▌A débarqué le : 19/05/2012 ▌Parchemins : 233 ▌Quantité de sang disponible : 21643 ▌ Code couleur : #b1d572 ▌Age du personnage : 120 ans ▌Rang : Draugad de la meute O'Brien ▌Job : Chanteuse au Lunatic
« Moi je veux ♥ » ▌Alignement: Neutre à tendance bénéfique ▌Relations: ▌Pouvoirs :
Sujet: » La Terre cache un Rubis mais ne le tâche pas « DONE Dim 20 Mai - 10:10
Je m'appelle Bianca. Bianca Von der Wellen, mais on m'appelle Ruby. J'ai 120 ans, j'en fais une trentaine. Je suis née en 1892 à Munich et je suis allemande, avec des origines germaniques. Je suis une louve-garouhétérosexuelle et je suis Draugad au sein de la meute.
Capacité Spéciale ; Le pouvoir de Ruby s'apparente à celui de n'importe quel médium. Sauf qu'elle ne voit pas les morts. Elle les sent, elle est capable de communiquer avec eux et de les guider. Évidemment, cela demande une grande maîtrise ainsi que beaucoup de concentration. Elle doit son poste de Draugad au sein de la meute à cette capacité, qui lui permet en quelque sorte de "garder" le royaume des défunts et de garantir la paix aux lycans après la Mort. C'est la raison pour laquelle elle est particulièrement crainte et plutôt respectée, bien qu'elle soit une lukoï sans aucun droit hiérarchique à proprement parler. Enfant, elle était parfois sujette à des "apparitions" d'entités disparues. Mais son pouvoir ne l'a jamais vraiment dérangée. Il s'est amplifié après sa transformation, et elle a véritablement appris à le maîtriser dans les années 60, à La-Nouvelle-Orléans. Elle a perfectionné son art avec des expertes mexicaines 20 ans plus tard. Dans une moindre mesure, et à l'aide de rituels étrangers, elle est aujourd'hui capable d'influencer le monde des vivants grâce à l'énergie des Morts qui veulent bien lui obéir. Il est à noter qu'une utilisation trop fréquente est à proscrire, car pouvant entraîner une véritable aliénation.
Histoire
« 100 lignes minimum »
Marche Funèbre
❝ prologue ❞
Cours. Plus vite que le vent qui assèche ma peau. Sans jamais t'arrêter. Comme le Soleil qui poursuit sa course éternelle. Ne te retourne pas. A aucun moment. Va t'en, et ne reviens jamais sur tes pas. Promets le.
Je promets. Et ma vie ne sera qu'un immuable recommencement. Une fuite interminable, une soif inextinguible d'existence et de liberté. A vouloir de trop vivre, j'épouserai les ténèbres, et me fondrai en elles...
Munich
❝ le 4 août 1914 ❞
Spoiler:
« Ne la trouvez-vous pas magnifique ? » « Elle l'est maman. » « Vous répondez sans grande conviction. »
Elle l'était, pourtant. De celles dont même les filles de mon rang n'auraient jamais osé rêver. Et mes yeux étaient fixés sur les perles laiteuses ; mes doigts frôlaient avec délicatesse le taffetas velouté tandis que la dentelle dorée chatouillait mon avant-bras recroquevillé. Je la contemplais sans la voir vraiment, écoutant au lieu de cela mon cœur se serrer. « Maximilian vous suggère de l'essayer au plus vite. Il l'a faite envoyer en compagnie de ses deux meilleures couturières. Elles feront les ajustements dès lors que vous y serez disposée. » J'acquiesçai d'un sourire triste, incapable de feindre une joie qui ne m'était point familière. Je demeurai perdue au fin fond de la glace, la robe tenue au dessus de ma poitrine, incapable de m'imaginer la portant. « Pourquoi est-il si loin, maman ? » Elle éclata d'un rire profond. « C'est donc cela qui vous inquiète ? Vous vous ferez très bien à votre sortie du nid, mon petit oiseau. » Sa main s'agita pour mettre à fin à cette conversation qu'elle jugeait sans intérêt. « Ilse. Vous irez mettre le couvert pour le souper. » Comme les domestiques, je n'avais rien à dire, et n'y pensais pas même. Mes états d'âme passaient bien après les relations familiales, et c'était l'une des premières leçons qu'on m'avait apprises. « Vous ne tarderez pas trop à l'essayer. La date de votre mariage approche à grands pas. »
Intérieurement, je soupirai. Je pensais la soirée quasiment terminée ; impatiente de ranger ce bout de tissu qui, je le croyais fortement, symbolisait la fin de ma vie, je n'avais qu'une hâte : rejoindre mon lit pour y pleurer secrètement mon quota de larmes autorisé. Mais le silence ambiant fut brisé par le claquement brutal de la porte d'entrée, ébranlée sous la force d'une poignée de main bouleversée. Aussitôt apeurée par la brusquerie de cette entrée, j'en laissai tomber la robe, que je ramassai sur le champ, l'époussetant sans vraiment y faire attention. Alors que la porte qui séparait le vestibule du salon se refermait sur moi, je me glissai derrière et tendis l'oreille pour écouter. D'un doigt posé sur mes lèvres, je suppliai notre femme de ménage de pas dire un mot à propos de ma mauvaise conduite. Comme elle était charmante, elle fit demi-tour et me laissa seule à espionner la fureur paternelle et les angoisses de ma mère.
« La France aussi, Anja. Les nouvelles sont arrivées ce matin. » Un silence profond retomba, après le choc de cette Révélation. Nous savions tous ce que cela signifiait. Nous nous bornions à agir comme si la Guerre n'avait jamais secoué notre pays. Nous vivions depuis quelques mois comme si l'Empire Allemand n'avait pas envoyé ses troupes en Serbie aux côtés de l'Autriche-Hongrie. Comme si l'Europe entière n'était pas encore profondément engluée dans le conflit qui bouleverserait probablement bientôt nos vies... Honte à moi, car j'en tirai toutefois satisfaction.
« Elle n'ira pas. Les français vont tenter de reprendre leurs terres, c'est évident. » « Mais nous les écraserons... encore... » « En parieriez-vous la vie de votre fille ? » « Grands dieux non ! J'approuve votre décision, même si cette famille souffrira assurément de cette absence d'alliance... » Un bruit de verre brisé me fit sursauter. Mon père avait toujours tenu plus à moi que ma génitrice, et cela, je le savais sans m'en étonner. Il ne supportait pas ses sous-entendus mondains. Et je savais qu'il ne reviendrait pas sur sa décision.
« L'Est et son futur époux l'attendront. Je suis certain qu'il comprendra. Elle le rejoindra à Mayence une fois la guerre terminée. En attendant, je vous défends de quitter cette maison sans mon autorisation. »
Sa sortie fut, je le suppose, aussi théâtrale que son arrivée. Quant à moi, toujours prostrée contre le mur tapissé de dorures, je me décidai enfin à rejoindre mon antre, le cœur étreint d'une récente culpabilité. Mon pays était en guerre, et inéluctablement, j'étais inquiète. J'avais peur aussi pour mes frères, car nous savions qu'ils s'enrôleraient, si la situation venait à empirer. Mais mon mariage arrangé avec ce noble alsacien dont je ne connaissais rien n'aurait pas lieu. Du moins, pas aussi rapidement que ma mère l'avait toujours espéré. Mes parents devaient probablement chercher une façon délicate de m'en prévenir. Quand ils me l'apprendraient, je feindrai la surprise et la déception.
Mayence
❝ le 3 septembre 1919 ❞
Spoiler:
Citation :
« Je vous somme d'arrêter ces bêtises ! » La voix de ma gouvernante retentit à nouveau dans ma tête, comme si j'y étais vraiment. « Votre mère me fera renvoyer pour ça ! » ajouta-t-elle en chuchotant. Malheureusement pour elle, ce ne fut pas assez bas. « Pourquoi devrais-je vous renvoyer, Ilse ? » La pauvre femme abaissa la tête, toute penaude, hésitant je suppose entre perdre sa place, et me voir sévèrement corrigée. « Pour rien, madame. » J'avais une alliée alors, et ne l'avais jamais remarqué.
« Vous êtes pire qu'une enfant, en ce cas. De sa bouche je ne tolère pas le mensonge. » ajouta-t-elle en me désignant. « Je ne le tolérerai plus de votre part à partir de maintenant. Est-ce bien entendu ? » Puis, sans attendre de réponse, elle se tourna vers moi. « Que faisiez-vous, mon enfant ? » Transpercée par ses iris glacés, je reculai d'un pas, comme pétrifiée. Petite, je craignais l'autorité comme jamais. J'avais pourtant quelquefois, quelques poussées de courage suicidaires, qui me forçaient à énoncer clairement le fond de ma pensée. J'avais beau être terrorisée, il m'arrivait d'affronter le danger avec un tel aplomb que j'en frôlai la crise cardiaque. « Je jouais avec Elsa, vous me l'aviez interdit. » Alors son jeunet visage se décomposa, ridant ses traits délicats par endroit. Puis des mains, elle m'arracha ma poupée avec une telle violence que j'en effleurai le sol. Elle me confisqua mes jouets, toute mes affaires, et me punit comme il se devait, m'enfermant dans ma chambre jusqu'à ce que je cesse d'évoquer sans honte Elsa Von Dieten.
« Je ne veux plus qu'elle parle d'elle ! Cette enfant est morte dans cette maison il y a une vingtaine d'années, comment le sait-elle ?! Elle n'a que 6 ans, c'est vous qui lui avez mis toutes ces histoires dans la tête... Je vous défends de l'approcher, Ilse ! Tant qu'elle ne cessera plus ces enfantillages, vous ne lui adresserez même plus la parole. Cette idée d'ami imaginaire est déjà suffisamment saugrenue. Elle est devenue morbide... »
« Vous gémissiez, ma sœur. » A mon réveil, je découvris le sourire amusé de mon bêta de frère, plus jeune que moi de seulement 2 années. « Vous rêviez à votre futur époux ? » « Mhh... pas vraiment ». Visiblement, tout était prétexte à oublier Maximilian. De vieux souvenirs revenaient me hanter et me préoccupaient davantage que ce maudit mariage. « Vous n'êtes pas impatiente ? » Derrière ses traits enjôleurs, il dissimulait une certaine compréhension à l'égard de la situation. Mais ni lui, ni moi, ni Hans, notre frère aîné, n'avions été conviés à protester contre les décisions parentales, aussi dures et brutales furent-elles pour chacun d'entre nous. Mes frères et moi nous aimions, et nous allions être séparés ; ils étaient ceux qui allaient véritablement me manquer. « Pensez à vous préparer. Nous partons d'ici une heure. » Par la porte entrebâillée, s'immisça la voix virile de Hans, qui ne tarda guère à nous rejoindre. J'étais heureuse de les avoir à mes côtés. J'avais le sentiment qu'après ça, je ne les reverrai plus jamais ; et j'étais loin de me douter à quel point. Une dernière fois, je voulais graver ce tableau parfait dans ma mémoire, pour m'en souvenir à jamais comme deux frères aimants et compatissants. Le plus jeune arborait encore quelques traits enfantins et la blondeur des anges comme je la portais. Hans ressemblait davantage à mon père et ses cheveux étaient plus noirs que l'ébène. Quoique sympathique, il inspirait la crainte à ses amis et symbolisait la protection. Les femmes se pâmaient devant lui, et beaucoup l'espéraient dans leur lit. J'étais certaine qu'il ferait un bon mari, et ne souhaitai qu'une seule chose : pourvu que le mien lui ressemble.
* * *
Trois heures plus tard.
« Attendez-nous ici, nous réglerons cela en vitesse. » « Commandez à la terrasse de ce café, nous vous y retrouverons rapidement. » Comme le reste de la foule, je demeurai inquiète ; après la guerre, Mayence restait peuplée par les français et l'altercation à laquelle nous venions d'assister me refroidit davantage encore à l'idée d'épouser un homme en ses murs. Le regard rivé sur notre voiture, j'acquiesçai pourtant, sommant mes deux frères de précipiter leur entretien avec les gens d'ici. Ces deux là s'improvisaient diplomates au sein d'affaires qui ne les regardaient pas.
Le petit bonheur m'accueillit ainsi à sa plus petite table, des pieds en fer forgé sous une plaque de marbre léger, surmontée d'un charmant napperon voilé. Des tons classiques que j'arborais moi-même sur une tenue des plus strictes, typique de l'éducation conservatrice que j'avais reçue. Les années 20 se trouvaient au pied de la porte, et les femmes qui s'aventuraient dans la rue me paraissaient toutes hors du temps. Non pas que j'en éprouve un fort besoin de critique, mais je n'avais pas l'habitude d'un tel laisser-aller, et, intriguée, je demeurai un long moment à les observer.
« Vous attendez quelqu'un ? » C'est ici même que je le rencontrai pour la toute première fois. Une peau claire comme la neige, parsemée de brun au sommet du crâne. Une silhouette impressionnante et des épaules suffisamment larges pour m'obstruer totalement la vue, de sorte que je ne vis bientôt plus que lui. 1 mètre 80 de muscles et une force à en rendre jaloux les soldats les plus braves. « Vous avez perdu votre langue ? » Mais, par dessus tout, un accent français absolument séduisant, nonobstant une parfaite maîtrise de la langue arienne. « Non. Enfin si... » Mes bafouillages semblèrent l'amuser ; « Vous pouvez vous asseoir... » Il s'exécuta tout en délicatesse, plongeant ses yeux sombres dans les miens à m'en mettre mal à l'aise. J'avais tellement d'aplomb d'ordinaire que cet entretien me perturba au plus haut point. « Allemande ? » Surprise, je rehaussai mon regard, abandonnant, rougissante, son torse d'Apollon. « Pardon ? » « La chaleur du Soleil et le bleu du ciel reflétés par un minois délicieux... » En présence de ma famille, ses manières auraient sévèrement été reprises. Je n'avais quant à moi jamais ouï un homme séduire avec la verve d'un poète, et me laissai prendre au piège. « Ce n'est pas votre cas » affirmai-je sans le moindre reproche ; « En effet ». Il était français. Et bien qu'inquiet de mon opinion à ce sujet, il eut tôt fait de comprendre que sa nationalité ne l'empêcherait en rien de demeurer ainsi à discuter en ma compagnie. Qui étais-je pour juger les inconnus de la sorte ? Il m'était sympathique et ne m'importunait guère ; et je dois bien avouer que je l'écoutais bien moins par politesse que parce qu'il m'avait d'emblée fascinée.
Une heure, passâmes-nous ainsi à discuter. De tout et de rien, jusqu'à ce qu'il effleure avec brio le contenu profond de mon cœur. « Je me marie dans une semaine. » « Cela n'a pas l'air de vous enchanter. » Tout le monde l'avait remarqué, sauf peut-être ma mère, qui se bornait à préparer son héritage. « Je ne l'ai jamais rencontré. Et je... sais pertinemment que ce n'est pas digne d'une femme de ma lignée, mais les choses commencent à changer. » Tout à fait certaine de mes affirmations, je le relevai la tête et affrontai son regard, heureuse d'être véritablement écoutée. Mes raisonnements philosophiques n'intéressaient personne à la maison, et j'avais plutôt intérêt à les garder pour moi. Lui manifestait une telle attention à l'encontre de mon petit discours, que je n'en finis plus d'exprimer le chagrin qui étreignait mon cœur à l'idée de perdre mon libre-arbitre. « Je pense... que tout être a le droit de prendre ses propres décisions... et je souhaiterais pouvoir prendre les miennes. L'avenir ne devrait appartenir qu'à celui qui le choisit... » Mes joues s'empourprèrent et je baissai les yeux, consciente de mon insolence. De tels propos m'auraient condamnée dans mon propre foyer. On aurait reproché à mes parents de m'avoir bien mal élevée et ces derniers ne me l'auraient pas pardonné. D'autres, plus tolérants, m'auraient simplement prise pour une jeune femme à l’espièglerie enfantine, nécessitant le modelage que seuls apportent un époux et le mariage. Oh oui, il était temps pour les miens que j'apprenne à me taire et à tenir ma maison ; que j'élève mes enfants et satisfasse avec entrain les moindres désirs -aussi inavouables soient-ils, d'un mari digne de ce nom...
« Venez avec moi. Et je vous rendrai votre liberté. » Hébétée, je manquai m'étouffer avec mon thé. Éperdument, je cherchai dans son regard un signe de plaisanterie, mais il n'y en avait pas le moindre. Son aplomb m'indiqua combien il était sérieux, presque... impatient. Partir ? Non, j'en étais incapable...
* * *
« Bianca ? » « Bianca ! » A la terrasse du petit bonheur, deux hommes de taille respectable s'agitaient, interrogeant passants et clients du café. L'un, brun, explorait les environs, tandis que l'autre, moins âgé et le cheveu blond, questionnait le patron ; « Excusez-moi. Ma sœur était installée ici... blonde, assez grande, les yeux bleus... très belle... » « Elle était assise ici. Elle est partie avec un homme il y a environ une heure. »
La-Nouvelle-Orléans
❝ le 20 janvier 1958 ❞
Spoiler:
6 mois plus tôt.
« A quoi tu penses ? » Ses lèvres effleuraient mon cou avec légèreté, dans l'attente d'un véritable baiser. Je souris, tenant le drap sur ma poitrine. « A tout ce que j'ai abandonné pour toi. » Tant bien que mal, je feignais une certaine culpabilité. Lui n'en avait aucune de m'avoir enlevée à ma vie morne et triste. Et je n'avais aucun regret ; hormis peut-être au sujet de mes frères. J'espérais de tout cœur qu'ils avaient reçu ma lettre et qu'ils savaient que j'allais bien, quels que furent mes choix passés. « La guerre est terminée. Tu es déjà en mesure de te contrôler. Nous devrions songer à quitter l'Europe. » Le mois suivant, nous embarquions pour l'Amérique.
* * *
Comme lui. Je l'étais devenue après avoir appris à le connaître et à l'aimer suffisamment. Plus que je ne l'aurais cru possible, car je n'avais jamais rêvé du prince charmant. Mais lui s'était montré doux et patient, et, en dépit de sa nature féroce, je m'étais volontiers soumise à son autorité. Dès ma première transformation, et Dieu sait qu'elle fut douloureuse, ma bête répondit positivement à la sienne pour ne plus jamais s'en défaire. Il était mon mentor, mon compagnon, et l'Homme, mon dominant. J'allais d'ailleurs apprendre de bien des façons qu'il serait le seul et l'unique que ma louve capricieuse accepterait sans protester. Je ne le savais pas encore à l'époque, car Ezra était un solitaire, et nous n'avions rencontré aucun de nos semblables en Europe. Nous les avions toujours soigneusement évités.
Notre périple à travers les Etats-Unis avait doucement commencé. Mon amour du jazz nous avait rapidement conduit tout au sud, où je rencontrai mes premiers vampires. Ces derniers furent la cause de notre départ, quelques années plus tard. Si j'avais su à l'époque que je finirai par vivre parmi eux de façon quotidienne, je ne l'aurais pas cru.
« Ruby... Fitzgerald ? Comme cette grosse chanteuse noire ? » Certains blancs ne faisaient décidément preuve d'aucune délicatesse. Le bonimenteur du spectacle inspecta ma loge, un sourire béat au coin des lèvres. « Vous avez fait salle comble 5 jours de suite, veuillez continuer ainsi je vous prie ! » D'une main, il m'invita à me frayer un chemin jusqu'à la scène ; « Le patron compte sur vous ! » Si cet idiot arrogant avait su qu'elles étaient justement mes relations avec son patron, il m'aurait supplié à genoux de lui pardonner ses propos déplacés. Ezra s'était lié d'amitié avec un gérant de Cabaret. Un grand salon accueillait les hommes pour le jeu, tandis que des femmes assuraient le spectacle en chanson. Ma passion pour la musique avait tellement grandi en arrivant ici, qu'il ne leur avait pas fallu plus d'une semaine pour m'affubler d'une robe et me jeter sur scène. Ezra m'avait donné mon prénom, j'avais choisi mon nom. Et désormais, j'offrais mon corps et ma voix à des dizaines de paires d'yeux presque chaque soir. J'assurai le show comme jamais, dotée d'une incroyable assurance, probablement due aux changements qui s'étaient opérés en moi après ma transformation. Sublime et intouchable, j'étais de ces ladies qui font chavirer le cœur des hommes, n'appartenant pourtant qu'à Ezra. Et lui du fond de son siège, le cigare à la bouche, me contemplait avec fierté tout en faisant monter les paris.
El Paso
❝ le 13 avril 1973 ❞
Spoiler:
Notre vie de bohème nous convenait. Nous gagnions de l'argent comme il venait, quand nous prenions le temps de nous arrêter quelque part. Les grandes villes offraient le plus d'opportunités. Mais j'avais voulu voyager, explorer les Etats-Unis, et il avait accédé à ma requête, comme le reste du temps. Quittant la Nouvelle-Orléans, nous avions pris la route vers l'Ouest et rejoint le Texas. J'y appris le rodéo et aussi l'art de fuir mes premiers chasseurs. Nous galopions sous nos formes animales depuis deux bons mois lorsque nous atteignirent la frontière du Nouveau-Mexique, aux alentours d'El Paso.
Nous fuyions alors sans vraiment craindre l'ennemi. Nos courses folles, quoique prudentes, ressemblaient davantage à un jeu, et nous avions l'air de deux chiots en vadrouille constamment affamés.
Les oreilles dressées, il écoutait attentivement. Il avait toujours été plus doué que moi pour débusquer la nourriture. Sa langue sur les babines passées, je sus qu'il n'y avait alors plus lieu de reculer. Il maintint le cap vers une ferme paysanne et je le suivis en retrait dans l'attente d'un signal. Les mexicains travaillaient la terre un peu plus loin, et notre coup du siècle devait consister à ravir leur bétail juste sous leur nez.
Dans le cas présent, nous nous contentâmes de... poulets. Le reste aurait été trop compliqué à tuer. A notre approche -pourtant discrète, la volaille se mit irrémédiablement à caqueter. Tapis dans l'ombre, nous attendions, l'eau à la bouche et les muscles tendus. Aplatie sur le sol, je montai la garde tandis qu'il grattait la terre. Un humain soupçonneux mit fin à notre joyeux festin en appelant du renfort ; « Lobos ! Estan robando los pollos ! » Mon compagnon abandonna-t-il pour autant ses efforts accomplis ? Un coup de patte magistral assomma deux gallinacés d'un coup, et nous déguerpirent sans attendre avec notre butin dans la gueule. « Cours » Ils avaient des fusils, et je reçus à l'occasion ma première balle dans l'épaule. Une piqûre désagréable sans lendemain, qui cicatrisa presque dans l'immédiat. L'insouciance de cette scène fut la dernière de mon existence. Aussi chaude et légère...
Albuquerque
❝ été 1977 ❞
Spoiler:
« Ne refais jamais ça ! » La porte se referma sur nous avec fracas. Seul le bruit du métal cliquetant vint rompre le silence de plomb qui suivit. Un long frisson secoua mon échine, et pour toute réponse, je fixai avec insistance les clefs bruyantes enfoncées dans la serrure. L'une et l'autre se balançaient encore, lorsqu'il rejoignit la chambre après s'être changé. Pour la première fois, j'étais non seulement témoin, mais également objet de sa colère. Et pourtant dérangée à l'idée de se faire crier dessus, ma louve s'aplatit devant la fureur de son mâle. A pas mesurés, je pénétrai son antre et embrassai son cou. Une main glissée sous son flanc, je m'allongeai près de lui pour demander pardon.
Je n'avais pas encore complètement conscience de la violence de ma race. Je savais seulement de quoi lui et moi étions capables. Mais la vie en communauté m'était étrangère, et j'avais mal agi dans ce monde misogyne que j'avais récemment découvert.
« Tu as développé un trop fort caractère. En particulier en présence des hommes. » « Je ne vois pas pourquoi ce serait mal... » Et non. Dur comme fer, j'étais persuadée que dans ce monde, c'était une excellente chose. Ce que j'ignorai encore, c'était que l'égalité homme/femme n'existait pas chez les lycans, et que la rébellion féminine se soldait constamment par de solides raclées. Ezra eut beau me l'expliquer, jamais je ne parvins à faire taire ma bête enragée face à un homme irrespectueux. A croire que je n'étais tout simplement pas programmée pour la soumission.
Cours. Je me trouvais précisément entre Albuquerque et Santa Fe. Le bois qui nous avait accueilli offrait suffisamment d'espace pour nous permettre de nous dégourdir les pattes, et il était, généralement, évité des peuples alentours. Mais notre cottage à l'orée avait été repéré. Après mon altercation avec le fils de l'Alpha local, ma tête avait été, en quelque sorte, mise à prix.
J'avais délaissé Ezra et la maison de bonne heure, ce jour là. Il était convenu que nous chassions régulièrement à tour de rôle, afin de préserver nos indépendances respectives. C'était ainsi depuis ma transformation, et cela avait toujours fonctionné. J'étais donc en route pour ma promenade matinale, humant le vent et trottinant. Le liquide clapotant dans les creusées sinueuses m'informa bientôt de la présence d'un cours d'eau, que je rejoignis sans tarder. En équilibre sur les galets, j'examinai les reflets scintillants des rayons lumineux, puis lapai goulûment jusqu'à étancher ma soif. A proximité, le courant emportait avec lui un serpent d'eau aux écailles ambrées.
Le vent allait contre moi, de sorte que tout ennemi approchant mon flanc Est aurait eu l'avantage ; parmi le clapotis de l'eau, le cafouillage des oiseaux et le bruissement des feuilles, je l'entendis pourtant. Un crissement familier, le bruit d'une patte lupine soulevant les herbes, retentit à mes oreilles en alerte. D'abord immobile, je consentis enfin à bouger, relevant la tête en sa direction. Un brun profond remplaçait l'habituel gris perle du pelage de mon compagnon. A sa masse imposante, on avait substitué une musculature plus fine, également plus saillante. Du regard, je défiai l'inconnu, me jetant sans remord dans la gueule du loup. Il ne me fallut pas plus de 3 secondes pour l'identifier et prendre la fuite. Conformément à mes attentes, il s'élança à ma poursuite, et je ne parvins -sinon à le semer- qu'à conserver entre lui et moi une appréciable distance.
Sous la pression de mon geste, la porte du cabanon s'ouvrit en grand, ébranlant l'entièreté de la masure. J'y avais laissé mes vêtements par précaution, et me dépêchai d'enfiler quelque chose. Une fois fait, je n'eus qu'à me retourner pour constater l'indésirable présence de mon poursuiveur. Qu'importait. J'étais bien décidée à l'affronter. Loin de moi l'envie de passer ma vie à fuir un importun. Ezra avait tiré la situation au clair avec l'Alpha en personne, et je doutais d'avoir quelque chose à craindre encore de son idiot de fils. Sans doute avait-il simplement voulu m'effrayer.
J'approchai de lui dans une étoffe légère, aux terminaisons incessamment balayées par le vent. A terre, il se dressa brusquement et repris forme humaine devant moi. Sa nudité ne nous gênait pas ; les lycans n'ont que faire de ce genre de pudeur. Hormis peut-être en période de chaleur, où l'excitation grandissante ne permet pas d'assister à de telles visions sans voir s'intensifier ses pulsions. Le défi perdurait dans mes prunelles, fermement plantées dans les siennes. Il me salua, un sourire niais pendu aux lèvres, et continua de s'approcher. Je ne cillai pas, manifestant délibérément mon caractère irascible. « Qu'est-ce que tu veux ? » Un ton sec, froid, contrastant à merveille avec la chaleur qu'il dégageait. Ricanant, il m'observa vicieusement tout en décrivant d'irréguliers arcs-de-cercles autour de moi. Puis son sourire s'évanouit, son regard se figea, et la réponse tomba ; « Toi ». Devenu rage, son regard lubrique me jaugeait de la tête aux pieds, m'insultant éhontément. Si je rêvais de lui sauter à la gorge et de le finir par surprise, je mis toute ma volonté à contribution afin de ne pas céder. J'avais encore en mémoire les conseils de mon mentor et l'humaine en moi tenait à les respecter. Elle savait qu'il fallait s'accroupir et baisser les yeux sans discuter. Mais ce n'était pas elle qui me gouvernait alors. Ma louve détenait le contrôle et bouillonnait de colère. Lorsqu'il glissa sa main sur ma hanche et effleura mes lèvres du bout du nez, j'inspirai profondément. « Tu as réfléchi à ma proposition ? Ma meute n'a pas de gardien des morts. Ton... compagnon n'a rien à t'offrir. Moi, si. Mais avant... il faut que tu apprennes que toutes les femelles m'appartiennent... et s'aplatissent devant moi. » Indignée, je me préparai déjà à lui cracher au visage. « Tu vas réparer l'affront que tu m'as déjà fait en me montrant soumission. Et j'oublierai ton comportement d'aujourd'hui. » Sa fierté masculine fit trembler mon ego. Il se fraya toutefois un chemin jusqu'à moi et pressa ses lèvres contre les miennes. L'instant d'après, il m'embrassait, sa main brusque enserrant douloureusement ma mâchoire. Interdite, je le laissai d'abord faire, jusqu'à ce que je sente ses doigts malmener les pans de ma robe, s’immisçant entre mes cuisses. Surprenante elle aussi, ma réaction acheva d'étendre sa colère au delà des possibles ; privée de tout mouvement, je mordis si fort dans sa chair qu'il en perdit la langue.
Envoyée à terre par un coup de poing magistral, je suffoquai lorsque sa masse s'abattit sur moi. Du sang s'écoula des plaies qu'il m'infligea, blessures superficielles qui eurent tôt fait de le lasser. Impuissante, je crus longtemps assister à ma propre fin, tandis que ses mains cruelles se refermaient sur ma gorge. Un souffle, un râle. Juste un instant, je feignis la mort. Et s'il peina à relâcher sa prise, je finis doucement par sentir le pincement de l'étau s'estomper. Je profitai d'un bref moment de lucidité pour me dresser sur mes pattes et l'affronter... de manière tout à fait bestiale.
Je ne saurais expliquer ce qu'il s'est passé ensuite. La fureur de ma louve eut simplement raison de lui. Teigneuse, elle l'agrippa à la gorge dans un moment de faiblesse pour ne jamais le lâcher. Lorsqu'elle en eut assez de lutter contre un cadavre, elle releva simplement les yeux pour contempler l'étendue de la marre de sang qui gisait sous ses pattes. Même la couleur de son pelage n'était plus discernable. Les membres de son défunt adversaire soigneusement éparpillés au coin du terrain, certains écrasés, d'autres enterrés, elle rentra la queue basse jusqu'au cottage.
* * *
« Ezra... réveille-toi, il faut partir. Maintenant. » « Qu'est-ce que... » Sur son visage horrifié, je pus lire l'étendue des dégâts. Cette méchante piqûre, cette brûlure insoutenable qui m'avait déchiré les entrailles tout le long du trajet, s'amplifiait à chaque respiration ; une plaie béante sur le flanc gauche, laissant entrevoir des organes tailladés ainsi qu'une côte cassée. Maintenant, la douleur véritable songeait à se révéler...
Tijuana
❝ le 18 mai 1982 ❞
Spoiler:
Les années qui suivirent ce drame furent chaotiques. Riches en craintes et en fuites précipitées. La meute d'Albuquerque -son ulfric le premier- avait juré ma perte, et plus intelligents que braves, nous avions préféré la migration à l'affrontement. Ils nous suivaient, et nous ne retrouvâmes un semblant de tranquillité qu'après avoir passé la frontière. Nous établîmes notre humble demeure aux alentours de Tijuana, à l'ouest du pays ; des pratiquantes locales m'aidaient à développer mon pouvoir. En échange, Ezra, réputé bon chasseur, leur rapportait du gibier. Loin de nous exhiber en ville, nous fréquentions les villages pauvrets alentours, de façon à rester discrets.
Une erreur supplémentaire. Les gens qui n'ont rien sont facilement corruptibles.
* * *
Cours. Le soleil brillait de son éclat habituel. Assise en tailleur, les yeux fermés, je demeurai concentrée. Les mains jointes à celles de mes voisines, j'écoutai leurs murmures redondants, vieilles formules destinées à amadouer les morts. Leurs pratiques ancestrales m'étaient à présent familières, et j'étais capable de mener moi-même un tel entretien funèbre. Une poignée de terre en main, je récitai à mon tour une vieille prière locale dans un espagnol tout à fait correct. Dans mes veines, dans mon âme et jusqu'au ciel, je devais sentir le pouvoir de la vie, contenu dans la Mort... C'était la porte ouverte à l'énergie pure, perdue, évanouie dans la nature au fil des années, des siècles, des vies entières passées à s'agiter pour ne finalement plus exister... Les sorcières mexicaines elles, étaient persuadées du contraire. Comme en chimie, rien ne disparaît jamais vraiment. Les âmes perdurent et influencent notre avenir, nos décisions, nos comportements. Des concentrés de puissances redoutables que l'on peut maîtriser à force d'entraînement, et d'un enseignement approprié. Des entités que l'on découvre et que l'on sent seulement lorsqu'on s'est vu offrir le Don...
Bien trop prise dans mon rituel, je n'aurais probablement rien vu, s'il n'y avait pas eu ce cri... strident, torturé, apeuré ; un déchirement acoustique au sein de ma bulle funéraire, qui fit tressaillir mon âme de toute son ampleur. Perdue, il me fallut un temps fou à redescendre sur terre... Et lorsqu'enfin j'ouvris les yeux, cessant toute communication avec l'au-delà, ce fut pour les poser sur deux loups gris de la taille de poneys, imposants canidés menaçant de leurs crocs nacrés. Deux affamés, avides de sang et surtout de vengeance. Une seconde, avant que la plus vieille des femmes ne pointe son doigt déformé sur moi, et je compris alors que nous n'avions été que des pions, au cœur d'un sombre marché. Vendus, tous les deux, par nos alliés des derniers mois. Combien de temps notre semblant de bonheur retrouvé aurait-il pu durer ?
Ma seconde blessure de guerre, une entaille de vingt centimètres zébrant mon épaule jusqu'à l'omoplate, me fut infligée par un colosse au pelage aussi noir que le mien était blanc. Prise de court, je succombai aux coups de griffes et de crocs dégustant ma chair inerte, aussi surprise que moi de l'irruption de mes semblables dans cette vieille grange difforme. Faisant trembler le sol et remuant la poussière, les deux loups furent bientôt rejoint par un troisième. Perdue, je l'aurais été s'il ne m'avait pas aimée. Impossible je suppose d'ignorer le vacarme et l'agitation ; lui, plus doué et concentré que moi, avait peut-être même dû les sentir arriver. « Cours Bianca, cours ! » Comme un rayon de soleil dans la nuit noire, un guide, une force, la voix d'Ezra détourna le regard de mes adversaires, le temps que j'achève une transformation douloureuse. L'instant d'après, il était à mes côtés, couvrant mes flancs meurtris et repoussant nos ennemis. A trois contre un et demi, le combat était perdu d'avance. Devant son insistance pourtant, la rage dans ses yeux et le ton supplicié de ses grognements, je suivis son conseil et m'échappais. J'entraînais à ma poursuite l'un de nos assaillants, laissant mon aimé se débrouiller seul avec les bêtes entraînées de l'Alpha d'Albuquerque.
Un peu plus loin, je parvins à me débarrasser de l'importun. Une concentration hors du commun, une prouesse probablement réalisée à l'aide de ma dernière méditation, me donna la force de faire appel aux esprits anciens et d'étouffer mon rival dans des courants contraires d'énergie phénoménale. Soumis à de brusques ajustements de pression, il fut tout simplement englouti par les bras glaciaux de la Mort elle-même, les fantômes d'un passé oublié, de puissants alliés. Je n'ai depuis jamais plus rien vécu de tel. Je ne saurais dire si je suis même en mesure de le refaire. Jamais le temps ne fut propice à la réflexion à ce sujet, car seulement remise de cet événement, aussi salvateur qu'effrayant, je posai à nouveau les yeux sur Ezra. En fuite, il s'était dégagé de ses assaillants et s'élançait vers moi. Sa vision me berça d'espoir et de soulagement... pour la dernière fois.
* * *
Cours. A travers le désert, dans la terre et la poussière. Comme si j'avais l'Enfer aux trousses, et sans me retourner, jamais. Combien de temps passé à courir toujours plus loin, jusqu'à la frontière états-unienne et loin de toute civilisation ? Une heure ? Deux ? Peut-être une matinée entière... Fuir était devenu ma raison d'être, à tel point que je ne faisais plus qu'un avec mon impressionnante vitesse. Malgré les obstacles et la douleur. Le manque d'oxygène et la chaleur. J'ai couru, jusqu'à ne plus sentir mes pattes. Jusqu'à ne plus sentir la soif. Jusqu'à ne plus pouvoir avancer, et enfin jusqu'à m'écrouler.
* * *
Ezra ? Le museau relevé, je humai l'air brûlant. Le soleil venait tout juste de se coucher, et je m'éveillai doucement, le corps endolori, d'innombrables plaies peinant à cicatriser. J'avais dormi la journée entière... peut-être plus ? Ayant perdu la notion du temps, de mes besoins physiologiques, mais jamais l'image de mon aimé. Son odeur flottait encore sur mon pelage maculé de sang séché. J'avais senti la chaleur de son corps pressé contre le mien, et le rond imprégné dans l'herbe anhydre indiquait sa présence passée. Etions-nous saufs ? Je le cherchais. Appelant modérément, de peur d'être repérée par les mauvaises personnes. Foulant ces étendues désertiques du bout des griffes, marquant la terre aride de mon passage dans l'espoir de le retrouver. Il m'avait sauvé la vie, je souhaitais plus que tout panser ses blessures et assainir les miennes à ses côtés. Mais plus d'un kilomètre, et bien d'autres encore, n'eurent jamais raison de son infinie discrétion. Aucun grain de sable, aucune source tarie, durant des jours et des nuits, n'eut la pitié de me révéler ne serait-ce que l'éclat terni de son pelage basané. Et il s'écoula peut-être un mois, avant que je ne comprenne que j'avais rêvé sa présence. Son flanc n'avait jamais touché le mien, les plis de l'herbe sèche près de ma couche n'avaient jamais été que le fruit de mon imagination.
Durant des mois, puis des années, ils furent nombreux, éveillés dans leur sommeil par la plainte d'un animal délaissé. Dans la nuit, le hurlement désespéré d'une louve privée à jamais de sa moitié.
La-Nouvelle-Orléans
❝ le 13 décembre 2011 ❞
Spoiler:
« Me voilà revenue dans la ville qui a vu naître mes talents de chanteuse et ma maîtrise de la mort... » Un long silence suivit mon récit. Une perte, un déchirement, durant lequel l'érudit fut presque aussi perdu que moi. Ses yeux s'attardèrent sur ma silhouette qui l'ignorais, ses doigts emprisonnèrent enfin son carnet, et son stylo tomba à terre. Plus rapide, je me penchai pour le ramasser, expirai et le lui tendis ; « Je n'ai rien fait d'autre après ». Il semblait bouleversé. « Trente années passées à fuir les enfants d'Albuquerque et à essayer de le retrouver. A noyer ma peine et à provoquer d'autres mâles sans même m'en rendre compte. » Il ne pouvait les voir, pourtant elles dessinaient de bien sombres motifs sur mon corps parfait : des dizaines de cicatrices, jamais complètement disparues à cause de leur sévérité. Des traces infimes de crocs, de griffes, des sillons plus marqués à l'argent à des endroits camouflés. Ma perte éternelle, la signature de mon caractère bien trempé, de mon indomptable personnalité. Le temps a forgé ma détermination et la sagesse a gagné mon esprit. La-Nouvelle-Orléans et ses dirigeants lycanthropes m'y ont accueillie comme je suis. « Je réside ici depuis quelques temps ; l'Ulfric et le Freki étaient des amis d'Ezra. Je les ai connus en Europe il y a bien longtemps. Ils m'ont offert protection et le rôle de Draugad au sein de la meute. J'y ai retrouvé un semblant de paix. »
A l'image de mon don, je m'imposais aussi froide et inexpressive que la mort. Pourtant, l'agent du Talamasca manifesta encore une fois sa compassion à l'égard de mon histoire. « Vous le croyez vraiment... mort ? » Silence. Je jetai un bref coup d'oeil au dictaphone toujours en marche, et tournai les talons vers la sortie. Notre entretien était terminé. « Mort depuis cette fameuse nuit, oui. D'épuisement, ou tué par nos ennemis, sans doute. Ils doivent me croire finie aussi, de sorte qu'il n'ont jamais refait irruption dans ma vie. Mais, si ça vous amuse de le chercher, continuez. »
Après tout, je n'avais accepté de conter notre histoire que dans le fol espoir de mettre l'Ordre sur sa piste...
Derrière l'écran
Pseudo : Lux. Âge : 23. Fréquence de connexion : 5/7. Comment avez-vous connu le forum ? PRD ♥. Comment trouvez-vous le forum ? ♥. Multicompte ? [ ]OH YEAH / [o]NO. Code (en spoiler) :
Spoiler:
Ok.
Dernière édition par Ruby B. Fitzgerald le Lun 28 Mai - 20:04, édité 33 fois
▌A débarqué le : 19/05/2012 ▌Parchemins : 233 ▌Quantité de sang disponible : 21643 ▌ Code couleur : #b1d572 ▌Age du personnage : 120 ans ▌Rang : Draugad de la meute O'Brien ▌Job : Chanteuse au Lunatic
« Moi je veux ♥ » ▌Alignement: Neutre à tendance bénéfique ▌Relations: ▌Pouvoirs :
Sujet: Re: » La Terre cache un Rubis mais ne le tâche pas « DONE Lun 28 Mai - 20:02
▌A débarqué le : 26/06/2011 ▌Parchemins : 2098 ▌Quantité de sang disponible : 25812 ▌Age du personnage : 112 ans, en parraît 35 ▌Rang : Ϟ Ulfric de la Nouvelle-Orléans Ϟ ▌Job : Un des plus riche PDG du monde et propriétaire du Lunatic café
« Moi je veux ♥ » ▌Alignement: Neutre à tendance maléfique ▌Relations: ▌Pouvoirs :
Sujet: Re: » La Terre cache un Rubis mais ne le tâche pas « DONE Mer 30 Mai - 14:57
Félicitations !
❝ Tu viens d'attraper le dernier train pour l'Enfer ! ❞
Officiellement bienvenue sur COB ! C'est une très belle histoire! Content de voir qu'on aura une jolie Draugad parmi nous Te voilà donc ajouté chez les lycans ! Amuse-toi bien parmi nous, et n'hésite pas à contacter un membre du staff si tu rencontres un problème ou as besoin de renseignements ! Ce qui suit a été rédigé pour te guider après ton arrivée
Le Guide du joueur
Alors, heureux ? Bon, tant mieux. Mais... tu croyais pas t'en tirer si facilement, si ?!
Avatar ₪ Pour commencer, il est prudent de faire recenser ta célébrité ici même, en respectant le formulaire évidemment ! Pouvoir ₪ Pour recenser ton pouvoir c'est par là. Métier ₪ Pense aussi à réserver ton métier/rôle, histoire qu'on sache un peu qui est qui. Liens ₪ Puis tu peux créer ta fiche de liens, histoire de te faire quelques potes dans le coin. RP ₪ Tu peux aussi créer un sujet dans les demandes de topics Te Loger ₪ Pour un logement il faudra passer par la boutique et avoir assez de litres de sang pour ne pas être SDF. Pour acheter les clefs, ben c'est justement à la boutique que ça se passe. Les Annonces ₪ Il est impératif de surveiller ce coin là qui est le témoin de tous les changements importants qui auront forcément une influence sur ton perso. Faire Connaissance ₪ Evidemment, tu peux flooder avec et t'amuser avec les autres à cet endroit. Sinon il y a des rendez-vous Skype, organisés régulièrement pour permettre à tous de bien s'intégrer à la vie du forum ! Tes Oeuvres ₪ Pour exposer tes oeuvres et en demander ce sera dans les galeries d'art ! Absence ₪ En cas d'imprévu, un petit post dans les absences ne tue pas Staff ₪ Tu apprendras à mieux connaître ton staff en cliquant là La loterie ₪ T'as personne pour RP ? Consulte donc ce sujet ! Le PNJ ₪ Si tu veux mettre du piment dans ton jeu, demande à utiliser le PNJ Le Membre du Mois ₪ pour en savoir plus, c'est là !