▌A débarqué le : 11/03/2013 ▌Parchemins : 166 ▌Quantité de sang disponible : 21658 ▌ Code couleur : Coral - #FF7F50 ▌Age du personnage : 34 ▌Rang : Responsable des éclaireurs et des nécromanciens ▌Job : Ancienne au Talamasca ▌Citation : Le mort est le guide du vivant
Sujet: Depend on something, and you will live a hell [PV Adam] Ven 15 Mar - 17:36
Callixte & Adam
Depend on something and you will live a hell
Une nouvelle journée s’annonçait, d’ici une heure la compagnie de pompe funèbre, notre couverture, ouvrirait ses portes avec ses employés. Le manège incessant des corps sans vie débutera, j’appelle ça la danse mortuaire, les corps viennent, s’en vont, d’autre viennent et s’en retourne à nouveau, à longueur de journée. Une nécromancienne ressens toujours ces choses-là, mon bureau ne se situe pas assez loin des locaux pour en être immunisé. Si cela avait été perturbant à mes débuts c’était devenu une habitude, inconsciemment je comptais encore le nombre des corps entrant et partant, mais il s’agissait d’un automatisme auquel je ne prêtais plus attention. Cependant, il m’était donc impossible de me vider l’esprit lors des ouvertures. Je devrais déjà être profondément enfouie dans mes pensées et me ressourcer, si je n’avais pas obtenue un élément important de ma nuit de vadrouille pour en faire un rapport auprès du secrétaire général. Depuis la diffusion de cette vidéo sanglante dans les médias c’est la débandade parmi la population, rien ne s’était passé comme nous l’avions espéré et nous ignorions encore comment les choses allaient se passer si l’existence des CESS venait à se confirmer. Les attaques avaient déjà commencé et les forces armés déployés, le couvre-feu ne nous facilitait pas la tâche, mais j’avais pu être témoin d’une potentielle alliance entre l’armée et des chasseurs. Ce n’était malheureusement pas le pire, le secrétaire général venait de m’annoncer qu’il démissionnait.
J’ai encaissé cette nouvelle avec calme, ce n’est pourtant pas les noms d’oiseaux qui manquaient dans ma tête lorsque je quittais son bureau pour aller retrouver le mien. Il est fou de faire aussi peu preuve de courage en ses temps difficile et il n’était pas le seul à avoir pris la fuite la queue entre les jambes, la majorité des membres du grand conseil étaient parties. La situation devenait critique, ils étaient tous en train de se laisser aller à la panique générale. Tout était partie d’une simple diffusion, notre espérance avait été que la population pensent à une mauvaise blague, mais tout était allé de travers et tous en pâtissions. Je n’osais imaginer ce qu’il se passerait s’ils apprenaient ce que je savais.
Les couloirs étaient calme ce matin, la plupart avaient déjà donné leur rapport et partit se reposer pour la journée. Depuis toutes ces années j’ai oubliée l’effet que pouvait procurer des heures de sommeil, je n’envie pas ceux qui dorment, mais parfois j’aimerais pouvoir retrouver cette sensation. La méditation m’apporte la paix mentale pendant deux heures, ce qui n’a pas d’égal à plusieurs heures de sommeil. Je ne prendrais pourtant jamais le risque de ne plus absorber l’énergie des morts, j’ignore si le jour où je m’endormirais, je me réveillerais.
Une porte s’ouvrit, se referma et des bruits de pas se firent entendre, j’étais devant ma porte lorsque je relevais les yeux vers le nouvel arrivant. Je le reconnus aussitôt, le novice de Gin, je fouillais rapidement dans ma mémoire pour retrouver son prénom sans que je n’ai l’intention de le saluer. Habituellement j’aurais ouvert ma porte et refermer après moi sans plus de cérémonie, mais quelque chose dans son comportement attire mon attention. Si le manque de sommeil n’est pas visible chez moi, il l’est parfaitement chez les autres et ce gamin possède des cernes et un regard qui me mettent mal à l’aise. Son regard est vide quand il remarque ma présence et lève les yeux vers moi, je lui rends son regard plus durement qu’à l’accoutumé. Mon boulot c’est d’observer, c’est devenu inné depuis ses 15 dernières années au talamasca, j’observe tout et n’importe quoi, donc dès qu’il y a une anomalie je la remarque que ce soit dans l’environnement ou chez une personne. Je ne me serais pas alarmé de voir ses mains tremblaient, s’il ne les avait pas fourré dans ses poches dès qu’il avait remarqué ma présence. Son regard a toujours eu tendance à être aussi inexpressif toutes les fois où j’ai pu croiser ce novice dans les souterrains, aujourd’hui il est plutôt hagard et alerte. Tout ceci aurait pu être mis sur le compte de sa fatigue évidente, mais je ne suis pas dupe et si je me trompe autant m’en assuré dès maintenant. « Adam. Pourrais-tu me suivre s’il te plait. » Ce n’est pas une demande, je ne suis certes pas son mentor, mais je suis une ancienne et le respect va de soi avec mon grade. J’ouvre ma porte du bureau et l’invite à y entrer d’un geste de la main, coupant toute tentative de fuite.
Sujet: Re: Depend on something, and you will live a hell [PV Adam] Lun 18 Mar - 21:07
Gimme cocaine gimme cocaine So that I won't feel no pain Gimme cocaine gimme cocaine Put my brain under the drain We're on our way we're on our way We're on our way to overdose
Le bruit infernal, mélange de batterie, de guitare saturée et de synthétiseurs agressifs, surplombé d'un chant hurlé retentit entre les murs quasiment nus de la chambre, augmentant en volume sonore à chaque seconde qui passait. Un vague gémissement de protestation se fit entendre, ainsi que le bruissement de couvertures et le son d'un coussin qu'on plaque sur la tête – vaine tentative de faire taire la musique qui vrillait les tympans. L'alarme avait été programmée pour être insupportable, après tout. A l'aveuglette, des doigts tâtonnèrent à la recherche du portable incriminé, renversant au passage un verre d'eau à moitié plein qui alla s'écraser sur le tapis au sol et y répandre son contenu, soutirant un juron étouffé à la forme endormie. Quand enfin les doigts se refermèrent sur le téléphone sonnant et vibrant, ils appuyèrent sur des touches au hasard – tout pour faire taire le bruit. Le boucan prit fin et le chaos – qui n'avait même pas duré une minute – fut oublié. N'en restait comme trace que la tache plus sombre qui s'était formée sur le tapis beige, au sol, et des couvertures un peu plus emmêlées que quelques secondes plus tôt.
Dix minutes plus tard, le même manège recommençait.
Quand enfin l'endormi prit la peine d'éteindre correctement l'alarme plutôt que la mettre automatiquement en snooze, il était enfin un peu plus réveillé. Pas assez pour ne plus avoir la tête dans le gaz, mais suffisamment pour ne plus être capable de replonger dans les bras de Morphée.
Fuck this shit.
Les couvertures furent négligemment poussées de côté tandis qu'un jeune homme s'en extrayait péniblement et s'asseyait/redressait dans son lit. Il s'étira paresseusement, fit craquer ses jointures – il avait mal partout. Passant distraitement les doigts dans ses cheveux bruns désordonnés, il éloigna les mèches qui retombaient dans ses yeux, se frotta vaguement le visage pour (tenter de) se réveiller un peu plus. La sensation désagréable du contact entre la plante de ses pieds et la flaque humide et froide au sol acheva de déchirer les derniers lambeaux du sommeil.
Bad day.
Son passage à la salle de bains se fit dans un brouillard cotonneux, en partie induit par le sommeil, en partie par la fatigue, en partie par le manque. L'eau glacée acheva de le ragaillardir et le miroir lui renvoya une image peu flatteuse de lui-même. Mal rasé, des cernes sous les yeux, les yeux rouges – il avait l'air d'avoir enchaîné les nuits blanches alors que ce n'était même pas le cas. Il tenta au maximum de faire disparaître les stigmates du manque, de se donner une allure présentable. Déjà que sa concentration n'était pas des plus optimales au boulot, en ce moment, il n'avait pas envie qu'on rajoute à ça des critiques sur sa tenue. Moins on avait de choses à lui reprocher, plus il passerait inaperçu.
Il prit son temps pour s'habiller, évita de jeter un coup d'œil au creux de son coude droit. Il ne pensait pas qu'il y aurait de bleu, mais il ne voulait pas songer à sa réaction s'il en voyait un. Quel idiot. Il avait été trop pressé, n'avait pas songé à se piquer derrière le genou. Tant pis. Avec les tenues qu'il portait au boulot, il n'y avait pas beaucoup de chance qu'on regarde ses bras, de toute façon. Ses possibles marques seraient aussi bien dissimulées que ses tatouages.
Une fois satisfait, il sortit de sa chambre sans oublier de prendre son portable, ses clés et tout ce qui pouvait bien lui être nécessaire pour la journée. Et puis, ce n'était pas comme s'il était fort loin du bureau, pas vrai ?
Les couloirs étaient calmes, ce matin, presque déserts. Personne à la machine à café. Il fallait dire qu'avec la situation tendue, on ne savait pas trop sur quel pied danser en ce moment. Tout n'allait pas bien au Talamasca, surtout avec la démission du Secrétaire général. Adam en était à se demander s'il aurait encore du boulot d'ici deux semaines. L'Ordre avait failli, en ne pouvant empêcher la diffusion de cette vidéo et qu'importait toute la campagne désinformation qu'on avait pu faire, la population n'était pas dupe et doutait. C'était pire que tout.
Mais surtout, de façon égoïste, il se demandait : et quoi, après ? Si le Secret était découvert, le Talamasca n'avait plus de raison d'être. Peut-être serait-il démantelé voire...peut-être même transformé en agence fédérale ? Agence fédérale du surnaturel. Pas sûr que ça passe forcément bien, quand la population menait une nouvelle chasse aux sorcières. Il prit une gorgée de café pour se chasser ces idées de la tête et fit semblant de ne pas remarquer que ses mains tremblaient autour de la boisson chaude. Avec une peu de volonté, il pourrait faire cesser les tremblements ; ici, personne ne le regardait, pas la peine d'y faire attention.
Son gobelet de café vide jeté à la poubelle, il se dirigea vers son bureau. Il était en retard et Gin' n'allait pas apprécier mais ça ne servait à rien de courir. Une minute de plus ou de moins, quelle importance ?
Dans les couloirs, il aperçut un peu trop tard la silhouette d'une des responsables. Éclaireurs. Instinctivement, il fourra ses mains dans ses poches (un geste malpoli, peut-être, mais c'était préférable plutôt que de la laisser voir ses tremblements) et quand il leva la tête vers elle, il lui adressa un vague salut de la tête. Il ne reçut qu'un regard dur en réponse. Il tâcha de rester impassible devant l'accueil plus que froid et allait poursuivre son chemin quand elle l'appela.
« Adam. Pourrais-tu me suivre s’il te plait. »
Il se figea automatiquement et ne se retourna pas immédiatement. Ses mâchoires s'étaient serrées, par automatisme. Il n'aurait même pas cru qu'elle connaissait son nom. Qui était-il, à part un petit novice dont le mentor n'était même pas issu de sa branche ? Merde.
Faisant demi-tour, il la suivit à contre-cœur dans son bureau et garda la tête haute. Il ne devait rien montrer, strictement rien montrer.
Il resta debout une fois dans la pièce, n'ayant pas été invité à s'asseoir et ne désirant, de toute façon, nullement s'attarder ici. Mieux valait mille fois se taper une Gin' énervée que d'être face à un responsable soupçonneux. Ça ne pouvait annoncer qu'une mauvaise nouvelle.
« Vous avez quelque chose à me dire, madame ? » s'enquit-il poliment.
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Sujet: Re: Depend on something, and you will live a hell [PV Adam] Lun 25 Mar - 14:14
Mon bureau est toujours aussi impeccablement rangé, quand on ne dort pas ça laisse amplement le temps de développer une maniaquerie de l’ordre afin de passer le temps. Et plus le temps passe, plus ça se transforme en pulsion incontrôlé. La pièce est suffisamment éclairée pour donner l’impression que le soleil traverse des fenêtres, mais il ne s’agit que de l’artifice des ampoules. Aucune pièce du souterrain ne comporte de fenêtre, pour compenser ce manque ils avaient placé des ampoules puissantes, mais l’artifice ne trompe personne, nous savions tous que nous étions sous terre. Certains le vivent mieux que d’autres, les claustrophobes évitent autant que possible les lieux. Ils évitent aussi mon bureau autant qu’ils le peuvent. Mon mentor était proche de ses collègues, il palabrait avec aisance, inspirait confiance et respect, je m’étais moi-même faite prendre par son charisme mais j’étais bien incapable d’en faire autant avec les autres. Je savais observer, écouter, quelque fois être bonne conseillère, pourtant je n’étais jamais parvenue à instaurer la même confiance que mon mentor. Il m’avait expliqué que c’était à cause de mon apparence imperméable, était-ce un mal de ne pas parler de soi ? Aucun d’eux n’avait besoin de savoir quoi que ce soit à mon sujet, il n’y avait rien à dire à des collègues de travail. S’ils persistent à me voir comme un tyran je n’allais pas les contredire.
« Vous avez quelque chose à me dire, madame ? » D’un geste de la main je l’invite à s’asseoir, ce qu’il dédaigne faire pendant que je referme la porte après lui. « Callixte. Pas de madame. » Mon bureau est tout aussi imperméable que sa propriétaire, hormis un tableau accroché au mur. Au premier coup d’œil il semblait vrai, mais un connaisseur reconnaitrait un faux. Je ne pouvais m’offrir le vrai, il faudrait être milliardaire pour avoir la chance de le posséder et encore le radeau de la méduse était sagement exposé au musée du Louvre à Paris. Les plus belles œuvres artistiques possèdent leur imitation et j’avais mis la main sur l’un d’eux pour l’exposer dans mon bureau. Ce faux tableau est la seule chose personnelle visible dans ce bureau, le reste était telle que je l’avais pris des années plus tôt. Je jette un coup d’œil à cet œuvre merveilleuse avant de croiser le regard du novice, bien plus sereine que lui je le détaille de la tête au pied. « Tu m’excuseras je n’ai pas retenue ton nom de famille. Tu es le novice de Gin, je ne vais pas te retenir trop longtemps. J’aimerais juste éclaircir quelque point. »
Puisqu’il ne s’assoit pas j’en fais autant, du moins je ne m’assois pas dans mon fauteuil. Je me cale contre mon bureau sans en faire le détour afin qu’aucun obstacle ne s’interpose entre lui et moi. Je ne m’attends pas vraiment à ce qu’il m’attaque ou prenne la fuite mais il vaut mieux prévenir que guérir. « Tu es arrivé de Londres récemment, et je suis au courant de ce qu’il t’a fallu subir avant de pouvoir entrer comme novice parmi nous. » Parce que je suis responsable, et que je le peux, j’étudie tous les dossiers des novices, qu’ils soient de ma branche ou non. Je ne suis pas friande des surprises et par sécurité j’aime savoir à qui, ou quoi, j’ai affaire. Je suis donc parfaitement au courant de la désintoxication d’Adam avant sa venue en Amérique. De la poche intérieure de ma veste j’en sors une cigarette mentholée et l’allume, pour le laisser méditer et aussi pour me laisser un peu de temps à réfléchir sur la meilleure manière de lui annoncer mon point de vue sans le braquer, mais il n’y a pas plusieurs façon de tourner autour du pot, je mise plutôt sur une attitude directe. « Alors, tu préfères lui annoncer toi-même ou va-t-il falloir que je le fasse ? »
Rien à mon apparence ne laisse apercevoir comme je suis furieuse, je relève les yeux de ma cigarette allumée pour observer sa réaction. C’est infime, presque imperceptible, mais quand je regarde ce jeune homme c’est une impression de déjà-vu qui me vient, je suppose que c’est encore tout récent ou bien il cache parfaitement son manque. Je ne compte plus les fois où j’ai remarqué le peu de réaction de manque de ma mère lorsqu’elle affirmait qu’elle n’avait pas bu une goutte d’alcool depuis une semaine, toutes les fois où elle a démentie alors même que les faits étaient avérés et toutes ces fois où elle s’est mise dans une colère noire parce que je refusais de la croire. En fixant le novice, je m’attends à ce qu’il démente.
Sujet: Re: Depend on something, and you will live a hell [PV Adam] Mer 3 Avr - 21:06
Le bureau était impersonnel. Il ne pouvait pas dire vide puisqu'il ne l'était pas mais tout semblait calibré, neutre, sans aucune touche fantaisiste ou patte personnelle. La femme face à lui était-elle si rigide qu'elle ne souhaitait pas se distraire de ses tâches au bureau ou ne souhaitait-elle pas qu'on puisse deviner qui elle était réellement ? Au Talamasca, tout le monde se devait d'être un minimum observateur – c'était la condition sine qua non pour faire ce métier. Peut-être ne voulait-elle tout simplement pas qu'on puisse la "lire" grâce à sa décoration. Talamascains, profilers du surnaturel ? Pas loin de la vérité.
On aurait dit qu'elle venait d'emménager dans ce bureau, qu'elle n'avait eu le temps que de placer un tableau – une réplique plus vraie que nature – au mur. Étrange. Mais il n'était pas là pour faire l'inventaire de la pièce ou deviner qui se cachait vraiment derrière la responsable des Éclaireurs. Il avait d'autres soucis immédiats, comme, par exemple, ne pas se faire virer.
« Tu es arrivé de Londres récemment, et je suis au courant de ce qu’il t’a fallu subir avant de pouvoir entrer comme novice parmi nous. »
Adam ne réagit pas et continua de fixer calmement la responsable. Un masque stoïque, imperturbable, qu'il avait perfectionné au cours des années. C'était une remarque à peine voilée mais il ne s'en formalisait pas. C'était dans son dossier, n'importe quelle personne qui voulait fouiller dans sa vie pouvait avoir accès à ces informations. Peut-être le Talamasca avait-il même consigné des informations sur sa mère en hôpital psychiatrique, ses dettes, le décès de son frère. Tout ça, Adam pouvait le supporter, il avait appris à vivre avec ça, appris à ne plus le laisser l'atteindre comme auparavant. Il n'en était pas fier mais ne le nierait pas – à quoi bon, de toute façon ?
Mais le réel problème, c'était la drogue. Il avait juré d'être clean pour l'Ordre et il avait tenu, jusqu'à ce foutu jour où il s'était surestimé. Il s'était pensé capable de ferrer l'héritière O'Hara, avait été trop présomptueux, en avait payé le prix. Avait détruit un an d'efforts et mis en péril sa nouvelle vie. Il redoutait ce qu'allait pouvoir dire Callixte. Avait-il manqué de prudence ? S'était-il fait repérer, dénoncer ? Il avait crû être discret mais peut-être ne l'avait-il pas été suffisamment. Il doutait que le Talamasca soit magnanime au point de lui payer une nouvelle cure. Quand la situation était déjà si difficile et incertaine, on ne s'encombrait pas de novices qui ne respectaient pas les règles les plus élémentaires de l'Ordre. Il avait eu une chance et l'avait gâchée.
Elle alluma une cigarette. La fumée se répandit en légères volutes dans la pièce et sous l'odeur habituelle propre au tabac, on pouvait sentir de vagues effluves de menthe. Quelques secondes plus tard, elle attaquait de nouveau.
« Alors, tu préfères lui annoncer toi-même ou va-t-il falloir que je le fasse ? »
La moindre des choses était de dire qu'il ne s'y attendait pas. Il s'était attendu à un discours moralisateur, à une demande de confirmation ou simplement à un « Tu connaissais les conditions, tu es viré ». Pas à ça.
Et c'était presque plus facile. Il n'était pas proche de Gina. Elle était son mentor parce qu'ils s'étaient trouvé dans la même Maison Mère avant de partir tous les deux en même temps pour La Nouvelle-Orléans. Rien de plus. Elle n'était pas pédagogue, lui accordait à peine de l'attention, le traitait à peine mieux qu'un robot qui parle. Il préférait qu'elle l'ignore plutôt qu'elle passe ses nerfs sur lui. Il pouvait très bien se passer de ses foudres quand il ne rangeait pas bien un dossier. Souvent, il souhaitait qu'on l'ait placé sous la tutelle d'un autre mentor, mais il devait avouer que pour le moment, c'était plutôt pratique. Preuve en était que Gin' s'occupait à peine de lui : c'était une autre membre du Talamasca, qu'il ne connaissait que de vue et de nom qui remarquait la vérité. Quelque part, c'était presque blessant.
Retirant les mains de ses poches – et s'étant préalablement assuré que ses mains ne tremblaient plus – il croisa les bras sur son torse, une lueur de défi dans les yeux.
« Sauf votre respect, madame, je ne vois pas pourquoi je devrais l'en informer. Cela fait partie de mon passé et ça n'affecte pas mon travail. »
Un mensonge éhonté. La froide politesse, teintée d'une dose de rébellion. L'utilisation du "madame" alors que la responsable était de toute évidence contre. Ça n'allait certainement pas lui plaire mais tant pis. A ce train-ci, ce n'était certainement pas une micro-dose d'insolence qui allait le faire plonger.