Je ne sais jamais ce qui l’a attiré chez moi ? Est-ce le fait que je sois une frêle petite brune aux traits fins et à la peau de porcelaine ? Pourtant je n’ai guère de formes … Ou c’est mon caractère discret et doux qui l’a fait succombée ? Les deux doivent sans doute jouer mais jamais je ne regretterai ce moment là.

J’avais 25 ans quand nous sellâmes toutes les deux la dernière marque, je voulais ce pacte tout comme elle, j’en étais déjà tellement amoureuse ! Cela s’est passé fin septembre en l’an 1885 dans ma ville originale de Paris, en France où je naquis dans une famille d’aristocrates aux idées bien pensantes. C’est d’ailleurs cette façon de voir le monde qui les décida à me chasser de chez moi … Quand ils apprirent le faites que j’aimais les femmes, je l’avais compris très tôt dans ma jeunesse. Je n’ai jamais refoulé mes idées sur le sujet mais au XIXème siècle l’homosexualité est un péché, une chose intolérable qu’il faut chasser de chez soi. C’est pourquoi je suis allée trouver refuge chez Eleanor, elle aussi était comme moi c’est-à-dire qu’elle aimait les femmes. Rapidement nous sommes devenues proches très proches même, au point qu’elle me confia un secret : Eleanor est un vampire femelle. Avec elle, je peux être moi-même, je reste douce et élégante. Elle m’a rendue la joie de vivre en apportant de la gaieté dans ma vie et de l’humour. Depuis notre rencontre je suis devenue plus tendre, c’est dû aux sentiments que j’ai pour elle et que depuis notre première nuit je lui suis soumise. Ce soir de septembre, le 29 plus précisément alors que l’automne était déjà tombé, j’eus le plus bel acte d’amour que ma douce et tendre vampire pouvait me donner. En effet elle ne voulait pas se séparer de moi et l’inverse était valable. J’avais su très vite que nous étions faites l’une pour l’autre : un simple contact, un simple regard croisé me suffirent à m’offrir à elle. Elle me mordit pour la première fois simplement au poignet. Je savais que ce soir-là allait être pour nous car elle avait renvoyé tous les autres pour que l’on soit seule. J’entrais doucement et un peu discrètement dans sa chambre. Elle était si belle allongée sur son lit à baldaquin, simplement vêtue d’un robe blanche et en partie transparente. Je l’ai choisie pour elle et uniquement elle.

Je me revois poser tendrement ma tête sur ces genoux en m’installant à ses cotés. Je suis peut être paisible extérieurement mais à l’intérieur je bouillonne… Je suis excitée comme jamais et j’ai envie que ce moment magique dure pour toujours. Ce sera le cas, je le sais car à mon réveil je serai sienne pour l’éternité. J’écoute ses pensées, je souris et lui prends la main doucement. Nos doigts sont enlacés, nos corps parfois différents se marient à merveille. Pourtant parfois elle est sombre et moi vivante mais je vis pour elle tout simplement. Je ne m’imaginais plus sans Eleanor, oui encore aujourd'hui je lui suis soumise et cela ne m’importe guère car je suis heureuse. Ses doigts glissent sur mes blonds cheveux défaits. Je lui montre alors que je suis prête. J’incline doucement mon cou dans sa direction et l’invite par la pensée à passer l’acte. Elle peut ressentir ma peur, mon désir, mon envie… Elle me procure ce bonheur suprême, je suis à elle pour l’éternité enfin voudrais je dire. D’un coup elle se stoppe et m’embrasse doucement, je suis au paradis. Nos regards se croisent de nouveau et sans un mot de ma part, elle comprend ce que j’attends. Je suis une passionnée des vampires, ces êtres éternels qui vivent au travers des époques en s’adaptant à tout le plus naturellement du monde. Après quelques caresses et un baiser des plus passionnés ma compagne tient sa promesse et me raconte ses vies, son existence.

J’apprends qu’elle est britannique et qu’elle vient aussi de l’aristocratie. Un détail me fait sourire c’est quand elle me demande si je ne la trouve pas trop vielle pour moi. Je secoue doucement la tête de gauche à droite pour lui dire non. Je n’ai pas envie de l’interrompre, sa voix est trop belle. Je la laisse finir et lui glisse simplement qu’on se ressemble. Elle reprend son récit en me parlant de son mentor : celui qui l’a transformée en vampire. Elle était sa protégée, elle l’aimait beaucoup et lui également, en entendant cela je fus un peu jalouse mais à quoi bon … La suite de son récit me calma car cet homme avait un autre infant, un certain William, qui était selon ses mots un homme réservé et jaloux de la préférence que Sire Ménès avait pour elle. Cet homme est resté en France pendant qu’elle est partie voyager dans le monde : elle a visité la Russie, l’Inde et un tas d’autres pays. Je me permis de lui demander si le dis William lui manquait et elle me répondit par l’affirmative mais que la vie continuait. Elle avait heureuse de découvrir, de voir d’apprendre des choses et surtout elle avait pris goût à la liberté. Ménès l’avait laissée partir assez facilement et elle avait donc continué à voyager. Elle m’expliqua aussi qu’elle était retournée à Londres pour y recommencer ses collections et s’entourer d’humains. Elle me nommait un de ses défauts après fait confirmer que je la connaissais assez bien dorénavant, oui son défaut c’est qu’elle n’est point prêteuse. Je me blottis contre elle, je savais que cette petite attention apaiserait ses pensées sombres. Elle m’allonge doucement et m’embrasse fougueusement, passionnément. J’ai des braises en moi, nous nous caressons, les baisers que nous échangeons sont torrides. Elle se met à califourchon sur moi, et nos regards se croisent de nouveau. Elle me demande si j’ai d’autres questions, je m’empresse de les lui poser, la première concerne William et Ménès. Tandis que la seconde est plus personnelle, je lui demande si elle a un autre servant, cette fois la réponse fut négative car il n’y a que moi. J’en suis heureuse et un peu soulagé je l’avoue, je suis peut-être très tolérante mais cette réponse est comme une petite victoire personnelle. Elle se mord le poignet et me le tend afin que je m’abreuve de son sang pour conclure le pacte définitivement. Je prends un petit peu de sang sur moi tout comme sur les draps mais cela n’a pas l’air de gêner celle que j’aime. La nuit qui s’en suit est des plus torrides…

Je vis une nouvelle naissance, la jeune femme aimante, charmante devient une nouvelle femme gardant ses qualités mais aussi ses défauts. Je reste attachée à quelques valeurs en étant des plus observatrices avec mon nouvel entourage. Je suis devenue aussi plus intelligente avec le temps surtout grâce à Eleanor. J’ai du mal par contre de m’adapter à certaine partie de cette vie c’est-à-dire voyagé tout le temps. Je ne vais pas me plaindre car je vois de magnifiques paysages mais les langues sont difficiles pour moi et j’ai dû mal avec certaines coutumes. C’est à Lisbonne que nous avons fait la connaissance d’Irina, une gamine des rues. Elle est tout mon contraire niveau caractère : c’est un être impulsif et moi je suis réfléchie, une tête brulée et moi une pacifiste, mais tout comme avec Eleanor je ne peux m’empêcher d’être maternelle avec elle. Nous partageons de nombreuses choses toutes les deux dont le lit d’Eleanor mais je n’en suis pas jalouse. Le pacte c’est moi qui l’ai passé et personne d’autre. Nous nous sommes toutes trois installées aux Etats Unis dont j’ai pris la nationalité depuis maintenant plus de cinquante années.

C’est en 2005 que nous trouvons la maison de nos rêves. Nous avons visité le sous-sol et il nous allait : la lumière du soleil n’y pénétrait pas et il était assez grand. Eleanor y fera construire une chambre et une salle de bain. Le reste de la maison est aussi très vaste on peut loger de nombreuses personnes. Nous avons eu alors un moment tendre avec ma maitresse qui me caressant les cheveux me demande si j’aime cet endroit. Je lui réponds par l’affirmative car je crois que nous sommes plus libre qu’à Rome. Irina arrive au moment où je nomme sa ville natale et trinque avec nous avant d’aller s’amuser avec une autre femme qui terminera certainement dans son lit. Je regarde ma belle compagne et glisse mes lèvres sur les siennes. J’ai vécu des moments historiques du temps où je n’étais pas encore servante avec la fin de la construction de la tour Eiffel à Paris, les deux guerres mondiales et un tas d’autres évènements mais je crois que c’est ici avec mes deux amours que je vais vivre la plus belle partie de ce qui sera un nouveau passage dans ma vie d’immortelle.

Un beau jour, il y a deux ans de cela, Eleanor me fit une surprise pour nos 125 ans de rencontre, elle me demandait si je voulais devenir son égale pour qu’on officialise notre union si je puis dire. Elle m’attrapait le cou et me mordit pour me vider de mon sang non sans m’avoir prévenue que cela serait douloureux, atroce même m’avait elle dit, je rendis mon dernier soupir mais avant cela je vis celle que j’aimais se couper au poignet et me faire boire de son sang. Je mourus après avoir souffert mille mort, j’avais senti mes intestins se dérober, j’avais eu l’impression d’étouffer réellement, tous mes muscles s’étaient tendus presque déchirés, mes os avaient craqués. Mon cœur s’arrêta même de battre à de nombreuses reprises, jusqu’à la définitive. La nuit qui suivait ma première mort, je me réveillais en ayant l’estomac qui criait famine, non que j’avais besoin de viande ou de légume, j’avais envie d’un repas plus liquide et rouge, j’avais envie du nectar de la vie. Ma princesse m’apprenait doucement à me faire à une nouvelle vie, une existence qui se passerait dorénavant de nuit, avec une nouvelle famille car nous nous étions rattachée à une famille dont une des femelles étaient elle aussi attirée en partie par les femmes. Je ne contrôle encore presque rien de mes pouvoirs de vampire, mais je sais toujours adoucir le cœur des autres non morts vivants pour les manipuler un court laps de temps à ma guise.