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 You're free to Die ♥ Cléopâtre

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Asleen L. Sinead
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Asleen L. Sinead



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MessageSujet: You're free to Die ♥ Cléopâtre   You're free to Die ♥ Cléopâtre I_icon_minitimeMer 19 Déc - 20:41

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You're free to Die

Mekare & Asleen


« C
arter Johnsson. La petite centaine. Transformé aux alentours de 25 ans. Potentiellement dangereux et agressif. » Rire amer, je crache les restes d'âmes goudronneuses de mon cigare. Quelle putain de sangsue ne l'était pas ? La vie étalée sur leurs crocs, les mains pleines d'innocences violées, mes employeurs avaient vraiment le don de me prendre pour un con. Je m'emparai du contrat, allumai mon briquet et laissai le bout de papier se consumer dans le cendrier, tandis que je revêtis mon armure de guerrière : petit pull blanc bien moulant, short noir dévoilant une chaire couleur miel à laquelle bien trop de vampires auraient voulus s'y risquer un baiser, et une paire de boots si haute que même une vrai pute en aurait eu le vertige. L'encre sur les yeux, la tignasse presqu'autant volumineuse que celle de la défunte Amy Winehouse, j'étais presque prête à me rendre à mon rencart. Je traversai rapidement mon petit 1 et demi, ouvris le tiroir de l'unique meuble de ma chambre excepté le lit, et m'emparai de la petite lame d'argent ainsi que de mon petit Beretta de poche. Je cachai la première à l'intérieur de ma botte : l'autre, discrètement dissimulé dans mon short. Un dernier regard vers l'étrangère du miroir, un beau rire moqueur et je quittai mon antre pour aller m'en faire plein les poches.

Je garai ma vieille mustang 1967 devant l'entrée du Nemeth. La nuit déjà tombée, les clients réguliers semblaient déjà tous arrivés et je reconnus sans mal le bolide de mon homme rangé un peu plus loin dans le stationnement. Tant bien que de mal, je m'extirpai de mon engin, marchant un pied devant l'autre en espérant ne pas m'éclater la gueule sur le plancher flottant du bar. Dès que je fus à l'intérieur, ma vision fut envahie par ces sourires acérés, ces yeux flamboyants et ces coupes ensanglantés. Je savais la clientèle du Nemeth à plus ou moins quatre-vingt-dix pour cent humaine, bien qu'à travers cette mascarade se cachait mes véritables proies . D'ailleurs, à travers cette foule d'adepte, je crus distinguer mon rendez-vous, sa chevelure fauve tombant dans sa nuque et sa silhouette me faisant dos. Il semblait coincé dans une discussion fort peu plaisante avec miss gros lolos pas de cerveaux. J'inspirai profondément, me fabriquai un sourire ravageur et fonçai droit sur ma cible, coupant miss platine en plein dans son monologue. « Excuses-moi, trésor, » minaudai-je en m'interposant entre mon vampire et son bourreau. « mais notre ami semble à sec. Ça ne te dérangerai pas d'aller nous chercher des verres ? Merci, c'est vraiment trop aimable à toi... » conclus-je en lui fourrant deux coupes vides entre les mains, me désintéressant de son cas pour battre des cils innocemment à mon rencart. L'écervelée ouvrit la bouche comme un poisson, la referma puis disparut dans la foule. Nice. Désormais, il était tout à moi.

Il s'agissait bien de l'homme décrit dans mon contrat. Grand blond vénitien, les yeux caramel, rappelant deux topazes scintillant. Il me souriait franchement, visiblement content de la tournure que prenait cette soirée. Quant à moi, je fis mine de le détailler attentivement, laissant faussement transparaître que son physique d'Olympien était tout à fait dans ma charte de goût. « Eh bien, j'imagine que je dois vous remercier... » dit-il en s'esclaffant. « Ça vous arrive souvent d'être aussi direct ? » termina-t-il d'une voix mielleuse, caressant du regard mon accoutrement qui lassait largement place à l'imagination. J'enchaînai. « Seulement lorsqu'il s'agit d'obtenir ce que je veux. » Il y eut une étincelle dans son regard, l'espace d'une simple seconde mais je n'en avais pas besoin de plus. Ce vampire était affamé à coup sûr. Eh bien eh bien...Pensai-je avec amusement. Voilà qui allait me rendre la tâche ô combien plus facile. Je fis mine de frôler son bras par inadvertance, me réjouissant de voir à nouveau l'étincelle briller dans ses yeux. Je le tenais dans le creux de ma paume. Il ne me restait plus qu'à le ramener à ma planque. Je feignais changer de position, me rapprochai de lui par la même occasion. Nous n'étions plus désormais qu'à quelques centimètres. « Pour être tout à fait franche...» commençai-je d'un rire nerveux, mais je ne terminai pas ma phrase. Quelque chose avait attiré mon attention.

Là, dans le fond de la salle, une silhouette familière me déconcentrait de ma véritable cible. Une grande brune élancée, beauté aveuglante, sirotait une coupe de...vin ? Tranquillement, assise à une table. Elle semblant s'ennuyer, son regard vagabondait partout dans la salle. Je l'avais déjà vue. Outre son charisme frappant et sa beauté que je savais, propre au vampire, je savais que nos chemins s'étaient déjà croisés. Et puis soudain, ça me revint. C'était en Russie, il y avait de cela une dizaine d'années. Alors c'était elle. La vampire qui s'était retrouvée avec la même cible que moi, et qui avait paralysé mon compagnon de l'époque. Travis. Et alors que je me remémorai toute cette vieille histoire, je n'avais pas saisis qu'elle m'avait, elle aussi, remarqué, son regard intensément pausé sur moi. Je restai figée sur place. M'avait-elle réellement reconnue ? Probablement pas. Ou alors....Attendez, elle se levait. Elle partait ? Non. Non, elle venait droit ici ! Merde ! Je bredouillai quelque chose, décontenancé, reportant mon attention sur Carter. Il fallait que je parte d'ici avec lui le plus vite possible, au risque de voir mes plans tomber à l'eau.

« ...Je n'aime pas ce genre d'endroits. Et si nous allions...? » Trop tard. Sa majestueuse présence fut là, à moins d'un mètre de là. Je serrai la mâchoire.

Saloperie de sangsue...

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MessageSujet: Re: You're free to Die ♥ Cléopâtre   You're free to Die ♥ Cléopâtre I_icon_minitimeMar 1 Jan - 16:19

L'approche des fêtes excitait les humains. Et leur excitation attisait ma faim. Je constatai néanmoins que l'agitation cette année était moindre, ou plutôt, concernait un tout autre sujet : la prétendue existence d'Etres Surnaturels. D'ordinaire habituée à ne m'occuper que de mes propres affaires, j'avais cette fois suivi le mouvement avec un intérêt certain ; voilà près de deux siècles que j'attendais ce moment, sans l'espérer vraiment. A l'époque, je m'extasiai déjà devant le génie des anciennes civilisations, mais j'avais eu l'occasion de voir l'Homme évoluer et de prouver son intelligence plus que jamais. En dépit des failles nombreuses que comportait son esprit de réflexion, il ne pouvait ignorer éternellement l'existence d'une communauté similaire à la sienne, tapie dans l'ombre depuis des milliers d'années. Ces derniers mois il avait, justement, mis le doigt dans un engrenage que l'on n'arrêterait pas. Ce n'était pas la première fois que des fuites concernant notre Secret s'immisçait dans son quotidien ; mais avec la nouvelle ère et sa technologie de pointe, l'information cette fois s'était propagée trop vite et de façon trop massive pour qu'on puisse y remédier. Le Talamasca avait beau prétendre contrôler la situation, il n'en était rien, et nous autres, vampires hauts placés, le savions. De loin, le Mortefilis nous avait contactés. Nous devions rester sur nos gardes, tenir nos semblables en laisse, éviter les sorties et tendre l'oreille, savoir exactement à quoi nous attendre de la part des mortels.

Joignant l'utile à l'agréable, j'étais descendue jusqu'à Bywater, le Nemeth offrant encore de rares occasions de s'abreuver à la source d'idiots consentants. Jouer faisait partie du plan. La Bête sommeillait depuis trop longtemps, et l'impatience grandissante qui la nourrissait la rendait irascible. A l’affût et rancunière, elle demeurait plus prudente que jamais, sondant les regards, les murmures, les gestes. Les habitués qui passaient encore leurs soirées dans ce bar étaient des détraqués. Les révélations sordides et la panique générale ne les effrayaient pas. Ils nous cherchaient encore, ils cherchaient la Mort. Et parmi eux, les véritables angoissés se tenaient prêts, le pieu dans la poche et la rage aux dents. Les humains nous traquaient dans l'ombre, et si beaucoup n'avaient pas le talent de chasseurs entraînés, ils avaient pour eux l'avantage du nombre et quelques informations compromettantes. La population entière des Etats-Unis savait comment nous éteindre définitivement. La faute aux légendes qui s'avéraient souvent trop proches de la réalité, colportant des détails indispensables à notre survie. A La-Nouvelle-Orléans, les gens ne sortaient plus la nuit. Certains illuminés se baladaient un collier d'ail au cou, ou bien un crucifix en bois, ce qui n'avait rien de bien dangereux pour nous. Mais d'autres étaient mieux renseignés et cachaient sous leur veste épaisse un flacon d'eau bénite, des chaînes en argent ou bien un pieu en bois. Dans les profondeurs du Nemeth, j'en reconnus trois. Des amateurs, gorgés d'une soif amère de vérité. Aux gestes et aux regards suspects. Des traqueurs de bas-étage, sur les visages desquels on reconnaissait aisément les traits du vampire nouveau-né. L'affamé négligeant à la recherche de sa proie, prêt à frapper à tout moment. Et surtout, au plus inopportun...
Ils guettaient les miens, et ces derniers se faisaient rares. Les ordres donnés par les clans étaient visiblement respectés, ce qui augmentait considérablement nos chances de survie. Le Mortefilis était sans pitié vis-à-vis des éléments perturbateurs, et les Hommes le seraient également. Moi... j'étais là en éclaireur. J'étais à part et bien plus subtile que bon nombre de représentants de ma race. L'oreille tendue vers les vengeurs, j'écoutai avec attention les discussions intéressantes, renonçant à moitié à ma soirée d'amusement. J'ignorai royalement les avances d'adolescents suicidaires, bien que ma Bête se réjouisse à l'idée de voir son repas se blottir stupidement dans ses bras. Elle était irritable, mais pas suffisamment pour que Cléopâtre ne sache la contrôler. Tant qu'il n'y avait ni menace, ni danger, elle ne pointerait pas le bout de son nez. Que la moindre lame frôle sa chair, et alors là... je ne pourrais plus rien pour éviter le carnage...

« ...Je n'aime pas ce genre d'endroits. Et si nous allions...? » Et son regard heurta le mien. Tant d’événements emmagasinés dans ma mémoire en 2000 ans d'existence... Je ne savais plus bien qui elle était, ni comment nous nous étions rencontrées, mais je me rappelai l'avoir épargnée. La Russie. Ca ne devait pas dater tant. Et ma Bête la réclama. Elle envisageait déjà le moyen de se débarrasser de son rival, tandis que je fomentais quelques plans ingénieux au sujet de la proie. Le Destin l'avait remise sur ma route pour une bonne raison...

« J'aimerais beaucoup vous accompagner... », dis-je alors en approchant. Le regard que je lançai au blond n'avait rien d'amical, et à en juger par sa grimace exagérée, il s'en était aussitôt rendu compte. Il y avait fort à parier qu'il ressentait malgré lui la domination de ma Bête à l'abri. Et au delà de l'agressivité, je sentis quelque part, profondément enfouie, une once de peur, émanant de sa raison. Peu de vampires se promenaient encore en ville, à l'exception de l'Autorité Vampirique. Je ne le connaissais pas, il ne me connaissait pas, alors peut-être m'envisageait-il comme faisant partie du Mortefilis ? Que j'en sois ou non, il était sur un territoire pris en charge par trois chefs de clan, et j'avais le droit comme la force de le punir. Quant à l'humaine... je doutais fort qu'une guerrière se soit volontairement reconvertie en prostituée vampirique. A moins de vouloir tromper son monde et de le prendre au piège...




Dernière édition par C. Mekare N. Philopator le Dim 27 Jan - 10:17, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: You're free to Die ♥ Cléopâtre   You're free to Die ♥ Cléopâtre I_icon_minitimeMar 22 Jan - 18:47

« J'
aimerais beaucoup vous accompagner...» Crève en enfer, vieille peau. Pensai-je tout bas en serrant les mâchoires. Eh merde. Pourquoi il fallait qu'elle soit là, bordel !? C'était ma première cible depuis plusieurs semaines et je manquais de fric, et alors que le l'organisation des demeurés, plus communément appelé le Talamasca, m'avait enfin donné une cible, il fallait que cette mégère vienne tout foutre en l'air. J'eus beau faire comme si elle n'était pas là, comme si je ne l'avais pas entendue, jouant celle qui n'avais d'yeux que pour le blondinet, battre des cils comme une écervelée et lui lancer des sourires timides, il finit par capituler devant l'autre timbrée. Il ramassa son verre en soupirant et alla retrouver sa première groupie, plus loin dans le barre. Je fermai les yeux, serrai les poings, tentai de me calmer. Bordel de chiure de merde. Et j'étais censé faire comment maintenant pour le ramener à ma planque ? J'allais quand même pas lui planquer mon Beretta sur la tempe en plein milieu d'un bar. Je calai mon verre cul-sec. Apparemment, je devrais renoncer à une prime pour ce soir...

Avec toute cette frustration, j'en avais presque oubliée mon invitée...Je me levai et me retournai donc, pour redécouvrir le visage de porcelaine du démon. Oui, c'était bien la même meuf qu'en Russie. Même si on portait des talons toutes les deux, je la dépassais d'une demie-tête et la surplombait donc largement. Elle était habillé élégamment, ce qui ne m'étonnais pas vraiment, venant d'une vampire. Il était bien connu que la majorité d'entre elles aimaient mettre leur beauté déjà intarissable davantage en valeur. Ses longs cheveux foncés cascadaient sur ses épaules et ses yeux marrons me fixaient avec attention. Je fronçai les sourcils, les bras croisés sur ma poitrine. « C'est malin. J'ai dû faire dans les coups de putes pour réussir à ne serait-ce qu'attiré son attention, et toi, tu viens foutre la merde dans mes plates bandes...Pour la deuxième fois. » soufflai-je d'une voix dangereuse. Pour le peu que ça m'arrivait, je détestais que mes chasses soient contrariés par des fouteurs de merdes, et cette gazelle-là poussait un peu trop sa chance. J'avais bien voulue la laisser faire la première fois, mais là, il était question de beaucoup de pognon et l'idée qu'elle ait tout foutu en l'air juste par plaisir me donnait envie de lui exploser son joli minois. Mais je ne comptais pas régler mes comptes avec elle. Pas ce soir.

J'avais encore une chance de reconquérir mon golden boy, pour le peu que cette bourgeoise-là me laisse tranquille. Après tout, ma cible n'avait pas quitté le bar et il restait toujours l'éventualité de faire migrer mon plan sur ma banquette arrière, dans le pire des cas. Mais dans tous les cas, il ne servirait à rien d'aller vanter le joli petit cul du blondinet si sa confrère plus âgé lui foutait la trouille. Putain de vampire...C'était comme chez les loups : le plus dominant l'emporte, sauf que l'idée d'être considéré comme un sac à merde - ou plutôt à sang- que l'un veut s'approprier me répugnait. C'était moi la chasseuse ici, pas la proie. Et il était temps que je le fasse comprendre à la belle empoisonneuse. « Bon, maintenant que tu t'es bien foutue de ma gueule, vas t'amuser et laisses-moi tranquille, d'accord ma mignonne ? » fis-je en lui indiquant les tas de jeunes qui se déhanchaient sur la piste de danse. « Il doit bien y en avoir un là-d'dans qui soit dans tes goûts, non ? Et puis de toutes façons... » Je la détaillai à nouveau. Son charisme laissait présager qu'elle provenait de l'une des belles époques. La Renaissance, peut-être, ou alors l'âge Baroque...Bref, elle avait probablement dix fois mon âge, et avait la prestance des vieux vampires. En somme...

« T'es vraiment pas mon genre. J'préfère les femmes d'âge plus mûres, et comme t'es coincé comme ça pour le reste de ta vie...J'suis d'avoir à te dire ça, mais ça pourra pas marcher, toi et moi. » Conclus-je sur un ton mélodramatique, me voulant ironique. Je haussai les épaules, espérant qu'elle prendrait la chose au second niveau, et tournai les talons pour me barrer du comptoir et rejoindre mon golden boy. Ou tout du moins, j'espérais finalement qu'après cet échec cuisant, la belle vampire se désintéresserait de mon cas et irait chercher ailleurs quelque chose à se mettre sous la dents.
Hélas, il faut croire que les vampires ont horreur de se faire dire non...



Dernière édition par Asleen L. Sinead le Jeu 28 Fév - 19:59, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: You're free to Die ♥ Cléopâtre   You're free to Die ♥ Cléopâtre I_icon_minitimeDim 27 Jan - 10:14

Rares étaient ceux qui retrouvaient l'occasion de me parler ainsi un jour. En 2000 ans d'existence, j'avais appris à rester calme, sûrement pas à contenir ma rage. D'affreux et tout aussi délicieux meurtres ponctuaient mon quotidien, nourrissant de multiples raisons. Les trois quarts du temps, les malheureux ne voyaient rien venir. La Mort les fauchait nonchalamment, avec autant de classe et de charisme que peut en paraître un vampire de 20 siècles. Quelques grains de poussière entre les doigts d'un Monument Éternel. Rien à vrai dire, ne me plaisait plus que de les briser subrepticement dans leur insignifiance. D'infiniment peu, ils passaient à rien. L'espace d'une seconde, s'en allant de façon aussi peu cérémonielle qu'ils avaient vécu. D'inconsistantes petites choses dénuées de respect et vouées au néant...

Ma réflexion valait pour les deux protagonistes de cette soirée décidément peu habillée. Mon attention, en revanche, allait toute à l'humaine, une fois le jeunot retourné à ses occupations premières. Du coin de l’œil, je surveillais sa tenue, prête à réagir au moindre soupçon. Je n'avais aucune affiliation particulière avec l'Autorité mais je n'en demeurais pas moins capable de tenir les gamins de cette ville. Un pas de travers et il le regretterait, parole de Reine.

Comment pouvait-on débiter autant de mots à la seconde ? Comment pouvait-on être à la fois si stupide, et si sûr de soi ? Ce mystère m'intrigua. Je ne me rappelais toujours pas des détails, mais de plus en plus, j'étais certaine de souhaiter m'amuser en sa compagnie. J'ai toujours eu des rapports absolument délirants avec les chasseurs...
J'écoutai, d'une oreille distraite. Visiblement, elle se méprenait sur mon âge et sur ses capacités. Elle ne faisait pas le poids, et j'aurais pu, déjà, la tuer d'une pichenette. Le plus discrètement du monde, et d'une rapidité telle que jamais, personne, n'aurait soupçonné l'assassinat. Finalement, je la laissai partir. S'éloigner brusquement, retrouver sa proie, et j'attendis le moment opportun pour engager les hostilités. Elle mit néanmoins un temps fou à quitter le Nemeth, alors j'envisageai une autre approche. Beaucoup plus inattendue. Beaucoup plus risquée...

D'une démarche assurée, je traversai la foule sans les quitter des yeux. De temps à autre, elle me surveillait, mais cette fois, ne me vis pas arriver. Sans plus de cérémonie, je bousculai le blondinet, poussai la fille dans les toilettes, à quelques mètres derrière. Le tout à une vitesse ahurissante. Une vélocité et une agilité telles qu'elles déroutaient mes semblables, et ne pouvait être vues des mortels. Ma force se trouvait certes limitée, de part ma condition de femme et mon manque cruel d'entraînement, mais je possédais bien d'autres avantages...

Sans attendre, je m'engouffrai par la porte et la refermai soigneusement derrière nous. La chasseuse, déboussolée, ne mit pourtant pas longtemps à reprendre ses esprits et à sortir les armes. Ainsi, j'évitai quelques pieux, qui vinrent transpercer les miroirs de la pièce et les briser un à un. La Faim commençait sérieusement à me tirailler. Et la colère n'aidant pas, j'aurais pu faire un carnage à quelques mètres... si seulement la sortie des commodités n'avait pas été encombrée par une chasseresse en colère et son beretta chargé. Fort heureusement, les balles n'allaient pas suffisamment vite pour moi. Je n'étais donc pas complètement perdue. Néanmoins, leur nombre compliquait les choses et un accident était vite arrivé. Pour peu qu'une réussisse à toucher le cœur...

Mais, je ne laissai rien de semblable se produire. J'inspirai, préalable nécessaire à ma concentration. Mon pouvoir puisa dans ma force énergétique, puis se déversa, longuement, tout en moi. La transition fut brutale. Il y avait bien des siècles que je n'avais pas revêtu cette apparence. Pourtant, quelques secondes plus tard, l'artifice prit tout son sens. Je retrouvai ma silhouette d'enfant, depuis trop longtemps enfouie dans ma mémoire. Dix années, tout au plus. Un faux bébé vampire affamé, se présenta à elle, et avançant doucement. « Tu tuerais une enfant ? » demanda-t-elle, de sa voix cristalline. L'instant d'après, je m'étais de nouveau métamorphosée. Au moment de ma mort, figée dans mes 40 ans. Non pas la silhouette habituelle qu'elle connaissait, mais la véritable... « C'est vrai que... tu préfères les femmes d'expérience... »
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MessageSujet: Re: You're free to Die ♥ Cléopâtre   You're free to Die ♥ Cléopâtre I_icon_minitimeSam 2 Mar - 22:22

L
a tempête ne me laissa aucun répit. M'entraînant dans en son cœur à une vitesse inhumaine, elle me fit échouer dans la salle de bain en moins de temps qu'il ne m'en fallut pour cligner des yeux. Néanmoins, je n'allais pas me laisser faire docilement. Les pieux si dangereusement affûté échouèrent lamentablement dans les glaces, et j'abandonnai rapidement leur lenteur pour permettre à mon fier beretta de cracher son venin sur sa cible. La minette fut cependant plus maligne. Elle sortit l'un de ces artifices propres aux CESS mais dont je n'avais jamais été témoin auparavant. Sous mes yeux horrifiés, la suceuse de sang délaissa son intarissable beauté de vingtaine pour revêtir le masque d'une fillette qui me fixa malicieusement de ses yeux endiablés. « What the... » Choquée, je laissai mon pistolet braqué droit sur elle, alors qu'elle changea à nouveau de peau juste devant moi. Cette fois, ce fut celui d'une femme de mon âge, voir un peu plus. Je ne restai pas longtemps captivée devant sa splendide maturité, davantage ébahis par l'étrange et incroyable capacité dont elle était dotée. Néanmoins, je ne lui fis pas l'honneur d'entrer dans son jeu. « Rectification ; Je buterais une saloperie de l'enfer. Que tu sois née de la dernière pluie ou suffisamment âgée pour être mon arrière grand-maman n'y change absolument rien, chérie. » Mais j'devais bien l'avouer, elle avait foutrement bien passé la crise de quarantaine...

Sauf que voilà, j'étais encore et toujours encombrée par cette sangsue harceleuse et toujours aucune prime en poche pour le golden boy de tout à l'heure. Visiblement, cette suceuse-là devait croire que j'avais des comptes à lui rendre, et pourtant, c'était elle qui avait rendu tétraplégique mon compagnon de l'époque ; pas l'inverse. Je ne lui avais causé aucun tords, alors pour le coup, n'étais pas celle qui aurait dû lui demander des excuses ? Et pourtant je n'en avais cure. Pour ainsi dire, son existence n'entrait certainement pas dans mes centres d'intérêts. Sauf peut-être sa physionomie à couper le souffle, mais à force de côtoyer le genre créature de minuit, on devient immunisé devant autant de charisme. Ou presque.

Je gardai mon beretta bien en vu, même si je ne comptais pas repeindre les murs de la salle de bain avec son sang. Enfin, pas pour le moment, mais je commençais sérieusement à perdre patience. « Qu'est-ce que tu m'veux, hm ? Qu'on discute tranquillement de cette histoire en Russie autour d'une bonne coupe d'AB négatif ? C'est pas trop dans mes scénarios tops de rencarts...Et puis d'ailleurs, j'te rappellerai que de nous deux, c'est moi qui devrait exiger des comptes à rendre. » Mais encore une fois, je n'allais pas exiger d'elle de plates excuses et ça, elle devait bien s'en douter. De toute manière, la taille d'égocentrisme des vampires prenaient des des proportions si démesurées que cette minette-là ne risquerait jamais d'avouer quoi que ce soit... « Tu ne l'as peut-être pas remarqué, mais c'type compromet dangereusement votre existence si souhaitée. Ça vous rendrait service et moi, ça remplirait mes poches. J'ai pas le temps de parler jugulaire avec toi. » tenais-je à spécifier, précisant ainsi que je ne risquais certes pas de lui prêter mon cou pour un snak de minuit.

Je pointa mon beretta droit sur son cœur. « C'est mon dernier avertissement, ma jolie. Après quoi, tu ne deviendras qu'un dommage collatéral pour moi... » À cette distance, il était quasi impossible que je ne réussisse pas taillader en pièce, l'iceberg qui lui servait de cœur.
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MessageSujet: Re: You're free to Die ♥ Cléopâtre   You're free to Die ♥ Cléopâtre I_icon_minitimeLun 4 Mar - 10:56

Je n'avais pas pour habitude de me frotter aux chasseurs. Je laissais cela, en général, aux plus fougueux, aux vampires plus jeunes, avides de sensations fortes et prêts à tout pour se dépenser ; Asher était ainsi, véritable gamin excité par la bataille que rien ne pouvait arrêter. Quant à moi, mon grand âge aspirait davantage au repos qu'à ces parties de cache-cache ponctuées de sang. Courir et gigoter dans tous les sens pour éviter les balles ne me plaisait pas plus que ça. Heureusement, j'étais assez rapide pour m'épargner de tels brassages de vent. Habituellement.

Les humains et leur blabla permanent... Souvent, le temps où on coupait les langues me manquait. Créature de la Nuit, j'étais habituée au Silence et le chérissait. Les paroles superflues que vomissaient les hommes, dans n'importe quelles circonstances, m'exaspéraient. Elle en particulier se montrait trop bavarde à mon goût. Et dans quel but ? Se rassurer ? Oui, ce devait être ça ; la peur passant par les mots, agir devenait plus facile. Mhh...

Elle eu au moins l'intérêt de rafraîchir ma mémoire défaillante. Sur mes gardes, j’observai l'insouciante, préférant toujours ses palabres à l'action salutaire. Combien de fois aurait-elle pu toucher sa cible, tout en déblatérant sur notre première rencontre ? Des dizaines. Mais elle n'en fit rien. J'en vins à conclure qu'elle répliquait davantage pour la forme ; on l'avait vue entrer ici en ma compagnie et, laisser un vampire au cadavre explosé dans un lieu public, n'avait rien de discret. Me tuer ici, maintenant, revenait à l'exposer. Ce qu'elle ne voulait surtout pas et qui me laissait donc l'avantage...

La Russie. Un pays peu apprécié que j'avais pourtant supporté, accomplissant mon rôle d'Infante avec dévouement. Mes souvenirs pourtant en restaient flous, tout simplement parce que je n'accordais plus grande importance à quoique ce soit, à l'époque, déjà. J'avais effectivement poursuivi des chasseurs afin de protéger le Clan. Leur nombre, leurs noms, j'aurais été bien incapable de m'en rappeler. Mais, maintenant qu'elle en parlait, je l'y revoyais. Pas suffisamment bien encore pour me remémorer le scénario entier, mais on s'en rapprochait. Nous nous étions déjà vues, donc, et je l'avais laissée en vie. Destin ? J'avais tendance à y croire, mais pas assez pour laisser une gamine faire sa loi. « Ne vas pas croire que je ne te tuerais pas maintenant, si je ne l'ai pas fait la première fois. Ce serait pure folie... » Simple avertissement, un moyen pour le chat de pousser à bout la souris.

Avait-elle seulement idée de qui j'étais ? Des risques auxquels elle s'exposait en prétendant vouloir prendre ma vie, ou ce qu'il en restait ? Moi-même, je peinais à imaginer la sanction, bien que sachant qu'elle serait exemplaire, au delà de tout. On ne prive pas impunément Luthìan Newrewell de ses biens les plus précieux. Oui, la torture serait terrible.

« Quelque chose te dit que tu le regretterais amèrement. Et tu n'as pas tout à fait tort. C'est en partie la raison pour laquelle tu as perdu un million de chances de me descendre. » Sous ses yeux, je repris une apparence « normale », non pas mon image réelle mais celle que j'avais adopté au fil des siècles, refusant de vieillir. « Va ». Je levai les mains en signe de capitulation. « Cours, rattrape-le, tue le. » Et peut-être que je la suivrai, histoire de mettre un terme à cette histoire à l'abri de tous regards.

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MessageSujet: Re: You're free to Die ♥ Cléopâtre   You're free to Die ♥ Cléopâtre I_icon_minitimeLun 4 Mar - 19:33


« T
rop aimable... » Raillai-je en la contournant et en sortant enfin de ces foutus toilettes. Avec tout ça, je n'avais qu'une idée en tête : Me débarrasser de ma cible le plus rapidement possible et enfin rejoindre ma piaule. La musique assourdissante du Nemeth m'irritait désormais plus que jamais les tympans, et j'aurais eu envie d'une fusillade, là, tout de suite. Heureusement, j'avais un brin de conscience suffisant pour m'empêcher pareille folie. Le travail devait néanmoins être fait et je ne passai pas par quatre chemin, revenant pour la troisième fois de la soirée vers mon beach boy. À mon approche, il parût inquiet, scrutant la foule à la recherche de son bourreau. « T'inquiète pas, elle viendrait plus nous embêter... » lui susurrai-je à l'oreille en me penchant vers lui, caressant furtivement sa cuisse au passage. Décharge électrique. Ses yeux s'enflammèrent, suffisamment longtemps pour qu'un mortel puisse le discerner, mais je fis mine de n'avoir rien vu et lui souriait innocemment, faisant battre mes faux cils si longs qu'ils auraient pu créer une tornade.

« Qu'est-ce que tu dirais de foutre le camp d'ici ? » lui proposai-je en pointant la sortie. Il ne se fit visiblement pas prié. Quittant enfin ce trou à rat -ou plutôt à vampire-, nous montâmes dans ma vieille mustang 1967 et fort heureusement, ma baraque n'était pas bien loin du Nemeth, ce qui m'évita de devoir repousser un peu trop énergiquement les potentielles avances d'un jeune vampire en rut. Moins de cinq minutes plus tard, je le poussai à l'intérieur de ma chambre, retirant jupe, escarpins et t-shirt. Quelques étreintes forcés, baisers enflammés et une balle à rayon UV en plein dans la tête.... Voilà, c'était fait. La vie tristement étalée sur les draps souillés de mon lit. Son corps se consuma doucement de l'intérieur, jusqu'à ce que sa défunte silhouette ne soit plus qu'un tas de cendres fumant. Je soupirai, dégoûtée. Certes, être chasseuse était probablement la seule chose que je faisais bien, mais il fallait dire que ce n'était pas le boulot le plus gratifiant. Je plaçai de côté mes remords, ramassai les cendres que je conservai dans un sac avec le projectile, qui me servirait de preuve le lendemain pour aller chercher ma prime. Et puisque je n'allais pas être apte à dormir avant au moins une bonne heure, je troquai mon habit de pute à vampire pour un jean délavé et un pull noir, me rinçai la tronche à l'eau froide et sortit dans la nuit fraîche.

Ma petite habitation délabrée était recluse, à quelques dizaines de mètres seulement du commence du Bayou. Ouep, avec les alligators et tout, mais ça ne m'effrayait pas vraiment. Outre l'aspect négligé de la maison et son air peu accueillant, son isolement me convenait parfaitement et elle disposait, au final, de tout ce dont j'avais besoin ; un lit et l'eau courante. Je n'étais pas du genre à me faire des petits plats gastronomiques en solitaires. Cette piaule ne me servait que de QG pour mon équipement et d'endroit pour passer la nuit. Je ne daignais même pas l'appeler mon " chez moi ". D'ailleurs, je doutais en avoir un quelque part ; Ma vie était purement nomade, et je ne m'installai jamais quelque part plus que pour quelques mois. Pour ainsi dire, je ne m'étais sentie chez moi nulle part depuis que j'avais quitté la demeure familiale pour la vie de chasseresse, plusieurs années auparavant.

Je fermai les yeux en repensant aux images que j'avais vue lorsque ma peau avait entré en contact avec celle du vampire. Rien de bien concret, seulement des souvenirs flous, mais de ce que j'avais crus comprendre, cette sangsue-là venait toujours de se séparer après avoir passés ses premières cinquante années avec son maître. Peut-être était-ce là la raison pour laquelle il avait agi de manière aussi peu réfléchit au cours des dernières semaines ; il jouissait de sa nouvelle liberté. Ses écarts de conduites l'avaient malheureusement conduit à la véritable mort. Tous ses souvenirs me donnaient mal au crâne. M'assoyant contre le capot de ma voiture, garée devant ma demeure en lisière des bois, je m'allumai une cigarette et recrachai les volutes vers le ciel, fixant les étoiles. Qu'est-ce que j'aurais bien fait de ma vie si ça n'avait été d'être chasseuse ? Je souriais. Je n'aurais su le dire...

Portant la clope à mes lèvres, fermant les yeux, je fis mine de ne pas m'être rendu compte de sa présence. Et pourtant je la savais là, cachée dans l'ombre, m'observant de ses tranquilles yeux de démons. « T'es venu t'assurer que le boulot avait bien été fait ? » fis-je en m'adressant aux ténèbres. Écrasant mon mégot sous ma chaussure, je croisai les bras sur ma poitrine. « Ou alors, t'es là pour autre chose ?... » et je me rappelai que j'avais laissé mes armes à l'intérieur. Méfiante, je crachai les restes fumeux de ma cigarette, qui, dans la noirceur de la nuit, découpèrent enfin les contours de son visage de poupée machiavélique.

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MessageSujet: Re: You're free to Die ♥ Cléopâtre   You're free to Die ♥ Cléopâtre I_icon_minitimeMer 13 Mar - 17:48

Rapide, peut-être, mais pas autant que moi.

Sa décision prise, je la regardai quitter l'endroit, la fameuse proie enserrant sa taille. Le faire monter dans sa voiture ? … Quelle idiote ! S'il était passé Maître dans l'art du non-contrôle, croyait-elle sincèrement qu'il allait attendre sagement qu'elle se pose devant leur nid d'amour ? S'il ne la dévorait pas en route, celui-là avait quelque chose en tête ou je ne m'y connaissais pas. Il y avait fort à parier qu'il n'était pas la cible supposée, et je choisis de les suivre, afin d'en avoir le cœur net.

Je n'étais pas vraiment vêtue pour la course mais, il y avait bien longtemps que les plus lourdes étoffes ne me gênaient plus dans mes mouvements. Si ma force ne pouvait rivaliser avec celle des plus vieux représentants de ma race, y compris ceux de mon âge, et peut-être un peu plus jeunes, j'avais pour moi la vitesse, et l'agilité. Je n'eus aucun mal à me fondre dans la nuit pour suivre l'auto parmi les bois et sur les rivages du Mississippi. Vinrent enfin les marais, les cadavres entassés et les alligators festoyant, puis se dessinèrent les contours d'une bâtisse à l'abandon. La Sienne.

Avec tout ça, il n'en avait pas encore fait de la bouillie, ce qui relevait du surréaliste. Un vampire affamé n'attend pas, sauf s'il se trouve suffisamment capable de maîtriser sa Bête, en vue de jeux plus... complets. Mes hypothèses se confirmaient : la victime allait payer pour rien.
Un vampire pouvait-il être stupide au point de foncer tête baissée dans la demeure d'un chasseur ? Visiblement, oui. Probablement un détraqué sexuel, ne voyant pas plus loin que le bout de son nez.
Et pourtant, ça sentait l'arnaque à des kilomètres. Une fille bien pomponnée comme elle, habitant un taudis pareil ? Grands dieux. Si les nôtres étaient aussi négligents sur les détails, le Mortefilis avait raison de s'inquiéter.

Quant à moi, je patientais, faisant les cent pas dans les bois. Je ne pouvais qu'attendre ; deux cas de figure se profilaient. Soit le buveur de sang s'avérait plus intelligent qu'il ne le laissait penser, et ressortait d'ici après avoir drainé l'humaine de son sang -ce qui me laisserait le loisir de l'interroger, et de le punir au besoin. Soit il se laissait avoir comme un débutant, et il me faudrait m'assurer qu'il était bien la cible supposée. On m'avait parlé d'une marque, apposée à chaque membre d'un Clan de l'ouest. Inguérissable, elle devait orner son avant-bras gauche. Si je ne me trompais pas, le gamin correspondait au profil du suspect. On ne m'avait pas spécialement désignée pour l'achever mais, si elle ne s'était pas dévouée, l'Autorité s'en serait probablement chargée. Et c'était dans mes cordes puisque le territoire correspondait au nôtre.

Coup de feu. L'attente avait été moindre. Concentrée, je tachai de porter mon ouïe jusqu'aux principaux concernés. Elle avait dû l'avoir, puisqu'aucun mot ne sortait plus de sa bouche. Terrée dans mon coin, je patientai à nouveau dans la pénombre, cherchant un moyen de vérifier mon hypothèse. Je ne pouvais pas pénétrer dans la Demeure, et elle n'allait tout de même pas y laisser le cadavre... Certes, non. Mais pas avant de s'accorder une pause bien méritée.

Diable parmi les ombres, je l'observai, sans prendre la peine de vraiment me cacher. Si je l'avais voulu, elle n'aurait jamais décelé ma présence. Je pouvais la surprendre et la tuer sur place, mais... j'avais besoin d'elle pour entrer là-dedans. La magie ne s'estompait pas si rapidement... « T'es venue t'assurer que le boulot avait bien été fait ? Ou alors, t'es là pour autre chose ?... » Je choisis finalement de me montrer -un peu, mais trop- les rayons de lune dessinant subtilement ma silhouette sur la masse sombre des saules agglutinés. « Première option. J'ai besoin de voir le cadavre. Va le chercher ». L'hypnotiser aurait été bien plus simple, mais évidemment, elle avait ses petits secrets. Sinon l'autre n'aurait pas hésité. J'avais perdu mes habitudes avec les humains ; cela faisait des siècles que je n'en fréquentai plus vraiment et mes manières n'étaient plus ce qu'elles avaient été par le passé. Ils m'étaient de moins en moins supportables, en réalité. « Tu ne trouves pas qu'il s'en est plutôt bien sorti, pour un spécimen incontrôlable ? » Je peinai à croire qu'il soit notre homme, vraiment.
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