August n’aurait jamais dû se trouver en ce lieu en cet instant. Mais le charisme mystérieux qui se dégageait de cette duchesse inconnue avait bien trop attisé sa curiosité. Après le banquet qu’avait offert son père à cette noble invitée, le jeune homme s’était mis en tête de la suivre discrètement. Depuis qu’elle avait franchi les portes du château elle n’avait mentionné ni le nom de son époux, ni le lieu de sa résidence et certainement pas l’objet de sa venue. Mais le regard rubis de cette femme sembla faire oublier ces détails à ses hôtes.
August connaissait le château comme sa poche. Il se glissa dans une alcôve secrète d’où l’on pouvait observer, par un petit trou dans le mur, la chambre d’invité où la jeune femme passerait la nuit. Lorsqu’il colla sa pommette contre les froides briques, ses yeux s’écarquillèrent sur deux longues jambes au galbe blanc presque irréel. Avec une lenteur pleine de grâce la duchesse faisait glisser les vêtements de son corps. Elle libéra ainsi d’un corset une petite poitrine qui, cela était certain, ne ferait pas tourner la tête aux hommes. Ce ne fut d’ailleurs pas cela qui attira le regard d’August mais la cicatrice vivace qui dévorait le dos de la jeune femme. Sur son omoplate et son épaule gauche résidait le souvenir de ce qu’il lui sembla être la morsure d’une flamme. Tentant de rester lucide le petit voyeur se demandait ce qui avait pu, chez cette femme, autant fasciner son père. Elle n’avait aucune forme ni rondeur. Des hanches de biche, des cuisses fines, des fesses à peine rondes, un ventre plat où se dessinaient même de légers abdominaux ! Quel homme pourrait se voir enfanter une femme dont les hanches se briseraient sous son amour ?!
Pourtant lorsqu’elle lui fit, inconsciemment, presque entièrement face, sa peau lactée accrocha la lueur d’une bougie et sembla briller telle une perle nacrée au soleil. De ses mains d’une propreté certaine elle libéra sa longue chevelure d’un blond doré, tirant sur le roux pour certaines mèches, dont les boucles vinrent se terminer au milieu de son dos. Ses yeux émeraudes, soulignés par de longs et épais cils noirs, ne laissaient transparaitre aucune émotion. Pourtant il sembla qu’un court instant, elle dévisagea le jeune homme derrière le mur. Celui-ci sentit le rouge gagner ses joues avant qu’avec lucidité il ne se rappelle qu’elle ne pouvait le voir ni être consciente de sa présence. Mais ce regard froid qui lui fut accordé eut le don de réchauffer son corps, un paradoxe fort étrange. Sortant de ses méandres de confusion, August reprit sa contemplation. Assez longtemps pour voir la jeune femme de semi profil, fixant le vague avec un sourire en coin étirant ses lèvres. Comme si elle semblait être attentive au souffle du vent… Des lèvres bien rouges d’ailleurs ce qui tranchait cruellement avec la pâleur de sa peau. Cette femme semblait être à elle seule un bijou de nacre, d’émeraude et de rubis. Le sourire devint un sourire narquois, non, un sourire sadique. Un sourire qui ne déformait rien de sa beauté, comme si c’était le sourire qui lui allait le mieux. Le temps qu’il réalise ce qu’il était en train de voir, le temps d’un battement de cils, August perdu la vision de cette inconnue. De stupeur il la chercha dans la pièce.
L’image qu’il emporta dans la tombe fut celle d’un superbe buffet de rotin sculpté avec magnificence.

Raven, après tant d’années de vie, se complait dans un certain cynisme. Bien qu’elle puisse être agréable quand elle en a envie, ou qu’elle a envie d’obtenir quelque chose. Non pas qu’elle passe son temps à critiquer ou se plaindre, mais elle est en quelque sorte devenue lasse de bien des aspects de la vie. En cela son nouveau petit hobbie est donc de jouer avec celle des autres. Elle trouve dans la torture une sorte de fascination démente et inexplicable, bien plus que dans l’élimination pure et simple. Notons bien que ceci est le trait le plus marqué et le plus sombre de son caractère et précisons qu’il ne s’agit pas d’une psychopathe assoiffée de chair fraiche. Il s’agit là uniquement d’un passe-temps, comme certains vont régulièrement au cinéma.
Pour ce qui est de son actuel métier (si celui-ci est accepté) il lui vient de cette première passion entremêlée à celle, un tantinet amoindrie, de la dépravation. De tout temps elle a toujours aimé se divertir, et ce de toute les façons possibles, alors quoi de plus amusant pour cette douce sadique que de tenir et de gérer un club SM aux allures "so glamourus", "so chic". Elle y peut ainsi, et en passant tout à fait innaperçu, s'adonner à son petit plaisir personnel et rarement compris. Bien que le véritable plaisir est tiré d'une victime non consentante. Seulement dans le monde des médias qu'est le monde actuel, la discrétion est de mise! Il faut parfois se contenter (et se satisfaire) du nécessaire [Youpiii! ( 8 ) ]
Ces petits divertissements mis à part, Raven n'apprécie pas forcément la présence de ses congénères. Les trouvant parfois trop rustres ou trop brutaux dans leurs manières de procéder. Ainsi son personnage colle à merveille avec le clan dont elle appartient, le clan Alessi. Et son image de femme cruelle aux goûts capricieux lui convient et lui sied à ravir.

De manière plus large, Raven s'est sculpté un masque de glace. Les seules expressions qui s'en démarques sont en général les dernières qu'on peut lui voir. Bien qu'elle soit morte une fois, sont coeur lui, connu deux morts. De la seconde il n'en revint jamais et tant qu'il en sera ainsi elle sera froide et sans coeur, comme l'est sa poitrine.

Ce soir-là il neigeait. Le petit village était tellement silencieux qu’on entendait presque chaque flocon s’écraser contre la chaumière. Dans la pièce à vivre, autours d’un feu flamboyant, une femme donna sa vie afin que naisse son enfant.
Eden, de son premier prénom, passa les dix premières années de sa vie à vivre du petit élevage que possédait son père. Elle aimait cette période où les enfants restaient sales à force de jouer pieds nus et en culotte courte. Puis vint un rude hiver où la totalité des bêtes succombèrent. Son père n’avait alors pas assez de pièces pour pouvoir en acheter des nouvelles. Dans les jours qui suivirent il emmena sa fille dans une ville un peu plus prospère afin de l’y vendre. La bouchée de pain qu’il en tira lui suffit à s’acheter trois vieilles chèvres.

De la ridicule ferme patriarcale Eden passa aux immenses champs d’un producteur de farine pour le pain. Le propriétaire avait acheté cette gamine car le prix était une opportunité, mais son utilité était moindre. Trop petite, trop chétive. Il la confia donc à la nurse de sa fratrie d’enfants afin qu’elle lui apprenne les rudiments du ménage, de la cuisine et de la lessive.
Cinq années passèrent durant lesquelles elle ne manqua de rien tant qu’elle effectuait son travail avec vigueur et efficacité. Elle devint alors une jeune fille vivace et d’une beauté naissante. Au printemps de ses quinze ans elle fut contrainte d’épouser l’homme qui l’avait acheté, celui-ci ayant perdu prématurément son épouse. Il avait alors 33 ans et Eden n’était pas satisfaite de devoir répondre aux faveurs de son nouveau mari.
Il l’engrossa pourtant à trois reprises.

Lorsque le père de ses enfants disparu, emporté par la fièvre, sept années plus tard il prit avec lui le cadet de ses trois fils. Cependant sans la moindre hésitation elle confia les deux autres à la nouvelle nourrice de l’exploitation, alors dirigée par le plus âgé de tous les fils de son défunt époux, et partit sans réclamer son reste. La vie qu’elle y avait mené n’avait certes manqué de rien de matériel, mais le bonheur y était inexistant.

Elle mit des mois pour se rendre à la capitale mais la vie y était bien différente de celle à la campagne. Eden décida donc de tout faire pour y rester. A force de caractère elle réussit à obtenir un emploi dans un bar. Mais l’époque le voulait elle s’y fit souvent abuser. Après l’abandon du quatrième fruit de la violence des hommes elle décida de quitter le lieu.
Mais la chance ne frappe pas toujours à la même porte et cette fois la jeune femme du se contenter d’une vie à la rue, sans argent. La veille de ses 25 années de vie, alors que la souffrance et le malheur ployaient sur ses épaules elle tenta d’en finir en sautant d’une hauteur. Il lui sembla attendre plusieurs heures, les membres brisés, avant que quelqu’un ne s’approche de son corps. L’homme, le magnifique homme, qui la souleva alors avec délicatesse lui offrit un sourire salvateur. Et avant qu’elle n’ait le temps de lâcher son dernier souffle il planta dans la chair de son cou deux longues canines blanches. Ainsi il lui prit sa vie.

Un frisson glacial réveilla Eden de son sommeil mortifiant. Certes son crâne la brulait, plus encore ses membres étaient lourds comme du plomb mais surpassant cela, sa gorge était d’une sécheresse infinie. Sa tête bourdonnait de souvenirs étranges. Une chute, une douleur atroce, un homme, une lueur, une douleur plus atroce encore et puis une libération délicieuse. Elle cligna plusieurs fois de ses lourdes paupières afin de chasser ces images et de se concentrer sur le lieu où elle était. Il y faisait complètement noir, mais à la douceur et la légèreté des draps qui l’entouraient l’endroit devait être luxueux. Elle avait soif. Si soif. A tâtons elle chercha un meuble, un verre, n’importe quoi. Le bout de ses ongles heurta un bol de porcelaine dont elle se saisit. D’un geste hâtif elle le porta à ses lèvres et en but goulument le contenu. Un fluide délicieusement doux, tout étant amer. Sucré, épais, étanchant sa soif à merveille. Pourtant elle sentit une sorte de frénésie monter en elle, et lorsqu’elle avala la dernière goutte de ce breuvage, elle en jeta violemment le contenant. Elle se jeta presque sur la commode afin de s’en emparer d’un autre mais elle ne trouva que du vide. Éprise d’une hystérie inexpliquée elle se mit à fouiller bruyamment toute la pièce. Jusqu’à ce que la porte ne s’ouvre, lui rappelant qu’elle ignorait où elle se trouvait.
L’homme qui entra lui rappela vaguement un visage. Il tenait dans ses mains une énorme lampe à pétrole. Sa lueur dorée sortit de l’ombre un mobilier chic. Ils s’observèrent quelques secondes avant que l’inconnu ne lui dise d’une voix blanche qu’elle avait ce qu’elle désirait tant. Il tira de sa main libre, et qui était invisible aux yeux d’Eden, un poignet. Une jeune fille, sale et mal vêtue, apparue dans le cercle de lumière. Elle semblait dans un état second. Eden voulu parler, protester, mais l’homme posa la lampe et sortit en claquant la porte.

Eden s’assit sur le lit, observant avec des yeux curieux la jeune fille. Malgré sa saleté visible elle dégageait une odeur sucrée. Une odeur attirante. Une odeur excessivement forte. La respiration de la jeune femme devint lente, lourde, profonde. Une sorte d’excitation nouvelle s’éveillait en elle. Il lui sembla parvenir à entendre les battements du cœur de la fille. Sa gorge redevint subitement sèche.

Eden était morte. Non pas succombée de ses blessures dues à sa tentative de suicide, mais par l’intervention d’un vampire. Lorsque Geöff retourna voir son infant suite à son premier repas il fut surpris de constater la violence dont ce nouveau-né avait fait preuve. Pour la première fois depuis son existence la révélation de la mort puis de la résurrection de la jeune femme ne provoqua aucune des réactions extrêmes auxquelles il était habitué. Une fois qu’il lui eut appris les rudiments à savoir quand à sa nouvelle race, il entama de lui apprendre la chasse. Et à son désir personnel elle retourna séduire des hommes qui eurent connu son intime trésor afin de leur arracher le leur de ses dents.
Quelques mois plus tard ils durent fuir.

Durant les dix années qui suivirent elle et son géniteur parcoururent l’Allemagne. Dix années d’apprentissage afin de maitriser sa force, de cultiver son esprit, de la renseigner sur le monde secret des vampires, sorciers et lycans. Il se trouva qu’elle était faite pour mener une vie luxueuse et dépravée. Appartenant au renommé clan Alessi Geöff pu subvenir au moindre de ses besoins. Ils s’installèrent dans une somptueuse maison, près de la mer, d’où ils ne sortaient que pour leur chasse ou leurs divertissements.
Mais au fil des années la jeune vampire commença à développer une attirance assez sordide pour la douleur, la torture, la souffrance. Il ne s’en inquiéta guère car contrairement à un certain clan, l’état de santé des humains lui importait peu. Ce qui le décevait bien plus en revanche était l’opposition farouche d’Eden à toute relation charnelle avec lui. Cependant Geöff n’était de ces vampires brutaux et il évanoui sa frustration au sein d’autres, et nombreuses conquêtes. Qu’ils s’échangeaient souvent d’ailleurs….

Afin de fêter les cinquante années de sa nouvelle naissance, et de son passage d’infant à vampire, son géniteur décida d’offrir à la jeune femme un nouveau prénom. Elle serait désormais Raven.
Bien qu’elle apprécia énormément Geöff, la jeune femme décida, juste après sa cérémonie officielle d’entrée au clan Alessi, qu’il était temps de le quitter. Elle était en proie à emprunter un chemin qu’elle pensait trop différent du sien. Malgré leurs adieux ils se revirent à différentes occasions. Après tout leurs vies sont liées.

Raven quitta son pays natal, attirée par le froid et le mystère de la Russie. Elle n’eut aucun mal à y vivre de sa façon dépensière. Ses services en matière d’interrogatoires musclés furent même utiles à plusieurs reprises aux services des vampires du clan, ou à des sectes d’humains véreux.
Les vingt premières années qui s’écoulèrent au froid furent presque sans histoire notable. Jusqu’au soir où Raven, alors qu’elle assistait à un opéra Allemand à Saint Petersburg, rencontra une jeune femme par hasard. Celle-ci la percuta lors de la sortie des places du balcon, avant que les pouilleux de la salle n’engorgent la rue. Alors qu’elle se confondait en excuse, Raven la trouva tout à fait séduisante et suffisamment alléchante pour en faire son prochain repas. Elle entama donc une petite discussion anodine. Elle finit par parvenir à la ramener dans son superbe domicile. Aussi étonnant que cela puisse paraitre la jeune femme en tomba éperdument amoureuse. Mais ne se sentant pas le coeur de la tuer afin qu’elle puisse vivre éternellement près d’elle, elle fit de Natasha sa seule et unique pomme de sang. Encore à ce jour elle n’en connu aucune autre. Pendant près de trois ans elles ne vécurent que dans l’ombre des volets de la chambre. D’un amour interdit. Raven ne but aucun autre sang, ne connut aucune autre femme.

A la demande du clan elles quittèrent la Russie pour la France. Raven avait une tâche à y accomplir. Cependant le fanatisme religieux français n’est pas des moindre. Et après cinq ans de vie dans le plus beau quartier de la capitale leur relation saphique connue des fuites. Et alors qu’en pleine nuit la vampire vaquait à ses devoirs démoniaques, un groupe d’hérétiques pénétra dans leur domicile et brula vive la jeune femme sur un immense bucher.
Elle fut traquée, sans le savoir, à son tour. Et le premier de ces hommes qui l'aperçu lança sur elle une torche encore enflammée. La flamme mordit son épaule à jamais.

A son insu Raven pris le nom de l’unique femme qu’elle aura jamais aimé, afin de se souvenir jusqu’à sa mort potentielle de la cruauté des insectes que sont les humains. Et elle fit un devoir de le devenir encore plus. Elle quitta la France deux jours plus tard, après avoir passé sa colère sur tout homme qui portait l’odeur de sa bien-aimée, pour ne plus y remettre les pieds de toute sa longue vie. Préférant s’isoler de nouveau dans les glaces de l’est. Rongée de haine et de tristesse la jeune femme passa de longues journées à se calmer sur tout être vivant qu’elle attirait chez elle. Avec plus de hargne sur les mortels. Lorsque son géniteur la retrouva, après un demi siècle de chagrin, à errer dans les neiges et à ignorer son clan, il tenta de la raisonner. Une humaine n’a pas sa place dans le cœur mort d’une vampire.
La phrase de trop. Raven lui devait certes l’immortalité, la vengeance et bien d’autres mais la colère lui fit enflammer Geöff. Elle le regarda mourir une seconde fois, sans laisser exprimer le moindre sentiment sur son visage. Cette affaire n’affecta pas le clan qui ne lui fit aucune réprimande. Mais cela suffit à la jeune femme pour retrouver le goût de vivre dans une luxueuse maison.

L’Europe conservait trop de peines. Cette raison suffit à la jeune Russe pour qu’elle quitte cette terre en faveur du nouveau monde. Le froid l’attirant toujours elle se fit d’abord un nom au nord du continent. Elle y fit frauduleusement fortune. Mais son obligation de rester discrète l’obligea à quitter ce qui sera le Canada pour les Etats-Unis d’Amérique. A l’aube de ses deux cents vingt-trois ans elle s’installa dans l’Etat de Floride où elle vécue de ses ressources diverses, variées et surtout nombreuses. Raven ne se privait d’aucun plaisir, ni d’aucune nouveauté. Elle connut bien des femmes, exceptionnellement des hommes, mais ne tomba plus en sentiments. Elle n’enfanta aucun vampire et refusa l’assouvissement que certaines conquêtes lui proposaient.
Les rares relations qu’elle conservait ne duraient que quelques jours. Le temps que la vie quitte le corps dont elle avait fait son jouet.

Elle évita les guerres, aussi bien mortelles qu’immortelles et ne s’impliquait que très rarement dans la vie de son clan. Accordant plus d’importance à sa satisfaction personnelle. Les années lui sculptèrent un masque glacial d’indifférence posé sur un corps de grâce et de manières.

La raison pour laquelle elle quitta la floride fut son simple désir de renouveau. Depuis plusieurs années le vent des rumeurs lui avait soufflé le nom d'une ville bien plus au Nord. La Nouvelle Orléans. A son éternelle habitude, Raven était lasse du décors et de la vie qu'elle menait dans cet Etat. Il ne lui en fut pas plus pour qu'elle le quitte du jour au lendemain.

L'atmosphère de la ville lui sembla pour le moins différente de toutes celles qu'elle avait traversé au cours de ses voyages. Une atmosphère étrange, mêlée à une ambiance jazzie festive. Comme si deux mondes coexistaient en une harmonie tacite. Elle se laissa quelques mois pour s’imprégner de l'esprit de vie avant de chercher un moyen de se procurer une rentrée d'argent, bien que ses réserves est ressources ne soient pas encore épuisées, un moyen aussi de s'amuser par la même occasion et un moyen de mener une vie suffisamment discrète quand à sa nature. Son premier investissement fut celui d'acheter un immense local à l'abandon et en ruine. Une ancienne manufacture visiblement. L'idée lui vint alors qu'elle visitait pour la énième fois son achat immobilier. Un vent glacial vint remuer doucement des chaînes emmélées à une poutre du plafond. Le tableau de cette vision glauque eut l'effet d'une étincelle. Mieux qu'une maison close, soit un garde manger et un défouloir sexuel, qu'une boite de nuit ou qu'un bar... Un club de libre échange sado masochiste. Elle avait déjà entendu parler de ces lieux, en avait fréquenter les premiers, mais ils dégageaient tous une atmosphère étouffante. Un décors imposé qui sonnait faux. Non.. Son club serait à son image. Luxueux tout en restant vaguement dans la sobriété, chic avec du cuir et des chaines, une ambiance feutré, un plaisir partagé...
Ainsi naquit le Narcisse Enchainé.

A siècle et millénaire nouveau, vie nouvelle.