Quelle journée de merde ! Et la nuit ne vaut pas mieux, j’étais pourtant bien partie pour me défouler en chassant quelques CESS. Hors il a fallu que ma voiture fasse des siennes. Comme si ça ne suffisait pas la neige tombait à gros flocons et aucune dépanneuse n’était prêt à prendre la route, à cause d’un peu de verglas, quel femmelette ces mecs ! Je suis douée pour pas mal de chose, mais la mécanique est loin d’en faire partie. En attendant je suis coincée en ville, mon appartement est à plusieurs kilomètres de là et je ne suis pas prête à bravé autant de route à pied. Je me suis donc décidé à prendre refuge dans un bar. Et cela tombe bien, le plus proche est le Dead Sunday, tant qu’à faire autant aller voir si je n’y trouve pas un contrat ou deux rémunéré.

J’ai beau avoir une veste en cuir et une capuche quand j’y entre je suis trempée de la tête au pied et congelée, transie de froid je jette un vague coup d’œil à la salle et m’en vais trouver une place au chaud sous l’un des systèmes de climatisation réversible du Dead. Je ne prête même pas attention à ceux que je connais ou pas, tout ce que j’ai en tête c’est de me réchauffer. Je retire ma veste et mes gants, puis ma capuche en me faisant l’impression d’être devenue comme un rat mouillé, je fais signe au patron derrière son bar de me servir comme d’habitude, ma Grey goose avec glaçon et remarque un nouveau venu à ses côté. Ce dernier tourne le dos à la salle, un chasseur à la retraite peut-être ? Je n’ai pas le temps d’y prêter plus d’attention que l’on s’invite à ma table.

« Cette beauté tremble de froid on dirait » Je lorgne vers mon invité surprise, beau mec et bien bâti, sans doute un chasseur il arbore une cicatrice à la base de sa nuque. Ressemblant bien à une morsure de vampire enragé. Une bière à la main il s’installe comme si je l’y avais invité. « Ne propose pas de me réchauffer ce serait une perte de temps et d’énergie. » Il rive son regard au mien, comme s’il y cherchait la moindre trace d’humour ce qu’il ne trouvera pas, je suis carrément sérieuse. Mais loin de m’écouter, il prend la mouche. « Espèce de salope, pour qui tu te prend ? » Je passe outre l’insulte, si je devais comptabiliser toute les insultes échangé dans ce bar nous serions riches. « Pour la meuf qui ne finira certainement pas dans ton pieu. Maintenant dégage de ma table.» Je le cherche volontairement, j’avais besoin de me défouler et à défaut de pouvoir le faire sur les CESS je pouvais me rattraper sur un chasseur, ne serait-ce que pour voir de quoi je suis encore capable. Il ne bouge pas de ma table, dans son dos je remarque deux de ses potes le charrier sur son incapacité à engager une quelconque conversation avec une femme. Evidemment ça ne plait pas à mon invité, son regard brille d’une lueur sauvage, je venais de toucher son égo de mec devant ses collègues et j’allais le regretter. Ou bien ce sera l’inverse.

J'ai quitté mon motel très tôt pour m'apercevoir à mon grand regret qu'après la pluie de ces derniers jours, on avait le droit a de la neige. Pour quelqu'un comme moi qui avait passé ces dernières années sur la côte ouest, j'étais un peu désabusé par la météo local. La soirée s'annonçait calme, il y avait quelques échanges entre chasseurs, des informations sur des possibles contrats. Le débit de boisson allait quand même à bon train et il m'arrivait de me demander s'ils partaient vraiment chasser après. S'ils le faisaient, c'était qu'ils étaient de parfait abrutis, mais ce sont leurs vies, ils la gèrent comme ils l'entendent après des chasseurs il y en aura toujours. On dit souvent un de perdu, dix de retrouvés. Malheureusement ce qui semblait ne pas s'appliquer pour les chasseurs, semblait être comme une évidence, s'appliquer aux monstres des marais bien qu'ils s'établissaient pas vraiment dans le bayou mais en ville à mon plus grand regret.

La porte du bar s'ouvrait et se fermait à un rythme régulier, souvent accompagné par quelques flocons de neige. Le sol était recouvert d'empreinte de pas mouillée et je plaignais celui qui allait devoir nettoyer tout ça. Ce n'était pas moi, j'étais nul quand il s'agissait de tenir un manche à balai. Je préférais servir les boissons commandés, encaissés et mettre les têtes brulés qui causaient souvent des bagarres ou autres à l'extérieur. C'était souvent assez relaxant de leur faire faire un vol plané de la porte d'entrée au sol en béton plus loin.

D'ailleurs en parlant de problème, plusieurs éclats de voix s'était déjà fait entendre sans que ni le boss, ni moi ne bougions pour voir. Je finissais par me prendre un coup de coude dans les côtes, ce qui me fit arrêter ce que j'étais en train de faire, soit d'essuyer les verres fraichement lavés. Je levais les yeux sur la table mise en cause, l'attention de plusieurs chasseurs étaient portés sur ... une chasseuse ... Evidement il fallait bien que ce soit à cause d'une femme tout ce remue-ménage. A la réponse qu'elle donne au chasseur qui doit bien faire une bonne tête de plus qu'elle, je vois immédiatement que bien qu'elle soit peu ravie de sa présence, qu'elle n'hésite pas à le chercher. Je tourne la tête vers mon patron, un sourire en coin.

On pourrait la laisser se demerder ? Vu le regard qu'il me lance, c'est non. Hier nous avons déjà perdu une chaise, la chaise de trop pour lui. Ok Ok j'y vais mais si elle ne se calme pas avec moi, elle sort illico. Il me fait un signe de tête comme quoi il est d'accord et je sors de l'arrière du bar pour rejoindre la table incriminée. Je plante mon regard dans le chasseur fou par le comportement de la fille, l'idée de lui dire coucher panier me traverse l'esprit mais je le garde pour moi . Bon on se calme fissa ! il y a une table de libre au fond de la pièce. Je regarde le mec, même si la femme semblait être pas mal de dos mais avec un caractère de merde, cela ne lui donnait pas le droit de la traiter de salope. J'avais eu une éducation et dieu sait que si j'avais prononcé ce mot avec ma mère dans les parages, je me serais pris une leçon de morale à m'en rappeler toute ma vie. Hélas j'avais quand même des insultes dans mon vocabulaire. Si ça ne te convient pas tu peux prendre la tangente, si ça ne te convient toujours pas, je pourrais t'aider à la prendre mais crois-moi tu risques de t'en souvenir. j'etais sacrément serieux. Une chance, il finissait par se relever et accompagné de ses amis, il se dirige vers la table que je lui avais conseillé de prendre. Quand a la jeune femme qui cherchait encore d'où venait ma voix j'enchaînais. Quand à vous ! Essayez d'avoir un peu de retenue sur vos propos. Un simple regard vers le bar et nous aurions réglé l'affaire sans faire de tapage .

C’est quand même fou, dès que la fierté masculine est touché si une femme ose refuser ses avances ils prennent la mouche et insulte à tout va. Se croient-ils donc si irrésistible que ça ? Certains hommes sont restés à l’âge ou le machisme possédait encore les femmes. Et certaine femme ne font rien pour s’imposer, non certaines se contentent d’écarter les cuisses et prendre leur plaisir au même titre qu’eux, et les hommes pensent encore avoir le pouvoir sur nous. Un cercle vicieux. Je ne suis pas de ce genre-là. Il m’arrive d’avoir des aventures d’un soir, je reste une femme et les hormones mènent parfois la vie dure, mais ça reste encore assez rare. En outre ce type est beau gosse je le concède, un autre soir j’aurais pu répondre gentiment et passer un bon moment avec lui, il est tombé sur le mauvais soir. Entre la journée de merde, ma voiture qui tombe en panne et l’inconfort de mes fringues mouillés, je suis plutôt sur les nerfs.

« Je vais… » Il n’a pas le temps d’entamer sa menace, son regard se relève derrière moi et une autre voix intervient. Une voix qui me laisse perplexe, mais je ne parviens pas à mettre le doigt sur cette sensation qui fait bondir mon cœur. Je n’ose pas me détourner du chasseur, certains hommes n’hésitent pas à frapper les femmes, si celui-ci dont la virilité vient d’être mis à mal décide d’attaquer je préfère autant rendre les coups que les recevoir. J’aime mon visage sans hématomes ou coquard, sinon ça m’oblige à trouver des excuses pour mon patron qui commence à se demander si je ne sors pas avec un type violent, il m’a même proposé de prendre quelques jours de vacance pour prendre la fuite. Si seulement…Mon invité surprise, calmé par les propos du nouvel employé du patron supposais-je, pointe le doigt vers moi avec un regard qui m’annonce clairement que l’on va se revoir. « Compte là-dessus. » Il a beau faire deux fois mon poids et ma taille ce n’est pas la force qui gagne un combat, j’en sais quelque chose je suis agile et rapide, sans cela je ne serais plus de ce monde, donc je ne crains pas ce type. Il se relève, fait signe à ses potes et s’en vont à une autre table. Quant à moi je me fais presque souffler dans les bronches par l’employé. « Je ne vous ai rien demandé ! »

Je me retourne afin de mettre un visage sur cette voix qui me laisse en émoi. A le voir je comprends pour quel raison le chasseur n’a pas plus insisté, il est plus impressionnant de face que de dos. Une carrure digne d’un placard ancien, et un visage dur, brutal est la première chose qui me vient en tête. Ce type ne plaisante pas. Si j’enlève la quantité de muscle, cette expression sauvage de son visage et adoucit le regard il ressemblerait carrément à…J’agis en une seconde. Ma chaise produit un bruit crissant contre le sol quand je la recule, j’attrape le dossier de la chaise et l’envoie valdinguer contre sa tête. Une chaise en moins. « Sors d’ici ! » Pour moi il est évident qu’il n’est pas humain, beaucoup de chose peuple notre monde et il n’y a qu’une explication plausible à ce que je me retrouve face à mon frère. Mort depuis 10ans.

Mais elle est malade !!!!


« Sors d’ici »


Ta maman ne t’as jamais appris à te tenir en communauté ?


Mais qu’est ce que … ?