Quand il était plus jeune, Gabriel était un petit maigrichon. Cependant, la pratique de sports en général, ainsi que sa croissance normale lui a permis d’élargir des épaules et comme dirait son père, d’ajouter de la viande autour des os. Les dernières années l’ont également endurci et aujourd’hui, bien qu’il ne soit pas gros, il a un corps qu’on pourrait qualifier d’athlétique, visiblement sculpter aux épreuves subies à son jeune âge. D’ailleurs, cela ne semble pas déplaire aux demoiselles et il aime bien jouer les playboy de temps en temps, mais pas trop quand même!

Gabriel est quelqu'un d'une rare beauté. Il affiche un visage aux traits fins, possède de beaux cheveux blonds naturels et des yeux d'un bleu charismatique, avec des teintes de verts. Même, certains iraient jusqu'à affirmer qu'une aura se dégage de lui. Appelons ça charisme, beauté extraordinaire, choisissez le compliment que vous voulez. Parlons un peu de sa belle carrure, de son allure assurée et de sa belle petite « gueule d'ange », quelque peu trompeuse par contre... Du haut de ses 1m 82, très précisément, il est plus grand que la moyenne des gens. Il a une allure d'athlète, de sportif professionnel, pas vraiment baraqué comme un roi du bodybuilding, mais pas mal foutu, avec des abdominaux et des pectoraux dignes d'un John, Travolta dans Grease... Il a toujours une posture haute, sûr de lui, il ne se tient jamais comme un mollusque. "Tiens toi droit et les gens penseront que tu es un homme droit", lui a t'on toujours dit. Ses cheveux blonds sont toujours en pagaille, mais en pagaille "organisée". Gabriel s'habille avec une certaine classe et s'est habitué aux chemises et aux pantalons simples, qui lui permettent d'afficher comment il se perçoit : élégant, chic, avoir de la classe quoi. Les vêtements qu'il porte sont souvent noirs ces jours-ci, signe de deuil et vous ne risquez pas de la voir porter des couleurs vives. (Jaune, orange, etc.). Dans le privé, quand il ne sort pas de sa maison, il peut s'habiller simplement, jeans, t-shirt, mais dès qu'il sort, qu'il s'affiche, il est du genre à soigner son apparence, une des choses les plus importantes pour lui. Il a plusieurs tatouages: une croix sur le torse, une phrase, un brin particulière, sur l'épaule droite (What Goes Around Comes Around) et un symbole à l'intérieur de son avant-bras! C'est sa façon de se révolter même contre la perfection de son corps vous dirait-il avec un sourire prétentieux au coin des lèvres.

Gabriel a un comportement typique de la part d’un humain : il est empli de contradictions. Plutôt mature pour son âge, c’est quelqu’un qui n’a pas peur de ses opinions, mais qui se garde aussi de trop parler, de dire tout haut tout ce qu’il pense. Esprit plutôt analytique, c’est un observateur, quelqu’un de très visuel et d’une curiosité relative. Il aime être informé, être au courant de comment le monde fonctionne et aussi pourquoi il fonctionne. L’ambition est une qualité qu’on lui a inculquée. Il partage les rêves et la vision de son père et souhaite poursuivre l’œuvre de celui-ci, mais à sa manière et non à celle de son paternel. Après, pétris de bonnes intentions, il n’a pas hésité par le passé à repousser certaines barrières pour atteindre ses buts et n’hésitera pas à le refaire. Esprit compétitif, vous auriez beau être son meilleur ami, si vous devenez un obstacle à ses buts, il vous évincera sans vergogne ou pitié. Néanmoins, en dehors de ses ambitions et d’un parcours potentiellement carriériste, il cache d’autres facettes.

Celle d’un jeune homme conscient que la vie est loin de toujours être belle. Il aspire à certains idéaux, comme faire en sorte d’améliorer la société par les moyens qu’il possède et il est bien conscient du fait que peu de personnes ont sa chance. Cependant, il connait encore très mal la réalité des milieux les plus sombres de Saint-Louis, du monde des créatures surnaturelles, puisque toute sa vie, il a l’impression qu’on lui a caché la vérité et qu’on l’a contraint à une cage dorée. Or, Gabriel est quelqu’un qui a soif de vérité, en ce sens, toujours dans l’optique de comprendre le monde qui l’entoure et d’ainsi mieux porter ses ambitions. Il affiche toujours une assez grande confiance en lui qui frôle parfois la prétention. Il cherche avant tout à faire sa place et à ne pas se faire usurper ce qu’il possède.

Généreux avec ses amis, toujours prêt à les aidés, il fait quand même difficilement confiance aux gens et il a un entourage très restreint. D’emblée, il est sympathique avec les gens, courtois, poli, mais il les considère longtemps comme des étrangers avant de les considérer comme des proches. Une fois par contre que vous êtes son ami, il sera fidèle et vous pourrez compter sur lui, sauf si bien sûr, vous vous retrouvez en compétition avec lui pour quelque chose, que ce soit dans le cadre de ses affaires ou pour courtiser une fille. C’est là peut-être une faiblesse de ce charmeur invétéré…

Disons le tout de suite, Gabriel est un vrai coureur de jupons. S’il croise une jolie fille, si elle ne flirt pas avec lui, il risque de le faire. Beaucoup de demoiselles de bonne famille ou de bons milieux sont passées dans son lit et il aime au moins autant sortir dans les clubs. Il a eu quelques relations sérieuses, mais malgré tout le sérieux qu’il peut avoir, il finit bien souvent par souffrir d’infidélité. N’empêche, le moyen le plus rapide de lui devenir proche est sans doute d’être une jolie fille pleine de charmes.

Esprit sérieux et perfectionniste, il croit au principe de la perfection du corps et de l’esprit. Son père a veillé à ce qu’il ait la meilleure éducation possible. Il juge les gens sur leur apparence et accorde une certaine importance aux biens matériels. C’est ce qui explique qu’il soit assez exigeant envers lui-même. Il s’entraîne beaucoup, lit, se tient informé et même depuis qu’il a arrêté les études, il essaie encore de se perfectionner. Pour lui, c’est une bataille constante. Bien dans sa peau, la confiance en lui qu’il affiche reste tout de même une façade, jusqu’à un certain degré. Il est bien conscient de ces faiblesses et c’est bien ce qu’il l’énerve. Il tente de s’afficher parfait, dans un monde qu’il veut parfait, mais il sait très bien que ce n’est qu’un voile, que le monde qu’il a est loin d’être parfait et que lui-même est loin de l’être. Situation existentielle qui l’énerve et qui, parfois, remet en doute les fondements de sa vie. Très mental et réfléchi, il évite d’agir sur des coups de tête, mais parfois, il en souffre encore. La jeunesse voyez-vous…

Dernier point de son caractère, ses colères légendaires. Si Gabriel garde son calme le plus souvent, quand les choses échappent à son contrôle, quand il connait une profonde déception, qu’il perd, que son orgueil ou sa fierté est des plus atteintes, il peut entrer dans une rage des plus destructrice. Il s’abandonne alors à ses émotions et il devient particulièrement imprévisible, voir même dangereux dans ces moments. D’ailleurs, la mort violente de son père n’a pas arrangé les choses et il a développé une haine grandissante pour les vampires. D’ailleurs, comme le coupable échappe toujours au BRIS, il en veut à tous les vampires et il en a fait les cibles de ce qui pourrait bien s’appeler une vengeance.

Du reste, Gabriel est un homme de vingt ans, plongé dans un monde de pouvoir et d’intrigue, mais malgré tout, il aspire à une certaine normalité. Il aime les sports, sortir, aller voir un match, vivre quoi. Il possède aussi un côté un peu rebelle, c'est-à-dire, qu’il n’a jamais très aimé qu’on lui donne des ordres et il avait très hâte d’être le capitaine de son propre navire, de mener sa vie comme il l’entendait, le contrôle de son père lui ayant été trop contraignant par moment. Il n’a rien contre le gouvernement par exemple, mais il n’aimerait pas qu’un membre du gouvernement débarque chez lui et lui dicte comment mener sa vie. Son attitude de pseudo-rebelle l’emmène donc parfois à adopter un comportement un peu contradictoire avec quelqu’un de sa stature. Un beau riche qui joue au rebelle sans cause en somme.

Cette histoire par celle avec un grand H, celle qu'on connaît tous et qui ne débute pas le jour de la naissance de Gabriel, bien au contraire. C'est d'abord une histoire de succès, l'American Dream dans toute sa splendeur, qui fait encore la fierté d'un nom : Fischer. Robert Fischer, surnommé « Bob » par ces pairs, était un jeune cadre dans la General Steel Company. Intelligent, ayant le flair des affaires, il a gravi les échelons et noué une belle complicité avec le propriétaire et chef de l'entreprise de l'époque, monsieur Swentzer, un entrepreneur allemand venu trouver le succès aux USA. Mister Fischer et la fille de monsieur Swentzer vont tomber amoureux, se marier, bref, le conte de fées. Le conte de fées devient une histoire de réussite lorsque monsieur Swentzer décède prématurément d'une crise de coeur, laissant alors la place de dirigeant de la compagnie à son gendre. Dès lors, de grands changements s'opèrent, la compagnie connaît beaucoup d'expansion et avec l'ère de la mondialisation, se déploie partout dans le monde. Les aciéries du Missouri deviennent des pions d'un échiquier mondial, un lieu de transformation de l'acier, qui lui, est exploité dans la plupart des cas dans des mines en Amérique Latine ou en Asie.

Fort de sa réussite, Robert Fischer est reconnu pour sa générosité envers les travailleurs. Sous sa direction, il n'y aura que très peu de conflit employeur vs. Employés. Philanthrope, le monsieur contribue beaucoup à la caisse du parti démocrate, mais inaugure aussi et finance plusieurs projets de la ville de Saint-Louis, dont la contribution à des festivals, l'augmentation des fonds pour un hôpital pour enfants, la création de nouveaux parcs, etc. Un parcours sans faute, du moins, jusqu'à ce que son épouse divorce et quitte pour la Suisse, laissant derrière elle son fils de dix ans, qui perd alors tout contact avec elle. La rumeur veut que la dame ne supportait plus les aventures de son mari. La presse s'empare du procès, qui coûtera cher à monsieur Fischer, mais rien d'excessif.

Puis, papa Fischer tente de briguer un poste de sénateur démocrate, au début des années 2000, mais le contexte politique ne lui sera pas favorable, les Américains se ralliant derrière les Républicains en guerre contre le terrorisme. Ce qui clouera définitivement le cercueil politique de Fischer, ce sont les révélations du passé extra-conjugal et des aventures que le candidat avait à gauche et à droite, sans oublier les quelques maîtresses qu'il entretenait. Un échec qui lui laissera un goût amer, mais le jour de sa défaite, il promet quand même, son fils à ces côtés, qu'un jour, on verra un Fischer en politique.

Puis, Robert Fischer se fit de plus en plus discret. Il ne sera pas moins critique envers les riches américains, affirmant que ceux-ci étaient trop avantagés par le système et que personnellement, il ne demande pas mieux que payer plus d’impôt. Voilà un homme noble et généreux! Puis, un beau jour, on retrouve Robert Fischer saigné à blanc dans une chambre d’hôtel de Saint-Louis. Aussitôt, les rumeurs vont bon train. Est-ce qu’une des maîtresses de Bob était une vampire? L’aurait-elle fait chanté? Aurait-il résisté? Serait-il tombé dans un piège? Les journaux à potins s’emparent de l’affaire et font les grands titres avec cette histoire. Les funérailles à Saint-Louis seront grandioses, diffusés à la télévision locale en plus. Son fils lira un beau discours, extrait de la pièce Jules César, de Shakespeare, l’ode de Marc-Antoine, celui qui promet que justice sera faite.

« Car je n’ai ni l’esprit, ni le mot, ni le mérite, ni le geste, ni l’expression, ni la puissance de parole, pour agiter le sang des hommes. Je ne fais que parler net : je vous dis ce que vous savez vous-mêmes : je vous montre les blessures du doux César, pauvres, pauvres bouches muettes, et je les charge de parler pour moi. Mais si j’étais Brutus et que Brutus fût Antoine, il y aurait un Antoine qui remuerait vos esprits et donnerait à chaque plaie de César une voix capable de soulever les pierres de Rome et de les jeter dans la révolte »

Son fils, son unique héritier, devient alors multimillionnaire au jeune âge de vingt-et-un ans. Dans une entrevue, il promet la stabilité de son entreprise et la confiance qu'il a envers le nouveau PDG, son parrain et ami de la famille, mais promet également qu'il veillera à ce que les valeurs de son père soient maintenues. Le jeune homme reprit alors les activités philanthropes de son père et siège au conseil d'administration de l'entreprise familiale. Puis, on le voit s'afficher à quelques meetings du groupe « Humains d'abord »... Voilà pour l'Histoire.

Cette Histoire, Gabriel l'a lu dans des journaux, dans des livres, il l'a entendu raconté, elle a bercé sa vie. Pourtant, derrière la grande histoire se cache une histoire plus intime. Celle de Gabriel, le fils de l'autre. C'est souvent ainsi qu'on l'a présenté. Son père était vu comme une personne si extraordinaire, un pater respecté, qu'il a toujours eu l'impression qu'il devait se montrer digne de son nom et faire en sorte que son père soit fier de lui et qu'un beau jour, il prendra sa place, comme le Destin le voulait.

Alors dès son plus jeune âge, Gabriel faisait tout pour figurer parmi les meilleurs, être le meilleur même. Être deuxième ne lui suffisait jamais vraiment. Il fut donc un bon élève, très bon même selon certains professeurs, un enfant sur la bonne voie. Si certaines rumeurs éclataient contre son père, admiratif qu'il était, il les ignorait ou bien les niait. L'enfance sera tout de même l'occasion de découvrir que les gens peuvent profiter de vous, trahir votre confiance. L'apprentissage de la vie se fait tôt et ce n'est pas parce qu'on est riche, issu d'une famille enviée et connue que les choses sont plus faciles, que vous êtes heureux en claquant des doigts. Au contraire, déjà, aussi tôt dans sa vie, la pression d'être un Fischer pesait sur ses épaules et il ressentait un malaise en sentant les regards qu'on posait sur lui, sans oublier les préjugés et les perceptions qui nous affecte tant. Ainsi, au fil du temps, il se bâtit une carapace, une façade, celle qui fera rebondir toutes les attaques, qui frappera en retour si nécessaire. La première épreuve à laquelle fera face cette carapace sera la rupture de ces parents et le départ de sa mère. Pour lui, ce fut une surprise, c'est certain et de se retrouver sans mère du jour au lendemain lui fit probablement plus de mal qu'il ne le réalisa alors. Sa mère l'abandonna comme s'il était un enfant renié. Ce fut une période difficile pour lui, mais ça le rapprocha énormément de son père, la seule famille qui lui restait. Pour sa mère, il éprouva un sentiment de trahison et de haine énorme. D'ailleurs, il livrera une colère misérable, qui effraiera un peu son paternel. Voulant alors calmer son fils et tentant de réduire les méfaits de cette histoire, il l'emmène quelques jours de l'été, pêcher à la mouche sur la Black River, un art que son père lui enseignera. Le plus bel été de l'enfance de Gabriel fut celui-là. La première et dernière fois qu'il passait deux semaines complètes avec son père. Peu avant d'entrée au collège, dernier événement marquant de cette période, et non le moindre; non, on ne parle pas du 11 septembre 2001 ici, même si ça été quelque chose, mais plutôt, de la Grande Révélation. Gabriel n'a que onze ans, autant dire que c'est jeune pour réaliser à l'époque ce que cela signifiait réellement. Pourtant, il était quand même curieux, un brin effrayé aussi de savoir que des monstres censée hanter vos cauchemars courraient réellement dans les rues. Puis, comme d'autres, il s'est dit que ça devait être cool d'être vampire, être immortel et tout ça. Idée qui devait progressivement être réfréné dans son esprit, sans nécessairement disparaître pour de bon. Après tout, qui ne rêve pas d'être immortel, fort, rapide et éternellement jeune?

Le collège privé fut une aventure fort agréable pour lui. Jalousé au début, un brin isolé par ces pairs, au fur et à mesure que le garçon devient un adolescent, puis un homme, il apprend à manipuler les autres, manipuler l'image. Il ne faut pas croire qu'il est empreint de mauvaises intentions, mais il apprit les règles du jeu du collège, la popularité, les normes et tout cela et sut s'en servir. Petite vedette de l'équipe de sport locale, à savoir, le football américain, il en était le quart arrière. De plus, il siégeait sur le comité écologiste, comme trésorier, fut représentant de son année sur le conseil étudiant, à chaque année, jusqu'à devenir président du conseil. Il était de beaucoup de fêtes. Niveau fille, pas de problème là non plus. Riche et séduisant, il sortait avec des filles de sa classe sociale si on peut dire, mais sa relation la plus sérieuse et durable, il l'eut avec la fille d'un infirmier, c'est bien dire, sérieuse et studieuse par ailleurs. Pourtant, ça ne dure jamais bien longtemps, il se lasse, ce n'est jamais l'amour avec un grand A et en fait, il a de la difficulté à faire confiance dans l'absolu. Il préfère garder une distance, garder le contrôle d'une certaine façon et ne pas trop s'engager. De toute façon, il se sentait bien trop jeune pour se caser pour de bon. Durant cette période, il côtoie un peu plus les vampires en "vrai", n'entendant plus seulement parler d'eux à la télévision. Quand il sort avec ces amis la nuit, il en voit régulièrement. Gabriel comprit vite que cette créature, à l'apparence humaine, ne sont pas humains pour longtemps. Quelque chose dans leur regard les trahit. Il développe une légère méfiance pour eux, mais malgré cela, il aura, une nuit, une aventure avec une jolie vampire. Une nuit mémorable, mais de se faire demander si elle pouvait le mordre fut quand même bizarre et il refusa. Même chose quand on lui offrit du V. No thank you! Gabriel n'est pas un grand partisan des drogues de toute façon. Il devrait peut-être essayer remarquez.

Quand son père tente de se faire élire sénateur, il a seize ans. C'était un moment de grand enthousiasme, mais bien vite, l'enthousiasme laissa la place à la rancoeur et la déception. Moins serein que son père dans la défaite, il fut dégoûté de voir comment on fit une campagne de destruction de réputation contre un homme aussi intègre que son père. Il découvrit alors qu'au fond, les règles qui s'appliquent au collège, les ragots et tout ça, valent aussi pour le monde entier. Si Gabriel était alors tout ce qu'un étudiant de son âge rêve d'être, ou presque, de son point de vue en tout cas, il constatait alors que malgré tout, son père ne semblait pas trop remarquer ces succès. Il aurait aimé savoir qu'il était fier de lui, qu'il allait dans la bonne direction, mais il n'avait jamais droit à bien bien plus que des « c'est bien » avec une main sur l'épaule. Même quand il est accepté à l'université en gestion des affaires, son père sourit, organise même une réception pour fêter la chose, mais plus qu'une réception, un véritable geste d'attention aurait été préférable. Pourtant, quand son père se lève à cette soirée, lève son verre et dit : « Je vous souhaite à tous, d'avoir un fils qui ait les qualités du mien » le regard du jeune homme s'illumina et le père et le fils se prirent dans les bras. Rien ne devait briser ce lien entre les Fischer, c'est du moins, ce qu'il croyait alors.

L’université allait bien, fatiguer d’enchaîner les copines, il était maintenant célibataire, mais fréquentait des filles, se refusant à l’idée de se mettre en couple. En dehors de ça, la routine. Il joint une fraternité, devient assez importante au sein de celle-ci, mais il s’investit moins qu’au collège, parce que ces études lui demandent plus de temps, mais aussi, parce qu’il prend plus de temps pour lui. Il se tenait aussi progressivement de plus en plus au courant des affaires de son père. Une nouvelle drogue apparut, drogue qu’il se passa d’essayer. Il eut quand même une aventure avec une vampire, mais refusa de se faire mordre. Quelques jours plus tard, on retrouvait son père mort, vidé de son sang. Quand Gabriel apprend la nouvelle, il était à la piscine du manoir pour le week-end, en train de nager. Le majordome l’a approché et demandé de sortir de l’eau, qu’il avait une triste nouvelle à lui annoncer. Il a alors appris pour son père. S’il est resté digne en public, seul dans sa chambre, il a fondu en larme, la tête contre le mur, à genou. Ce jour-là, il croit que quelque chose s’est brisé en lui, quelque chose qui ne pourra jamais être réparé et la question qui revenait dans son esprit, c’était : « pourquoi? ».
Comprendre aurait été un réconfort. Alors, il se fit insistant auprès des enquêteurs, mais comme toujours, l'information tombe au compte-goutte. Bien sûr, on soupçonnait dès lors des vampires. Aussitôt, son regard envers cette race en devint une, non plus de curiosité, mais de haine profonde, comme s'ils étaient tous coupables du crime commis. Pour lui, ils avaient dévoilé leur vrai visage. Pardonner est peut-être une valeur chrétienne, mais il ne s'en sentait pas capable. Les mots de réconforts ne le satisfaisaient pas, pas plus que de ceux des prêtres et autres apostats de la religion. Il rêvait du jour où il pourrait se faire justice et c'est au cimetière, après avoir enterré son père, qu'une femme l'approcha. Elle lui parla d'un groupe appelé les Humains d'abord, des anti-vampires et créatures surnaturelles en général. Si Gabriel resta vague au début, il fut tout de même très réceptif à ce que lui dit cette femme. Si les vampires de ce monde ne font que tuer et drainer de leur sang les êtres humains, alors c'est un danger qu'il faut réduire à néant. Il venait de trouver la solution à son deuil.

Ainsi, en apparence, le jeune homme faisait profil bas, suivant les recommandations des professionnels de la compagnie. Il héritait peut-être de la compagnie, mais il était bien évident qu’il ne pouvait pas tout diriger du jour au lendemain. Question pratique, il arrêta quand même ces études et prit quelques rôles au sein de sa compagnie, comme celui de porte-parole et de siégeant sur le conseil d’administration. Il se plut à rassurer les travailleurs et y parvint avec assez d’habileté, pour un débutant en la matière. Certains murmuraient qu’il était bien le fils de son père.

De l'autre côté, il intègre le groupe des « Humains d'abord », où il est d'ailleurs plutôt exigeant. Il n'est pas naïf, il sait bien pourquoi on l'a approché; pour son argent. Ça ne le dérange pas, de faire des chèques à ce groupe, mais il veut des résultats, il en exige même et il n'est pas des plus patients. Par contre, parce qu'il est un nom connu et parce qu'il ne veut pas trop que son association à ce groupe paraisse extrême, il reste discret et ne se fait pas un porte-parole du groupe, mais il va à leur assemblée et finance leur projet. Dans des cercles du groupe, sorte de moment de confidence sur les traumatismes que les vampires ont causés, il a déjà avoué qu'il rêve du jour où il pourra planter un pieu dans le coeur d'un ces morts-vivants, en le regardant droit dans les yeux. Rien que d'y penser, il sent un début de satisfaction, mais ce n'est pas assez. Alors, il s'entraîne encore un peu plus physiquement, pour se préparer à ce jour, qui viendra bien assez tôt, il l'espère. Rongé par la haine, il s'accroche à ces idées de vengeance, car elle cache la culpabilité qu'il subit, mais aussi la peur. Celle qu'il a en lui depuis toujours, celle de ne pas être à la hauteur des attentes, de ne pas arriver à être celui qu'on voudrait qu'il soit, car vous savez, ce n'est pas facile d'être un Fischer.