lucilla.. Le verbe acide et la beauté exquise.
« Décidément.. Tous les Flaminius se donnent rendez-vous à Rome ces temps-ci.. »
Rejetant la tête en arrière, elle rit, me ridiculisant. Elle reprit bien vite contenance cependant et s'approcha de moi, venant me murmurer de douces paroles.
« Allons Marcus.. Ne fais pas semblant de ne pas être heureux de me retrouver.. Je suis sûre que je t'ai atrocement manquée.. »
Ses mains se glissèrent entre les plis de ma toge, cherchant à exciter mon désir. Je la repoussai vivement, écœuré par son attitude.
« Ôtes tes mains de là.. - Vraiment..? Je sais que tu en meurs d'envie.. Ne sois pas donc si prude et offusqué.. À moins que ce ne soit ta mère qui ne t'aies convaincu de rester vierge pour t'offrir à elle?»
Elle éclata de nouveau de rire, se moquant ouvertement de moi cette fois.
« Très amusant..Tes traits d'esprit me laissent indiffèrent Lucilla. Où est ton frère? C'est lui que je suis venu voir, pas sa catin de sœur. - Sa catin de sœur? Marcus.. Marcus.. Comment peux-tu traiter une romaine de sang pur de prostituée? Tu manque de clairvoyance.. Ce sont les Égyptiennes qui ouvrent leurs cuisses à tous! Sais-tu ce que l'on dit sur elles? On dit qu'elles sont tellement peu satisfaites par leurs maris qu'elles se font passer pour des prostituées et traînent dans les lupanars à des heures tardives.. Cela explique pourquoi j'ai vu ta mère à Subure, pas plus tard qu'hier.. »
Cette délicieuse créature avait toujours su appuyer là où ça faisait le plus mal.. Elle n'avait jamais supporté ma mère et avait toujours fait preuve de rancune à son égard, sans que je sache pourquoi. Je l'avais supporté des années durant mais ce soir, c'en était trop. Je n'avais pas un tempérament particulièrement violent, mais à ses mots je ne pu m'empêcher de laisser jaillir ma colère et de la frapper encore et encore, jusqu'à faire couler son sang, jusqu'à son mignon petit visage ne soit plus qu'un tas de chair saignant. En un mot, j'avais envie qu'elle crève. Mais ce que j'ignorais, c'était ce qu'elle était véritablement.. Et je ne tardai pas à le découvrir. Elle me repoussa si brutalement que je fut projeté contre un lit, m'effondrant lamentablement sur le sol, le souffle coupé. Je tentai de me relever mais elle fut plus rapide, me plaquant sur le sol sans aucun mal, une de ses mains serrant ma gorge brûlante.
« Tu vois.. Marcus.. J'ai toujours trouvé dommage que tu retiennes ainsi.. Tu aurais pu être un amant parfait.. »
Elle me fixa dans les yeux, un sourire aux lèvres. Et ce qui j'y vis me terrifia. Il n'y avait plus rien d'humain dans ces yeux noirs que j'avais autrefois aimé. Seule la sauvagerie, la haine et la faim y brillaient. Attrapant mes cheveux, elle me força à lui offrir ma gorge pour venir y mordre comme une bête affamée. Je me débattis comme je pus, ne comprenant ce qui m'arrivait, ce qu'elle faisait.. Je sentais ma vie chaude, poisseuse se répandre sur mes vêtement, sur le sol. Personne ne semblait nous prêter attention, les cris, les rires et la musique couvrant sans mal mes faibles protestations. Je me sentais chuter peu à peu dans l'inconscience, dans le froid de la mort. Elle interrompit soudain et se redressa, me toisant avec un sourire.
« Adieu mon ami. J'ai été ravie de te revoir.. Et de t'accorder la mort. Tu vois.. Je t'ai toujours aimé mais il faut parfois faire des choix. La vengeance est bien plus délicieuse à savourer que l'amour. Rassures-toi, je ne t'ai pas vidé de ton sang, j'en ai laissé assez pour que tu meures lentement, pour que tu prennes conscience de ta faiblesse.»
Et ce fut à cet instant que je perdis connaissance.
Dernière édition par Marcus A. Keir le Sam 2 Oct - 22:41, édité 2 fois
Sujet: Re: Marcus A. Keir ~ Auguries of Innocence. [Finished'] Ven 24 Sep - 15:33
Chapitre II. ~ Adulae Tenebrae.
Je me réveillai quelques heures après, mon corps me faisant atrocement souffrir. Mon cœur affolé battait irrégulièrement dans ma poitrine, semblant vouloir faire exploser mes côtes. Une image délicieusement poétique n'est-ce pas? C'est pourtant la sensation que j'eus sur l'instant. Je tentai vainement de me relever, constatant que j'étais allongé sur un lit. Je ne réussis qu'à chuter lamentablement, m'étalant par terre. Un haut-le-cœur me pris et je vomis sur le sol carrelé, tremblant comme jamais. Que m'avait-elle fait..?
« Toujours aussi pitoyable Marcus.. Tu ne fais décidément pas honneur à ton nom.. »
Je levai les yeux et la vis, me contemplant avec son éternel sourire amusé aux lèvres. Elle s'approcha avant que je ne puisse faire un geste et m'attrapa par les cheveux, caressant une de mes joues de sa main libre.
« Les Dieux doivent t'aimer... Remercie mon frère, c'est lui t'a sauvé.. ou damné, comme tu préfères. Désormais mon très cher, tu es condamné à passer l'éternité avec nous... »
Elle me lâcha soudainement et partit sans se retourner, me laissant dans le plus grand des désarroi.. L'éternité avec eux..? Que voulait-elle dire par là? Une nouvelle vague de douleur envahit mon corps maltraité et me fit oublier mes vaines interrogations. Tout mon être n'était plus que souffrances.
C'est donc ainsi que ma vie d'immortel commença. Par un stupide hasard. J'appris plus tard que Lucius m'avait trouvé et m'avait fait boire son sang, me sauvant ainsi de la mort. Ô combien j'aurais aimé qu'il n'en fasse rien.. Mais le passé est ce qu'il est, personne n'a le pouvoir de défaire ce qui a été fait.
Les siècles passèrent comme des journées, ou devrais-je des nuits, s'éteignant avant que je n'ai pu en saisir leur essence. Le maitre de Lucius et Lucilla, Titus avait accepté malgré lui ma présence dans sa « meute ». Étant l'infant de son infant, il ne pouvait faire autrement. Contrairement à eux, les massacres, le sexe et le sang ne m'attiraient guère. Mais comme tout jeune vampire, j'eus du mal à me contrôler les premiers temps, ne résistant à l'appel du délicieux liquide vermeil. Mes trois «compagnons» tirèrent quelques divertissement de cet état passager... Quoi de plus amusant que de voir un nouveau-né massacrer des familles entières contre son gré? C'est un spectacle si.. délicat. Cependant, au fil des années, j'appris à me contrôler et à refréner ma soif, m'éloignant peu à peu d'eux. J'avais pris l'habitude de chasser en solitaire, ne rentrant qu'à l'aube ou lisant toute la nuit pour m'occuper tandis qu'ils se distrayaient de façon moins.. innocente vais-je dire.
28 février 1550, Venise.
L'obscurité avait envahie les rues, donnant à la cité un aspect fantomatique, presque inquiétant. Seul le clapotis de l'eau troublait le silence de la nuit. On entendait parfois des rires, échappés d'un palais ou d'une riche villa, où la fête continuait malgré l'heure tardive. Une ombre passa, sa longue cape noire bruissant derrière elle. Elle semblait inquiète, pressant le pas. Elle savait pertinemment qu'elle aurait dû rentrer plus tôt, mais elle n'avait su résister aux tentations des festivités. Après tout ce n'était pas tout les jours Carnaval... Elle s'arrêta soudain, scrutant le canal.
« Il y a quelqu'un? »
Seul le silence lui répondit. Rajustant son masque, elle continua sa route, peu rassurée. Brusquement, quelque chose surgit des ténèbres et l'attrapa brutalement par les cheveux. Elle se débattit comme elle put, mais l'homme masqué était bien plus fort. La plaquant violemment contre un mur, il mordit sa gorge chaude, répandant du sang sur son costume blanc. Elle cria et tenta de le repousser sans grand succès. Il finit par la lâcher en riant, la regardant ramper pour tenter de lui échapper. Je contemplai la scène sans rien dire, une moue dégoutée aux lèvres. Luccilla et Lucius sortirent à leur tour de l'ombre, encerclant la pauvre femme. Antonius me jeta un regard amusé, un sourire sardonique aux lèvres.
« Eh bien, eh bien mon cher.. N'êtes-vous donc pas affamé après cette soirée festive? »
Je ne répondis rien, détournant le regard. Les deux vampires s'amusaient avec leur proie, savourant sa peur, son effroi. Déguisés en Medico della Peste, ils ressemblaient à deux corbeaux noirs, charognards avides de carnages. Ils la déshabillèrent, ne lui laissant que son masque pour l'humilier davantage. Plus elle criait et suppliait, plus ils jouissaient de leurs puissances. Pauvre sotte, elle aurait mieux fait de se taire et de mourir en silence. Ne supportant plus leurs jeux sadiques, je partis, me fondant sans mal dans la brume qui se levait. Il restait quelques heures avant le jour et je désirais les passer loin d'eux, loin de leurs divertissement morbides. Après toutes ces années, je sentais naître en moi une nouvelle humanité, un nouveau désir de rédemption. Je ne tuais plus que pour me nourrir, choisissant des êtres que la destinée n'avait pas favorisée. Prostituées, mendiants.. Tous ceux qui haïssaient la vie.. Et que j'enviais d'une certaine façon. Que n'aurais-je pas donné pour ressentir encore quelque chose avec ce cœur vide.. Seul le dégoût que m'inspirait mes compagnons me faisait croire en la possibilité d'une nouvelle existence. Je rentrai dans notre palais un peu avant l'aube, allant directement dans mon cercueil. Il fallait que je parte.
1er mars 1550, Venise.
Je rassemblai tout mes livres, seule possession à laquelle j'étais attaché. Durant toutes ces années, j'avais étudié, voyant l'humanité se développer peu à peu et prendre conscience de la richesse, de la beauté du monde. L'époque glorieuse de la Renaissance marquait la fin d'une période sombre, et inaugurait l'ère des découvertes. J'avais envie de voyager, de découvrir par moi-même ces contrées prodigieuses dont parlaient bon nombres d'ouvrages. Mais avant cela, il fallait que je brise le lien qui m'unissait à mon maître. Je n'eus aucun mal à le trouver, il suffisait de suivre le bruit des cris et des rires. Comme à son habitude, il avait invité des catins pour la soirée, tandis que sa sœur et son maître étaient allés au théâtre.
« Tiens.. Marcus... Que me vaut ce plaisir? Désires-tu te joindre à nous? -Certainement pas.. J'ai à te parler. En privé, insistais-je en jetant un regard impassible aux prostituées. -Allons dans la pièce d'à côté alors.. Attendez moi mes amours, je n'en ai que pour un instant..»
Nous sortîmes donc, allant nous installer dans une salle attenante.
« Alors.. Que veux-tu? - Juste t'annoncer que je pars. »
Il me lança un regard étonné puis éclata de rire.
« Allons tu n'es tout de même pas sérieux...? -Bien sur que si. J'en ai plus qu'assez de cette existence basée sur des principes que je hais! -Basées sur des principes que tu hais? Sois un peu réaliste.. Tu n'es plus humain.. À quoi cela te sers t-il de te raccrocher à ces vieux principes si ce n'est qu'à te procurer une souffrance inutile? Après toutes ces années tu es toujours aussi.. candide. -Je ne tiens pas à devenir un monstre comme toi ou ta sœur.. regardes ce qu'il a fait de vous.. Je pars, Lucius, je pars avant qu'il soit trop tard.»
Tournant les talons, je m'en allai pour partir à la découverte du monde, libre de toutes entraves.
Dernière édition par Marcus A. Keir le Sam 2 Oct - 22:41, édité 1 fois
Sujet: Re: Marcus A. Keir ~ Auguries of Innocence. [Finished'] Ven 24 Sep - 15:53
12 décembre 1990, New York.
Une fine neige tombait alors que je descendais quatre à quatre les marches qui conduisait au Subway. Je jetai un coup d'œil à ma montre, étouffant un grognement. 3h30, j'allai rater le dernier train. Vérifiant qu'il n'y ai personne dans les couloirs j'accélérai un peu, sautant sans mal par-dessus les tourniquets. Oui, c'était interdit mais je n'avais pas le temps de m'attarder et puis.. les lois sont faites pour être violées non? Je courus à travers le dédale des corridors et arrivai enfin sur le quai. Je sautai dans la rame sans réfléchir, les portes se refermant quelques secondes après moi. Je n'avais même pas regardé la destination.. Peu importe après tout, peut-être allais-je tomber sur quelqu'un d'intéressant ce soir..
Vous vous demandez certainement ce qu'un vampire peut faire dans un métro, par une nuit de décembre. Eh bien c'est simple.. je prenais des photos. Chaque soir, je m'embarquais dans un train au hasard, photographiant les personnes qui voyageait dans ma rame. Je saisissais des moment fugaces, volant des petits fragments de vie aux voyageurs. Comment en étais-je arrivé là..? Je l'ignore.. Mais la photographie m'avait toujours fascinée. Depuis toujours, j'étais un fervent adepte de l'Art, qu'il s'agisse de musique ou de peinture. Je jouais assez du violon et du piano et avait appris entre autres, quelques fondements dans la peinture et la sculpture. Mais au XXsiècle cependant, je tombai amoureux de la photographie qui ne tarda pas à se développer et à se démocratiser. L'Art contemporain finit par se l'accaparer et moi avec. Passionné par cette nouvelle activité j'en avais fait mon gagne-pain, devenant un photographe discret mais reconnu dans le milieu underground. J'avais eu du mal à me faire une place, ayant le physique d'un adolescent en pleine crise contre la société. Mais je dois avouer que je cultivais un peu cette apparence, aimant être pris pour ce que je ne n'étais pas. Mes cheveux bruns coiffés en bataille, mon teint de porcelaine et ma petite taille sont assez efficaces pour inspirer la confiance. Seuls mes yeux d'un bleu délavé trahissent mon âge. On dit souvent que les yeux sont le reflet de l'âme.. Alors la mienne doit être aussi pâle et désabusée que la mort. Malgré moi, ce fut à cette époque que je me sentis sombrer vers une inhumanité que je haïssais. Au fil des ans, j'étais devenu insensible et ne me raccrochais plus qu'à la rancœur et à la mélancolie qui habitaient mon être. Je gardais précieusement en moi mes anciens principes, les choyant pour ne pas faire disparaître le peu de sensibilité qu'il me restait.. Mais je sentais bien qu'ils ne sonnaient plus comme autrefois, me semblant désormais vides et creux. Toutefois, je dois tout de même avouer que, paradoxalement, cette période fut une des plus heureuse de ma vie. J'étais arrivé en Amérique vers 1900, quittant mon Angleterre bien-aimée où j'avais passé une bonne partie de ma vie après l'Italie. Je fus instantanément charmé par le modernisme des États-Unis, par sa soif de progrès. Après la vielle Europe et ses codes aussi rigides qu'ancestraux, cette terre promise ne pouvait que faire rêver. C'est ainsi que je passai le XXème siècle, voyageant d'États en États, m'imprégnant de ce peuple qui allait étendre son emprise sur le monde de demain.
3 août 2010.
Je regarde une dernière fois mes valises, vérifiant que tout y est. Le taxi klaxonne en bas, me sommant de descendre au plus vite. Attrapant mes bagages, je ferme une dernière fois la porte de mon appartement du Queens, la gorgé serrée. Avec la grande révélation de 2002, notre vie s'est simplifiée.. Mais beaucoup plus d'humains nous haïssent désormais, nous les créatures de la nuit, dont ni Dieu ni Satan ne veut. J'ai donc décidé de partir pour une contrée plus clémente, la Louisiane. Terre de prédilection des vampire, je l'ai toujours évitée car je ne tenais pas à rencontrer les autres membres de mon espèce. Mais aujourd'hui, j'aspire à en apprendre plus sur ce que je suis.. et peut-être à enfin accepter cette immortalité qui me ronge. Le poids du passé est un lourd fardeau et seul le futur peut m'apporter la paix que je désire, même si j'ignore de quoi demain sera fait.
________________________________ (Voilà j'ai enfin fini, j'espère que ce sera pas trop dur à lire xD)
Dernière édition par Marcus A. Keir le Sam 2 Oct - 22:42, édité 1 fois
▌A débarqué le : 21/07/2010 ▌Parchemins : 4682 ▌Quantité de sang disponible : 32125 ▌Age du personnage : Dans les 660 ans, je ne les compte plus ! ▌Rang : Chef du clan Blackstone. ▌Job : Chasseur à mes heures perdues. ▌Citation : Sanguinaire, comme toujours.
▌A débarqué le : 21/07/2010 ▌Parchemins : 4682 ▌Quantité de sang disponible : 32125 ▌Age du personnage : Dans les 660 ans, je ne les compte plus ! ▌Rang : Chef du clan Blackstone. ▌Job : Chasseur à mes heures perdues. ▌Citation : Sanguinaire, comme toujours.
▌A débarqué le : 21/07/2010 ▌Parchemins : 4682 ▌Quantité de sang disponible : 32125 ▌Age du personnage : Dans les 660 ans, je ne les compte plus ! ▌Rang : Chef du clan Blackstone. ▌Job : Chasseur à mes heures perdues. ▌Citation : Sanguinaire, comme toujours.
▌A débarqué le : 21/07/2010 ▌Parchemins : 4682 ▌Quantité de sang disponible : 32125 ▌Age du personnage : Dans les 660 ans, je ne les compte plus ! ▌Rang : Chef du clan Blackstone. ▌Job : Chasseur à mes heures perdues. ▌Citation : Sanguinaire, comme toujours.