Without You
Byron Lockhart & Rehan O'Neal

Des semaines ? Des mois ? Il y a trop longtemps que je n'ai pas pris la peine de m'immerger dans le monde réel et son actualité. Les annonces à la télévision me paraissent encore lointaines ; les paroles de Dimitri, visant à attiser ma curiosité éteinte, le sont aussi. Les drames n'ont pourtant pas épargné la ville en mon absence, mais le sort des suceurs de sang, je dois bien l'avouer, m'importe peu. L'attentat du Bloody est pourtant pour beaucoup dans mon retour prématuré. Éveillée ce matin avec la sensation d'avoir échappé suffisamment longtemps à mes fonctions tout juste confiées, me voilà repartie en direction du Manoir, sur les bords du Mississippi.

Kali. C'est le rôle que mon père de sang a eu la noblesse de m'offrir, après la disparition de sa partenaire. Un revirement de situation somme toute inattendu, qui fut pourtant difficile à avaler. Tout comme sa première décision, sachant que je convoitais son titre depuis bien longtemps.
Me voilà pourtant seconde, et prête à faire mes preuves. A croire qu'une certaine sagesse a malgré tout guidé mes pas ; ces derniers mois ont accru mon expérience et tassé ma jeunesse. Mes désirs de grandeur, à défaut d'être moindres, se sont faits plus réalistes. Et, avant d'être définitivement rayée de la liste, je tiens à assumer mes fonctions auprès des miens. Ils ont déjà suffisamment patienté et la tolérance de mon père à mon égard tend à le discréditer auprès des autres. Me voilà donc prête à faire honneur à mon rang, à mon sang, et à jouir enfin de mon statut de Kali, acquis pourtant si jeune. J'ai conscience du privilège, mais la Reine tapie en moi ne s'en contentera bientôt plus. Juste le temps de me remettre doucement à mon rôle et mes désirs de domination reprendront du service. Je le sais, je le sens. Une façon comme une autre de reprendre ma vie là où je l'avais laissée, avant de rencontrer l'amour et de subir sa trahison. Mes manigances seront seulement plus terres-à-terres et moins compromettantes. Que mon mentor s'en rassure...


Chaque fenêtre de l'imposante bâtisse laisse entrevoir les rayons doucereux d'un éclairage tamisé. Si mes confrères aiment le Soleil, la Nuit, ils préfèrent sans conteste s'en remettre à leur vue perçante, et profiter de la caresse de leur Maîtresse Argentée. C'est un soir de chasse, en Week-End, les animaux sont éreintés mais satisfaits, et rentrent au bercail tâchés de sang, à l'abri des regards indiscrets. Ma venue, probablement inespérée, suscite rapidement les intérêts. Je décèle, parmi lA procession, quelques coups d’œil méprisants, de la part de ceux qui ne me croient pas capable d'assurer ma fonction. Ils seraient pourtant surpris, et mon sourire en coin en dit long. J'attends, que chacun ait pénétré l'antre du Pard, puis m'immisce à mon tour dans la demeure Lockhart.

Sans surprise, au rez-de-chaussée, les plus rapides ressassent leur traque, une bière à la main. J'ai à peine le droit à un hochement de tête en guise de salut, mais ne m'en formalise pas. Dès lors que mon retour sera présenté de manière officielle, leur hypocrisie sera de nouveau enclenchée.
Shawn. Nina. Bien les seuls à croiser ma route, plein de respect pour le premier, et de joie pour la seconde. L'un ne l'avouera pas, mais je leur ai manqué. L'adolescence a gagné en force, et en assurance. Rien perdu de sa beauté et de sa luminosité. Sans attendre, je lui promets de l'emmener dehors, avec prudence, dans la semaine suivante. Cette enfant est une bombe à retardement qui me rappelle ma propre adolescence avec amusement. Trop la brider n'est qu'une mauvaise idée. Lui faire confiance est la technique à adopter, mais son mentor est trop différent pour le comprendre et en user. Qu'importe. Je suis là, maintenant. Je m'acquitterai de mon rôle avec plaisir.

« Il est à l'étage », me dit-on, sans même que j'ai à poser la question. D'un vague signe de tête, je remercie, et monte les marches avec une -curieuse- appréhension. Quelques pas seulement me séparent de celui qui a positivement changé ma vie. Plus qu'un mentor, plus qu'un père, plus qu'un ami. Quoi que j'en dise, quels que soient mes comportements adoptés avec lui, je le tiens en respect et comme tout enfant, angoisse à l'idée de le décevoir.
C'est pourtant lui, qui m'a offert ce temps pour me permettre de reprendre mes esprits...

Les évènements qui s’étaient produits en ville préoccupaient Byron au plus haut point. En effet, c’était surtout les vampires qui risquaient quelque chose dans cette histoire, mais, avec toutes ces suspicions et ces mouvements de foule, le Pard était en danger. Etant des créatures aussi hors du commun, ils risquaient à tout moment de se faire repérer par un humain, ou même à chasseur. Il fallait redoubler de vigilance et restreindre le plus possible les mutations lorsque c’était possible. Poussant un long soupire, Le lycan repoussa le journal sur le bureau et se frictionna les tempes, comme si ça pouvait l’aider à avoir les idées claires … Fermant les yeux, il perçut le bruit de ses congénères qui rentraient de la chasse. Il se redressa et décolla de sa chaise avec une tendre souplesse, acquise au cours de sa longue existence sur cette terre. Il s’apprêta à parcourir la pièce pour aller rejoindre sa famille quand des bruits de pas résonnèrent dans l’escalier. Ses pas. Byron, retint sa respiration, hésitant, debout au milieu de la pièce.

Elle était enfin rentrée. Sa fille, celle qu’il a transformée et en qui il a surement le plus confiance ici. Sa Kali. Sa petite reine. Le lycan sentit sa présence derrière la porte, seul élément qui les séparait à présent. Elle hésitait elle aussi. Comment va-t-elle ? S’était-elle-remise ? Son retour ne pouvait pas mieux tomber, il fallait se l’avouer. Une part de Byron se sentait intensément soulager de sa présence et un autre était encore préoccupée par les évènements. Imperturbable. Redressant la tête, il s’avança silencieusement dans la pièce, d’un pas souple et félin. Sauvage. Il se stoppa à quelques centimètres de la porte, préparant mentalement l’effet de son regard sur lui, de sa chaleur, ou, de sa présence tout court, qui était déjà l’un des plus beaux cadeaux qui soient. Après quelques secondes qui lui parurent interminables, il ouvrit la porte d’un geste lent.

Et elle se tenait effectivement là, devant lui. Symbole de luxure blond, au corps élancé, parfaite. Plantant son regard dans le sien, le jeune homme ne put retenir un sourire franc et apaisé. En cet instant, il ne se sentait plus seul, soulagé de tout ce poids qui pesait sur ses épaules. Il releva sa main et vint délicatement caresser le visage de la superbe femme qui se tenait devant lui. Rehan. Sa peau douce sous ses doigts lui procura instantanément une sensation d’apaisement. Au plus profond de lui, il savait que seule sa fille en était capable. « Rehan » Chuchota-t-il dans un souffle. & malgré son âge, sa sagesse, son expérience, il se trouvait devant elle, ne sachant quoi faire.

Depuis tout ce temps, il fallait avouer que n’importe qui pouvait être mal à l’aise. Sans réfléchir, il s’approcha de la jeune femme et déposa un tendre baiser sur sa joue. Chaude et accueillante. C’est ce qui était & ce qui sera. De nouveau, il planta son regard bleu perçant dans les siens. « Je suis si heureux de te revoir ».

La porte grince, et lentement, s'entrouvre.
Quelques semaines ne l'ont pas changé, pas plus que ne l'auraient fait des années. Le bureau, lui aussi, est toujours le même. Symbole de stabilité, dont nous autres félins, sommes friands, perdus dans un monde en perpétuelle évolution. Doucement, mes doigts cessent d'appuyer sur le bois, mon regard s'aplatit en signe de respect, et je reçois, docile, les premières caresses d'un père satisfait. « Rehan ». Mon nom dans sa bouche sonne telle une bénédiction. La preuve de mon existence, de ma valeur... Un nom qui a autrefois trop peu franchi les lèvres de mon géniteur, en dépit de mes nombreux efforts. N'étais-je pas exemplaire, enfant, adolescente, et ce malgré son dédain permanent ? O'Neal, son propre orgueil causant sa perte... et le départ définitif de ses plus précieux héritiers.

« Je suis si heureux de te revoir ». Quelques mots, une approche chaleureuse, toute la différence entre ces deux pères dont plus qu'un ne compte aujourd'hui. Lui. Lui que je contemple quelques secondes avec amour, avant de revêtir mon masque de fierté, et d'arrogance. Le prix à payer pour avoir à ses côtés la fille d'un homme plein de préjugés, fille façonnée par une éducation ô combien stricte où l'affection n'a aucune valeur, contrairement à l'insensibilité qui vaut tous les honneurs.

Fidèle à moi-même, je marque un temps de réponse non négligeable ; « Tu dois être le seul ». Puis mes lèvres s'étirent en un sourire cynique, une mine dénuée d'intérêt pour les sceptiques qui se prélassent en bas. Qu'importe s'ils ne m'aiment pas ! Je n'ai jamais eu beaucoup d'amis, et l'appui d'un seul homme me suffit. Celui de mon père, dont l'autorité s'est imposée d'elle-même.
« Ils étaient visiblement bien peu à espérer mon retour ». Il est vrai que je n'ai pas encore fait mes preuves. Un maigre obstacle à leurs yeux, m'a terrassée, et je les ai abandonnés. Ils n'en savent encore rien, mais ce sera l'unique et dernière fois. Je compte bien réparer mon erreur et mon montrer à la hauteur de mon rang. «  Les as-tu laissés croire que je ne reviendrais pas ? » Féline, je glisse une main derrière son cou et approche mon visage du sien pour humer son odeur. Celle du mâle, dominant. Une des rares à pouvoir se targuer de faire frémir la Bête qui partage ma vie.

Peut-être a-t-il eu lui-même quelques doutes au sujet de mon retour. Il a probablement été dur pour lui, de me voir brisée. Moi qui jamais ne flanche, moi qui jamais ne tombe, et perds jamais sa fierté, saisie par un sentiment aussi éphémère et vulgaire que l'Amour... Si nous pouvions oublier. Je ne souhaite ni comprendre, ni en parler. Ce qui est fait est fait et la preuve en est que tous les héros ont leurs faiblesses. J'ai supporté les miennes durant assez longtemps pour redevenir celle que j'étais, pleine de détermination et d'un peu plus de sagesse que par le passé. Il me tarde d'accompagner mon peuple et de faire honneur à ma race.

Joueuse, je quitte les bras aimants qui m'enserrent pour le fauteuil confortable qui trône derrière le bureau. Son fauteuil, symbole de dominance et de royauté, douce marque de défi destinée à lui montrer que j'en ai terminé avec mes jours d'errance. Le message est clair : je suis bien là, de retour, et tu n'as plus à t’inquiéter, père. Toute ma ruse, tout mon talent au service de son entreprise. Et me voilà pressée de reprendre de l'activité, pour oublier tout le reste et retrouver un semblant de dignité. Il n'est pas difficile de comprendre qu'aujourd'hui, la douleur est passée. Du moins, que je suis parvenue à la dépasser. Et qu'il ne me reste qu'un semblant de honte pour mon laisser aller. Par pitié, qu'il évite d'en parler. Aussi, je manifeste rapidement mon intérêt à l'égard du Pard. Nous pouvons faire comme si de rien était. Juste reprendre les choses là où on les a laissées...

« Qu'est-ce que j'ai manqué ? »

Si une chose pouvait être sûre, c’était que Rehan ne changerait pas. Malgré les aventures, bonnes ou mauvaises, qu’elle pouvait traverser, elle restait fidèle à elle-même. Sa fille ne laissait jamais ses sentiments paraitre, du moins pas aussi facilement & ce n’est surement pas la douce étreinte de Byron qui lui fera changer d’avis. Le Nimir secoua la tête à la remarque de celle-ci. Le seul ? Peut-être, mais à vrai dire, ça ne le dérangeait pas le moins du monde. « C’est parce qu’ils ne te connaissent pas aussi bien que moi. » Il accompagna ses paroles un petit clin d’œil.

Effectivement, après toutes ces années, le Jaguar avait pris le temps de connaitre la jeune fille. Celle qu’il a lui-même transformé & qui lui a confié l’un des statuts les plus importants du Pard. Au fond de lui, il savait que c’était la place qui lui revenait de droit, pour l’avoir épaulé et soutenu tout au long de leur existence. Son retour, bien que tardif, ne pouvait que lui faire le plus grand des biens. Lorsque Rehan plaqua sa main sur sa nuque, le jeune homme affichant un petit sourire en biais. « Je n’ai rien laissé croire à qui que ce soit. » Ce qui était vrai. Il n’avait jamais voulu s’exprimer sur le départ de sa seconde, trouvant cela inutile, il avait préféré laisser les autres forger leur propre oignon. Qu’ils pensent ce qu’ils veulent, s’était-il dit.

Sa fille se dégagea de son étreinte pour aller s’asseoir sur son fauteuil. Uhm, quelle prise de risque. Secouant la tête de droite à gauche, Byron s’approcha, d’un pas félin et sauvage, de son bureau. Il émit un petit rire avant de déclarer « Voudrais-tu me piquer mon fauteuil maintenant ? ». Un ton d’humour prônait dans sa voix qui d’ordinaire se faisait sérieuse et sage. C’était le Byron heureux et détendu qui se tenait dans cette pièce en cet instant. Il fut cependant intrigué par son intérêt pour le Pard, il était clair qu’elle cherchait à éviter une toute autre conversation & le Nimir respecta ce choix. Puis, cela faisait tellement longtemps qu’elle ne s’était pas souciée du clan qu’il avait une tonne de choses à lui dire. « Je ne sais pas si tu es au courant, mais la tension monte. Les humains « normaux » » Il détacha ce mot avec soin. « … se doutent de l’existence d’êtres surnaturels, comme nous. Enfin, surtout de vampire, nous pouvons donc souffler encore un peu, mais il faut faire plus que jamais attention et rester sur nos garde. » Son visage se ferma & le jaguar adopta une miné sérieuse. Il parlait maintenant de l’avenir de son clan. Il planta ses yeux dans ceux de Rehan. « Il va falloir instaurer des zones de chasse à respecter, loin des villes et des habitations, pour éviter toutes sortes de problèmes & puisque tu es revenue, je compte sur toi pour faire passer le message et définir les zones sûres. » Il accompagna ses paroles d’un léger hochement de tête. Maintenant que sa fille était de retour, elle allait pouvoir assumer son rôle de Kali.

« C’est parce qu’ils ne te connaissent pas aussi bien que moi. » Un sourire amusé vient dérider mon visage sérieux. J'ai au moins son soutien. Je l'ai toujours eu, il est vrai, malgré nos différends. Je n'ai pourtant pas hésité à lui en faire voir de toutes les couleurs, mais on ne pourra jamais enlever à Byron ses qualités de mentor, ses qualités de chef. Leader dans l'âme, il est aussi un être bon, volontaire et toujours prêt à aider son prochain. Je n'ai jamais été ainsi, mais son éducation a, en quelque sorte, porté ses fruits. Plus d'une fois depuis notre rencontre, je me suis surprise à éprouver des sentiments. Un brin de compassion pour des inconnus, par exemple. Le cœur n'y est peut-être pas vraiment, mais le voir faire a quelque peu imprégné ma façon de me comporter. Agir par pur mécanisme est plutôt dans mon habitude, et pourtant. J'ai eu il y a peu la preuve que je ne manque pas de cœur. Sans doute mon protecteur y est-il pour beaucoup.

« Je n’ai rien laissé croire à qui que ce soit. » « Tu fais bien », j'ajoute, appuyant mes dires d'un regard déterminé. Je me suis battue pour avoir cette place. Et si, il y a encore quelques jours, elle ne signifiait plus rien pour moi, désormais, ce n'est plus le cas. Elle est tout ce qui me reste, et ma hargne habituelle ne demande qu'à refaire surface. Bon Dieu, je suis née pour ça. J'ai encore toute une vie d'immortelle devant moi et mille occasions de prouver ma valeur. Me voilà de nouveau Moi, plus mature, moins impatiente, mais pas moins déterminée qu'autrefois. Ce pard et la ville toute entière n'a qu'à bien se tenir. Le père ne regrettera pas d'avoir approuvé sa fille. A moins qu'elle n'en vienne à l'éclipser... Seule à connaître le contenu précis de mes pensées, j'esquisse un sourire sournois, étouffant un rire inconvenant. M'en croirait-il seulement capable ? Je suis bien décidée à me dépasser, mais prendre la place de celui qui a changé ma vie de mon plein gré... seigneur, non. Me voilà bien bonne avec lui. Ils seront peu nombreux en revanche à se voir épargnés par mon ambition démesurée.

« Voudrais-tu me piquer mon fauteuil maintenant ? » Une boutade qui prend tout son sens ; « Qui sait ? On y est bien installé... » Nul doute que j'aspire à occuper une place semblable, tout comme il le sait. Il n'a pas vraiment l'air, d'ailleurs, de s'en inquiéter. Il subsiste dans son regard une certaine fierté lorsqu'il le pose sur son enfant gâtée. Ce regard que j'ai tant souhaité susciter dans ma jeunesse et qui m'a tant manqué. Je crois que Byron sera plus un allié précieux qu'un quelconque obstacle. N'a-t-il pas toujours été plus enclin à m'encourager ?

Minuit. L'amusement se meurt sur nos visages éreintés, et la conversation dévie enfin vers des sujets plus grave. L'atmosphère se teinte de cette pression constante, désagréable. « Je ne sais pas si tu es au courant, mais la tension monte. » Je sais. Mon inconscient a pris soin d'y accorder de l'intérêt, à sa façon. L'instinct de survie de l'animal... « J'ai vu ». A la télé, sans vraiment suivre, et, Dimitri m'a raconté. J'ai constaté son inquiétude, ses moments difficiles. « Les humains « normaux » se doutent de l’existence d’êtres surnaturels, comme nous. Enfin, surtout de vampires, nous pouvons donc souffler encore un peu, mais il faut faire plus que jamais attention et rester sur nos gardes. » Rien d'étonnant, depuis la guerre ouverte de Samhain. Installée au bureau, j'allume l'ordinateur, tapote quelques mots, et lance une recherche. « Dimitri m'a dit que le gouvernement parlait en notre faveur. Ils ne veulent pas affoler la population, ce qui est compréhensible. Mais il paraît que les Hommes se rebellent. Qu'un journal illégal circule ». Indisponible sur Internet, mais distribué en ville. « Il faudrait se le procurer, afin d'être plus au courant des faits. Les médias nous cachent des choses et nos propres informateurs sont hors jeu. J'ai vu les images de l'attentat. Les Hommes représentent peut-être une menace plus grande encore que ce que l'on a pu imaginer... » Difficile à croire, et pourtant. S'il y a bien une chose que j'ai apprise ces derniers jours, c'est que rien ne doit jamais être tenu pour acquis. Nous avons toujours vécu dans l'ombre, toujours eu le dessus, mais... rien ne dit que la lumière de leur Dieu ne jettera pas bientôt son dévolu sur nous. Et, pour sûr, ils auront l'avantage du nombre...
« On pourrait aussi trouver les auteurs et les tuer. Mais ça risque de ne servir à rien. Ca ne fera qu'alimenter les suspicions. Et puis il y en aura d'autres, et ainsi de suite. Il nous faut ces renseignements, on doit savoir à quoi on a affaire. Trouver des sources d'informations fiables est aussi une priorité. Et je me chargerai, bien sûr, de rayer les zones à risque de la carte. On ne peut pas empêcher les loups de hurler à la lune, et les jaguars non plus », ajouté-je, pensive. A cette expression, qui m'évoque mon frère bien-aimé, réel soutien en ces temps difficiles, j'ai soudain une idée. « Dimitri ne m'a parlé de rien. Tu as évoqué une entente, avec O'Brien ? » Limiter nos sorties est en effet devenu nécessaire, et... « Nous sommes trop visibles ici. La forêt, en revanche... Elle est beaucoup plus loin au nord-est, mais les nôtres pourront y courir sur des kilomètres sans être vus. Mhh, tu sais quoi ? On se moque d'O'Brien. J'intercéderai auprès de mon frère pour avoir l'accord de la meute. Nous devrons êtres autorisés à chasser sur leurs terres, en groupe et de façon régulière. Au mois le temps que les choses se soient tassées ». Ils nous doivent bien ça ; l'heure est grave, et plus aux crêpages de chignons. « En échange, je consentirai à ne plus nommer l'infériorité de leur race en public, et ne chercherai plus à remplacer O'Brien par mon noble sang. Bien que Dimitri mérite amplement le titre d'Ulfric, à mon avis ». L'art de passer du drame à la plaisanterie la plus vile. « Ils devraient apprécier la proposition, non ? » Ironie, quand tu nous tiens. Heureusement, je sais que Byron, contrairement à moi, saura faire preuve d'assez de courtoisie et de diplomatie pour convaincre ces chiens mal léchés.