I ♧ MY CHILDHOOD WAS MY HUMAN LIFE.
Marianne adorait l'été. A cette saison, elle pouvait courir dans les champs en dépit des protestations des paysans qui s'en occupaient, porter des robes moins lourdes que les horreurs en velours qu'on lui revêtait de force dès que le vent se levait, faire des nattes dans ses cheveux ou les laisser libre, jouer avec les autres enfants... Elle adorait la liberté qu'on lui laissait à cette période de l'année. Sa mère refusait qu'on l'oblige à quoi que ce soit dès qu'elle voyait le sourire de sa fille. Il suffisait qu'elle aille cueillir des marguerites pour qu'elle soit contente.
Malgré les perturbations politiques et les troubles occasionnés par son statut d'aristocrate, donc mal vue par la majorité de la population française suite à 1789, Marianne vécut une enfance douce et agréable. Elle était une enfant adorable, et la coqueluche des amis de ses parents, qui ne cessaient de s'émerveiller devant cette merveille de la nature. En plus d'être jolie comme un cœur, elle était facile à vivre, et beaucoup de parents des alentours de toutes les conditions rêvaient que leurs enfants la côtoient afin d'apprendre les bonnes manières. C'est à son adolescence que les choses commencèrent à être un peu plus compliquée.
Marianne acceptait très facilement les règles de vie que supposait son rang. Naturellement élégante, elle ne rechignait pas à passer un temps relativement long pour se faire belle ; elle appelait ses parents Père et Mère, vouvoyait tout le monde autour d'elle, priait sagement tous les dimanches à l'Église ; elle suivait tous les protocoles qu'il fallait, cela lui semblait normal. Cela ne voulait pas dire qu'elle ne se permettait pas quelques folies, quelques écarts peut-être. Si elle respectait toutes les lois, elle n'allait pas pour autant s'en inventer, et elle aimait à courir les rues de Paris en compagnie d'autres adolescents de son âge, de toutes conditions sociales. Et bien vite, les amourettes de l'âge tendre firent parti de son quotidien. Elle-même se demandait quand est-ce qu'elle ressentirait cet étrange sentiment, et elle prenait parfois des heures à observer les garçons autour d'elle. Sans résultat.
Un jour qu'elle se baladait, ce qui faisait parti de ses habitudes, elle croisa le regard ardent d'une jeune femme qui portait ce qui ressemblait à un lourd seau rempli d'eau. Ces yeux bruns brillant d'intensité restèrent dans son esprit tout au long de la balade. Durant la journée, elle ne put s'en détacher. Pendant toute une semaine, elle repensa à ce regard plein de vie. La semaine suivante, les courbes d'une des femmes qui servaient à la table de la famille lui donnèrent envie de tendre la main et de caresser ces douces rondeurs. Le mois d'après, elle tomba éperdument amoureuse d'une vieille amie de la famille, aristocrate de son rang, qui venait visiter la capitale française. Le malheur fut qu'elle tenta de lui faire la cour.
Dès que cela se sut, elle fut répudier par tous ceux qui l'avaient si souvent louée.

II ♧ MEETING HER.
Alors qu'elle avait atteint la vingtième année de sa vie, Marianne fit une rencontre qui bouleversa sa vie et réécrit son destin de manière radicale. Eleanor, cette femme magnifique, qui était elle aussi attirée par les femmes. Ce fut d'abord ce détail que nota la blonde demoiselle, mais au fil de leur relation, elle se découvrit des sentiments plus profonds à son égard. Alors qu'elles vivaient une parfaite histoire d'amour, les secrets tombaient un à un. Que son amante soit une vampire ne dérangeait pas notre douce jeune fille, au contraire. Elle découvrit fascinée ce monde qui évoluait parallèlement à la vie rangée des humains. Mais plus encore que cette fascination, son amour pour Eleanor grandissait. Chacun des baisers qu'elles échangeaient la faisait frissonner, sans que l'intensité ne diminue au fil du temps. Jamais elle ne s'ennuierait ou ne se lasserait de vivre avec la vampire.

III ♧ ETERNAL PACT.
Elle se souvenait très bien de chaque marque que lui avait posé sa maitresse. Eleanor lui avait toujours expliqué ce qu'elle faisait et ce que cela supposait. Ce soir-là était un soir à part. Elle le savait, elle allait recevoir l'ultime marque et partagerait la vie de la vampire pour les siècles à venir. Elle n'avait pas peur ; les seuls frissons qui la parcouraient étaient dus à l'excitation montante tandis qu'elle approchait de la chambre. Elle avait revêtu sa plus belle robe blanche, qui laissait entrevoir le galbe de ses seins et la courbe ferme de ses fesses. Comme dans un songe, elle s'approcha du lit en quelques pas et y grimpa rejoindre celle qui deviendrait bientôt sa maitresse selon des lois qui la dépassaient, à qui son existence serait désormais liée. Elle le voulait ainsi, ne se voyant plus vivre sans Eleanor.
Elle se blottit dans les bras blancs de la vampire, paisible, confiante. Elle tendit son cou, sachant parfaitement que sa veine palpitait du sang qui y coulait à grands flots. Le contact avec les lèvres froides de la magnifique brune résultat en un long frisson qui se répandit dans tout son corps. Un doux gémissement lui échappa lorsque les crocs pénétrèrent sous sa peau, et elle sentit avec délice son liquide vital la quitter pour devenir force vitale d'Eleanor. Comme à son habitude, la vampire cessa rapidement de s'abreuver de ce délicieux nectar. Elle était extrêmement douce avec Marianne, ne voulant jamais l'affaiblir. Puis, comme elle l'avait promis, elle commença le récit de ses nombreuses vies. Le regard rivé sur son magnifique visage, l'humaine l'écoutait tendrement, posant quelques questions de temps à autre. Si elle pouvait ressentir un petit élan de jalousie lorsqu'il était question du Sire de sa maitresse et de l'autre Infant avec qui elle avait partagé des décennies de vie, elle était surtout heureuse de voir qu'elle lui accordait une confiance totale au point de lui raconter sa naissance en tant que vampire, et même sa vie humaine. Des détails personnels qu'elle lui racontait si naturellement, alors qu'elles ne se connaissaient pas même depuis un an. Tout ce qui importait à Marianne était cette complicité qu'elles avaient si rapidement développée. C'était magique.
Comme elle le lui avait dit, Eleanor finit son histoire en tendant à la blonde demoiselle son poignet d'où coulait un mince filet de sang. Marianne y posa les lèvres et but doucement le sang de sa maitresse. Son coeur battait la chamade sous sa robe de voiles, sous sa peau soyeuse, protégé, et pourtant si accessible à la vampire. Puis le poignet se déroba à son avidité sanguinaire et commença une nuit d'amour entre les deux femmes.
Leurs corps emmêlés finirent, peu avant le lever du soleil, par ne plus bouger. Après un dernier baiser et des paroles d'amour échangées, Marianne sombra dans un sommeil empli de doux rêves de sa vie future avec Eleanor. Sa poitrine se soulevait doucement, au rythme de sa respiration. A ses côtés, Eleanor s'endormit rapidement sous l'emprise du jour qui se levait, loin d'elles, ne pouvant pas les atteindre.

IV ♧ A LIFE OF TRAVELS.
Commença alors la nouvelle vie de Marianne Saint-Clair. Elle traversa aux bras de sa bien-aimée tous les continents de la planète, découvrit les mille merveilles que réservait le monde, acquis un savoir auquel elle n'aurait auparavant pas même aspiré. A vrai dire, elle n'aurait pas même imaginé voir un jour tant de choses. La vie avec Eleanor était douce. Elle passait la plupart de son temps avec son maitresse, adoptant donc le rythme des vampires. Elle dormait contre sa vampire durant la journée et vivait avec elle pendant la nuit. De temps à autre pourtant, elle aimait à faire une petite ballade au soleil, que ce soit pour faire le plein de vitamines D, ou même pour faire des courses et autres fantaisies du même genre. Il faut aussi admettre que ces petites excursions donnaient à son sang un goût particulier, et la magnifique brune aimait à varier les plaisirs.
Seul son soucis avec l'apprentissage des langues ralentissait les découvertes et l'émerveillement de la jolie blonde. Elle mettait des mois et de mois avant d'acquérir correctement une langue, et quelques années étaient nécessaires à ce qu'elle la maitrise parfaitement. A ce moment-là, elles avaient généralement déjà émigré ailleurs. Et chaque fois, elle reprenait l'apprentissage fastidieux avec toute la motivation presque enfantine qui était sienne.

V ♧ SWEET, SWEET LIFE.
La révélation, le ménage à trois avec Romeo, l'Italie, le danger, le départ...
- Tu aimes cet endroit mon ange?
- Je crois oui. Les gens ont l'air plus libres qu'à Rome, c'est plus décontracté je trouve. A la fois très américain et familier.
- Nous restons donc. J'aime cette ville, je l'ai aimée dans le passé et je l'apprécie toujours. Et je pense que le maître de la ville n'est pas si mal, comparé à ce que l'on a pu rencontrer par le passé...
La vie continue son cours pour les deux belles et leur ami. Saint-Louis les accueille chaleureusement... ou pas.