Donnez moi votre main Monseigneur, je sens votre peur, mais il ne faut pas, la bonne aventure elle vous dira. Peurs envolées, pour rêves de félicité, charmant minois dans vos bras, tout vous sera dit, croyez moi.
"Mira en los ojos, y tu mirada negra de azabache lo dejará entre tus uñas, eres la exploradora, tú lo aporta y nosotros nos encargamos de eso princesa"* Me souffla t-il de sa voix de velours. Certains gagnent leur vie en érigeant des palais, d'autre en les parant d'or et de joyaux, nous ne sommes pas différent, seule la méthode diffère. Nos racines sont claires, notre héritage l'est tout autant, les mots de langue humaine nous assènent de terribles sobriquets, mais en vrai nous sommes une force, un clan. Je ne suis pas née pauvre, je suis née plus riche que tous autres, je suis née riche de musique, de sourires, de chants, de danses et de jeux. Je ne suis pas née seule, nous sommes un peuple au sein du peuple. Où le violon pleure, exprimant la souffrance et la tristesse des jours passés, où la guitare est frappée avec allégresse et sens inné du rythme. Où les femmes sont pieds nus dans la terre, mais charment avec sensualité et maîtrise, les hommes passant, leurs lourdes chevelures brunes cascadant sur leurs épaules nues, lançant à qui le recevra une oeillade chatoyante. Tournoyant sur elles mêmes, pour ensorceler tout à chacun, laissant dans leur sillage l'odeur de l'encens et du jasmin blanc. Où les hommes, sont forts et peu bavards, actes comptant plus que mots, donnant le timbre et la mesure, d'une main aussi douce que le satin mais aussi brute que le bois. Transportée dans un monde mélodieux, fait d'une folie douce et de rires en cascade. Je ne suis pas née contre ma volonté, ni contre celle de ma mère, j'ai été accueillit dans un cocon duveteux aux accents de liberté partagée. J'ai appris à tendre la main dans la rue, à sourire, à charmer à mon tour. "Venez Monseigneur, que l'on vous ouvre l'esprit, je ne suis qu'une Tzigane qui conte le récit des vies..." Je ne connaissais que ça et elle est entrée dans ma vie brusquement. Celestina Alcaron. Venant à nous, sans que je sois allée l'éclairer de ma lumière, d'une beauté espagnole rare, je me souviendrais encore longtemps de mon premier ressenti en la voyant. Jeune femme, pieds nus, parée d'un boléro violine qui encerclait mes hanches menues. Je n'ai jamais voulu être autre, mais une petite voix me glissa alors qu'elle aurait voulu lui ressembler plus tard. Je suis la "Luz" de notre famille, je les emmène et je les détrousse, c'est ce que je sais faire de mieux. Dans les croyances de mon peuple, il est dit qu'un né tzigane vivra plusieurs vies, comme ils avaient raison... Elle n'était pas dupe, et elle entra dans une colère noire, tellement sombre que je fus obligée de protéger ma mère, perdant ainsi ma liberté. Je savais qu'il existait d'autres créatures que les humains, les histoires tziganes parlent de la pesadilla a los dientes largos, une bête maudite, qui vivra une seule et trop longue vie, de solitude et de servitude. Sans le savoir, j'allais devenir elle. Traversant avant tout un désert sec et trop chaud, éloignée de force de ma famille, maudite à mon tour, enfouis dans un lit qui n'était pas mien, fiévreuse et délirante, répétant sans cesse les paroles d'un poème que mon père m'avait apprit.
Mais la mort ne me faucha pas, trop peureuse cette salope, non je me réveillais sous la forme d'une créature, qui avait hanté mes cauchemars d'enfant. Avec pour seul pilier dans toute cette folie, cette femme, Celestina, que je hais avec ferveur et intensité. Elle qui m'avait privé de ma vie, privé de ma joie, privé de mes nuits douces, non à la place elle m'avait fait sauter dans un cirque fou, celui où les acteurs souffrent au levé de l'astre lunaire et rêve de se tuer à chaque pleine lune. Littéralement esclave de leurs sens, emprise terrible de la colère sur mes nerfs de jeune femme. Te detesto a la puta de la luna, tu riqueza yo débecte y jamás tendrás confianza que vendrá de mí** Mais je l'ai suivit, je n'ai pas eu d'autres choix, parce que j'étais devenue un danger pour toutes personnes hors de ma race. Je n'étais plus Tzigane, j'étais devenue moitié louve, moitié humaine. Une lycane comme on les appelle. Je partis avec elle en France, quittant mes terres pour des aventures qui seraient trop grandes à suivre pour moi, pas que je sois stupide, mais je n'avais jamais connu autre chose que notre camps près de Séville. La guerre éclata là bas, logées dans une vaste demeure, nous avions servit de remparts, de refuge à la guerre... Me pensant alors en sécurité. Ayant non pas trouvé l'équilibre entre mon être et la bête, mais plus assurée de ne pas blesser.

Cuando la luna se vela, los lobos gritan y los vampiros sacan bosquetes
Je ne vis plus dans un milieu de dupes, ce n'est plus un jeu, ou alors il est vacillant et les règles sont floutées, pour ne pas dire pipées. Un seul regard posé sur lui, et mon équilibre fragile a tangué, son aura charmante m'a aspiré. Tentant de le contrer par tous les moyens, déployant mon caractère le plus incisif. Mais forcée de constater que chaque joutes verbales étaient empruntes d'un désir brûlant, il jouait avec moi, pour moi, et je fus happée. Regard ténébreux, stature imposante, élégance teintée d'un je ne sais quoi de cruel, une pointe de férocité dans sa voix posée... Garrett Morgan. Même le chuchotis de son nom à mon oreille, faisait trembler mon être tout entier, voulant l'effleurer, mais préférant par fierté le mettre plus bas que terre, de mes paroles vénéneuses. Fermant mes yeux le soir venant, tournant dans mon lit, me retournant, enflammer le creux de mes reins pour une nouvelle rencontre le lendemain, laissant mes mains redessiner les courbes de mon corps en songeant que ça pourrait être les siennes. Laissant un soupir de jouissance, éclore au sein de ma couche, désirant toujours plus sa proximité dangereuse. Perdant pied, non pas dans cet attrait pour lui, mais bien dans une fièvre lunaire, ne sachant plus très bien me défendre, qu'il me pensa souffrante et faible, n'était pas ce qui m'inquiétait le plus. Une nuit de pleine lune, dont je me souviendrais encore longtemps, une transformation affreuse, me poussant à crier humainement sous cet astre moqueur, nue comme Ève dans le jardin d’Éden, tout se déchira sans que je puisse lutter, devant ses yeux à lui, lui laissant donc le pouvoir de peut être me nuire, mais il n'en fit rien, et la bête ne l'attaqua pas non plus. étrange, les personnes que l'on croise durant sa seconde vie, si j'avais pu en parler à ma famille, mais ce ne fut jamais le cas. M'enveloppant dans un sentiment enivrant et délectable de passion, mélangée de haine, je tombais sous sa domination. Annonçant alors à Celestina mon départ, préférant voguer auprès de lui. Une histoire d'amour dévastatrice, entre un vampire et une louve, deux caractères diamétralement opposés qui s'unir pourtant à la perfection. Pas de mensonge, pas de non dits, tout était fait pour que cela dure... Mais le diable n'épouse pas son amante, il multiplie ses proies, au dépend de celle ci. Aveuglée par l'amour, la jalousie me faucha, tonitruante, revêche et appliquée, et me plongea dans une période de démence, aucune conscience pour apposer la résistance et je sombrais, allant jusqu'à l'impossible, l'improbable, la séquestration de mon bourreau. Le menottant à des fers vieux de 400 ans, dans les sous bassement de notre 'maison'... Perdant pied, ne sachant plus vraiment ni contrôler l'humaine, ni la bête, avide de ses excuses, de ses promesses de fidélité. Passant mes nuits, dans des volutes de fumées psychédéliques, drogues plus ou moins puissantes, pour me faire perdre un peu plus de raison. Il réussit à déjouer mes plans, et lorsqu'il fut libre de toutes entraves matérielles, il me chassa... Heurtant mon coeur, mon âme et chaque parcelle humaine. Les histoires d'amour finissent mal en général, c'est ce qu'on dit.

Coupure dans ma vie, le disque est rayé, mon esprit s'échappe, ma louve apparaît souvent, j'aime cette forme puissante, j'aime courir en elle, j'aime hurler à la lune et finalement, lors d'une chasse qui se finit au lit avec un strict inconnu. Il me conta la présence d'un alpha, d'une meute quelque part, lui aussi lycan, croisé dans les bois. Le quittant à l'aube, je pris le parti de trouver ce fameux Bartholomew, dont il m'avait parlé, caché sous le titre de la bête du Gévaudan... Je l'espionnais de nombreuses fois, lui et sa meute, pour finalement me faire surprendre un soir, pas commode et très puissant, je faillis perdre la vie. Si Celestina, présente dans ses rangs, n'était pas intervenue, je ne serais plus de ce monde. Une dette envers elle, que je pensais ne plus jamais rencontrer, comme quoi, la vie peut réserver des surprises. Je fus incorporée à la meute, sous le sobriquet de Lukoi, qui veut dire qu'en fait je suis la nouvelle, forte tête, à dresser, en gros. Je fis tout ce que je pus pour aider et protéger, malgré quelques débordements qui me valurent des corrections musclées, je sus que je ne pourrais plus me passer d'eux. être dans une meute, refaire partie d'une famille, ce ne sont pas des tziganes, ils n'ont pas vécu ce que j'ai vécu, mais ont eu leurs soucis et expériences aussi. Rien ne pourra m'éloigner d'eux... Rien.

"Y'a un nouveau vampire en ville, un connard finit, Garrett Morgan je crois... fais gaffe à lui." Mon coeur tambourina à la porte, et je faillis vomir ma bière sur ses chaussures. "Quoi?!"

*regarde le dans les yeux, et ton regard noir de jais le laissera entre tes griffes, tu es l'éclaireuse, tu l'apporte et nous on s'en charge princesse
** je te déteste la putain de la lune, ta richesse me débecte et jamais tu n'auras de confiance venant de moi